The Culte, 20h30.
Aaron s'arrêta net, ses yeux toujours plongés dans les miens, mais la magie du moment venait d'être brisée. Un autre coup de feu retentit, plus proche cette fois-ci. Il se releva brusquement, ses traits devenant plus durs, comme si une façade froide recouvrait soudain son visage.
— Reste ici, dit-il d'une voix tranchante. Ne bouge pas.
Il se détourna, jetant un dernier regard avant de sortir précipitamment de la pièce. Je restai figée sur le canapé, mon cœur battant encore à un rythme effréné, mais cette fois, c’était dû à la panique. L'angoisse montait en moi. Que se passait-il dans ce bar ? Qui tirait et pourquoi ?
J’entendais des voix étouffées, des ordres aboyés, mais impossible de comprendre quoi que ce soit depuis le bureau. Mon esprit tournait à toute vitesse, essayant de calmer ma respiration. Aaron avait refermé la porte derrière lui, me laissant seule dans cette pièce exiguë.
Je me levai, faisant les cent pas. Attendre, c'était insupportable. Mon regard se posa sur la porte du bureau, puis sur la fenêtre qui donnait sur une ruelle derrière le bar. Devais-je fuir ? Ou rester ici, comme il me l’avait ordonné ? Mon esprit oscillait entre la peur et la logique. Mais une chose était certaine : je ne pouvais pas rester ici sans savoir ce qu'il se passait.
Je décidai de sortir du bureau, avançant lentement et prudemment dans le couloir. Plus j'approchais du bar, plus l'odeur métallique du sang emplissait mes narines. Lorsque j'arrivai enfin à l'entrée de la salle principale, une vision d'horreur s'offrit à moi : des corps gisaient sur le sol, du sang éclaboussait les murs et les meubles. C'était un véritable bain de sang.
Je vis Aaron dans un coin du bar, son regard froid fixé sur la scène. Scott, quant à lui, se tenait derrière le comptoir, impassible, comme si rien de tout cela ne le surprenait. Comment pouvaient-ils rester si calmes face à un tel carnage ? Mon cœur battait à tout rompre, mais je ne pouvais pas m'arrêter. Je devais rejoindre Scott. Peut-être qu'il saurait ce qu'il fallait faire.
Alors que je me faufilai discrètement à travers la pièce, essayant d'éviter les corps, l'un des hommes VIP, encore debout, tourna son regard vers moi. Ses yeux se plissèrent de rage avant qu'il ne pointe son arme dans ma direction.
— Voilà la salope ! hurla-t-il, avec une haine palpable dans la voix.
Je n'eus pas le temps de réagir. Scott, d'une rapidité surprenante, m'attrapa par la tête et m'enlaça fermement, faisant de son propre corps un bouclier. Il me força à me baisser, sa main puissante maintenant ma tête contre son torse, me protégeant de la menace.
C'était Aaron.
Il s'avançait lentement vers le groupe d'hommes restants, son visage tordu par une rage incontrôlable. Il sortit son arme, ses yeux brillant d'une folie que je n'avais jamais vue.
— Salope, hein ?! hurla-t-il, en tirant sur le premier homme devant lui. Salope, hein ?! répéta-t-il en vidant son chargeur sur les autres, les tuant un à un.
Je restai pétrifiée, mon souffle coupé. L'homme qui se tenait devant moi était sombre, violent, et d'une cruauté inhumaine. Ses cris continuaient de résonner dans la pièce alors que les corps s'effondraient autour de lui.
Je ne pouvais pas bouger, mon corps paralysé par la peur. Aaron venait de se transformer en quelque chose de terrifiant, et je ne savais pas comment revenir en arrière.
Aaron continuait de tirer sans relâche, ses cris bestiaux remplissant la pièce. Il ressemblait à un loup enragé, ses yeux fous de colère alors que chaque coup de feu résonnait comme un coup de tonnerre. Les derniers hommes tentèrent de se protéger, mais ils ne pouvaient rien faire face à la furie d’Aaron. Leurs corps tombèrent lourdement les uns après les autres, plongeant la salle dans un silence macabre.
Je restai accroupie derrière Scott, mon cœur battant à tout rompre, mes oreilles bourdonnant encore des détonations. Tout semblait irréel. J'avais l'impression d'être piégée dans un cauchemar dont je ne pouvais pas me réveiller. Mon corps était figé, incapable de bouger ou de réagir, alors que mon esprit criait à l'alarme.
Aaron abaissa finalement son arme, haletant, ses yeux brillants d'une lueur dangereuse. Il se tourna vers moi, et son regard se posa sur ma silhouette recroquevillée près de Scott. Il semblait différent, comme si une part de lui-même s’était éteinte dans la violence de ces dernières minutes. Pourtant, ce même homme me fixait maintenant avec une intensité qui me glaçait le sang.
