23 heures.
La route est plutôt paisible ce soir, je n'ai pas de mal à circuler avec ma merveilleuse Kawasaki, elle me suit depuis ma première mission.
C'est un cadeau de ma mère, au dépit du fait qu'elle n'approuve pas mon métier elle m'a tout de même offert ce cadeau, une magnifique moto. Chaque fois que je la regarde, je me souviens de sa générosité et de son amour inconditionnel. En enfourchant cette moto, je ressens un mélange d'adrénaline et de liberté, une sensation que je n'échangerais pour rien au monde. Ma mère, malgré ses réserves, a compris l'importance de ce cadeau pour moi. Peut-être qu'avec le temps, elle verra que ce métier, bien que risqué, me permet de m'exprimer pleinement et de vivre une vie authentique. En attendant, chaque virée à moto est un hommage à son sacrifice et à son amour, et je lui en suis éternellement reconnaissante.
Je me rappelle encore ses mots lorsqu'elle me l'a offerte :
« Cela fera plus badass ! », j'avais explosé de rire et je l'avais prise dans mes bras pour la remercier.
Les lumières de la ville défilent comme des étoiles filantes, créant une toile lumineuse qui contraste avec la sérénité du crépuscule. Le rugissement du moteur est une mélodie familière qui résonne en harmonie avec mon cœur battant. Chaque virage, chaque accélération, me rappelle les nombreuses aventures que nous avons vécues ensemble. La brise nocturne caresse mon visage, apportant avec elle des souvenirs d'amis rencontrés et de défis surmontés.
J'arrive près du lieu où je vais rencontrer ma victime, je me suis garée à deux rues pour ne pas me faire repérer. J'avance près de l'hôtel où l'homme passe ses nuits lors de ses déplacements et à ce que je vois il ne choisit pas les pires hôtels. Les lumières scintillantes des fenêtres et l'élégance de la façade témoignent du goût raffiné des choix du constructeur de l’hôtel.
Hôtel 5 étoiles en plus de ça…
Quelques heures plus tôt j'étais encore en train de relire le dossier que m'a transmis Isaac. Une femme d'une quarantaine d'années nous a contactés afin que je puisse exécuter son mari. Cela peut paraître dingue qu'une femme veuille se débarrasser de son mari avec qui elle partage sa vie, une personne qu'elle est sensé aimer mais quand j'ai lu le dossier j'ai compris pourquoi elle n'en pouvait plus et voulais que je m'occupe de son mari.
Son visage exprimait une détresse palpable, et son regard fuyant trahissait une peur profondément ancrée. Elle avait expliqué que son mari était devenu une menace, non seulement pour elle, mais aussi pour leurs enfants. Ses paroles étaient entrecoupées de sanglots, et chaque mot semblait l'arracher à un abîme de désespoir. C’est ce que Isaac m’a expliqué quand il a rencontré notre cliente, c’est très rare qu’on fasse une rencontre mais cette femme avait insisté. Isaac, avec son calme habituel, avait pris des notes détaillées, posant des questions précises pour cerner la situation. La sécurité de la famille, bien sûr, était notre priorité absolue. Cependant, éliminer quelqu'un n'est jamais une décision à prendre à la légère, même pour une professionnelle comme moi.
Par la suite mon associé m’avait confié le dossier qui contenait des photos de cette femme, défigurée, presque aveugle avec les coups qu'elle a reçus. Son corps sera marqué à vie.
Puis d'après les rapports médicaux, il ne l'a pas loupé :
Ø Traumatisme crânien,
Ø Multiples fractures : côtes, bras, chevilles et j'en passe,
Ø Contusions,
Ø Lésions dans le dos à cause des coups de ceinture.
Et enfin la dernière hémorragie interne, heureusement qu'elle est allée à l'hôpital sinon à l'heure qu'il est, elle ne serait plus de ce monde.
Et le pire c'est que par la suite elle a appris qu'il la trompait avec des putes. Plusieurs fois par semaine, il fixait des rendez-vous à une prostituée pour baiser puis il rentrait comme si rien n'était.
Quel connard !
La sonnerie de l’horloge ramena mes pensées à l'instant présent. Il était temps de partir. J'enfilai mon manteau, glissai le dossier dans mon sac et me dirigeai vers la porte, déterminé à découvrir toute la vérité derrière cette triste histoire. Heureusement pour moi, je suis le genre de fille avec qui il fixe des rendez-vous, je me ferai donc passer pour une pute pour l'avoir. Avec Isaac nous avons réussi à intercepter ses messages avec cette fille, nous l'avons évincée pour que je puisse prendre sa place.
C'est en entrant dans l'hôtel munie de mon sac avec mes armes que je reçois un sms de sa femme me disant qu'il devrait être dans sa chambre, il vient de rentrer d'un dîner d'affaires.
Toute vêtue de cuir noir, un pull décolleté collé au corps avec un manteau en cuir et un pantalon en cuir ainsi qu'une casquette pour qu'on n'aperçoit pas mon visage sur les caméras de surveillance, j'avance vers l'ascenseur avec une assurance inébranlable et appuie sur le bouton du 4ème étage.
