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â IntĂ©ressant...
Un article d'une page nous concernant. Si le titre lui-mĂȘme Ă©tait dĂ©jĂ aberrant, son contenu me dĂ©pita. Il relatait les Ă©vĂ©nements de la veille en les interprĂ©tant diffĂ©remment. J'y Ă©tais dedans, encore appelĂ©e « Assassin ». Il y avait mĂȘme des photos Ă l'appui, prises de nous la veille, et trĂšs qualitatives. L'article avait Ă©tĂ© rĂ©digĂ© avec soin, les photos capturĂ©es avec le mĂȘme. Une fois mon aberrante lecture finie, je balançais le numĂ©ro sur le comptoir et Ryan le reprit.
â SignĂ© de Sohkna SittĂ© Diatta, et les photos prises par Rayhanna Ibn Hillal, observa-t-il.
Au premier nom, à consonance africaine, il avait légÚrement haussé les sourcils, tandis qu'au second, cette fois-ci arabe, il avait grimacé.
â « Ben Sayour et Sariya, connaissances ou bien plus ? », paraphrasais-je, c'est donc pondu par une Sokhna SittĂ© Diatta, et une Ibn Hillal a eu le culot de nous photographier ?
â Il semblerait.
â Tu les connais ?
Il soupira avant de répondre à ma question. Ses cernes n'avaient pas disparu, il avait l'air toujours aussi fatigué que la veille, si ce n'était plus.
â SittĂ© Diatta est une Ă©crivaine assez rĂ©putĂ©e, elle est actuellement en sĂ©jour Ă Abu Dhabi. Et Rayhanna est une Emiratie, photographe et journaliste aussi. Tu as lu ce qui se trouvait trois pages plus loin ?
Ne l'ayant pas lu, je secouai le quotidien pour le remettre correctement. Toutefois, avant de m'occuper de l'article, je remarquai quelque chose dans les mots de Ryan.Il avait appelĂ© l'Ă©crivaine par son nom de famille et la photographe par son prĂ©nom. Ătait-ce parce qu'elle Ă©tait Emiratie ? De plus, il avait eu une expression Ă©trange lorsqu'il avait dit son nom pour la premiĂšre fois dans la conversation. Sa maniĂšre d'avoir parlĂ© d'elle m'ayant interpellĂ©e, je gardais cela dans un coin de ma tĂȘte. MĂȘme si je doutais que cela ait une quelconque rĂ©elle importance pour moi.
Je me penchais de nouveau sur l'article. Le sous-titre faisait mention de mon nom, pourtant l'Ă©vĂ©nement n'avait aucun rapport avec moi. Cette fois, c'Ă©tait loin de concerner ma relation avec Ryan, il concernait une affaire plus grave. Que venais-je exactement faire dans un vol de piĂšce au Louvre Abu Dhabi ? Et comment avait-on rĂ©ussi Ă voler quoi que ce soit dans ce musĂ©e ? Il Ă©tait bien trop gardĂ© pour que mĂȘme avec toute la discrĂ©tion et la planification dont je pouvais faire preuve je puisse y voler quoi que cela ne soit.
L'article Ă©tait bien plus court et plus percutant que celui de la une. Et, Ă ma grande surprise, il Ă©tait encore signĂ© de Sokhna SittĂ© Diatta. Ătait-elle donc venue aux Ămirats pour se faire connaĂźtre dans le Golfe avec mes affaires ?
De plus, si l'article faisait mention de ma personne, c'Ă©tait uniquement dans le but de m'accuser. Elle avait mis en relation les Ă©lĂ©ments rapportĂ©s du vol avec ma sortie. Selon les paroles rapportĂ©es du personnel du musĂ©e, une femme qui possĂ©derait un physique s'apparentant au mien aurait Ă©tĂ© aperçue, Ă©galement sur les camĂ©ras. Une RSQ3 grise l'avait Ă©tĂ© aussi. A la lecture de la fameuse ligne oĂč elle l'avait Ă©crit, je ressenti la profonde envie de cracher. Elle l'avait une seconde fois rĂ©vĂ©lĂ© avec soin, puisqu'elle l'avait dĂ©jĂ prĂ©cisĂ© le modĂšle de la voiture de Ryan au cours de son prĂ©cĂ©dent article. C'Ă©tait calculĂ© au millimĂštre prĂšs, la presse n'Ă©tait pas surnommĂ©e " quatriĂšme pouvoir" pour une raison anodine.