Il fit un pas vers moi.
— Lexie... murmura-t-il, sa voix rauque, presque tendre malgré le chaos.
Scott me lâcha enfin, relâchant son étreinte protectrice. Je me redressai doucement, mes jambes tremblantes sous le poids de la peur et de l'adrénaline. Aaron continuait de s’avancer, son regard ancré dans le mien, comme s’il tentait de me rassurer après ce qu’il venait de faire.
Puis, d’un coup, Aaron fit un pas en arrière, ses traits tendus par une émotion qu’il ne laissait jamais transparaître en temps normal.
— Rentre chez toi, Lexie, ordonna-t-il d’une voix rauque, ses yeux d’acier se posant brièvement sur Scott. Scott, tu la raccompagnes.
Il ne me laissa pas le temps de répliquer et tourna brusquement les talons pour se diriger vers son bureau, où il s’enferma sans un mot de plus. L'atmosphère était étouffante, et je sentais encore le poids de la violence qui venait de se dérouler sous mes yeux.
Scott resta silencieux tandis que nous nous dirigions vers sa voiture. Le trajet fut tout aussi calme, chacun de nous perdu dans ses pensées. Mon esprit était embrouillé, essayant de comprendre ce qu'il venait de se passer, et pourquoi je me sentais si vidée de toute énergie.
En arrivant devant mon immeuble, je vis la lumière de mon salon s’éteindre subitement. Mon cœur s'arrêta un instant.
— Tu vis avec quelqu'un ? demanda Scott, une pointe de prudence dans la voix.
— Non, répondis-je, la gorge sèche.
Il fronça les sourcils, son instinct de protection activé.
— Je vais monter avec toi. Juste au cas où.
Sans vraiment protester, je hochai la tête, mes jambes faibles et tremblantes de fatigue et d'angoisse. En montant les escaliers jusqu'à mon appartement, nous constatâmes que la porte était grande ouverte. Un froid glacial s’empara de moi, mon esprit cherchant désespérément une explication.
— Je vais vérifier, dit Scott, en se précipitant à l’intérieur.
Je restai sur le seuil, immobile, alors qu’il faisait le tour des pièces. Quelques instants plus tard, il revint vers moi, un regard sombre sur son visage.
— C’est comme si quelqu’un avait tout retourné. Il n'y a plus personne, mais c’était certainement un voleur.
Mon regard balaya la pièce. Tout était sens dessus dessous, mais rien ne semblait vraiment manquer. Ce n’était pas un simple cambriolage. Puis mon regard s’arrêta sur la table basse. Une enveloppe noire, similaire à celle que j’avais déjà reçue, m’attendait. Mon cœur s'emballa.
Avec les mains tremblantes, je m’approchai de l’enveloppe, l’ouvrant avec précaution. À l'intérieur, un message différent m'attendait. Un message qui me glaça jusqu’à l'os.
Je dépliai lentement le papier à l'intérieur de l'enveloppe noire, chaque mouvement chargé de crainte. Les mots inscrits sur la feuille m’envoyèrent un frisson glacé dans tout le corps :
"Le jeu ne fait que commencer, Lexie."
Mes mains tremblaient, et ma respiration s’accéléra tandis que je lisais et relisais ces mots. Un sentiment de danger imminent envahit l’air, tout devenait soudainement plus menaçant, plus sombre. Pourquoi moi ? Qui pouvait bien être derrière tout ça ?
— Qu'est-ce que ça dit ? demanda Scott, sa voix grave brisant le silence pesant.
Je lui tendis le papier sans un mot, mes pensées se bousculant dans ma tête, tentant de comprendre. Scott parcourut rapidement la note, ses yeux se durcissant.
— C’est la première fois que tu reçois ce genre de menace ? demanda Scott, le ton sérieux.
Je secouai la tête avant de fouiller frénétiquement dans mes affaires, à la recherche de la première enveloppe que j'avais reçue. Je finis par la retrouver, légèrement froissée, et la tendis à Scott. Ses yeux s’assombrirent en parcourant les mots écrits dessus. Il avait l’air encore plus inquiet qu’avant.
— On ne peut pas rester ici, déclara-t-il avec fermeté. Rassemble ce que tu peux, on doit partir rapidement.
Je hochai la tête, encore sous le choc, et commençai à jeter quelques affaires dans un sac. Pendant ce temps, Scott sortit son téléphone et appela Aaron. J'entendais sa voix de l’autre côté du fil, furieuse, élevant le ton à plusieurs reprises. Scott raccrocha après quelques instants, son expression trahissant une certaine gêne.
— Bon... il nous attend chez lui, annonça-t-il avec un sourire crispé.