Ses peines enragées cessèrent enfin de le faire hésiter.

L'enlaçant presque tendrement, il sirota ce mets des plus exquis à convoiter.

Comme si c'était la dernière fois qu'il le buvait.

L'atmosphère environnante était très asphyxiante, assez pour de pauvres fleurs sans défense pourrirent sans éclore. Tandis que le temps ne se décida pas de se remettre à marcher, la boule de poil tira dans ses forces pour repousser son Hyung le surplombant. Sa tête était comme...

Vide.

Il ne comprenait décidément pas ce qui était en train de se passer.

Un vampire parmi les siens, un autre qui était en ce moment en train de puiser dans ses propres veines pour se nourrir...

Le flou s'étendit progressivement dans son esprit déjà ravagé par le rouge.

Un silence, une respiration, un tour d'épaule pour le forcer à apercevoir le visage mystifié du rosé portant avec beauté les yeux des êtres de la nuit. Ses lèvres gonflées, si roses, couvertes par le liquide le maintenant en vie, rendaient cette vue aussi magnifique que terrifiante. Par un flash, de telles images exprimant une sensation de bien-être firent à ses rougeurs s'accentuer. La peur se mélangeant déjà à cette envie de fuir au plus vite, sa conscience, elle, le contraignit à rester là où il se trouvait.

Le vent se faufilant tranquillement à travers leurs cheveux donna une idée à l'esprit de la boule de poil qui sembla complètement perdu sous l'effet de la morsure. Alors, profitant du fait que son aîné le maintenait, il pencha la tête de façon à ce que son cou jusque-là seulement marqué de la trace infâme puisse être donné en spectacle par les diables, le dévorant du regard.

Encore...

Continue de te servir de moi.

Parallèlement au désir de son cadet à se transformer doucement en nourriture, les esprits du rosé le supplièrent tout à coup d'arrêter. Il sentit que, tel un remède le visant à lui perdre la raison, ses sens vampiriques l'avaient conduit à faire du mal à la boule de poil. Si terrible, pourtant si naturel, son besoin vital se devait de trouver consolation chez un humain dont le parfum était si boisé...

Si frais...

Si...

Impossible à obtenir sans être possédé par la Folie.

Pendant que le plus jeune semblait faiblir, l'instinct monstrueux des nocturnes aspira chaque goutte de rouge. Si cruel était le désir vampirique, le plus vieux ne parut pas avoir de remords sur son action gratifiante de sensations.

Passer des semaines à se retenir après cette heureuse proposition de co-habiter ensemble.

Passer des nuits entières à se forcer à consommer ces plaquettes de sang immonde, n'ayant même pas de fidèles consommateurs chez les rongeurs les plus abjects.

Passer les journées à ne plus voir une seule trace de sang dans la boite diffusant des images meurtrières pour ne pas éveiller son instinct.

Quelle merveilleuse erreur... À présent, il était sans doute en train de tuer cet humain pour son plus grand plaisir.

Celui-ci était probablement en train de s'évanouir, et voici qu'il en profita pour lui retirer la vie !

C'en était trop.

Il ne désirait pas avoir sa mort sur la conscience, ses amis, et surtout son amant, lui en voudraient jusqu'à la fin des temps.

Il devait s'arrêter au plus vite, sinon ce serait la fin.

S'arrêter pour le mieux, même s'il ne devrait pas.

À quoi bon s'arrêter ?

Le mal était déjà fait, et ceci était déjà gravé dans les livres d'histoires.

Ne pas continuer serait un pur gâchis...

Or, cette fois-ci, la raison finit par l'emporter.

Sentant les jambes de Jimin faiblir, elles aussi, Seokjin se supplia d'arrêter.

Il faut que je m'arrête, bon sang, pourquoi maintenant !?

Le temps accéda à sa requête désespérée. Il se remit progressivement en marche. Au loin, les rires des personnes marchant tranquillement dans la rue se firent entendre par les murs de l'appartement. Un gloussement s'échappa d'une gorge d'enfant jovial. Or, ce rire ne fut pas partagé par les deux habitants de cet espace. L'odeur du sang avait comme mis à mort leur respiration. C'était si brutal, que, à la manière d'un boomerang, le rosé tourna les épaules de son colocataire pour constater son horrible action.

Les yeux baignés de rouges s'écarquillèrent soudainement.

Choqués de son action, les pieds s'actionnèrent à reculons. Une marche lente posséda le corps de l'aîné tandis que le gris s'avança prudemment vers lui.

Une goutte de transpiration perla sur son front.

Le dépit se mélangeant à la honte, l'attitude de Jimin amplifia son inquiétude.

Celui-ci avait l'allure d'un zombie souhaitant qu'on lui donnât plus de satisfaction.

– Ji--- Non... Inutile de te demander si ça va...

Revoyant le salon de son appartement teinté de rouge, le décoloré se mit lui aussi à effectuer une marche arrière, l'esprit débordant de réalisation. Il avait l'air d'être partagé par deux sentiments fortement contradictoire, c'était très étrange...

Néanmoins, l'effondrement du rosé prit l'ascendant sur sa vision, qui remarqua que la lucarne rouge s'était en aller au loin. Une mirette brune apeurée le fixait du regard, le suppliant de dire quelque chose.

– Je suis tellement désolé...

Il ne prit pas de temps en plus et fila dans sa chambre, un peu dépassé par son propre comportement.

Les jambes de l'étudiant rencontrant violemment le sol, sa main toucha les traces de la première morsure reçue sans son accord.

