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Un repaire

41e jour de la saison des soleils

— Nous y sommes, déclara soudainement Fayne.

Deux intimidantes portes en fer noir accueillirent les femmes. Cet endroit était sans vie, sans mouvement. Leith vit quelques énormes tombes derrière des rangées de plus d’entre elles, mais celles-ci étaient plus petites.

Le seul endroit auquel Leith ne s'attendait pas à venir : le cimetière royal.

Chaque capitale en avait un, et ils étaient tous placés près de la demeure de la famille régnante. Le château pâle des Kindirah semblait si grand de là. Des pots suspendus d'aspérules blanches étaient exposés à chaque coin de rue. Parfois, ils jouent des tours à l'esprit et on commence à croire qu’ils sont des esprits lorsqu’on les voit du coin de l’œil. Peut-être était-ce hanté, et ça l'était probablement.

Deux gardes en armure lourde étaient postés à la porte et semblaient attendre quelque chose.

Fayne fit quelques pas en avant et s’inclina. Les gardes croisèrent leurs lances en parfaite synchronisation alors qu’elle se redressa.

"Deux lances pour protéger la famille royale", commença la rousse avec une confiance étonnante. "La première, blanche, défend l'honneur. La seconde, lilas, détruit le malfaiteur. Ensemble, les sœurs servent Daigorn, l'Aspérule de la Paix."

Les gardes échangèrent un bref regard et s’écartèrent, laissant suffisamment d’espace pour qu’un individu puisse passer entre les lances toujours croisées haut.

Fayne s’arrêta enfin devant une pierre tombale rectangulaire dont Leith ne se souvenait pas. La vieille femme remarqua immédiatement que la pierre sombre travaillée n’était pas localisée à un endroit habituel. En effet, la tombe se trouvait dans un coin du cimetière. Aucune autre n’était positionnée de la sorte.

Un repaire. Un parfait endroit pour se cacher.

Elle poussa la tombe avec difficulté. Un trou aussi noir qu’une nuit dépourvue de lune y était dissimulé. Des profondeurs, une voix énergisée résonna :

— Fayne! T’es de retour! Je suis désolé. J’étais encore une fois coincé à la maison.

— Ça va. Oh, et j’ai rapportée quelqu’un avec moi, avertit l’herboriste.

— Pourquoi?

— C’est grâce à elle si j’ai réussi à obtenir le rouleau de bandage. Je n’avais pas d’autres choix que de le voler et elle a sauvé l’une de mes mains en le payant.

Pas de réplique. La respiration de Fayne accéléra légèrement. Elle continua de fixer la noirceur du trou. Enfin, le silence fut interrompu par un grommellement.

— D’accord. Assure-toi qu’il n’y ait personne qui vous voit entrer.

Une échelle fut accotée contre les parois de la profonde ouverture. Avec un sourire aux lèvres, Fayne l’empoigna fermement et descendit, disparaissant dans le noir. Elle offrit son aide à Leith qui refusa gentiment. La vieille femme se laissa glisser jusqu’au fond du gouffre comme si tout cela n’était qu’une tâche quotidienne.

— Impressionnant! s’exclama l’inconnue, mais elle revint à sa sévérité sous peu. À qui ait-je l’honneur?

— Leith, répondit tout simplement la vieille femme.

Un peu plus creux, l’étroit tunnel était éclairé de quelques torches accrochées aux murs. Les ombres dansaient en suivant le rythme des petites flammes. La faible lumière révéla l’inconnue qui était plus courte qu’elle et Fayne. Les autres détails étaient difficiles à discerner en raison de sa capuche qui projetait de l’ombre sur son visage. D’une certaine manière, la jeune fille lui était familière, mais pourquoi? Leith ne s’en souvenait pas.

Sans mot, les deux adolescentes pénétrèrent dans les profondeurs du tunnel. Fayne était derrière son amie qui ne s’était toujours pas présentée. Au bout d’un moment, les torches se faisaient plus fréquentes. D’un pas prudent, les trois femmes avancèrent en ligne droite jusqu’au moment où elles aboutirent dans une salle assez grande pour accueillir confortablement environ sept adultes.

Sur un nid de feuilles, de foin, de couvertures et d’oreillers était couché un animal. Plissant les yeux, Leith l’inspecta davantage sans s’approcher. La petite chose était de la hauteur d’un grand aigle. Leith maudit sa vision qui n’était pas aussi fine qu’autrefois.

— Qu’est-ce que c’est?

L’amie de Fayne s’agenouilla afin d’être au même niveau que la créature.

— Un bébé troxx.

— Cette créature est très rare si on prend en considération votre emplacement géographique. Où l’avez-vous obtenu?

— Un marchand voyageur voulait s’en débarrasser, grogna la sans nom. Il a dit qu'elle mordait trop et qu’elle était chaotique. Moi, je pense qu'elle est bien.

