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Xian_Moriarty
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La prise de la cour intérieure s’était faite avec une facilité déconcertante. Les vigiles avaient été si peu nombreux que quelques hommes agiles et discrets en vinrent à bout sans difficulté. S’il n’y avait pas eu autant de chevaux dans des écuries fort bien dissimulées, certains auraient pu croire les lieux vides ou tanières de quelques brigands de grand chemin.

La situation décontenança François de Bonne. Une vive émotion remonta du fond de ses tripes. Cette place vide, tenue par quelques hommes si facilement défaits, lui donna l’impression de s’être battu contre du vent. Fut-ce la fatigue d’une traque de plus de six longs mois ou bien les craintes plus que jamais exacerbées d’un père désespéré qui le poussa à pratiquement sauter à la gorge du duc de Savoie. L’homme le menait-il en bateau ? Après tous, du royaume de France à la trait catholique Espagne, tout le monde savait que Charles-Emmanuel 1er de Savoie n’était pas un homme fiable !

D’un geste de leur maître, les gardes du corps du duc de Savoie se saisirent de François de Bonne. Les Français tirèrent leurs rapières, tandis que les Savoyards tombaient en garde.

— Calmez vos nerfs Monsieur, tonna Charles-Emmanuel 1er de Savoie. Le plus dur reste hélas à venir ! Compte tenu de votre âge…

— Cessez donc de me parler de mon âge ! J’ai encore assez de force pour donner la fessée à l’enfant que vous êtes.

— Dans d’autres circonstances, je vous aurais demandé réparation, gronda le duc. Je mettrai cet égarement sur vos émotions. Et il va falloir les contenir pour ce qui nous attend ! Parce que sous ces ruines, se cachent les portes de l’Enfer. Vous ne savez rien de ce qui est en train de se dérouler !

Charles-Emmanuel parlait sur un ton grave, mais une angoisse retenait ses paroles.

— Si vous n’êtes pas mesure de contrôler vos émois, je vous fais garder ici ! Et vous n’aurez plus qu’à prier que je revienne avec votre enfant saine et sauve.

Les deux hommes se toisèrent un long moment. D’un léger signe de tête, les Savoyards lâchèrent le vieux duc. Les armes s’abaissèrent dans les deux camps.

— Dîtes moi ce que vous savez, maugréa François de Bonne.

Charles-Emmanuel 1er tira de son pourpoint un morceau de cuir déchiré. Des symboles, marqués au fer rouge, y étaient imprimés. Le vieux duc s’empara de la peau tendue. Quand il s’en saisit, un terrible coup de vent cria dans les ruines. Une longue litanie menaçante d’un monstre invisible. Quelques soldats se signèrent. Lesdiguières inspecta le motif sans prêter attention à la bise. Un frisson d’horreur lui grimpa le long de l’échine sans qu’il ne puisse en saisir la nature. Comme si les emblèmes déversaient sur lui une terrible menace.

— Que signifient ces signes kabbalistiques ? J’en ignore la nature.

— Une question à laquelle il est difficile de répondre. Mais c’est ce qui nous a permis de traquer nos ravisseurs d’enfants. Et durant toutes les investigations, il y a eu beaucoup trop de morts, et des morts hideuses, pour ne pas imaginer l’horreur qui se prépare ici-bas. Si tant est qu’un protestant comme vous puisse concevoir de l’importance à ces choses-là.

Lesdiguières comprit que le duc de Savoie ne lui disait pas tout ce qu’il savait. Mais si un homme tel que lui avait délaissé les affaires de ses États pour traquer de manière aussi discrète quelques hérétiques, cela dépassait la simple disparition de son fils. Militaire aguerri, François de Bonne comprit que la sécurité du duché se trouvait peut-être au cœur de cette affaire.

— Ne perdons pas plus de temps en broutille inutile. Pendant que nous nous chamaillons comme des bambini, ce sont peut-être les nôtres que nous allons perdre.

À peine avait-il prononcé ces paroles qu’un de ses gentilshommes arriva en courant. Il avait découvert l’entrée du souterrain.

Une lueur d’espoir brilla dans les yeux des deux ducs. Leurs regards se croisèrent. La détermination crispait leur trait.

Le duc de Savoie donna ses ordres. Personne ne devait sortir des souterrains s’il ne portait pas les signes du duché. Exception faite des six Français de Lesdiguières. Puis Charles-Emmanuel 1er tint un long discours à ses soldats. Il se tourna vers François de Bonne et sa troupe.

— Priez Dieu, Messieurs. Rien ne nous garantit que nous en ressortions vivants.

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