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❝𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄❞
❝𝐈 - 𝐍𝐄𝐆𝐎𝐂𝐈𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍❞
❝𝐈𝐈 - 𝐀𝐋-𝐇𝐀𝐊𝐈𝐊𝐀𝐇❞
❝𝐈𝐈𝐈 - 𝐁𝐋𝐔𝐄 𝐐𝐔𝐑𝐀𝐍❞
❝𝐈𝐕 - 𝐑𝐀𝐓𝐓𝐑𝐀𝐏𝐄𝐑❞
❝𝐕 - 𝐈𝐍𝐄𝐕𝐈𝐓𝐀𝐁𝐋𝐄 𝐑𝐄𝐍𝐂𝐎𝐍𝐓𝐑𝐄❞
❝𝐕𝐈 - 𝐀𝐋𝐋𝐄𝐑 𝐒𝐈𝐌𝐏𝐋𝐄 𝐏𝐎𝐔𝐑 𝐒𝐀𝐑𝐈𝐘𝐀❞
❝𝐕𝐈𝐈- 𝐎𝐔 𝐋𝐀 𝐇𝐀𝐈𝐍𝐄 𝐏𝐋𝐎𝐍𝐆𝐄 𝐕𝐄𝐑𝐒 𝐋'𝐀𝐁𝐈𝐌𝐄❞
❝𝐕𝐈𝐈𝐈 - 𝐎𝐔 𝐋𝐀 𝐇𝐀𝐈𝐍𝐄 𝐏𝐋𝐎𝐍𝐆𝐄 𝐕𝐄𝐑𝐒 𝐋'𝐀𝐁𝐈𝐌𝐄 #𝟐❞
❝𝐈𝐗 - 𝐏𝐑𝐎𝐂𝐄𝐃𝐔𝐑𝐄𝐒❞
❝𝐗 - 𝐏𝐑𝐎𝐂𝐄𝐃𝐔𝐑𝐄𝐒 # 𝟐❞
❝𝐗𝐈-𝐕𝐈𝐂𝐓𝐈𝐌𝐄❞
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❝𝐗 - 𝐏𝐑𝐎𝐂𝐄𝐃𝐔𝐑𝐄𝐒 # 𝟐❞




Ű§Ù„Ű„ŰŹŰ±Ű§ŰĄŰ§ŰȘ - 10

âđ‚đĄđšđ©đąđ­đ«đž 𝟏𝟎❞








❝𝐑𝐘𝐀𝐍 𝐁𝐄𝐍 𝐒𝐀𝐘𝐎𝐔𝐑'𝐒 𝐕𝐈𝐄𝐖𝐏𝐎𝐈𝐍𝐓

𝐀𝐌𝐒𝐓𝐄𝐑𝐃𝐀𝐌-𝐍𝐄𝐓𝐇𝐄𝐑𝐋𝐀𝐍𝐃𝐒

𝟏𝟒𝟒𝟏 - 𝟐𝟎𝟏𝟗❞

- Ű±ÙŠŰ§Ù† ŰšÙ† ŰłÙŠÙˆŰ±

14 heures 52.

Le procĂšs allait dĂ©buter. La salle du tribunal se vidait devant moi, pour nous cĂ©der la place. Je tenais contre moi, sous mon bras, le dossier qui contenait tout ce dont j'aurais besoin. Je savais que le procĂšs serait compliquĂ©, et j'Ă©tais loin d'ĂȘtre d'en sortir sĂ»r victorieux.

L'accusĂ© Ă©tait aussi difficilement dĂ©fendable qu'il Ă©tait accusable. J'espĂ©rais ĂȘtre capable de ne pas le faire reconnaĂźtre immĂ©diatement coupable, et que la cour suprĂȘme estimerait que les lois avaient mal Ă©tĂ© appliquĂ©es.

Le jugement croisait émirats et Pays-Bas, Bakhtiyari étant jugé dans leur systÚme selon les lois émirats. On avait refusé de le faire déplacer aux émirats dont il possédait la nationalité, bien qu'Irakien.

Il était à présent 14 heures 55. Chaque seconde était suivie d'un battement de mon coeur, et je sentais des gouttes de sueur commencer à perler sur mon front. J'avais plaidé de nombreuses fois, mais je me sentais débutant face aux hautes portes de la salle.

J'Ă©poussetai lĂ©gĂšrement la longue toge dont j'Ă©tais vĂȘtue, celle appartenant aux tribunaux Ă©miratis. L'affaire Ă©tait un Ă©trange croisement bien trop suspect entre deux pays opposĂ©s.

Les portes de la salle d'audience furent ouvertes, nous laissant entrer. Je pris place face Ă  l'estrade du juge, qui en l'occurrence serait une femme. Je jetai devant moi, sur la table de bois, le dossier que j'avais jusque lĂ  contre moi.

M'asseyant, je rĂ©ajustai d'un geste tremblant, quelque peu fĂ©brile, le rabat noir que je portais en couvre-chef, symbole de la culture Ă©miratie et de son attachement Ă  sa religion. Une fois bien apprĂȘtĂ© et plus confiant, je relevai le regard sur la salle. Quelques chuchotements rĂ©sonnaient, et nous Ă©tions moins d'une dizaine dans la salle.

