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âđđđ đđđđđ - đđđđđđ đđđđ đđđđđđđđ
đđđđ đđđ đđđđđđ'đ đđđđđđđđđ
đđđđ - đđđđâ
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( son prĂ©nom ne prononce Riyan et non Rayan )Â
Les mains sur mon visage, je le touchais du bout des doigts. Il Ă©tait froid, gelĂ© de stupeur. Mes yeux Ă©taient rivĂ©s sur l'Ă©cran de mon portable, qui Ă©tait sur ma conversation avec Ayotunde, et sur le lien qu'elle m'avait envoyĂ©. Elle aussi se tenait dans l'encadrement de la salle, et son visage Ă©tait pĂąle comme le mien devait l'ĂȘtre.
Les ennuis, avec les articles de l'autrice sénégalaise, n'avaient fait que commencer, et n'allaient que s'amplifier dans les prochaines heures.
â Il se passe quoi, Ben Sayour ?
C'Ă©tait Sariya qui m'avait posĂ© cette question. J'avais Ă©tĂ© si stupĂ©fait que j'en avais oubliĂ© le monde autour de moi. Incapable de prononcer le moindre mot, je prĂ©fĂ©rais donc lui tendre mon tĂ©lĂ©phone, qu'elle tenta de prendre, ce dont je l'empĂȘchais, lui faisant simplement lire le flash info.
Elle haussa les sourcils, mais ne parut pas plus surprise que cela. Elle ne devait pas bien assimiler l'information, ni réellement se rendre compte de ce que cela représentait.
Une fusillade avait eu lieu au palais de l'Ă©mir. De l'Ă©mir d'Abu Dhabi. Et il avait Ă©tĂ© touchĂ©. TouchĂ© Ă l'Ă©paule. Alors que nous Ă©tions la veille de la fĂȘte nationale, la veille du deux dĂ©cembre.
Je n'en redescendait pas. Une fusillade aux Emirats Arabes Unis. Ceux l'ayant déclenchée étaient cagoulés, on ne connaissait ni leurs identités, ni leurs genres, ni leurs motivations, la seule chose qui était assurée était qu'ils n'avaient en aucun cas eu de bonnes intentions. Et à la suite de la disparition du Coran bleu, à quatre-vint-dix pour-cent de chance volé, c'était étrange, et je doutais que les événements soient sans lien.
Et personne ne savait oĂč Tasnim et moi Ă©tions. Bien que je fut Ă ce jour un avocat relativement rĂ©putĂ© Ă travers le pays, le peuple et mes collĂšgues dans l'exercice du droit n'auraient aucun scrupule Ă m'accuser, du fait que j'Ă©tais pour eux le "camarade" de Sariya, l'ayant dĂ©fendu deux ans auparavant.
Cette femme avait choqué les Emirats, et elle allait sûrement les marquer à jamais. Ses cheveux oscillant entre le brun et le jais seraient probablement ancrés pour toujours dans l'esprit de certains, une marque indélébile dans l'histoire des drames et de la presse Emirati. Que je soit associé à elle était pour moi terrible, surtout en regard de mon métier, mais je n'avais pas réellement le choix.
J'avais encore le visage enfoui dans mes grandes mains, elle aussi froides, alors qu'elles avaient pour habitude d'ĂȘtre plutĂŽt chaudes. J'Ă©tais toujours aussi blĂȘme et stupĂ©fait, frappĂ© par l'information comme par la foudre, et Ayotunde, Ă l'expression qu'elle avait eu, avait Ă©tĂ© touchĂ©e par l'Ă©vĂ©nement comme l'Ă©mir par la balle qui lui avait Ă©tĂ© tirĂ©e Ă l'Ă©paule. Il n'y avait que Tasnim qui ne saisissait pas.
Elle et moi Ă©tions en danger avec ce grave incident. Alors que nous Ă©tions dĂ©jĂ associĂ©s au possible vol du Coran Bleu, nous allions ĂȘtre associĂ©s Ă cette fusillade. De plus, on savait que j'avais des compĂ©tences en maniement des armes, et c'Ă©tait un secret ayant pourtant Ă©tĂ© diffusĂ©, qui ne ferait que me porter prĂ©judice. De plus, si j'Ă©tais en danger, je risquai Ă tout moment d'ĂȘtre saisi, l'organisation avec.
Je passais ma main sur mon visage, descendant jusque mon cou, tirant légÚrement ma chair vers le bas, dans un fatidique geste. Tasnim, lorsqu'elle vit que j'avais fini ma réflexion, vint s'asseoir à cÎté de moi sur le divan. Je posais mes mains sur ce dernier, ) cÎté de mes cuisses, caressant du bout des doigts le velours gris.
â Ca ne change rien Ă ce que tu m'as expliquĂ© ? me demanda-t-elle, positionnĂ©e sur l'accoudoir.
