Leighton
Quand j'ouvre les yeux, le soleil me brûle la rétine, une blonde à la tête posée sur mon torse, ses cheveux titillent ma peau, je la réveille sans grande douceur, elle se lève sans rien dire, elle remet son ensemble sexy rouge et sa robe prune, elle me sourit puis quitte la chambre. Mon estomac et ma tête sont en vrac, j'ai mal partout. Je remets mon boxer qui se trouve au milieu de la pièce, puis j'ouvre la baie vitrée en grand, l'air frais pénètre dans la pièce me réveillant un peu plus, sur la commode, j'attrape une clope et le briquet de mon père, je m'installe sur la terrasse, profitant du calme pour fumée, nourrissant mes démons de nicotine. Mes yeux fixés sur l'horizon, je repense au cri de Sophia, cette fille est étrange, mais je suis ravie de voir que je l'énerve. Son cri était si enragé, une colère qu'elle devait contenir depuis un moment.
Mes yeux se posent par automatisme sur le Bloc 5, Eddy est dehors, une clope entre les lèvres, son téléphone en main, il a un sourire idiot greffé sur le visage. Je lève les yeux vers la fenêtre qui donne dans la chambre de Sophia, les rideaux grisâtres sont encore fermés, elle doit encore dormis, dommage que je n'aie pas le temps d'aller la réveiller, je lui aurais réservé une magnifique surprise.
Ma clope terminée, je l'écrase dans le cendrier. Je retourne dans ma chambre, m'habille rapidement et descends dans la salle à manger où m'attendent déjà mes meilleurs amis. Ils sont assis à leur place habituelle, tous ont l'air de sortir tout droit de terre,
— Salut.
Parker lève la tête vers moi et me fait un signe de tête, les autres restent le regard fixe encore endormis,
— Aller, on se bouge, on a des choses à faire.
— Parle-moi fort, Leigh !
Tess remplit son verre de jus, quant à moi, je prends un grand café, je crois que je vais en avoir besoin,
— La prochaine fois, je ne bois pas.
Je pouffe de rire manquant de m'étrangler avec mon café, je me tourne vers Lana qui porte des lunettes de soleil, un verre d'eau où flotte un cachet d'aspirine,
— Chaque soirée, tu dis ça.
— Je sais, mais je ne vais pas tenir la journée avec ce mal de crâne.
— Parlant de journée, il faut faire le débriefe matinal !
Tous râles, Ellis ouvre enfin les yeux pour me regarder,
— Dis-nous tout chef.
— Tess, tu vas aider les femmes d'infiltration pour leur premier jour, tu leur fais le topo classique, Parker, tu viens avec moi dans l'ouest, on doit régler quelques trucs avec les reds et Lana et Ellis, je suis désolé je vous donne le plus chiant et le plus compliqué, je veux que vous entrainiez Sophia. Elle doit être prête dans deux semaines.
Tous deux se redresse sur leur chaise,
— Deux semaines, Leigh, tu abuses !
— Je vais avoir besoin de tout le monde, je ne vais pas lui faire de fleur parce qu'elle est nouvelle.
— Elle pourrait mourir.
— Ellis, tu dramatises puis ce n'est pas si grave !
Ils restent fixés sur moi, je sais qu'ils ne sont pas d'accord avec ma décision et ils ne peuvent comprendre, mais cette fille m'horripile, et je sens quelque chose chez elle, un truc sombre qui pourrait faire du tort au Blood.
— Je compte sur vous.
Même sous ses lunettes de soleil, je peux voir Lana lever les yeux au ciel, ce qui me fait doucement rire. Comment peut-elle aimer cette fille, qu'est-ce qu'elle lui trouve de si spécial ? Peut-être tous ses tatouages, choses qu'elles ont en commun. Ou certainement ses yeux clairs, qui donne l'impression qu'ils peuvent nous transpercer l'âme, ou probablement ses traits fins, cette douceur qui jure avec ses vêtements masculins, ou encore cette faculté qu'elle a de me provoquer du regard, est-ce tout ça qui la rend spéciale ou simplement le fait que ce soit une emmerdeuse de première ? Peu importe, cette fille est un poison, sûrement lent et douloureux, qui rend addict et vulnérable. Elle est un serpent qui se faufile, s'enroule autour de votre gorge et vous tue lentement.