D'un air dégoûté, je levais mon regard du papier pour le remettre sur l'Algérien et la femme qui était toujours présente, bien qu'en retrait.
â Donc maintenant, en plus d'ĂȘtre une meurtriĂšre assumĂ©e des Ămirats, je suis une voleuse.
De surcroßt, ce n'était pas n'importe quelle piÚce ayant disparue, potentiellement volée, c'était le Coran bleu. Une des piÚces les plus précieuses, ayant le plus de valeur, surtout aux yeux des Emiratis, un peuple musulman amoureux de sa religion.
â Bah oui, on veut te gĂąter, c'est normal, Sariya, se moqua Ryan.
Je le gratifiais d'un regard noir, encore plus noir que mes vĂȘtements . Comment parvenait -il Ă faire preuve d'humour dans une telle situation ? Nous venions de nous retrouver dans une sale position, et lui me lançait une humoristique pique . Si cette derniĂšre avait eu pour objectif de dĂ©tendre l'atmosphĂšre, c'Ă©tait ratĂ©.
â Maintenant, tout Abu Dhabi va croire que nous avons une liaison particuliĂšre, ajouta- t-il en optant pour un air plus fatidique.
Il avait raison, je n'aimais pas lui cĂ©der cela, mais il soulevait un autre point important. Je venais Ă peine de sortir d'internat que dĂ©jĂ , j'Ă©tais de retour sur les unes de l'Ămirat, et peut-ĂȘtre mĂȘme du pays avec cette affaire de vol. Des traces d'effractions Ă©taient au Louvre, et cherchant dĂ©sespĂ©rĂ©ment un coupable, on ne pourrait que trouver des preuves m'accusant.
A ce raisonnement, je pris appui sur le bord du bureau, à cÎté de l'Algérien, et dos tourné à la femme.
â En dehors de ça, pas trop secouĂ©e, Sariya ? me lança -t- il.
â Si, quel Ă©tait l'intĂ©rĂȘt de me remettre Ă la une ?
â D'informer le peuple, ricana- t-il ironiquement.
Je lui redonnais un regard mal placé, qu'il méritait encore amplement, pendant que lui ressaisissait le journal. Il en arracha les pages importantes, celles qui nous concernaient malheureusement, les plaçant à l'écart des autres. A l'heure actuelle, tout Abu Dhabi devait savoir que j'étais sortie d'hÎpital psychiatrique et que j'étais en contact avec l'avocat. " Connaissances ou bien plus"... Ce titre me procurait rage et envies de meurtres, il était une faute à part entiÚre, une faute qui aurait un cher prix.
â Et SittĂ© Diatta, parle m'en un peu, repris -je.
â Elle avait fait polĂ©mique, commença Ă m'apprendre l'AlgĂ©rien, et ce peu aprĂšs ton dĂ©but d'internat. Son livre avait suscitĂ© indignation et dĂ©goĂ»t Ă l'Ă©gard de ses idĂ©ologies et de sa personne. Elle avait par la suite disparu de la circulation, pour faire son grand retour il y a quelques semaines, en devenant trĂšs apprĂ©ciĂ©e du public. C'est Ă la fois une journaliste et une Ă©crivaine, d'origine sĂ©nĂ©galaise et rĂ©digeant en français ainsi qu'en anglais.
Ben Sayour en savait beaucoup sur elle, c'était surprenant. Mais, au vu du milieu dans lequel il exerçait, cela m'étonnait en réalité peu.
â Et qu'est-elle venue faire aux Emirats ?
â N'oublie pas la fonction touristique de notre pays. Et, Sariya, tu connais bien le patron du journal, pour lui, travailler avec elle a dĂ» ĂȘtre un ravissement.
