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Suky
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Chapitre 2

Lina

Je n'ai jamais vraiment su choisir les bons mecs. Mais parfois, je cherchais juste ce petit truc. Un regard. Une voix. Quelqu'un qui m'aime comme personne d'autre ne le faisait. J'aimais ça : cette illusion d'être spéciale. Unique. Même si ce n'était que temporaire. Ma mère ne comprendrait jamais. Si elle savait, elle hurlerait. Et ce serait un drame de plus à ajouter à notre longue liste. Mes parents s'aimaient. Vraiment. Leur histoire avait commencé au Maroc. Le premier amour de chacun. Ils sont venus en France ensemble, avec leurs rêves dans leurs valises. Et pourtant, un jour, j'ai vu leur amour s'éteindre doucement. Comme une bougie oubliée dans un coin de pièce. Et parfois, je ne peux pas m'empêcher de me demander... si ce n'est pas à cause de moi. Alors non, je ne leur parle pas de mes histoires.

Et surtout pas de Kaïs. Avec lui, j'y ai cru. Il était doux. Présent. Patient. Jusqu'au jour où je suis entrée dans cette chambre...Et que je l'ai vu dans un lit... avec sa "cousine". J'ai ri. Un rire sec, amer. Parce que parfois, faut bien rire. Sinon, tu t'effondres. Je ne dirais pas que je l'ai aimé. Mais j'aimais la sécurité qu'il me donnait. J'aimais comment il me faisait me sentir : importante, désirée, unique. Alors non, le quitter n'a pas été si difficile que ça. Mais pour lui, c'était tout l'inverse. À l'entendre, c'est moi qui l'aurais poussé dans les bras de cette fille... Alors que j'étais prête à m'engager avec lui. Quand j'ai reçu la notification, j'ai dû tout expliquer à mes meilleurs amis. Ils savaient qu'il m'avait trompée, ils savaient que j'avais rompu. Mais ce qu'ils ignoraient, c'était la suite.

Les appels. Les messages. Le harcèlement.

J'ai fini par le bloquer partout. Mais il a juste changé de terrain : maintenant, il continue sur les réseaux. J'ai dû les rassurer, leur dire que ça allait. Parce qu'ils allaient en cours, et moi je restais là, à faire comme si tout allait bien. Comme si j'avais pas déjà assez de problèmes à gérer. Un vrai connard. Jusqu'au bout.

J'avais déposé les petits frères d'Isa à l'école avant de filer au pas de course vers la mienne. Quelques minutes plus tard, j'étais affalée dans mon siège, dans l'amphithéâtre baigné d'un soleil paresseux.

Procédure pénale.

L'art de disséquer les douleurs humaines avec une précision froide, presque chirurgicale. Charmant programme. J'écoutais distraitement les bavardages autour de moi, sans vraiment y prêter attention.

- Il arrive ! s'exclama une fille devant moi.

Je relevai les yeux.

Raphaël Vauclaire.

Il avançait dans l'allée centrale avec cette nonchalance presque arrogante. Il regardait droit devant lui, comme si personne n'existait. Et pourtant, il attirait les regards comme un aimant. Ses boucles blondes rebondissaient à chaque pas. Ses yeux bleus glacés semblaient tout disséquer sans émotion. Et sa mâchoire... franchement, on aurait dit qu'elle avait été taillée dans la pierre. Je vais pas mentir : il était beau. Très beau. Mais je roulai des yeux face aux gloussements autour de moi. Parce que je savais mieux que ça. Raphaël, c'est le cousin d'Élise, ma meilleure amie. On s'est croisés une seule fois à un gala.
Un de ceux où Élise insiste pour qu'on vienne « réseauter ». Grâce à elle, j'ai pu choper un stage, donc je me plains pas.

Mais ce soir-là, j'ai eu le malheur d'essayer de lui parler. Résultat ? Trois "hum", un ou deux hochements de tête, et il s'est tiré sans prévenir. Me laissant seule dans un coin, à attendre que mes amies reviennent. Un arrière-goût d'humiliation que j'ai pas oublié. La seule chose qu'il avait en commun avec Élise, c'était leur couleur de cheveux. Et leur nom de famille. Élise, elle, était douce, prévenante, toujours partante pour une bonne discussion. Lui ? Un iceberg. Avec un balai coincé là où je pense.
Difficile à croire qu'ils aient reçu la même éducation, tellement ils étaient différents.

Depuis, je l'évite. Je ne le déteste pas... mais je ne peux pas le supporter non plus. Et pourtant, malgré moi, mes yeux revenaient sans cesse chercher sa silhouette. Un réflexe que je déteste vraiment. Lorsque le cours sonna la fin, je me dépêchai de mettre mes affaires dans mon sac, que je jetai presque sur mon dos.
Aujourd'hui, je n'avais qu'un seul cours — même s'il avait duré trois heures — et je devais rejoindre Isa, qui voulait que je l'accompagne à sa sortie shopping.
C'est-à-dire : la regarder hésiter pendant trois plombes, puis acheter des mangas. Parfois, elle me demandait mon avis.
Madame n'accepte aucun retard.

Dans ma précipitation, je n'avais pas remarqué que mon sac était resté ouvert... Et tout ce qu'il contenait avait décidé d'embrasser le sol.

- Fait chier, murmurai-je.

Je me penchai pour ramasser mes livres au plus vite, quand une grande main blanche apparut dans mon champ de vision. Elle commença à m'aider, sans un mot. Je relevai la tête... Et je vis Raphaël. Un genou à terre, occupé à m'aider.

La première pensée qui me traversa l'esprit, ce fut que son pantalon avait l'air hors de prix. Moi, je ne l'aurais même pas laissé frôler le sol. Même pas celui de chez moi. Mais au fond, je savais que je me raccrochais à ce détail uniquement pour ne pas penser à autre chose. Comme à quel point il était beau. Il se releva. Je fis de même, automatiquement.

- Tiens, dit-il en me tendant les derniers livres tombés.

Je pris conscience qu'il avait déjà tout ramassé. J'étais tellement distraite à le fixer que je n'avais rien vu. Je rougis. Et une petite voix dans ma tête me souffla que sa voix calme et posée était étrangement attirante. Pensée que je chassai aussitôt.

- J'avais pas besoin de ton aide, dis-je, en mimant l'agacement.

J'essayais surtout de cacher ma gêne. Je levai les yeux vers lui. Et j'eus l'impression de me déclencher un torticolis. J'avais oublié à quel point il était grand. Ou c'est moi qui suis trop petite. Un mètre soixante, c'est une taille convenable, non ? Peut-être que j'aurais dû écouter ma mère et manger tous mes légumes. Un de mes plus grands regrets. Je le vis me dévisager. Il devait sûrement me prendre pour une folle : il m'aide, et moi, je râle. Mais ce n'est pas de ma faute.

Tout chez lui m'agace.

Il ouvrit la bouche pour me dire, avec ironie :

- De rien.

Puis il passa à côté de moi et quitta la salle.

Et à ce moment-là...
Je sentis son odeur.
Quelque chose de fruité, avec une touche masculine.
Je me déteste.
Je me déteste d'avoir fermé les yeux pour mieux la sentir.

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