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Leto55
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Chapitre 7

Le soleil se couche lorsque je sors de la douche. Ce soir, même si nous n’avons pas eu la première place, nous avons décidé de sortir, un podium ça se fête ! J’ai à peine le temps d’enfiler mon peignoir que j’entends quelqu’un toquer à la porte. Je m’empresse de le fermer correctement avant d’aller ouvrir : c’est Anya, trousse à maquillage et housse en tissu dans la main.

— Coucou ! Je me suis dit que ce serait sympa si on se préparait ensemble… Un petit before entre filles, si tu vois ce que je veux dire, dit-elle en brandissant une bouteille de vin blanc qu’elle avait posée à ses pieds avant de toquer.

Je ne peux m’empêcher de sourire en la voyant aussi enthousiaste.

— Comment puis-je refuser ? dis-je en rigolant.

Je me pousse sur le côté pour la laisser passer.

— Allez, entre !

Elle s’installe directement sur le lit.

— Parfait, j’ai apporté de quoi nous faire ressembler à des stars allant au Met Gala, ma belle.

Elle ouvre la housse et en sort deux jolies robes.

— Je peux utiliser la douche ?

— Bien sûr !

Nous allons dans la salle de bain, elle dépose ses affaires tandis que je sors une serviette et un peignoir pour elle.

Je sors de la salle de bain en laissant la porte entrouverte pour que nous puissions continuer à discuter. Je sors deux verres à pied du placard du minibar, j’ouvre la bouteille de vin blanc et remplis nos verres.

Je m’allonge sur le ventre dans mon lit en l’attendant, parcourant distraitement mon feed Instagram. Les publications célébrant la victoire d’Hayden se multiplient déjà, tandis que d’autres parlent de la remontée inattendue de Cupra.

L’eau de la douche arrête de couler, j’entends Anya sortir de la cabine et se sécher.

— Tu sais quoi, Lina ? dit-elle en ouvrant la porte, vêtue du peignoir que je lui ai donné. Peu importe ce qu’ils disent tous, ce soir, nous sommes les vraies championnes. On va briller sur la piste de danse comme jamais !

Je la regarde, touchée. Elle a cette manière de ramener de la légèreté dans chaque situation.

Je lui tends son verre après qu’elle se soit assise en tailleur sur le lit. On trinque à nous, à notre équipe, à nos efforts… Les rires fusent tandis qu’elle me raconte les potins du paddock. Chaque petite anecdote me fait éclater de rire.

— L’année dernière à Monaco, j’étais restée un peu tard dans le paddock. En sortant, je suis tombée sur une sorte de réunion d’anciens pilotes rassemblée autour d’une table en terrasse d’un resto chic, chacun avec son verre de whisky à la main.

Elle prend une gorgée de son vin, puis continue son récit :

— Je passe à côté d’eux, mais l’un des pilotes dont je tairai le nom m’interpelle d’un geste. Plus tôt dans la journée, il était passé au garage et donc m’a reconnue instantanément. Il me demande si je veux me joindre à eux et, tu sais… ça se refuse pas vraiment…

Je ris légèrement, j’avoue que si un vétéran du sport auto t’invite à sa table, tu ne peux pas refuser.

— Bref… Je m’installe et nous discutons comme si nous étions des amis de longue date jusqu’à ce que le type commence à me raconter comment, à son époque, les pilotes n’avaient pas besoin d’autant de technologie pour gagner, que c’était de l’instinct…

Elle roule des yeux.

— Et puis il me sort : “C’est dommage que les jeunes aujourd’hui ne savent pas vraiment ce que c’est que de piloter, hein ? Ça gâche un peu l’esprit du sport, tu ne trouves pas ?” dit Anya d’une voix grave et âgée, complètement exagérée, qui me fait exploser de rire.

— Je lui réponds que, oui, bien sûr, la technologie a changé la donne, mais que sans ça, il n’aurait jamais su que son moteur surchauffait en 98, juste avant de perdre une course importante. Il reste silencieux, me fixe pendant un moment, puis éclate de rire. Et tu sais ce qu’il me répond ? “Merde, en réalité vous êtes utiles, vous les jeunes.” Puis il m’a offert un verre pour avoir mis une claque à son ego.

J’éclate de rire. J’imagine bien Anya tenir tête à un ancien pilote. Anya hausse les épaules, un sourire malicieux aux lèvres.

