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MirandaFlanders
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Chapitre 9

IL Y AVAIT UN HOMME ENFERME DANS LA CAVE. Blaike s’assit sur le vieux canapé miteux et poussiéreux du salon principal, le regard perdu dans l’obscurité de la pièce, les pensées tourbillonnant dans sa tête. L’image de l’homme enfermé dans la cave revenait sans cesse, aussi nette que si elle l’avait encore devant elle. Elle revoyait ses yeux rouges et noirs, ce regard qui semblait percer l’âme, ce souffle lourd et lourd de secrets. Et surtout, cette étrange sensation qu’il lui avait laissée, un mélange d’intrigue et de peur. Que devait-elle faire, maintenant ? Elle était partie précipitamment, froidement, abandonnant cette personne à son sort. Sans eau, sans nourriture, sans lumière et blessée. Le regret l’envahissait lourdement, mais la crainte n’était pas loin derrière. Surtout en observant la plaie sur son bras, qui lui rappelait que cette personne, bien qu’attachée et vulnérable, restait dangereuse. 

C’est juste une impression. Il n’est qu’un homme. Rien de plus.

Et pourtant, rien ne faisait vraiment sens. Depuis combien de temps était-il là ? D’où venaient ces brûlures qui lui mordaient la peau ? Et ce regard, celui qu’il lui avait lancé, intense et dévorant… Blaike se sentait prise dans une toile de questions sans réponse, et chaque pensée semblait l’enfoncer un peu plus dans une spirale de doute. Elle se força à secouer la tête, tentant de chasser les visions persistantes de l’homme enchaîné. Mais la réalité semblait se dérober sous ses pieds, chaque détail en elle tournant autour de cette rencontre étrange.

Une sensation glacée lui parcourut l’échine alors qu’elle se souvenait de l’ombre de menace qui flottait autour de lui malgré ses chaînes. Quelque chose clochait, quelque chose qu’elle ne pouvait pas saisir, une présence de plus en plus inquiétante, un pressentiment qu’elle n’arrivait pas à ignorer. Peut-être était-ce juste la peur, l’incertitude qui l’embrumait. Ou peut-être… autre chose. Elle n’était pas prête à l’admettre, mais elle n'arrivait plus à ignorer la sensation qu’une part d’elle-même avait franchi une limite, une frontière qu’elle n’aurait jamais dû traverser. Car maintenant qu’elle savait qu’il était là, elle ne pouvait pas le laisser à son sort. 

Le cœur battant, elle se leva enfin, ses pensées embrouillées et lourdes, et descendit lentement les escaliers. La tête pleine de questionnements sans réponses, mais il y avait aussi cette part d’elle, une part obscure, curieuse, avide de découvrir ce qu’il en était vraiment. Un instinct presque primal. La lumière faiblissante de la lune baignait la pièce d’une lueur pâle, mais c’est cette lueur qui éclaira son visage lorsqu'elle arriva en bas.

— Vous êtes revenue. 

La voix l’accueillit à peine avait-elle fini de descendre les escaliers, alors qu’elle n’avait même pas encore l’homme dans sa vision. L’envie de remonter lui prit aux tripes mais elle n’en fit rien, décidant de se montrer à sa vue en entrant dans la pièce qui le retenait prisonnier. La même vision l’accueillit : la même peau brûlée, les mêmes vieux habits, le même regard rouge et noir… 

— Venez-vous me détacher, cette fois ? Il enchaîna sans lui laisser le temps de répondre, répétant les mêmes paroles que la dernière fois. « Je ne vous ferai aucun mal. »

Blaike ne savait pas si elle pouvait lui faire confiance. Quelque chose en elle, sûrement ses instincts, lui criaient de ne pas le libérer, qu’il était attaché pour une raison. Une autre part, sans doute son empathie, lui intimait de le relâcher pour en savoir plus sur lui et ne pas avoir sa mort sur la conscience. Depuis combien de temps n’avait-il pas mangé ou même bu ? Elle avait de toute façon déjà pris sa décision en descendant, étant donné qu’elle avait amené un coupe-boulon, et vu le regard que l’homme posait sur elle, il le savait aussi. 

