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La cérémonie du liage

1er jour de la saison de la faux 2447

L’évènement tant attendu était enfin sur le point de commencer. Azéna allait commencer son entraînement en tant que dragonnière. Sa vie allait subir une transformation drastique. Elle se sentait un peu nerveuse, mais surtout enthousiaste.

Elle n’attendit que pour peu de temps. Rendar, perché sur l’une des murailles de l’académie, lança le signal en poussa un rugissement assourdissant. Plusieurs autres dragons se joignirent à lui. Chacun d’entre eux était monté d’un humanoïde. La foule se tut et des centaines de paires d’yeux se posèrent sur eux.

— Recrues, parents, famille, amis, je vous souhaite la bienvenue à l’académie d’Archlan, commença Terenas de sa voix qui était beaucoup plus puissante qu’auparavant. Avant tout, j’aimerai vous présenter le personnel de l’académie qui se trouve à ma droite et à ma gauche. Ensuite, nous passerons à des choses plus excitantes.

Azéna examina chacun des dragonniers qui l’entouraient. Elle remarqua qu’il y avait un duo qui portait un air de famille et une tenue plus extravagante que celles de leurs compagnons. Elle assuma qu’ils devaient être de plus hauts rangs mis à part Terenas bien sûr. Elle les dévisagea, un à un, comptant un total de dix dragonniers et dragons.

— Ne fixe pas les gens comme ça, marmonna Leith dans son oreille. On ne sait jamais. Tu pourrais offusquer la mauvaise personne un jour.

— Il y a des différentes sortes d’elfes?

L’un des dragonniers possédait des caractéristiques physiques elfiques, mais différentes. Sa peau était cuivrée au lieu de bleutée et ses oreilles étaient bien plus longues et à un angle plus bas.

Les yeux de l’adolescente s’écartèrent. Elle ne pensait honnêtement pas que de tels peuples existaient. La réalisation qu’il y avait deux différentes races d’elfes l’éblouissait.

Elle continua de dévisager les membres du personnel et s’arrêta sur un jeune homme aux longs cheveux ébène attaché en queue de cheval. Ses petits yeux perçants et sombres croisèrent les siens. Sur le coup, elle se sentit intimidée. Heureusement, il tourna promptement son attention sur les autres recrues. Son dragon, comme Tyrath, appartenait au vol gris, mais ses écailles étaient d’un gris fer et il faisait trois fois sa taille.

— Tu le connais, celui-là? demanda-t-elle à Leith en pointant subtilement l’homme au regard dur.

— Non. Il doit être nouveau. Sois polie et ne le fixe pas.

Azéna s’efforça de suivre ses conseils malgré sa curiosité tentatrice. Elle fut distraite par Terenas qui reprenait la parole :

— Sans plus tarder, entamons la cérémonie du liage. Futurs dragonniers, mettez-vous en ligne devant ce mur-ci.

Les recrues potentielles exécutèrent ses ordres avec hâte. Leurs yeux pétillants suivaient les dragons qui attendaient à proximité. C’était un rêve devenu réalité pour eux, tout comme ce l’était pour Azéna. Elle se sentait fortunée d’avoir Tyrath comme partenaire.

— À présent, continua Terenas, je dois vous mettre au courant de certaines choses. Sachez, avant de vous présenter aux dragons, qu’une fois dragonnier, votre loyauté résidera uniquement avec les Gardiens d’Aerinda. Ceci est une mesure de sécurité afin de préserver l’équilibre de pouvoir entre les royaumes et afin d’éviter des désastres. Aussi, en tant qu’apprenti dragonnier, vous n’avez pas de supériorité sur les autres. D’où vous venez, votre sexe, votre âge et vos titres n’importent pas ici et vous devrez les abandonner pour le reste de vos jours. Vous commencerez tous au bas de l’échelle en tant qu’égaux.

Des murmures inquiets se propagèrent au travers de l’audience.

— Faites votre choix maintenant.

Quelques candidats se retirèrent immédiatement. La plupart de ceux-ci avaient des habits excentriques, suggérant leur appartenance

à des castes nobles. Ils refusaient assurément de perdre ce prestige. Azéna percevait bien plus d’intégrité en devenant une dragonnière : protéger Aerinda et forger une amitié éternelle avec un dragon.

— C’est scandaleux! cria l’un des parents. Mon fils est le prochain patriarche de ma famille, mon héritier! Je refuse de le perdre!

La jeune rebelle ne pouvait pas être plus déçue de l’avidité de ces adultes. Elle a ressenti l'envie de les claquer. Elle ne laisserait jamais tomber Tyrath pour un trône. Tout de même, elle était légèrement choquée des conditions pour devenir dragonnière. C’était un serment à ne pas prendre à la légère.

— Nom d’une Aspérule, tu ne m’as pas dit ça, rouspéta-t-elle en se tournant vers Leith. J’ai de la chance que ces choses m’importent peu.

