Leighton
Après avoir quitté ma maitresse d’un soir, je décide de me prendre un verre dans le salon, un whisky en solo, mais j’aurais dû me douter que mes meilleures amies squattaient déjà le canapé, Tess a mis une musique d’ambiance sur les enceintes et Parker a ramené une bouteille de vodka de la cave. Les shooter s’enchainent, Parker commence à devenir sensible, Lana à rigoler pour rien, Tess à essayer de se déshabiller en prétendant avoir trop chaud, je crois qu’il n’y a que Ellis et moi qui restions encore nous-mêmes.
Parker s’assoit à côté de moi, il passe ses mains sous son t-shirt, puis il tourne la tête vers moi, ses longs cheveux ébène lui tombent dans les yeux, qui eux sont remplis de larmes, Parker a toujours eu l’alcool sensible, il pleure à chaque fois pour tout et rien, mais la plupart du temps, c’est à cause du souvenir trop douloureux de sa sœur ! Je le regarde essayant de comprendre ce qui se passe, Parker est comme un petit frère pour moi, nous avons trois ans d’écart, quand sa mère a accouchée, je lui ai promis de veiller sur lui. Nos parents, dans mes souvenirs ont toujours été très proches, c’est sûrement pour ça que nous le sommes aussi.
— Je l’aime. Tu sais. Je l’aime.
— Qui ?
— L’ombre qui me parle et Sophia, j’aime beaucoup Sophia.
— L’ombre ? de quoi tu parles ?
Parker sourit simplement, une larme s’échappe de son œil droit,
— Tu l’aimes toi ? Sophia ?
— Non. C’est un nouveau caillou dans ma chaussure.
— Moi, je la trouve sympa et rigolote.
Je lève les yeux au ciel, je la trouve ni sympa, ni rigolote, elle représente juste un nouveau problème, et je n’avais pas besoin de ça en ce moment, les BloodDrops vont mal, depuis quelque temps les RedsBlossoms sont de plus en plus agressifs et puissants, d’après ce que j’ai entendu dire il y aurait un nouveau chef, et j’avoue qu’il me fait flipper. En six mois seulement, ils se sont fait Cinq cents millions de Dollars, je ne sais pas qui il est, mais ça m’intrigue.
— Je crois que ce serait mieux si elle venait ici avec nous, tu te rends compte seule avec tous ses hommes, moi, j'aimerais bien, mais pour elle…, Il se met à pleurer, ça doit être affreux.
— Ne t’inquiète pas pour elle, Parker.
— Oh non, je dois l’aider. Elle ne va pas aller bien après ça. Leighton, il faut que tu l’as sorte de là.
Il continue de marmonner tout en pleurant, je me masse les tempes, mais rien n'y fait, Parker me casse les oreilles avec cette fille, je vide le contenu de mon verre et sort, l’air frais caresse ma peau, je sors de ma poche un paquet de cigarette, j’en fourre une entre mes lèvres et l’allume avec le briquet de mon père. Un briquet carré en or où est gravé un papillon avec une lettre, un H, pour Hansen, notre nom de famille. Je prends une longue et savoureuse taffe, je profite du calme environnant. L’air frappe les feuilles des arbres, au loin, je vois une lumière allumer dans le bloc 5, je sors mon téléphone et me connecte sur les caméras de surveillance, Eddy est sous le porche l’air pensif, je continue de zieuter l’intérieur de la maison, les mecs jouent aux cartes, d’autres dorment puis je regarde dans sa chambre, elle est dans son lit, profondément endormis, elle dort sur le ventre une de ses jambes est sortie de sous la couverture, je zoome sur celle-ci pour voir un peu plus en détail son tatouage, Athéna qui porte sur son avant-bras une chouette, qu’est-ce que cela peut bien dire ?
— Tu n’es pas sérieux Leigh ?
J’éteins mon téléphone, apeuré par l’éruption soudaine de Lana,
— tu l’enfermes dans le bloc 5 et ensuite, tu l’espionnes, tu as vraiment un problème !
— Je m’assurais simplement qu’elle était encore là, je n’ai pas confiance en cette fille.
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas, mais il y a un truc bizarre chez elle.
— Tu veux plutôt dire que tu n’aimes pas tous ses tatouages.
