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1 - Prologue
2 - 1 - Rêve palpable
3 - 2 - The cutie stalker
4 - 3 - Rencontre gênante
5 - 4 - Plaisir fantomatique
6 - 5 - Fantôme avec opacité augmentée
7 - 6 - Palpabilité approuvée
8 - 7 - Le silence de la nuit
9 - 8 - Mal de dos et présentations
10 - 9 - Quand y en a pour deux, y en a pour trois
11 - 10 - Second round et doutes
12 - 11 - Ghosté
13 - 12 - Les deux coqs se battent pour la même basse-cours
14 - 13 - Vérité et mur de son
15 - 14 - Au rythme de la musique
16 - Épilogue
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Pythonisse
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6 - Palpabilité approuvée

La matinée s’écoula dans une ambiance étrange. D’un côté, je voulais arriver à l’heure de la fermeture le plus vite possible, pour avoir des réponses à mes questions, le rencontrer réellement et me prouver que je n’étais pas fou. Mais d’un autre, j’allais vraiment devoir parler de sexe avec un inconnu ? Un inconnu qui me pénétrait depuis un mois et dont je n’avais appris le prénom que ce matin ? Je fus plusieurs fois au bord des larmes, essayant de me convaincre que tout ça était faux, qu’il s’amusait simplement à mes dépens. Mais il avait parlé d’hier soir, de ma blessure à la main. Comment aurait-il pu inventer ça ?

Plusieurs fois, je fus perdu dans mes pensées à tel point que je faisais patienter les clients ou Célia. Ce ne fut qu’à midi que je pus profiter un peu d’un temps de calme. Attablés dans un fast-food, je racontai les évènements de ce matin à Matt.

— Ouah, dit-il simplement. Et… tu le vis comment ?

Le flot de larmes remonta dans mes yeux sans pour autant s’en extraire.

— Pas très bien en fait, avouai-je. C’est… compliqué à appréhender comme situation. Imagine-toi à ma place…

— Ouais, me concéda-t-il. Je peux comprendre que tu sois bouleversé.

— Ça fait un mois que je couche avec un gars que je connais pas. Et si jamais il a des MST ? Tu crois que j’aurais pu en attraper ? m’inquiétai-je soudain.

Il me sourit.

— Excuse-moi d’être cru, mais t’as jamais eu son sperme en toi, donc je pense pas que tu risques quoi que ce soit.

Je hochai la tête, à moitié convaincu, mordant sans grande conviction dans mon hamburger triple fromage.

— Tu veux que je vienne ce soir ? proposa-t-il.

La surprise se lut facilement sur mon visage.

— Nan. C’est pas la peine. De toute façon, je compte aller au bar parce que je veux pas me retrouver seul à seul avec lui, ce serait trop bizarre. Mais si tu viens…

— Quoi si je viens ? Ça te gêne ?

— C’est pas vraiment ça. C’est plus le fait qu’on va avoir une conversation personnelle et plutôt intime… Alors…

— Ouais, je comprends, ricana-t-il. Tu veux pas parler de cul devant moi.

— En quelque sorte, ouais.

Après notre repas de malbouffe, quand il alluma une cigarette sur le chemin du retour, je fis de même. Il m’engueula et je l’envoyai chier, ce qui l’amusa. Il me fit cependant la morale sur le fait que j’avais eu du mal à arrêter il y a quelques années et que « c’était pas le moment de retomber dedans » puis me souhaita bon courage pour le soir.

— Tu m’appelles si y a un souci, ok ?

— Ouais promis, merci mec.

Il me tapota le dessus de la tête et me laissa tandis que je reprenais mon poste derrière la caisse. L’après-midi fut longue. Très longue. Entre le manque de clients et l’heure qui semblait reculer, je crus que je n’en finirai jamais. Enfin, à huit heures moins le quart, je commençai à ranger un peu, à passer un coup de balais, à compter ma caisse. J’en profitai pour payer le briquet et les cigarettes, puis une fois le magasin fermé, je me rendis dans l’allée.

Une petite part de moi espérait qu’il ne serait pas là, que j’avais rêvé notre rencontre de ce matin et que je pourrais rentrer chez moi, comme d’habitude. Mais malheureusement, il était là. Bien vivant, bien opaque.

Lorsqu’il m’aperçut, il vint vers moi, souriant.

— Salut.

Je hochai la tête, totalement incapable de parler.

— Alors… tu veux aller à un endroit particulier ?