Et pourtant, le fait même de ne pas lui avoir demandé procura en lui un ressenti aigre-doux.

C'était très tentant...

S'il savait que sa conscience en réclamait encore.

Le douloureux, mais rassurant souvenir de se faire mordre pour la première fois se fond sur les gouttes de pluie tombant vivement. La Lune éclaira les habitants de la capitale du pays au matin calme dans leurs occupations de nuit. Tout doucement, un son berçant vint se loger dans les rêves de la boule de poil, le livre d'anglais se mêlant à ses doigts bouffis.

Alors que l'astre puisa dans ses forces pour éclairer la vie environnante, le Soleil l'invita sans politesse à retourner dormir. Une quinte de toux plus tard, elle écouta à moitié son opposé en se montrant à peine visible dans le ciel se teintant progressivement de bleu.

Toujours endormi, son alarme dont la musique était une mélodie inspirée de l'espace-temps émit ses premiers bruits. Il l'avait choisie en vitesse la nuit dernière, car le sommeil voulait l'emporter au loin. Ni une, ni deux, il se leva en sursaut, la transpiration coulant sur son front.

Un rêve des plus lucides s'était emparé de sa conscience quelques heures auparavant. Celui-ci, à la manière d'un serpent rampant sur sa proie sans regret, l'avait forcé à poursuivre sa construction. Il ne désirait pas refaire ce même songe encore une fois, surtout après ce qu'il venait de se passer la nuit dernière...

Effrayant que surprenant, il arrêta néanmoins son alarme pour commencer à se préparer.

Le salon était vide, la chambre de Seokjin était ouverte, le lit fait et les volets montés. Il se dirigea dans la salle de bain et laissa couler l'eau le long de son corps nu. Les pensées encore confuses, il prit la précaution de vérifier, bien que ceci était très maladroit, si aucune scène de crime n'était à déplorer dans cette salle d'eau. Un soupir franchit la barrière de ses lèvres. Il se dépêcha de se sécher puis partit enfiler ses vêtements.

Une tenue lui permettant de ne pas prendre de lourdes vestes dans son viseur, il l'enfila. Des chaussures lui permettant de courir tout en étant confortable, il les attacha.

Ses cheveux toujours dans le même ordre l'incitèrent à se ruer de nouveau dans la salle de bain pour les arranger différemment. Là, il se munit d'un peigne et coiffa sa frange de façon à ce qu'elle soit sur le côté droit. Il ordonna sa coupe de manière naturelle et, le résultat lui convenant, il partit tout de suite consommer quelque chose sur le pouce.

Il avait la fâcheuse sensation d'avoir trop bien dormi, mis à part son réveil précipité. Le soleil étant bien haut dans le ciel et cette maudite horloge qui lui rappelait de se presser était des indices qu'il ne pouvait pas manquer.

La vie d'étudiant était bien compliquée lorsqu'on ne pouvait pas se réveiller assez tôt pour bien se préparer.

D'ailleurs, il se devait impérativement couvrir la mésaventure de la dernière fois avec quelque chose, sans quoi, ce serait la panique dans toute l'université.

Mais, une partie de lui daignait âprement l'exposer à la vue de tous.

Quelques minutes plus tard, après avoir failli manquer le bus le ramenant à son lieu d'études et failli renverser une boisson d'une étudiante lisant son livre à terre, Jimin arriva enfin à l'université Han. Reprenant son souffle difficilement, son sac mit de travers, le fit remarquer quelque chose.

Il n'y avait pas la moindre trace d'un noireau se dirigeant dans le hall principal.

Par réflexe, il regarda l'heure sur son portable et vit que, normalement, celui-ci devrait en train de se diriger vers cet endroit. Peut-être était-il en retard ou bien un peu en avance... En tout cas, les deux se devaient d'avoir une conversation sur la scène des sanitaires. Quand bien même Yoongi aurait des raisons, le mieux était qu'il puisse en parler afin de le prévenir en cas de crise.

Cette pensée le permit de ne prendre pas de temps à chercher son ami et à se diriger vers le hall. Il marcha en direction de sa salle de classe et, une fois assit sur sa place préférée, actionna de nouveau la musique tout en sortant ses affaires.

Son plaisir fut de courte durée.

Le blond prit lui aussi place sur sa chaise et effectua la même action que le gris. Tout en enlevant sa veste et ses mitaines, il sortit une bouteille d'eau et en but un peu de son contenu. Bien sûr, son voisin de table ne constata pas sa venue. Sa musique l'absorbait tant qu'il en chantonna quelques paroles.

Cependant, les paroles de la chanson ayant un thème relativement sérieux l'obligèrent à se remémorer la séquence de la ruelle. Cette représentation presque irréelle l'avait presque fait oublier la raison de ce pourquoi il était venu à la bibliothèque. Comme une incise dans un document, une parenthèse dans un livre de fiction, l'avalement de ce point blanc avait réussi à le faire frémir.

Puis cette étonnante envie de l'aider à consommer cette chose intrigante...

Pourquoi l'avoir... ?

Le bruit de la porte d'entrée de la salle le sortit tout à coup de sa rêverie. Le professeur Kwon faisait son apparition dans le champ de vision de ses élèves et son visage semblait être encore plus fermé que le dernier jour des cours. Pendant qu'il retira ses affaires dans ses sacs, des messes basses commencèrent à affluer dans la salle de classe. Sans que la boule de poil n'eut le temps d'ouvrir la bouche pour glisser son premier commentaire de la journée sur le nouveau, le professeur balança à ses élèves de se taire. En guise de réponse, ils lui jetèrent une lucarne froide, pour lui transmettre que cette salutation ne leur avait pas plu.

