Londres, 23h00.
Je regardais la pluie tomber à Londres depuis la fenêtre de mon petit appartement. Le temps maussade semblait refléter mon humeur alors que je me perdais dans mes pensées.
Je venais à peine d'emménager dans cette ville vibrante, mais la réalité de ma situation financière pesait lourd sur mes épaules. Les factures s'accumulaient sur la table, et chaque regard sur leur montant me faisait frissonner.
Il faudrait que je me trouve un sugar daddy..
Mais oui Lexie mais oui…
Depuis la perte de mes parents à un âge précoce, ma vie avait pris un tournant difficile. J'avais dû arrêter mes études pour m'occuper de moi-même, en enchaînant les petits jobs qui ne m'offraient que des revenus insuffisants.
Avec un soupir, je me suis tournée vers mon bureau encombré de croquis et d'inspirations artistiques. J'avais espéré que Londres serait le tremplin idéal pour ma carrière d'artiste débutante. Mais à présent, je réalisais que j'avais besoin d'un emploi stable pour subvenir à mes besoins. Mes petites économies s'épuisaient plus vite que prévu.
J'ai ouvert mon ordinateur portable et commencé à parcourir les offres d'emploi en ligne, mais la plupart semblaient ennuyeuses ou inaccessibles. Je rêvais de travailler dans une galerie d'art, mais les postes étaient rares, et la concurrence était féroce. Il me fallait quelque chose, n'importe quoi, pour combler le fossé.
Soudain, un message s’afficha sur mon écran : « Recherche serveuse pour le bar « The culte ».
Un bar ? Bon, ce n'était pas la galerie d'art de mes rêves, mais au moins ça pourrait payer quelques factures. Avec un peu de chance, je pourrais même faire quelques rencontres intéressantes. Qui sait, peut-être que je pourrais y croiser quelqu'un d'important, un artiste ou un mécène qui pourrait m'ouvrir des portes ou rien de tout ça mais un meurtrier ?
Pourquoi pas ? Ce n’est pas ça qui manque en Angleterre ces derniers temps…
J'ai pris une profonde inspiration et cliqué sur le lien pour postuler. En quelques minutes, mon CV, que j'avais peaufiné à la hâte, était envoyé. C'était une bouée de sauvetage, mais je ne m'attendais pas à grand-chose.
Quelques heures plus tard, je recevais un e-mail de confirmation. L'entretien était fixé pour le lendemain soir à 19h. L'ironie de la situation me frappa : moi, qui voulais conquérir le monde de l'art, je m'apprêtais à servir des verres dans un bar au nom mystérieux, The Culte.
Lendemain, 18h50.
À mesure que je me rapprochais du bar, l’atmosphère devenait plus lourde, presque oppressante. La lumière rougeoyante de l’enseigne se reflétait sur les flaques d’eau, créant des éclats qui dansaient autour de mes pas. Il y avait quelque chose de profondément dérangeant et captivant dans ce lieu. L'air semblait chargé d’une énergie étrange.
Il faut se le dire Lex, on ressent une énergie négative…
Négative ou non, j’ai besoin d’argent donc tais-toi.
Je franchis la porte du Culte avec hésitation, accueillie par une vague de chaleur et une odeur de bois brûlé. L'intérieur était sombre, éclairé par des bougies disséminées un peu partout, et la musique, bien que forte, n’étouffait pas les murmures et les rires qui flottaient dans l’air. L'endroit dégageait une sensualité discrète, presque envoûtante.
Je me rapproche timidement du videur afin de lui demander où est-ce que je peux trouver le gérant.
— Là-bas, dit-il en indiquant du menton le fond de la pièce.
Je balayai la pièce du regard, à la recherche de quelqu’un qui pourrait ressembler à un gérant de bar. C’est à ce moment que je le vis. Assis au bar, dos à moi, un homme grand, aux épaules larges, couvert de tatouages qui serpentaient sur ses bras puissants. Il n’avait pas besoin de parler pour que son aura occupe tout l’espace.