Elle est tellement de chose à la fois que je ne peux lui faire confiance. Elle est imprévisible, on ne sait ce qui se passe dans son cerveau, elle est la peur, le vide et le courage, mais elle est aussi la triste, la douceur, l'amour et la joie, elle est tout et rien, c'est ce qui me fait peur.
J'avale une longue et brulante gorgée de café, l'heure tourne, nous devons, Parker et Moi, être à Tampa avant ce soir, sinon mon plan tombera à l'eau alors, je finis mon café rapidement et monte dans ma chambre pour me doucher et m'habiller une fois cela fait, je rejoins Parker dans le garage, il est assis sur le capot de ma Porsche 911 Targa 4 bordeaux, il me lance les clés et nous partons de la résidence, nous avons quatre heures de route avant d'arriver, Parker enlève ses boots militaires noires, et met de la musique.
****
Je me gare à quelques mètres d'un des bâtiments des RedsBlossoms, je coupe le moteur, il ne faudrait pas qu'on se fasse repérer.
— Tu as tout préparé ?
— Affirmatif.
Il y a une semaine, des RedsBlossoms ont été vus dans notre territoire en train de vendre des armes, je compte bien leur faire comprendre qu'ils ne sont pas les bienvenus dans notre côté de la Floride, alors je leur ai préparé une belle surprise. Parker prend dans la boite à gants deux cagoules noires, nous les affilons, Parker sort le premier, il ouvre le coffre et prend le carton d'explosif. Je sors à mon tour, plaçant mon arme dans mon dos et un couteau sous ma manche.
— Prêt ?
— Toujours Leigh.
Nous nous dirigeâmes vers le grand bâtiment délavé, là où se trouve une petite partie des stocks des RedsBlossoms. Parker devant moi, je surveille ses arrières, aucun Reds à l'horizon, une fois devant le bâtiment, Parker sort de sa poche un quitte de crochetage, en quelques minutes la porte s'ouvre et nous pénétrons à l'intérieur de ce bâtiment vide, nous nous dispersons, dans chaque recoin, nous plaçons un explosif,
— Leigh, ils arrivent, ils devaient y avoir une alarme silencieuse.
Je regarde à travers la fenêtre, des hommes à motos foncent droit sur nous. Je place le dernier explosif et rejoins Parker, nous courons aussi vite que l'on peut, une fois à l'extérieur et à bonne distance, j'appuie sur le bouton qui active les explosifs, nous avons à peine le temps de se jeter au sol que le bâtiment explose dans un bruit assourdissant. Quand je relève la tête, des RedsBlossoms arrivent, je me relève, préparer mon arme, courant jusqu'à la voiture, mais il est trop tard, je tourne la tête vers Parker, il prend dans sa poche son poing américain qu'il enfile entre ses doigts, les hommes avancent vers nous, le visage couvert de leur cagoule rouge foncé, presque noir,
— Vous êtes des hommes morts, dit l'un des reds.
Je souris sous ma cagoule, je sors avec rapidité mon arme et colle trois balles dans le thorax de ce mec,
— Parle plutôt pour toi.
Je venais d'allumer un feu qui se refermait sur nous, mais nous étions préparés. Un homme attaque Parker qui l'assomme de son poing américain, un autre m'attaque au couteau, je lui mets deux balles dans chaque genou,
— Leigh, il faut qu'on rejoigne la voiture, ils sont trop nombreux.
— Avance, je te couvre.