Je me retournai et lui fis signe de me suivre. Dans un silence gênant, nous marchâmes de longues minutes jusqu’à mon bar fétiche. Nous fûmes placés à « ma » table et pour une fois, je ressentis le besoin de prendre un peu d’alcool fort. Je commandai donc un whisky et lui s’en tint à un jus de fruit. En attendant nos verres, nous ne parlâmes pas, ne nous regardâmes pas. L’ambiance était… complètement creepy.

— Voilà messieurs, nous annonça le serveur.

Alors que j’allais régler, il insista pour le faire et j’acceptai, je ne voulais pas me battre. Une fois le serveur repartit, nous bûmes de concert et quand nos verres réintégrèrent la table, il prit la parole.

— Je vais me présenter, je pense que c’est un bon commencement ?

— Ouais, validai-je sans le regarder.

— Donc, je m’appelle Gabriel, mais tout le monde m’appelle Gabi. J’ai vingt-deux ans et je suis en BEP pâtisserie.

Il me sourit, un peu embarrassé, tandis que je le fixai, blasé.

— Je suis Andy, j’ai vingt-quatre ans.

Le silence retomba comme il s’était levé. Vraiment, je me demandai ce que je foutais là. On aurait pu faire plus simple : il arrêtait de se pointer chez moi pour baiser et ne se montrait plus à l’épicerie. Voilà comment j’aurais pu retrouver une vie normale et ne pas me taper ce « rendez-vous » plus glauque que certains de mes dates.

— Andy ? m’interpela-t-il après quelques minutes. Je vais être un peu direct, mais, on fait quoi maintenant ?

Je relevai un regard neutre vers lui.

— Comment ça on fait quoi ?

— Ben… pour être honnête, je sais pas trop comment ça fonctionne ce truc. Alors, si j’me retrouve à nouveau dans ta chambre… Je…

Mes joues rosirent immédiatement. Comment pouvait-il parler de ça aussi calmement ?

— D’habitude…, débutai-je avant de soupirer. Je suis pas comme ça.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

Je levai les yeux au ciel, marmonnant dans ma barbe.

— Je suis pas une pute.

Mon regard revêche et embarrassé, croisa le sien, étonné.

— Mais j’ai jamais dit que t’étais une pute… Si on réfléchit de marnière pragmatique, ça fait un mois qu’on se voit régulièrement, qu’on prend du plaisir ensemble… Je vois pas ce que le terme de pute vient faire là. Je t’ai jamais payé, que je sache.

Je m’adossai à mon siège et bus une gorgée alors que l’envie de fuir me tiraillait. Pour lui, ce n’était pas pareil. Ce n’était pas à lui d’ouvrir les cuisses et de jouer à la poupée gonflable. La conversation se mit en pause une nouvelle fois. J’en avais assez. Je voulais juste partir, oublier ce moment gênant et reprendre ma vie habituelle.

— Je peux te proposer quelque chose ? demanda-t-il au bout de quelques minutes de silence.

Je haussai les épaules. De toute façon, je n’avais rien à ajouter.

— J’ai… comment dire… J’ai vraiment passé de bons moments avec toi et je serai triste qu’on arrête. Surtout que si j’ai bien compris ce qu’ils disaient à la télé, c’est une histoire de désir et de frustration tout ça. Je comprends que tu sois gêné, je suis pas super à l’aise non plus, mais… je me dis que tu devais aussi me trouver à ton goût pour accepter… mes avances ?

Je me renfrognai. Oui, je le trouvais sexy. Mais cette histoire d’esprit sortant de son corps pour me « visiter » alors que de mon côté j’avais juste l’impression de prendre mon pied en rêve… J’étais content de ne pas tourner maboule, mais tout de même…

— Alors, j’te propose la chose suivante ; continuons. J’aimerais pouvoir te connaître un peu mieux, passer du temps avec toi et… qu’on continue à s’amuser ensemble ? Qu’est-ce que t’en dis ?

Tout en finissant sa phrase, il posa sa main sur la mienne, allongée sur la table. Je fronçai les sourcils une fraction de seconde ; il était chaud. Dans « mes rêves » il était glacé, mais là, je pouvais sentir la chaleur émaner de sa peau. Je pris sa paume entre les miennes, plus du tout intéressé par notre discussion ni par sa proposition. Je palpai ses doigts, le dos de sa main, la naissance de son poignet. J’avais presque envie de la coller contre ma joue. Me rendant soudain compte de mon comportement, je le relâchai avec précipitation et m’excusai.

— T’inquiète, ricana-t-il. C’était pas désagréable.

