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GSamantha
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Chapitre 3: Mensonge

Alek

Un seul mensonge découvert suffit pour créer

le doute sur chaque vérité exprimée.


Une fois arrivée au commissariat, je me dirige avec la jeune femme jusqu'à mon bureau, où je l'invite d'un geste à s'installer sur la chaise en face de moi. Je prends place dans ma chaise en similicuir noire, déjà bien usée par des années de service, et commence à sortir quelques formulaires nécessaires. Tout en feuilletant les papiers, je m'adresse à elle d'un ton froid, professionnel, presque détaché, comme à mon habitude.

Mademoiselle Wilston, c'est bien ça ?, dis-je en notant les premières informations sans même lever les yeux vers elle.

La jeune femme acquiesce silencieusement d'un simple signe de tête, une réponse à peine perceptible. Je lui tends un formulaire à compléter, lui indiquant qu'elle doit remplir les informations de base : date de naissance, adresse, numéro de téléphone... toutes ces données que nous demandons inlassablement.

Je lui donne un stylo, observant avec attention ses mains tandis qu'elle se met à écrire. Je remarque immédiatement que ses doigts tremblent légèrement. Ce tremblement, bien que discret, trahit une nervosité palpable. Elle s'efforce de coucher sur le papier ce que je devine être une nouvelle série de mensonges, chaque mot une tentative de masquer une vérité qui semble peser lourd.

Lorsque je récupère finalement le formulaire, je passe en revue les informations qu'elle a fournies, lisant à travers ces mots soigneusement choisis, un autre pan de cette toile de fausses vérités qu'elle tente de tisser devant moi.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

[Nom et Prénom] Wiltson Julia

[Date de naissance] 14/02/2004

[Adresse] Appartement 120, 45 Rue du sol pleureur.

[Numéro de téléphone] 0x xx xx xx xx

[Humain ou Élémentaire] Élémentaire

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Une fois que nous sommes installés, je lui pose une question d'une voix neutre, presque désintéressée, mais avec une pointe de curiosité masquée derrière mon professionnalisme.

Bien, maintenant, racontez-moi ce qu'il s'est passé cette nuit ?

Je plante mon regard dans le sien, cherchant à capter le moindre signe de nervosité, la moindre hésitation qui pourrait trahir un mensonge. Je m'attarde sur chacun de ses gestes, aussi subtils soient-ils, espérant y lire des indices supplémentaires. Je la vois jouer nerveusement avec le stylo qu'elle tient dans sa main droite, son regard fuyant tandis que sa jambe gauche bouge frénétiquement de haut en bas, un mouvement presque incontrôlable. Puis, d'une voix tremblante, elle commence à me raconter son agression. Je l'écoute attentivement, transcrivant chaque détail important de son récit, essayant de démêler la vérité du mensonge.

Une fois son récit terminé, je continue d'écrire dans le rapport, ne levant pas les yeux vers elle, comme si je m'attendais à une réponse automatique.

Souhaitez-vous porter plainte contre votre agresseur ?, dis-je sans émotion apparente, tout en préparant le formulaire nécessaire avant même qu'elle ne réponde.

Je lui tends la feuille pour qu'elle puisse déposer sa plainte officiellement. Certains de mes collègues se seraient occupés de remplir ce formulaire eux-mêmes, mais la paperasse me lasse, et je dois admettre que la laisser s'en occuper elle-même me donne un prétexte pour la garder un peu plus longtemps ici. Peut-être pourrais-je en apprendre davantage sur elle si elle reste sous mon observation. Je me dis aussi qu'en lui imposant ce travail fastidieux, je pourrais mieux évaluer sa réaction sous pression.

Après un instant, je relève la tête de mes papiers et fixe son visage avec un intérêt renouvelé.

Mademoiselle Wiltson, dans votre dossier d'informations personnelles, j'ai noté que vous êtes une élémentaire. Pourriez-vous préciser à quel élément vous appartenez ?

Je prends le temps de scruter les traits de son visage, maintenant plus attentif aux détails : sa peau pâle, ses yeux verts cernés qui trahissent un manque évident de sommeil. Qu'est-ce qui pourrait bien lui causer tant d'insomnie ? Je continue à analyser ses micro-expressions, cherchant à percer les secrets qu'elle tente de dissimuler. Je tends l'oreille, captant le rythme rapide de ses battements de cœur. Elle est nerveuse, sur le point de céder à une crise d'angoisse, ses émotions semblant la submerger.

Après ce qui me semble être une éternité, elle finit par répondre, mais sa voix est brisée par le stress. Elle bégaye, chaque mot est un combat.

J-je... Hmm... Je suis de l-l'élément de l-la Terre.

Je reste silencieux, écoutant chaque syllabe tout en notant son hésitation. Sa réponse me laisse perplexe, elle ne correspond pas à l'attitude que je m'attendais. Je pousse ma chaise en avant pour me rapprocher d'elle, notant comment elle se raidit immédiatement. Son dos se colle au dossier de sa chaise, comme si elle voulait s'éloigner encore plus. Si elle avait pu disparaître dans le meuble, elle l'aurait fait sans hésiter.

