Je regardais le coucher de soleil à travers la fenêtre de la bibliothèque lorsque je vis mon père rentrer. Je dépose mon livre sur la table et descends lui dire bonsoir.
- Oh, ma puce, comment s’est passée ta journée ? me demanda-t-il lorsqu’il me vit.
- Aussi bien que Raiponse, dis-je avec sarcasme.
Il leva les yeux au ciel et commença à se diriger vers la salle à manger. Il déposa ses affaires et s’allongea sur le fauteuil à la recherche de la télécommande.
- Comment s’est passée ta journée ? je demande en m’asseyant sur un autre fauteuil à sa droite.
- Les affaires, nos rivaux vont sûrement préparer une destruction à mon projet.
- Puis-je savoir…
- Non, Lou. répondit sèchement mon père.
Je respirais un bon coup. Mon père ne m’a jamais parlé de quoi il travaillait. Je sais juste qu’il a une entreprise et des rivaux. Bien sûr, mon grand-frère héritera de cette entreprise. Il est né une minute avant moi, ce qui signifie que l’héritage lui revient. Mais ça ne me dérange pas plus que ça. J’aimerais choisir mon propre métier, pas celui de mon père.
- Monica ! cria mon père en direction de la cuisine.
Une petite femme aux cheveux bruns plaqué arriva aussi vite qu’elle le put.
- Oui monsieur ? demanda-t-elle timidement.
- Faites à manger.
- Mais je ne suis pas la cuisinière…
Mon père s’apprêta à rétorquer une de ces fameuses menaces mais elle fit demi-tour aussi vite qu’elle était revenue. Je ne fus pas épargnée des critiques quotidiennes de mon père. Je me suis toujours demandé s' il ne me considérait pas par un journal intime plutôt que sa fille.
Après avoir mangé une pizza faite à la va vite par Monica, j'ai décidé de remonter dans ma chambre. Une fois arrivée dans le couloir rempli de porte qui se ressemblaient autant les unes que les autres, je surpris une conversation dans la chambre de mon frère.
- … Mais non je compte faire exactement ce que mon père fait… je sais que ce n’est pas bien… oui il doit avoir plus d’une dizaine d'ennemis… Il a des problèmes en ce moment, ma sœur peut être en danger à tout moment… Bien sûr que oui… Quelle est la prochaine vente ?... Je ne sais pas encore, tu sais que la drogue et les armes ne passent plus aussi facilement qu’avant… les mafieux se font de plus en plus nombreux contre nous…
Je fis craquer le parquet en m’approchant de la porte ce qui stoppa la conversation. Je me hâtais d’aller dans la bibliothèque. J'ai pris mon livre habituel et continué ma lecture. Mais je n’arrivais pas à me concentrer. Les paroles de mon frère restaient dans ma tête. Pourquoi parlait-t-il de drogue et d'armes ? Et surtout, pourquoi parler de mafieux ?
Je parcourais chaque rangée de livre sur les étagères jusqu’à ce que je trouve ce que je cherchais, « Les entreprises mafieuses dans le monde ». Ce livre se trouvait sur une étagère dont je n’avais pas prêté attention une seule fois.
Je me hissai discrètement dans ma chambre et m’y enferma. Je me posai sur le lit et ouvrit ce fameux livre. Chaque page était destinée à une famille mafieuse. Le sommaire était aussi long qu’un roman. Je ne savais pas qu’il existait autant de mafieux sur terre.
Je lus quelques noms qui me paraissaient familier comme : Lakestone, Scott, Flores ou même Watson. J’ai dû entendre mon frère, Victor et mon père en parler. Je continuais à lire les noms et ce qu’ils faisaient et à vrai dire, tout était glauque.
Puis je tombai de dix étages. Je vis un nom… un nom que je connais très bien, Collen. Mon nom de famille… ma famille. Je me précipitais vers la page indiquée. Je pris une longue respiration et commença à lire :
“Collen :
L’une des plus grandes familles mafieuses depuis des générations entières. Elle est l’une des plus dangereuses et sans pitié. Un tas d’ennemis et si peu d'alliés.
