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1 - Notes
2 - A Blσσɗʮ Relɑtiσƞsɦip builɗiƞg wσɾlɗ...
3 - Prologue
4 - '𝐓𝐢𝐥 𝐊𝐢𝐧𝐠𝐝𝐨𝐦 𝐂𝐨𝐦𝐞
5 - Chapitre 1
6 - Chapitre 2
7 - Chapitre 3
8 - Chapitre 4
9 - Chapitre 5
10 - Chapitre 6
11 - Chapitre 7
12 - Chapitre 8
13 - Chapitre 9 pt.1
14 - Chapitre 9 pt.2
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DalYuuki
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Chapitre 8

Il se souvenait...

Sans aucune explication, le cendré eut posé ses doigts sur l'endroit où il y avait la morsure.

Et ce regard...

Une œillade qui mélangeait la retenue et la tentation.

Sous l'effet de son soupir, l'orage gagna en intensité. Tandis qu'il se morfondit dans son mutisme, la boule de poil effleura son cou. Son toucher lui procura quelques sensations inconnues. D'abord anodine, un puissant courant d'air vint danser tout autour de sa chevelure. Les larmes refusant de tomber, ses yeux se plissèrent d'instinct, comme pour éviter que de la poussière vienne y trouver refuge. Au bout d'un certain temps, le ciel noir monta sa fureur en envoyant valser les quelques sacs d'ordures à travers la ville. Sa volonté de voir quelque chose se produire au sein de cet appartement maussade fit peur aux noctambules.

Comme si on l'avait écouté, un mouvement éclaira de peu son teint sombre de toutes bonnes intentions. Le plus jeune tapota doucement la main de son aîné qui se retourna subitement.

Sans lui laisser le temps d'énoncer une quelconque parole, le gris vint lentement s'asseoir sur ses genoux, le dos saluant chaleureusement l'extérieur.

Il se pencha sur lui puis posa sa joue sur son épaule.

Son visage semblait traduire une drôle d'émotion, à l'opposé directe de la tristesse.

Ses petites mains frottèrent son dos pour le rassurer, tout en se rapprochant de son buste dont le cœur battait à toute allure.

-Je... peux savoir ce que tu fais ?

Le silence emporta au loin toute envie de répondre à cette question. Alors que le rosé allait se débattre, tout à coup, l'argenté ancra son regard dans son œillade confuse. Pris de panique, il entrevit une lueur qui le mit mal à l'aise. Pendant que la gêne monta en lui, son colocataire lui offrit une vue à couper le souffle sur son cou. La marque de cigarette se transformant en un splendide papillon, un tremblement de sa pomme d'Adam peu marquée troubla un peu plus son esprit.

-Tu te dois de me mordre désormais.

Une voix abyssale avait contrôlé les cordes vocales du cadet. Sa mirette qui était larmoyante avait cédé sa place à une autre plus candide, douce...

Soumise.

Le rosé, incapable de mettre des mots sur ce qui était en train de se produire, se contenta d'abriter une expression dont la surprise se marierait bien avec l'éclat de foudre qui avait vraisemblablement aimé le ton de voix de Jimin.

Celui-ci approcha la source du désir du vampire vers ses crocs, parés à bondir.

L'atmosphère se fit progressivement lourde.

La pièce se parsema de fins brouillards pouvant, à eux seuls, décimés tout un peuple.

Les mouvements que le jeune ne s'aventura à effectuer firent monter, en une seule fois, la tension suffocante de la scène.

C'est quand tu veux...

Je suis tout à toi.

Et lorsque ces phrases eurent entré en contact avec l'âme du plus vieux, plus aucune hésitation ne se fit entrevoir.

Il planta ses canines sans ménagement dans le cou de son colocataire, laissant passer un hoquet de surprise.

Ses yeux s'étaient écarquillés d'instinct puis fermés.

La douleur sourde accompagnant le geste fit son cœur battre à tout rompre.

Intenable, mais pourtant si bon.

À la manière d'une douce caresse d'un amant qui n'attendit que son retour afin d'être recouvert de baiser.

Jimin se cramponna à Seokjin. Les doigts manquèrent de trouer son pull épais. Les jambes, elles, émirent des frissons qui les rendaient impossibles à s'arrêter de se mouvoir. Entendre l'écoulement de son sang traverser la gorge de son colocataire fit apparaitre quelques rougeurs sur son visage accompagné par le seul sentiment de soulagement.

Un soulagement qui se traduisit par un léger malaise de son propriétaire, tant d'émotions avaient traversé sa tête en une fraction de seconde.

La prise se défaisait graduellement. Trop absorbé par son festin, le plus vieux ne remarqua pas que l'esprit de son cadet allait bientôt envoyer un signal d'erreur.

La fatigue, le drôle de sentiment que ce blond aux yeux d'amande lui faisait ressentir depuis son arrivée dans sa salle de classe.

L'altercation qu'il eut avec sa personne avant de quitter les lieux...

Pas quelque chose de désagréable...

Sa propre voix lui fit froncer des sourcils. Un court, mais puissant mal de tête vint se loger dans son crâne envahit par la séquence des toilettes. Une image bizarre s'était introduite dans son esprit, faisant Seokjin revenir dans le cours du temps.

Il se mit à côté de lui puis toucha la morsure dont le sang continua de s'écouler.

-Ne la touche pas... Enfin si, garde tes doigts posés dessus pour arrêter l'écoulement du sang, je reviens.

Cette phrase sortie avec un brin d'inquiétude dans le ton de la voix ne fit pas ramener la boule de poil dans ce salon encore inconnu. L'image qu'il avait osé imaginer lors de la scène lui avait fait horreur.

Comment se l'avouer ?

C'était impossible d'avoir pensé à ce genre de chose à ce moment précis !

Toutefois, le souffle de son ainé qui s'était écrasé sur son cou avant de le dévorer ne lui avait pas déplu. Il avait même trouvé une satisfaction de se donner à lui afin que ses tremblements se dissipèrent une bonne fois pour toutes.

Alors, pourquoi avoir pensé à la scène des toilettes de l'université Han ?

Il couvrit son visage d'embarras.

Prit une profonde inspiration...

Et laissa sa mémoire colorer ses joues d'un profond rouge et diriger son regard vers le bas, comme une poupée sans vie.

Le rosé arriva en trombe devant lui et lui demanda d'enlever ses doigts. Là, il désinfecta la plaie et enroula un bandage autour de son cou. Il passa un peu de gel sur la main de son colocataire et essuya le liquide rouge qui s'y trouvait. Une fois ceci fait, il tenta de quémander la raison soudaine d'un comportement aussi soudain.

-Je ne saurais pas te l'expliquer Hyung. Murmura la boule de poil. Mais...

-Oui ? Tu as quelque chose à dire ?

-Ne me laisse plus jamais sous-entendre que je peux quitter l'appartement. Tu m'as annoncé cette proposition si joyeusement... Ce serait comme me blesser et t'infliger une double peine en même temps.

-J... Je vois. Sortit le plus vieux, troublé par le sérieux de cette réplique. Je suis désolé. En y réfléchissant, cette proposition acceptée va te permettre d'oublier ton ancienne vie... Enfin, elle va essayer. En tout cas, je te remercie de... Enfin non.

-Ta morsure ne m'a pas fait mal, au contraire.

Les yeux interrogatifs du décoloré vinrent se poser sur le pansement ayant bien intégré le contact de la peau de la boule de poil. Intrigué, il vint effleurer ceci sans se rendre compte de la mirette provocatrice de son cadet, continuant son récit.

-Pour dire vrai, certes, j'étais effrayé de te voir sauter sur moi, mais... Je ne sais pas... C'était comme si... D'un côté... J'attendais ce moment.

-Tu l'attendais ? Quoi ? Insista-t-il sur la dernière syllabe du mot.

-Je sais c'est bizarre... Mais je me dis, maintenant qu'on habite ensemble, on devrait au moins essayer de dire si quelque chose ne va pas, non ?

"Et désormais, plus de cachoteries entre nous."

Une phrase semblant appartenir à une époque lointaine fit se stopper la lueur accueillante de Seokjin. Celle-ci dite avec sa voix, la sensation que quelque chose souhaitait entrer en écho avec cette conversation décora son visage d'une mine réflective. Une réflexion qui n'échappa pas à la lucarne de la boule de poil. Le rosé, lui, tenta d'oublier cette légère déconnexion en se tapotant la joue. Il revint sur les mots de Jimin, qui s'était approché de lui.

Une approche qui le fit reculer instantanément.

-Ça va ? Il y a quelque chose sur mon visage ?

-Hyung, il faut que je fasse part de mes récentes découvertes.

Déclara-t-il en ayant en tête le carnage rouge de la salle de bain.

Il reprit sa position initiale, inspira un bon coup puis se saisit des mains du rosé.

-Lors de ma première venue ici, j'ai vu un drap rouge parterre me regardant... Ensuite, il y avait cette salle de bain tachée de rouge... Du rouge partout... Le lavabo, le rasoir, tes accessoires pour t'occuper de ta peau... C'était quoi ça ?

-Ah euh... Bredouilla-t-il, voyant son cadet apeuré. Je ne suis pas fier de moi... Le drap, il m'a servi de compresse pour mon coude... Quelque chose m'a griffé. La salle de bain... Quel imbécile. Boire son sang ne sert à rien... Je m'étais gratté jusqu'à voir le liquide.

-Et lorsque tu m'as projeté à terre, c'était pour te contenir ? Répliqua Jimin d'une voix calme.

-J'avais vu ta plaquette. Mon instinct avait pris le contrôle de mon corps à ce moment-là... Cela faisait deux semaines que je n'avais pas bu de sang... ça me faisait horreur de me voir te faire du mal...

La pluie continua à s'écraser dehors, les boules de coton n'avaient pas l'intention de cesser de verser leurs larmes, de plus, le vent s'était levé, il menaçait de renverser quelques légères structures du sol. Le silence avait pris place dans le salon de nos colocataires, leurs regards se croisèrent. Dans un élan, le gris défit son bandage et baissa de peu sa tête de façon à ce que son aîné puisse être capable d'observer sa récente morsure.

Le plus jeune fit promener ses doigts sur l'endroit de l'estafilade, telle une sorte d'invitation pour le vampire aux cheveux roses.

L'air suffocant revint avec entrain au sein de la pièce où deux âmes mues par le sang s'étaient confiées sur leurs récents comportements.

-Jimin... À force, je vais être complètement addict à ton sang !

-Ça m'est égal, fais-le ! Il eut dans ses yeux une lueur presque sensuelle.

À peine que le gris eut prononcé ses paroles que le vampire aux cheveux roses se jeta sur lui. Celui-ci engendra un petit basculement vis-à-vis du plus jeune, de manière que sa tête puisse reposer sur l'accoudoir du canapé. Ses yeux vinrent au rouge, il baissa de peu le col de l'étudiant et planta ses crocs dans sa gorge, suivi d'une petite plainte de la part de la boule de poil.

-En espérant qu'un jour, je puisse te rendre la pareille...

La sensation de se faire aspirer ses globules rouges contrôla ses pensées, de peur de lui faire du mal, le rosé caressa l'une des mains libres de son cadet puis, voyant qu'il était rempli, se redressa et essuya sa bouche. Il se leva et alla chercher de quoi couvrir la morsure. En attendant, le gris se redressa lui aussi et mit une main sur son cou. Il pouvait très clairement distinguer deux trous sur sa nuque... dans l'instant suivant sa récente action, la scène de la salle de bain se déclencha dans son esprit, il se mit à frissonner légèrement et essaya de se calmer en respirant de manière sereine.

La raison de ce tableau macabre imbriqua dans son esprit le rosé se grattant de toutes ses forces pour obtenir le liquide de sa convoitise. Le dégoût se mélangeant à la peur, il serra fort ses paupières. La mine affectée donna un petit coup de massue au cœur de son propriétaire, battant à un rythme normal. Il essaya d'oublier puis, laissa son esprit vagabonder dans ses souvenirs.

Les doigts effleurant sa morsure au point de le blesser.

Cette lucarne hésitante portant une lueur étrangement familière.

Ses lèvres...

La rougeur revenant au galop, le souvenir inquiétant d'avoir consommé quelque chose d'illicite fit à sa conscience se rappeler du brin de voix de son camarade classe, lui demandant s'il ne voulait pas un café.

-Bien plus qu'un café, j'ai besoin de quelque chose que toi seul peut m'offrir...

Une réplique qui fit se tordre de rire les habitants d'outre-tombe.

Tout en se repositionnant sur leurs canapés de cendre, ils tournèrent la page pour continuer leur lecture. Alors que la Lune rouge œuvrait au loin pour donner de l'énergie aux insectes présents dans plusieurs coins de plantes, les nuages se préparaient à faire subir aux habitants leurs tristesses. Cette tristesse, bien que très profonde dans le cœur de certains nocturnes, elle n'était en revanche pas partagée par la reine des vampires. Soupirant comme à son habitude, la dame aux cheveux de sang était en train de préparer la salle de la future réception nocturne...