Je ne la lâche pas du regard, mes yeux fixés dans les siens, cherchant à creuser au-delà de ses mots.

Vous êtes sûre ? Vous semblez hésiter...

Elle déglutit, essayant de reprendre contenance, de dompter la panique qui menace de la submerger. Elle inspire profondément et parvient à répondre, cette fois d'une voix plus assurée, sans les bégaiements qui l'avaient trahie précédemment.

Oui, j'en suis certaine, je possède le don de la Terre. Vous voulez que je vous le prouve peut-être ? Vu que, visiblement, vous me prenez pour une menteuse depuis le début ?

Sa soudaine assurance me fait sourire intérieurement, mais je garde mon expression glaciale, une façade que j'ai appris à maintenir en toutes circonstances. Elle se croit en position de force, pense-t-elle pouvoir me manipuler ? Intéressant.

Je croise les bras et m'adosse à mon siège, ne montrant aucune réaction immédiate. D'un simple geste de la main, je l'invite à faire une démonstration de son pouvoir, sans un mot de plus.

Elle accepte le défi, se penchant légèrement en avant. Elle tend la main vers une plante à moitié morte posée sur mon bureau. Sous mes yeux, les feuilles flétries retrouvent leur couleur et leur vigueur, la plante reprenant vie en quelques secondes. Impressionnant, je dois l'admettre, et cela confirme qu'elle ne mentait pas sur ce point.

Bien, visiblement, sur ce sujet-là, vous ne me mentez pas. Avez-vous d'autres vérités à me partager, Mademoiselle Wiltson ?

Son attitude change du tout au tout. Elle s'avance cette fois avec une confiance qui contraste fortement avec sa nervosité précédente. Elle se penche légèrement vers moi, ses yeux fixant les miens avec une intensité nouvelle.

Pourquoi je dévoilerai tous mes secrets, lieutenant Kyriazis ?

Un sourire malicieux étire ses lèvres, et je comprends qu'elle a lu mon nom sur mon badge. Sans attendre ma réaction, elle se lève de sa chaise, le mouvement est fluide, maîtrisé. Elle me regarde avec une lueur de défi dans les yeux.

Il me semble que je n'ai plus rien à ajouter concernant mon agression... Par conséquent, je vais rentrer chez moi. Merci à vous, lieutenant, passez une bonne journée.

Elle tourne les talons et se dirige vers la sortie, ne se préoccupant même pas de voir si je vais répondre ou non. Je la suis du regard, observant chacun de ses pas jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champ de vision. Je m'autorise alors un moment de contemplation, appréciant discrètement ses formes gracieuses malgré sa silhouette plutôt fine. Une femme intrigante, sans aucun doute.

Une fois seul, je me penche sur son dossier, mon esprit encore en ébullition après cette rencontre. Un sourire narquois s'étire sur mon visage tandis que je murmure pour moi-même :

Eh bien, si tu veux jouer à ce jeu... Jouons. La partie risque d'être très intéressante...

Je me décide alors à approfondir mes recherches sur elle. Quelque chose cloche, je le sens, et je veux en avoir le cœur net. Comme je le soupçonnais, il n'existe aucune trace d'une Julia Wiltson née le 14 février 2004. Un mensonge de plus à ajouter à sa liste. Une chose est certaine, elle et moi, nous nous reverrons bientôt. Et cette fois, nous verrons qui remportera cette petite partie.


Plusieurs heures plus tard.


Je me trouve dans ma voiture de fonction, la radio émettant un faible bourdonnement en fond, mais mon attention est ailleurs. Mon coéquipier, Éros, est à côté de moi, et comme à son habitude, il parle sans arrêt, s'enflamme sur des sujets variés, passant d'une anecdote à une autre avec une aisance qui me laisse perplexe. De temps en temps, je lâche un "Hmm" distrait, feignant de suivre le fil de la conversation, mais en réalité, je suis absorbé par mon téléphone, cherchant des informations sur cette mystérieuse Julia Wiltson.

Je suis sur le point de découvrir quelque chose d'intéressant quand Éros ose interrompre mes pensées, me tapotant l'épaule. Je lève les yeux de mon écran, légèrement agacé.

On est arrivés depuis cinq minutes, tu comptes sortir de la voiture ou bien rester ici ? Me dit-il avec un sourire qui se veut amical.

Je lui lance un regard noir, suffisamment glacé pour qu'il pâlisse instantanément. Il retire sa main aussi vite que si elle venait de toucher une plaque brûlante, reculant légèrement sur son siège. Sans un mot, je range mon téléphone dans la poche intérieure de ma veste et sors de la voiture. Éros, toujours un peu déstabilisé, se dépêche de sortir à son tour, se plaçant à côté de moi alors que nous avançons vers la scène de crime.