Ils font des trafics d’armes et de drogue. Ils ont beaucoup d’argent et sont très protégés. Depuis 2016, Monsieur Collen a hérité de cette entreprise et s’acharne pour un projet top secret. Seul son fils en est au courant. Il pourrait être en danger avec ce secret.
Il a une femme, Marie Collen, qui a été porté disparu depuis que son mari a attaqué une mafia ennemie. Il a deux enfants.
Victor Collen, 19 ans, il est l’ainé et donc le prochain héritier de la mafia. Il est sans pitié et n’est pas connu pour un cœur pur.
Lou Collen, 19 ans, la plus jeune et nous avons très peu d'informations sur elle. Elle est la cible première de tous les ennemis de la mafia, c’est sûrement pour cela qu’aucune information n’est divulguée sur elle. Elle est très peu visible dans le monde réel.
Monsieur Collen a annoncé que son projet de faire plus de trafic allait bientôt être mis en œuvre. Tous ces ennemis se préparent au pire et sont prêts à attaquer. “
J'ai dû relire trois ou bien quatre fois ce texte pour pouvoir comprendre. Ma famille faisait partie de ce genre de choses et je suis en danger. Je commence à regretter d’avoir ouvert ce livre. Si je suis en danger, pourquoi ne pas me prévenir ?
- OU EST-CE LIVRE MONICA ?!
C’était mon père. Sa voix provenait de la bibliothèque. J’entendis des pas précipités qui ne pouvaient qu' être ceux de Monica.
- De quel livre parlez-vous, Monsieur ?
Sa voix tremblait. Elle a toujours craint mon père et maintenant je comprends mieux pourquoi.
- Celui des entreprises mafieuses dans le monde ! Où est-il ?!
Je regardai le livre et compris aussitôt. Si mon père savait que je l’ai en possession alors forcément il saura que je sais tout. Et si il m’a caché ces informations, ce n’est sans doute pas pour que je découvre tout dans un livre.
J’entendis des pas s’approcher et je cachai le livre sous mon oreiller juste avant que mon père entre en furie dans ma chambre.
- Il me manque un livre, je sais que tu passes ton temps à lire. Quel livre lis-tu en ce moment ?
- Je lis « A contre sens ». Pourquoi cette question ?
Il regarda ma chambre et sortit sans un mot de plus. Il n’y a que moi qui vais à la bibliothèque. Autrement dit, si un livre disparaît forcément, je suis la première coupable. Il faudrait que je le remette à sa place.
Je commence à me diriger vers le couloir et me dirige discrètement dans la bibliothèque. Si je le dépose au même endroit, direct je serais cramée. Je pense que je vais le mettre sur une autre étagère. Je le pose à côté d’un livre de licorne. Je précise que c’est mon livre d’enfance, autrement dit c’est parfaitement normal qu’un livre de ce genre soit chez moi.
- Alors c’est toi qui a ce livre ?
Je me retournai en sursaut. C’était Monica. Ma seule amie. Elle a toujours été là pour m’aider et je faisais la même chose pour elle. On était très proche.
- Oui, je l’ai lu, étais-tu au courant de… ça ?
Elle hocha la tête. Bien évidemment qu’elle était au courant.
- Je vais le prendre et dire à ton père que je l’ai retrouvé sur une autre étagère. Il n’a pas pris la peine de fouiller la bibliothèque.
Elle prit le livre et partit. Je fus soulagée. Heureusement que Monica est là.
Je m’apprêtais à sortir lorsque j’entendis des coups de feu. Prise de panique je me dirige vers la grande baie vitrée et me mets sur le balcon. A vrai dire, me mettre sur le balcon en entendant des coups de feu c’est absolument la chose à ne pas faire.
Je vis plein d’homme armé rentrer chez moi. Ils sont nombreux. Je me précipitai vers la porte qui donnait sur le couloir et entendit :
- Chercher les deux Collen mort ou vivant et la fille mais elle je la veux vivante !