— Si je vous libère, commença-t-elle, la voix tremblante, « vous me promettez que vous ne m’attaquerez pas ? »

L’homme sembla surpris par sa question, puis il haussa légèrement les épaules, un geste désinvolte, mais son regard était empreint d'une certaine vérité.

— Je vous ai dit que je ne vous ferai aucun mal...  

Blaike prit une profonde inspiration. Elle leva la barre métallique et la plaça sur la serrure. Un cliquetis perça le silence, et les chaînes tombèrent, inutiles, sur le sol froid. L’homme en face d’elle se redressa, lentement, et pour la première fois depuis qu’il l’avait vue, il laissa échapper un véritable sourire. Un sourire qui, loin de la rassurer, fit naître un frisson glacé dans son dos.

— Merci, dit-il, sa voix basse et râpeuse.

Blaike recula d’un pas, ses mains encore tremblantes de l’acte qu’elle venait d’accomplir. Maintenant, il était libre. Et comme il lui avait promis, il ne lui fit pas le moindre mal : au contraire, même, il se précipita vers la porte comme s’il avait le diable aux trousses et s’enfuit sans qu’elle n’aie pu lui demander quoi que ce soit. 

Blaike resta là, immobile. La porte se ferma derrière lui avec un bruit sourd, et tout ce qui restait, c'était le silence lourd et oppressant de la pièce. Elle s’approcha lentement de la porte, les pieds comme cloués au sol par une angoisse sourde. Que venait-elle de libérer ? 

Elle se précipita hors de la pièce, traversa le couloir, et monta les escaliers, les bruits de ses pas se répercutant dans la grande demeure comme un écho venu d’un autre temps. La lumière de la lune était de plus en plus faible, plongée dans une brume opaque, et l’atmosphère du manoir semblait se charger d’une étrange énergie. Tout semblait figé, comme si le manoir retenait son souffle, attendant une réponse.

Arrivée dans la grande salle, elle s'arrêta net. La fenêtre était ouverte, et le vent glacial soufflait sans retenue dans la pièce. Blaike s'approcha de l'ouverture, jetant un coup d'œil à l'extérieur. Rien. La nuit était calme, trop calme. Il était parti, oui, mais avait-il vraiment disparu ?

Elle s’éloigna de la fenêtre après l’avoir refermée, s’emparant de la chandelle sur une table voisine pour éclairer son chemin. Chaque ombre dans le manoir semblait se tordre et se mouvoir sous la lueur vacillante de la flamme. Le sol grinçait sous ses pas, comme une vieille âme qui gémit dans la solitude, mais il ne céda pas cette fois. Le trou qui l’avait avalé n’était pas bien loin et elle l’évita soigneusement pour continuer son chemin. Quand elle arriva au pied des escaliers, une étrange sensation la saisit. Ses yeux balayèrent la pièce, mais rien ne sembla se distinguer dans l’obscurité qui l'entourait.

Que devait-elle faire ? Aller se coucher comme si de rien était et attendre son retour, s’il revenait ? Passer la nuit à fouiller le manoir de fond en comble ? 

Blaike se sentit de plus en plus oppressée. Ce n’était pas le vide qui la dérangeait, ni même l’obscurité. C’était cette étrange sensation qu’elle n’était plus seule. Mais elle secoua la tête, essayant de rationaliser ses pensées.

Elle se dirigea vers les escaliers pour regagner sa chambre, son esprit tourbillonnant toujours autour de l’homme qu’elle avait libéré. Aucun doute qu’elle ne parviendrait pas à fermer l'œil de la nuit… et la chandelle, restée allumée, n’était pas d’un grand réconfort. Elle se coucha après avoir fait un bandage sommaire autour de son bras, histoire d’être sûre de ne pas tâcher les draps si elle devait saigner un peu, et s’endormit. 

Le lendemain matin, Blaike se réveilla avec un mal de tête tenace. La nuit n’avait pas été réparatrice, son esprit toujours tourbillonnant autour de l’homme qu’elle avait libéré. Les événements de la veille la laissaient avec un sentiment d’inquiétude qu’elle ne parvenait pas à écarter. Ses muscles étaient raides et fatigués, et la lumière du jour qui perçait à travers la fenêtre semblait être une douce torture.