Sans estimer le message caché de cette œillade et une fois que celui-ci eut mis en place ses affaires, il prit dans ses bras une bonne dizaine de copies, qui paraissaient être les résultats du dernier travail en groupe.

– Bien, je vais vous rendre ça.... Bien que la note la moins bonne soit de 65, je trouve que certains se sont un peu relâchés sur la manière de rédiger et de formuler un commentaire de texte... sachez que la prochaine fois, je serai plus dur sur vos notes.

Cela dit, il distribua les copies. Pour corriger le travail de chaque groupe, il avait mis une note suivie d'un commentaire adressé au groupe en lui-même. Ensuite, il avait mis la note de l'investissement personnel de l'élève suivi de son commentaire.

– C'est bien les gars, mais vous auriez plus dû parler entre vous, en plus, j'ai dû vous pousser à le faire... je ne le ferai pas deux fois, hein ? Il posa les feuilles sur leur table.

Jimin se rua sur la feuille de groupe avant de lâcher un soupir, le '80' avait selon lui sauvé son camarade de classe. D'ailleurs, en regardant sa copie, il entrevit qu'il avait réussi à décrocher le '95'.

En faisant mine d'être surpris, il le poussa gentiment avant de notifier :

– Oooh, monsieur a eu une bonne note ? S'écria-t-il faussement. J'ignorais que tu étais si fort en anglais... hum ?

Bien trop occupé à tourner les pages de son livre, Taehyung l'ignora et préféra se concentrer sur sa copie tout en recherchant les passages qu'il avait mal compris en regardant son livre plutôt que de prêter une oreille aux mots de la boule de poil. Contrarié, il effaça son sourire et arracha de peu la copie du cendré sans la déchirer.

Le blond n'eut pas le temps d'ajouter une parole envers le gris que le professeur Kwon annonça de nouveau un travail en groupe, cette fois-ci non noté, mais quand même ramassé. Les deux partenaires de table lâchèrent en même temps un soupir et attendirent que l'enseignant dicta ses consignes.

– Alors, manuel page 14, vous lisez les questions et vous ne faites que citer le texte pour le moment.

Les étudiants ouvrirent leurs livres et regardèrent le texte sans la moindre motivation. Avant que tout élève ouvrit la bouche pour dire quoi que ce soit, le professeur lâcha sa phrase préférée, ce qui provoqua chez certains un énième soupir et, un arcquement de sourcil chez le prof. À bout de nerfs, il rappela à ses élèves que, si leur passe-temps favori était de soupirer à chacune de ses consignes, il n'hésiterait pas à les faire sortir de la salle avec un devoir supplémentaire à faire à la clé.

– Well, so let's get started.

Il s'assit et prépara le cours suivant.

Alors que la classe se mit tâtonnement à travailler, le duo lut avec attention l'exercice demandé. Jimin devina tout de suite que le cours de la matinée allait se porter sur de la grammaire. Celle-ci l'énervait mais, il en avait besoin pour traduire les textes qu'il l'aimait tant. Sans perdre une minute, il nota les phrases qu'il semblait pertinente sur son cahier. La réflexion bien ancrée dans son esprit l'incita presque à rallier la suite de l'exercice pour s'avancer davantage. Seulement, à peine qu'il posa le crayon sur la table qu'il sentit les yeux perçants de son camarade blond le fixer de toutes parts.

Intrigué, il plongea ses mirettes dans les siennes.

– Tu me dévores du regard là...

– C'est toi qui as commencé. Rectifia Jimin.

– Peut-être. Je voulais juste savoir si tu avais fini l'exercice.

– Si ce n'est que ça...

Alors qu'il tendit son cahier, sa réflexion antérieure le conduisit vers cette ruelle sombre. Même s'il eut des envies bien troublantes de consommer ce point blanc, des doutes sur la provenance de ce produit amplifièrent sa curiosité.

Vingt ans...

Le temps suffisant pour avoir une famille et la voir s'épanouir.

Vingt ans...

Soudain, un vertige le saisit par le col. Il tourna sa tête vers la fenêtre s'amusant de sa situation. Alors qu'il allait se maudire pour ne pas avoir apporté de l'eau, une simple expiration par la bouche l'aida à se sentir mieux.

Ou plutôt, une intervention du cendré.

Il lui rendit son cahier et lui signala d'écouter le professeur Kwon écrivant sur son tableau.

Au bout d'une dizaine de minutes plus tard, le prof arrêta les groupes et leur dit de se concentrer maintenant sur lui, il alluma le projecteur et sortit un bâton de son bureau.

– Bien, j'ai vu que pour certains groupes, les verbes irréguliers et le present perfect... bah ce n'est pas encore ça...

Tout en lisant son diaporama, il écrit sur le tableau les erreurs fréquentes qu'il eût rencontré lors de sa correction des copies. Pour vérifier si les étudiants avaient écouté, il interrogea ceux qui avaient une moins bonne note. Tous réussirent l'exercice et désignèrent une personne à tour de rôle de faire une phrase simple.

Une jeune femme aux cheveux bruns montra du doigt notre protagoniste, qui poussa un bâillement avant d'effectuer la consigne demandée.

– On Saturday, I saw a young man drunk a suspicious thing... Sans faire attention, il lança un regard vers le cendré.