Elle n'avait donc pas pris conscience que j'apprĂ©ciais peu sa proximitĂ© Elle Ă©tait avec moi Ă son aise, me parlant presque amicalement. Un peu plus et elle deviendrait tactile. Qu'est-ce qui m'avait donc prit de l'utiliser elle ? J'aurais dĂ» aller chercher un prisonnier dĂ©tenu depuis plusieurs annĂ©es, j'aurais obtenu la mĂȘme chose, sans doute aurait mĂȘme t-il Ă©tĂ© mieux qu'elle. Elle Ă©tait une femme, et je considĂ©rai ces derniĂšres comme peu qualifiĂ©es pour ce que je lui rĂ©servai, c'Ă©tait une franche mauvaise idĂ©e de ma part d'engager une femme pour ce type de choses. Je doutais fortement du fait qu'elle ne flancherait pas, bien qu'elle ait beau faire la forte pour le moment. Elles Ă©taient certes des ĂȘtres importants, mais dĂ©licats, que je me voyais peu envoyer en pleine bataille.
Mais c'Ă©tait mieux si c'Ă©tait elle. C'Ă©tait beaucoup mieux, ça aurait une valeur personnelle, plutĂŽt que d'utiliser un vulgaire fou, mĂȘme si Tasnim l'Ă©tait aussi. Elle Ă©tait la meurtriĂšre de 1442, et elle semblait n'Ă©prouver que peu de sentiments, bien que sa santĂ© soit imminente Ă s'user, elle n'Ă©tait sensible Ă rien. Elle serait poussĂ©e par l'Ă©nergie du dĂ©sespoir, en vue de sa mort, elle ne pourrait qu'ĂȘtre dĂ©vouĂ©e Ă la cause que nous partagions. En revanche, il fallait qu'elle comprenne dans quoi nous nous Ă©tions retrouvĂ© avec tous ces incidents.
â Sariya, j'espĂšre que tu te rends compte, lui lĂąchais-je.
Elle ne rĂ©pondit pas, elle se contenta de me dĂ©visager, un air d'incomprĂ©hension sur la face, comme si j'Ă©tais insensĂ©, alors que la seule personne Ă manquer de raison ici Ă©tait elle. Je me dĂ©tournai d'elle, prĂ©fĂ©rant regarder Ayotunde. Le long voile culturel de cette derniĂšre avait glissĂ©, laissant apparaĂźtre ses cheveux blonds dĂ©colorĂ©s, plaquĂ©s, qui changeaient souvent de couleur. Parfois, on avait mĂȘme du mal Ă la reconnaĂźtre, et aujourd'hui c'Ă©tait le cas, non pas Ă cause de sa chevelure, mais de la couleur blafarde que sa peau avait pris. Elle n'avait pas non plus bougĂ© depuis son arrivĂ©e, elle Ă©tait coincĂ©e dans l'entrĂ©e, appuyĂ©e avec le cĂŽtĂ© de son corps sur le mur.
â Ca va ? lui demandais-je avec de l'inquiĂ©tude dans la voix.
Elle mit un instant avant de me rĂ©pondre par un hochement de la tĂȘte, s'Ă©tant complĂštement dĂ©connectĂ©e de la rĂ©alitĂ©. Ayotunde, en raison de la place importante qu'elle occupait au sein de notre groupe, avait conscience de ce que reprĂ©sentait ce nouvel Ă©vĂ©nement, qui, cumulĂ© aux deux prĂ©cĂ©dents, soient la sortie de Sariya et le vol du Coran Bleu, Ă©tait la goutte de trop, celle qui faisait dĂ©border le vase. Et la libertĂ© de la femme ainsi que la mĂ©connaissance de sa rĂ©sidence actuelle formaient le vent qui viendrait faire vaciller ce vase, jusqu'Ă le renverser et le briser. Un vase cassĂ© l'Ă©tait en fait Ă tout jamais, certes il serait recollĂ©, mais on en verrait Ă tout jamais les fissures. Les marques que nos agissements et ceux de ces inconnus laisseraient serait indĂ©lĂ©biles, visibles pour toujours, si jamais ce vent devenait trop puissant.
â En effet, cela ne change rien Ă ce que je t'ai expliquĂ© tout Ă l'heure, confirmais -je Ă l'assassin que j'avais pourtant dĂ©fendue.
Elle m'avait posĂ© la question plusieurs minutes auparavant, mais je n'y rĂ©pondais que maintenant. Mieux valait tard que jamais, elle devait mĂȘme s'estimer heureuse que je lui ai fourni une rĂ©ponse.
D'un signe de la main comme je faisais si souvent, j'invitais Ayotunde à venir s'assoir en face de moi. Tasnim était toujours de mon cÎté gauche, et elle ne semblait pas avoir l'intention de rejoindre sa collÚgue féminine.