Enfin, il serait sage de dire qu'elle se forçait à la préparer.

La désagréable obligation de devoir rassembler les Déchus et les Nobles dans un seul même endroit l'irritait tant que cela l'agaçait. Il était très rare les soirées où tous les clans de ce monde se réunissaient simplement pour une nuit. Encore plus rare celles qui se terminaient sans encombre.

Une table lui donnant du fil à retordre dans la finition de ses dessous de plats, elle arrangea sa couronne et alla vérifier si les autres meubles joueraient le jeu pour la validation de leurs beaux vêtements.

Encore un coup répété sur la grande porte des Kim.

Livre apparu à la main, la vampiresse ne s'attarda pas à venir accueillir le Noble l'importunant. Elle plaça l'objet sur le siège sur lequel elle sera assise afin de le montrer au public. Un livre assez commun, mais qui pourrait intéresser les enfants de Chiens Supérieurs des Déchus pour poursuivre leurs études au sein du Royaume.

L'acheminement de roses établit de part et d'autre dans la pièce, les coupes de vin faussement belles placées sur les tables, les couvre-chaises soigneusement...

Encore un coup et Cho Min serait bien embêtée à ramasser les cendres de ce Noble pour l'exposer au monde entier.

Les couvre-chaises noires agrémentées d'épines soigneusement tirées vers le bas puis noués autour de ceux-ci prient de toutes leurs forces pour que cette soirée n'ait jamais lieu.

Voyant que tout paraissait être en ordre, la dame prit de la hauteur en s'élevant. La couleur, noir corbeau, rentrait en parfait contraste avec le blanc de ses chaussures. Elle qui voulait se débarrasser de toute once de couleur dans cette salle où seule des événements pouvaient la piétiner, un sourire satisfait s'encra sur son visage.

Elle regagna la terre, cheveux dansants tendrement sous la brise de son élévation.

Et son talon ne manqua pas de la faire chuter suite à ce bruit ayant froissé de nouveau ses tympans.

Furibonde, elle claqua si fort ses chaussures que le sol ne manqua pas par endroit de se fissurer. La veste en fausse fourrure maintenant à terre, les sourcils de la reine se fronçaient au fur et à mesure que son corps se rapprochait de son hall d'entrée.

La tension ne semblant pas redescendre, elle ouvrit d'un mouvement de bras habille une lourde porte en bois. Son regard croisa celui d'un homme, bizarrement plus âgé qu'elle. Tel un chien très content de retrouver sa maitresse, il se courba devant elle. Un long moment de silence fit à certaines plantes regarder un autre point. Puis, alors que Cho Min s'apprêtait à ouvrir la bouche, le vampire âgé la plaqua sans difficulté pas loin de la porte d'entrée. Sans la prévenir de quoi que ce soit, il tenta avec une gêne inexistante de la toucher de haut en bas. Tandis qu'il fit cela, Cho Min ne parut pas réagir. Puis, remarquant ce sentiment sur sa reine bien-aimée, il, non sans une audace à vous en couper la respiration, il lui prit la main de manière brutale et la tâcha de sa salive visqueuse.

Un coup bien porté vers la mâchoire le fit tomber à terre.

-En tant que femme, vous devez vous soumettre à ce genre de salutation !

-Bien sûr... Essayez de m'enterrer d'abord et ensuite, laissez le temps faire son travail.

-Mais qui vous a éduqué pour avoir autant de répartie ?! Répondez !

-Taisez-vous, Kang. Je n'ai aucun ordre à recevoir de vous.

Ledit Kang se rapprocha d'elle, attisant un peu plus sa colère.

-Votre accueil est l'un des pires que je n'ai jamais reçu. Elle sortit un mouchoir de sa poche. Bref, quelle est la raison de votre venue ?

-Voir comment votre boulot de femme avance.

Les bougies se mirent une par une à s'éteindre, les yeux de la reine furent le seul point lumineux de la pièce.

-"Mon boulot de femme" ? Attendez-vous à ce que cette femme vous fasse bien du mal durant cette soirée. Disparaissez !

Avec son claquement de doigt, la dame fit mettre dehors le baron Kang et fermer la porte. Elle prit son mal en patience à continuer de poser les choses dans sa salle, après avoir, bien sûr, essuyer toute trace de ce vieillard sur sa paume de main. Quelques minutes plus tard, Cho Min eut, en sentant que cela lui convenait, fini de préparer sa salle de réception nocturne. La réception allait se tenir dans la salle qui menait vers la grande pièce principale du château. Du coin de l'œil, elle vit son cadet en train de jouer avec des jouets, elle l'appela et lui demanda son avis sur l'aménagement de la salle. Tae Seong lui dit que c'était joli et rapporta à sa mère que son papa voulait la voir.

Le dépit prenant forme sur son visage, elle quémanda à son cadet d'aller se préparer pour recevoir sa future leçon.

Tout en marchant dans son long couloir, des souvenirs que la reine désirait à tout prix supprimer dansèrent dans sa tête. Beaucoup d'images, ayant en leur sein une silhouette malheureusement connue de la rousse, firent revivre à celle-ci une scène dont la fin avait des lourdes conséquences sur son présent actuel.

Son arrogance, ses paroles, sa gestuelle...

Elle qui fut soulagée de ne plus ressentir sa présence lui coller à la peau, son aura revenait à chaque fois que son mari la réclamait.

Qui, d'ailleurs, n'était pas tout blanc dans cette histoire.

Accélérant le pas, Cho Min fit à sa conscience entrevoir des images qu'elle peinait à oublier.

Si seulement la reine mère n'était pas portée disparue, alors peut-être que...

Non, je me dois d'avancer, pour mon peuple.

Parole qui se concrétisait tant que la maladie du Roi s'aggravait.

Même si les vampires possédaient un cœur qui pouvait souffrir comme les humains, ce jour-là, elle regrettait amèrement de l'avoir écouté.

Accorder la richesse à un Humain, quelle idée stupide !

Une stupidité qui avait eu de longues répercussions sur son couple ainsi que sur son aîné.

La raison était, bien qu'elle pouvait se défendre sans l'usage de ses pouvoirs, étrangement, l'avidité de cet Humain l'avait pour de bon enterré sous terre. Cette dispute, ce cri de douleur qui s'était arraché de sa gorge, ce vent puissant qui....

-Cho Min-ah... ma femme....

Dans un murmure, Tae Woo avait coupé la vague de cauchemar de sa femme. Elle qui l'eût regardé avec fatigue une fois le pied posé dans leur chambre, la dénommée s'avança, car le roi eût senti sa présence dans la pièce. Lentement, elle prit une chaise qui fut proche du lit et la plaça à côté du meuble où reposait son mari. Doucement, elle prit la main du blond et la posa sur sa joue, une mine terne décorant son visage creusé par les injures du comte.

-Tae Woo... je...

-Oui ? Que veux-tu me dire ?

-J'ai fini de préparer la salle... Souffla-t-elle.

Le roi, bien qu'il soit affaibli par cette maladie qui le rongeait de jours en jours, peina à se redresser sur son lit et à se mettre devant sa femme. Il lui prit le menton et déposa un baiser sur le front. La rousse ne lâcha pas sa main durant ce court instant, elle lui adressa un sourire qui se fana quelque temps après...

Le roi venait de tomber tel un rocher sur son lit.

La dame aux cheveux rouges ne laissa pas un son s'échapper de sa bouche, se leva et alla placer son mari sous ses draps en le dorlotant. Celui-ci se réveilla, adressa une œillade qui exprimait le pardon et sourit. La reine se pencha de façon à être capable de lui donner un câlin. Elle caressa le haut de la tête de son mari et, tout en se redressant, elle ajouta, dans un souffle aussi similaire que celui de sa dernière phrase.

-Notre fils aîné sera présent à la réception, pour pouvoir enfin le présenter comme le futur roi.

-Ah... Je vais pouvoir au moins admirer sa bouille avant de partir alors... Il sentit le regard triste de sa femme. Non, je plaisante... j'aurai encore le temps de faire de nouvelles choses avant ma dernière seconde...

-Tae Woo-ah, appela Cho Min d'une voix grave, tu sais très bien que je n'aime pas t'entendre plaisanter sur ça...

-Je sais. Mais... Le savoir me fait encore plus de peine.

-Comme quoi ?

-Écoute Cho Min, il approcha le visage de celle-ci, tu crois que je ne te vois pas souffrir face à tous ces Nobles qui veulent ton cœur ?

-Et c'est reparti...

-Cho Min, ça m'énerve toujours autant de rester là à ne rien faire ! Mets-toi un peu à ma place !

-Tae Woo, on n'y peut rien, d'accord ? Je fais de mon mieux pour gérer le royaume ! Tu devrais m'encourager plutôt !

-T'encourager ? "C'est bien, tu peux aller te reposer." ? Et puis quoi encore ?

-Si seulement ma tante était là, elle au moins, elle aurait un peu de pitié pour moi !

-Mère est très bien là où elle est, laisse-la en paix !

Une claque retentit dans la chambre royale. Tremblante, Cho Min se saisit du col de son mari et le menaça de retirer ce qu'il venait de dire. Sa dernière scène avec cette tante lui fit avoir les larmes aux yeux. La folie l'avait possédé à un tel point que, au lieu de tenter à rester lucide, la faute commise l'avait presque suppliée de la faire exister.

Il ne se passait pas un jour où le sourire de sa vieille tante ne hantait pas ses pensées.

Et, il n'y avait pas un seul jour où elle maudissait son fils aîné de ne pas se mettre à genoux pour prêter allégeance à la couronne.

-Il faut que je me débrouille seule pour aller le convaincre de poser ses fesses sur le trône !

-Un peu de retenue, je t'en prie ! De toute façon, tôt ou tard, il prendra ma place, ce n'est qu'une question de temps.

-Tu m'agaces à parler comme ça !

Cho Min, d'un pas décidé, partit en direction de sa cour et fit apparaître de sa pensée des barrières anti-nobles autour de sa demeure, en indiquant bien que seuls les nobles munis d'une invitation et qui sont amicalement proches d'elle pourront entrer dans le château. Une fois ceci effectué, elle devint maman et se dirigea vers son fils. Elle fut surprise de voir une jeune femme patiemment en train de jouer avec son cadet.

-Da Hye ? Ça va ?

-Oui ma tante, répondit la nommée avec un sourire. Vous voulez me dire quelque chose ?

-As-tu donné à manger à Tae Seong ?

-Non ma tante... je ne sais pas quoi lui préparer...

-Viens avec moi dans la cuisine alors, on va préparer quelque chose.

La jeune femme se leva et partit rejoindre sa tante dans les couloirs en direction de la cuisine. Dans un soupir, on pouvait entendre Cho Min prononcer, non sans un visage maquillé par du désespoir.

-Encore et toujours ma faute... Quand aurais-je une récompense ?

-Vous avez dit quelque chose ? Demanda Da Hye.

Jang Da Hye, le nom de la jeune femme que les parents désiraient terriblement marier, avait secrètement un lien de parenté avec la famille royale. On pouvait comprendre que sa mère, étant devenue vraiment copine avec la rousse, avait fini par faire partie de la famille Kim. Da Hye obéissait sans contrainte à la couronne, quand bien même, elle se sentait assez libre de contester les actions de sa souveraine. Son regard en amande et sa peau pâle lui faisait rappeler quotidiennement sa place parmi les Nobles.

Les Jang étaient les Nobles qui avaient le plus de respect pour leur amour-propre. Ils détestaient se faire appeler "les Chiens de la couronne" et évitaient le plus que possible les réceptions nocturnes. Da Hye, en revanche, se pressait presque de participer à ces réceptions juste pour revoir, ne serait-ce que pour un instant, son seul et unique ami d'enfance.

Les conflits étaient devenus si récurrents dans son château, une chambre dans celui des Kim lui était spécialement dédiée. L'inévitable divorce de ses parents lui avait éprouvé du mépris envers son géniteur qui, selon elle, ne devait pas quitter sa mère pour une 'vulgaire' humaine.

Elle n'avait rien contre les humains.

Durant son enfance assez paisible, elle avait plein d'amis vivant dans le monde de la lumière.

Seulement, un beau jour, un homme qui semblait être séparé de sa lumière l'eut rué de coups, sans raison valable.

Depuis, elle gardait toujours une distance avec ces êtres "éphémères et fragiles".

Sa meilleure amie fut tuée à cause d'une maladie incurable.

Ce monde, néanmoins, lui avait offert la possibilité de rencontrer cet ami que le destin s'efforçât de ne pas mettre ensemble.

Dans le bac à sable pour enfant, vêtue d'une simple robe bleue mais qui fut malencontreusement tachée par de la boue, elle vit le futur roi...