Il s'assit sur sa chaise et regarda de nouveau la fenêtre, en ayant de nouveau cette séquence enclenchée de 10 secondes en tête.

L'air ailleurs, le concerné n'avait pas prêté son oreille à ses mots si bien trouvés...

Son regard dominant avait parcouru tout son être, lui donnant envie de recommencer cet acte vital.

Quelques minutes plus tard, après que la deuxième sonnerie de la journée eut sonné, les étudiants en LEA sortirent de leurs salles de classe pour profiter de la récréation. Voyant que son voisin de table était parti, le blond prit son portable, mit son manteau et quitta la salle d'étude. En marchant dans le couloir principal, il se dirigea vers les toilettes, en quête d'apaiser sa faim. Il avait par mégarde oublié de prendre son petit-déjeuner avant de se rendre dans l'établissement. Par chance, il avait sur lui un paquet de biscuits, de quoi attendre l'heure du déjeuner. Il partit de la pièce intime et marcha tout en humant une chanson dans sa tête, sans vraiment savoir où il allait vraiment.

En se rendant dans l'un des couloirs menant aux escaliers, il aperçut, non sans un peu de surprise, un jeune homme aux cheveux roses recroquevillé sur lui-même. Le cendré arrivait à reconnaître un sentiment de dégoût à l'intérieur de son aîné mais... En réfléchissant sans réellement chercher à savoir pourquoi il s'était isolé du reste du bâtiment, il s'accroupit, de façon à être à la même hauteur que Seokjin.

– Tu n'es pas un ami à Jimin ? Demanda-t-il sans pour autant recevoir une réponse

Le plus vieux releva la tête, il ne mit pas de temps en plus à poser un visage sur la voix qu'il venait d'entendre. En se repositionnant par peur d'avoir des crampes tout au long de la journée, il, sans jeter un regard à Taehyung, poussa un soupir.

– En quoi ça te regarde ?

– Je vous ai vus ensemble vous diriger vers les toilettes tout à l'heure.

– Ah bon... ? Ah oui c'est vrai... j'sais pas pourquoi, mais il m'a demandé de l'accompagner... Il leva la tête et arrangea son béret qui menaçait de tomber. Et puis, au risque de me répéter, en quoi ça te regarde ?

– Un problème ? Questionna le cendré avec une voix douce.

Le plus jeune vit son aîné détourner le regard pour fixer un point inconnu. Il rapprocha ses genoux vers lui, tout en serrant sa prise autour d'eux. La vue décorée d'un voile de remords, il tapa de manière peu brutale l'une de ses jambes et appuya sa tête contre ses articulations.

– Oh et puis zut... Commença le rosé avec agacement. J'ai fait une connerie, cela ne va même pas faire 72 H que l'on vit ensemble et là...

– Tu l'as mordu ? Coupa le blond

Le regard de Seokjin copia celui du gris lors de la dernière nuit, c'est-à-dire, une expression figée par, de l'incompréhension... Mais aussi par de la peur, de la peur qui grandissait au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient.

Il pensait à une multitude de choses...

Et si le blond finissait par lui rire au nez ?

Une goutte de sueur perla sur son front. Non, il était tout impossible que celui-ci ait découvert ce qu'il était. Il ne le connaissait même pas. Il baissa de peu la tête qui s'était monté subitement à cause de la question posée par Taehyung. L'expression de celui-ci attendait une réponse, alors, en tentant de ne pas montrer sa surprise, il répondit par :

– Quoi !? Fit-il en criant presque. Comment tu sais que....

Tu en dis trop Seokjin ! Reprends-toi !

Le regard confus de sa personne traversa ses pensées. Poussant un soupir, le cendré posa une main sur ses genoux puis le frotta doucement. Comme pour le rassurer, un doux sourire se dessina sur son visage.

– Écoute, lança le plus jeune, j'ai des proches qui sont comme toi et puis, de toute façon, je n'aime pas juger les gens.

– Oh je vois... Donc, tu as visé juste. Je l'ai mordu.

– Je te conseille de lui parler, je pense qu'il comprendra.

– C'est bizarre, confia le plus vieux, Nam m'a dit que Chim lui avait rapporté que tu étais un mauvais gars, mais apparemment ce n'est pas le cas.

– Pff, bah voyons... C'est moi qui suis le mauvais gars... Conclut-il en roulant des yeux.

Au moins, ce trait ressenti de ma personne ne change pas...

Le cendré aida Seokjin à se relever, tout en lui disant que ce n'était pas la peine de se faire du tracas pour ce genre de choses. Comme énoncé quelques lignes plus hauts, il possédait des proches qui, comme lui, appartenaient au clan de la nuit. Résultat, ils avaient souvent besoin de se nourrir de sang, car cela faisait partie de leur alimentation. Après avoir entendu ces mots, le rosé retrouva de peu le sourire et fit plus ample connaissance avec le jeune homme avant de retourner chacun de leur côté en cours.

Après que les cours du matin furent finis et que les élèves eurent terminé leurs repas, tous reprennent le chemin des salles de classe, pour entamer la seconde partie de la journée.

D'un air un peu soucieux et tourmenté par les récents événements qui s'étaient produits, le gris se dirigea de façon lente vers son endroit d'étude. Il remit plusieurs fois son sac sur son épaule, pris pour pouvoir avancer sur les exercices que le professeur de Kwon avait donné pour le prochain cours du lendemain au CDI. Il se sentait un peu idiot de l'avoir sur lui juste pour avancer sur des exercices alors qu'il savait très bien qu'il aurait le temps de les effectuer avant de dormir...