— Désolé, répondit la guérisseuse. J’étais préoccupée avec ta sécurité et celle de Tyrath.

— Tu aurais pu quand même nous avertir.

— C’est sans importance. Une fois lié, tu es tenu à respecter ces règles.

— Pff… Vraiment, ça m’arrange. Il n’y aura plus de favoritisme et de gens qui me dicteront quoi faire parce que je suis censée être une dame qui représente sa famille. De plus, il y a des gens si étranges ici que je serai considérée comme normale pour une fois dans ma vie.

Leith sourit faiblement, semblant partagée entre le contentement et la tristesse.

— Finalement, continua Terenas, il est possible qu’aucun dragon ne vous choisisse cette année, mais ne désespérez pas. L’an prochain sera peut-être meilleur. Maintenant, jurez que vous allez respecter votre serment sinon, payez le prix de la trahison.

Azéna a senti une boule d'angoisse monter dans sa gorge et pourtant, elle scanda avec les autres recrues : je le jure.

— Avancez et présentez-vous aux dragons, indiqua le grand maître.

Les recrus obéirent et se placèrent en ligne un à côté de l’autre.

La Kindirah n’avait nullement besoin de les joindre, car elle était déjà liée à un dragon. Un dragon qui était venu la chercher personnellement chez elle. Souriant fièrement, elle fixa Tyrath qui bomba le torse légèrement, et ria doucement.

— Au fait, c’est quoi le prix de la trahison? demanda-t-elle nonchalamment à Leith. Ça ne peut pas être aussi sévère qu’à Daigorn, pas vrai? Je veux dire, tu voles, tu te fais couper une main. C’est fou, quoi!

Le fier visage de la vieille femme s’assombrit. Elle ne lui accorda aucune réponse verbale.

Sur le coup, la petite rebelle se sentit mal à l’aise. Peut-être n’aurait-elle pas dû jurer un serment sans en connaître les détails. Il était trop tard à présent. Bayrne lui avait souvent raconté comment sévère était la discipline des autres royaumes et qu’elle était chanceuse d’avoir été élevée à Daigorn.

L’une des membres du personnel s’éclaircit la gorge et annonça le chant de l’hymne des vols draconiques. Elle était une petite elfe lunaire à la chevelure blanche qui était assise sur son dragon bleu. Elle se mit à chanter, sa voix des plus enchanteresse comme une caresse.

Noir comme nuit, blanc comme neige

Tout le mystère de la pureté s’éclaircira

Le vol lumineux rendra justice et honneur à tous

Il combattra le malfaiteur et l’ingrat

Leurs frères sombres et incompris prendront place dans la solitude

Leurs regards seront fixés sur l’indépendance

Les bleus, esprits curieux de la tempête

Dans la neutralité d’une goutte tiède

Deviendront les rivaux intelligents du

Grand jaloux et coriace passionné : le rouge

Dont la détermination n’a que d’yeux que pour ses ambitions

Terre ou vent sont des contraires intouchés l’un de l’autre

Conscience solide qui s’amusera lors de défis,

Le gris restera fidèle à lui-même

Sagesse immortelle qui réagira dans le calme,

Le brun offrira sa guidance

L’un ne peut vivre sans l’autre

Pourtant, nul ne comprend son contraire

Profond romantique est le violet ; zèle fidèle est le vert

La fleur sensible fleurira timidement

L’âme de l’arbre protégera l’équilibre de la vie

Dans l’ouverture d’esprit, ils ne se comprennent pas

Idéaliste, l’améthyste tissera des liens

Conservateur, l’émeraude chassera l’intrus

Dans la profondeur d’une âme, le dragon cherchera sa place

Totalité pure ; dans le conflit ou dans l’accord, il se liera

Car chacun est un défi à relever, un problème à surmonter

Dès qu'elle avait terminé, c'était comme si tout le monde pouvait à nouveau respirer. Du moins, c'est ce que ressentait Azéna.

— Une voix magnifique, comme à ton habituel, Neige, complimenta Terenas en encourageant les autres d’applaudir.

La dénommée Neige fit une petite révérence et son partenaire ailé poussa un grognement en secouant sa grosse tête majestueuse.

Une fois le calme revenu, un à un, les dragons prêts à la possibilité de rencontrer leur propre partenaire passèrent devant les recrues et les examinèrent avec soin. Quelques-uns d’entre eux ne réagirent pas envers qui que ce soit et s’envolèrent tandis que d’autres démontrèrent leur affection envers une personne en particulier.

Le dernier dragon portait des écailles bleu-céruléen et, visiblement mâle, une barbiche pâle pendait de son menton. Comme le reste, il prit le temps d’observer chaque recru avec attention, mais semblait déçu chaque fois.

