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Chapitre 6 - La Russie

Regulus observait Harry dormir sur le siège à côté de lui. Ils venaient d'embarquer dans un avion de nuit en direction de Moscou. Il valait mieux qu'ils disparaissent du pays au moins pour quelques mois, si pas plus. Même s'il avait fait exploser la maison, il n'y avait que deux corps... Harry serait certainement recherché. Il lui avait d'ailleurs posé un glamour pour qu'il lui ressemble un peu plus. Et il s'était aussi assuré qu'il ait de bien meilleurs habits que ces loques que lui donnaient les Dursley. Il avait amené le petit au tailleur de l'Hôtel Continental pour lui fournir des vêtements chics et aussi un peu de protection supplémentaire en cas d'ennui. Il ne pensait pas en rencontrer mais on n'était jamais trop prudent.

En voyant le petit frissonner légèrement, il sourit et appela l'hôtesse pour qu'elle lui fournisse une petite couverture. La dame la lui donna avec un sourire. Regulus le recouvrit doucement en veillant à ne pas le réveiller et son sourire s'élargit un peu quand il vit Harry bouger un peu pour poser sa tête contre son épaule. Il lui embrassa le front et sortit son téléphone.

Il fronça les sourcils en notant qu'il avait un solde plus important que ce à quoi il s'y attendait. Il avait une mémoire des nombres. Et là, il avait cinq cents milles livres en plus, en regardant d'un peu plus près, il comprit qu'il s'agissait de la prime des Dursley. Il ne savait même pas qu'il y avait un contrat. Il ne regardait jamais en dessous d'un million. Il les laisserait à Harry... Il avait tant subi à cause d'eux alors qu'il aurait dû tellement recevoir... Il allait recevoir maintenant à leur détriment.

Il soupira et s'installa un peu plus confortablement. Il caressa distraitement son bracelet sombre qu'il sentait pulser doucement contre son poignet. Son Ombr'Lune... Il n'était pas très à l'aise de le voir ainsi en un objet inanimé. Il le préférait sous sa forme de Raven mais dans certaines situations, comme prendre l'avion, il le gardait auprès de lui. Harry avait été saisi de voir l'oiseau devenir un bracelet de cuir et il avait donc été obligé de lui expliquer.

Les Ombr'Lunes étaient des créatures rares et souvent liées à la magie noire. A la magie de sang plus précisément. On se liait à l'une d'elles par le sang et elle devenait un compagnon de vie encore plus important, plus intimement lié qu'un familier. Elle répondait au désir du sorcier et obéissait au moindre de ses ordres mentaux. Et le sorcier pouvait voir en retour à travers ses yeux quand il était sous forme animale et l'utiliser comme objet de son choix dans d'autres situations. Si on pouvait choisir la forme inanimée autant qu'on le souhaitait, la forme animale, elle, était toujours la même.

Pour Regulus, il s'agissait d'un corbeau noir, lui rappelant son ancien amant. Cela lui convenait parfaitement. Et il s'en servait beaucoup durant son travail, guetteur discret et silencieux que personne ne soupçonnerait.

Il jeta un dernier coup d'oeil autour de lui avant de s'autoriser à fermer les yeux pour un peu de repos.

xXxXxXx

— Pas si vite, Harry ! dit calmement Regulus.

Il savait qu'il obéissait vite sans qu'on ait à se répéter. C'était à la fois une bonne et une mauvaise chose aux yeux de l'Assassin. Harry avait été trop bien 'dressé'. Il essayerait de changer cela. Un peu.

Il rejoignit le garçon qui avait baissé la tête, fautif, et lui ébouriffa les cheveux.

— Allez, suis-moi. On a beaucoup de choses à faire aujourd'hui. A commencer par aller à l'Hotel Continental. 

— Mais... je croyais qu'il était à Londres, fit Harry, les sourcils froncés, avant de pincer les lèvres et de baisser la tête.

— C'est bon, Harry, rit doucement Regulus en s'agenouillant devant lui. Tu peux me poser des questions. Je dirais même que tu dois m'en poser quand tu ne comprends pas quelque chose. Et si je peux te répondre alors je le ferais avec plaisir. Un peu de curiosité n'est pas un défaut.