Enfin, si les gens d'ici-bas lui en accordaient l'autorisation.

Une fois bien placée sur son articulation, il s'imagina chanter une chanson devant son père. Malgré le fait que celui-ci fût très brutal avec lui, il aurait voulu chanter une chanson de reconnaissance pour pouvoir être capable de lui dire qu'il l'aimait.

Toutefois, le temps ne voulait pas que ce moment arrive et jamais, il n'oublierait l'odeur du sang de son géniteur.

En arrivant vers les escaliers qui le mèneraient à sa salle de classe, Jimin entendit des éclats de voix. En souhaitant connaître, même s'il eut sa petite idée derrière la tête, le pourquoi du comment, se conduit vers leurs propriétaires...

Il ne fut pas surpris du résultat de sa trouvaille.

– Mais... tu sais bien que je n'ai pas dit ça dans le but de te mettre mal à l'aise Yoon...

– Ah oui, vraiment ? Kook, je ne sais pas ce que tu fais, mais arrête ça tout de suite.

– D'ailleurs... j'ai cru avoir mal entendu mais... tu sors ce soir avec moi ?

La réponse du noiraud ne se fit pas attendre, il secoua la tête de droite à gauche. Une réponse qui, comme attendu de la part de Yoongi, augmenta de peu la colère de son cadet.

– Bah oui, comme toujours, monsieur a des choses à faire.

– Jungkook, tu t'entends parler ? Je suis désolé, mais il n'y a pas que toi dans ma vie ok ?

Les mots de son aîné résonnèrent en lui, le jeune homme à la bouille de lapin se figea. Il, bien que son cerveau lui ordonnait presque de faire le contraire, resta planté là comme un arbre, sa conscience quant à elle exigea de lui une réponse et, pas n'importe laquelle :

– Yoon, je le sais très bien qu'il n'y a pas que moi dans ta vie... cependant, dit-il en se rapprochant langoureusement du noiraud, sache que je t'aime et que ce n'est pas avec ça que tu vas m'arrêter d'accord ? Allez, sois gentil... Il fit poser la main de Yoongi sur ses lèvres Dis-moi que tu as apprécié ma déclaration de la dernière fois...

– Lâche ma main tu veux ! Arrête ton cirque !

– Non, je ne veux pas de cette réponse. Dis-le-moi que tu as aimé... Dis-le !

Les lèvres dangereuses se rapprochèrent des siennes. Il se devait de faire quelque chose pour lutter contre cette atmosphère devenant de plus en plus pensante. Le sourire fallacieux de Jungkook s'étira lorsqu'il comprit qu'il était tiraillé entre deux choses qui le mettront à mal, peu importe sa décision. Tel un chat sournois, le brun caressa son visage avec la main de son aîné.

– Si tu doutes de ta réponse, je peux le refaire volontiers.

– Non mais là t---

– Désolé les gars, mais temps mort là !

– Chim... !

Le dénommé 'Chim' interrompit les deux amis en posant de part et d'autre ses doigts devant leurs bouches pour les faire taire. Sa main droite fut violemment repoussée par le brun, légèrement agacé que le gris eut mis fin à sa conversation.

Le regard interrogatif du plus vieux imposa au décoloré de porter à connaissance le pourquoi de son 'intervention' entre lui et Jungkook. Bien sûr, il eût décelé dans son œillade un petit remerciement de sa venue pour arrêter cette conversation plus que bizarre selon lui.

D'un air plutôt fier, il sortit la plaquette de Taehyung dérobée quelques jours auparavant de sa poche. Sa manière de la tenir était semblable à quelqu'un qui tenait un déchet... une sorte de déchet à laquelle on se dit qu'il aurait de la valeur, car nombreuses sont les fois où le gris s'était posé pour cerner l'utilité de cette chose et pourquoi l'avait-il sur lui...

Un déchet qu'il voulait, sans savoir pourquoi, le consommer avec une grande satisfaction.

D'ailleurs, en réfléchissant sur sa manière d'agir en deux secondes top-chrono, il changea son air à une chose qui se voulait un peu plus interrogative et d'invitation à la réflexion.

– Vendredi, ce truc est tombé de la poche de Kim et... juste pour l'embêter, je l'ai prise.

– Bah voyons, monsieur le numéro 2 n'avait rien d'autre à faire... Cela ne m'étonne pas.

– Toi tu...

– Pour une fois, confia le plus vieux en coupant son ami. Je pense comme Kook. C'est normal que tu l'aies ramassé, mais franchement... je sais qu'il était à la bibliothèque samedi. T'aurais pu juste la lui rendre quoi.

– Oui, mais non. La lui rendre tout de suite ne serait pas drôle et puis... je la trouve suspecte cette plaquette.

– Drôle ? Sérieusement Jimin ?

– Laisse tomber Yoon, ce n'est qu'un imbécile. Donne-moi ça ! Le brun arracha l'objet des mains de Jimin.

En ayant la chose en possession, le plus jeune vit qu'il manqua des points dans la bande métallique fine. En analysant de peu la plaquette, il la tendit à Yoongi et, une seconde après être entré en contact avec, il ressentit quelques frissons. Le regard inquiet de ses cadets fit arrêter tout de suite ses tremblements. Sans chercher à savoir de quoi elle était constituée, il tendit l'objet à la boule de poil.