Elle se leva lentement, se frotta les yeux, puis se dirigea vers la petite cuisine pour préparer un maigre petit déjeuner. La solitude du manoir était encore plus pesante de jour. En silence, elle but une tasse de thé, se demandant comment elle allait bien pouvoir continuer à entretenir ce vieux bâtiment et se nourrir en même temps. Les quelques économies qu’elle avait ne dureraient pas indéfiniment, et elle savait qu’il lui faudrait bien sortir pour acheter des vivres.

Elle enfila une robe simple et se coiffa rapidement avant de se rendre dans le couloir. Le vent soufflait encore de l’extérieur, la pluie tombait drue sur le toit du manoir, mais elle se sentait prête à braver le temps. Il fallait qu’elle sorte. Un peu de normalité, un peu de monde extérieur, lui ferait du bien.

Une fois arrivée à Noxmourne, elle se dirigea d’abord vers le marché. Les étals étaient bien fournis, malgré le temps maussade. Les fruits et légumes frais trônaient sous des toiles de protection, les marchands criaient leurs prix et leur marchandise. Blaike s’arrêta devant un étal de légumes, sélectionnant quelques carottes et oignons. Elle n'eût pas le temps de payer que, soudain, une voix rugueuse s’éleva derrière elle.

— Une femme seule n’a rien à faire ici, lui lança un homme d’un certain âge, avec un air sévère. Vous feriez mieux de rentrer chez vous, c’est trop dangereux pour une dame sans escorte.

Blaike tourna les yeux vers lui, surprise. L’homme, robuste et légèrement bedonnant, la toisait de haut, ses bras croisés sur son torse. Elle l’observa un instant, abasourdie par son ton.

— Je me débrouille très bien toute seule, merci, répondit-elle froidement, tentant de garder son calme. Les femmes n’ont pas besoin d’escorte pour faire leurs courses.

L’homme ne sembla pas apprécier sa réponse. Il s’avança d’un pas, ses yeux s’emplissant d’irritation.

— Vous ne comprenez pas, petite. Ce n’est pas une question de faire vos courses. C’est une question de respect des règles. Une femme seule, dans une ville comme celle-ci, c’est une invitation aux ennuis.

Blaike serra les poings, sentant la colère monter en elle. Elle n’avait jamais aimé qu’on lui dise ce qu’elle devait faire. De plus, elle n’avait rien demandé, et ce genre de discours ne faisait qu’aggraver sa frustration. Elle s’approcha un peu plus de lui, le défi dans le regard.

— Si vous avez un problème avec ça, vous n’avez qu’à vous en aller, répondit-elle, d’un ton sec. 

L’homme siffla entre ses dents, visiblement énervé par son impertinence. Puis, dans un geste rapide, il lui asséna une gifle violente, frappant son visage avec force. Le bruit du contact résonna dans l’air, choquant les passants alentours.

Blaike, les joues en feu, recula sous le coup, ses yeux lançant des éclairs de colère. Elle n’avait pas vu venir ce geste. Elle prit une profonde inspiration pour se calmer, mais son sang bouillonnait de rage. Les larmes montaient, mais elle se força à les contenir.

Lentement, sans dire un mot, elle leva la main, puis, d’un coup sec, lui rendit la gifle avec toute la force qu’elle pouvait y mettre.

L’homme vacilla sous l'impact. Un silence lourd s'installa un instant autour d'eux, quelques passants s'arrêtant, les yeux fixés sur la scène. Blaike, haletante, se redressa et croisa le regard de l'homme. Ses joues brûlaient encore de la violence du coup, mais une étrange satisfaction la remplissait.

— Je ne suis pas une enfant, dit-elle d'une voix basse, mais ferme. Et si vous osez me toucher encore, je vous garantis que vous le regretterez.

L’homme, rouge de colère, s’essuya la bouche d’un revers de main. Il tenta d’approcher, mais les murmures des témoins autour d’eux semblèrent l’intimider. Il se contenta de la fixer, avant de se détourner avec un grognement.