Alors, il paraît que tu t'es occupé d'une pauvre petite agression ce matin ? Tu n'aurais pas perdu ton goût pour les meurtres, quand même ? ironise-t-il en essayant de relancer la conversation.

Je pousse un soupir exaspéré, ne ralentissant pas ma marche tandis que mes yeux scrutent les lieux devant nous, prenant la mesure de la situation.

Éros, s'il te plaît, à tout hasard, ça t'arrive de fermer ta gueule ?

Le ton est cinglant, tranchant, et je n'ai même pas besoin de le regarder pour savoir qu'il a pris la remarque au sérieux. En réponse, il lève les mains en l'air, dans un geste de reddition, avant de s'éloigner en riant légèrement, partant de son côté pour enquêter sur ce qui s'est passé.

Éros est un élémentaire du feu, l'un des rares à ne pas avoir pris la grosse tête malgré ses pouvoirs. C'est aussi le seul à avoir accepté de travailler avec un simple humain, un fait qui, en soi, est assez surprenant. Mais plus étonnant encore, c'est qu'il a choisi de faire équipe avec moi, Aleksandar, connu pour mon caractère explosif et mon tempérament difficile. Peut-être est-il un peu sado-maso, comme on dit, ou peut-être voit-il en moi un défi à relever.

Physiquement, Éros est un homme impressionnant. Musclé, il mesure un bon mètre quatre-vingt-dix. Ses cheveux châtain foncé sont toujours soigneusement coiffés, contrastant avec ses yeux en amande d'un brun noisette profond, qui semblent toujours briller d'une malice enfantine. Ses lèvres fines et rosées sont constamment étirées en un sourire qui pourrait désarmer n'importe qui, et sa peau légèrement hâlée lui donne un air constamment ensoleillé. Il est apprécié de presque tout le monde au commissariat, toujours prêt à blaguer ou à discuter de tout et de rien. Mais derrière cette façade joviale, c'est un enquêteur redoutable, un atout précieux dans les affaires les plus complexes. Même si je ne l'avouerai jamais, je suis plutôt content de l'avoir comme coéquipier.

Malgré mon aversion générale pour les gens, Éros est peut-être la seule personne ici que je ne déteste pas. Parfois, il m'arrive même de l'écouter lorsqu'il propose des suggestions ou donne des conseils sur une affaire. Il m'a aussi convaincu, à quelques reprises, de sortir boire un verre avec lui après le travail, une expérience que je tolère plus que je ne l'apprécie.

Évidemment, il ne sait pas que je suis un vampire. Mon infiltration au sein des forces de l'ordre repose sur cette discrétion absolue. Si Aaron, mon supérieur direct, venait à l'apprendre, cela mettrait Éros en grave danger, et je ne peux pas me permettre de laisser un innocent subir les conséquences de mes actions.

Les heures passent et, comme d'habitude, nous résolvons l'affaire rapidement. Ce n'était qu'une simple dispute qui a dégénéré, se terminant tragiquement par une chute fatale. Rien de bien compliqué, juste un autre jour banal dans le service.


La journée enfin terminée, je m'apprête à quitter le commissariat. Mais avant que je ne puisse franchir la porte, Éros se plante devant moi, son éternel sourire aux lèvres. Je le regarde en haussant un sourcil, attendant qu'il parle.

Tu viens boire un verre avec moi pour fêter notre enquête déjà résolue ?

Je soupire, exaspéré par son enthousiasme incessant, mais il ne se démonte pas, son sourire s'agrandissant encore, le rendant presque ridicule.

Tu sais que ton sourire là fait plus peur qu'autre chose, non ? Je te l'ai déjà dit, arrête d'essayer de me charmer, tu n'es clairement pas mon style.

C'est bien la seule personne à qui je me permets ce genre de plaisanterie. Il a cette capacité rare à mettre les gens à l'aise, peu importe la situation.

Bien, j'en conclus que cela veut dire oui ! Tu veux aller dans un endroit particulier ?

Sans lui répondre, je me dirige vers la sortie, et il me suit, toujours accroché à son téléphone. Nous marchons en silence jusqu'à ma voiture, une sportive noire qui attire toujours les regards. Je monte côté conducteur tandis qu'Éros prend place à côté de moi, rangeant enfin son téléphone.

Où on va, chef ? me demande-t-il en bouclant sa ceinture.

Je tourne la tête vers lui, un petit sourire en coin.

Au Paradise.

Il me regarde avec une expression interrogative, mais je n'en dis pas plus. Je démarre la voiture, le moteur rugissant doucement, et nous prenons la route vers ce bar. Vers ce bar où, je le sais, elle travaille.

Julia Wiltson. La femme qui hante mes pensées depuis ce matin, et qui, je le sens, détient bien plus de secrets que ce qu'elle a laissé entendre. Une partie de moi est impatiente de voir où cette rencontre mènera. Éros n'a aucune idée de ce qui se passe réellement, mais il finira surement par le découvrir. Pour l'instant, je me concentre sur une seule chose : la revoir et commencer à démêler le réseau de mensonges qu'elle a tissé.

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