Une fois arrivé à l'étage, je cherche le numéro de sa chambre et tombe enfin devant sa porte « n° 418 », je prends un air détaché, souris et frappe à la porte.
J'attends quelques secondes avant que l'homme m'ouvre et me gratifie d'un sourire pervers, je déteste ce genre de sourire mais ce qu'il ne sait pas c'est que ce sourire le mènerait à sa perte.
- Bonsoir, dit-il. Vous êtes pile à l'heure.
- Bonsoir, la ponctualité est primordiale pour moi. Lui répondis-je en entrant dans la chambre.
- Fait comme chez toi ma belle, je t'en prie.
Voilà qu'il prend déjà ses aises avec ces petits surnoms alors qu'au final il ne me connait même pas.
Vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon de costume, il m'observe en me regardant de la tête aux pieds avec un air supérieur, un verre sûrement de whisky vu le liquide ambré. Il boit une gorgée, il me propose un verre mais je refuse, je ne bois pas d'alcool. Il sourit et reposa la bouteille sur la table.
Je ne bois plus depuis ce soir-là...
Une fois son verre fini, il le repose et poursuit :
- Tu aurais pu mettre une tenue plus facile à enlever ma belle. Il me parle avec un ton condescendant. Une robe par exemple et j'espère que tu portes les sous-vêtements dont je raffole
Je me retourne vers lui et lui offre mon plus beau sourire pour lui répondre :
- Tu devrais plutôt fermer ta gueule et profiter que je sois là car l'heure tourne.
Mon but le pousser à bout, voir jusqu'où il serait capable d'aller, comme il l'a fait avec sa femme.
- Tu devrais faire attention, le ton que tu prends avec moi ne me plaît pas, à moins que ce soit un rôle. Dans ce cas-là, j'adorerai jouer un rôle moi aussi. Il se met à ricaner.
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? Tu n'aimes pas qu'on te parle mal, tu crois qu'on devrait tous se mettre à tes genoux et dire « pardon monsieur ».
Je le vois perdre patience, son sourire s'efface. Il avance près de moi. Mais s'il croit me faire peur il se trompe, il ne sait pas à qui il a affaire.
Tout à coup il me prend fermement la mâchoire et chuchote près de mon oreille.
- Tu dois aimer qu'on te fasse mal non ? Car je vais tout faire pour fermer ta petite gueule.
- Et moi je vais te faire souffrir comme tu l'as fait avec ta femme.
Il devient blême et sans attendre je lui donne un coup de genou là où je pense.
Il se tord de douleur et tombe à genoux.
- De quoi tu parles mais tu es folle ? Cria-t-il.
- Folle non mais diabolique oui. Je sors un couteau qui est placé à ma ceinture et lui poignarde la jambe.
Il crie de douleur, le sang commence à se répandre au sol. Je lui donne un coup pour lui indiquer de se taire, il serait dommage que tout l'hôtel se réveille.
******
Une fois ligoté sur une chaise, je commence à m'amuser avec lui. Une de mes passions, prendre mon temps dans mes missions, faire durer le plaisir, monter en adrénaline.
Lui malheureusement était en train de paniquer, je le vois essayer de trouver une solution pour s'échapper mais il n'en trouvera pas. Car ce qu'il ne sait pas c'est qu'il ne sortira pas de cette chambre vivant mais plutôt dans un sac mortuaire.
- Tu vois, ce que j'aime plus que tout c'est de voir à quel point on peut voir notre vie défiler à toute vitesse. Surement comme toi là tout de suite ou ta femme quand tu la battais à mort. Dis-je calmement en sortant mon silencieux de mon sac.
- Putain mais qu'est-ce que tu me veux ? Une larme se mit à couler sur son visage.
- Oh mais aurais-tu peur ? Crois-moi tu ne ressentiras pas grand-chose à la fin. Dis-je en lui tournant le dos.
Je prends le temps de préparer mon silencieux. Une fois prêt, l'homme se tenant sur la chaise entendit le clic de sûreté de mon arme. Il s'agite de plus en plus et je me suis mis à perdre patience.
Pour le calmer, je tirai une première balle dans la jambe, puis dans l'autre.
- Est-ce que tu as mal ? Imagine ce que ta femme a ressenti lorsque tu la frappais avec tes poings ou tes pieds ESPECE DE SALAUD !
L'homme hurla, je savais qu'il était temps pour moi de terminer ma mission avant de me faire repérer.
Je lui assène le coup de grâce, je me tourne vers lui et je dis.
- Au fait je suis Ava et ta femme t'envoie en enfer, connard.
Je lui tire une balle dans la tête. Je prends le temps, comme à chaque fin de mission, de bien nettoyer ma scène de crime.
Je déplace l'homme sur son lit. Puis je dépose une lettre d'excuse pour sa femme ou tout le mal qui lui a fait est écrit dedans. Soudain, des pas résonnèrent dans le couloir. Mon cœur s'accélère, il faut que je me dépêche. Une fois fini, je referme la porte de la chambre et quitte l'hôtel, je rejoins ma Kawasaki, envoie un sms à Isaac pour lui affirmer la réussite de la mission et prends la route pour rentrer à l'appartement.