À l’autre bout du royaume, dans un couloir orné de tableau dont les cadres étaient peint en or et où le sol était recouvert d’un tapis rouge. Un homme en armure violette très foncée, aux cheveux gris foncés et à la coupe relevée le parcourait sans prêter une once d’attention aux œuvre d’art. Il se rendait au bout du couloir où une étrange porte coulissante en métal était gardée par deux soldats en armure grise. Leur visage était couvert par un casque et ceux-ci étaient armés de lances. À la vue de l’homme en armure violette, le soldat de droite se mis à parler à celui de gauche :
— Dit ce ne serait pas le prince qui arrive ?
— Oui ça m’a l’air d’être lui, enfin tu sais qu…
Il fut coupé par le l'arrivé soudaine de l'homme à leur niveau. Il avait réalisé une vingtaine de mètres en à peine une seconde et ce, tout en restant silencieux et calme, son regard étant absent de vie. Les deux soldats se mirent aux garde à vous.
— Mes respects mon prince, que vous amène t-il ici ? demanda celui de droite.
L’homme le fixa d’un regard noir avant de répondre :
— Ne m’appelez plus prince, j’ai abandonné ce rôle il y a de ça bien longtemps. Et je suis là sur ordre de sa Majesté.
— Je vois messire Absalon, répondit celui de gauche. Je m’excuse en son nom, il est nouveau au poste. Vous pouvez passer bien sûr.
Les deux s’écartèrent de la porte et le soldat de gauche appuya sur un bouton qui ouvrit la porte.
— Ce n’est rien, ajouta Absalon d’un ton froid. La prochaine fois par contre, ce sera votre tête sous ma lame.
Le soldat de droite sursauta alors qu’Absalon entra simplement dans le couloir derrière la porte. Celle-ci se referma donc et le soldat de gauche s’adressa à son compère :
— J’allais te le dire, depuis qu’il a abdiqué, il n’est plus le même. On croirait qu’il a perdu toutes émotions et la simple mention de son ancien titre l’énerve.
Le soldat de droite tremblait et répondit :
— J-j-je vois… Tu crois que je peux m’absenter quelques instant ? J’ai besoin de changer d’armure…
– Qu’est-ce que ?! Tu t’es fais dessus ?! Vite-vas y avant qu’il n’en ressorte !
Le soldat de droite courut à toute vitesse, disparaissant dans l’une des allées du couloir.
— S’il est effrayé déjà par ça, je pense qu’il ne va pas garder longtemps son poste…
De l’autre côté de la porte, Absalon arpentait un couloir fait de métal et éclairé par des lampes d’une technologie avancée. Celui-ci descendit plusieurs mètre encore, arrivant ainsi dans une salle mal éclairée et dont l’unique lumière qui était bleue, venait de derrière ce que l’on pouvait apercevoir comme un trône. Absalon s’agenouilla dans cette pénombre. Inclinant sa tête, il dit alors :
— Je suis là comme vous l’avez requit votre altesse.
Une voix féminine provenant du trône se fit entendre :
— Te voilà enfin, Absalon Euridale. Tu dois te douter de la raison de ma requête.
La femme assise sur le trône était plongée dans l’obscurité, ne laissant que ses yeux de couleur glace visibles aux yeux d’Absalon qui continua :
— Oui votre Altesse, vous l’avez enfin trouvé c’est ça ? Comme vous l’aviez prévu…
— En effet, il a néanmoins réussit à abattre Lancelot. Je n’aurais jamais dû confier cette tâche à un chevalier renégat. Bien que j’ai pu être témoin d’un beau combat, la petite Adamantine est prometteuse. Le connaissant, il a dut la sauver, enfin, s’il possède les mêmes valeurs qu’Einberg.
— Et que voulez vous ? demanda alors Absalon. Dois-je ordonner aux chevaliers de poster un avis de recherche sur les deux ? Ou bien je demande à l’église de se charger de sa récupération ?
— Non, restons plus discret. Je voudrais tester les capacités de ton fils, j’aimerais voir s’il est plus talentueux que son père. Ordonne lui de partir à la recherche de l’hybride, il doit être en direction de ForteMarbre à l’heure qu’il est.
— Vos désirs sont des ordres votre altesse, mais puis-je savoir comment vous savez cela ?
— Il y avait une enfant parmi eux, si Einberg l’a bien éduqué, il va alors la ramener auprès de ses parents. Et nous avons reçus une missive par magie que les survivants des chevaliers d’Aladanne se dirigeaient avec les habitants vers cette ville.