Parker me fait un clin d'œil, sort son arme et avance, foudroyant ses mecs avec une balle précisément tirée dans leurs burnes, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. J'avance à mon tour, les balles volent dans tous les sens, je l'ai évité de justesse. Un mec sorti de nulle part, faisant deux têtes de plus que moi, me désarme, mon Gun part dans les égouts. J'esquive son coup de poing et en profite pour sortir mon couteau de ma manche, je lui enfonce en dessous de la côte gauche, puis retire le couteau, laissant un jet de sang repeindre la rue, toujours le couteau en main, je lui enfonce en plein milieu de la gorge me prenant son sang en pleine figure, l'homme tombe au sol, au loin, j'entends le moteur de ma Porsche rugir, je cours évitant comme je peux les tires. Parker s'arrête de justesse devant moi, manquant de m'écraser, le souffle encore court, je grimpe dans la voiture, j'enlève ma cagoule tâchée de sang,
— Putain mec, tu fous du sang partout.
Je me tourne vers Parker, et le fixe comme si c'était le bon moment pour me faire une leçon de moral,
— Parker roule !
Des hommes arrivent de partout, Parker, appuis sur l'accélérateur, buttant quelques mecs aux passages, il fait du cent cinquante en ville, essayant de fumer ces putains de Reds.
— Prend cette rue.
Parker donne un coup de volant, ma tête cogne contre la vitre, je jure ce qui fait marrer Parker, je lui fais un doigt. Je regarde dans le rétroviseur, nous avons semé les RedsBlossoms, Parker lâche l'accélérateur et nous rentrons dans des rues étroites, je profite pour prendre un chiffon dans la boite à gang, j'essuie mes mains.
— J'espère que la voiture n'a rien !
— On les a fumés ces connards !
— C'est vrai, c'était cool.
Parker rit. Dix minutes plus tard, nous arrivons devant notre motel, Parker de gare et nous descendons, je vais directement à l'accueil pour récupérer une clé. Une femme aux cheveux blonds pisse et aux lunettes roses m'accueille avec les sourcils froncés, je dois avoir une gueule horrible.
— Il me faudrait une chambre avec deux lits séparer.
— Soixante dollars la nuit.
Je sors trois billets de vingt et lui met sur son comptoir, elle prend l'argent et me l'échange avec une clé,
— Chambre 107.
— Merci.
Je rejoins Parker avec les clés, il sort un sac de la voiture,
— J'ai les clés !
— Et moi les vêtements de rechange.
— Tu es venue dans ma chambre ?
— Tu peux aussi me remercier d'avoir pensé à faire un sac.
Je lève les yeux au ciel et passe devant lui pour me rendre à la chambre, je monte un grand escalier en ferraille bleu / vert à moitié rouiller, arriver devant la chambre, je la déverrouille et pénètre à l'intérieur, je pose les clés sur le bureau et m'assoit sur l'un des lits,
— Franchement, c'était chaud !
— Mais on a réussi.
— Tu sais je n'arrête pas de me poser une question, qui est le grand chef des Reds ?
Parker s'assoit sur son lit et bascule en arrière pour se coucher,
— Tu crois qu'Oliver avait un enfant ? Ou un frère.
— Je ne sais pas, il n'y a rien sur la vie d'Oliver dans les papiers de mon père.
Parker continue de spéculer sur ce peut être chef de gang, il y a tellement de possibilité. Depuis la mort d'Oliver Watson, le grand chef des Reds, personne ne sait qui a repris le flambeau. Oliver était très discret sur sa vie, même mon père n'avait rien trouver sur lui. Je me demande bien qui peut être à la tête des RedsBlossoms, sûrement un ancien du gang !
— À quoi tu penses ?
— Je me demande qui est le chef !
— Ça pourrait être n'importe qui.
— Non, c'est forcément quelqu'un qui connait le réseau. Ils sont bien plus puissants depuis quelque temps.
— Tu sais quoi, on devrait penser à autre chose et aller manger, je crève de faim !
Je finis par basculer en arrière et m'allonger à mon tour, mon cerveau fulmine, je n'aime pas les mystères et j'ai vraiment envie de savoir qui est le chef des RedsBlossoms, mais pour l'instant il n'y a qu'un point d'interrogation sur le visage de cet homme...