â Parle-lui d'ad-dawla al-khafiyya, priais -je la nigĂ©riane une fois qu'elle fut bien installĂ©e, tout en dĂ©signant Tasnim.
â Pourquoi tu ne lui sors pas les papiers ? Et tu comptes l'y emmener ? me rĂ©torqua-t-elle, non sans une pointe d'agressivitĂ©.
Elle Ă©tait sĂ»rement encore secouĂ©e, il ne fallait peut-ĂȘtre pas lui parler pour le moment. Ayo semblait particuliĂšrement atteinte, je comprenais qu'elle soit inquiĂšte et stupĂ©faite, mais sa rĂ©action commençait Ă devenir dĂ©sabusĂ©e. Cela dit, elle n'avait pas tort, j'avais bien les papiers des rapports Ă montrer Ă Tasnim, ils lui seraient sĂ»rement plus utiles. Ils Ă©taient dans mon bureau, situĂ© Ă l'Ă©tage encore en bas. Ils avaient dĂ©jĂ plusieurs semaines, la situation du rĂ©seau avait dĂ» Ă©voluer, mais les rapports composaient tout de mĂȘme des informations qui seraient essentielles au travail de la femme.
â Je descend te chercher ça, alors.
Je me levais, et je pris quelques secondes pour étirer mes épaules, puis sous le regard persistant de l'Emiratie, je m'en allais lui ramener ce que je lui avais promis. En passant par d'autres escaliers, eux aussi taillés dans le marbre, je parvenais à mon bureau. Si l'on exceptait les couloirs, la piÚce devait bien occuper le tiers de l'étage, et j'y avais bien droit. C'était moi qui avait fondé cette organisation, malgré mon occupation déjà prenante d'avocat.
Quelques dossiers et livres reposaient sur mon bureau, soit le meuble qui occupait la majeure partie de la piÚce. Un roman était posé sur le coin du bureau, et au milieu trÎnait glorieusement le journal intime de Tasnim, que je n'avais pas refermé hier soir, encore sous ma lampe. Des affaires de droit étaient avec, j'en avais à traiter, la maniÚre dont j'avais permis à Tasnim d'échapper à la peine de mort avait impressionné le peuple émirati, et beaucoup souhaitaient à présent que je plaide leur cause.
Les dossiers que j'Ă©tais Ă l'origine venu rĂ©cupĂ©rer, avaient Ă©tĂ© relĂ©guĂ©s par moi-mĂȘme dans l'armoire qui Ă©pousait l'angle de la piĂšce. Ils Ă©taient pourtant d'une grande valeur, mais ce monde avait tendance Ă minimiser la valeur des objets ainsi que des gens, et Ă en attribuer Ă ce et ceux qui en avaient en rĂ©alitĂ© peu. Je m'en approchais, il me semblait les avoir laissĂ© dans une pochette Ă la couleur sobre et sableuse. Je les retrouvais facilement, d'un rapide coup d'oeil, d'oĂč l'utilitĂ© d'ĂȘtre un minimum organisĂ©.
Je m'emparais de la dizaine de feuilles retenues dans leur contenant, laissant ce dernier à l'abandon dans l'armoire. Je les relisais sans vraiment le faire, en parcourant simplement du regard les lignes, rédigées avec soin. Une profonde interrogation commençait à naßtre dans mon esprit, y envoyer Tasnim était véritablement une bonne idée ?
Elle devrait faire ses preuves, tout en sachant que je ne savais pas comment elle s'y infiltrerait. Elle aurait carte blanche pour cela, et si je doutais de ses capacitĂ©s, je ne doutais en revanche en aucun cas de son inspiration et de sa sĂ©rĂ©nitĂ© face Ă la violence. Au contraire, elle semblait mĂȘme se dĂ©lecter de cet dernier acte, son homicide l'avait prouvĂ© devant tout Abu Dhabi, elle l'avait mĂȘme clamĂ© face aux 7 Ă©mirats.
J'allongeais mon bras contre ma cuisse, et quittais mon espace de travail en en Ă©teignant la lumiĂšre blanche. Je remontais, en prenant mon temps, ce qui constituait un tort de ma part. J'avais laissĂ© les deux femmes ensemble, aurait-ce Ă©tĂ© une erreur de ma part ? Je craignais que l'une d'entre elles ne soit sautĂ©e sur l'autre, la psychopathe aurait bien pu gratifier ma collĂšgue nigĂ©riane de la mĂȘme marque que celle Ă laquelle j'avais eu le gracieux droit.
Je revenais dans le salon, et directement, les visages des deux femmes se tournÚrent vers moi, les lÚvres suspendues dans le vide comme si elles voulaient aspirer ce dernier. J'avais dû interrompre une sérieuse conversation. Je taillais leurs expressions, cherchant sur leurs traits à savoir de quoi avaient- elles parlé. Ceux d'Ayotunde m'avaient l'air plutÎt tendus, tandis que ceux de Tasnim étaient relaxés, presque impassibles, seulement un peu interrogatifs.
