Le réveil du lendemain fut sportif. Mon dos avait mal encaissé les vigoureux mouvements de mon amant lors de notre rencontre dans ma salle de bain durant la nuit et je me réveillai en couinant. Au premier mouvement de mon corps, les bras de Gabi se refermèrent sur moi. Il déposa un baiser sur ma joue et me serra contre lui, mettant mon dos à mal une nouvelle fois. Je le repoussai un peu, rien que pour respirer convenablement, mais il ne me laissa pas faire, allongeant sa jambe sur les miennes pour me bloquer.
— Je vous préviens, je veux rien entendre de suspect.
La voix de Matt finit de m’éveiller et Gabi se recroquevilla autour de moi.
— Tu veux pas aller fumer une clope ? Ou un paquet entier ? lui demanda-t-il, un sourire dans la voix avant de m’embrasser.
— J’te rappelle que si t’as pu dormir avec lui, c’est grâce à moi, alors un peu de respect, grogna Matt. Bon, j’vais faire du café. Andy ? Chocolat ? Gabi, tu veux quoi ?
— Vouiii, gémis-je. S’te plaît.
— Chocolat aussi, répondit la bouche qui s’était écartée de moi seulement le temps de lui parler.
Nous entendîmes les pas de Matt s’éloigner, rejoignant ma minuscule cuisine ouverte et Gabi crut que c’était le bon moment pour lancer un second round. Au moment même ou son sexe me toucha à travers nos pantalons, je grognai.
— Nope. Tu m’as défoncé le dos hier, là, tu me laisses, chuchotai-je.
Il ricana, étendant ses bras dans mon dos pour venir caresser mes fesses.
— Désolé, mais c’était vraiment trop bien. Je veux recommencer tous les jours, toute la journée, me souffla-t-il à l’oreille en pressant son corps contre le mien.
Ma peau frissonna. À vrai dire, je pensais exactement la même chose, mais j’étais quasiment certain que mon corps ne le supporterait malheureusement pas. Dans la cuisine, nous entendions Matt s’affairer en sifflotant.
— Tu aimes quand je te maltraite ?
— Oui, gémis-je alors qu’il pilonnait ma bouche de baisers légers, pressant toujours mes fesses entre ses mains.
— Vraiment ? Regarde-moi.
Je levai les yeux vers lui. Avec son air d’animal affamé, je dus prendre sur moi afin de parler tout en gardant le contact visuel.
— J’aime ça, avouai-je.
Il sourit, la mâchoire serrée et l’une de ses mains passa entre mes fesses. Il l’y logea seulement puis l’immobilisa tandis que sa sœur encerclait mon dos.
— Je veux recommencer, gémit-il à son tour en poussant son sexe tendu contre le mien qui grossissait à chacune de ses paroles.
Je m’agrippai à son t-shirt, frustré que Matt soit là, que mon corps ne sache pas mieux encaisser et de devoir renoncer à un second round.
— Hey les koalas, désolidarisez-vous un peu, le p’tit dej’ est prêt, nous informa Matt.
Je le repoussai et m’extirpai du lit tandis qu’il se retournait, son visage s’enfonçant dans l’oreiller. J’allais m’asseoir sur le canapé à côté de mon ami qui me sourit. Je lui rendis un sourire franc, heureux qu’il soit dans ma vie.
Comme tous les matins, le temps filait et en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, je dus partir au travail. Comme nous étions samedi les deux autres n’avaient rien à faire, je laissai donc mes clés à Matt et leur dis de rester autant qu’ils le voulaient.
J’arrivai rapidement à l’épicerie, ouvris le magasin et accueillis les premiers clients matinaux. Pendant ma période creuse de ma matinée, j’allais ranger un peu les cartons qui s’empilaient dans le stock en tentant de ne pas trop aggraver mon mal de dos et vers treize heures, Célia débarqua avec sa bonne humeur habituelle. Alors que j’encaissai une cliente, elle rangea quelques articles dans les présentoirs derrière moi puis quand la femme quitta la boutique, elle rit.
— Andy ?
— Oui ?
— Tu sais que t’as des maxi suçons sur la nuque ?
Je me tournai face à elle, dissimulant ma nuque avec ma main, le regard horrifié.
— Ça se voit beaucoup ?
Elle me lança un regard entendu et je grognai. J’allais tuer Gabriel !
— T’es gay ? me demanda-t-elle soudainement.
Je m’immobilisai, comme prit en faute. Elle s’approcha alors de moi et me sourit gentiment.
— Hey, fais pas cette tête, t’as rien fait de mal. Moi aussi je couche avec des mecs tu sais ?
Sa répartie me fit sourire et je fus plus enclin à répondre à sa question.
— Ouais, je suis gay.
— J’te demande ça parce que j’ai une copine qui a craqué sur toi, alors, avant de lui donner de faux espoirs, je préfère tâter le terrain. Désolée, c’était p’tet pas très subtil.
Nous rîmes tous les deux avant d’entendre la porte s’ouvrir. Je fis face à ma caisse, prêt à accueillir le client lorsque je remarquai mon amoureux entrer, suivit de deux autres garçons. Ils vinrent dans ma direction et se postèrent tous les trois devant Célia et moi. Je pris le temps de détailler les inconnus qui entouraient Gabriel.
L’un était vraiment grand ; il devait avoisiner les deux mètres. De longs cheveux blonds courraient dans de belles ondulations jusque sur ses épaules. Il avait une belle gueule et une attitude de prime abord décontractée. L’autre d’une taille plus commune arborait une chevelure rouge éclatante et son visage comportait plusieurs piercings. Une lourde veste en cuir pesant sur ses épaules était constellée de clous et d’écritures au Posca, hurlant fièrement « Punk’s not dead ! ». J’aimais ce genre de personnes, les personnalités colorées étaient mes préférées.