Je regardai autour de moi, cherchant la fameuse Noam El-Sayed, que Tasnim était censée tuer aprÚs le procÚs. Il n'y avait qu'une femme présente dans la salle, et elle n'était aucunement d'apparence maghrébine : c'était la juge Tyssam Fadlallah. Elle était claire de peau, il me semblait qu'elle était syrienne ou libanaise, d'aprÚs ce que je savais et ce que je pouvais constater.

Je jetai un oeil sur les deux bancs Ă  cĂŽtĂ© de moi. La place qui devrait ĂȘtre occupĂ©e par le procureur Ă©tait pour le moment vide. El-Sayed allait arriver.

Ma montre, fermement serrée à mon poignet, indiquait de ses deux aiguilles quatorze heures cinquante-huit. Quelques derniÚres personnes faisaient leurs entrées, dont le témoin et l'accusé.

Ce dernier vint prendre place Ă  mon cĂŽtĂ© gauche, face Ă  la juge qui s'Ă©tait installĂ©e derriĂšre son estrade. VĂȘtu d'un costume noir mais sans cravate, il balaya la salle d'un regard aussi sombre que sa tenue, avec une mĂ©fiance largement perceptible. Grand, fin, le visage creusĂ©, il mesurait presque la mĂȘme taille que moi, je ne devais qu'avoir deux ou trois centimĂštres de plus que lui.

La salle était pour le moment silencieuse, et le sérieux qu'aurait le procÚs se voyait sur le visage de chacun. Cela faisait un certain temps que je n'avais pas plaidé dans cette ambiance, à vrai dire, deux ans, le dernier procÚs de ce genre que j'ai fait étant celui de Sariya.

L'huissier avait pris place au fond, sur un banc, prĂȘt Ă  noter les moindres dĂ©tails du procĂšs. La juge Fadlallah Ă©tait assise derriĂšre son estrade, les cheveux plaquĂ©s en arriĂšre, avec l'air sĂ©vĂšre que toute figure centrale d'un procĂšs se devait d'arborer.

Mes yeux parcoururent de nouveau la piĂšce. Des pas avaient rĂ©sonnĂ© contre le sol, un dernier homme venait d'entrer. Il prit la place qui Ă©tait celle du procureur, Ă  ma droite, quelques documents en main. Ce devrait ĂȘtre une femme, une Ă©gyptienne, Noam El-Sayed qui l'occupait, mais Ă  la place, c'Ă©tait un homme. Observant son visage, je le devinais marocain, mais il y avait erreur quelque part. Une femme au teint bronzĂ© devrait ĂȘtre lĂ , Ă  la place du procureur, pas un homme Ă  l'apparence nord-africaine, sĂ»rement originaire du pays voisin du mien.

Mon téléphone étant éteint et rangé dans la poche du pantalon que je portais sous ma toge, il me serait impossible de contacter Tasnim. Cette affaire de mafia commençait à mal tourner, alors qu'elle était la seule piste que j'avais pour tout découvrir à l'aide de l'émiratie.

La juge se racla la gorge, il Ă©tait quinze heures pile. Je me reconcentrai, reprenant mon sĂ©rieux presque palpable. J'avais tant bien que mal tentĂ© de me dĂ©tacher de la situation en m'engluant dans une rĂ©flexion absorbante alors que c'Ă©tait loin d'ĂȘtre le moment idĂ©al. Mon coeur pulsait dans ma cage thoracique, et j'en faisais tant bien que mal abstraction. Je devais effectuer mon taf, sauver la mise Ă  ADAK et Jafar Bakhtiyari, puis mener Ă  bien mes projets.

La salle d'audience baignait dans une lumiĂšre froide, et ses hautes fenĂȘtres filtrait le ciel gris d'Amsterdam, en ce trois dĂ©cembre deux-mille-dix-neuf. Elle avait pratiquement les mĂȘmes dimensions qu'un amphithéùtre, alors que le procĂšs se faisait Ă  huis clos.  Les visages de tous Ă©taient fermĂ©s, comme l'audience l'Ă©tait au public.    

Bakhtiyari et moi étions maintenant au centre d'un procÚs complexe, lié à un réseau criminel plus que dangereux, opérant entre Rotterdam et Amsterdam, Mais faute de preuves solides, défense et accusation s'engageaient dans un duel verbal tendu. Il était quinze heures deux et nous allions pouvoir débuter, maintenant que les portes s'étaient fermées.

Tyssam Fadlallah, juge du procÚs, commença, de sa voix féminine mais grave :

—  Ici prĂ©sent, face Ă  moi, l'accusĂ©, Monsieur Bakhtiyari Jafar, Irakien naturalisĂ© Ă©mirati, accusĂ© d'actes illĂ©gaux au sein d'un rĂ©seau mafieu non-dĂ©mantelĂ© pour le moment. Le cinq juillet 2019, soit cinq mois plutĂŽt, Ă  10 heures 45, M. Bakhtiyari aurait tentĂ© de faire passer une cargaison de drogue accompagnĂ©e d'une cinquantaine de milliers d'euros en contre-bande.