Lorsqu’il atteignit la moitié de la rangée de recrus, son regard étincelant se posa sur Azéna. Il la fixait avec envie. Gênée puisqu’elle était déjà liée avec Tyrath, celle-ci se déplaça vers la droite de quelques pas, révélant Fayne. Elle espérait qu’il continuerait son chemin, mais il resta figé là comme une statue. Il cligna des yeux lentement et semblait perdu dans ses songes.

Après un long moment d’inactivité, il s’avança. Plus il approchait, plus il était évident que le centre de son existence tournait autour de Fayne. Cette dernière, visiblement confuse, détourna le regard en direction de Terenas qui hocha de la tête en signe d’encouragement.

— Je crois que nous avons notre dernière recrue de cette année, annonça-t-il en souriant.

Il venait de confirmer les suspicions de l’herboriste qui se mit à rayonner de joie. Émerveillée, elle posa la main sur le museau du dragon. Les écailles bleutées de celui-ci brillaient avec l’éclat d’une gemme. Elle pouvait voir sa réflexion au travers de celles-ci, contrairement à celles de Tyrath qui étaient mates. Un peu comme un cheval, il portait une crinière ivoire. De chaque côté de sa tête jaillissaient de grandes cornes. Le bout de sa queue était muni d’une paire de nageoires qui lui permettaient de se diriger avec aise dans une tempête.

— Je m’appelle Buhrik du clan Thrienhaj, se présenta-t-il d’un timbre aussi doux que possible avec sa voix à tendance rugueuse comme celle de tous les dragons. Buhrikthrienhaj.

Il caressa sa longue barbiche pâle avec un air d’érudit.

— Buhrik, murmura Fayne.

Sa voix était remplie de reconnaissance et d’émerveillement. Elle résonnait encore plus de vie qu’auparavant. Elle pencha bêtement la tête sur le côté, plongée dans ses pensées, puis s’empressa de lui répondre :

— Je m’appelle Fayne de la famille Litfow. Je suis native du royaume de Daigorn.

— Ravis de faire ta connaissance, ronronna Buhrik. J’avais un pressentiment que tu allais être bien élevé.

Azéna retint un ricanement. Elle savait que son amie pouvait s’avérer enflammée comme sa mère de temps en temps.

Buhrik se frôla le museau sur la joue de Fayne. À son contact, celle-ci émanait une odeur de tempête rafraîchissante. Malgré sa couleur froide, sa présence ainsi que son touché physique la réchauffaient. Lorsqu’il se sépara d’elle, elle remarqua la douceur apparente qui baignait dans son regard. Elle se perdit dans ces deux sphères tempétueuses d’une teinte turquoise vibrant.

— Fascinant, n’est-ce pas? lui demanda l’aéromancienne en réalisant que son amie venait de vivre la même émotion qu’elle a sa propre rencontre avec Tyrath. Maintenant, tu n’as pas le choix de souffrir de ma présence pendant toutes nos années d’entraînement.

— Malheureusement, Fayne ricana, détournant le regard vers Terenas avec gratitude, mais on pouvait percevoir qu'il y avait un peu d'inquiétude dans son expression.

Même si tout cela réjouit Azéna, ça la dérangeait autant.

Le grand maître hocha de la tête, approuvant. La rousse hésita, mais elle finit par prêter serment.

Ensuite, les spectateurs ainsi que le personnel acclamèrent les nouveaux apprentis. Peu de temps après les brèves célébrations, Terenas annonça qu’on pouvait enfin rentrer dans l’académie.

Les intimidantes portes fortifiées du fort colossal à sept tours s’ouvrirent grâce à la magie de Neige ainsi que du duo qu’avait remarquée Azéna un peu plus tôt.

Terenas s’éclaircit la gorge avant de continuer :

— Je demanderai donc aux parents, amis et malheureusement, à ceux qui n’ont pas eu la chance de s’être liés avec un dragon, de partir. Nous allons passer à la prochaine étape de la cérémonie qui est privée. Vous aurez des nouvelles de vos proches bientôt.

Les parents s’empressèrent de faire leurs adieux à leurs enfants, soit en les couvrant de baisers et en leur donnant des milliards de câlins ou encore de façons plus formelles en leur accordant une poignée de main ou en les saluant.

— Ne t'inquiète pas, maman, dit un jeune adolescent avec un dragon blanc à ses côtés. Sur mon honneur et notre patr…

— Seulement ton honneur maintenant, mon chéri, corrigea la mère.

— Sur mon honneur...! Je deviendrai un grand Gardien d'Aerinda!

Il semblait rempli de confiance. Il enleva sa longue cape brodée d'or, la remit dans les mains de son père et s'inclina bien bas.

Azéna remarqua une différence drastique culturelle entre les races et entre le prestige des familles. Elle était ravie que ses parents adoptifs ne fussent pas présents. Elle devait avouer qu’elle commençait un peu à s’ennuyer des duels amicaux avec Argent et des vilains tours qu’elle réalisait avec Ravon et Gendrel.

