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Leto55
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Chapitre 8

Le lendemain matin, la lumière du soleil perce à travers les rideaux mal tirés de ma chambre et frappe mon visage. Je grogne en me retournant, dos à la fenêtre, mes muscles protestant contre chaque mouvement. Ma tête tourne légèrement, preuve que les cocktails et les shots de la veille n’étaient peut-être pas ma meilleure idée… Je regarde la bouteille d’eau à côté de moi, à peine entamée. Erreur de débutante…

Je m’assois contre la tête de lit et j’attrape mon téléphone sur la table de chevet. Quelques notifications s’affichent : des stories Instagram d’Anya où je suis taguée, des photos de la soirée envoyées par des membres de l’équipe, et… un message de Hayden.

“T’as survécu ? J’espère que t’as suivi mon conseil pour l’eau…”

Un sourire se dessine sur mes lèvres. Décidément, il est plein de surprises.

“Soldat à terre… mais en vie. Merci du conseil mais je plaide coupable, j’ai pas bu beaucoup d’eau…. Je regrette…”

“Ahah ! Je pensais pas que tu allais répondre aussi rapidement… Je t’imaginais bien faire un coma jusqu’à 14h, sans vouloir t’offenser”

“Ah. Ah. Très drôle… Et toi ? Mal à la tête ?”

“Non. Contrairement à d’autres, je m’hydrate avant de m’évanouir dans mon lit… A lundi, Kultsi…”

Kultsi… Encore…

Je sens que la nuit dernière a tout changé dans notre “relation”…

Je pousse un soupir en descendant du lit. Ce n’est qu’à ce moment-là que je remarque le plateau posé sur la table proche de la porte. Un verre de jus d’orange et des crêpes sont déposés là, accompagnés d’un petit mot griffonné à la main.

“Pour te sauver de ton état post-apocalyptique. Le Mexicain était génial. Appelle-moi quand tu es réveillée.”

Je ris doucement en l’imaginant se faufiler dans ma chambre avec son plateau en main, en faisant le même bruit qu’un éléphant dans un champ de porcelaine. Je m’effondre sur la chaise et bois une gorgée du jus d’orange encore frais.

Mon esprit vagabonde, revenant sur les moments de la veille : la soirée, Luca, Hayden… et cette étrange impression que rien ne sera plus tout à fait pareil.

En fin de matinée, après une douche bien méritée et une tenue confortable, je rejoins Anya qui m’attend dans le lobby de l’hôtel. Elle est là, éclatante malgré sa propre soirée bien arrosée. Elle me saute dans les bras dès qu’elle me voit.

— Brunch en terrasse ? Il fait beau aujourd’hui, profitons du soleil ! demande Anya.

— J’en rêve !

Elle passe son bras autour du mien, puis nous passons les portes de l’hôtel.

— Alors comme ça madame était trop occupée avec le beau Finlandais pour daigner m’envoyer un simple “Bien rentré” ?

Elle plisse les yeux.

— Hé ! Il m’a juste ramenée, ok ? dis-je en lui donnant un coup de coude. J’ai juste… fini par m’écrouler au lit. Mais toi, raconte ! Ce serveur, c’est du sérieux ou juste une nuit inoubliable ?

Son rire résonne dans les rues de Mexico.

— Juste assez inoubliable pour qu’on se dise au revoir ce matin avec le sourire… dit-elle avec un clin d’œil.

Nous arrivons à la terrasse d’un petit restaurant, niché dans une rue calme, bordée de pavots mexicains. Les tables sont couvertes de nappes blanches et protégées sous des parasols colorés. Une douce odeur de café et de pain grillé flotte dans l’air.

On s’installe à table pendant qu’elle continue son récit :

— Une balade sous les étoiles, lever de soleil devant le palacio de Bellas Artes… Rien à redire. Mais assez parlé de moi. Toi, Hayden, Luca… Raconte.

Un serveur arrive pour nous apporter le menu et une carafe d’eau.

Je prends une gorgée de mon verre avant de répondre.