Elle se tut, ayant énoncé les faits avec un ton lourd. Elle parlait au subjonctif et cela m'agaçait, sans compter qu'elle avait mal prononcé le nom de Bakhtiyari, l'ayant dit sans la prononciation arabe. En temps normal, un juge énonçait les faits fermement, en parlant au présent ou au passé, aucunement dans un temps qui émettait une supposition, mais Fadlallah semblait négliger son rÎle. 

Je n'avais pour le moment rien à dire, je me contentais d'ouvrir le dossier que j'avais face à moi, d'un geste légÚrement tremblant. Mes jambes aussi se secouaient sous la tables, sans que je ne parvienne à les calmer. Mon anxiété à l'idée de perdre le procÚs, ne réussissant pas à faire acquitter Jafar était palpable, elle se sentait et me mettait encore plus mal à l'aise.

Un silence de quelques secondes venait de s'installer. Une chaise racla le sol, venant le rompre.

—  L'accusĂ© est un rouage essentiel de cette organisation transnationale. En tant que citoyen Ă©mirati, il a utilisĂ© les privilĂšges de sa nationalitĂ© pour couvrir ses agissements, mais aujourd'hui, la justice ne peut se laisser manipuler.

L'homme, à la place de procureur s'était levé et avait posé cette question. Sa voir était claire, presque nasillarde, avec au fond d'elle, un soupçon moqueur qui me déplaisait fort. Ce type consistait bien en le procureur du procÚs, il remplissait son rÎle, alors qu'une femme y avait été annoncée, et qu'aucun changement ne m'avait été notifié.

L'huissier, lui, au fond de la salle prenait activement des notes, et finissant lui aussi releva le regard sur le procureur encore debout. Ce dernier, qui avait marqué une pause, tourna vers le témoin, le désignant de sa main alors que je me trouvais avec Jafar, avant lui, pour reprendre :

—  Monsieur Seymen Ibn Talib, tĂ©moin ici prĂ©sent, confirmez-vous que vous Ă©tiez avec Monsieur Bakhtiyari au moment des faits ?

L'Irakien à mon cÎté gauche avait changé d'expression. Son regard noir se promena sur le témoin, sa mùchoire se serra, et de la haine passa de ses pupilles, les faisant briller de rage. Baissant légÚrement le regard avec discrétion, j'aperçu ses poings se serrer contre le haut de ses cuisses. Je le comprenais, Seymen était un ancien membre d'ADAK, et témoigner à l'encontre de son ancien collÚgue était traßtre. Il était le seul témoin de la salle, mais je savais qu'on aurait sûrement pu en appeler une dizaine d'autres, mais aucun à part Ibn Talib n'avait voulu trahir Jafar et ADAK, risquant ainsi gros avec le réseau.

Le procureur s'était rassis, suivi par la levée de Seymen :

— Oui, je le confirme.

Sa phrase terminĂ©e, prononcĂ©e avec le mĂȘme tremblement que mes jambes quelques instants auparavant, il reprit place dans le banc. Son affirmation avait terriblement manquĂ© d'assurance, malgrĂ© la volontĂ© qu'il avait eu d'ĂȘtre confiant. Je me levai alors Ă  mon tour, rĂ©ajustant rapidement ma toge, exerçant enfin mon travail :

—  Mesdames et Messieurs de la cour, nous sommes ici dans une situation oĂč les suppositions remplacent les faits. Jafar Bakhtiyari, est accusĂ© de crimes graves sur la base de conjectures et d'associations indirectes. Mais oĂč sont les preuves tangibles ? OĂč est l'Ă©lĂ©ment qui relie indĂ©niablement M.Bakhtiyari Ă  ces opĂ©rations ?

J'avais pris une voix claire, bien que restant rauque, et elle avait tonné pour raisonner dans toute la salle d'audience. Mes chances de remporter le procÚs étaient plus que nuancées, tout comme ma confiance, mais ma détermination ferait défaut à celles des membres du tribunal face à moi.

J'avais pensĂ© que le procĂšs se ferait sĂ©rieux, mais je notais que les choses n'avaient pas Ă©tĂ© faites correctement : le tĂ©moin devait ĂȘtre appelĂ© Ă  la barre avant de dire quoi que ce soit.

Nous Ă©tions dans des affaires sĂ©rieuses, qui me rendaient nerveux, et ils ne respectaient mĂȘme pas les procĂ©dures correctes. J'allais bien leur les rappeler, nous parlions de mafia et ils voulaient faire autrement. J'Ă©tais connu pour ma maĂźtrise de l'art oratoire, et mon calme apparent, capable de garder ma colĂšre Ă  l'intĂ©rieur de moi, les journaux Ă©miratis l'avaient clamĂ© lorsque j'avais dĂ©fendu Tasnim.

Mon regard croisa celui de l'huissier, puis celui du procureur. Je le baladais ensuite sur le panneau de bois devant moi, que de mon mÚtre quatre-vingt-douze je dominai maintenant. Mes yeux s'aventurÚrent ensuite sur les hautes vitres semblables à des baies, pour revenir à la salle d'audience, à l'ambiance crémeuse et étouffante malgré ses dimensions.