Aux portes principales de l’académie, Terenas supervisait l'événement dans son ensemble, s'assurant que les apprentis entraient au bon endroit. Fayne le fixait avec de grands yeux ronds.

— Accordez-moi un instant! Je vous prie, Grand Maître!

— Qu’y a-t-il? répondit-il avec intérêt.

— Je ne veux pas m’imposer, mais… mes affaires. Je n’ai absolument rien, aucune pièce d’équipement de la liste.

— Ne vous en faites pas pour cela. Vous n’êtes pas la première à qui ça arrive, quoique cela est bien rare.

— Merci, Grand Maître, répliqua la rousse en s’inclinant légèrement.

Les apprentis se mirent en ligne pour entrer un à un. Entretemps, Terenas vint dire un mot à Leith.

— Leith, vous ne voulez toujours pas…

Le désespoir régnait dans sa voix. Peu importe de quoi il parlait, il ne semblait pas convaincu que la guérisseuse allait accepter. Ça ne devait pas être la première fois qu’il essayait de la convaincre.

— J’ai mes raisons pour revenir, mon cher, interrompit la vieille femme. Par contre, j’ai deux conditions à ceci.

— Nous pourrons en discuter dans mon bureau, répondit Terenas en souriant légèrement. Merci, vraiment. Vous nous avez manqué.

— Oh, s’en est assez de flatteries. Allez décamper, Grand Maître. Vous avez de nouveaux apprentis à impressionner.

L’elfe lunaire tira sur les rênes de son partenaire. Rendar prit son essor et se dirigea vers la septième tour qui s'élevait comme un arbre de pierre au centre du fort. Leith les regarda partir, une expression solennelle au visage.

— On se dépêche, ordonna-t-on d’un timbre autoritaire.

Les yeux d’Azéna se retournèrent instinctivement vers l’arrière d’où provenait la voix. C’était le dragonnier à la queue de cheval ébène. Il était à pied et dépêchait les apprentis de se rendre à l’entrée du fort.

— A-attention…!

Un adolescent turbulent trébucha et le heurta. Ils vacillèrent et retrouvèrent leur équilibre.

— Ruvior… Je suis… désolé, souffla le plus jeune dragonnier. J’ai essayé de vous avertir.

Un rictus irrité se forma sur les lèvres du dénommé Ruvior.

— Ce sera Maître Ruvior pour vous, Apprenti Murkwan, et personne, encore moins vous, n’en fera exception.

L’adolescent sembla perdre toute confiance en lui lorsque Ruvior prononça avec malice le mot « personne » et « vous ».

— Qu’est-ce que vous attendez pour entrer? demanda le maître en détournant ses yeux menaçants en direction d’Azéna et Fayne.

Du coup, les deux amies furent accablées par sa voix impérative. Fayne baissa les yeux et se mit en route. Azéna sourit légèrement, attendit un peu et jeta un coup d’œil en direction de l’adulte. Elle avait un pressentiment qu’elle n’allait pas l’apprécier celui-là. Il l’irritait déjà avec son délire mégalo.

Il se dirigeait d’un pas pressé vers son dragon qui l’attendait près de la muraille de l’académie. Après avoir grimpé sur son dos avec une grâce de félin, il lui fit signe de prendre son envol. Le dragon gris obéit et disparut à l’intérieur d’une énorme fenêtre qui se trouvait haute à droite des portes principales.

— Hmph, grogna la Kindirah en suivant son amie à l’intérieur. Quel con…

Elle pensait qu’elle pouvait se duper elle-même en se convainquant que le maître odieux était suspicieux, mais le fond de son esprit vibrait avec intérêt. Il maîtrisait le même élément qu’elle et il avait plusieurs années d’expérience. Elle savait qu’elle pourrait en apprendre beaucoup de lui.

Elle raconta ce qu’elle avait vu à Fayne.

— Pas vrai! s’exclama cette dernière avec émerveillement. Il est rentré par le toit, avec son dragon?

— Les dragons peuvent seulement venir dans le Hall d’Archlan et dans quelques chambres spécifiques, expliqua Leith. En revanche, le hall est la seule salle assez grande pour en accueillir un bon nombre.

— Mais c’est quoi « Archlan »? demanda Azéna.

— C’est le prénom du fondateur de cette académie qui est tombé il y a longtemps.

Fayne jeta un coup d’œil derrière elle et aperçut le jeune homme qui avait trébuché sur Ruvior. Il se frottait la joue d’une main en grimaçant de douleur et repoussait une mèche vert menthe de son visage de l’autre.

— Tu crois qu’il est blessé? demanda-t-elle à son amie.

— Eh? Qui ça? répliqua la Kindirah qui ne portait pas vraiment attention à ce qu’elle disait.