— Est-ce que tu sais à quel point tu es froid quand tu viens ? demandai-je soudain, sur un ton de reproche que je ne souhaitais pas.

Il haussa un sourcil, apparemment amusé par ma gêne.

— Je l’ignorai. Mais… si tu veux de la chaleur, je peux t’en proposer maintenant.

Il tendit les bras vers moi et je fis la moue, ce qui l’amusa derechef.

— J’ai une question, clamai-je.

Il hocha la tête, m’invitant à la poser et je choisis d’être direct :

— Niveau MST, IST et tout ce qu’on pourrait se refiler, je veux savoir, c’est quoi ta politique ?

Il sembla surpris du thème de la discussion et un petit sourire s’afficha sur son visage.

— Je suis clean, mais si tu veux, je peux faire un test. Et toi ?

— Pareil, je suis clean.

— Super ! Et ma proposition, t’en dis quoi ?

Je pris une petite gorgée de whisky en réfléchissant.

— Ce matin, tu as dit que tu étais désolé parce que comme tu pensais rêver, tu te retenais pas… C’est pas quelque chose qui me gêne. Pour dire la vérité, c’est en partie pour ça que je pensais rêver…

— Parce que je te faisais vivre tes fantasmes ? rit-il, fier.

Mes joues s’empourprèrent de nouveau et je hochai la tête sans garder de contact visuel avec lui.

— Alors ça veut dire que tu veux bien continuer ?

Mon portable vibra et j’ouvris le message de Matt.

« Ça se passe bien ? Pas besoin d’aide ? »

Amusé par son inquiétude, je ricanai et répondis immédiatement.

« Tranquille. On peut débrief après s’tu veux. »

— Andy ?

Je reposai mon portable.

— Désolé. Ouais, j’pense que je veux bien continuer. Bien que tu vas devoir te la caler derrière l’oreille pendant quelques jours.

Son air satisfait s’affaissa quelque peu.

— Ah…

Sa déception me fit sourire.

— Parce que bon, t’es bien mignon, mais tu grignotes mes heures de sommeil et j’avoue que je suis crevé en ce moment. D’ailleurs, comment ça se passe pour toi ?

— Euh, ben je sais pas trop. Généralement, je m’endors dans mon lit et je me réveille chez toi… Enfin, je pop chez toi. J’ai pas beaucoup plus de réponses que toi. Et toi ? Comment ça se fait que tu te sois jamais rendu compte que tu te réveillais ?

Je pris une nouvelle gorgée, réfléchissant à la semaine où tout avait commencé. J’avais déjà remarqué Gabriel quelques fois. Nous étions dans la semaine d’inventaire annuel, une période très chargée. Durant environ dix jours, nous comptions absolument tout ce que nous possédions. Chaque année, je faisais beaucoup d’heures supplémentaires, venant même travailler sur mes jours de repos. Immanquablement, quand il était venu, s’affairant seulement à caresser mon corps endolori, j’avais automatiquement pris ça pour un rêve.

Au début, il me touchait seulement, allant de plus en plus loin chaque nuit. Alors j’ai pensé que mes rêves allaient seulement crescendo. Finalement, je compris. Je réalisais que mes douleurs étaient de vraies courbatures d’après sexe et que si j’étais si fatigué, c’était parce qu’il me prenait du temps de sommeil, tout en fatiguant mon corps ! Je soupirai.

— J’étais dans une période de rush au boulot, alors j’étais crevé. J’ai juste cru que je rêvais parce que je me souvenais pas que j’étais « réveillé ». C’est ridicule, ricanai-je.

— Et tout à l’heure, quand t’as dit que c’est pas quelque chose qui te gêne, tu voulais dire quoi, exactement ?

Je fus gêné qu’il pose la question, mais tout de même assez heureux qu’il le fasse. Parce que, j’allais pouvoir lui poser la question. Depuis quelque temps, c’était un peu un « examen » à passer avant que je n’accepte réellement de commencer quelque chose avec qui que ce soit. Généralement, j’attendais deux ou trois jours avant de poser la question, mais au moins, j’étais vite fixé. Ça m’avait valu de nombreuses ruptures, mais je ne regrettais rien. Je préférais être seul plutôt qu’avec quelqu’un qui ne m’excitait pas.

Je lui jetai un coup d’œil ; buvant dans son verre d’un air distrait, il contemplait le bar autour de nous. Avec l’information que tout ça n’était pas qu’un délire de mon cerveau, j’avais compris autre chose. Sexuellement parlant, nous étions très compatibles ! Il prenait généralement les choses en main, n’hésitait pas à brider mes mouvements et surtout, il m’avait montré qu’il aimait ça. Pour l’instant c’était très encourageant. Finalement, ma demande ne serait peut-être qu’une formalité. Je bus pour cacher un sourire que je n’avais pas pu refouler.