Toujours debout, je déglutis, me tournant briÚvement vers Jafar puis vers la juge, et repris mon discours que j'avais mis en suspension :

— La justice exige des certitudes, pas des hypothĂšses. Nous entendrons des tĂ©moins, nous examinerons des preuves, et je vous prouverai que Jafar Bakhtiyari est innocent des accusations portĂ©es contre lui.

Je finis ma phrase avec un hochement de la tĂȘte, ancrant mon regard dans celui de la juge qui me fixait. Nous allions passer par un interrogatoire, plus un contre-interrogatoire, et je sortirais victorieux de ce procĂšs. Pour rĂ©ussir face Ă  la volontĂ© qu'ils avaient jusque-lĂ  eu de condamner l'Irakien, je devais bien y croire et ĂȘtre ferme. J'avais regagnĂ© en assurance, en voyant que le procureur n'Ă©tait pas le bon et qu'il faisait les choses dans le dĂ©sordre, mettant de mon cĂŽtĂ© les chances de rĂ©ussir.

— Nous pouvons commencer Ă  interroger le tĂ©moin comme il se doit, lĂąchais-je finalement.

Je repris  confortablement place dans ma chaise, plus dĂ©tendu qu'Ă  quinze heures moins dix. J'avais fini ma phrase avec un geste voluptueux de la main, en dĂ©signant la barre devant nous, invitant la juge et le procureur Ă  y inviter le tĂ©moin, Seymen Ibn Talib. Un petit sourire avait mĂȘme tentĂ© de naĂźtre sur les commissures de mes lĂšvres, mais je l'avais retenu, ne souhaitant en aucun cas paraĂźtre hautain.

Le greffier, aprĂšs un bref Ă©change de regard avec la juge, appela Seymen Ă  la barre. Taillant sa dĂ©marche, je constatai qu'il Ă©tait hĂ©sitant, je pouvais mĂȘme percevoir de la sueur perler en petites gouttes sur son front cachĂ© par quelques mĂšches de ses Ă©pais cheveux bruns presque noirs.

Le procureur se leva une nouvelle fois, alors que Ibn Talib s'était installé à la barre, pour l'interroger :

— Monsieur Ibn Talib, en tant que procureur Wyssem Ben El-Mokhtar, je vous demande si vous pouvez confirmer Ă  la cour avoir vu Jafar Bakhtiyari participer Ă  une rĂ©union de planification concernant l'acheminement de drogue entre Rotterdam et Amsterdam ?

Seymen hésita. Il releva son regard du bois pour le poser rapidement sur Jafar, qui lui le toisait toujours aussi sombrement, un éclat de haine dans son iris brun. L'Iraqi n'avait rien à dire lors de ce procÚs, sauf si il avait quoi que cela ne soit à me glisser en sa faveur, mais pour le moment, il était silencieux. Sans doute estimait-il que s'il agitait ses lÚvres, ce serait pour traiter son ancien collÚgue de tous les noms.

— Oui, je l'ai vu... murmura finalement le tĂ©moin.

C'était de nouveau mon moment. L'affirmation était basée sur des suppositions, invérifiée, alors à moi de la contredire et de mettre sa parole en péril, en la faveur de l'accusé.

Personne ne prit de suite la parole, alors je me levai posément de ma chaise, plaquant mes mains contre le bois verni de la table :

— Objection, votre honneur ! contre-disais - je en m'adressant Ă  la juge. Ce tĂ©moignage se base sur des souvenirs flous et potentiellement mensongers, sans ĂȘtre corroborĂ© par d'autres Ă©lĂ©ments plus concrets.

La juge frappa de son marteau, et clama :

— Objection rejetĂ©e, continuez, procureur Ben El-Mokhtar, ordonna-t-elle.

Mon objection avait été claire, ferme et calculée, et elle la rejetait. Conférer dans la justice une toute-puissance au juge de la sorte était mauvais, certains en usaient comme bon leur semblait, n'appliquant pas la justice qu'ils étaient censés prÎner. J'allais devoir tenter une autre approche pour arriver à mes fins, jouant autrement.

Un souffle fatigué s'échappa de mes lÚvres, et Tyssam Fadlallah cala son dos contre son siÚge aussi imposant que sa place dans la hiérarchie juridique. 

Jafar me regardait Ă  prĂ©sent moi, d'une expression fatiguĂ©e et dĂ©solĂ©e sur le visage. Comme moi, il semblait surpris et dĂ©motivĂ©, alors que c'Ă©tait son propre procĂšs et de lourdes peines qui Ă©taient en jeu. De mĂȘme que j'avais des intĂ©rĂȘts Ă  le dĂ©fendre, si il Ă©tait condamnĂ©, ADAK coulait, et Tasnim avec. Si Sariya Ă©tait attrapĂ©e aux Pays-Bas, j'Ă©tais mort avec elle, j'Ă©tais le dernier Ă  l'avoir frĂ©quentĂ©, et qui plus est, le rĂ©seau Ă©tait la seule piste que j'avais rĂ©ellement.

Wyssem, le procureur, se leva une nouvelle fois, un sourire en coin sur le visage. Il avait l'air terriblement fier d'avoir eu une faveur de la juge.