— Franchement, j’aurais pu me faire détester, mais au final, il a adoré. J’ai fini par passer la soirée avec eux, ils me racontaient des anecdotes de courses d’il y a trente ans, c’était dingue !

Après avoir fini notre verre, Anya me tend la housse en tissu.

— Allez, choisis la robe que tu veux. Ce soir, on fait tourner les têtes…

Je me saisis de la robe argentée, celle qui brille sous les lumières, et qui, juste le temps d’une nuit, pourra me donner l’impression d’être quelqu’un d’autre. Anya, quant à elle, enfile la robe noire.

On se prépare en chantant à tue-tête – et horriblement faux – sur les chansons qui passent sur le téléphone d’Anya. Nous nous maquillons l’une après l’autre, en s’aidant mutuellement pour que chaque détail nous rende encore plus rayonnantes.

Le temps semblait s’étirer, chaque parole, chaque geste, chaque selfie pris… Une façon de nous rapprocher encore plus après les événements stressants de la journée.

La musique monte d’un cran alors qu’on s’apprête à partir.

Les lumières de la ville se reflètent sur les vitres de ma chambre d’hôtel. Anya glisse son bras sous le mien alors que nous franchissons la porte de la chambre. Dans le couloir de l’hôtel, nos rires résonnent, accompagnés par le claquement de nos talons sur le sol. Nous croisons quelques membres de l’équipe qui nous lancent des regards amusés :

— Deux princesses prêtes à enflammer la piste ! Vous êtes superbes les filles, profitez ! lance l’un d’eux en nous faisant un clin d’œil.

— Ce soir, c’est à nous de briller ! dit Anya en rigolant avant de me tirer vers l’ascenseur.

Tandis que les portes se ferment derrière nous, je réalise à quel point ces moments de légèreté et de simplicité sont précieux. Des moments où l’on oublie la compétition pour se souvenir que, parfois, tout ce qui compte, c’est de rire avec une amie et de se sentir libre.

Les portes de l’hôtel se ferment derrière nous alors que nous nous engageons dans la rue éclairée par les lampadaires. La fraîcheur de la nuit contraste avec la chaleur de l’hôtel et Anya se colle à ma hanche pour capter le peu de chaleur encore sur ma peau.

On s’empresse de rejoindre l’un des nombreux taxis qui attendent devant l’hôtel, tous ayant la même destination dans le GPS : le club.

La voiture fend la ville, et les lumières colorées des vitrines des commerces mexicains se reflètent contre les vitres du taxi.

Le taxi s’arrête devant un gros bâtiment aux grandes lettres lumineuses, formant le nom du lieu : “Janis Palmas”. La musique s’échappe de l’intérieur, laissant percevoir un rythme entraînant qui fait battre mon cœur à tout rompre. On s’avance vers l’entrée où une file s’étend jusqu’au bout de la rue. Nous coupons la file pour rejoindre un videur à l’air imposant à qui nous présentons chacune nos cartes qui prouvent que nous sommes membres de l’équipe Cupra. Il fait un sourire approbateur avant d’ouvrir la porte et de nous laisser passer avec une petite révérence totalement exagérée. Nous éclatons de rire en passant l’entrée, nous sommes rapidement happées par la chaleur et l’odeur du bâtiment.

Le club est rempli de monde, mais nous repérons immédiatement un espace libre au bar. On se fraye un chemin parmi les danseurs alcoolisés en jouant des coudes. Une fois arrivées, Anya commande deux cocktails fruités au serveur, un bel homme, qui lui adresse un sourire charmeur en déposant les verres devant nous.

Lorsqu’il demande de payer un prix exorbitant pour nos deux boissons, Anya se penche sur le bar et chuchote à l’oreille de l’homme : “Mettez-le sur la note d’Hans Stafford”. Elle se redresse en lui envoyant un clin d’œil.

— Alors, on trinque à quoi ? demandé-je en soulevant mon verre vers elle.

— À nous. À notre podium, à nos futures victoires, et surtout, à cette soirée ! lance-t-elle en faisant tinter son verre contre le mien. Les verres s’entrechoquent dans un éclat cristallin, puis nous buvons une première gorgée, savourant le goût sucré de ces cocktails.