Bon super. La bibliothèque est l’une des salles avec le plus de cachettes. Vu que j’y passe tout mon temps je devrais connaître les meilleures cachettes. Je me mis au fond de la salle et décida de monter sur un petit meuble pour me faufiler entre l’armoire et le plafond. Je me collai contre le mur et attendis.
Les coups de feu ne m'effraient pas plus que ça. J’entendis des pas se rapprocher et la porte s’ouvrir brusquement. Deux hommes se déplaçaient discrètement dans la salle.
Mon souffle se coupa lorsque je vis un homme s’arrêter devant l’armoire sur laquelle je suis. Il se tourna vers un autre homme. L’homme auquel il fait face pouvait me voir à tout moment.
- On a vérifié toute la putain de baraque. Cette poufiasse n’est nulle part, dit l’homme à côté de moi.
- Si elle s’est échappée, elle ne peut pas être loin.
- On ne sait même pas à quoi elle ressemble, Collen n’a jamais montré son visage.
- Dit comme ça, il a l’air d’être intelligent. Il protège bien sa fille.
MDR, me protéger ? Il se fout royalement de mon sort. Il ne m’a rien dit, sans doute de peur que je foire tous ses petits projets.
L’homme d’en face s’éloigna et s’adossa à une armoire. Si je bouge, ne serait-ce qu’un poil, il lèvera les yeux et mon heure aura sonné.
- Mec, si on ne l’a trouve pas on va sûrement se faire tuer.
Un autre homme entra. Il était aussi armé et cachait son visage comme les deux autres. Je ne pouvais pas les reconnaître ou les décrire.
- On a capturé Collen et son fils. Toujours en vie mais pas pour longtemps. Vous avez trouvé la gamine ?
Ils firent non de la tête. Je suppose que je ne m’en sors pas si mal à vrai dire.
- Bon, allons-y. Elle sera perdue sans sa famille. On mettra des patrouilles dans chaque coin de rue pour la choper.
- Mais, on ne connaît pas son visage.
- Inutile de vous inquiéter. On a chopé le max de téléphone et on a retrouvé celui de la gamine. Il y a plusieurs selfis d’elle. Et je dois avouer que je me la ferais bien celle-là.
J’eus un frisson de dégoût. Les deux autres hommes voulaient à tout prix voir mon téléphone. Bon bah je suis dans la merde. Ils partirent et j’attendis de n’entendre plus aucun son. Je descendis non sans difficulté et me dirigea toute tremblante vers la baie vitrée. Les hommes partirent et je vis mon père et mon frère avancer, menacé par des armes.
Je descendis lentement les escaliers. Mon sang ne fait qu’un tour. Tout le personnel était ensanglanté par terre. Aucun vivant. Je vis une silhouette tituber et tomber à terre. C’était Monica. Je cours vers elle. Elle s’est prise une balle dans le ventre et a perdu beaucoup de sang.
- MONICA ! MONICA !
- L…Lou…
Sa voix tremblait. Son corps était gelé.
- Tu vas t’en sortir, je vais appeler une ambulance…
- No…non, ils te… surveille, me dit-elle.
- Je dois te sauver.
- Tu ne peux r…rien pour moi, Lou. Tu as les y…yeux de ta mère…
Je pleurais toutes les larmes de mon corps. Tout mais pas elle. J’ai grandi avec elle. Comment je ferais sans elle. Sa main se desserre de la mienne et ses yeux restent ouverts. Elle est morte juste devant moi, devant mes yeux… Je continuais à pleurer toutes les larmes que je pouvais. J’avais mal à la tête et mon nez commençait à être bouché.
Il fallait à tout prix que je parte. Même si je tiens peu à ma vie, alors autant rester en vie pour Monica qui elle, a toujours aimé vivre.
Je me leva et me précipita vers la porte d’entrée, je l’ouvrit, et me cogna contre un homme.