— Franchement, je ne sais même pas quoi penser. Luca était complètement bourré, et dès que j’ai eu le dos tourné, il est parti danser avec une autre fille. Hayden, en revanche… il a presque été sympa.

Anya arque un sourcil, amusée.

— Presque sympa ? Alors là, c’est le scoop de l’année. Je croyais que son passe-temps favori était de te taquiner ?

— Moi aussi… Mais hier, il m’a raccompagnée et… il m’a dit toutes ces choses gentilles et…

Je repense au surnom qu’il me donne. Je ne peux décemment pas en parler.

— …et voilà.

Nous commandons finalement des plats typiques : des chilaquiles pour moi et des huevos rancheros pour Anya, accompagnés de jus de mangue frais – le serveur a proposé des cocktails, mais Anya, au même titre que moi, a eu un haut-le-cœur à la mention d’alcool – et de cappuccinos onctueux.

Pendant que nous attendons, la conversation reprend :

— Sérieusement, Lina, ça m’écorche la gorge de te le dire, mais… tu te rends compte qu’il t’apprécie ? dit mon amie, pendant qu’elle joue distraitement avec la paille de son verre.

Je hausse les épaules, hésitante.

— Peut-être. Mais c’est tellement compliqué entre nous. Il est arrogant, toujours à chercher la petite bête…

— Et toi, tu réponds à chaque fois. Avoue que ça t’amuse, même un peu.

Je souris malgré moi, baissant les yeux.

— Bon, d’accord. Peut-être un peu. Mais pas d’une façon romantique !

— Oui, je trouve que vous avez le potentiel d’être de bons amis-ennemis… mais pas plus.

— Tu sais, j’arrête pas de repenser à Luca… Il… je sais pas, il était bizarre hier.

Je sais que quelque chose clochait, mais je n’arrive pas à mettre la main dessus…

— Oublie-le, Lina. Si Luca veut jouer au prince charmant d’occasion, laisse-le faire. T’as pas besoin de ça. Ce qu’il te faut, c’est quelqu’un de vrai. Genre un Hayden qui laisse tomber son masque de gros dur.

Je lève les yeux au ciel.

— T’avais pas dit “amis-ennemis” il y a trente secondes ?

Nos plats arrivent enfin, et la discussion s’interrompt un moment, le temps de savourer les saveurs riches et épicées des spécialités locales. Le soleil commence à chauffer, mais la brise légère rend l’atmosphère agréable.

Très vite, nos repas sont dégustés, et il est temps de se séparer pour la journée. Nous réglons l’addition, et avant de partir, Anya me serre dans ses bras.

— Hé, Lina. Peu importe ce qui se passe, avec Luca, Hayden ou qui que ce soit, n’oublie jamais que tu es incroyable. Personne ne te fera briller plus que tu ne le fais déjà.

Je souris, touchée par ses mots.

— Merci, t’es la meilleure…

— Je sais, répond-elle en riant avant de disparaître dans les ruelles colorées.

Je rentre à l’hôtel vers 14h, mais alors que je m’apprête à passer mon badge sur ma porte, j’entends des gloussements au fond du couloir.

Intriguée, je me retourne. Diego est au bout du couloir, devant sa chambre, portant uniquement un simple pantalon de jogging sur les hanches.

Mais ce qui attire mon attention, c’est l’homme qui le suit : grand, avec les cheveux en bataille et une chemise froissée, visiblement la même que la veille.

Les deux échangent un regard complice, presque intime, avant que l’homme ne glisse discrètement sa main sur l’épaule de Diego, comme pour lui dire au revoir sans trop attirer l’attention. Diego, de son côté, rit doucement avant de s’arrêter net lorsque son regard croise le mien.

— Ah… Lina ! Salut ! dit-il en essayant de garder une posture décontractée.

Je croise les bras, tentant de cacher mon sourire.

— Salut, Diego. Belle journée, hein ?

Je ne peux m’empêcher de hausser les sourcils dans sa direction.

