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Coramerlin
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Espionnage des ondes (2)

An 2 ; Jour 133; Cycle 2 ; 6 heure 30

Elle n’avait pas bien dormi ce soir-là, et ne trouva aucun bras réconfortant à son réveil. Dodgi était levé et ratassait sa cuisine pour lui offrir un copieux petit-déjeuner, qu’elle n’était pas sûre de pouvoir avaler. Il était si attentionné cependant qu’Hiromi n’oserait jamais lui faire la moindre remarque. Avec lenteur elle fit coulisser la cloison qui séparait la chambre du reste du petit appartement. Son petit-ami, déjà rincé et en uniforme, l’accueillit avec un immense sourire. Il avait passé le mieux tablier de la mère d’Hiromi, tout rapiécé et avec des vieilles tâches incrustées. Comment faisait-il pour être adorable si tôt le matin ?

— Ma lune, tu as passé une bonne nuit ?

Pour toute réponse, il n’obtint qu’une sorte de borborygme peu inspiré. Cela ne lui ravit pas son sourire, bien au contraire. Il déposa un léger baiser sur son front, faisant fi de l’odeur de sueur et de mauvaise haleine qui se dégagea de sa petite-amie.

— Installe-toi. Aujourd’hui c’est céréales avec lait et compote de poire. Il y a aussi de la tarte d’abricot, et un peu de bacon si tu préfères, déclara-t-il en lui tirant une chaise, sur laquelle elle s’affala sans grâce.

La perspective de ce bon repas la requinqua quelque peu, même si ça n’était pas donné. Les céréales et les fruits passaient encore car ils étaient produit à Eolna, mais le reste venaient soient des Amphi-fermes satellites, soit d’autres Amphiptères. Si les Gouverneurs n’avaient pas des remises sur presque tous les produits alimentaires, elle n’aurait pas de quoi se les acheter avec son maigre salaire. Les talents culinaires de Dodgi faisaient des merveilles, avec de si bons produits. Tant qu’Hiromi dut se réfréner pour ne pas finir la tarte, après avoir englouti le bacon et deux bols entiers de céréales et de compote.

— Ch’est ton bon, le complimenta-t-elle la bouche pleine.

— Ahah ! Je vois ça. Il faut que je te laisse, je dois relever mon collègue dans moins de vingt minutes, sinon la vice-amirale va me passer un savon.

Déçue de le voir partir si tôt elle déglutit avant de l’embrasser. Ce n’est qu’une fois qu’il eut atteint la porte, qu’elle ne put s’empêcher de lui demander :

— Au fait, comment elle va la vice-amirale Boda ?

— Comme d’habitude je dirai. Peut-être un peu plus tendu. Peut-être qu’elle stresse parce qu’elle va devoir remplacer l’amirale Cherazed, quand elle ira à la Vigie. Pourquoi tu me demandes ça ?

— Oh rien. Hel m’a demandé de veiller sur elle c’est tout, mentit Hiromi avec une vivacité qui la fit se sentir coupable.

— Tu sais si tu veux prendre des nouvelles, ça sera sans doute plus simple de l’appeler. Elle est peut-être encore chez elle.

— Oui, je vais m’en occuper. Vas-y faut pas que tu sois en retard.

Dodgi lui envoya un dernier baiser avant de refermer la porte derrière lui. Hiromi avisa l’appareil de télécommunication posé sur un guéridon du salon. Elle ne pouvait pas prendre le risque de révéler ce qu’elle savait à sa hiérarchie, mais elle pouvait au moins apporter son soutien à Boda dans cette épreuve. Hel était son amie, elle lui devait bien ça même si leur rapports c’étaient distendus dernièrement.

Lentement elle se leva en direction de l’appareil, et saisit le communicateur. Elle inspira profondément avant d’appuyer sur le bouton d’allumage, puis tourna la molette sur le numéro 3, puis 1, signifiant que sa communication était interne au Gouvernail, et qu’elle cherchait à atteindre un poste sécurisé. En effet le réseau de télécommunication du quartier des Gouverneurs avait été développé de telle sorte que deux appareils pouvaient communiquer directement l’un l’autre sans opérateur intermédiaire. Pour des raisons de sécurité évidentes, en fonction de l’émetteur ou du récepteur certains appels devaient transiter obligatoirement par le centre d’appel. C’était le cas des logements privés des gradés, dont les vices-amiraux.

La voix d’un opérateur inconnu résonna dans le communicateur. Hiromi lui donna machinalement le numéro qu’elle avait prononcé tant de fois. La liaison fut établie, suivie par un tintement répétitif caractéristique des communications en attente. Au fond d’elle-même, la jeune fille espérait que Dodgi s’était trompé, et que Boda était déjà partie au travail. Ça serait comme un coup du destin et non sa faute. Soudain le tintement prit fin, remplacé par un bref bip sonore.

— Qui c’est ? Demanda une voix éraillée dans le combiné.

— C’est moi, Hiromi, répondit l’autre.

Elle n’avait pas réfléchi à ce qu’elle allait lui dire. Elle ne pouvait avouer qu’elle avait appris que sa fille avait été enlevée et torturée. Ce n’était pas le genre de conversation à avoir maintenant, surtout si d’autres qu’elle décidaient de jouer les espions des ondes.

— Je vous appelais au sujet de Hel. Je…

— Tu as des nouvelles ? L’interrompit brusquement Boda.

— Euh oui. Mais est-ce qu’on pourrait en parler en face à face ?

— Oui oui bien sûr. Viens manger chez moi ce soir, l’invita la vice-amirale.

— Parfait ! À ce soir, répondit Hiromi qui mourrait d’envie de mettre fin à cette conversation.

— Attends, viens avec Dodgi. C’est un gentil garçon, j’aimerais le connaître hors du travail.

Surprise par sa requête, elle accepta et put enfin raccrocher en soupirant.

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