— Alors c’est lui ton gars ? demanda le blond.
— Ouais, acquiesça l’intéressé.
Son ami aux cheveux longs se pencha vers moi et je reculai un peu, pas vraiment à l’aise à l’idée d’avoir un inconnu si proche de mon visage. Il détailla mon corps d’un regard sérieux, ce qui me mit particulièrement mal à l’aise. Puis il sourit au bout de quelques secondes.
— Nan, ça va, j’aime bien.
Est-ce qu’il était vraiment en train de donner son avis sur mon physique ? Je fronçai les sourcils, prêt à répondre quand celui aux cheveux de feu me devança.
— J’avoue qu’il est mignon. T’as quel âge ?
— Vingt-quatre, répondis-je, un peu gêné.
— Oh ! T’es plus vieux que lui alors ! reprit-il. C’est bien ! Tu vas pouvoir le calmer un peu !
— Ferme ta gueule, soupira Gabriel. J’ai pas besoin qu’on me calme.
Cette fois, le garçon rit vraiment puis il me regarda.
— Il t’a déjà emmené dans ses soirées ?
Je secouai la tête et conjointement, Gabi baissa la sienne tandis que son ami riait aux éclats.
— Bordel, avec une tête pareille, tu sais qu’il va se faire manger, hein ? lui demanda-t-il.
— Grave, ajouta le bond. Il va se faire attraper et tu le reverras pas de la soirée.
Gabriel fit la moue, puis j’entendis Célia rire dans mon dos.
— C’est qu’il a du succès le p’tit Andy.
Le grand blond, interpellé par la voix fluette de ma collègue, se décala pour la regarder et soudain, son visage se fit bien plus charmeur.
— Salut ma belle, comment tu t’appelles ?
— Célia, répondit l’intéressée sans le regarder, continuant de ranger. Et toi ?
— Clément. Et l’autre là, c’est Ruben.
Tandis qu’ils parlaient tous les trois, je me décalai pour parler à Gabriel.
— Ça s’est bien passé avec Matt ?
Il hocha la tête.
— Très bien. Il est grave sympa quand il a pas peur que je te casse en deux. D’ailleurs, ça va ? Pas trop fatigué ?
Je haussai les épaules puis me penchai à son oreille.
— Par contre, la prochaine fois, évite les suçons qui se remarquent. Célia les a vus.
Il déposa un baiser sur ma joue et recula en souriant.
— Hors de question. C’est la marque de ma propriété.
Je pouffai.
— Ça n’a pas besoin d’être aussi voyant. Mais bref, c’est qui ? changeai-je de sujet en pointant les deux autres.
— Ce sont mes meilleurs amis. Des amis d’enfance, on se connaît depuis le primaire.
Je leur jetai un coup d’œil plus appuyé. Clément, le blond, semblait être du genre à draguer tout ce qui bougeait, quant à Ruben, je le trouvais plus réservé, même avec son look tape-à-l’œil. Les deux étaient en grande conversation avec Célia qui me lança un petit regard désolé.
— Hey ! Vous êtes pas venus pour draguer, grogna Gabi. C’est lui que vous devez rencontrer pas sa collègue !
Ils se tournèrent vers moi et Ruben revint vers nous. Clément quant à lui, se fichait royalement de moi et préférait apparemment apprendre à connaître Célia.
— Désolé. Alors, dis-moi, qu’est-ce qui t’a fait craquer chez Gabi ?
La question me dérouta. Pour le moment, je ne connaissais pas grand-chose de lui et le peu que j’avais apprécié tournait autour de la ceinture. Mon visage chauffa un peu et je détournai le regard.
— Il est… passionné ? tentai-je maladroitement, ce qui le fit rire.
— Ouais d’accord. Et toi ? demanda-t-il à son ami.
— Il est adorable. Il sourit tout le temps, il est gentil avec tout le monde et en plus il est grave sexy. J’ai envie de le manger.
— D’accord… alors tu vas te calmer tout de suite. J’ai pas envie de voir ce que vous faites de vos nuits. Ceci dit, j’espère que t’as de l’endurance, me dit-il en souriant. Il est insatiable.
Je hochai la tête, l’air grave et résigné. Merci, j’avais déjà compris ça. Ils restèrent encore un petit moment avant de partir. Une fois qu’ils eurent passés la porte, Célia gloussa.
— Je sens que je vais passer une bonne soirée vendredi prochain ! Et toi ? T’as déjà des trucs de prévu pour ce week-end ?
Je secouai la tête. Je n’étais pas du genre à prévoir des sorties tous les week-ends, encore moins à sortir régulièrement. Comme j’étais là tous les jours de la semaine, y compris le dimanche matin, je ne pouvais pas me permettre d’être trop fatigué. Alors je sortais peu, je sélectionnais avec attention les soirées où j’allais et généralement, c’était régulièrement celles de Matt que je choisissais.
Lorsque nous fermâmes la boutique, Célia m’invita à manger. Nous nous rendîmes dans un restaurant japonais non loin et mangeâmes comme des goinfres. Heureux de lui avoir partagé mes tendances, je le fus encore plus de pouvoir parler avec elle sans aucun complexe de ma vie sexuelle. Nous passâmes une agréable soirée à échanger sur nos divers ex, nous moquant parfois de leurs réactions ou de leurs faux pas et en rentrant chez moi, je me sentais revigoré.