J'avais, en partant, oublié mon téléphone portable. Il était resté posé sur la table basse, l'écran en était contre le bois vernis, alors que de souvenir, il était resté dans l'autre sens. Il était tout aussi possible que je l'ai retourné instinctivement sans m'en souvenir. A moins que Tasnim ou Ayotunde ne se soit permise d'y toucher, mais ni l'une ni l'autre n'en possédait le code, je n'avais donc pas à m'inquiéter. Je regardai chacune de deux femmes, tour à tour, avec un air qui se voulait soucieux, toujours sur le seuil de la salle.
AprĂšs avoir fini de les scruter, chose qu'elles faisaient en retour, je m'approchais de la table basse, saisissant l'appareil conçu par Apple. Je le vĂ©rifiais machinalement : aucune nouvelle page n'avait Ă©tĂ© ouverte ni aucune n'avait Ă©tĂ© fermĂ©e. Je le fourrai donc au fond de la poche de mon vĂȘtement culturel, Ă prĂ©sent plus serein.
La liasse de feuilles que j'étais descendu chercher était encore coincée dans ma main gauche, qui était crispée dessus. Je la jetais sur le meuble, qu'elle claqua. J'avais fait en sorte de les balancer le plus proche de Tasnim, alors que je rejoignais Ayotunde en face d'elle.
â Tiens, ce sont les fameux rapports, lui fis-je en les dĂ©signant.
D'un lourd geste, la femme s'empara de la premiÚre feuille. Toutes étaient écrites dans une police ronde, et du peu que je me souviennes, les ayant lus quelques semaines auparavant, étaient complets et détaillés, comme à l'habitude d'Ayotunde.
Tasnim commença à les lire, sous mes yeux qui n'avaient pas cessé de la fixer. Elle ne lut que quelques lignes avant de laisser mollement retomber la feuille avec une moue. J'haussais les sourcils :
â Qu'est-ce qu'il y a ? la questionnais -je, sachant qu'elle allait encore m'irriter.
â Je te mens pas, Ben Sayour, j'ai un peu la flemme de tout lire. Parle m'en directement, quitte Ă avoir d'Ă©ternelles conversations.
Je soupirai. Elle me parlait de flemme, mais pour ce qui avait été de préméditer son meurtre, elle avait été à des centaines de milliers de kilomÚtres de la fainéantise.
â Tu veux que je parte ? intervint ma collĂšgue d'Afrique- ouest en me voyant dĂ©concertĂ© et embĂȘtĂ©.
â Je veux bien.
Tasnim allait lui rĂ©pondre Ă ma place, elle avait ouvert la bouche, mais malheureusement pour elle, j'avais dĂ©jĂ terminĂ© ma phrase. Ayotunde se leva donc, et sortit de la piĂšce. Le bruit de ses talons joua du tambour contre le parquet, rythmant sa sortie. L'Emiratie me jeta un bref coup d'Ćil, accompagnĂ© d'un sourire controversĂ©, fait Ă l'envers mais qui se voulait joyeux, comme heureuse de rester seule avec moi, alors que nous allions parler de choses violentes et dĂ©sagrĂ©ables, tout du moins pour des esprits sains.
â Ad-Dawla Al-Khafiyyah, comme je te l'ai dit prĂ©cĂ©demment, est un rĂ©seau mafieu, repris-je. SituĂ© aux Pays-Bas, on a lĂ -bas les mĂȘmes idĂ©ologies que les tiennes.
â Comment ça, que les miennes ?
Elle m'avait rĂ©pliquĂ© de façon interrogative, mais il m'avait semblĂ© percevoir une pointe d'ironie dans la maniĂšre avec laquelle elle m'avait questionnĂ©. Faisait- elle semblant de ne pas comprendre ? A ses traits qui semblaient vouloir faire le tour d'Abu Dhabi, et Ă son teint cireux, je pouvais aisĂ©ment deviner qu'elle avait du mal Ă rĂ©flĂ©chir correctement. Ăa devait ĂȘtre pour ça qu'elle avait du mal Ă saisir la gravitĂ© de la situation.
â Quelles sont tes idĂ©ologies, Sariya ? rebondissais -je rhĂ©toriquement.
Elle réfléchit un instant, détournant de moi son regard d'émeraude. Elle l'avait vaguement souligné à l'aide de khÎl, ce qui n'était pourtant pas nécessaire, elle aurait dû s'abstenir du fait que ses longs cils et ses cernes noires, assorties à ses cheveux, le soulignaient déjà assez.
â Je pense que le monde n'est pas dirigĂ© par ceux que nous pensons, et qu'il renferme bien des secrets.
