— Que puis-je pour vous, Mr Black ? demanda Urnok après qu'ils se furent installés.
— Plusieurs choses en réalité, Maître Urnok, commença le sorcier. Mais laissez-moi d'abord vous présenter ce jeune garçon. Il se nomme Harry James Potter.
— Un descendant Potter ?
— Le fils aîné de James Potter et frère jumeau d'Ezéchiel, confirma-t-il.
— Mais c'est impossible.
— Je croyais qu'il avait été établi il y a très longtemps que l'impossible n'était pas le propre du sorcier, plaisanta Regulus. Après l'attaque du Seigneur des Ténèbres sur la famille Potter, il a été établi qu'Ezéchiel Potter était le Survivant et qu'Harry était un Cracmol. Sauf qu'un diagnostic médical correct, voire un examen gobelin sommaire aurait pu dire le contraire. Harry a été abandonné entre les mains de Moldus abusifs de la famille de Lily Potter, née... Evans, je crois.
Le visage du Gobelin s'était durci à la mention d'abandon d'enfant, encore plus entre les mains de gens abusifs. Il observa le petit garçon plus longuement et pouvait voir qu'il était petit et chétif, la peau sur les os.
— Vous l'avez récupéré ? Qu'en est-il des Moldus abusifs ?
— Morts, répondit l'Assassin sans le moindre regret. Et mes traces couvertes. Un simple règlement de compte moldu. Vu la profession de Vernon Dursley, cela ne choquera personne. Seul le jeune Dudley Dursley a survécu, il n'était pas présent sur les lieux mais ce n'est encore qu'un enfant lui aussi.
Il apprécia le sourire carnassier du Gobelin à la mention de la mort des monstres ainsi que son hochement de tête en ce qui concernait le jeune Dursley.
— J'ai récupéré Harry et je suis venu en Russie directement pour éviter quelques représailles de la part des sorciers. Je voudrais garder mon anonymat. Etre mort aux yeux de tous me protégera quand le Seigneur des Ténèbres reviendra.
— Que dites-vous ?!
Le regard de la créature s'alluma d'une certaine peur contenue.
— Que cela reste entre nous, Maître Gobelin, mais... J'ai découvert avant la fin de la guerre que le Seigneur des Ténèbres a eu usage d'une forme de magie très noire, presque nécromancienne, pour pouvoir survivre à la mort. Je ne vous dirais pas quoi si ce n'est que je n'ai pas encore trouvé la possibilité d'y remédier. J'avoue toujours chercher. Mais en attendant, j'aimerais que ma survie reste secrète. Tout comme le fait que j'aimerais adopter et élever Harry comme mon fils.
— Vous voulez disparaître avec lui ?
— Les Potter l'ont déjà rejeté et il n'a plus personne. Harry ignore ce qu'est réellement l'amour ou l'amitié, avoir un véritable foyer ou quelqu'un en qui faire confiance. De plus, il est le filleul de mon frère. Sirius étant à Azkaban...
— Je vois. Allez-vous l'adopter par le sang ?
Regulus garda le silence un instant et observa le petit garçon qui écoutait en silence.
— J'avoue ne pas avoir songé à cette possibilité. Mais pourquoi pas... C'est une idée. Les Potter ont décidé de l'abandonner sous un prétexte qui s'avère être faux. Il est absolument hors de question qu'ils le récupèrent. Ils sont indignes de porter le titre de parent ! Même dans les familles Sang-Pur, quand il y avait des cas de Cracmol, comme Marius mon ancêtre, nous les assumons et les élevons, certes avec un peu de honte mais nous les gardons jusqu'à leur majorité car ils ne sont encore que des enfants. On leur assure un avenir dans le monde moldu. On ne les abandonne pas !
— Connaissez-vous un Maître en Potions assez qualifié pour préparer cette potion ? demanda alors Urnok en sortant quelques parchemins. Ou dois-je en trouver un ?
— Il y a Severus Snape. Mais je ne peux pas le contacter directement, il saurait que je suis en vie et... Non, je ne peux pas le lui demander. Pas directement.
— Je peux le contacter pour vous, anonymement, proposa le Gobelin. Les compétences de cet homme sont incroyables dans le domaine des potions. Quel dommage que son passé de Mangemort l'empêche de briller et que Dumbledore le manipule subtilement pour l'empêcher de quitter le pays.
— Il doit certainement se sentir légèrement coupable ou redevable sinon il ne se laisserait pas faire ainsi, confia Regulus. Severus, tout Serpentard qu'il est, est un homme d'honneur et sous ses allures froides, il a un grand coeur.
Le Gobelin écrivit quelques instants sur un bout de parchemin avant de glisser ce dernier dans une enveloppe. Il lui fit signer quelques documents pour l'adoption d'Harry.
— Autre chose, Mr Black ?
— Ouvrir un compte au nom d'Harry Regulus Black et aussi... hmmm... je suppose que mes biens ont rejoint le coffre familial.
— En effet, Mr Black, mais nous pouvons les récupérer.
— Non, ce n'est pas nécessaire. Pas pour le moment, je ne manque de rien. Pouvez-vous convertir cet argent en galions, je vous prie, demanda-t-il plutôt en sortant une grosse liasse de billets anglais.
— Naturellement, Mr Black.
— Et mettez un quart de la somme dans le coffre d'Harry.
— Oui, Mr Black.
Ils restèrent encore une demi-heure avant de sortir de la banque faire quelques courses dans la rue sorcière, notamment quelques livres sur les bases de la magie pour qu'Harry puisse déjà s'instruire. Il achèterait une baguette pour lui plus tard, quand il aurait bu la potion d'adoption qui modifierait un peu son essence même. Cela n'effacerait pas les traits Potter ni Evans mais cela renforcerait son ascendance Black et mettrait Regulus en priorité dans les transactions, pour son plus grand bien puisque les autres se fichaient bien de son bien-être.
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Une semaine plus tard, Regulus était retourné à la banque récupérer la potion d'adoption et il se tenait justement devant Harry. Il glissa un de ses propres cheveux dans la potion qui prit une teinte argentée avec des nuances plus sombres.
— Bois ceci, Harry, lui dit-il doucement. Et je serais ton père pour toujours.
Harry sourit et obéit avant de grimacer au goût. Mais il commençait à avoir l'habitude avec la potion contre la douleur qu'il buvait pour son entre-jambe encore blessé et les potions nutritionnelles.
— Tu vas avoir un peu mal cette nuit, mon bonhomme mais après ce serait fini et nous serons toujours ensemble, des Black pour toujours.
— Tu promets ?
— Je te le promets, Harry. Tu es mon fils, un Black jusqu'au bout des ongles.
Il lui embrassa le front alors qu'il l'entendait gémir.
— Essaie de te reposer, Harry.
— D'accord, murmura l'enfant. Tu restes avec moi ?
— Je ne bougerai pas d'ici, promit le père en lui prenant doucement la main, glissant l'autre dans ses cheveux corbeau. Je suis là, fiston.
Les cheveux en bataille se firent peu à peu plus lisses et soyeux et une touche d'argent se glissa dans les yeux émeraude d'Harry. Regulus observa les changements sur le corps de l'enfant et pinça les lèvres en voyant que les cicatrices de son passé ne disparaissaient pas. Harry les garderait malheureusement à jamais.