— Monsieur Ibn Talib, avez-vous aussi Ă©tĂ© tĂ©moin d'Ă©changes financiers et de l'acheminement des cargaisons impliquant Monsieur Bakhtiyari ?

Une nouvelle fois, le témoin regarda l'Irakien. Il acquiesça ensuite, cette fois-ci plus sûr de lui, sans hésitation. Il était à peine 15 heures et trente minutes, j'avais le temps d'effectuer correctement mon travail et retourner le procÚs.

Me connaissant, et en regard de l'exploit que j'avais déjà accompli en évitant à Tasnim la peine de mort, j'étais capable de sauver Bakhtiyari d'une peine, je ne garantissais pas pouvoir lui en éviter complÚtement, mais au moins pourrais -je l'alléger.

Mes yeux se posĂšrent sur le tĂ©moin, aprĂšs avoir hargneusement toisĂ© le procureur ainsi que la juge. Si Seymen tĂ©moignait de la sorte contre son ancien collĂšgue alors que les mafieux Ă©taient trĂšs soudĂ©s, Ă  l'image d'une grande famille, c'Ă©tait qu'il y avait un intĂ©rĂȘt particulier. Le procĂšs Ă©tant Ă  huis clos, je pouvais me permettre d'avoir des propos quelque peu osĂ©s, ils ne seraient pas relatĂ©s, et quoi qu'il arrive, n'iraient jamais jusqu'aux Ă©mirats.

De plus, il était un peu timide, comme mal à l'aise. Saisi d'une impulsion et par la réalité à laquelle je faisais face, je prenais de nouveau la parole, me levant encore une fois :

— Monsieur Ibn Talib, vous affirmez avoir vu Jafar Bakhtiyari lors d'une rĂ©union de planification, ainsi qu'au cours de l'accomplissement de ce qui avait Ă©tĂ© Ă©tabli thĂ©oriquement. Pouvez-vous donc donner Ă  la cour les dĂ©tails de ces Ă©vĂ©nements ? Quels en Ă©taient dates, lieux, heures ? Quand Ă©tait- ce exactement ?

Son expression se figea, ses sourcils se fronçant. La sueur au niveau de son front se fit plus grosse. J'avais visé juste, touchant un point faible. Les paires d'yeux du procureur ainsi que de la juge se jetÚrent sur lui, de la menace planant dedans. La tension était palpable, il était pratiquement certain que la juge était tout sauf impartiale, elle avait à l'évidence choisi son camp, ou lui en avait -on imposé un ?

Une chose restait claire, huissier, greffier, procureur, témoin et juge s'étaient alliés. Quelque chose s'était tramé en dehors de la salle, et si Noam El-Sayed n'était pas présente, c'était pour la simple et bonne raison qu'on l'avait remplacée par complot. Les choses semblaient s'éclaircir, et il fallait que j'y fasse face, les affrontant avec aplomb.

Tasnim aurait dû éliminer la procureur qui était absente, et je savais que face à Fadlallah et Ben El-Mokhtar elle ne résisterait pas à l'envie de s'occuper d'eux à la place.

Avec un haussement de sourcils, je relançai Seymen qui ne savait quoi dire, réfléchissant sûrement à une quelconque crédible réponse.

— Je... Je ne me souviens pas exactement, bredouilla-t-il, c'Ă©tait il y a peut-ĂȘtre un an, je... je n'ai plus les dĂ©tails.

J'hochais la tĂȘte, sentant un lĂ©ger sourire ironique se dessiner sur mes lĂšvres. Il avait affirmĂ© timidement que c'Ă©tait il y avait probablement un an, alors que selon les faits Ă©noncĂ©s au dĂ©but du procĂšs, c'Ă©tait il y avait six mois. Ses yeux noirs d'arabe encadrĂ©s par de longs cils avaient parlĂ© pour lui, traĂźtres de son mensonge.

— Un an, vous dites. Pourtant, selon ce qui a Ă©tĂ© Ă©noncĂ© au dĂ©but du procĂšs, par notre Honneur Fadlallah, les actions remontent Ă  six mois, le cinq juillet. La cour de cassation doit-elle donc comprendre que votre mĂ©moire est... fluctuante, monsieur Ibn Talib ?

Lorsque j'eus fini ma phrase, mon sourire prit encore plus de place sur mon visage, et je tordais légÚrement mes lÚvres pour le contenir. Le témoin évitait mon regard que je fixais pourtant sur lui, portant son attention sur ses cheveux d'un brun presque charbonneux, ternes, qu'il réajustait.

Il s'Ă©tait trahi et le savait. Il n'Ă©tait mĂȘme pas sĂ»r de ce qu'il disait. Il avait trahi ses intĂ©rĂȘts, je savais pertinemment qu'il en avait. Lui aussi avait Ă  l'Ă©vidence participĂ© aux trafics et aux planifications, plutĂŽt que d'ĂȘtre tĂ©moin, il devrait ĂȘtre accusĂ©. Aux vu des Ă©changes de regard qu'il avait avec Fadlallah et Ben El-Mokhtar depuis le dĂ©but du procĂšs, il Ă©tait certain qu'ils attendaient quelque chose les uns des autres. Les mafieux avaient pour habitude d'acheter la justice, ce serait peu Ă©tonnant que Seymen l'ai fait.

