Diane:
Je n'arrive pas à dormir.
Le silence qui rentre dans l'appartement et d'habitude apaisant, il sonne comme un refuge. Mais cette nuit c'est différent il sonne comme un orchestre dans ma tête. Les tic-tac de l'horloge le vent contre les vitres et les battements trop rapides de mon cœurs sonnent comme un supplice...
Il y a quelqu'un dans la chambre d'amis, IL Y A UNE ÉLÈVE DANS MA CHAMBRE D'AMIS!!!!
Je viens de réaliser que je venais je faire la chose que je m'étais promis de ne jamais faire. M'occuper et prendre en compte un élèves...
Après tout une élèves qui s'est endormi sens un mot, ivre de fatigue et d'un trop plein. Une élève que j'ai trouvée seule, brisée, dans un bars où elle n'a même pas l'âge d'aller et loin de tout ce qui aurait dû la protéger... je ne pouvais pas la laisser seul . Elle me rappelle un peut moi à mon adolescence.
Je n'aurais pas dû la ramener ici. Je le sais. Tout en moi je le sais.
Mais je n'ai pas pu faire autrement.
Son visage me revient sans cesse, son regard perdu, apeuré, les larmes qui n'ont pas osé couler. Et sa phrase jeté comme un appel que personne n'aurait dû entendre : "je veux que tout s'arrête"
J'ai senti la panique m'envahir et une certitude classée si je la laissais là seule, elle pourrait ne pas rentrer ne pas se relever...
Il est presque cinq heures, je suis assis sur le bord du canapé, les jambes croisés une couverture sur les épaules. J'ai remis de l'eau trois fois à chauffer sans jamais en boire, mon estomac est nouée et je ne sais pas ce que je redoute le plus: sa réaction quand elle va se réveiller ou bien la mienne.
J'ai longuement hésité à appeler quelqu'un Clara, peut-être ou même un service d'urgence, mais j'ai peur que ça aille trop loins. J'ai peur de ce que les gens pouraient penser et dire sur moi, sur elle. Peur que ce soit mal interprété.
Alors j'attends.
Au bout d'un moment je décide de me lever et machinalement j'ouvre la porte de la chambre, lentement, presque à regret.
Elle dort, on peut voir les quelques rayons de soleil qui traverse les rideaux. Elle a l'air apaisé et en meilleure état qu'hier. Ça respiration est régulière et calme. Mais comment va t'elle réagir quand elle va se réveiller ?
Je retourne dans la cuisine, et je prépare deux café. Un pour moi et... un pour elle. Je ne sais pas si elle en boit. Je ne sais rien d'elle en faite à part son nom et son âge. Elle est très discrète en cours, elle ne parle jamais, sais yeux en disent assez.
Je pose les deux tasses sur la table, hésite à m'asseoir, me ravise, fais les cent pas. J'ai les mains moites. Le cœur qui cogne.
Et puis enfin j'entends du mouvement.
La poignée tourne doucement. Le parquet grince.
Elle entre
Je ne sais pas quoi dire, je la voie là en face de moi.
Je lui montre de la main la chaise qui se trouve de l'autre coter du plan de travaille.
Elle a l'air perturbée, hésitante. Ses cheveux sont désordres. Son visage encore marquée par la nuit. Elle avance à petit pas sans parler.
Quand à moi je ne bouge pas, j'en suis incapable.
Mes yeux se posent sur elle puis s'en détourne aussitôt. Je me sens exposé.. géné. Mais le masque que je me suis promis de garder refait surface.
-Je vous avez dit d'aller consulter.
Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça.. je m'en veux et regrette. C'est peut être une façon de garder mes distances.
-Alors c'est vrai
-De quoi parlez vous ?
-que que disent les autres élèves sur vous, que vous êtes sens cœur et aigri.
-Si je suis sens cœur comme vous le dites explique moi se que vous faites là ?
-Je ne sais pas je ne me rappelle même pas se qui sait passé hier...
Elle a l'air vraiment perdu.. j'ai envie de l'aider mais je ne peux pas.
Le silence est pesant. Mais d'une douce voie elle reprend.
-Je vous est fait peur hier, c'est pour ça que je suis là, Vous avez eu pitié.
Je relève les yeux. A présent mon regard est plongé dans le siens. Elle sourit tristement et reprend
-ce n'est pas la première fois que je dis ça, mais c'est la première fois que quelqu'un m'écoute.
Je ferme les yeux une seconde. Je sens que si je parle maintenant, ma voix va trembler.
Alors je me tais encore.
Mais je dois lui dire quelque chose. Je le luis dois.
Alors, au bout d'un moment, je murmure, presque honteusement :
-tu aurais pu... faire quelque chose d'irréversible.
-je sais, dit-elle
-je n'aurais pas pu te laisser le faire.
Elle relève les yeux. Il y a dans son regard quelque chose de neuf. Une surprise. Comme si elle n'avait jamais pensé pouvoir être aperçu par quelqu'un. Même un peu.
Et soudain elle dit sens détour :
-pourquoi m'avez-vous ramené ici ?
Je pourrais lui répondre par des banalités. Par la sécurité. Par la responsabilité. Mais je suis fatigué de mentir.
Je prends une inspiration et dis:
-parce que je n'ai pas supporté te voir comme ça. Parce que je t'ai vu. Réellement vu. Et ça m'a bouleversé.
Le tutoiement dans ma phrase l'étonne. Je le vois à ses yeux.
Elle ne répond pas, elle serre tasse entre ses doigts
Je m'assois enfin. En face d'elle. Nous sommes là, deux femmes que tout oppose. Deux solitude. Deux abîmes.
Et pendant un moment, on ne dit plus rien, on se regarde sans rien dire.
Puis elle demande d'une voix à peine audible:
-je peux rester un peu ? Pas longtemps... juste... je ne veux pas rentrer tout de suite...
Je hoche la tête. Elle baisse les yeux, comme soulagée.
Et je sens que quelque chose dans cette nuit étrange a été sauvé. Pas régler. Pas réparé. Mais juste... sauvé.
Elle est là.
Je suis là.
Et peut-être que ça suffit pour ce matin.
Peut-être que pour juste un matin je suis pas obligé de porter ce masque. Juste un matin.