🦋🦋🦋

La soirée bat son plein lorsque j’aperçois une silhouette familière au bord de la piste. Luca, adossé contre le mur, les bras croisés et son sourire en coin habituel. J’arrête de danser un instant, piquée de curiosité. Anya me lance un regard entendu avant de me glisser à l’oreille :

— Va voir ce qu’il veut… Moi je vais rejoindre mister beau gosse au bar.

Puis elle s’éloigne immédiatement après en direction du bar.

Je m’apprête à traverser la piste, mais c’est finalement lui qui se dirige vers moi pour me rejoindre. Il rit et pose ses mains sur mes hanches, mon nez est attaqué par son souffle qui empeste l’alcool et son parfum hors de prix.

— Eh bien, mini Her…

Je lui couvre la bouche avant qu’il ne puisse sortir son surnom débile. Il retire ma main.

— Je pensais que tu serais en train de célébrer… plus calmement. C’est tout un show que tu nous fais là, dit-il avec un sourire en coin, tandis qu’il commence à bouger au rythme de la musique, ses doigts serrant mes hanches plus fort.

— T’étais où pendant tout ce temps ? Je ne t’ai pas croisé depuis que je suis arrivée avec Anya, demandé-je tout en suivant son rythme.

— Par-ci, par-là, répond-il en me regardant droit dans les yeux.

Mon cœur bat un peu plus vite sous son regard insistant. Ne sachant pas comment réagir, je me sépare de ses bras.

— Euh je… j’ai vu qu’ils faisaient des shots servis dans des guitares, ça te dit de tester ?

Il hausse un sourcil intrigué, mais finit par hocher la tête d’approbation.

— Pourquoi pas, vas-y, je te rejoins là-bas.

Je me fraye un chemin jusqu’au bar, le cœur battant.

Rapidement, nos shots sont déposés en face de moi. Je m’accoude au bar, mes yeux errant autour de moi pour retrouver la trace de Luca et l’avertir que nos boissons sont là.

C’est comme ça que je le retrouve au bord de la piste, comme s’il cherchait à me rejoindre, quand une fille s’accroche à son cou et l’emmène à nouveau sur la piste. Mon regard se fige, incapable de se détacher de la scène. Elle se rapproche de lui, blottie contre son torse, et lui, il rit doucement, arborant un sourire que je connais trop bien.

Une étrange sensation de déception me traverse. Mon cœur bat un peu plus vite, et malgré moi, je continue de les fixer. Mais pourquoi ça m’agace à ce point ? Je ne l’aime pas… enfin, je ne l’ai jamais pensé de cette façon. Pas vrai..?

Je secoue la tête pour tenter de balayer cette idée, mais l’image de Luca avec cette fille me reste en tête, me laissant un goût amer que je n’arrive pas à expliquer.

Je baisse la tête vers ma guitare miniature remplie d’un alcool coloré. Foutu pour foutu, autant boire les deux moi-même… Avant que je ne puisse attraper l’un des shots, une voix moqueuse se fait entendre derrière moi.

— Alors, Lina, t’as l’air un peu paumée. T’as pas l’air d’avoir apprécié ce que t’as vu sur la piste, dit Hayden avec cette pointe d’ironie qu’il ne cesse de me lancer depuis le jour où j’ai signé chez Cupra.

Je fais un effort surhumain pour ignorer son commentaire, mais ma mauvaise humeur doit être clairement visible sur mon visage et parler pour moi. Je prends le premier shot et le bois d’un trait, sans vraiment faire attention au goût, ma bouche étant trop pâteuse à cause des verres que je me suis enfilés au cours de la soirée.

Hayden hausse un sourcil.

— C’est Vásquez qui te rend comme ça ? Sérieux Lina, t’es plus forte que ça, non ?

— Lâche-moi, Hayden. T’es toujours là pour les embrouilles, hein ? dis-je en soupirant, agacée autant par ses mots que par la situation.

Il rit, mais cette fois, quelque chose change légèrement dans son regard.

— Ok, Ok. Pas besoin d’être sur la défensive. Je rigolais.

— Désolée… J’ai juste pas l’habitude avec toi.

Je tends la main pour récupérer le second shot, mais il me devance et le bois.

— Hé !

— La boisson, c’est fini pour toi ce soir, dit-il sur un ton amusé.

Je le fixe, un peu étonnée. Il n’a jamais fait autre chose que m’agacer depuis le début, mais là, il semble presque… gentil ?