Ses épaisses lÚvres se pincÚrent, sous les regards persistants de la juge et du procureur, et il finit par répondre :

— Non, ce n'est pas ça... Cette pĂ©riode Ă©tait simplement troublante, il est normal que j'ai du mal avec la chronologie des Ă©vĂ©nements...

Il Ă©tait fichu. Je pensais l'ĂȘtre, mais en fait, loin de lĂ . J'allais jouer fort, le tout pour le tout, et sortirais victorieux. Et si j'avais tort dans ce que je dirais, je prendrais et perdrais inĂ©vitablement le procĂšs, mais j'Ă©tais pratiquement sĂ»r de ce que j'allais avancer. AprĂšs tout, algĂ©rien que j'Ă©tais, le mot " Ă©chec" Ă©tait loin de faire partie de mon vocabulaire. Je voyais bien au fond des pupilles du tĂ©moin qu'il se cachait, tentant tant bien que mal de se rattraper, mais sa couverture n'Ă©tait qu'un pauvre Ă©cran de fumĂ©e.

— Troublante, en effet, me moquais -je d'un ton bien plus dĂ©cisif. Dites- moi, ou plutĂŽt, dites- nous, me rectifiais- je en incluant les autres membres du procĂšs dans le 'nous', cette pĂ©riode "troublante", comme vous dites, inclut- elle le moment oĂč vous avez nĂ©gociĂ© des accords avec la justice en Ă©change d'une rĂ©duction de peine ?

Le visage du témoin se releva, le procureur me jeta un regard, la juge fronça les sourcils, l'huissier nota de plus belle, le greffier prit une expression de choc, tandis que moi, j'expirai avec satisfaction. Jafar avait lui aussi relevé les yeux sur son ancien collÚgue. J'avais produit l'effet désiré, et ne doutais en aucun cas de l'ironique véracité de mes propos, certes osés.

La juge Fadlallah leva une main dans l'air tendu, pour ordonner le silence.

— RĂ©pondez Ă  la question, commanda-t-elle palpablement.

On pouvait aisément sentir en elle un peu de stress, comme si elle aussi avait peur de ce qui se produirait. Elle commençait elle aussi à se trahir, le procÚs se révélait consister en  un machiavélique complot.

Seymen baissa de nouveau les yeux.

— Oui... J'ai bien acceptĂ© un accord, lĂącha-t-il d'une voix presque inaudible, comme honteux.

Il aurait fallu avoir honte avant de commettre l'action. Je gonflai la poitrine, fier de mon coup, et repris :

— Donc, plus clairement, vous avez tout intĂ©rĂȘt Ă  incriminer votre ancien camarade, Jafar Bakhtiyari aujourd'hui. La vĂ©ritable question reste : le faites -vous sur la base de faits ou. . . de souvenirs complĂštement approximatifs ?

Sa mùchoire se serra. J'étais en train de gagner le procÚs, le retournant.

— Ce que je dis est vrai, affirma-t-il.

Il avait tentĂ© d'ĂȘtre moins timide, plus sĂ»r de lui, mais c'Ă©tait ratĂ©, l'hĂ©sitation venait faire trembler sa voix, nuancĂ©e par la peur. Je savais qu'il avait raison, Jafar avait bien participĂ© Ă  de telles actions, mais si il Ă©tait condamnĂ© pour, mes plans Ă©taient condamnĂ©s avec. Lorsque je m'Ă©tais engagĂ© dans le mĂ©tier d'avocat, je n'aurais jamais pensĂ© dĂ©fendre de la sorte le mal, le mĂ©tier d'avocat Ă©tant dĂ©jĂ  pour ce fait controversĂ© dans l'islam, mais aujourd'hui, je n'en avais plus le choix.

J'inclinai la tĂȘte, mon sourire ironique devenant froid.

— Bien sĂ»r, quoi qu'il arrive vous n'alliez pas admettre, monsieur Ibn Talib. Mais je vais me permettre de vous poser une derniĂšre question : si votre mĂ©moire est aussi incertaine, comment pouvez-vous garantir que c'Ă©tait bien M. Bakhtiyari que vous avez vu ce jour-lĂ , et non un autre homme qui lui ressemblerait ?

Seymen ouvrit la bouche, incapable de répondre. Les regards faisaient des allers-retours entre nos deux personnes, stupéfaits. Ma répartie avait tendance à surprendre, beaucoup voyaient d'abord en moi un avocat discret mais volontaire, alors que j'étais en réalité déterminé et déterminant.

— Rien d'autre, votre honneur, conclus -je avant de me rassoir, laissant une tension palpable flotter dans l'air, ayant fait mon petit effet.

Wyssem Ben El-Mokhtar, le procureur, souffla et se leva une derniÚre fois. La juge avait, elle, un air concentré et fixait le vide, comme détachée de la situation alors qu'elle était décisive, que ce soit pour elle ou pour moi ainsi que Jafar. Maintenant que j'avais fait mes affaires avec le contre-interrogatoire, nous pouvions procéder aux plaidoiries finales.

Ma montre indiquait seize heures. Cela faisait donc une heure que nous débattions successivement.