Cependant, son œillade presque menaçante fit à celui-ci avoir un petit hoquet de surprise.

La couleur rouge revenant progressivement dans son regard.

– Chim, je te conseille vite de lui rendre son truc, la phrase que je vais te dire sera peut-être absurde à tes oreilles mais... ce truc est bien trop précieux pour lui.

Il salua de peu la boule de poil et se fit encore une fois, attraper le bras comme un attardé de la part du brun.

Sans savoir que son cadet était juste comme paralysé par ses paroles.

La cloche sonna, pour les élèves en LEA, il fut l'heure de se diriger vers les salles de classe pour pouvoir assister aux cours de l'après-midi. Certains voudraient juste avoir la capacité de rentrer chez eux en un claquement de doigts mais... Ils savaient tous que les partiels n'allaient pas tarder à arriver.

Le décoloré, quoiqu'encore un peu sonné par les paroles de son ami des bancs du lycée, se rendit en classe, en espérant ne pas croiser le blond, car il se sentait maintenant ridicule de ne pas avoir voulu lui rendre l'objet en question.

Sa lésinerie à lui refuser de lui rendre l'objet activa les quelques neurones lui permettant de visualiser la détresse du blondin n'ayant pas son objet entre les mains. L'inquiétude, la peur, l'angoisse... C'était injuste de ne pas lui avoir donné à temps.

En plus, il l'avait aidé à consommer cette chose...

La porte de la salle de classe une fois poussée, il s'installa tout de suite à sa place. Il sortit ses affaires et commença à relire ses notes sur le present perfect, en attendant que ses camarades suivi du professeur Kwon arrivèrent, eux aussi, à destination.

– Bien, vous savez très bien que j'adore cette partie de l'année !

Les autres arrivèrent 10 minutes après la venue du gris dans la pièce. D'un air plutôt enthousiasme, l'enseignant avait transféré toutes ses affaires de son sac et avait aussi donné à ses élèves une feuille contenant du vocabulaire.

– Pour cet après-midi, nous allons travailler sur la voie passive et... bien sûr... Il frotta ses mains en scrutant chaque regard de ses étudiants, choisir un discours que vous allez traduire et le lire devant toute la classe en mettant bien l'intonation !

Les étudiants regardèrent de haut en bas leur professeur avant de tous pousser un soupir. L'enseignant, quant à lui, lança un regard noir avant de lui aussi, pousser un soupir d'épuisement. Il partit allumer son vidéoprojecteur et, en même temps, demanda à un élève de lui dire tout ce qu'il s'est passé au dernier cours. Une fois ceci fait, le blond s'assit et attendit que le professeur commença son cours. La voie passive était quelque chose qu'il n'arrivait pas très bien à maîtriser, puisqu'il le faisait instinctivement.

Tandis que le prof remit les points sur les 'i' sur tout ce qui concernait cette notion, la boule de poil observa le ciel. Les nuages ne s'étaient pas montrés durant toute la matinée, leurs couleurs, semblable aux cheveux de notre protagoniste, signifiait que la pluie n'allait pas tarder à tomber sur Seoul. Il, pour faire passer la phase explicative du professeur, chantonna dans sa tête une chanson d'un célèbre groupe japonais.

– Jimin, au lieu de rêvasser comme tu le fais si bien, peux-tu nous lire les cinq premiers mots qui sont sur ta feuille s'il te plaît ? Les autres, pas de réaction de votre part sinon j'en vire.

Le concerné effectua la requête de l'homme et, comme toujours, s'ensuit une partie de travail en groupe. Cette fois-ci, il devait mettre un texte à la voie passive.

Un exercice qui semblait facile.

Du moins, en apparence.

Être à côté de quelqu'un qui mettait votre conscience déjà corrompue en feu ne rendait les choses que difficiles.

– Vous avez 15 minutes pour faire cet exercice et... j'interrogerais quelqu'un. Go !

Les élèves en LEA, après avoir recopié dans leur cours l'exercice projeté au tableau, commencèrent à parler à leur binôme pour mettre un terme à cet entraînement...

Tous n'aimaient pas cette partie de l'année à cause, justement, de l'enthousiasme de leur prof.

Nos deux camarades essayèrent d'enterrer la hache de guerre...

Combien qu'elle-même ne fut pas réellement sortie de son trou... Ils se lancèrent des regards furtifs pour tenter de réaliser l'exercice sans avoir à s'adresser la parole.

– Bon, cela fait cinq minutes que l'on ne se parle pas Park. Lança le cendré. Ce n'est pas avec des coups d'œil que cet exercice va se faire.

– Ah bon, maintenant tu dis que c'est à cause de moi que l'on n'avance pas ? Et bah, cet après-midi commence bien dites donc hein !

– Ce n'était pas un reproche.

– De toute façon, je ne supporte pas ta voix, elle m'énerve !

– That's good for you my friend... Répliqua Taehyung ironiquement. Bon, comment tu verrais 'No one can account for his success' à la voie passive ?

Pendant qu'il était en lire la phrase de l'exercice, le blond s'était involontairement rapproché de son camarade de classe. Celui-ci, après avoir énoncé son non-amour vis-à-vis de la voix du décoloré, avait dégluti au toucher de celui-ci sur la main. Ce toucher si chaud et pourtant empli de mélancolie l'avait fait rougir. Un simple toucher de sa part et voici que ses poils s'étaient hérissés. Il fronça des sourcils, et procéda à la réflexion sur l'énoncé.

– Laisse-moi réfléchir.