Elle m'avait rĂ©pondu alors que moi aussi je m'Ă©tais dĂ©sintĂ©ressĂ© d'elle. Ătonnement, elle m'avait dit exactement ce que j'attendais qu'elle me rĂ©ponde. Elle semblait se laisser manipuler, alors que les psychopathes Ă©taient eux-mĂȘmes des manipulateurs, qui pouvaient aussi faire preuve de paranoĂŻa. Mais il fallait croire que DĂ©sir et Conviction Ă©taient plus forts que sa conscience, la guidant aveuglĂ©ment. Elle accepterait sans se poser de questions ce que je lui proposerai, j'en Ă©tais convaincu.
â Exact. Et ce rĂ©seau le pense aussi, et ce n'est pas juste une pensĂ©e anodine. C'est une vĂ©ritable piste qu'ils ont.
Je ne savais mĂȘme plus vraiment si ce que je disais Ă©tait conforme aux rapports d'Ayotunde, mais mes propos me paraissaient Ă©vidents, c'Ă©tait bien la raison pour laquelle la nigĂ©riane avait rĂ©digĂ© dessus avec application.
Je me penchais sur la table, venant récupérer les feuilles que Tasnim avait repoussé vers le centre du meuble. Elle n'avait véritablement pas envie de les lire, et c'était elle qui perdait.
â Et donc ? Dis m'en plus.
â C'est une organisation tout de mĂȘme dangereuse, mais maintenant, il n'y a plus de marche arriĂšre possible. Du peu que j'ai vu, la violence est loin de te faire peur, alors je ne doute pas que tu t'y imposeras.
Elle approuva du menton mes mots, sans plus chercher Ă ajouter quoi que ce soit. Elle avait croisĂ© les jambes dans sa abaya noire, et fixait le sol, en pleine rĂ©flexion. Je me demandais souvent ce qui se dĂ©roulait dans son esprit, ce dernier Ă©tant si dĂ©rangeant qu'il m'intriguait, j'aimerais parfois y pĂ©nĂ©trer, mais j'avais peur de ce que je pourrais y trouver. Des images les plus effrayantes les unes que les autres devaient y dĂ©filer, l'hantant constamment, et Ă perpĂ©tuitĂ©. Ce que je m'apprĂȘtais Ă lui faire vivre ne ferait que renforcer la violence de ses souvenirs, et celle de ses pensĂ©es, mais cette torture mentale qu'elle ne ressentait pas ne durerait pour elle que quelques mois, les seuls qu'il lui restait encore Ă vivre. Elle Ă©tait condamnĂ©e, Ă quoi bon plus se soucier de comment allait- elle ?
J'Ă©prouvais tout de mĂȘme de la peine, mais elle ne le mĂ©ritait pas, aprĂšs ce qu'elle avait fait subir. Son passĂ© n'Ă©tait pas des moindres, et on le savait dans tout le golfe, mĂȘme en AlgĂ©rie les plus intĂ©ressĂ©s par l'actualitĂ© arabophone la connaissaient.
â N'est-ce pas, Tasnim Sariya ? la relançais- je.
â Bien sĂ»r, Ryan.
Elle m'avait appelé par mon prénom, chose inhabituelle de sa part. Sûrement avait -elle voulu mettre l'accent sur son accord et sa détermination.
â Si je peux tout apprendre, je ne ferais que foncer, je dĂ©terrerais les vĂ©ritĂ©s, enfouissant Ă leur place les mensonges. C'est ma promesse.
â J'aime cette attitude, Tasnim. Le code omerta, tu le connais ?
â La loi du silence, interdisant de divulguer la moindre information aux autoritĂ©s sous peine de mort. J'ai dĂ©jĂ Ă©chappĂ© d'assez prĂšs Ă cette derniĂšre pour ne pas aller rĂ©pĂ©ter ce que j'apprendrais, me dit-elle.
â Sauf Ă moi, bien Ă©videmment.
Je finissais ma phrase avec un sourire, qu'elle ne me rendit pas. Elle détourna vers le bas son visage, sans paraßtre réellement détachée de la conversation. Elle était d'une asociabilité flagrante, si ce n'était aberrante.
â Tasnim, c'est la condition, c'Ă©tait Ă©crit dans ce que tu as signĂ© du liquide qui coule dans tes veines. Tu n'as pas le choix.
â Et en mĂȘme temps je ne devrais pas me faire attraper, tu es bien considĂ©rĂ© comme une autoritĂ© du fait que tu es un avocat.
â Oui. Et tu sais, une mafia est comme une famille. Tu y rentreras et tu y resteras Ă©ternellement, en soi.
Elle ne répondit pas non plus. C'était une mission périlleuse, qui se ferait sur le long terme. Tasnim avait le mental pour, elle avait un passé criminel et une personnalité psychopathique, elle serait vite acceptée au sein de ces criminels. De plus, Ayotunde en revenait, elle serait le contact qui permettrait de faire passer les test d'admission à Tasnim. Ceux ci, dans ce réseau, variaient souvent, et j'espérais pour la femme qu'on lui ordonnerai de commettre un meurtre. Avec les compétences dont elle pouvait faire preuve, elle saurait se rendre indispensable.