— Lana, sérieusement, tu as vu tous ces tatouages ? Ils sont magnifiques, mais on se ferait griller avec elle en tant que femme d’infiltration. Elle ne passe pas inaperçue.
— Sur ce point, je suis d’accord. Parker n’a pas trop géré sur ce coup, mais la mettre en tant que femme de terrain, je ne suis pas d’accord. Cette fille est une artiste, pas une tueuse à gages.
J’écrase ma cigarette dans le cendrier posé à l’entrée, puis, je me tourne complètement vers Lana, mes mains rangées dans mes poches,
— Une artiste ?
— Elle est peintre. En tout cas, c'est ce qu’elle a raconté à Parker, elle est diplômée de l’université de Lorenzo de' Medici.
Je souris quand j’entends Lana parler italien, son accent est pourri.
— C’est pour ça que son accent anglais est bizarre ?
— Elle a vécu huit ans en Italie. Parker à quand même bien fait son taf.
— Si seulement il nous avait ramené une autre femme.
Lana secoua la tête, excédé, je lui souris.
— Qu’est-ce que tu peux être borné par moment !
— Je vais aller me coucher. Demain, on a la nouvelle à entrainer.
Lana me donne une tape sur l’épaule, et je pars, je rejoins ma chambre, enfin à l’intérieur, je me déshabille, laissant seulement mon boxer, je me mets sous les draps. Bellisima (Magnifique) est le seul mot que je connaisse en italien.
****
Le soleil baigne la villa que je quitte pour rejoindre le bloc 5, portant un large seau d’eau, Lana court derrière moi, accompagné d’Ellis qui se marre, elle maugréa des insultes et jure de me faire la peau. Cette Sophia est vraiment devenue sa petite protégée. Je rentre dans la maison sous les regards interrogateurs des membres des Bloods, je monte à l’étage et rentre dans sa chambre, toujours endormie, je lui verse le contenu du seau sur la tête, elle saute du lit, le haut du corps trempé, son t-shirt blanc devenu transparent laisse apparaitre sa poitrine nue.
— Tu n'es qu’un abruti. Non, mais il faut être complètement débile pour faire une chose pareille.
— Ou un génie !
— Non, tu es un putain de gros connard !
Je fonce sur elle, en colère, Lana essaye de me retenir, cette Sophia ne semble pas comprendre à qui elle parle, son dos se heurte au mur derrière elle, son corps prit au piège par le mien. Elle me fixe de ses yeux bleus translucides,
— Tu n’as jamais été la bienvenue ici, tu ferais mieux de fermer ta gueule si tu ne veux pas mourir.
Elle ne dit plus rien, son visage se glace, cette femme est horripilante, agaçante et me donne des envies de meurtres à chaque fois qu’elle ouvre la bouche.
— Habille-toi, toujours enfermant ta putain de gueule.
Je me recule pour lui laisser l’espace nécessaire pour passer, j’ordonne à Lana de rester avec elle, pendant qu’Ellis et moi descendons préparer le bloc 2, un grand bâtiment réservé aux entrainements. Quand nous arrivons, des membres sont déjà là, dans la section de tire, le bruit est assourdissant,
— Ils ont encore oublié de fermer cette putain porte.
Ellis s’empresse d’aller les voir, pendant ce temps, je prépare la salle de combat, j’installe des tapis au sol, des armes sur la table collée au mur de gauche, Ellis quand il revient, demande à notre infirmière de préparer l’infirmerie pour faire passer une batterie de test à la nouvelle.
Dans la foulée, nous sommes rejoints par Lana et Sophia, qui ne semble pas ravie d’être ici.
— Très bien, on va commencer par savoir si tu as des bonnes conditions physiques. Tu vas d’abord faire dix minutes de courses puis des exercices de musculation. Ensuite notre infirmière va te faire passer des tests pour voir si tu as des problèmes cardiaques, des mauvais réflexes et tu auras une prise de sang. Puis dernière étape, les combats.
Sophia écarquille les yeux, Lana essaye de la rassurer ce qui m’agace, ce n’est une pas une petite chose fragile !