« C'est si chaud... »

Du coup, comme 'account for' est un verbe prépositionnel...

« S'il pouvait laisser sa main sur la sienne encore un peu plus longtemps... »

His success cannot be...

– « Accounted for » ? Proposa le second binôme en enlevant sa main de celle de son partenaire de table

– J'allais le dire... ! Mais oui, c'est ça.

En voyant ses deux mains libres, le gris poussa un soupir et se claqua mentalement. Il se sentit tout à coup bizarre d'avoir, sans vraiment savoir pourquoi, dû subir le contact assez inattendu du blond. Durant ces cinq secondes, celui-ci n'eût réellement pas fait attention à ce détail.

Durant ces cinq secondes, une drôle d'aura précoce s'était formée.

Durant ces cinq secondes, il désirait ressenti le regard charmeur de son camarade de classe sur sa personne possédant une multitude de contradictions.

– Kim, je peux te dire quelque chose avant que le cours reprenne ?

Son interlocuteur leva un sourcil.

– Préviens-moi lorsque tu poses quoi que ce soit sur moi s'il te plaît, n'oublie pas, cela fait à peine une semaine que l'on se connaît.

Et, quelque chose me dit que je ne dois pas succomber à ton charme dévastateur.

Il n'attendait pas une réponse de la part de son camarade de classe. Pour enlever ce malaise qui s'était installé sur leur plan de travail, la boule de poil leva la main. Voir ce geste surprenant fit au professeur Kwon l'interroger avec un sourire.

Le soir était tombé sur l'université Han, après quelques querelles inutiles, nos deux protagonistes ne s'étaient plus adressé la parole. La raison était que le blond avait changé à la dernière minute la traduction du discours de son camarade de classe. Avec cette envie de voir son élève passé au tableau, le professeur l'avait interrogé de nouveau. Celui-ci avait donc dû malheureusement passer devant toute la classe à lire, ce que pour finir, n'avait pas réellement choisi.

Mais, le passage de son binôme sur sa copie était justifiée, le gris avait mal traduit un mot...

Comme une habitude presque sordide, à la fin des cours, Jimin avait encore une fois plaqué son camarade de classe contre les murs des toilettes. Selon la bombe à retardement, celui-ci avait des comptes à lui rendre.

« Ce n'est pas avec des gamineries pareilles que tu vas réussir à me mettre en colère toi...

– Et en plus, tu veux que je te sorte de tes gonds !? Aaaah tu m'insupportes... »

Cependant, d'un geste quasi inexpliqué, le décoloré arracha la prise du gris de son col et posa son regard sur lui tout en lui tenant les épaules. De longues secondes d'incompréhension s'écoulèrent entre les deux jeunes hommes. Tout à coup, l'ambré porta sa lucarne vers le cou du décoloré qui tenta de détourner les yeux pour ne pas être en rapport de force avec son voisin de table.

En observant le bandage de celui-ci, sa conscience bloqua tout mouvement, il écarta les yeux avant de poser un regard sombre sur le cou de Jimin, qui lui aussi fut arrêté par le temps.

Il effleura de ses longs doigts le bandage et se mit subitement à planter ses ongles sur la morsure de Seokjin, provoquant des petits cris de douleurs au décoloré. Tout en serrant sa prise sur les épaules de son interlocuteur, il rapprocha lentement son visage...

Avant d'être interrompu par la dernière sonnerie de la journée.

L'étudiant aux cheveux gris sortit de la pièce intime et, sentant que tout le monde avait quitté les lieux, retira de son sac la plaquette de ronds blanc. En marchant vers la sortie, il ne put s'empêcher de repenser à la phrase de Yoongi. Cette phrase, aussi invraisemblable pour lui, eût tourné en rond dans sa tête. Durant le cours, il voulait la lui glisser dans son sac pour ne plus avoir affaire à ce rectangle métallique mais... il y avait cette partie de lui qui le retenait, car encore une fois, le plaisir ne pouvait pas être rompu comme ça.

D'un air ennuyé, il traça de ses doigts les trous de cet objet, il fit ces gestes avec la main où le cendré l'eût touché quelques heures auparavant.

– Ce n'était pas quelque chose de désagréable... mais sa voix... pff, n'en parlons plus, je n'aime pas sa façon de parler. Elle m'irrite. Pensa-t-il tout haut.

Mais quand même, que signifiait la scène de tout à l'heure ?

Il poussa les lourdes portes de son établissement et, en ayant dans sa ligne de mire le nouvel arrivant, courut pour le rattraper avant qu'il ne soit trop loin.

– Kim ! Tu peux m'attendre deux minutes s'il te plaît ?

L'interpellé s'arrêta et se retourna en affichant un visage neutre. Son interpellant reprit son souffle avant de lui avouer :

– Je ne sais pas si tu l'as cherché, mais, il montra la plaquette, c'est à toi je suppose non ?

Il ne prit même pas le temps de lui tendre l'objet que son interlocuteur lui déroba des mains, tel un animal qui dévorerait voracement sa proie. Comme s'il voulait que celui-ci découvre ce qui avait d'inscrit dans le fond de sa lucarne, il laissa son aura enveloppé le corps de la boule de poil légèrement choqué par son geste. Un geste qui se transforma en soupir après avoir aperçu au loin, le car se rapprochant doucement de son arrêt. Il tourna ses talons et se dirigea vers le bus.

Bus qui le ramenait peut-être à la gare, comme c'était son terminus.