Il finit par croiser mon regard et, sans le ton provocateur habituel, il dit :

— Franchement, je vois bien que t’es pas super à l’aise. Si ça peut te rassurer, Vásquez n’est pas exactement ce qu’on appelle “un tombeur”. Mais si je peux me permettre un conseil, oublie-le ce soir et profite.

Je reste silencieuse, prise au dépourvu. Voir Hayden me parler sur ce ton-là me déstabilise presque plus que de le voir taquiner Luca ou défier les autres sur le circuit…

Anya arrive vers nous, un grand sourire aux lèvres.

— Les amis, je vous abandonne. Le beau Mexicain de tout à l’heure a fini son service et vient de me proposer de faire un tour de la ville, et franchement, ça se refuse pas, dit-elle avec un clin d’œil.

— Tu me laisses toute seule ? demandé-je en haussant un sourcil.

— T’es entre de bonnes mains, dit-elle en lançant un regard à Hayden.

Elle prend quand même le temps de vérifier si j’ai l’air gêné. Je lui fais signe que c’est bon. Sans attendre, elle s’éloigne, riant aux éclats avec son cavalier de la soirée.

Je me tourne vers Hayden, qui regarde Anya partir, un sourire amusé. Puis il me lance un regard en coin.

— Bon, du coup, t’as un plan pour rentrer ? Parce qu’au rythme où tu descends les shots, je suis pas sûr que tu tiennes debout très longtemps.

— Probablement un taxi ? S’il y en a un dans le coin… Sinon je rentre à pied.

Mon esprit est complètement embrumé par l’alcool ingéré. Il soupire, mais cette fois, il n’y a ni moquerie, ni sarcasme, dans son expression.

— Allez, viens. Je te raccompagne. Pas envie de retrouver la meilleure ingénieure de Cupra en train de dormir sur un banc… ou pire.

Son ton est léger, mais pour une fois, je n’entends aucune trace de provocation. Ça me fait sourire, un peu malgré moi.

— D’accord.

En me dirigeant vers la sortie, je croise le regard indéchiffrable de Luca.

🦋🦋🦋

La fraîcheur de la nuit me fait du bien, on marche en silence pendant quelques minutes, avant qu’il ne prenne la parole plus doucement qu’à son habitude :

— Sérieusement, Lina… je sais que j’ai pas été sympa avec toi au début, mais c’est juste parce que… Hé bien, je voulais voir si tu tiendrais dans ce milieu. Tu t’en es bien sortie.

Je lui lance un regard surpris.

— Ça, c’est la chose la plus gentille que t’aies jamais dite, Heikkilä. Faut croire que tu bois autant que moi ce soir.

— Peut-être bien…Il rit, un vrai rire sincère. Et pitié, arrête de m’appeler par mon nom de famille, j’ai l’impression d’être ton pire ennemi.

— D’ailleurs, maintenant que j’y pense. Je t’ai vu dire un truc à Luca sur le podium.

Il semble réfléchir à ma question.

— Oh… Je lui ai dit que c’était que de la chance, dit-il avec son sourire détestable.

Mmh. Mouais. Finalement, Hayden, reste Hayden. Même après avoir sympathisé avec moi.

On arrive finalement à l’hôtel, et alors que je m’apprête à lui dire bonne nuit, il s’attarde un instant devant la porte.

— Pense à bien t’hydrater, ok ? Et ne cogite pas trop. Et pour ce que ça vaut… T’es vraiment forte.

Il tourne déjà les talons.

— Hayden ! Je hausse un peu le ton. Il s’arrête, mais ne se retourne pas. La dernière fois, tu m’as appelé ‘Kultsi’. Qu’est-ce que ça signifie ?

Je l’entends ricaner. Il reprend sa marche en direction de l’ascenseur, en me lançant par-dessus son épaule : “En finnois, c’est une version familière d’un mot qui signifie chérie”.

Je reste plantée là, devant ma porte, tandis que les portes de l’ascenseur se referment sur lui.

C’est dans un état second que j’ouvre ma porte à l’aide de mon badge avant de m’effondrer sur mon lit, en attrapant au passage, une bouteille d’eau.

Cette nuit aura été pleine de surprises.

Je finis par m’endormir quelques secondes avant d’avoir envoyé ‘bien rentrée’ à Anya.

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