Orné d'un regard sombre.

Le soleil bien haut dans le ciel, les nuages ne souhaitant pas marquer leur présence, les habitants d'une ville continuèrent avec entrain leur journée.

Tandis que le parc accueillait docilement les enfants en son sein, tout à coup, son sourire se fana.

Un jeune garçon s'approcha lentement d'un bac à sable construit en son centre. D'un pivot de la tête, il fit, malgré lui, partir tous les occupants de ce terrain de jeu...

Sauf une.

Une petite fille possédant une petite coupe courte fut maintenant seule. Elle continua de taper sur son sceau pour pouvoir construire un beau château de sable. Quoique... après plusieurs tentatives, elle laissa finalement tomber puis releva la tête.

Elle vit un enfant près d'elle, portant avec lui un petit livre et une petite pelle.

-Tu... veux jouer avec moi ? Sortit difficilement le jeune.

-Bien sûr ! Viens à côté de moi et aide-moi à construire le plus beau des châteaux de sable !

Ils passèrent le reste de leur fin de journée à jouer et le petit garçon se fit agréablement accablé de questions de la part de la petite Da Hye.

Un moment que tous les deux espéraient sincèrement prolonger à l'avenir.

Quelques jours plus tard, dans le monde des vampires cette fois-ci, le petit garçon, assis sur une chaise, était en train de regarder avec ardeur une feuille de papier sur la table, crayon à la main.

-Je veux voir tes progrès... Tu as 10 minutes pour écrire tout ce que je t'ai appris la semaine dernière.

Il se dépêcha d'effectuer la requête de sa mère, en seulement 5 minutes, il eut fini.

-Oh... je vois que tu as bien assimilé le cours de maman.

-Oui, mère, je me dois d'assimiler vos cours, je ne peux me résoudre à faire autre chose que cela.

En effet, ce jeune garçon ne pouvait pas vraiment échapper à son destin et il ne pouvait pas se résoudre à penser à devenir quelqu'un dans son monde.

-N'oublie pas... en aucun cas tu te dois de mordre un humain ou même de penser à le faire... ok ?

-Oui.

-Bien, Taehyung, va saluer ton père, il vient de rentrer d'une mission.

Le petit Kim Taehyung avait l'obligation de devenir roi et pour cela, une éducation dure avec ses tuteurs avait pour but de lui apprendre tout ce qu'un Kim devait ne pas faire et particulièrement, tout ce qu'un Kim devait faire pour apporter et surtout maintenir la paix dans le monde des vampires, ravagé par la guerre il y a peu de temps.

-Taehyung-ah est sûrement dans le monde des humains à cette heure-ci non ?

-À mon plus grand regret...

-Un regret partagé ma tante... Mais je le comprends.

Au même moment où Da Hye eut fini de prononcer ses mots, une fine pluie commença à tomber sur le monde des vampires, faisant courir tous ceux qui n'avaient pas de quoi se protéger de la pluie.

C'est par un ciel caché sous les nuages que la population du pays du matin levant se mit à se diriger vers les lieux pour pouvoir faire ce qu'elle devait effectuer pour la journée. Les boules de cotons ne semblaient pas redevenir blanc. Plus les secondes avançaient, plus ils menaçaient de verser de nouveau leurs larmes.

Jimin n'avait pas très bien réussi à dormir. Le mélange de la scène de morsure à celle des sanitaires avait permis à Morphée de prendre quelques heures de congé en plus avant de le rejoindre. Dans son rêve, un jeune blond avait, à son insu, remplacé son Hyung aux cheveux roses dans l'appartement. D'une tentation sans pareille, celui-ci avait rapidement pris ses marques dans la pièce et l'avait fait étrangement remarquer sa bonne mine.

Une remarque qui s'était évidement transformé en une pique à travers les oreilles du gris.

Pris d'un élan, il avait ordonné au blondin de quitter son lieu de vie et de ne plus y remettre les pieds...

C'était sans compter le regard joueur du cendré qui l'avait fait brusquement rougir.

Ce rêve, encré à présent dans un coin de sa tête, l'avait finalement permis de se reposer pour 3 cycles de sommeil.

Il se leva à tâtons puis se dirigea dans la salle de bain.

Une fois dans celle-ci, un petit air de musique occupa son esprit. La discussion datant de quelques jours l'avait fait réfléchir sur son propre comportement. Sa manière de s'asseoir sur le rosé, ses expressions du visage, ses mots... Il se demandait bien ce qu'il se passait dans son esprit.

Pourquoi cette lueur ingénue s'était installée en lui alors que cela ne lui ressemblait pas du tout ?

Parfois, sa propre voix l'effrayait tellement il disait des choses absurdes.

Absurdité qui faisait fonctionner son esprit tordu.

Ses vêtements mis et ses chaussures à ses pieds, il s'empara d'une pomme et quitta l'immeuble.

Comme à son habitude, il se rendit dans le cimetière. Des herbes avaient poussé et un semblant de vie donnait à cette tombe une lumière dans ce lieu où reposaient les morts.

-Alors, je ne sais pas quoi dire... mise à part que tu me manques. Même si...

Il se tut, laissant l'atmosphère morbide s'emparer de lui. Envers ce père avec qui il n'avait rien partagé, qu'allait-il dire ? Un soupir traversa la barrière de ses lèvres. Tandis qu'il zieuta la tombe de celui-ci, un stylo orné d'un ruban noir se présenta à lui. L'air sombre, il effleura le pied de la boule de poil dont l'esprit semblait être happé par le lieu. C'est finalement une goutte de pluie qui le ramena sur terre, le pressant d'aller rejoindre la station de bus correspondant à l'endroit. Il fit s'envoler une preuve d'amour envers son géniteur puis, ramenant le bras vers ses cheveux, fonça à toute allure vers le car s'approchant au loin.

La pluie battait chaque recoin du bitume de la capitale coréenne. Bien qu'il appréciait le son de celle-ci, être forcé de prendre une douche à ciel ouvert le dérangeait fortement. De plus, son établissement scolaire fermait les portes d'entrée plus tôt les jours où l'eau s'était décidée à tomber. Et, pour une raison qu'il ignorait, la menace du vieux directeur punissant les étudiants pour être arrivés en retard avait l'air de lui donner des sueurs froides.

On va éviter de tomber malade.... D'abord mon rêve avec "l'autre" et puis...

La rougeur s'emparant de son visage, il ne laissa le temps à son corps de se poser puisque le véhicule vint immédiatement ouvrir ses portes devant lui. En titubant à peine, il passa sa carte devant le lecteur et tenta de trouver une barre libre pour s'y tenir.

Or, le trajet le menant à son école empêcha toute pensée intrusive de s'y installer. Et la visualisation des portes qui menaçaient de fermer n'arrangeait pas les choses pour sa conscience. D'un coup, Il se hâta à sortir du bus et à se précipiter vers son lieu d'étude.

Les flaques d'eau décorant de part et d'autre la place de l'université le saluèrent. Les petits ricochets saccadés accompagnèrent son pas de course qui ralentissait en apercevant, à son plus grand étonnement, quelques étudiants de sa classe discutant tranquillement avec leurs amis.

Une main au cœur pour récupérer son souffle, une autre pour prendre son téléphone et consulter sa boite d'email.

-Et bah alors, on arrive en retard ? Fit une voix ridiculement aiguë.

Le gris ne prit même pas la peine de lever la tête pour savoir qui lui adressait la parole sous un ton de voix inutile et stupide dans un lieu censé regorger des personnes avec un minimum de maturité. Il fit tomber de peu les gouttes de son manteau en laissant ses bras le long du corps et dirigea son regard vers le brun.

-Kook, sérieux, y'a un truc qui ne va pas chez toi.

Le nommé ne prit même pas en considération la remarque à son encontre. Comme si une mouche l'avait piqué, il bondit en apercevant une silhouette familière s'approcher de lui, les bras chargés de livres.

-Bah, Yoongi, c'est quoi tout ça ?

-Ah ça... Bah, j'ai des livres à rendre au CDI.

-Ah... Encore ton fameux rituel ? Nargua le gris.

-Ah oui... Poussez-vous de mon chemin, je veux passer.

C'est par un petit éclat de rire que la boule de poil se mit de côté pour répondre à la demande du noireau. Le brun, lui, se contenta juste de suivre son aîné. D'un air narquois, il bouscula de manière volontaire celui-ci. Le bousculé se retint de l'insulter, il prit ses pieds et se conduisit vers sa salle de cours, sans vraiment l'envie de revoir son professeur. La tonne de compliments qu'il eût fait sur sa personne en voulant participer au dernier cours l'avait fait finalement regretter ce geste.

Pendant que son corps l'amenait vers la salle de classe, il vit plusieurs groupes de filles discuter de tout et de rien. Certaines jabotèrent sur la dernière semaine qui venait de passer, mais d'autres semblaient parler avec un brin de voix particulièrement flatteur, sentant le parfum "coup de cœur" sur le nouvel arrivant de l'université datant de maintenant d'une semaine. Il supposait que l'une des filles qui possédait une couleur de cheveux bleue électrique avait des sentiments pour son voisin de table, il laissa s'échapper un petit soupir et passa la porte de la salle.

Son corps vacilla, paraissant chercher de l'aide.

Soudainement, les murs de sa salle de classe se ternirent. Comme si quelqu'un avait eu l'idée de lui faire respirer une insupportable odeur, il toussa si fort que ses poumons pourraient presque se perforer. L'atmosphère de la pièce avait changé, sa confortable aura d'étude avait cédé sa place à une autre plus menaçante, terrifiante...

Ne voulant pas rester là indéfiniment, il tenta d'avancer, petit pas par petit pas, vers sa place où le soleil avait fait son plus grand retour.

Or, ce qu'il vit dépassa la définition même de l'imagination.

D'une lucarne acérée, son camarade de classe lui faisait face, avec la plaquette que le gris ne lui avait toujours pas rendue. Un détail l'interpella, celle-ci était presque vide. Tandis que le médicament trouva refuge au sein de l'une de ses grandes mains, tel un animal, un peu de salive coulait au coin de sa bouche. Cependant, cette salive était plus proche du sang que de la simple eau visqueuse et puante de la cavité buccale.

L'image du cendré qui était toujours propre sur lui commença progressivement à s'effriter.

Cela tombait comme des ricochets, formant des cercles tout autour de la table. L'objet en question n'avait nullement envie de se faire décorer par quelque chose d'impur.

Et l'impureté du cœur de Jimin le força à s'approcher encore plus de son voisin de table, sortant une autre plaquette métallique.

La tentation de revivre la scène de la ruelle le démangeait tant l'affolait, il ne souhaitait pas que ses camarades émettaient des suppositions sur une quelconque relation entre lui et le blond.

Toutefois, à la pensée de cette séquence, son cœur se mit de nouveau à battre de plus en plus fort.

Cherchant le courage nécessaire de s'installer à sa place, il continua sa quête en ne prenant pas en compte le regard du jeune homme qui ne ratait pas une seconde de ses faits et gestes.

Et, tel un déclic, il s'approcha lui aussi de son partenaire de table et lui saisit le visage, tel un avertissement.

Décontenancé par ce geste, Jimin reprit ses esprits, et se saisit de la main de Taehyung, la lucarne toujours braquée dans la sienne.

-Je peux savoir ce que tu fais ?

À cette intonation, le blond reprit lui aussi ses esprits, la bouche formant un "o" et les mirettes écarquillées.

-Tu ne répliques pas ? Enfin bon... Au fait, Kim, tu ferais mieux d'essuyer tes trucs et de ranger ta plaquette maintenant. Fit Jimin en lui tenant un mouchoir.

-Je ne sais pas quoi dire... Merci ?

Il prit le tissu et se nettoya comme il pouvait. Aussitôt que le blond eut posé son fessier sur sa chaise que le reste de la classe fit son apparition, sous les gros yeux ronds de son partenaire de table. Le professeur Kwon, sous un air plutôt agréable malgré le ciel gris, alluma son vidéoprojecteur et demanda aux élèves de leur raconter leur week-end.

-Bien bande de larves, ce matin, on va continuer à travailler sur le passif puis, comme tous les mardis, il y aura un commentaire de traduction noté en binôme et je vous l'ai dit, je serais plus sévère sur vos notes.

Sourire au coin, il fit défiler une à une les diapositives pour réexpliquer en quoi consistait la voix passive, et surtout, il se concentrait sur la partie "Différences entre la voix active et passive".

En corrigeant les copies, il eut aperçu que beaucoup de ses élèves utilisaient plus la voix active que la voix passive.

Parfois, pour que la phrase soit plus naturelle et plus compréhensive, il fallait mieux utiliser la voix passive qu'active.