En attendant, j'aurai des choses Ă gĂ©rer, des dossiers m'attendaient, et surtout, l'affaire du Coran Bleu et la sortie de Tasnim. Personne ne devait savoir oĂč je l'emmĂšnerai. Et demain, serait la fĂȘte nationale. L'attention serait portĂ© sur la fusillade de ce matin, qui Ă la fois m'embĂȘtait, mais m'arrangeait pour demain.
â Demain, tu quitteras le territoire Ă©mirati pour les Netherlands, annonçais-je de façon ferme Ă la femme en face de moi.
â Es-tu sĂ»r qu'il me laisseront passer ? La douane n'aura pas Ă©tĂ© avertie ?
â La douane n'est pas un problĂšme pour moi, un collĂšgue d'ici y sera, et personne n'a aucun droit de t'arrĂȘter. Le droit est mon domaine, et dans le cas oĂč nous nous trouvons, tu n'as rien Ă te reprocher, pour le moment rien n'a Ă©tĂ© prouvĂ©, tu restes intouchable, tu as des papiers encore valides.
â J'ai pas rĂ©cupĂ©rĂ© mes papiers, Ben Sayour.
â Je l'ai fait pour toi ne t'inquiĂštes pas. Demain, alors que toute l'attention sera fixĂ©e sur les Ă©vĂ©nements de la fĂȘte et sur les discours prononcĂ©s, on s'en ira. Je ferai l'aller-retour avec toi.
â Tu m'escortes ? s'Ă©tonna-t-elle avec une once d'ironie.
â Pas le choix sinon tu vas faire n'importe quoi, Tasnim.
Elle releva son regard vers le mien. SĂ»rement en avait- elle marre que je la ramĂšne sans cesse Ă son statut de folle qui risquait Ă tout instant de vriller, mais je n'en avais en fait pas le choix. Elle m'observais d'un air sceptique, dans lequel je pouvais mĂȘme dĂ©celer un peu de pitiĂ©. J'Ă©tais Ă ses yeux pitoyable et pathĂ©tique, et je l'avais bien senti dĂšs notre premiĂšre rencontre.
â Je dois commencer Ă faire mes valises ? Et je vais rester en contact avec toi par pigeon voyageur ?
Elle avait aligné deux questions qui n'avaient aucun rapport l'une à cÎté de l'autre. Son agressivité ne me surprenait plus, elle faisait intégralement partie d'elle et de sa personnalité troublée.
â Oui, tu peux commencer Ă faire des bagages, mais lĂ©gers. Tu n'auras pas besoin de grand-chose une fois arrivĂ©e lĂ -bas. On pourra finir de parler pendant le vol, si tu le souhaites.
Je me levais, mais elle ne suivit pas mon mouvement. J'émettais un soupir, sous ses yeux verts fumé qui me toisaient.
â Tu prĂ©fĂšres quoi comme type de tĂ©lĂ©phone ? la questionnais- je.
â N'importe.
Sa rĂ©ponse, qu'elle avait donnĂ© en Ă©tant quelque peu surprise ne m'aida pas beaucoup. Mais elle n'avait pas tort, qu'importait vraiment la marque d'un portable, dĂšs lors oĂč il Ă©tait impossible de le tracer ? Tant que celui que je lui prendrai serait impossible Ă pirater, impossible Ă localiser, impossible Ă tracer, c'Ă©tait suffisant. Il n'y aurait que moi qui disposerait du privilĂšge d'y accĂ©der.
â Je dois sortir, Tasnim, ne fait pas de bĂȘtises. Je vais te laisser avec Ayotunde.
Nouveau regard sceptique de sa part. Un regard cette fois-ci empreint de dégoût, de plus elle avait rentré son visage, se créant un double- menton. Cette expression lui allait à merveille, elle reflétait ses complexes états d'ùmes avec simplicité. Elle décida de ne pas me donner de réponse verbale, alors je choisissais de ne pas plus attendre un mot de sa part de m'en aller.
Je plongeai ma main au fond de ma poche pour en extirper mon portable. J'avais reçu une dizaine de notifications, que je n'avais pas spĂ©cialement envie d'ouvrir, chacun Ă©tant un message. Mais il le fallait bien, en regard de la position dĂ©licate dans laquelle je venais de me retrouver. J'Ă©tirais ma main, avant de me servir de mon index pour ouvrir les textos un par un. Il y avait deux messages d'Ayotunde, qui me demandait oĂč j'en Ă©tais. Je l'informais donc rapidement que je sortais et que je lui confiais le soin de s'occuper de Tasnim.