— Lui.

Azéna suivit le regard de l’herboriste et observa l’adolescent en question.

— C’est un elfe. Ils sont résistants. Ça le disait dans les contes de fées que Rivatha me lisait quand j’étais jeune… Pas que ce sont des contes de fées à présent…  De toute façon, il va s’en tirer, je te l’assure.

Fayne la fixa d’un air ébahi, les sourcils levés.

— Tu ne sais même pas de quoi tu parles n’est-ce pas? Pourquoi les elfes seraient-ils plus résistants que les humains?

Azéna l’ignora et pointa en face d’elles où ils pouvaient enfin voir l’intérieur de l’académie.

— Ça n’a pas d’importance. Nous sommes arrivées! Regarde!

Avant de traverser les portes, un membre du personnel en armure proposa de prendre soin de Shirah. Avec le consentement des deux amies, il escorta la troxxe jusqu’à l’étable. Tyrath et Buhrik entrèrent par la même voie que Ruvior et son partenaire. Ils furent suivis d’une multitude de dragons, tous de couleurs et tailles différentes.

Azéna, Fayne et Leith s’étaient rendues dans une petite salle éclairée que par quelques torches, dont les flammes donnaient une étrange sensation surnaturelle, comme si elles étaient imbibées de magie.

Deux membres du personnel, une étant Neige, accueillaient les apprentis dragonniers de chaque côté de la salle. Ils les invitaient à aller s’asseoir à leur table respective dans le Hall d’Archlan, qui était la salle suivante.

Au passage, elles furent arrêtées par Neige.

— Ah! Leith, Terenas m’a demandé de te transmettre ses salutations les plus chaleureuses ainsi que de te signaler qu’il t’attendra dans son bureau, dans la Tour Mère, immédiatement après la cérémonie.

— Merci bien, Neige. C’est si bon de te revoir.

Elle sourit, semblant honnête dans ses mots, mais quelque chose dans son langage corporel racontait une différente histoire. Ses doigts se crispaient, dépassant timidement de ses manches.

Azéna se mit à admirer les décorations accrochées aux murs de pierre pour se distraire.

— C’est beaucoup plus sombre que chez nous, mais j’adore. Ça fait changement du palais blanc.

Fayne et elle restèrent bouche bée lorsqu’elles pénétrèrent dans le hall. Celui-ci était immense et sa voûte était si haute et profonde que les dragons pouvaient à y voler avec aise. Des perchoirs spécialement construits pour eux reposaient près du plafond tout autour de la salle. Des dessins de scènes étaient gravés dans les murs. Plusieurs d’entre eux mettaient en vedette la relation entre dragonniers et dragons comme un partenariat. Il y en avait aussi qui mettaient en vedette la représentation de l’histoire d’Archlan, de la fondation de l’académie ainsi qu’une guerre sanglante qui assombrissait les autres.

Les adolescentes cherchaient leur partenaire ailé du regard. Azéna remarqua Tyrath assez rapidement, car celui-ci déploya ses ailes et rugit pour avoir son attention. La plupart des apprentis se retournèrent vers lui, soit par agacement ou par crainte.

— Il est fou ton dragon, ricana Fayne.

Une jeune elfe lunaire avec un uniforme d’apprenti leur fit signe de la main.

— Premier cycle, je suppose? questionna-t-elle amicalement. Je ne vous ai pas vu l’an passé.

— Oui, affirma la rousse.

Les deux amies furent assignées à la table le plus à gauche où une vingtaine d’autres apprentis étaient installés. Une fois à table, Fayne trouva enfin Buhrik qui était perché non loin d’eux. Il lui accorda une salutation lorsqu’elle croisa son regard.

Il y avait cinq tables qui prenaient presque toute la longueur de la salle. Azéna devina qu’ils étaient divisés par cycle puisque les élèves les plus vieux étaient assis aux plus éloignées d’elle. Faisant face aux cinq tables, une dernière reposait au fond de la salle. Derrière celle-ci se trouvaient les membres du personnel au-dessus desquels étaient perchés leurs dragons dont l’immensité de certains d’entre eux était inconcevable.

Terenas, qui était assis au centre, se leva et simultanément, son compagnon rugit avec une telle férocité qu’autrui se turent. Lorsque le cri de l’imposant dragon rouge s’évanouit, celui-ci fixa les apprentis avec sévérité.

— Bienvenue à tous, mes chers amis, collègues et jeunes apprentis, dit l’elfe lunaire de sa voix puissante et claire. Une nouvelle année qui débute!

—Ne me donnez pas une raison de vous réduire en cendres, grogna Rendar, ses petits yeux malins fixés sur les jeunes.

Tous les regards, même ceux des membres du personnel et des dragons, se rivèrent sur lui. Il était sans aucun doute le plus costaud et le plus grand des dragons dans la salle. Azéna se demandait quel âge il avait pour avoir grandi de façon si imposante.