— Vous n’en avez pas fini avec moi, jeune femme, grogna-t-il avant de disparaître dans la foule.

Blaike se tourna vers les témoins, sa mâchoire serrée, les poings fermés. Un vieux marchand s’avança prudemment vers elle.

— Vous n’auriez pas dû faire ça, mademoiselle, dit-il, les sourcils froncés. Vous savez comment ces types peuvent être.

Elle haussait les épaules, ne voulant pas se laisser abattre.

— Ce genre de personne ne mérite pas de respect, dit-elle d’un ton tranchant, avant de se tourner vers les étals. Je vais prendre ça et ça.

Ses mains tremblaient un peu, mais sa fierté et sa colère avaient remplacé la peur. Elle avait réussi à tenir tête à ce type. De mauvaise humeur pour la journée, Blaike s’autorisa toutefois à acheter encore quelques fruits, du pain à un boulanger et du sucre avant de rentrer. Il ne lui restait plus qu’un bien maigre pécule, mais elle aurait de quoi tenir encore quelques jours… en espérant qu’elle trouve du travail ou une solution rapidement. 

Une fois arrivée au manoir, au lieu de se remettre au ménage, elle partit en cuisine préparer de la confiture. Certes, acheter les ingrédients nécessaires lui avait coûté plus cher que prévu, mais avec le pain, ça lui ferait de parfait petit-déjeuner et lui rappellerait son quotidien d’avant. Ca lui occupait aussi l’esprit et les mains, c’était donc bienvenue au vu de la situation. Sa confiture sur le feu, elle coupa les légumes qu’elle avait achetés pour en faire une soupe, essayant de garder son esprit concentré sur la tâche en cours. 

Elle se rappela alors une anecdote que sa mère lui avait racontée : quand elle était petite, la confiture était un luxe réservé à quelques privilégiés, mais tout avait changé avec l’arrivée du sucre de betterave. Un sourire s'épanouit sur ses lèvres, un doux souvenir qui lui apporta une chaleur réconfortante, dissipant les ombres de ses pensées.

Une fois la confiture prête, Blaike la versa dans de petits pots en verre avant de s'atteler à la préparation de sa soupe. Un léger bruit derrière elle, un froissement à peine perceptible, la fit sursauter. Elle se tourna rapidement, et là, se tenait l’homme qu’elle avait sauvé.

Il portait une chemise à jabot blanche, dont le tissu délicat avait perdu de sa vivacité au fil du temps, mais qui restait néanmoins d’une grande élégance. Le jabot, finement plissé, se déployait autour de son cou comme une collerette raffinée, un vestige d’une époque révolue. Ses manches longues étaient cintrées aux poignets par de petites dentelles délicates, frisant au contact du tissu. Son pantalon, monté haut à la taille, était en toile épaisse, un peu démodé dans sa coupe mais toujours d’un chic sobre. Ses bottines en cuir poli brillaient légèrement, malgré leur apparent vieillissement.

Il semblait bien plus en forme que la dernière fois qu’elle l’avait vu : il n’arborait plus du tout de brûlures et ses cheveux, longs et blonds, avaient été coiffés, dégageant un visage aux traits bien dessinés. Ses yeux, étrangement rouges, possédaient une sclère blanche. Elle eut un instant le doute d’avoir mal vu, avec l’obscurité, mais elle se rappelait très clairement d’un fond de l’oeil noir… 

L'homme fit un pas en avant, ses yeux brillants d'une reconnaissance sincère. Il inclina légèrement la tête, un geste élégant.

— Mademoiselle, permettez-moi de me présenter, dit-il d'une voix douce mais assurée. « Je m'appelle Emrys. » Il marqua une courte pause avant de poursuivre, un sourire discret aux lèvres. « Je vous suis profondément reconnaissant de m’avoir libéré. »

Blaike resta figée un instant, ses yeux se fixant sur lui sans réellement savoir comment réagir. Ses paroles, polies et pleines de reconnaissance, contrastant avec son regard d’un rouge étrange, accentuaient ce sentiment d'inquiétude qu'elle ne pouvait plus ignorer. 