Marchant à travers les couloirs et les escaliers que je connaissais par coeur, je regagnais le hall, plus particuliÚrement la grande salle qui composait le comptoir. Des pages de magazines et de journaux arrachées étaient encore posées sur ce dernier, mais je les esquivais du regard, ne voulant pas m'y replonger.
Je revenais à l'écran de mon portable et sortais de ma conversation avec la Nigériane, laissant en vue sa réponse. Je m'attelais plutÎt à la lecture de huit autres messages, qui ne possédaient en aucun cas la tonalité formelle et bienveillante que j'avais avec ma collÚgue.
LĂ , ces messages Ă©taient bien plus agressifs, et Ă©taient expĂ©diĂ©s par un numĂ©ro qui n'Ă©tait plus enregistrĂ© dans mes contacts depuis bien longtemps. Je les ai lu, sans prendre la peine d'y rĂ©pondre. Elle verrait bien, Ă tenir de tels propos, elle oubliait que tout ce que l'on disait ou Ă©crivait pourrait ĂȘtre retenu contre nous, exploitĂ© Ă notre insu. Ses mots lui retomberaient dessus de façon inĂ©vitable, la scandalisant aux yeux du monde entier.
En attendant, je stagnais encore debout au milieu de la grande salle, j'y étais seul, alors qu'elle était d'habitude bondée. Or, beaucoup avaient dû sortir, ou aller gérer quelques affaires en raison des évÚnements presque tragiques de ce matin. Mon inquiétude ne s'était guÚre tarie, et je craignais qu'en sortant on ne m'accoste ou me refuse des entrées. Mais, si cela se produisait, je n'aurais qu'à répliquer en invoquant la législation, ou riposter avec les poings. Ancien champion de boxe que j'étais, on ne pouvait me battre, bien que les Emiratis ne soient pas violents, dans de telles situations on ne savait jamais.
Je retirais ma djellaba, sous laquelle je portais un cargo et un pull au col composant une fermeture Ă©clair. J'ouvrais cette derniĂšre, laissant apparaĂźtre le t-shirt noir que j'avais en dessous, plaquĂ© contre mon corps. J'Ă©tais habillĂ© tout en noir, discret, chose que j'apprĂ©ciais. J'hĂ©sitais Ă ajouter un rabat blanc Ă ma tenue, mais ça ne collerait pas avec le reste, alors j'y renonçais. Si je n'avais pas Ă©tĂ© dans une telle situation, je serais mĂȘme sorti avec ma robe d'avocat, bien que je n'en possĂ©dais pas le droit. Le port du vĂȘtement Ă©tait strictement rĂ©glementĂ©.
Je me contentais donc d'accrocher le vĂȘtement culturel propre Ă ma culture, celle AlgĂ©rienne, qui Ă©tait toujours dans ma main. Je mis mon tĂ©lĂ©phone dans ma poche, et je munissais d'une paire de basket plates et montantes, que j'enfilais aisĂ©ment. Je touchais le haut de mon pantalon cargo, afin de vĂ©rifier si mon portefeuille ainsi que mes clefs de voiture se trouvaient bien dans mes poches. Ils y Ă©taient, et les clefs n'Ă©taient pas celles de ma RSQ3, puisque je les avais interchangĂ©es avec celle de ma 4matic, et ce dĂšs que j'eu lu les articles de SittĂ© Diatta qui mentionnaient le modĂšle de ma Audi.
Sachant que j'Ă©tais prĂȘt et que j'avais sur moi tout ce dont j'avais besoin, je tournai la poignĂ©e dorĂ©e vers moi, et remontais les escaliers sur lesquels la porte donnait. Ce serait une sortie banale, que pourtant je sentais mal. Les huit derniers messages que j'avais lu sur mon tĂ©lĂ©phone n'avaient fait que m'inquiĂ©ter, mais impossible qu'elle sache oĂč j'allais.
J'arrivais dans le hall du bĂątiment, qui permettait l'accĂšs Ă huit Ă©tages en hauteur faits de vastes appartements complĂštement larguĂ©s Ă l'abandon depuis plusieurs annĂ©es. Le quartier lui-mĂȘme sur lequel on dĂ©barquait en sortant de l'immeuble Ă©tait dĂ©sert, peu de gens y vivaient et il avait la vilaine rĂ©putation d'ĂȘtre sombre, des trafics de drogue ou des viols y ayant dĂ©jĂ eu lieu. MalgrĂ© tous ses dĂ©fauts, il Ă©tait l'endroit parfait pour y implanter une organisation aux activitĂ©s illĂ©gales, comme Al-Hakikah. Il dĂ©gageait une prĂ©sence malaisante, de par sa noirceur et son manque d'hygiĂšne. C'Ă©tait loin d'ĂȘtre sale, mais c'Ă©tait aussi trĂšs loin d'ĂȘtre aussi propre que les environs des Etihad Towers.