— Merci pour ces… mots, Rendar. Bref, avant de vous laisser manger, continua Terenas, je voudrais vous faire part de quelques informations.

Il fit une pause et, tirant avantage du silence, Neige prit la parole.

— Vous n’avez guère besoin de la liste pour ne rien oublier, n’est-ce pas Grand Maître? demanda-t-elle d’une voix sérieuse, mais avec un ton subtil de moquerie.

Était-elle en train d’insinuer qu’il perdait sa mémoire parce qu’il était vieux? Il n’avait pas l’air si âgé que cela d’après Azéna, mais encore là, c’était un aspect trompeur quant aux elfes.

L’homme à sa droite lui lança un regard froid. Maître Ruvior. Il commenta, mais subtilement. La jeune maîtresse, de son côté, sembla déconcertée.

Terenas s’éclaircit la gorge après avoir lancé un petit sourire amusé en direction de la jeune elfe lunaire.

— Cocasse, Maîtresse Blakar.

— Fiara, insista-t-elle.

C’était à ce moment qu’Azéna s’avoua confuse. Fiara? Ce n’était pas Neige? À bien y songer, elle portait une différente robe, celle-ci rouge alors que la soi-disant Neige en portait une bleue. Elle scruta plus attentivement la table où se trouvaient les adultes et identifia les deux. Des jumelles?

— Quoi qu’il en soit, je dois premièrement vous faire part des règlements, continua le grand maître. C’est le même principe qu’un peu partout. Soyez civilisés, faites preuve de maturité, on ne blesse pas les autres, que ce soit de façon mentale ou physique. Aussi, je vous demanderai de ne pas pénétrer dans la Tour Mère, aussi connue sous le nom Tour des Maîtres sans la permission d’un membre du personnel.

Il fit une pause pour s’assurer qu’il n’y avait pas de questions ou de commentaires puis, lorsqu’il se rendit compte que personne n’en avait, il continua :

— Vous êtes ici pour une principale raison ; celle de devenir dragonnier ou un dragon accompli, mais encore plus, un Gardien d’Aerinda. Ce titre n’est accordé que lorsque vous compléterez votre entraînement, soit après cinq ans de bonne performance. Si vous échouez, vous vous entraînerez jusqu’à ce que vous soyez prêts. Vous retournerez chez vos parents durant les vacances d’été. Vous pouvez rester ici si vous le désirez en nous en faisant part.

« Cela dit, être un dragonnier et dragon signifie que vous respectez le Pacte qu’Archlan lui-même a signé avec le représentant de tous les vols draconiques, le grand Rageroth du clan Raluan. Ce pacte a été conçu en raison du besoin de gardiens neutres en temps de guerres ainsi que tisser des liens solides entre humanoïdes et dragons.

Le ton de sa voix devint soudainement sombre lors de la mention de guerres, mais elle s’éclaircit rapidement.

— Exactement, reprit-il. Être Gardien d’Aerinda veut dire devenir le protecteur de la vie et le défenseur de la paix. Je vais maintenant réciter le pacte que vous devrez vous souvenir par cœur.

Les autres membres du personnel ainsi que les apprentis baissèrent le regard par respect. Certains mirent un moment avant de réaliser ce qui se passait et de les limiter. Azéna a dû ravaler sa fierté et son dégoût de l'autorité pour baisser légèrement la tête.

Puis, Terenas débuta.

Tu feras tout en ton possible pour faire cesser les guerres.

Tu feras tout en ton possible pour protéger l’équilibre de la vie.

Tu feras tout en ton possible pour supporter la nature,

car sans elle, tous les êtres vivants n’existeraient point.

Tu apprendras d’un dragon et dragonnier accompli.

Tu respecteras autrui tant que cela ne tourne pas en folie.

Justice et maturité, tu feras preuve en tout temps.

En temps de conflit, l’objectivité et la logique

seront toujours ta main droite.

Tu ne commettras pas de meurtre.

Tu ne voleras point.

Le racisme, le sexisme et autres crime moral

ne seront pas tolérés de toi ni d’autrui.

Dragon et dragonnier s’entraideront et seront fidèles

l’un envers l’autre, en tant que partenaire.

Tu respecteras ce pacte sinon le titre

de Gardien d’Aerinda te sera abrogé.

Les dragons rugirent et les humanoïdes acclamèrent.

Fayne se concentrait frénétiquement pour se souvenir de tout. Son visage se plissa et elle serra la mâchoire.

— Tu veux un parchemin? proposa son amie, essayant de parler par-dessus les autres.

— Oui! Dépêche-toi!

Elle prit agressivement le papier, la plume et l'encre d'Azéna qui la fixait, légèrement choquée, et commença à écrire.

— Ben, de rien, rogna la Kindirah.