Harry fit un petit sourire quand il lui ébouriffa encore les cheveux.

— Et pour répondre à ta question, sache que l'Hotel Continental n'est pas qu'un bâtiment, c'est une sorte de... société qui a beaucoup de bâtiments dans tous les pays, à chaque fois dans les villes importantes. Et les règles de l'Hotel de Londres s'appliqueront ici aussi, ainsi que dans tous les autres Hotel Continental où nous irons. Tu comprends ?

— Oui, je crois. 

— As-tu une autre question ou nous pouvons y aller ? s'enquit l'Assassin avec un petit sourire rassurant.

— Hmmm... J'avais une question mais... 

Regulus rit doucement.

— Tu me diras quand elle reviendra, bonhomme, ne t'inquiète pas. 

Il se redressa et prit la main d'Harry pour l'empêcher de disparaître dans la foule qui s'agglutinait à la sortie de l'aéroport. Ils parcoururent les rues de Moscou et Regulus dut discrètement lancer un sort de réchauffement sur le petit pour l'empêcher de geler tellement il neigeait. Heureusement, il n'avait pas beaucoup de route à faire. Une fois qu'ils pénétrèrent à l'intérieur de l'Hotel. Regulus se dirigea directement vers l'accueil et demanda une chambre.

— Naturellement, Mr Black, fit le Concierge. « Et pour... Monsieur... 

— C'est mon fils, coupa simplement Regulus avec un simple geste de la main. Enfin, tout comme. Il restera avec moi. 

— C'est assez... surprenant, Mr Black. 

— Je n'ai malheureusement pas eu le choix. Harry restera dorénavant avec moi. 

— Souhaitez-vous qu'on vous aménage une chambre avec deux lits ? 

— Non, ça ira. Nous ne resterons pas longtemps. Pouvez-vous faire monter du chocolat chaud pour lui ? 

— Naturellement, Mr Black. Chambre 407.

— Merci. 

— Bonne journée, Mr Black. 

Regulus donna une pièce d'or et récupéra la clef de la chambre avant de monter avec Harry jusqu'à leur chambre. Une fois arrivés, Regulus détacha son bracelet et le laissa reprendre la forme d'un corbeau. Raven secoua ses ailes avant de sortir par la fenêtre que le sorcier venait d'ouvrir.

— Où est-ce qu'il va ? demanda Harry, curieux.

— Il va faire un tour du périmètre. J'aime bien avoir une vision d'ensemble. Une vieille habitude que j'ai acquise durant la guerre. 

— Celle dont tu m'as parlée ? 

— Oui, Harry. A cette époque, je n'avais pas encore Raven mais je faisais moi-même ce tour pour m'assurer que j'étais en sécurité. 

— Mais tu as dit qu'on était en sécurité à l'Hotel. 

— En théorie, on l'est. Cela fait partie des règles. Mais j'ai appris il y a longtemps qu'il y a des personnes assez folles pour transgresser les règles alors je préfère ne pas prendre de risque. Encore moins maintenant que tu es là. 

— Tu as dit quoi au monsieur en bas ? J'ai rien compris. 

— Rien de spécial, Harry. J'ai juste demandé une chambre et du chocolat chaud. Je parlais en russe. C'est la langue de ce pays. 

— Est-ce que tu pourras m'apprendre ? 

Harry avait une petite moue adorable alors qu'il faisait cette demande. On frappa au même instant à la porte.

— Bien sûr, Harry. Et ce n'est pas la seule langue que je vais t'apprendre.

Il se leva et alla vérifier dans le judas qu'il s'agissait bien du service d'étage.

— Mais pourquoi tu ne commencerais pas par boire ton chocolat chaud, hmmm ? 

— Je peux ? 

— Bien sûr ! Il est rien que pour toi ! 

— Super ! Merci ! 

Regulus rit doucement et paya le chocolat à la femme qui arborait elle aussi un sourire amusé.

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