Finissant d'observer les alentours, me tenant juste devant la porte du bùtiment dont je venais de sortir, j'étirais mes bras en l'air. J'étais fatigué, mais il fallait bien le faire, pour une fois que je ne sortais pas pour plaider une cause ou pour gérer du blanchiment d'argent. Alors je soufflais, me perdant un instant dans mes pensées.
Ce serait une banale sortie, que pourtant je sentais mal. Les huit derniers messages que j'avais lu sur mon tĂ©lĂ©phone n'avaient fait que m'inquiĂ©ter, mais impossible qu'elle sache oĂč j'allais. AprĂšs tout, si jamais elle me rattrapait, je n'aurais qu'Ă l'affronter, elle ne me ferait pas de mal.
J'avançais donc d'un pas ferme, décidé, vers la Mercedes garée derriÚre le bùtiment.
La Mercedes étant garée derriÚre l'édifice, je fis le tour de ce dernier, et arrivé à quelques mÚtres de l'automobile, je tirais les clefs de ma poche et la déverrouiller. Je démarrais, prenant la route vers le centre d'Abu Dhabi. Bien que la conduite demande une grande concentration, je divaguais, laissant mon regard vagabonder sur les paysages tantÎt campagnards, tantÎt urbains. Puis, mes pensées suivirent le fil de la route, et mon esprit se déconcentra rapidement du macadam.
Je repensais au journal de Tasnim, que j'avais entamé la veille. Ses longs écrits, qu'elle avait tenu des journées entiÚres, y détaillant la moindre de ses pensées, auraient pu former une autobiographie complÚte, du peu que j'en avais déjà lu. J'avais réussi à le récupérer sans qu'elle ne le sache, et jusque-là , elle ne s'était pas soucié de ce qu'il était devenu. Je comptais le lire jusqu'au bout, seulement fallait-il que je trouve le temps ainsi que l'énergie qu'il fallait.
Ses mots Ă©taient parfois insoutenables, elle avait par moment dĂ©crit sa souffrance et ses motivations, ses sentiments Ă©taient intenses, et son journal immersif. La pauvre femme devait ĂȘtre loin de se douter que je l'avais commencĂ©, et je ferais en sorte qu'elle ne le sache jamais. Un journal intime Ă©tait censĂ© ĂȘtre intime, comme son nom l'indiquait, un homme n'avait pas Ă s'y incruster de cette maniĂšre.
Mais j'étais bien obligé de violer son espace privé afin d'en apprendre plus sur elle, autrement, je ne pourrai jamais vraiment rien savoir sur qui elle était. Je savais pertinemment qu'elle ne s'ouvrirait pas à moi, j'avais foiré dÚs le départ dans ma relation avec elle.
LĂąchant d'une main le volant, je secouais mes cheveux, qui aujourd'hui formaient de jolies boucles rebondies, comme pour chasser mes pensĂ©es. Ne souhaitant pas replonger dans ce que j'avais lu, je ne voulais qu'esquiver ce type de pensĂ©es, je n'avais pas Ă subir ce que Tasnim subissait aussi mentalement. J'endurais dĂ©jĂ assez psychologiquement pour ne pas y ajouter ça. Je me jetais ensuite un coup d'oeil dans le rĂ©troviseur, puis un par la fenĂȘtre. J'arrivais enfin vers le centre d'Abu Dhabi, et je commençais Ă mal sentir cette sortie, pourtant des plus banales.
Finalement, j'arrivais non loin des Etihad Towers, et décidais de me garer. Je marcherais un peu pour atteindre le magasin d'informatique. Directement aprÚs avoir retiré les clefs du contact, je tirais avec une maladresse qui ne m'étais pas habituelle mon téléphone de ma poche, manquant de prÚs de le faire tomber. Voyant ce que j'avais de nouveau reçu alors que j'avais passé l'appareil en silencieux, je pris une expression fatiguée, et je l'étais réellement.
Si j'avais pensé fermement que ses mots la rattraperaient, je n'aurais jamais pensé que ce serait elle qui me rattraperait. Mais je n'avais pas le choix, j'étais dehors et je devais bien donner à Tasnim de quoi rester en contact avec moi. Alors je mis les pieds à l'extérieur de l'habitacle, éteignis mon téléphone, et m'en allais. Elle commençait à abuser, mais l'abus faisait partie d'elle. J'aurais dû bloquer son numéro dÚs le départ, cela m'aurait évité de potentiels ennuis.
AprÚs avoir traversé quelques rues, je poussais la porte du magasin, en bas des Etihad Towers. J'étais inquiet de qui j'y croiserai, et inquiet d'avoir laissé Tasnim sous surveillance d'Ayo. J'aurais voulu rallumer mon portable pour contacter ma collÚgue, mais l'autre était déjà là , me regardant avec un sourire.