— Je vois, alors je vais l’envoyer de ce pas. Je vous laisse.
— Fort bien, j’espère avoir de bon résultat de sa part.
Absalon acquiesça d’un signe de tête avant de remonter les escaliers. La femme se mit alors à parler toute seule :
— On va voir combien de temps tu vas encore m’échapper ma petite sourie, j’ai tout mon temps en tout cas…
Elle sourit malicieusement dans l’obscurité, uniquement sa silhouette était visible. Elle se leva et se rendit plus loin derrière le trône, disparaissant ainsi.
***
De retour avec le groupe de Mylon, ceux-ci avaient parcourus une bonne distance et le soleil se couchait déjà. Ils étaient arrivés en haut d’une cascade et s’y étaient installés, ayant ainsi la vue sur de grandes plaines et de grandes forêts à perte de vue. La lueur du crépuscule donnait une ambiance chaleureuse avec un ciel qui variait de l’orange au rose et au bleu foncé. On pouvait apercevoir le hameau de L’Autre-bout en bas au loin, celui-ci se trouvait près de la rivière s’originant de la cascade. Mylon, Adamantine et Marlène étaient alors tout trois assis sur le rebord de la colline d’où s’effondrait la cascade. Chacun avec des brochettes d’oiseaux rôtis constituant leur repas du soir, ils admiraient ce merveilleux couché de soleil.
— La vue est magnifique, clama Marlène. J’aurais souhaitée pouvoir voir ça avec tous les autres... Au moins je le fais pour eux !
—En effet, répondit Mylon. Je n’avais jamais vus un tel paysage ! Je ne m’étais jamais aventuré par ici …
—C’est vrai que j’adore quand on me donne des missions loin de la capitale, affirma Adamantine. Le royaume regorge de tant de merveilles !! Enfin quand on y enlève tous les monstres, brigands et problèmes bien sûr…
Ils restèrent tous les trois comme cela jusqu’à la tombé de la nuit, Marlène qui était à gauche de Mylon s’endormit la tête sur ses genoux, fatiguée de tant de marche. Il ne restait plus que Mylon et Adamantine d’éveillée. Ils regardaient tous deux les étoiles et Mylon pensif s’adressa à Adamantine :
— Dit Ada, tu comptes faire quoi toi, après que l’on ait ramené Marlène ?
Elle répondit hésitante mais d’une voix calme :
— Je pense que je retournerais à Aladanne pour revoir ma famille, lorsque la nouvelle de l’incident leur parviendra ils devront se faire un sang d’encre, enfin... j’imagine.
Elle imagine ? pensa Mylon. Ce regard... C’est comme si elle ne me disait pas tout. Des problèmes familiaux peut être ?
— Et j’ai un devoir de chevaleresse à accomplir, ajouta t-elle. Même si comme tu le dis l’église de Mitra manipule le pays, je tiens à changer les choses de l’intérieur en augmentant de rang… Mais toi alors, tu comptes faire quoi ?
— Je ne sais pas vraiment, je vais certainement parcourir le royaume en me rendant finalement à la capitale. Je ne sais pas vraiment quoi faire contre cette église. J’y réfléchis encore …
— L'église hein ? Ta tâche va être compliqué, elle est influente dans presque tout le royaume. Pas un citoyen ne la connait et ne croit pas en Stella ...
Le silence s'installa ensuite, chacun d'eux ne voulait plus vraiment penser à ce futur incertains et certainement semé d'épreuves. Ils ne regardèrent que le ciel, les étoiles. Il n'y avait aucun nuage et la vue était magnifique. Ils en profitèrent jusqu’à ce que ce soit au tour d’Adamantine de s’endormir sur l’épaule de Mylon. Il les emmena alors dans l’abri de pierre, les posa toutes deux sur un lit improvisé de feuilles et de mousse. DE voir les deux dormir si paisiblement lui décrocha un sourire mais lorsqu'il s'en rendit compte, il se secoua la tête pour se l'enlever.
De la joie ? Après tout ce qu’il s'est passé ? Alors qu'ils sont... Je n'ai pas le droit d'être heureux, non. Pas tant que je n'aurais réglé ce soucis, pas tant que je ne l'aurais éliminé...
C'est ainsi en plein conflit intérieur qu'il s'endormit avec difficulté. Ressassant le passé dans ses songes...