Une fois la partie explicative achevée, il s'empressa de donner aux étudiants une feuille avec plusieurs phrases à mettre à la bonne voie, suivie d'un petit commentaire sur une citation à faire en 200 mots. En scrutant la feuille pour savoir si le professeur avait mis les mêmes phrases à traiter, il vérifia un par un les mots qui remplissaient la feuille. L'année dernière, M. Kwon avait oublié de changer les phrases de son exercice et les avait casées sur celles de son cours, du coup, les élèves n'avaient plus qu'à se souvenir de ses mots et de sa diapo juste pour les recopier sans prise de tête. Le gris poussa un petit soupir et chercha dans sa trousse de quoi écrire. Entre-temps, le professeur eut rapporté qu'ils pouvaient faire le travail à deux, mais, à cause de l'étrange tableau de tout à l'heure, la boule de poil se ravisa à déranger son voisin de table pour pouvoir travailler avec lui.

-Bien, Jeong Hwa, peux-tu me dire quelle est la forme passive de cette phrase s'il te plaît ?

-Euh... They were not given enough food. Tenta la jeune femme.

Le professeur acquiesça et dit à la jeune brune de s'asseoir. Cela faisait un peu moins de 15 minutes que l'homme leur avait lancé son top départ de la réalisation de l'exercice. Une fois qu'il avait vu plusieurs de ses étudiants, les yeux rivés sur autre chose que sur leur feuille, il eut lancé la correction.

Après 1 h 45 de réflexion sur le commentaire de la citation qu'il devait, à leur plus grand regret, rendre, la cloche sonna. C'est avec un mal de tête peu intense que la boule de poil se leva de sa chaise, il prit son téléphone et sa paire d'écouteurs. D'un pas qui appelait à la détente, il se dirigea tout d'abord vers l'endroit intime pour homme, avec l'intention de boire un peu en attendant l'heure de la cafétéria.

Seulement, son corps avait l'air d'avoir de finir sa journée sur un lit d'hôpital. Alors qu'il était à mi-chemin de sa destination, d'un seul coup, son bras lui provoqua une douleur vive et peu agréable. La sensation de ne pas adopter le rythme de marche auto-imposé traversait son être. Écouteurs dans les oreilles, sa musique stridente avait cédé sa place à une autre plus douce mais tout aussi sérieuse que la précédente. Ce changement de son si soudain ne permit cependant pas à la douleur de son bras s'éclipser. Pire, elle s'attaquait maintenant à son ventre pris de spasmes incontrôlable.

L'agresseur ne chercha même pas à diagnostiquer sa pauvre victime. Un soupir s'échappa de ses lèvres lorsqu'il sentit son épaule ne faire assaillir de puissants coups.

-Mais tu te prends pour qui !? Lâche-moi ! Je peux aller aux toilettes en paix ?

-Silence.

À l'écoute de ce mot, le gris n'opposa aucune plainte de sa part.

Il se laissa gentiment conduire vers, étrangement...

Sa destination.

Tout en ne faisant rien, il guetta le moindre fait et geste de son camarade de classe. Il devina sans vraiment deviner qu'il pourrait faire. Et puis, puisqu'il était arrivé dans le lieu intime, il leva la pompe du robinet et se pencha pour pouvoir boire ne serait-ce qu'une goutte d'eau.

Mais la journée n'avait pas indiqué sur son emploi du temps qu'il devait satisfaire son envie de boire de l'eau. D'une force inhabituelle, le blond l'eut pris par le ventre en l'encerclant de ses bras pour le faire se mettre droit, puis, en le tirant sur le même bras, il le plaqua contre le mur.

D'une mirette apeurée, il demanda au cendré d'arrêter son numéro et de le laisser filer à ses occupations.

D'un pas, certes lent mais qui cette fois-ci par rapport au gris, qui appelait à la tentation, le décoloré s'approcha de son camarade de classe. Il l'observa sans pousser aucun soupir.

Une minute, il décolla son bras de son corps pour le faire se diriger vers le gris.

Une autre minute, il s'avança vers lui tout en dirigeant sa main vers le visage de son interlocuteur.

Une autre pour le caresser doucement et pour se mettre complètement face à lui.

Leurs bouts du nez se touchaient presque tellement ils étaient collés.

L'aiguille des minutes eut le temps de faire un autre tour. Le blond eut maintenant placé sa main vers le cou de son camarade de classe, il avait un bandage, les morsures de son colocataire n'étaient pas encore guéries.

Pourtant, d'un simple toucher, il défit les bandes de premiers secours.

Lentement, après avoir observé son voisin de table, il se baissa vers le cou de celui-ci.

D'une lenteur qui appelait au désir, il rapprocha sa tête vers la nuque de Jimin.

Et...

La porte se mit à s'ouvrir brutalement, arrêtant l'étrange scène qui venait de se dérouler.

-Je peux savoir ce que vous faites ? Questionna Jungkook, l'air légèrement choqué.

Un silence peu agréable à entendre prit possession de ce lieu intime. Les cerveaux de nos deux jeunes hommes, sentant le regard interrogatif de leur cadet, se dépêchèrent de fournir une réponse, sans succès. La paralysie du gris empêchait sa conscience tout mouvement ayant pour but de donner une explication sèche et peu respectueuse suivant le ton que celui-ci pourrait employer. Seules ses paupières arrivèrent à bouger. Seulement, à l'instant que ses yeux eurent repéré le visage du brun, qu'il aperçut le blond, qui était toujours en face de lui, toucher son visage.

Avec la main qui avait pu mystérieusement défaire le bandage sans aucun problème.

Le toucher du blond fut bizarrement doux... mais un frisson lui parcourut la colonne vertébrale, comme si la neige l'avait recouvert.

Le cendré essaya de rencontrer son camarade de classe du coin de l'œil. En percevant son immobilité, il lui lâcha une œillade semblable à celle qu'il lui avait donnée avant que celui-ci se rapprocha du cou de la boule de poil. Ni une, ni deux, il fit dos à son voisin de table. Il se mit subitement à sortir de la pièce en bousculant de manière involontaire Jungkook, celui-ci lui rapporta avant qu'il ne parte loin de son champ de vision qu'il devait se voir à la cafétéria pour manger ensemble. Sans prendre en compte l'état de santé de sa récente connaissance, il partit des toilettes, avec un air complètement blasé.

Air blasé que le gris voudrait bien avoir. Voulant simplement occuper les lieux pendant une minute ou deux, il y fut contraint de l'occuper sur toute la durée de sa pause du matin et en aucun cas, il ne voulait pas que Kim le surprit seul dans ce lieu intime en train de subir ce qui devait être, au final, qu'un affreux mal de tête. Il eut envie de lâcher un soupir mais en plus d'en être incapable vu que son cœur battait à tout rompre, la cloche se mit à sonner brutalement.

D'une mine un peu anxieuse, il se décida de retourner en cours et d'oublier le plus vite que possible cette scène.

Comme il s'en doutait, il fut le dernier à arriver en classe, le professeur lui dit d'un air froid qu'il pouvait regagner sa place, mais celui-ci le fit sans vraiment avoir entendu la remarque de l'enseignant. L'homme ordonna donc à ses élèves de sortir des copies de leur sac, des dictionnaires et de quoi écrire, car oui, certaines personnes pensaient venir en touriste dans cette université. Il leur annonça qu'il fut l'heure de faire le commentaire de traduction en binôme, et que, comme prévu, ce travail sera ramassé et noté. Il leur fit savoir que, au verso de la feuille récemment distribuée par sa personne, qu'il eut le fameux texte à commenter.

L'heure numérique au tableau, il lança son top départ et fit savoir aux étudiants qu'ils devaient le lui rendre à la fin de l'heure.

Tous les élèves se tournèrent vers leurs camarades de classe respectifs et commencèrent à discuter.

Tous, sauf un.

Assit sur sa chaise, le gris resta sans expression, son esprit n'avait pas absorbé les consignes de son professeur. Ses yeux prirent du temps à balayer la pièce pour savoir ce qu'il devait faire et, en voyant l'enseignant se rapprocher dangereusement de lui, il sortit de quoi effectuer l'exercice et plongea son nez dans son texte. Il, en lisant le texte calmement, essaya d'oublier la scène qu'il qualifiait de 'bizarre'.

En effet, il était très peu commun de vouloir plaquer une parfaite connaissance inconnue seulement pour la toucher. Une fois le dernier paragraphe achevé, il tourna la tête vers son camarade de table. Les yeux rivés sur son polycopié, il tenta de fournir quelques hypothèses en les jetant sur celui-ci. Ne désirant pas être celui qui ne travaillait pas, sur une feuille de brouillon, il ébaucha une sorte de plan rien que pour rédiger son introduction.

D'ailleurs, il faudrait que je devienne un expert en la matière.

-C'est bon Park, j'ai fini de lire. On commence ?

La voix du cendré le fit inconsciemment vaciller, sans le regarder, il fit un signe de tête.

Ainsi, ils commencèrent leur conversation sur le futur plan du commentaire de texte.

-Et donc, je pense que, plutôt que d'utiliser cette structure grammaticale-là, le traducteur aurait pu en utiliser une autre pour que son texte sonne plus naturel, tu ne penses pas ?

Après avoir relu le texte en son entier une bonne dizaine de fois, le blond sortit cette phrase.

Pourtant, il s'attendait à ce que son camarade de classe lui réponde par une pique ou une phrase dans le genre mais la pensée de celui-ci n'était pas du tout dans l'atmosphère entraînante et joyeuse du texte. C'était dans une tout autre ambiance dans laquelle le gris vivait. Il eut fait l'erreur de plonger son regard dans celui de son voisin de table et, malgré lui, la scène s'était automatiquement déclenchée. De peur de ressentir de nouveau les mêmes frissons, il peina à sortir une réponse claire et construite, sans succès. Alors, voyant que la boule de poil ne répondait pas, il tenta de bouger sa main devant ses deux globes lui permettant de voir.

Depuis tout ce temps, le décoloré avait son regard fixé sur un point inconnu de la salle de classe.

Une, deux, trois tentatives qui ne menaient à rien, à ce moment-là, sentant que celui-ci n'allait pas revenir de suite sur ses mots énoncés il y a maintenant 5 minutes, il lui toucha le bras.

Geste qui fit se lever brutalement Jimin, le visage couvert de rougeur.

-Ne me touche pas ! Cria-t-il presque.

Quelques-uns de ses camarades de classe se retournèrent vers lui. Certains se demandèrent le pourquoi du comment de son cri et d'autres en profitèrent soit pour parler d'autres choses que le texte ou bien de pousser des cris de fausses surprises. Le professeur, après avoir enlevé ses écouteurs et en ayant vu l'attitude de ses élèves changer, cria lui aussi pour remettre un peu d'ordre dans la salle et ordonna quelques instants après à Jimin de s'asseoir et de se calmer.

Celui-ci effectua la requête de son prof et se remit aussitôt à travailler, en réaffirmant à Taehyung :

-N'oublie pas... on vient à peine de se connaître... Lui rappela le gris en respirant difficilement.

À peine qu'il eut sorti cette phrase que la cloche se mit à sonner. L'enseignant dit à ses élèves qu'il leur donnerait du temps sur le prochain cours pour finir l'exercice. Sans attendre l'ordre de M. Kwon pour sortir, la boule de poil se leva précipitamment de sa chaise et quitta la salle. Un peu surpris, l'homme jeta un regard à son camarade de classe en ayant comme message que si l'étudiant allait bien, celui-ci haussa les épaules d'un air, pas inquiet mais un peu indifférent face à l'état de son voisin de table.

En fait, un sentiment peu commun l'eut envahi à son simple contact avec le gris.

Le concerné ne prit pas le temps de relever la tête pour savoir si, par mégarde, il avait involontairement bousculé des gens. Il n'était pas en train de courir mais son corps voulait le faire s'éloigner de son camarade de classe pour pouvoir espérer à être capable de tenir jusqu'à la fin des cours.

Encore une fois, celui-ci désirerait plutôt de s'étendre sur le sol et de rester immobile jusqu'à la fin de la journée.

Il poussa en grand les portes de sa destination, sortit sans vraiment y penser sa carte d'étudiante et la fit scanner pour que celle-ci l'autorise à manger dans la cafétéria.

La dernière fois, il avait heureusement un peu d'argent sur lui pour avoir la possibilité de manger dans le self.

Manger sans payer était interdit dans la cafétéria de l'université Han.

À son plus grand regret, il ne vit aucune connaissance à l'intérieur du restaurant pour étudiant. Il posa timidement son plateau et tira la chaise vers lui de façon à être capable de s'asseoir et de se restaurer. Or, bien qu'aujourd'hui c'était poulet frit suivi de quelques variétés de kimchi et d'un peu de riz, le gris n'eut pas réellement le cœur à manger. De plus, à peine assit sur cette chaise en plastique qu'il sentit de ses doigts que le bandage avait disparu.