— Madame la juge, votre honneur, clama le procureur d'un ton empreint d'urgence et de gravitĂ©. Vous-mĂȘme savez que ce procĂšs n'est pas seulement une affaire individuelle. Il reprĂ©sente une lutte constante entre les forces de l'ordre et le crime qui menace les sociĂ©tĂ©s modernes. Les preuves prĂ©sentĂ©es, bien que peu concrĂštes et vagues, s'imbriquent, sont logiques et forment un dessin clair : celui d'un homme qui a jouĂ© un rĂŽle important dans une affaire transnationale, tout pointe sa culpabilitĂ©. Laisser Jafar Bakhtiyari repartir libre, serait une preuve de faiblesse de la part de la justice envers les criminels qui sĂ©vissent en toute impunitĂ© dans l'ombre. La justice exige une condamnation, pas seulement pour ce qu'il a commis, mais aussi pour ce qu'il reprĂ©sente !

Il termina, pensant avoir de la prestance. Il se tourna lĂ©gĂšrement vers moi, sans pourtant me dire quoi que ce soit. Il fixa ensuite briĂšvement Jafar, avant de revenir Ă  moi. Il Ă©tait toujours debout, prĂȘt Ă  ajouter autre chose. Alors que sa bouche s'ouvrait, je me levais et recommençais mon travail d'avocat :

— Madame la juge, implorais -je Ă  mon tour d'une voix basse et neutre, mais assurĂ©e, il est facile de cĂ©der Ă  la tentation de condamner un homme sur la base de ce qu'il pourrait reprĂ©senter, sur la base de ce que nous redoutons. Mais parfois, il vaut mieux Ă©viter de commettre l'injustice. La vĂ©ritable justice, la vraie, celle que nous devons tous prĂŽner, s'appuie sur des faits, sur des preuves irrĂ©futables. Dans ce dossier, dans ce procĂšs, les preuves nous font cruellement dĂ©faut.

Ma voix montait, j'haussais le ton, ayant trouvé les bons mots et les bons arguments, sachant que j'avais mes chances maintenant mes chances de remporter le procÚs :

— Jafar Bakhtiyari est prĂ©sentĂ© comme un homme de l'ombre, mais que savons- nous vraiment de ses actions ? Rien de concret, rien qui ne dĂ©passe les soupçons.

Je me tournais vers Wyssem, procureur bien trop prétentieux pour le travail qu'il fournissait. Il n'avait rien à dire, et la juge Fadlallah me fixait, attendant la suite de mes propos, ces derniers étant pour l'instant incomplets.

— La condamnation d'un innocent, mĂȘme avec la plus noble des intentions, repris- je d'un ton plus vibrant, reste une injustice, et l'injustice nourrit la haine, affaiblit la confiance que le peuple doit confĂ©rer Ă  nos institutions. Alors madame la juge, rendez un verdict basĂ© sur le factuel, basĂ© sur ce qui est prouvĂ©. Rendez un verdict basĂ© sur la raison, et non sur l'Ă©motion.

J'ancrai mon regard dans le sien, cherchant à la regarder avec gravité, la déstabilisant ainsi.

— Acquittez Jafar Bakhtiyari. Acquittez cet homme contre lequel aucune preuve rĂ©elle n'a Ă©tĂ© rapportĂ©e.

J'avais terminé. J'avais argumenté comme il le fallait, bien que j'ai saisi que des choses s'étaient faites en cachette. Le procÚs m'avait d'abord rendu anxieux, nerveux, mais finalement, il était bancal, j'avais été l'élément clef de procÚs bien plus rigoureux et difficiles.

Si la juge et le procureur ne voulaient pas se faire attraper, s'ils ne voulaient pas se faire ne serait-ce que soupçonner en rendant un verdict et une sentence bancals, il fallait acquitter Jafar.

Wyssem se releva, alors que je pensais que c'en était fini pour lui.

— Votre honneur Tyssam Fadlallah, vous savez pertinemment M. Bakhtiyari coupables de ces actes. Ne vous laissez pas influencer par tout cela, condamner Jafar Bakhtiyari permettra aussi de conduire au dĂ©mantĂšlement du rĂ©seau ! Il mĂ©rite au minimum deux annĂ©es de peine, avec une de sursis.

Jafar et moi, en mĂȘme temps, lui jetions un regard noir, sombre comme l'atmosphĂšre. Le soleil au dehors commençait Ă  dĂ©cliner, et nos pupilles le toisaient avec la noirceur qu'aurait bientĂŽt le ciel, me rappelant que mon temps pour sauver Jafar et ADAK avec m'Ă©tait comptĂ©, comme celui des jours de Sariya.

— Je vous recommande cette peine, que vous vous devez de donner.

Il avait osé insister. Je ne dis rien, ayant déjà assez argumenté. La juge n'était certainement pas inconsciente, elle savait ce qu'elle faisait. Elle avait bien conscience qu'elle ne pouvait condamner de la sorte un homme qui pouvait se dérober de ses actions non -prouvées.

Le témoin était toujours installé à la barre, mon intervention s'était faite si captivante qu'on avait oublié de le renvoyer à sa place. A cette pensée, mon petit sourire ironique chercha à revenir sur mes lÚvres, mais encore une fois, je le contenais.