Son compagnon, visiblement mal à l’aise, marmonne un “à plus tard” avant de rejoindre l’ascenseur d’un pas rapide. Diego, quant à lui, reste planté là, les mains dans les poches, un sourire crispé sur le visage.

— Tu étais en ville ? dit-il dans une vaine tentative de changer de sujet.

— Ouais, et toi t’es resté au lit… Et avec de la compagnie, visiblement…, répliqué-je en marquant un sourcil, incapable de retenir ma curiosité.

Il rougit légèrement, une expression rare chez Diego, en riant nerveusement.

— Eh bien, disons que le Mexique est plein de surprises…

— Ouais, j’ai déjà entendu ça quelque part…

Je ne peux m’empêcher de sourire.

— Tant que tu t’amuses.

Diego semble se détendre un peu et sourit à son tour.

— Tout va bien, tu sais ? T’as pas besoin de te cacher face à moi, dis-je pour le rassurer.

— Désolé… Tu sais comment sont les gens… Surtout dans ce sport. Alors je me méfie.

— Je ne veux pas être indiscrète, mais… qui est au courant ?

— Dans l’équipe ? Juste… toi.

Oh…

Un silence s’installe. Diego détourne brièvement le regard, comme s’il pesait le poids de ce qu’il venait d’admettre. Je sens qu’il hésite, qu’il veut dire quelque chose, mais il garde ses lèvres fermées, mâchoire légèrement serrée.

— Alors, tu n’as pas à t’inquiéter, dis-je doucement. Ton secret est en sécurité avec moi.

Il lève les yeux vers moi, une lueur de soulagement mêlée à de la gratitude dans son regard.

— Merci, Lina. Vraiment.

— Mais entre nous, t’aurais pu choisir quelqu’un avec un meilleur sens du style.

Diego éclate de rire, cette fois franchement.

— Ouais, c’est vrai qu’il avait l’air d’avoir dormi dans le tambour d’une machine à laver…

On rit ensemble, et je sens la tension s’évanouir un peu. Mais je vois bien que, derrière ses sourires et son humour, une part de lui reste sur la défensive.

— Tu sais, continué-je plus sérieusement. Tu ne devrais pas avoir à te cacher. Pas auprès de moi, ni de personne d’ailleurs. Mais je comprends pourquoi tu le fais.

Diego baisse les yeux, hochant légèrement la tête.

— C’est compliqué, murmure-t-il. Les regards, les jugements… Et puis, dans ce milieu, il y a tellement de machisme. J’ai bossé trop dur pour que tout soit réduit à ça.

Je pose une main légère sur son bras.

— Tu mérites d’être heureux, Diego. Peu importe ce que pensent les autres.

Il relève les yeux vers moi, et son sourire cette fois est sincère, presque ému.

— Merci, Lina. Ça compte beaucoup pour moi.

Il avance vers moi et je ne peux m’empêcher de rire en voyant son léger boitillement.

— Ferme-la…, dit-il en me prenant dans ses bras, tout en me pinçant la côte. Il m’enlace et cale son menton sur le haut de ma tête, sans doute pour cacher le rouge qui lui monte encore aux joues.

Soudain, nous entendons derrière nous quelqu’un courir dans notre direction. Nous découvrons Anya, complètement essoufflée.

— Dieu merci, vous êtes là tous les deux ! dit-elle en essayant de reprendre son souffle. On a un problème… Un gros problème.

Elle me regarde droit dans les yeux en disant ça.

— Crache le morceau, Anya ! intervient Diego, me gardant fermement dans ses bras.

— C’est Luca… Ils l’ont embarqué à l’hôpital, dit-elle en tremblant. Il semblerait qu’il ait été drogué hier soir.

Et là, mon monde s’effondre.

Je sens à peine les doigts de Diego encercler mon visage. Je vois ses lèvres bouger, mais aucun son ne me parvient aux oreilles.

Mon mauvais pressentiment n’était pas qu’une illusion.

Et moi, hier soir, j’ai laissé Luca, complètement vulnérable, aux bras d’une inconnue.

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