Avec un peu de crainte, car le nombre de personnes potentiellement capable de penser que peut-être, d'un geste désespéré, qu'il s'était troué le cou avec un objet perçant, tenta au mieux de cacher sa morsure non guérie en remontant le col de sa chemise suivi de sa veste.

Une fois ceci fait, il prit sa fourchette et essaya de manger, ce n'est qu'en relevant la tête qu'il aperçut l'un de ses amis de longues dates.

-Coucou Chim, ça va ? Demanda Yoongi.

-Ah euh... oui oui ça va. Lança le plus jeune.

-Hum, toi, tu n'as pas l'air vraiment dans ton assiette... tu n'étais pas comme ça ce matin.

Le décoloré saisit l'un de ses morceaux de poulet frit de manière lente, il semblait ne pas avoir complètement entendu la dernière phrase émise par son aîné. Le plus vieux prit le pichet et partit le remplir, il revint et s'assit à côté de la boule de poil. Sentant qu'un truc ne tournait pas rond dans la tête de celui-ci, il lui fit lâcher de force le morceau de viande et exigea son regard. Lorsque le gris faisait cette tête, il était évident pour Yoongi qu'il avait un problème, aussi petit qu'il soit.

-Jimin, sérieusement, ça va ?

-Oh et puis zut hein, je t'ai dit que ça allait, laisse-moi tranquille tu veux ? Sortit-il en reprenant sa nourriture.

-Je n'ai pas fini...

-En fait si Yoon, il s'est passé un truc dans les toilettes.

Un Jungkook sauvage apparut en tenant de manière exagérée le bras du blond. Sans avoir pris le temps de s'annoncer envers son aîné, il eut balancé cette phrase sans prendre en compte la réaction du décoloré, comme figé dans le temps. Le noiraud semblait un peu surpris lui aussi, alors, il tenta de faire extraire des informations de la part du brun, sans succès.

Celui-ci voulait qu'il lui parle de la même façon lors de sa dernière déclaration incongrue à la bibliothèque Han.

La manière dont le plus jeune des 4 jeunes hommes eut curieusement balancé en arrière l'étudiant en dernière année de LEA paraissait être un très long film en ce qui concernait celui-ci.

L'anormal sensation de le frapper pour qu'il revienne à ses esprits l'avait traversé la tête et inversement, la dangereuse envie d'aller plus loin avait chatouillé Jungkook.

Et puis, une fois que le noiraud eut disparu du champ de vision du brun, celui-ci partit se poser sur l'un des poufs de la bibliothèque. Or, un cendré non méconnu de sa liste de connaissance eût fait son apparition.

C'était tel un attardé qu'il eût couru vers lui pour lui tenir le bras, mais Taehyung l'avait repoussé en disant :

"-On vient à peine de se connaître Kook alors, pas de ça avec moi compris ?"

Les deux eurent ensuite parlé de tout et de rien avant, malgré eux, avoir entendu le cri strident d'un danpire. Ils s'étaient remémorés la scène de leur première rencontre, comme si celle-ci datait de 10 ans ou plus, alors que cela faisait maintenant un peu moins d'une semaine qu'ils se connaissaient. Même si le courant semblait bien passé entre eux, le brun avait l'air d'être plus nostalgique sur le sujet qu'autre chose, et on peut dire que leur dernière soirée fut presque rythmée par des souffles coupés et de manettes plutôt qu'une bonne soirée traditionnelle pour apprendre à se connaître, outre le fait qu'ils allaient sans doute se croiser dans l'enceinte de l'établissement.

En parlant de leur première entrevue, une fois après avoir échangé leur numéro de téléphone, le blond n'avait pas posé un lapin à son cadet. Disons qu'il ne voulait pas avoir à subir les remarques inutiles de celui-ci en ce qui pourrait potentiellement causer l'une des raisons ultimes de sa non-venue.

Ils s'étaient dit leur âge, de là où ils venaient et leurs futurs métiers devant une bonne pizza dans un quartier animé de la ville.

Pour revenir dans la bibliothèque Han, une fois que le jaune eut repoussé le brun, les deux partirent se poser dans un coin du bâtiment. Même si, normalement, dans une bibliothèque, on venait pour lire et pour s'informer, le plus jeune voulait surtout parler avec lui, comme s'il croyait que cela allait être la dernière fois qu'il le verrait. D'un air un peu enjôleur, il tenta de prendre le bras de son aîné.

Voyant que cette fois-ci, il ne l'eut pas mis de côté, il prit la parole :

-Dis, tu es libre cet après-midi ou pas ?

-Ouais, pourquoi ? Sortit le blond sans réfléchir.

-Bah, j'ai rien à faire là, tu pourrais peut-être me tenir compagnie non ?

-Te tenir compagnie ? Bah voyons... Au fait, tu voudrais bien me lâcher le bras ?

Je soupirai et le lâchai. Ce n'était pas ma faute, comment pouvait-on résister de réquisitionner un bras aussi doux que celui de Tae ? Il était bien plus occupé à lire son bouquin que de s'intéresser à moi. Je n'étais pas un objet si facile à prendre, vous savez ? Je ne donnais de mon temps que si je savais que j'allais finir avec vous. Mes critères augmentaient au fur et à mesure de mes conquêtes amoureuses.

Oui, j'allais prouver à mes très chers parents que je respectais toujours la précieuse éducation qu'ils m'avaient transmise.

Enfin... Il en avait fini avec son bouquin. Je devinais rapidement qu'il allait le prendre pour l'emprunter après. Se dirigeant vers la bibliothécaire, je lui saisis de nouveau le bras puis marchai à sa vitesse. La cadence était très vile, comme s'il avait l'habitude de défiler sur les nombreux tapis rouge de la planète.

Une démarche de prince, si j'ose dire.

Cette pensée me fit glousser. Toisant les regards envieux des pimbêches voulant accaparer mon Taehyung, je lui suggérais de se dépêcher et, plutôt que d'emprunter le livre, de le réserver pour qu'il puisse le récupérer plus tard à la bibliothèque se trouvant dans notre bâtiment de langue.

-Tu es sûr qu'on peut vraiment faire ça ?

-Tu ne me fais pas confiance ? Lançai-je d'un regard noir.

La dame scanna sa carte et son livre. Elle ne demanda pas à Tae s'il voulait un emprunt ou une réservation, car celle-ci avait tout entendu et comprit notre conservation. Écrivant sur un papier, elle précisa qu'il avait jusqu'à une semaine pour le récupérer, sinon, il perdrait sa réservation. Tout en me pointant, elle nous informa que je pouvais le prendre à sa place les 48h avant la date limite

Une aubaine pour moi de le revoir en dehors des cours.

Le voir autant plonger dans son bouquin m'avait finalement donné envie de lire. Sans le prévenir, je tournai son corps vers la direction opposée et le dirigeai vers le coin où nous étions. Heureusement pour moi, le livre que je "lisais" était encore sur l'étagère. Sentant son regard de jugement, je répondis simplement que je n'avais pas tout à fait compris le livre et que cela me frustrait si je rentrais chez moi sans le comprendre.

Hochant de la tête, il sortit son portable et défila les derniers posts Instagram.

Il faudrait que je lui demande son Insta.

M'enfin bon, bref...

Le vieux livre sur un amour à sens unique ne me tendit pas les bras. J'avais voulu faire le fier, j'étais tombé sur un anglais ancien plutôt compliqué à déchiffrer. Je savais juste que le personnage principal, Kate, était en train de se faire maltraiter par son père publiquement. Pour ne pas arranger les choses, sa meilleure amie avait envoyé d'autres hommes pour "aider" le père à lui donner le plus de blessures possible.

La vie est vraiment cruelle parfois...

J'aimerais tant pouvoir revivre la scène de tout à l'heure, tellement jouissive !

J'aimais Yoongi, plus que tout au monde. Le voir me résister et jouer avec mes nerfs comblaient mes journées. Je désirais, enfin... Comment dire... Parfois, je voudrais qu'il me le fasse aussi. Qu'il jouait avec moi afin de me prouver son affection.

Le premier d'entre vous qui me traite de cinglé, je lui referais son portrait volontiers.

Outre sa menace, il fallait dire qu'il y avait un semblant de vérité dans la déclaration amorale de Jungkook.

Posons le fait qu'il voyait en son aîné au cheveux noirs une sorte d'amitié qu'il confondait avec de l'amour.

Ce n'était pas une amitié malsaine...

Mais pas non plus un amour obsessionnel.

Disons simplement que dans son esprit, amitié et amour signifiait la même chose.

En relevant la tête de son livre, il remarqua que le cendré avait toujours le regard braqué sur son écran de téléphone portable. Un peu agacé, il se mit debout et arracha l'objet de ses mains, une mine irrité apparut sur son faciès. Le brun gloussa de peu avant d'entendre malgré lui un cri provenant de l'extérieur. Il se cambra avant de prendre de nouveau le bras de son ami en lui disant qu'il eut entendu un bruit des plus étranges. Sans prendre au pied de la lettre les mots de son cadet, il se leva à son tour et se dirigea vers la fenêtre. Il eut décelé en regardant un peu partout sur la vue qui s'offrait à lui, des gouttes de sang ici et là sur le trottoir de la rue d'en face. Oui, la bibliothèque Han ne possédait pas d'étage. Ses yeux firent un peu le tour avant de les décoller de la fenêtre et, encore une fois, le même cri strident eut refait surface.

-On ferait mieux de vite se rendre au réfectoire... lança le blond.

Ils se dirigèrent vers la cafétéria, tout en pensant que ce cri ne provenait pas d'un meurtre.

Tous les deux, une fois arrivés sur le lieu de leur destination, prirent place. Le blond demanda au plus jeune ce qu'il voulait manger, il lui répondit de prendre la même chose que lui et de lui servir un peu d'eau.

-Ah... Je me demande bien ce que Yoongi-Hyung n'aurait pas aimé dans ma splendide déclaration... Pensa Jungkook intérieurement.

Mon corps dominant le sien, les regards jalousant notre relation...

J'aurais dû en faire plus. Lui donner envie de me crier dessus comme un vulgaire animal. J'aimais tellement son brin de voix, que, avant de m'endormir, je l'imaginais me susurrer des mots dont moi seul pouvait comprendre leur signification. Il fallait vraiment être à ma place pour percevoir les sentiments qui je donnais à l'égard de Yoongi. Je pense que, honnêtement, si j'étais doté d'un boost de confiance aussi puissant que n'importe qui, je l'aurais déshabillé sans problème.

Non seulement avec mes lèvres plaquées contre les siennes, mais aussi avec...

L'odeur des tteokbokki le fit sortir de sa pensée. Celui qui fut parti chercher la nourriture prit place sur le banc de la table de la cafétéria. Ils se munirent de leurs baguettes et commencèrent à manger, sous le regard admiratif du cadet.

L'action des baguettes se décollant sans contrainte à l'aide de ses grandes mains. Sa positon qu'il avait d'elles, comme s'il ne s'était jamais servi d'une fourchette. Le tteok ne désirait qu'une seule chose...

Être dévoré par lui.

J'avais bien du mal à saisir quoi que ce soit de mes baguettes. Le bruit de la foule commandant leurs plats m'agaçait terriblement. Ces voix mielleuses déguisées sous leur masques d'outre-tombe me faisaient doucement rire. Un rire que je n'oubliais pas de dévoiler sous les yeux médusés de Tae, ancrant sans difficulté son regard dans le mien.

-Jungkook ? Appela le blond.

-Oui... ?

-Mange ton tteok avant qu'il ne refroidisse.

Il mit dans sa bouche la première bouchée de son plat maintenant devenue froide. Une tête dégoûtée apparut sur son faciès. D'une manière étonnamment déterminée, il prit de ses baguettes l'une des galettes de riz qui composaient ce plat, l'inséra dans la bouche et but à l'aide de sa cuillère un peu de sauce. Sauce qui fut piquante à cause des galettes mais qui annulait l'ancien goût de cette galette précédente devenue froide en raison de la négligence de son mangeur.

-Et du coup, tu étudies quoi à la fac ?

-J'sais pas, pour le moment je suis une LEA option littérature mais bon, je pense ne pas tarder à toquer à la porte de l'administratif pour une réorientation.

-Pourtant c'est sympa la littérature. On est qu'en début d'année, concentre-toi un peu plus et ensuite tu verras.

-Si c'est toi qui le dis mon cher Tae, je ferais des efforts !

Un grand sourire dessiné sur son faciès, le brun se saisit d'un autre tteok et l'aspira. Concernant les études, Jungkook n'était pas un étudiant qui adorait avoir la tête dans les livres. Ses parents qui vivaient dans un coin qui lui était inconnu lui avait ordonné de les poursuivre, sans quoi ce serait la risée de toute la famille Jeon. Bien qu'il ne fut cependant pas dans la case des étudiants aimant faire la fête, ses seules préoccupations étaient de dresser une liste de ce qui pourrait faire marcher Yoongi dans son jeu, afin qu'il n'était pas le seul à ressentir quelque chose

Une chose qui aurait la forme d'un amour déréglé ruisselant de terreur.