Lorsque le silence tomba, Terenas continua.

— Ceci est le pacte original que vous devrez suivre avec autant de respect que celui que vous démontrerez pour le personnel et pour les autres apprentis. Pour ce qui en est du fonctionnement de l’académie, d’après vos années d’expérience, vous dormirez dans votre tour respective. Les dortoirs ne sont pas mixtes, même pour les cinquièmes années. Vous n’êtes pas ici pour vous marier et avoir des enfants. Vous êtes ici pour devenir les futurs Gardiens d’Aerinda.

La plupart des garçons lâchèrent des grognements de désespoir. Azéna roula les yeux.

— Quelle bande de pervers, murmura-t-elle se plaçant son menton dans ses mains comme support pour sa tête paresseuse. Ils ont de la chance que Terenas ne les a pas entendus. Quoique j’aie bien souhaité les voir se faire rôtir les fesses.

— Je ne sais plus trop, avoua un garçon humain aux cheveux noirs hérissés et aux yeux bruns striés de doré qui était assis près d’elle et de Fayne. Peut-être que j’aurai dû devenir un chevalier d’Elthen comme mon père voulait. Oh, Renora! Je ne sais plus!

— Tchk, grogna la jeune fille nommée Renora qui était à côté de lui. Qu’est-ce que j’entends!? Vorshiènn Florux, tu as pris ta décision et tu as promis ta fidélité aux Gardiens d’Aerinda. Fais ton devoir et sois honorable comme ton royaume te l’a enseigné!

— Oui, madame! répondit-il en lui accordant un salut militaire. Mon honneur, mon âme!

C’était là la fameuse devise du royaume de la Coupe Dorée. L’honneur était, pour ses citoyens, un aspect intégral à leur style de vie. Ils étaient reconnus pour leur loyauté, leur noblesse et leur politesse.

Le jeune Vorshiènn semblait tout à coup déterminé. Renora eut un petit sourire malicieux. Elle savait manifestement comment le manipuler. Ils se connaissaient probablement depuis plusieurs années.

— Vos dragons dormiront dans un endroit dénommé le Grand Nid, expliqua Terenas. C’est une série de grottes qui se trouvent en Atgoren. Il se trouve en face de la muraille externe de notre académie.

Il y a une grotte pour chaque vol draconique. En revanche, il vous est formellement interdit de sortir de vos dortoirs durant la nuit donc, pas de visite nocturne. En ce qui concerne les cours, vous trouverez votre horaire sur votre lit.

Il fit une pause comme s’il tentait de se souvenir de quelque chose.

— D’ailleurs, chaque tour à son propre nom. Ces noms représentent notre philosophie d’apprentissage par étapes. Écoutez-les bien. En ordre : connaissance, clarté, résistance, croissance et exploits. Chaque année sera divisée en quatre groupes et les salles de classe se donneront en groupant deux de ses quatre groupes. Les cours commenceront demain matin. Il y a plusieurs expertises ; vous en apprendrez plus durant votre deuxième année d’entraînement. Lorsque le temps viendra, choisissez bien votre voie. Vous n’avez qu’une demi-saison pour changer de branche. Enfin, j’aimerai vous présenter les membres de notre personnel avant que le festin ne débute. À titre indicatif, un sage est un conseiller, souvent celui d’un grand maître. Ensemble, les trois forment le Haut Conseil. Ils sont : moi, Wirus et Murun de la famille Senblom.

Il se tourna en direction de son personnel. Deux d’entre eux se levèrent à son signal.

Wirus était blond, possédait des yeux verts et était revêtu d’une robe unisexe cramoisie. L’homme à sa droite, sûrement Murun, lui ressemblait à l’exception de son menton qui était légèrement plus triangulaire et de son regard d’un brun rassurant. Il paraissait plus amical, ses traits plus doux.

— Wirus donnera le cours d’anatomie et Murun, celui de bien-être draconique, continua Terenas. J’aimerai maintenant vous présenter le reste du personnel. En commençant à la droite de Murun, voici Fiara Blakar. Elle donne les cours de karsayrethrès et de maîtrise élémentaire.

Une bande d’apprentis de cinquième cycle applaudirent. Azéna devina que, dans des circonstances normales, Fiara devait être assez jeune pour qu’un homme de leur âge ait une chance de la courtiser. Soupirant, elle fixa la maîtresse qui ignora les acclamations.

— Neige Blakar. Elle donne le cours de maîtrise mentale et de contrôle du mana à ceux qui en auront besoin.

La jeune elfe à la peau d’un beige bleuté pâle fit comme la tradition le voulait ; elle salua les apprentis d’une légère révérence. Malgré son expression sérieuse, elle dégageait une aura d’une beauté singulière et attachante.

— Vyrius Arahich. Il donnera le cours d’entraînement physique, de combat et le cours optionnel de stratégie.