Comme s’il avait senti mon regard, il se retourna lentement. Ses yeux d’un bleu glacial captèrent les miens, et pendant une fraction de seconde, j’eus l’impression que tout autour de nous disparaissait. Mon cœur s’emballa sans prévenir.
Je n’avais jamais vu quelqu’un comme lui. Il émanait de ce dernier un mélange de danger et de mystère, comme s’il portait sur ses épaules le poids d’un secret inavouable. Il me fixa sans ciller, et un sourire discret, à peine perceptible, étira ses lèvres.
— Lexie Harris, je présume, dit-il d'une voix grave, presque hypnotique.
Je hochai la tête, incapable de parler. Son regard semblait me transpercer, comme s’il cherchait à lire en moi.
— Je suis Aaron Sylvester, propriétaire du Culte. Suis-moi, dit-il en se levant de son siège.
Sans un mot de plus, il se dirigea vers l’arrière du bar, m'invitant à le suivre.
Alors que nous traversions un couloir étroit faiblement éclairé, mon cœur battait à tout rompre. Ce lieu avait quelque chose d'inquiétant, et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de le suivre, comme si quelque chose au fond de moi savait que cette rencontre allait changer ma vie.
Alors que je le suivais dans le couloir, je sentais une tension étrange se former. Le silence lourd entre nous rendait l’atmosphère encore plus oppressante. Chaque pas semblait résonner, et mes pensées se bousculaient, essayant de comprendre ce que je faisais ici. Pourquoi est-ce que je ressentais cette sorte de fascination, mêlée à de la peur ?
Nous atteignîmes finalement une porte en bois massif, sur laquelle étaient gravées des figures que je n'avais jamais vues auparavant, comme des symboles anciens. Aaron ouvrit la porte, révélant un petit bureau faiblement éclairé, avec des étagères pleines de livres et des papiers éparpillés partout.
— Assieds-toi, dit-il en me désignant une chaise face à son bureau.
Je m’exécutai, essayant de cacher mon malaise grandissant. Aaron ferma la porte derrière lui et se plaça de l'autre côté du bureau, me fixant de ses yeux perçants, comme s’il pouvait lire chaque pensée qui traversait mon esprit.
— Alors, pourquoi veux-tu travailler ici, Lexie ? dit-il en allumant une clope.
Sa question semblait anodine, mais il y avait une pointe d’intérêt dans sa voix qui me mettait mal à l’aise. Je savais qu’il y avait plus derrière cette question, mais je choisis de jouer la carte de l’honnêteté.
— Je… J’ai besoin d’un travail afin de payer mes factures, expliquai-je, la voix un peu tremblante.
Il haussa un sourcil, amusé par ma réponse.
— Un job est un job, pas vrai ? Mais ici, ce n'est pas un bar ordinaire. Ce que je recherche, c'est quelqu'un de spécial. Quelqu'un qui sait s'adapter aux… circonstances. Es-tu prête pour ça ?
Son regard insistant me fit frissonner. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Et pourtant, il y avait quelque chose en lui, dans sa manière de parler, qui attisait ma curiosité.
— Je ne suis pas du genre à me dégonfler, répondis-je avec une audace qui me surprit moi-même. J’ai besoin de ce travail et je ferai tout pour pouvoir le garder, vous pouvez me faire confiance.
Aaron se contenta de sourire, un sourire à la fois énigmatique et dangereux.
Qu’il est beau…
Il sera ton boss, ferme-la.
— Très bien, nous verrons si tu es aussi solide que tu le prétends. Tu commences demain soir, Lexie. Sois à l’heure, dit-il en me tendant une carte avec une simple inscription : « The Culte ».
Je me levai, et il se rapprocha de moi, suffisamment près pour que je puisse sentir son parfum musqué, envoûtant.
— Bienvenue dans mon monde, murmura-t-il, ses mots glissant comme une promesse de quelque chose de plus sombre et plus profond que je ne pouvais l’imaginer.