Nous rejoignons la salle des machines, Sophia s’installe sur le tapis de course et Ellis lance la machine. Sophia court, elle ne parait pas être en difficulté même après dix minutes, ce qui m’énerve. Elle m’énerve encore plus quand elle passe à côté de moi, un sourire satisfait sur les lèvres. Elle balance ses hanches quand elle rejoint Lana, son corps est parfaitement moulé dans une tenue de sport noir, laissant voir un peu plus ses tatouages, un large serpent se faufilant le long de son bras gauche, la tête de celui-ci posé sur sa clavicule, dans son dos, on peut voir les brides de ce qui pourrait être une épée ou un poignard, des araignées pendus à celle-ci, derrière sa cheville est tatouée 666, la rose sur sa main droite remonte sur son bras, l’encre noir sur sa peau raconte une histoire, une histoire sûrement horrible. Je détache mes yeux de cette brunette et les rejoins vers les machines de musculation, Ellis l’a fait installer sur l’une d’elle, le visage apeuré de Sophia ravie mon égo. Elle pousse et soulève avec difficulté, mais ne se démonte pas, elle puise au plus profond d’elle pour réussir, ce qui prouve qu’elle est faite pour le terrain. Après vingt minutes, Sophia est complètement essoufflée et ne tient plus debout, mais on n’a pas le temps pour ses pleurnicheries, nous l’emmenons dans une salle où se trouve l’infirmière, Sophia souffle de bonheur quand elle s’assoit sur le lit de camp. L’infirmière prend son stéthoscope et le place sur la poitrine de Sophia, elle lui demande d’inspirer puis d’expirer, elle balade son stéthoscope un peu partout, elle prend ensuite un petit marteau et vient taper sur les genoux et les coudes de Sophia qui râle, puis dernière étape elle vient lui prendre son sang, Sophia se laisse faire. Une fois tout terminer, je laisse à Sophia le temps de prendre une collation, de se redonner un peu de force puis nous bougeons une dernière fois de place,
— Très bien Lana, tu vas te battre avec Sophia.
Lana se place au centre du tapis, Sophia, s’installe en face d’elle, Lana attaque en premier, elle lui donne un coup dans les côtes, Sophia se plie en deux, Lana en profite pour la mettre à terre, Lana lui demande de se relever, est une nouvelle fois Sophia échoue,
— Passer aux armes !
Lana lève les yeux au ciel, Sophia prend un couteau, Lana aussi, mais rétractable, elles se remettent en position, Sophia semble bizarrement plus confiante, elle lance le couteau en direction du pied de Lana, il se plante à quelques millimètres de son pied, Lana regarde Sophia surprise, on l’est tous, son tir était presque chirurgical, elle ne voulait pas planter Lana, mais elle l’aurait pu. Lana, avance vers elle, l’immobilisa au sol, elle leva son couteau est le planta dans le tapis à un centimètre du visage de Sophia, elles se relèvent,
— C’est parfait, on a ce qu’il nous faut.
— Maintenant, tu sais que je ne suis pas faite pour le terrain.
— Au contraire, tu vas y rester.
— Leighton, intervient Lana, elle ne peut pas aller sur le terrain.
— Elle apprendra à se battre puis si elle n’y arrive pas ce n’est pas très grave, au moins à la première mission, on sera débarrasser.
— Je rêve, je ne compte pas mourir pour ton putain de gang.
— Mais tu crois quoi qu’on ait un camp de vacances, qu’on crée des t-shirts avec des paillettes et des strass ? Tu es ici pour te battre et nous rapporter du fric, que tu en as envie ou non, je m’en moque, tu la fermes et tu bosses.
— Non, je ne vais pas fermer ma gueule. On ne m’a pas promis ça ! Ce n’est pas ce que j’ai accepté. Je ne mourrai pas pour vous.
Mes nerfs sont à vifs, elle a le don de me mettre en rogne rien qu’en ouvrant la bouche, je m’approche d’elle, elle recule de trois pas, j’arrache du tapis le couteau qu’elle a planté dans le sol, elle suit chacun de mes mouvements, le couteau en main, je me précipite de lui mettre sous la gorge,
— Tu es avec nous maintenant, si tu ne meurs pas entre mes mains, c'est que tu seras morte pour sauver un blood.
Ses yeux aussi froids que la glace me regarde, mais il n’y a rien, aucune peur, ses yeux sont vides, sans émotions. Simplement deux billes bleues qui me fixe et qui me défie de le faire, je comprends que la mort, elle la connait et je pourrais parier qu’elle l’a vu de près. C’est ce qui est le plus affreux chez elle et le plus douloureux.