Le temps passa et nos deux jeunes étudiants se mirent debout pour aller poser leurs bols sur le tapis roulant qui menait à la vaisselle de la cafétéria.

D'un pas décidé, ils quittèrent la bibliothèque Han et après avoir réfléchi sur le fait que si oui ou si non, ils allaient prendre le bus, ils décidèrent que non et commencèrent donc à marcher.

Le soleil était décidément bien haut pour un deuxième week-end de septembre, les nuages, bien qu'ils furent présents dans le ciel depuis maintenant un petit moment, ne semblaient pas vouloir déverser leurs gouttes. Les deux élèves de l'université Han marchèrent, sans vraiment s'adresser la parole. Ce fut le cendré qui prit les devants. En vérité, le brun ne savait pas où sa connaissance proche désirerait l'emmener, pour ne pas à vouloir prendre le bus. Il ne posa pas de question et se contenta de suivre son aîné.

Il était en train de s'approcher de moi...

Non loin de la destination de nos jeunes hommes, une personne étrangement défigurée les espionnait derrière un abribus. Il passait de cachette en cachette, d'abribus en abribus, se faufilant parfois derrière des personnes pour ne pas se faire voir.

Il faut que je me débrouille pour ne pas attirer l'attention.

Cet être connaissait peut-être les deux connaissances, mais, bizarrement, il parut reconnaître seulement la personne qui marchait en première ligne. Dans sa mémoire, il n'y avait aucune trace du brun. Alors, sentant que ce fût le bon moment, il poussa de manière violente la personne qui lui servit de cachette et fonça tout droit en direction du blond, en ressentant une aura malsaine derrière lui, le plus jeune cria au plus vieux qu'il y avait une personne affreusement terrifiante qui se dirigea vers lui.

Je ne pris pas le temps de réfléchir et fit s'envoler le danpire à l'aide d'une énorme bourrasque. Son cri épouvantable s'empara progressivement de moi. Tel un éclat, les nuages exprimèrent leur mécontentement en grondant de façon à éloigner les quelques curieux qui désiraient s'approcher. Sans crier gare, je repris ma domination de la marche et continuai dans l'avancée de mon itinéraire.

-Taehyung.

Je l'avais oublié celui-là.

L'autre personne était encore assez sous le choc.

Il peina à mettre un pied devant l'autre.

Ce qu'il venait de voir aurait définitivement sa place dans une série télévisée. Le danpire qui s'était préparé pour saisir la tête de son Hyung avait fait provoquer en lui un dégoût si immense, que le monstre ne s'était pas gêné de lui sourire. S'il savait que celui-ci était derrière eux depuis un long moment maintenant, alors peut-être qu'il ne serait pas témoin de ça.

C'est pourquoi, son brin de voix assez enjôleur avait cédé sa place à un ton plus grave. Ne prenant pas la peine de rattraper son aîné, il remarqua cependant que le blond semblait attendre que le feu de signalisation soit au rouge pour les voitures pour qu'il puisse passer. Il se mit donc à courir. Sans s'en rendre compte, il traversa à la même allure, après avoir observé que le feu était devenu rouge, pour éviter l'accident.

Mais pour qui il se prenait celui-là ? Je n'allais quand même pas le laisser filer sans rien me dire !

Assez ! À grandes enjambées, je réussis à être à sa hauteur une bonne fois pour toutes. Avant qu'il ne répliqua quoi que ce soit, je me saisis de son bras gauche, de façon à ce qu'il était capable de regarder derrière lui. Ce n'était pas dans ces conditions-là que j'avais imaginé mon premier rendez-vous avec Tae ! C'était quoi ça ? Même avec Yoongi, j'avais fait mieux !

Il était maintenant temps de passer à la vitesse supérieure.

Et dans mon cas, il fallait que je lui demandais une énième fois de me lâcher.

Je ne comprenais pas son attitude. Le danpire y était peut-être pour quelque chose. La raison ne m'était pas inconnue et j'espérais fortement ne pas y croire. Je m'interrogeais vraiment sur comment on pouvait traîner avec Jungkook...

Mais, bizarrement, aucune pensée n'était suffisamment forte pour l'abandonner dans la rue.

Cette fréquence si avenante de sa part, ses mimiques à ne pas vouloir se défaire de ma présence...

Sa voix appelant mon prénom encore et toujours...

Une vile impression de déjà-vu.

-Taehyung, tu peux m'expliquer 'ça' ?

-C'est une chose que je ne pourrais pas t'éclairer, désolé. Répondit le blond d'une voix qui se voulait grave et sérieuse.

-C'était une caméra cachée ? T'es célèbre ?!

-Encore une fois, arrête avec tes réponses stupides, tu veux ? Maintenant, si tu pouvais me lâcher le bras...

-Non ! S'écria le plus jeune Je ne le ferais pas...

-Pourquoi ?

-J'ai faim, emmène-moi manger quelque part.

Le cendré lâcha un soupir, il fit un signe de la main à Jungkook pour qu'il comprenne qu'il devait le suivre. À peine qu'il fut sorti de cette ruelle sentant les poubelles qu'il s'aperçut qu'il était devant un café. Une grimace se dessina sur ses lèvres. Il tira de nouveau le bras de sa connaissance proche et tous les deux franchirent les portes de ce café, qui était décoré par des splendides arbustes et par quelques pots de fleurs.

L'ambré demanda ce que le brun voudrait comme commande et, étrangement attendu par son cadet, il se dirigea vers les caisses pour pouvoir commander deux iced latte à consommer sur place et deux strawberry smoothie à emporter. Une fois ceci fait, il partit s'installer à la table à laquelle le brun eut choisi.

-Pourquoi avoir pris un sac ? Demanda le plus jeune.

-On va aller dans un parc après, donc, au cas-où si monsieur aurait une nouvelle fois faim...

-Aaah t'as pensé à moi c'est bien.... Il sirota son iced latte.

Vous voyez, j'aimais ce genre d'attention.

L'ambiance de ce petit café était agréable, on y trouvait toute sorte de client. On passait du client venant simplement se poser dans un endroit tranquille à un client plutôt stressé vu au nombre de dossiers accumulé dans la semaine par rapport à son sac trop lourd ou sinon à la taille de ses cernes par rapport au nombre d'heures passées derrière son écran pour essayer de finir à boucler un projet avant le jour suivant, c'est-à-dire dimanche.

Les yeux du châtain zieutèrent un peu partout sur le visage de son voisin de table, il passa de ses cheveux à son menton de secondes en secondes. Il n'oublierait presque de finir sa boisson... mais en voyant celle de l'ambré disparue, il se dépêcha de finir et à aller jeter le gobelet à la poubelle la plus proche. En observant de peu l'attitude de son aîné, il se remercia intérieurement de l'avoir contemplé pendant plusieurs minutes.

-Et donc, on va où maintenant ?

-Au parc Kook, au parc...

Un étrange sentiment parcourut l'échine de celui qui eut parlé pour la dernière fois, il s'appuya de peu contre le mur de café. Un peu inquiet, l'étudiant aux cheveux marron lui demanda s'il allait bien ou non et, en apercevant de sa part un petit signe de tête, il lui exigea de se laisser prendre le bras pour ne pas à stimuler quelque chose de plus grave.

Le blond lui balança de peu le nom du parc auquel il voulait l'emmener, d'un air agréablement étonné, il lui dit qu'il connaissait ce parc et que donc, il pouvait prendre le fil de la promenade.

-Ah et du coup tu habites près du parc... je peux aller chez toi ?

Ce fut la seule question que le plus jeune n'arrêta pas de poser au plus vieux depuis maintenant une bonne dizaine de minutes, après être passé dans le métro pour pouvoir se rendre dans l'endroit le plus intime pour hommes, tous les deux eurent fini par arriver dans le fameux parc, qui se voulait très verdoyant pour un lieu publique en presque plein centre-ville. Ils choisirent de se poser sur un banc près de la plus proche sortie menant vers l'habitation du blond. Une fois assit, Jungkook reposa la question à son aîné, celui-ci, accompagné d'un soupir, lui répondit qu'il pouvait.

-Chouette alors... Mais, en ce qui concerne le type bizarre de tout à l'heure, tu es sûr que tu ne peux...

-Non Kook, non et non d'accord ?

-Aaah t'es méchant... enfin bref. T'as l'air de bien t'entendre avec le petit non ?

-Quel petit ?

-Euh... je ne sais pas comment il s'appelle moi... J-Jimin ?

-Apprends d'abord à correctement prononcer son prénom... Et puis, pourquoi tu dis que je m'entends bien avec lui ?

-Je ne sais pas... Sortit-il en se tournant de manière bizarre. Yoon me dit qu'il te lance des piques sur toi...

-Ok. Ajouta son interlocuteur, sans expression.

-Comment ça 'ok' ? T'es bizarre toi dis donc... ça se trouve, tu l'aimes mais tu ne veux pas te l'avouer, c'est tout.

Un blanc suivi après cette dernière phrase sortit par le châtain. Celui-ci se pencha pour avoir un aperçu de sa réaction suivant ses récents propos et, curieusement, il lâcha un petit soupir de soulagement avant de prendre sa boisson et de la consommer.

Le décoloré n'était pas vraiment atteint par les dires de sa récente connaissance.

-Lèves-toi, on va aller chez moi, je ne me sens pas très bien en ce moment. Lança-t-il.

Ce fut maintenant à son tour de prendre par le bras son cadet et de l'emmener chez lui.

D'un pas qui se voulait presque déterminé pour quelqu'un qui se sentait partir, le doré agrippa étroitement le membre de son cadet, un peu abasourdi par la récente phrase du plus vieux. Il se laissa guider en ayant sa boisson en main, le sac qui contenait l'autre commande fut dans son autre main. Pour éviter tout débordement dans le sac en carton, le meneur prit de force le sac dans la main du plus jeune. Ils marchèrent jusqu'à apercevoir un immeuble qui à première vue semblait neuf, il restait des constructions devant la façade du bâtiment, on pouvait attendre à ce que les ouvriers finissent de nettoyer ou de régler les derniers soucis au niveau des fenêtres. Un ascenseur cependant assez étroit leur ouvrit ses portes pour pouvoir accéder à l'appartement de l'ambré.

Bip bip, ce fut le bruit de la serrure après avoir tapé le bon code pour rentrer chez lui et à peine qu'il eut déposé le pied dans sa modeste demeure qu'il se pencha brutalement en avant, en étant secouru par le châtain de justesse. Celui-ci le traîna vers le meuble fait pour s'asseoir le plus proche, il trouva un canapé gris dans cette pièce qui paraissait être le salon et le fit lentement s'asseoir.

-C'est bon, tu es confortablement installé ?

-Oui. Répondit le plus vieux en s'allongeant.

-Tu veux quelque chose ? De l'eau peut-être ?

-Apporte-moi de l'eau s'il te plaît, il y a une petite plaquette métallique sur la table...

Le plus jeune fit un petit signe de tête et se dirigea donc vers la cuisine. Il ne demanda pas à son aîné où était rangée la vaisselle pour boire car il eut ouvert le bon placard et, il fut assez étonné du nombre de verres, il y en avait seulement deux. Il prit l'objet et le déposa sur la table à côté de la fine boîte métallique. Il ouvrit le frigo et versa un peu du contenu de l'objet en plastique dans le récipient. Le brun arriva tout sourire, il s'était même permis de siffloter un petit air de musique en se rapprochant de l'endroit où était couché le blond.

Et, en voyant la position à laquelle il s'était installé, il faillit lâcher le verre de ses mains.

Les yeux de son aîné furent fermés, l'une de ses jambes était légèrement repliée.

Sa main face dos touchait son front, sentant quelques traces de sueur couler le long de ses tempes.

Sa bouche fut un tout petit peu ouverte, dévoilant une faible partie de sa dentition.

Le jeune homme au cheveux foncés déposa sur la table basse du salon la requête de l'étudiant en troisième année de LEA. Ne voulant pas le réveiller, il partit explorer son habitation pour trouver de quoi nettoyer son front.

Il arriva, 5 minutes plus tard, à dégoter une serviette courte.

Celle-ci en main, je me précipitai vers Hyung pour savoir l'évolution de son état. La chute brutale son tempérament m'avait étrangement surpris. Alors qu'il avait laissé un blanc après ma remarque sur le petit, quasiment à la minute près, son teint s'était assombri, malgré le soleil tapant sur nos visages.

Un appartement bien sorbe pour la carapace qu'il s'était construite.

Pas une couleur vive en vue... Même si je les détestais plus que tout au monde.

Admirant le tableau qui s'offrait à moi, je peinais à prendre une grande inspiration.