Elle inspira profondément, cherchant à retrouver son calme. « Emrys... » répéta-t-elle, ses doigts serrant nerveusement le manche de la cuillère qu’elle tenait toujours. « Vous… » Elle s’arrêta, hésitant à poursuivre. Que lui dire après tout ? Elle avait à peine échangé quelques mots avec lui et voilà qu’il apparaissait de nouveau, comme s’il n’avait pas disparu de la cave une nuit plus tôt.

L'homme fit quelques pas dans la cuisine, son regard passant sur les pots de confiture et la soupe, comme s’il analysait minutieusement chaque détail, chaque geste. Il semblait profondément à l'aise, malgré les circonstances étranges dans lesquelles il se trouvait. Le contraste entre sa prestance et l’environnement délabré du manoir, avec ses murs décrépis et son atmosphère de plus en plus lourde, ne cessait de la troubler.

— Vous… Elle se mordilla la lèvre inférieure, cherchant les mots justes. « Vous m'avez fait peur, hier. » Ce n'était pas vraiment ce qu'elle voulait dire, mais c'était un bon début.

Emrys inclina la tête légèrement, un sourire qui frôlait l'ironie aux lèvres. « Je ne cherche pas à vous effrayer, mademoiselle. J'étais… dans un état déplorable, il y a peu. » Il marqua une pause, ses yeux se glissant furtivement sur le bandage que Blaike avait fait à son bras, là où il l’avait mordue la veille. La plaie ne s’était pas rouverte et cicatrisant bien, elle ne devrait pas laisser de marque. Son regard remonta toutefois sur son visage, et plus particulièrement sur sa joue. « Qui vous a fait ça ? » demanda-t-il avec une froideur étrange. 

Blaike porta instinctivement sa main à sa joue, effleurant doucement la peau encore sensible sous l'empreinte du coup. 

— Rien de grave, juste un malotru qui m’a pris pour une victime facile. C’est réglé.

Emrys l'observait toujours, son regard insistant, mais il ne pressa pas davantage. Il se contenta d’un léger sourire, à peine perceptible.

— Vous êtes courageuse, répondit-il simplement, ses yeux effleurant à nouveau la plaie sur son bras. Pourtant, il y a des choses plus sombres dans ce monde que des hommes de passage. Des choses qu’il vaut mieux ne pas affronter seule.

Elle sentit son cœur s'accélérer, un frisson parcourant sa colonne vertébrale. Elle avait l'impression qu'il en savait plus qu'il ne laissait paraître, et ça la mettait mal à l'aise. 

— Je n’ai pas l’intention de rester seule, rétorqua-t-elle, presque avec défi, comme pour se convaincre elle-même. Et je ne vous ai pas demandé de revenir.

Emrys la fixa un moment en silence. Il se pencha légèrement en avant, et un éclat étrange traversa ses yeux, comme s’il pesait soigneusement ses paroles.

— Vous ne me demandez pas, mais je suis ici, n'est-ce pas ? Parce que vous m'avez sauvé et que ce manoir m’appartient. Vous y êtes d’ailleurs la bienvenue. 

Emrys s’approcha de la table, observant les pots de confiture et la soupe. Et Blaike remarqua qu’il restait toujours dans l’ombre, ne s’approchant pas du puit de lumière que créait la fenêtre. 

— Vous en êtes le propriétaire ? Mais alors… pourquoi étiez-vous enfermé dans cette cave ? 

Elle avait des questions plein la tête : ce qu’il faisait là, qui il était, pourquoi il avait été enfermé, depuis combien de temps… mais Emrys repoussa tout cela d’un sourire : 

— Ca, ma chère, c’est une question pour une prochaine fois. Vous n’êtes pas prête à entendre la réponse… Mais plus important, quel est votre nom ? Emrys s’approcha davantage d’elle et elle dût se retenir de reculer à son approche. Elle ne voulait pas lui montrer son appréhension. 

— Je m’appelle Blaike. 

Prenant sa main dans la sienne, il l’amena alors à ses lèvres pour y déposer un baiser, son regard venant trouver le sien. 

— Enchanté, Mademoiselle Blaike. 

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