C’était l’elfe à la peau cuivrée. Il était recourbé vers l’avant et malgré sa jeunesse évidente, son langage corporel suggérait qu’il avait une constitution de vieillard. Curieusement, ses prunelles ne restaient pas fixées à un endroit pour bien longtemps. On dirait qu’il luttait contre lui-même et semblait mal à l’aise. De l’anxiété, peut-être?

L’homme au regard sombre et sévère à sa droite l’ignora. Celui-ci n’arrivait tout de même pas à dissimuler son irritation. Contrairement aux autres, il ne prit même pas la peine de réagir lorsque Terenas le présenta.

— Reaginn Ruvior. Il donnera le cours de survie. Enfin, il s’occupera de discipliner les apprentis qui se mériteront une retenue. Je vous conseille de ne pas vous rendre à ce point.

Azéna se souvenait de lui : longue chevelure ébène attachée en queue-de-cheval et petits yeux de fer. Elle n’avait pas aimé lorsqu’il s’en était pris au garçon plus tôt.

— Eldarytzan Valkirel. Il donne le cours de psychologie draconique et celui d’histoire.

Eldarytzan était un elfe de lune qui arborait une longue chevelure lisse et argentée. Ses yeux bleus perçants attirèrent l’attention d’Azéna. Étrangement, quelque chose chez lui l'intriguait, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

— Nymia Valkirel. Elle est en tête de la sécurité à l’académie, entraîne aussi les joueurs de skotar et donne le cours de vol et celui optionnel de politiques et commandement.

Nymia semblait raisonnablement jeune, peut-être à l’aube de la trentaine. Son regard était sévère, mais passionné. Une subtile teinte de défiance dominait ses yeux d’un brun réconfortant. Bien qu’elle ne la connaisse nullement, l’aéromancienne ne doutait pas qu’elle avait du cran.

Lorsqu’elle s’asseyait, elle fut accueillie par le regard coquin, presque envieux d’Eldarytzan. Elle croisa son regard brièvement, fronça légèrement les sourcils puis posa son attention sur les apprentis.

— Tiens, tiens, murmura Azéna en souriant de façon mesquine. Même les maîtres doivent briser les règlements quelques fois.

— Qu’est-ce que tu veux dire? demanda Fayne.

— Ils forment un couple, évidemment.

— T’es vraiment désespérante, répliqua la rousse en roulant les yeux.

— Pfft, c’est trop évident. Mais, j’avoue que c’est mignon.

— Tout ce qui brise les règles est mignon selon toi.

— Précisément. Ça ajoute du piquant.

Celle-ci détourna son attention vers Terenas qui allait, elle l’espérait, annoncer que la bouffe allait être servie bientôt.

— Enfin, sourit le grand maître, la dernière, mais non la moindre, Leith Shidira, une ancienne qui nous revient, occupera son poste précédent de guérisseuse et donnera le cours de soins et de botanique à ceux qui le nécessiteront.

Leith, qui était assise au bout de la table, se leva, salua la foule qui l’applaudit. Elle semblait ravie, mais Azéna avait l’impression que quelque chose n’allait pas.

— C’est triste pour Leith, souffla Fayne. Mais je suis vraiment excitée de travailler avec elle en soins et botanique!

— Triste pour quoi? demanda la rebelle qui était absorbée par la subtile inquiétude dans le visage de la voyageuse.

— Elle n’est pas liée à un dragon. Enfin… Je crois.

— C'est peut-être pour ça qu'elle était à la retraite. Tu crois qu'ils nous laissent partir si notre dragon meurt?

— Non! Je… Je ne sais pas. Ne dis pas des choses pareilles!

— Alors, tu as remarqué que quelque chose ne tourne pas rond chez elle?

— Mais évidemment que j’ai remarquée, espèce de dinde, répliqua la rousse en donnant un coup de coude à son amie. Elle doit avoir beaucoup de souvenirs ici qui lui reviennent.

Distraite par les paroles de son amie, la Kindirah n’anticipa pas l’attaque amicale et l’a reçue en plein dans la côte. Elle se recroquevilla légèrement, jurant silencieusement, en espérant atténuer la douleur qui disparut assez rapidement.

— Non… Il y a plus que cela, murmura-t-elle pour elle-même.

— Et voilà! déclara Terenas en ouvrant les bras comme s’il était sûr heureux de voir tous les apprentis qui étaient devant lui. C’est l’heure du dîner!

Les portes menant à la cuisine s’ouvrirent et plusieurs domestiques les traversèrent. Ils déposèrent des plats magnifiques devant les apprentis ainsi que le personnel de l’académie.

— Woooh! s’écria Azéna avec excitation. Même les cuisiniers de mes parents n'arrivent pas à faire quelque chose comme ça. Il ne peut certainement pas être comparé à cette œuvre d'art.

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