Il fallait qu'il finisse à tout prix dans ma grande collection que je chérissais depuis ce fameux jour.

Un jour où la honte et la cruauté avaient fabriqué la personne que j'étais aujourd'hui.

Hyung avait toujours la paume de main scrutant le plafond. Tandis qu'il ne semblait pas dissimuler une quelconque garde, je m'approchai tout doucement vers lui, mon cœur battant à tout rompre.

La serviette avait le privilège de quémander à sa main de se bouger. Elle nettoya le front ruisselant de sueur de Hyung qui respira bruyamment.

Ressentait-il, à l'instant, mon envie de dévorer sa vie ?

Pouvait-il, en ce moment même, me déshabiller du regard ?

Dépêche-toi d'ouvrir les yeux !

-Kook, je peux savoir ce que tu fais ? Sortit-il sans une once de colère.

-Je... je crois que, oui, tu as l'air d'être attiré par moi, je me trompe ?

Je le sais, il était incapable de me mentir. Ses yeux en disaient long sur la manière dont il m'embrasait. Tendrement, pour lui faire enfin parvenir cet attachement qui s'était formé entre nous, je me positionnai à califourchon sur lui. La serviette à terre, mes mains rencontrèrent chaque pore de son visage, ne possédant pas le moindre bouton. Ses lèvres carmin me saluèrent du coin de l'œil, comme une invitation à les détruire pour mieux les apprécier.

Son sourcil traduisait une sorte d'incompréhension pourtant si facile à éviter.

J'allais à présent te donner mon amour, alors, tu devrais être à ce moment-là être le plus heureux des hommes et suivre le rythme !

-Laisse-toi faire... Je crois que je ressens plus que de l'amitié pour toi.

-On vient à peine de se connaître, ok ? Alors, je vais le dire calmement, descends de là...

-Tu parles trop, tu es si mignon lorsque tu es silencieux.

Tandis qu'il lâcha un soupir, je commençais à ébouriffer ses cheveux. Puis, je continuais mon exploration de sa face en touchant, grâce à mes lèvres, ses joues rougissantes de désir.

À la manière d'un félin, j'arrondissais mon dos pour que la température de la pièce monta d'un cran.

Si proche de moi...

Ma langue rencontra la peau si douce de son cou. Je recouvrai cette zone à l'aide d'une marque que seuls les couples avaient le droit d'entreprendre.

Puisque nous étions un couple, je nous devais de sceller notre amour.

Ses lippes si alléchantes m'appelèrent, elles étaient toutes proches de moi.

-Descends... Oui, descends de là...

-La ferme et laisse-moi finir !

-Je te dis de descendre... Je vais te faire mal sinon...

-Hé bien ! Commençons sans plus attendre, Hyung !

Un éclat de rire suivi ses propos. Tout à coup, malgré le fait que l'atmosphère de la pièce était déjà malsaine, celle-ci se voulait maintenant irrespirable. La température monta en flèche. Bientôt, ce seraient des corps calcinés que les pompiers retrouveraient. L'expression du visage du brun n'avait rien d'enfantin.

C'était une bête, dénué de sentiments, qui prenait plaisir à dominer son aîné aux cheveux d'or.

Sa gestuelle n'avait rien de romantique. Pris par une mission qu'il se devait de remplir immédiatement, il frotta son corps contre celui de l'ambré. Les pensées bien trop occupées pour poser une phrase sur ce qu'il ressentait, c'était un tout autre événement qui paraissait posséder son corps.

Un supplice pour les oreilles de Taehyung qui entendaient les longs souffles saccadés du plus jeune.

Et la minute qui désirait s'écouler amplifia ce désastre musical.

Les yeux du blondin devinrent rouge sang...

Et un son de téléphone réussit à le calmer dans sa folie cupide.

Un cri de démence plongea la pièce dans un silence total.

Visiblement frustré, Jungkook se défit de l'étreinte qu'il avait de son Hyung. Fouillant dans sa poche de veste, il décrocha sans regarder le nom affiché sur son écran.

Un nom qui fit oublier toute sa spoliation à peine ressentie.

-Ouiii Yoon, ça va ?

-Jungkook, t'as oublié ou quoi ? Il se fait tard de un et de deux, on doit parler. Dit le noiraud d'une voix légèrement agacée.

-Ah oui c'est vrai... bon bah à tout de suite alors.

Il raccrocha en se levant de lui-même de sa récente connaissance, il lui fit part qu'il devait quitter son appartement pour se rendre à celui de Yoongi, qui fut à 30 minutes en bus d'ici. Avant que celui-ci ne parte, le blondin lui demanda de lui apporter sa requête et de lui dire qu'il ne devait plus faire ce genre de chose avec une personne qu'il connaissait à peine.

-Je suis sérieux Jungkook, enlève ce sourire débile de ta face.

-Ce n'est pas ma faute... Tu es tellement charismatique.

Répliqua-t-il avec une lueur rouge vif dans le regard.

Il lui souhaita un bon rétablissement puis quitta l'immeuble en sifflotant de nouveau un petit air de musique. Quant à l'étudiant, il prit un rond blanc de sa boite métallique et l'avala tout en buvant l'eau contenue dans le verre.

Soudain, le toucher de sa propre nuque fit entrevoir, deux sublimes pointes dépassées de sa bouche...

L'amertume d'avoir oublié d'ajouter une petite précision à son cadet lui provoqua une envie irrésistible de se plonger dans le monde des mauvais rêves.

C'est ainsi que nos deux plus jeunes avaient passé leur samedi ensemble, un sentiment de bien-être qui fit le tour de l'étudiant aux cheveux marron. Il s'était posé avec le noiraud sur une table très proche de celle de la boule de poil. Celui-ci n'avait toujours pas retrouvé le moral, mais il eut quand même pu finir son plateau-repas. Il se leva et alla débarrasser avant de pouvoir sortir de la cafétéria.

Quelques minutes plus tard, la cloche de l'établissement se mit à sonner, annonçant la fin de la pause aux élèves de l'université Han. Tous, bien qu'ils aient plus ou moins envie de reprendre les cours avec leurs professeurs respectifs, se dirigèrent vers leurs salles de classe.

En passant la main sur son cou, une fois que le professeur Kwon en avait fini avec programme de l'après-midi et que, tous les exercices qui étaient sur son diaporama devraient être faits seul, le décoloré ne sentit pas la bande médicale l'entourer. Pensant être passé à l'infirmerie pour le faire, il se démena comme il pouvait et cacha de nouveau les trous faits par un être de la nuit.

Le toucher de son aîné aux cheveux roses le faisait lentement tomber de sommeil. Les exercices de l'enseignant paraissaient faciles, tous les stylos présents dans la pièce étaient décidément déterminés à noircir les cahiers. La sonnerie s'amusa à occuper le moindre espace vide de sa tête. Continuant son chemin sur l'estafilade, les sensations de sa première morsure ne se gênèrent pas de danser autour de lui.

Ses mots prononcés avec une voix qu'il ne connaissait pas...

"D'un côté, j'attendais ce moment."

La prunelle plongée dans celle de son récent colocataire avait déclenché une sorte de bombe à retardement.

Puis, tandis qu'il s'était laissé siroter le sang, sa pensée avait eu la bonne idée de mettre en fond musical, la voix de son voisin de table, l'ordonnant de se la fermer pour aller dans les toilettes.

Pourquoi avoir pensé à lui dans de pareilles conditions ?

Seulement, son exploration sur la morsure qui semblait profiter d'une intimité complexe avec l'un de ses doigts l'obligea à se focaliser sur le cendré, ayant attaqué le dernier exercice.

Sa respiration changea de rythme, les bras de Morphée n'étaient qu'à quelques centimètres de sa personne.

La lucarne d'un pauvre animal égaré en pleine hibernation s'offrit à l'ambré, croisant les mirettes de son camarade.

Une sueur froide parcourut son échine en un instant.

Ils se regardèrent fixement, laissant le peu de brise danser avec leurs cheveux. Alors que le gris allait s'approcher tout doucement de lui, tel une démangeaison, le blond enleva la main de celui-ci et contempla d'un œil furtif la marque de son aîné. Deux trous présents sur la nuque de cet humain qui n'avait pas l'air que celle-ci disparaisse.

Une vision peu commune de Jimin se donnait tout à coup à Taehyung, qui ne semblait pas comprendre pourquoi un tel événement.

La conservation avec Seokjin lors de la pause de la dernière fois lui revint en tête. Pour quelqu'un qui paraissait regretter son geste, voici maintenant qu'il semblait être prêt à recommencer.

Recommencer...

Encore recommencer...

Sans crier gare, le cendré se rapprocha doucement de la boule de poil, paraissant retrouver ses esprits. Tandis qu'il allait se mettre à travailler, d'un seul coup, le visage de son voisin de table n'était qu'à quelques centimètres de ses lèvres.

-Mais qu'est-ce...

-Ne bouge pas.

Une petite mouche se retrouva balayée d'un seul revers de main vers la fenêtre la plus proche du binôme. Se sentant rougir, Jimin remit son col sur la morsure et s'entêta à trouver un crayon.

Il a déjà fini ! Si le prof passe dans les rangs et voit mon cahier vide, je suis mort !

Scannant les entraînements un à un, il recopia les énoncés puis, une bonne dizaine de minutes plus tard, il posa son crayon et regarda à la hâte les réponses de son camarade.

-Ça y est, j'ai fini... Mais au fait, Kim ?

-Il y avait vraiment une mouche qui te tournait autour depuis tout à l'heure.

-Non, ce n'est pas ça... Ce n'est...

L'œillade froide du dit Kim le dévora tout entier. Alors qu'il allait répliquer, aucun son ne sortit de sa bouche. Il ne pouvait pas lui dire s'il avait vu une morsure logée sur son cou ! Si jamais il ne le prenait pas au sérieux, alors dans ce cas-là, le blond aurait une raison valable de se moquer de lui !

Mal à l'aise, Jimin essaya de fixer un point inconnu. Or, la lueur qui se trouvait dans le regard de son partenaire de table l'empêcha d'effectuer sa mission. Ses yeux en amande bien tracés, l'iris châtain clair désirant maintenir le contact avec ses pupilles sombres...

Quel était cet effet ?

Le toucher qu'avait Taehyung sur sa main le démangeait tant qu'elle le réconfortait...

Toi aussi, ne bouge pas.

La sonnerie de la pause signa un contrat avec la mort.

Reprenant leurs esprits, les mains se séparèrent d'elles-mêmes. Pris d'un embarras, la boule de poil quémanda d'une voix assez douce à son camarade de classe à se bouger pour qu'il puisse sortir de la salle.

Or, dès qu'il se leva de sa chaise, qu'un coup de vent assez étrange le fit basculer en avant, il se tint de peu sur sa table. Il remarqua que toutes les fenêtres de la salle furent fermées, alors, il se demanda d'où ce coup de vent pourrait-il provenir.

Ce vent fut désagréablement frais et presque irrespirable.

Il entrevit le blond tenter de le remettre sur sa chaise, en vain. La désorientation lui collant aux pieds, les étourdissements désirant le faire tomber. Des bouffées de chaleur parcoururent les poils du gris. Tel un appel, il se leva d'un cran de sa chaise, le regard posé sur un point inconnu. Désemparé, le cendré se poussa automatiquement du chemin de son voisin de table. Tandis qu'il allait s'asseoir, la boule de poil fit volte-face et s'empressa d'aller prendre en coupe le visage de l'ambré.

-Kim, je t'ai dit de ne pas me toucher. Tu l'as déjà oublié ?

-Écoute Park, tu allais te ramasser contre le coin de la table... Je devais au moins te porter-

-Pas pour ça.

Une main sur sa joue blanche de toute impureté le coupa. Alors qu'il parvint à maintenir le regard sur celui de la boule de poil, un battement de cœur se fit entendre. Tout doucement, le pouce de Jimin titilla cette joue qui prit, seconde après seconde, des couleurs d'embarras.

-Tu vois ? Toi aussi, tu es mal à l'aise lorsque je te touche. Alors, arrête.

La petite main potelée subit le même sort que l'inceste volant.

Les yeux grands ouverts, le jeune homme aux cheveux d'or recula d'un pas, s'appuyant contre la table de l'un de ses camarades de classe. Il cacha son visage marqué par un sentiment méconnu tandis que l'autre main se précipita à caresser la joue manipulée.

Si jamais le prof ne me voit pas revenir, dis-lui que j'ai eu une urgence.

Phrase qui voulait se dégager des cordes vocales du plus vieux, mais voix suspendue par le geste diablement affectif de son propriétaire.

Du rouge s'étala sur sa face, comme un pinceau imitant le mouvement de l'application de blush de son pays natal.