Encore sous l'effet de la surprise, le gris partit vers son moyen de transport à lui aussi. Or, à cause de l'une des récentes scènes qu'il avait vécues, la morsure du rosé le lança. Pour ne pas avoir affaire aux regards curieux des passants, il marcha un peu plus vite vers son domicile, il s'était résigné à ne pas prendre d'autocar.

Mais la route vers son lieu de vie s'était par conséquent rallongée de 10 minutes.

L'obligeant à se confronter avec le regard sombre de Taehyung, le plaquant sans difficulté contre ce mur impropre.

Durant son trajet, la pluie s'était mise à tomber. Nombreuses sont les personnes qui avaient accouru vers un abri ou vers un vendeur de parapluie pour ne pas être trempé par cette eau venue des nuages. L'argenté, sentant ces gouttes le toucher par dizaine, s'était donc mis à courir en faisant toutefois attention à ne pas bousculer les passants. Après avoir ramassé une pomme pour ensuite la restituer à son propriétaire, il arriva enfin devant son lieu de cohabitation.

Il peina à reprendre son souffle dans la grande boîte en métal et, une fois que celle-ci se fut arrêtée à son étage, ouvrit ses portes pour que le gris puisse y sortir. Tout en portant une main à son cou, il avança en direction de son appartement, son ventre criait famine. Il ouvrit la porte grâce à la clé fournie par son colocataire et, une fois avoir pénétré à l'intérieur de la pièce, il fut soulagé de voir que l'appartement n'était plus sens dessus dessous.

Il posa son sac au sol et se mit en tête de commencer un début de repas. Néanmoins, la scène qu'il avait subie avec le blond continuait à tourner en boucle dans sa tête.

Pourquoi sa conscience avait-elle besoin de se remémorer les moindres faits et gestes de ce Kim Taehyung ?

Déjà que la scène de l'assassinat le hantait, il ne voulait pas qu'en plus, avoir le visage de son camarade de classe qu'il connaissait à peine dans ses cauchemars les plus intimes.

Pourquoi le forcer à se rappeler ce visage si bien tracé ?

Sa peau sans imperfections.

Ses lèvres fines ne demandant qu'à être croquées...

Son regard en amande perçant...

Serait-ce donc une sorte de force extérieure qui la contrôlait ?

En balayant la pièce de son regard, il tomba sur le t-shirt auquel il fut, à son détriment, victime d'une morsure d'un être de la nuit.

Les taches de sang sur le col étaient toujours présentes.

Il s'approcha du canapé, se saisit de son t-shirt et, voyant ce sang sur cet habit, repensa comme à son habitude au corps inerte de son paternel. Cette fois-ci, l'odeur le submergea et le fit presque vomir, mais au lieu de cela, des larmes vinrent lui brouiller la vue.

Tout en tenant l'habit contre lui, il se mit à pleurer...

Une action qui fit bien rire les diablotins se servant comme repas un cœur anéanti par la tristesse d'avoir perdu un proche aimé de tous.

En croisant l'œillade de son colocataire, Seokjin lâcha tout de suite son parapluie et vint se mettre à côté de son cadet. Il le prit dans ses bras tout en glissant des mots.

– Chim... voyons... pourquoi pleures-tu ? Il caressa son dos.

Il était l'heure de dire clairement les choses.

– Hyung... j-je... il faut que je t'explique pourquoi j'ai accepté de venir vivre avec toi.

Le plus jeune se détacha de son aîné, pour autant, il posa sa main sur la sienne en espérant chercher du courage et un peu de réconfort par le toucher du rosé. Le plus vieux regarda son cadet en l'imposant à le rencontrer du coin de l'œil mais, voyant que pour le moment, c'était peine perdue, il préféra se concentrer sur ses mots.

– Pour dire vrai, commença-t-il après avoir repris son souffle, j'ai accepté de venir parce que... je ne sais pas si Namjoon-Hyung te l'a dit, mais mon père est mort dans mon appartement assassiné et... Des perles d'eau virent lui brouiller la vue, mais il les essuya rapidement. Du coup, à chaque fois que je rentrais d'une sortie quelconque, la scène se redessinait, comme si elle ne voulait pas que je l'oublie. J'étais très content lorsque tu m'as annoncé ta proposition, mais... . Tu sais... C-ce fameux soir et arrivé et... Il sentit un doigt se poser sur ses lèvres.

D'un air étonné, la boule de poil posa son regard sur celui de son interlocuteur, celui-ci afficha le même air triste que la dernière fois où il s'était excusé pour ses agissements douteux. Le doigt toujours sur la bouche de son cadet, l'aîné baissa la tête, un peu troublé par la révélation de celui-ci.

– Encore une fois Jimin, je te prie de m'excuser pour cela. Je comprendrais parfaitement si tu te décidais à quitter l'appartement mais... Il baissa progressivement sa main et vint la mettre contre ses lèvres, dévoilant une partie de ses canines . C'était plus fort que moi, je ne pouvais pas tenir une seconde de plus... oh...

La pluie tombait si fort que le faible soupir de Seokjin s'était dissipé au son des gouttelettes frappant les fenêtres, le cadet observa la mine du plus vieux, rongé par le remords. Il toucha de peu son cou pour tenter de calmer la douleur.

Or, son esprit désirait ressentir encore une fois les longs doigts du cendré, explorer la morsure dont il était victime.

Une envie grandissant dans son cœur à la vue des canines du rosé...

~La soif d'aller confronter une fois de plus son voisin de table se perdit dans les éclats des violents orages~