— Bonsoir, fit Regulus en arrivant au guichet de l'Hotel Continental russe vers trois heures du matin. Il n'a pas été difficile ?
— Du tout, Mr Black, répondit le Concierge. Harry a été un enfant très calme et studieux.
L'homme avisa la tenue de l'Assassin quelques secondes avant de recroiser son regard argent. Regulus était en effet, légèrement blessé et avait sa chemise à moitié déchirée et maculée de sang.
— Avez-vous besoin d'une réservation pour dîner, Monsieur ? s'enquit-il.
— Ce ne sera pas nécessaire, Gideon, répondit Regulus avec un sourire. J'ai déjà pris contact avec le traiteur, il est en chemin.
— Avec le médecin, peut-être ?
— Non, ça ira, ce ne sont que quelques ecchymoses et coupures, rien de bien alarmant. Où est Harry ?
— Dans votre chambre, Mr Black. Il se repose.
— Merci.
Regulus monta les escaliers et rejoignit la chambre qu'il occupait avec son fils. Ce dernier était dans le lit et dormait à poing fermé. Ses doux ronflements s'élevaient dans la pièce, faisant sourire l'Assassin. Il partit prendre une douche et se soigner ce qui s'avérait être un peu plus que quelques coupures avant de se mettre en pyjama et de se glisser dans le canapé. Ils rentreraient tous deux à la maison le lendemain. Il sourit et s'endormit rapidement, épuisé par sa nuit de boulot.
Il fut réveillé au matin par le délicieux fumet de café. Il ouvrit les yeux pour croiser le regard émeraude zébré d'argent d'Harry. Celui-ci tenait dans sa main une tasse de café fumante juste en dessous du nez de l'Assassin.
— Bonjour Papa, fit le jeune garçon de huit ans.
— Bonjour Fiston, sourit Regulus en prenant sa tasse de café avec plaisir. Quelle heure est-il ?
— Il est onze heures du matin. J'ai déjà mangé. Gideon m'a dit que tu étais rentré tard et que tu as eu une bonne soirée. Tu n'es pas trop blessé ?
— Rien d'alarmant, rassura-t-il. Deux jours et je n'aurais plus rien.
Harry hocha la tête et retourna à son livre de langues. A sa demande, maintenant que le garçon parlait plus ou moins parfaitement russe, il s'initiait au français et au latin, ce dernier naturellement pour mieux comprendre certains ouvrages de magie et, qui sait, peut-être un jour créer ses propres sortilèges.
Il le rejoignit à la table et dégusta son café tout en observant son fils à la lumière du jour. Harry avait pris quelques centimètres ainsi que dix kilos en un an. Ses carences alimentaires ainsi que sa docilité d'esclave était de l'histoire ancienne. La seule chose que Regulus regrettait, c'était le fait qu'il n'était plus innocent. Il avait conscience des horreurs du monde et avait déjà demandé à pouvoir se défendre contre les personnes qui lui voudraient du mal. Il ne voulait pas rester faible et un fardeau. Même si Regulus lui assurait du contraire sur ce dernier point, l'idée d'Harry n'était pas mauvaise à ses yeux alors il avait commencé peu à peu à l'initier à l'art du combat. D'ailleurs, Harry commençait tout doucement à développer des muscles et des réflexes suite à cet entrainement encore tout récent.
Il vit son fils soupirer avant de refermer son livre et de se frotter les yeux. Depuis qu'il avait bu la potion d'adoption, il ne portait plus ces affreuses lunettes et cela n'en était que mieux.
— Tu veux faire quoi, aujourd'hui ? s'enquit-il en buvant une gorgée de son sombre nectar.
— Ca dépend. On sera où ? demanda Harry en retour.
Ce dernier s'était habitué aux voyages de son père pour le travail. Ils n'étaient pas si fréquents que cela mais il avait déjà eu l'opportunité, en un an, de visiter une bonne vingtaine de pays.
— A la maison. J'ai fini mon travail.
— Alors... hmmm ... Je verrais bien commencer la pratique en métamorphose, peut-être.
— Tu as lu le manuel ?
— Celui de première année ? Oui. Deux fois. Comme ça, on varie les plaisirs avec potions et la défense.
