Aeli ne prit qu’une seconde avant de s’élancer en direction de la charrette renversée. Une femme essayait de maîtriser un des deux cheveux qui s’était libéré, deux autres personnes étaient au sol, légèrement blessées. Celui qui attira le plus longuement son regard fut un homme, qui faisait barrière entre son groupe et les Sape-terres qui les poursuivaient. Ces bestioles étaient vachement rapides lorsqu’elles se déplaçaient sous terre, ayant même réussi à renverser la charrette en s’attaquant aux roues.

Mais il lui était difficile de juger le réel danger, puisque l’homme imposant qui se tenait entre son groupe et les bestioles lui semblait plus que capable de tenir tête à tout ce que la Tour pouvait lui envoyer. Aeli n’avait jamais vu d’armure aussi scintillante et raffinée, pas même chez les quelques gardes qui patrouillaient dans les quartiers malfamés de la ville. Son épée, qu’il tenait à deux mains, n’avait rien à envier au reste. Non, vraiment, il avait devant les yeux un véritable monument de force…

… qui tremblait de tous ses membres.

Aeli dut y regarder par deux fois avant de voir les mains crispées autour de l’arme, la tension dans tout le corps du mastodonte, et son balancement nerveux sur les côtés.

Ce qu’il vit ensuite lui donna encore plus envie de tourner les talons et laisser le groupe se démerder. Ce qui avait fait peur aux chevaux n’était pas les taupes difformes, mais plutôt la créature faisant cinq fois leur taille qui venait d’émerger de la terre en provoquant un tremblement significatif sous leurs pieds.

→ Matriarche Sape-terre ←

Le jeune homme aurait bien aimé en savoir plus sur cette chose, mais il ne pouvait que se fier à ses yeux à ce niveau. La Matriarche ressemblait à ses petits : sa taille était cependant plus que problématique. Elle avait aussi une paire d’yeux supplémentaires au dessus de son museau rabougri, les globes rouges allaient et venaient entre toutes les personnes présentes. Se trouvant plusieurs mètres derrière le guerrier, Aeli fit un pas de côté, espérant se dissimuler derrière la grande silhouette de ce dernier, priant mentalement pour que la bestiole ne le prenne pas comme première cible.

L’envie de fuir était toujours présente, mais il dut se rendre à l’évidence : s’il se mettait à courir, il deviendrait certainement un casse-croûte plus que tentant, et elle devait se déplacer vachement vite sous terre. Il n’avait aucune chance. Un couinement effrayé se coinça dans sa gorge avant qu’il ne reprenne contenance. C’était ce dont il avait accepté de faire face en entrant dans la Tour. Et ce n’était pas en fuyant devant la première difficulté qu’il allait atteindre ses objectifs.

Ceci dit, il se devait d’être réaliste. Il n’allait pas faire exprès de risquer sa vie quand une autre option s’offrait à lui : un groupe.

— Je m’occupe des plus petits ! cria-t-il à l’intention du guerrier, faisant sursauter celui-ci.

Même si l’autre homme semblait être sur le point de se faire dessus, sa belle armure serait plus efficace contre les griffes et les crocs de la Matriarche. Aeli avait donc l’intention de couvrir ses arrières, pour qu’il puisse porter son attention entière à la grosse bestiole.

Ressentant à nouveau cette vague d’adrénaline et d’excitation prendre le pas sur sa peur, Aeli l’accueillit à bras ouverts, alors qu’il se ruait vers les Sape-terres les plus près du guerrier. Il espérait que le reste du groupe soit suffisamment organisé pour se répartir la protection des blessés et le nettoyage des autres créatures qui s’étaient rapprochées du chariot.

Sans comprendre comment, Aeli sentit qu’il ne manquait que quelques secondes avant que sa compétence ne soit à nouveau disponible, les deux minutes n’étant pas encore écoulées. Il aurait pu attendre, mais la rapidité était le maître mot à l’instant. Ni une, ni deux, son couteau rituel à la main, Aeli se jeta sur le premier Sape-terre, évitant un premier coup de griffe. Sa lame s’enfonça dans la chair. Il avait espéré l’atteindre à la gorge, mais la vitesse de la créature le prit de court. Le second coup de griffe lui taillada le bras et il recula d’un pas par réflexe. Son geste permit au Sape-terre de commencer à s’enfoncer dans le sol, cherchant à lui échapper.

Jurant mentalement contre lui-même, Aeli sentit alors qu’il avait à nouveau accès à Arc fulgurant. Un petit sourire effaça un instant sa grimace mécontente et il conjura l’arc électrique. Une odeur de chair grillée se répandit autour de lui. Mais ce n’était pas fini, le jeune mage comptait bien là-dessus. Cette fois, il n’y avait pas qu’un seul ennemi autour de lui, ainsi, il put tester la réelle portée de son nouveau pouvoir. L’arc électrique chercha aussitôt une nouvelle cible. Un Sape-terre tomba raide mort, électrocuté. S’il se fiait à la description qu’il avait eue, il pouvait s’attaquer à trois cibles au niveau actuel. Mais il ne semblait pas avoir la possibilité de choisir les deux cibles supplémentaires. Ainsi…

Son sourire mourut instantanément, réalisant qu’il n’avait pas pensé au fait que son attaque puisse atteindre la Matriarche. Ou un autre être humain. L’arc électrique évita l’homme en armure - Aeli poussa un soupir de soulagement - mais percuta la Matriarche de plein fouet, qui essayait de mordre le guerrier.

Les quatre billes rouges se rivèrent sur le mage.

Et la réplique ne se fit pas attendre. Poussant un cri rageur, le rongeur géant bouscula le guerrier pour se ruer vers Aeli.

~ Note de l’autrice ~

Pas de vote pour ce chapitre ! Ainsi, la suite arrivera très bientôt !