— Vous permettez que je l’examine?

La jeune femme hocha de la tête en signe d’approbation, puis elle se mit à flatter le museau du troxx. Leith procéda avec prudence en essayant de ne pas alarmer la créature. L’animal était un reptile bipède carnivore muni de longues jambes puissantes, de petits bras et d’une épaisse queue. Ses écailles étaient, pour la plupart, d’un orange foncé, rayées de gris. Le dessous de corps était gris. Son regard agressif suivait celui de la vieille dame. Irritée par la nouvelle venue, sa pupille rétrécit et laissa place à la couleur de fond : un éclat doré et profond.

— Ce sont de féroces chasseurs, expliqua la voyageuse. Seuls les elfes gris et les elfes de lune ont réussi à dompter ces créatures. Un troxx adulte peut atteindre la hauteur d’un cheval. Celui-ci est très jeune.

— Effectivement, répliqua l’adolescente.

— Est-ce qu’ils ont tous des cornes comme celui-ci? demanda Fayne en appliquant les bandages autour de la jambe gauche du troxx.

Leith fixa la tête de l’animal et y remarqua une paire de cornes courbées vers l’arrière qui ressemblaient fortement à celles des chèvres de montagne. Elle sourit.

— Non. Mais, le fait qu’il en…

— Elle, coupa l’inconnue sèchement.

— Elle est une troxxe normale. Ils sont généralement plus colorés, plus massifs et arborent des cornes recourbées.

— Quelle est l’autre race? enquis la Litfow.

— Les troxx sombres sont principalement domptés par les elfes gris, car ils ont un caractère beaucoup plus agressif et territorial, ce que les elfes gris apprécient. Leurs écailles sont plus sombres et leur corps plus petit. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut les sous-estimer. Un troxx magny possède des plumes au lieu de cornes sur la tête, mais il est armé de griffes rétractibles à chaque patte. Ces créatures sont de puissants chasseurs. Ils peuvent soutenir un elfe sur leur dos. Avec un effort, un humain léger.

Elle fit une pause et en profita pour se positionner plus confortablement avant de continuer.

— Ta troxxe est tout simplement une troxxe normale. Elle sera donc plus endurante. Elle pourra soutenir un humain adulte ou deux elfes sans problème. Heureusement, ils ont un caractère plus doux. Ils font d’excellentes montures, très loyales, bien qu’un peu froussardes. Elles s’énervent pour des trucs étranges qui semblent insignifiants aux yeux de leur cavalier. Ils sont bien meilleurs pour les longs voyages.

— Merci pour l’information, répliqua sèchement l’inconnue.

Fayne lui donna un coup de coude et désigna Leith des yeux. Irritée, son amie céda.

— Ça va, maugréa-t-elle en fronçant les sourcils. Ça va. J’aurai préféré éviter cette introduction, mais je m’appelle Azéna.

Leith eut de la difficulté à respirer pendant un instant.

La dénommée Azéna grogna et s’avança à contrecœur dans la lumière, révélant son visage. Elle observait sans arrêt le langage corporel de Leith. Celle-ci faisait de même. Un guerrier pouvait ressentir un autre des siens.

Cette demoiselle est tenace, forte.

La chevelure d’Azéna était aussi admirable et bien entretenue que celle de son amie, mais elle était d’un teint argenté particulier qui lui semblait familier. Aucune imperfection ne l’affligeait. Parfaitement raide, elle cascadait gracieusement le long de son corps et touchait presque le sol lorsqu’elle était agenouillée.

Une telle beauté était rare chez un humain. Ses minces lèvres et le maquillage noir qui entourait ses petits yeux bleus perçants lui donnaient les outils pour intimider et charmer. Dans son regard, on pouvait lire une vie de méfiance et de frustration.

Son habit ressemblait fortement à celui d’un rôdeur : une tunique, de longues culottes, des bottes et des gants dépourvus de doigts de cuir ainsi qu’une cape à capuche. Le tout était de teinte sombre, ce qui promouvait la subtilité.

Devinant l’identité de la jeune dame, Leith sentit son sang se glacer, mais elle retrouva son calme aisément. Ses souvenirs ruisselant dans son esprit, elle sourit.

— Shirah semble plus apte à marcher, informa Fayne.

La troxxe se leva avec un peu de difficulté et puis elle poussa un cri de triomphe.

— Je crois qu’elle se sent déjà mieux, conclut Azéna.

Elle s’appuya contre les parois de la grotte et étira son bras afin de flatter doucement le cou de Shirah qui émit un ronronnement sonore. Un anneau reposait sur son index gauche. Intriguée et inquiète, Leith s’efforça à discerner le symbole engravé sur le bijou sans paraître indiscrète.

Une aspérule blanche. C’est bien ce que je soupçonnais. Ici je témoigne la jeune Dame Azéna Kindirah.

Dans un moment de panique, son cœur sauta un battement.

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