À petites foulées, il se dirigea vers l'infirmerie. Des picotements à l'endroit où il avait délibérément suspendu sa lucarne le grattait. Le bandage qu'il avait pourtant changé avant de s'habiller ce matin lui lança des regards de moquerie à l'endroit où il se situait. Il se demandait vraiment où celui-ci était en train de loger à cette heure-ci, surtout que...

-Mais oui ! La scène de tout à l'heure... Il va me le payer.

L'infirmière en talons hauts le salua. Elle lui demanda de signer une décharge puis de s'installer sur un lit disponible. Préparant avec soin les instruments d'hôpital, elle tenta de lui informer la raison de sa venue en ces lieux, mais un vent de rage l'empêcha de parler.

Elle s'installa sur une chaise de bureau roulante, s'avança vers lui et l'ausculta longuement.

-Oh, tu as une belle morsure dis donc.

La réponse de l'infirmière rousse fit écarquiller les yeux de l'étudiant, il questionna la dame en lui disant, non sans retenir son anxiété, comment pouvait-elle dire une chose pareille.

-Tu sais mon petit, il y a beaucoup de vampires qui vivent parmi les humains. J'en suis une aussi. J'en ai beaucoup vu des morsures similaires.

Il opina du chef et quémanda à la hâte si elle pouvait bien lui serrer son nouveau bandage autour de sa marque, car ceux-là avaient le chic de se défaire facilement selon ses dires. D'un sourire taquin, elle le recommenda d'attendre que celle-ci disparaissait pour de bon avant d'exposer son cou à la vue de tous. Elle se garda en revanche de lui dire pourquoi, le vent de rage survolant sa personne.

Le gris s'inclina puis partit en direction de sa salle de sa classe, en essayant de fredonner un petit air de musique.

Il voulait réellement en découdre avec le cendré. Son semblant d'inquiétude sur lui avait provoqué des sueurs nocturnes, bien qu'il ne fut pas en train de dormir. Sa voix aussi rauque et ses mains aussi douces qu'un nuage avaient osé piétiner son périmètre d'intimité.

Pour faire partir une bête, était-il véritablement nécessaire de ressentir son contact ?

Rien d'y repenser, j'en tremblerais presque.

Il fallait que le professeur Kwon les change de place, ou bien...

Ou bien ce serait la fin de cette histoire.

Dans son dégoût, il rencontra sur son chemin le rosé.

Il était visiblement occupé à lire un livre que de savoir sur quoi il pourrait mettre les pieds.

-Seokjin-Hyung ! Cria-t-il presque. Je dois te parler.

-Ah euh oui, suis-moi, on va s'asseoir quelque part.

Le plus vieux plaça son livre dans son sac et accompagna son cadet vers le hall, endroit où il y avait plusieurs places assises. Ils ne se parlèrent pas, voulant garder de quoi se dire autour du dîner de ce soir. Une fois installé, le rosé fit un petit signe au plus jeune, signifiant qu'il était prêt à l'écouter.

-Hyung... euh... Commença l'élève, hésitant. Je ne sais pas par où commencer...

-Prends ton temps Chim, si jamais ça sonne, je pourrai toujours te raccompagner dans ta salle, puisque mon père travaille dans le CDI.

-Ah... cool... merci.

-Tu trembles presque... c'est grave ? Sortit-il un peu inquiet.

Il essaya d'avoir le regard de son cadet pour le mettre en confiance, seulement, ce regard, le décoloré chercha à ne pas lui donner, trop absorbé par l'envie de lui dire mais en ayant une sorte de force inconnue de l'empêcher de faire ainsi.

-Hyung... tout à l'heure avec... Kim...

-Quoi ? Il s'est passé quelque chose ?

-Je ne veux pas passer par quatre chemins, mais, dans les toilettes, il a-

-Aaah... excuse-moi, je dois répondre... on reprend plus tard à la maison, d'accord ?

D'un agacement non fondé, il se dépêcha à stopper la rencontre entre le téléphone et l'oreille du rosé. Étonné, Seokjin se précipita à quémander d'une voix inquiète la raison de son action. C'était alors que, d'une lucarne acérée, Jimin se rapprocha de son aîné aux cheveux roses et lui tint le menton.

-Lorsque je m'apprête à dire l'une de mes aventures, tu te dois me passer en priorité Hyung. Je t'attendrai sagement à la maison afin que tu puisses recevoir ton repas, en guise de punition.

Un sourire malicieux se logea sur son visage, sous l'air ébahi du plus vieux.

Celui-ci ne parvenait pas à former l'image du petit cadet un peu naïf que son amant lui avait soigneusement dépeint quelques semaines avant sa proposition d'hébergement.

L'envie de l'aider à surmonter la perte de paternel augmenta en intensité, le rattrapant pour une accolade.

-D'accord Chim, si tu veux. Au fait, avant que tu ne partes, tu as dit à ton camarade de classe que c'est à grâce à lui qu'on a pu briser la glace ?

Le gris se retourna brusquement vers le couloir qui le mènerait vers sa destination, il fit un signe de main à son aîné et accéléra ses pas, comme s'il était pressé de retourner en classe.

Or, la dernière partie de la journée s'était mal finie.

Le professeur Kwon, sentant que ses étudiants furent venus dans sa salle pour parler de tout et de rien, en ne faisant même pas l'effort de communiquer en anglais, avait rapidement arrêté ses explications et avait ordonné aux jeunes gens de sortir leurs manuels. En plus de faire les exercices, il les avait criés dessus en les pressant à lui recopier la page entière et de la lui rendre, sans fautes d'orthographe et en utilisant le moins de blanc possible.

Chose qui, évidemment, avait déplu aux élèves.

Pour vérifier s'ils étaient capables de faire un exercice déjà vu en cours, il prit tous les correcteurs des élèves et les objets qui leur servaient à noter ses cours.

Ce fut un vrai calvaire pour la boule de poil, qui ne manquait pas à se remémorer, encore une fois, la scène bizarre.

De plus, un étonnant courant d'air l'eut fait éternuer jusqu'à la dernière sonnerie de la journée.

Il sortit donc de la salle de classe, l'air fatigué.

Ses éternuements répétitifs l'avaient exaspéré tant qu'il se souvenait de la scène des sanitaires. Il voulait en parler à son Hyung aux cheveux roses, mais aucun son ne pouvait sortir de sa bouche. Sa conscience semblait s'amuser à le tourmenter à chaque fois qu'il essayait de parler de quelque chose qui avait un rapport avec le blond.

"Plonger dans le texte, ou bien..."

Pourquoi diable celle-ci s'amusait-elle à lui faire retenir, ce brin de voix fabriqué de toutes pièces ?

Ses inquiétudes envers sa personne pour au final lui faire du mal exaspéraient le gris. Si bien qu'il avait touché le visage de son camarade de classe pour lui prouver ce qu'il ressentait à chaque fois qu'il faisait cela.

Une preuve ? Ou un retour à l'envoyeur ?

Seul Jimin avait la clé de ces questions.

D'ailleurs, il se souvenait qu'il devait en découdre avec le concerné pour lui avoir retiré son bandage. Mais pour qui il se prenait ? D'abord, il ne se sentait pas bien dès le commencement de la journée, et puis, il se pensait avoir le droit de pénétrer dans sa zone d'intimité ?

C'était intolérable.

La mâchoire serrée, il se hâta de rencontrer du coin de l'œil, une chevelure blonde qui se languissait d'occuper toutes ses journées.

Un claquement de langue le força à propulser le dos de voisin contre le mur donnant face au boulevard de l'université.

-Tu veux bien me laisser rentrer en paix ?

-Bah voyons... Moi ce matin je ne t'avais rien demandé !

-Mais qu'est-ce que tu veux ? D'abord ton attitude de la dernière fois, puis ton toucher sur ma joue... Qu'est-ce que tu veux prouver ?

-Bonne question, mais sache que je n'ai pas du tout apprécié ta venue sur mon cou à défaire le bandage !

-De toute façon, tu devais le changer...

Une prise sur son col le fit serrer à son tour sa mâchoire.

-Je ne sais pas qui tu es, mais en tout cas, ta gentillesse mal placée, tu peux te la garder !

-Gentil ? Avec toi ? Non mais tu délires complètement.

Un battement de paupières, et le cendré se retrouva près de l'estafilade de la boule de poil. Le souffle court, Jimin ne parvint cependant pas à articuler une seule phrase de menace. Il sentait ses doigts longilignes se promener sur son membre, un soupir sadique traversant ses tympans. Une seconde passa, le regard fixe de Taehyung se promena à son tour sur le visage rougi de la boule de poil qui paraissait démuni face à ce geste. Ils s'échangèrent de force les postions, ayant la tête du gris faisant face par obligation aux pierres de l'université.

Une risette peu commune se dessina sur le faciès du blondin, qui s'aventura à s'emparer du cœur et de la conscience malade de Jimin.

-Si j'étais gentil, tu aurais fini dans un trou où personne n'aurait le cœur à regarder ton corps se décomposer. Sur ce, je m'en vais. À demain !

La voix tremblante de Jimin s'éteignit en même temps que les lumières du hall.

Cette menace...

Pourquoi t'acharnes-tu à me menacer ?

Il désirait amèrement terminer cette journée sur une note positive. Voyant le cendré se rapprocher de son arrêt de bus, il courut et cria à pleins poumons à Taehyung de s'arrêter.

Ce qu'il fit automatiquement.

-Seokjin-Hyung m'a dit de te dire quelque chose.

Il se tourna.

Son visage avait l'air de retrouver sa neutralité d'antan.

Il rangea son portable dans sa poche et attendit que son camarade de classe vienne vers lui. Une fois ceci fait, le décoloré souffla un bon coup avant de lui rapporter les paroles de son aîné aux cheveux roses.

-Je ne sais pas ce que tu as avec moi, mais, grâce à toi, on a pu se dire les choses franchement... Merci.

Un sourire gêné se dépêcha de se fabriquer sur les lèvres de la boule de poil. C'était comme si, en un instant, les précédentes paroles de son voisin de table lui avaient donné du courage.

Cependant, un petit frémissement eut le temps de parcourir son dos après avoir, contre son gré, de nouveau croiser son regard. Celui-ci aurait voulu partir sur-le-champ avant d'entendre les paroles de son voisin de table si jamais il, encore une fois, voulait ajouter quelque chose.

Les répercussions sur ses propres paroles lui provoquèrent, au même moment du rictus joyeux de l'autre, une sensation à vouloir rentrer chez lui au plus vite.

Il s'approcha d'un pas de la boule de poil et lui demanda calmement de lui regarder dans le fond de la lucarne.

-Oublie ce que je t'ai dit... Je suis content que vous ayez pu vous réconcilier... Mes mots lui ont servi... Marmonna le cendré.

Une accolade le coupa dans son flux de réflexion.

Alors qu'il voulait le repousser, une voix grave fit s'écouler lentement le cours du temps.

Sans se poser de question, la silhouette décolla les deux corps qui voulaient s'unir. Une rage excentrique avait saisi le corps de Jungkook. Il se rua à le pousser violemment vers la station de bus puis l'ordonna de l'attendre.

Sans perdre une minute, il revint vers Jimin et lui assigna une gifle.

Si violente, quelques perles de sang s'étaient échappées de ses lèvres.

Et si niaise, sa démarche pour aller vers le blond se faisait progressivement plus horrible à regarder.

-Mais t'es malade ou...

Un baiser l'interrompit dans son avancée.

-Hyung, dis-moi, dis-moi que tu te souviens de l'autre jour... Souffla Jungkook dans un murmure.

Comme moyen de le faire céder, même si ce n'était pas vraiment un chantage, une œillade amoureuse prit possession du regard du jeune homme.

Tel un effet miroir, l'ambré l'imita un peu troublé.

-Kook, tu ne pouvais pas...

Le noiraud s'interrompit brusquement après que ses yeux eurent vu les deux jeunes hommes se regarder de manière langoureuse.

Il s'arrêta net, ne cherchant pas à savoir si son ami aux cheveux gris eut, lui aussi, quitté l'établissement.

Son cœur cherchait un moyen de s'enfuir de sa cage thoracique. Les yeux écarquillés, un sentiment inconnu lui parcourut l'échine, comme si...

Il se sentait partir, ses genoux désiraient fortement rencontrer le sol. Il se tint contre un arbre non loin de là et tenta de se calmer avant d'emprunter le chemin du retour de son appartement.

L'odeur de sang trouvait une satisfaction immense de le tourmenter à son tour.

-Aah, j'ai soif tout à coup... Chuchota le cadet

L'allure des étudiants s'en allant monter dans le bus ne manqua pas sa chance à se diriger vers la conscience de Jimin, la main encore sur la joue blessée.

Son sang n'avait fait qu'un tour et son esprit, en revanche, n'avait pas changé de chaîne de télévision.

Les mains du cendré s'aventurant sans pudeur sur sa nuque...



~Il pressentait que son corps en réclamait encore.~

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