— Oui, pourquoi pas, sourit Regulus en posant sa tasse. Ce n'est pas ma branche préférée mais je dois admettre qu'elle est très utile dans certaines situations.
Ils restèrent silencieux un instant et observèrent la vue qu'ils avaient du Kremlin sous le soleil d'été. Puis, Regulus partit se doucher et ils rentrèrent à la maison. Pour rentrer, le sorcier gara sa voiture dans un parking où il avait loué un emplacement et ils marchaient tous deux quelques dizaines de minutes jusqu'à une impasse, jamais la même, avant qu'ils ne transplanent deux fois pour leur petite maison en bord de mer du Japon, non loin de Vladivostok. Il s'agissait d'une petite maison moderne moldue comme tant d'autres que Regulus avait achetée et directement placée sous fidelitas dont il était le gardien du secret, naturellement. Personne, pas même un Moldu, ne pourrait les retrouver là.
Il était vrai que Regulus aurait pu engager un elfe de maison pour s'occuper d'Harry pendant qu'il était absent mais il ne voulait pas le laisser derrière alors qu'il pouvait partir parfois pour un bon mois en déplacement en fonction de ses missions. Il préférait que son fils reste auprès de lui, et sagement à l'Hotel quand il travaillait, sous la bonne garde du Concierge. Harry ne faisait jamais de difficulté et était presque toujours sage. Presque car il avait un coté légèrement farceur. Sirius en serait très content et fier. Et quelque chose disait à Regulus que ce petit coté espiègle allait empirer avec le temps ou devenir une arme redoutable contre les ennemis d'Harry.
— Allez..., soupira Regulus en posant sa sacoche sur la table de la salle à manger. Va d'abord t'entraîner un peu dehors sur le mannequin et après on va faire de la métamorphose.
— D'accord, répondit Harry en prenant un biscuit dans le saladier et se dirigeant vers sa chambre pour se changer.
— Faudra que tu apprennes à le faire en tenue de ville, Harry, soupira l'Assassin.
— Je sais mais je n'ai pas envie d'abîmer mon pantalon, il est encore presque tout neuf.
— Et la magie ?
— Sauf que je ne vais pas toujours courir vers toi pour le réparer, Papa, soupira à son tour l'enfant. Pas si je peux l'éviter. Bon, je m'en vais suer un peu !
— A tout à l'heure, sourit le père en rangeant ses armes dans l'armoire.
Une fois chez lui, il ne craignait plus rien, ou presque, puisqu'il avait toujours sa baguette sur lui. Il sortit la baguette de son fils de l'armoire et la plaça sur la table ainsi qu'une allumette et le manuel de métamorphose pour plus tard. Puis, il s'installa avec une bière fraîche devant le Kremlin Magique pour se mettre à jour sur les dernières nouvelles du monde sorcier. Il leva ses yeux de son journal deux heures plus tard en entendant la porte du jardin s'ouvrir et se refermer et il vit Harry passer devant lui torse nu et légèrement en sueur.
— Tu as pris un coup de soleil, lui informa-t-il doucement.
— J'ai oublié de mettre une protection.
— C'est malin.
— C'est pas grave. Ca fait pas si mal que ça.
— Mets-toi sous de l'eau tiède.
— Froide tu veux dire, corrigea Harry en riant.
— J'irais jamais sous de l'eau froide !
— C'est pourtant bon pour la peau !
Regulus secoua la tête et retourna à son journal alors qu'il entendait son fils rire même derrière la porte fermée de la salle de bain. Harry revint une demi-heure plus tard, vêtu d'un simple pantalon de toile noir et le torse nu. On pouvait voir sa peau rouge par endroit, retraçant les contours d'un T-shirt. Il fit venir à lui un baume de chiendent étoilé et l'appliqua doucement sur les épaules du garçon. Ce dernier ne réagit même pas au toucher, relisant simplement le chapitre concernant la métamorphose d'une allumette en aiguille. Pourtant, Regulus se doutait qu'il devait avoir un peu mal, sa peau était chaude, trop chaude. Il ne dit rien et termina d'appliquer la crème avant de se réinstaller. D'un claquement de doigts, ses paumes étaient propres à nouveau et il s'empara de la baguette de son fils.
— Allez, montre-moi, lui dit-il avec un sourire.
Harry le lui rendit et commença l'exercice.