Je reposai mon verre et basculai vers lui. Après une seconde d’incompréhension, il sourit et se pencha à son tour.

— Je vais être direct et j’attends de toi la même franchise pour ta réponse. J’aime le sexe brutal. J’aime me sentir être complètement possédé par mon partenaire. Je veux savoir si c’est bon pour toi, si tu accepteras de me donner ce que je veux. Maintenant, si tu veux fuir, c’est par là, dis-je en pointant la porte.

En me rasseyant, je l’entendis rire.

— Alors… Déjà, je ne compte pas fuir, c’est pas trop mon genre. Par contre, ce que tu aimes, c’est plus mon genre. Je pensais que tu l’avais compris.

— Que je le comprenne ou pas n’est pas important. L’important, c’est que tu sois au courant de ce que j’aime, premièrement pour que tu saches que tu peux y aller à fond et aussi pour que je sois certain que tu connais mes goûts. Mine de rien, c’est important.

Il réfléchit quelques secondes avant d’acquiescer.

— Je vois, je suis d’accord. Dans ce cas, j’aime ça aussi. D’ailleurs, on était dans ton appartement, c’est ça ? Tu vis seul ?

— Oui. Ma mère et mes sœurs habitent à une centaine de kilomètres d’ici. J’étais venu pour les études, mais je me suis lassé de ma filière et comme j’aimais bien mon taf à l’épicerie, j’me suis fait embaucher. Et toi ? Tu m’as parlé de pâtisserie ?

— Ouais. J’ai passé un CAP boulanger, mais finalement, la pâtisserie me convient mieux, alors j’ai eu mon CAP et là je suis en BEP.

— Tu veux une boutique ?

— Grave. Mon père est boulanger. On veut agrandir la sienne et créer un endroit où les gens pourront venir manger.

— Genre salon de dégustation avec boisson ?

— Tout à fait.

Je souris, c’était un beau projet. Suite à ça, nous parlâmes de choses et d’autres, divaguant même sur nos genres de films et de séries. Quand nous sortîmes du bar, la nuit était déjà bien avancée.

J’avais l’impression de me retrouver au collège, en face d’un crush que je ne savais pas comment gérer. Machinalement, je pris la route de mon appartement et il me suivit. Dans la fraîcheur de la nuit, j’allumai une cigarette.

— Tu fumes depuis longtemps ?

— J’ai repris ce matin, avouai-je.

— J’aime pas trop ça. C’est à cause moi ?

— Plus à cause de la situation que véritablement à cause de toi. J’ai vraiment cru que je devenais taré, tu sais. Et genre, quand je te voyais à l’épicerie, j’avais tellement honte.

Il ricana et attrapa ma main libre.

— J’étais pas très à l’aise non plus. J’avais l’impression d’être un vieux pervers venu épier sa proie. Mais d’un autre côté, je voulais te voir.

Soudain, une vérité s’imposa à moi ; je n’y avais pas pensé, mais à la vérité, il était bien le seul à être en capacité de comprendre ce que j’avais vécu et le mal-être que ça induisait en moi ! Je souris légèrement, refermant ma main sur la sienne.

— Au fait, t’as pas trouvé ça bizarre d’être toujours dans le même décor dans tes rêves ?

Il rit et se rapprocha un peu de moi.

— Honnêtement, c’était pas vraiment le décor qui m’intéressait, tu vois ? Mais j’avoue que pour une fois, j’aimerais bien voir ta chambre en vrai.

— Hum, nope. Souviens-toi de ce que je t’ai dit ; tu gardes ta bite rangée. Je veux dormir.

Il rit une nouvelle fois.

— Et si je viens quand même ?

— Je te mettrais une autre droite.

— La dernière fois, ton coup de pied m’a vraiment fait mal. Tu penses qu’on peut parler de violence conjugale ?

— Non, mais de harcèlement sexuel, oui !

Nous rîmes ensemble, imaginant le scénario de mon arrivée au poste, voulant porter plainte contre un esprit. Je fus un peu déçu de déjà apercevoir mon immeuble et lorsque je lui dis, il le sembla aussi.

— On se revoit vite ? me demanda-t-il.

J’acquiesçai et commença alors le moment gênant des fins de rendez-vous. Devais-je l’embrasser ? Allait-il prendre l’initiative pour moi ?

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