La juge Fadlallah, se redressa derriĂšre son estrade. Son expression se crispa, elle essayait d'ĂȘtre impassible, mais c'Ă©tait un vain effort qu'elle effectuait. Ses mains supportaient le poids de son visage, l'expression de ce dernier traduisait Ă  prĂ©sent une profonde rĂ©flexion.

Elle soupira et prit une profonde inspiration, alors que le procureur la regardait avec intensité.

— AprĂšs dĂ©libĂ©ration, et en l'absence de preuves matĂ©rielles suffisantes pour Ă©tablir sans aucun doute la culpabilitĂ© de l'accusĂ©, la cour prononce l'acquittement de M. Jafar Bakhtiyari. Cependant, je maintiens que cette dĂ©cision n'efface pas les zones d'ombre entourant cette affaire, et je recommande que les autoritĂ©s compĂ©tentes poursuivent leurs investigations, ce qui sous la supervision du procureur Ben El-Mokhtar ici prĂ©sent, sera, bien Ă©videmment fait.

Finissant sa phrase, elle saisit le marteau de sa main gauche, et frappa l'estrade, ayant rendu le verdict final. Jafar sursauta, et releva le visage, ce dernier Ă©tant bien moins sombre qu'au dĂ©but du procĂšs. Il avait Ă©tĂ© spectateur de son propre jugement, je n'imaginais pas les sentiments qui avaient dĂ» l'animer sans qu'il puisse les exprimer. Un lĂ©ger sourire de soulagement illumina ses lĂšvres, et de mĂȘme pour moi, je poussais un long soupir qu'on sentait glorieux.

De l'autre cÎté, Wyssem serrait les dents, restant immobile. Il ne pouvait qu'accepter le verdict avec la gravité qui le caractérisait. Il avait tenté de faire condamner Jafar, que rien ne condamnait justement, il s'était donné pour, comme si le procÚs était pour lui une affaire personnel, et voilà qu'il en sortait perdant malgré sa position de procureur.

Seymen, lui, avait aussi les poings serrés. Je ne doutais pas qu'un procÚs serait pour lui prochainement organisé, puisqu'il avait échoué à témoigner contre Jafar. Sûrement Ibn Talib avait-il passé un quelconque accord avec Wyssem, et que ce dernier lui ferait payer la défaite.

Mais tout ça ne me concernait plus. J'avais évité à l'Irakien une peine, et des poursuites à ADAK. Je pouvais faire mes affaires, continuer plans et recherches, ainsi qu'atteindre mes objectifs avec Tasnim, soit découvrir les derniÚres vérités de ce monde.

Mais elle devait tuer El-Sayed pour entrer à ADAK. Ou, elle n'était pas présente, à sa place était Wyssem. Connaissant la femme, elle tentait d'assassiner le procureur à la place de l'Egyptienne.

Elle devait intervenir Ă  la fin du procĂšs, ce qu'elle allait devoir faire, maintenant que nous quittons la piĂšce. Elle devait dĂ©jĂ  ĂȘtre dans l'enceinte du tribunal, prĂȘte Ă  agir, ne sachant pas que sa proie n'Ă©tait pas lĂ .

Je savourais le goût de la victoire, mais revenais bien vite à la réalité, représentant la conscience de ce qui m'entourait, et surtout des complots qui s'étaient faits en arriÚre-plan. Seymen avait bien dit avoir accepté un accord pour témoigner à la rencontre de Jafar Bakhtiyari, un accord que je devais de découvrir.

Je me levais, et l'Irakien prit ma suite. J'approche mes lĂšvres de son oreille.

— Est-ce que tu veux que l'on aille voir le procureur pour parler avec lui ? lui glissais-je.

Son regard s'était éclairci, comme dégagé, soulagé de la pression du procÚs. Ses pupilles croisÚrent les miennes et il me souffla :

— Bien sĂ»r, mais s'il y a un accident, tu ne m'en voudras pas ?

Je souriais, m'approchant avec lui de la sortie.

— En aucun cas, ce fichu procureur qui m'a rendu la tĂąche difficile mĂ©rite amplement qu'il lui arrive quelque chose.

Bakhtiyari lui sourit aussi. Wyssem Ben El-Mokhtar marchait devant nous dans son costume noir. J'accélérais le pas pour arriver à sa hauteur.

Mon coeur s'emballa alors que je quittais la salle d'audience, accompagnĂ© de Jafar. J'attendais la salle de Tasnim, j'allais enfin pouvoir sortir mon portable et la prĂ©vention, mĂȘme si elle ne verrait sĂ»rement pas le message.

Il Ă©tait 17 heures moins le quart. Elle allait frapper, et je m'apprĂȘtais Ă  rejoindre le procureur en l'interpellant, demandant Ă  le voir.

__________

HEYYYY / SALAM A3LEYKOUM AMIRAATI

Alors, ce fameux procÚs avec lequel j'ai souffert ? 

Il introduit plusieurs personnages qui seront importants, et encore, vous n'avez pas vu tout le monde pour le moment. 

Je vous conseille de bien noter leurs noms pour vous y référer plus tard, vous en aurez besoin. 

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Des bisous đŸ©·

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