Effectivement, l'avocat avait raison, je connaissais bien ce patron et rĂ©dacteur en chef. Abu Dhabi Noor, j'y avais longuement travaillĂ©, en journaliste censurĂ©e. MalgrĂ© tout, contrairement Ă SittĂ© Diatta, j'avais Ă©crit des articles d'intĂ©rĂȘt, pas de simples potins dĂ©formĂ©s. En plus, elle avait eu l'audace de finir son article en affirmant que j'Ă©tais encore instable mentalement.
â La question reste telle : pourquoi s'occuper de mon affaire aussi hargneusement ?
â Parce que Sokhna veut se faire connaĂźtre et susciter attention ainsi qu'affection.
Je me retournai brusquement. Ce n'Ă©tait pas Ryan mais la grande femme noire au long voile culturel qui m'avait rĂ©pondu, lui Ă©tant complĂštement perdu dans ses pensĂ©es. Pour le tirer de sa rĂȘverie, je lui donnai un petit coup de coude, bref, mais qui se voulait assez violent.
â Je vois ça, lĂąchais -je ensuite froidement Ă la femme, qui avait observĂ© mon geste fixement.
â Nous n'avons mĂȘme pas fait les prĂ©sentations, Sariya.
Elle m'avait répondu avec une beaucoup de spontanéité, comme si elle cherchait à caler cette phrase depuis une demi-heure. Je doutais aussi qu'elle ait apprécié mon geste de maltraitance envers Ryan, au vu de son expression. Sa main, qui était jusque-là posée sur sa cuisse, se leva pour se retrouver devant mon nez. Elle était ornée d'une grosse bague en or, composée aussi de diamant, s'alliant sublimement avec sa peau foncée.
â Ayotunde Fashola, NigĂ©riane de 27 ans basĂ©e aux Emirats Arabes Unis.
â Tasnim Sariya, Ă©mirati de 24 ans basĂ©e aux Emirats, rĂ©pondis -je avec un air un peu moqueur.
J'ai serrĂ© rapidement sa main, la secouant un peu, et elle Ă©mit quelque chose s'apparentant Ă un Ă©clat de rire Ă ma rĂ©ponse. Elle avait donc trois annĂ©es de plus que moi, qu'elle Ă©tait loin de faire, je l'avais mĂȘme pensĂ©e plus jeune que moi.
Ryan la regarda, lui aussi amusĂ© par mon comportement. Puis il se tourna vers elle, avec un claquement de doigt. Il semblait s'ĂȘtre rappelĂ© de quelque chose.
â Tu devais pas faire quelque chose en bas, Ayo ? intervint- il, semblant aussi vouloir nous dĂ©barrasser d'elle.
Elle fronça ses sourcils, réfléchissant un instant.
â Si, rĂ©pondait-elle. J'y vais. Tiens moi au courant de la suite.
Sur ces brefs mots, prononcés d'un ton un peu agacé, elle nous tourna les talons et s'en alla. Ses pas résonnÚrent à travers les couloirs, du fait qu'elle portait d'imposantes chaussures. Lorsqu'elle fut assez loin, Ryan s'assit et poussa un long soupir.
â Donc maintenant moi aussi je vais ĂȘtre dans les problĂšmes, me lanca -t-il distraitement mais totalement dĂ©pitĂ©.
â Ton existence en elle-mĂȘme est un problĂšme. En revanche, ta collĂšgue a l'air sacrĂ©ment professionnelle.
J'avais complÚtement changé de sujet, l'irritant comme la Nigériane avait parue agacée quelques instants auparavant.
â Elle l'est mĂȘme beaucoup trop. Tu le verras par toi-mĂȘme prochainement, pour l'instant ce n'est pas le sujet.
Je pris place en face de lui, comme la veille. Il m'avait promis des explications, qu'il me devait maintenant. Et, Ă son regard, je su qu'il avait conscience que je les attendais.
Nos regards s'ancrÚrent l'un dans l'autre. Je ne cessais de tailler le sien, à la fois vert et noisette . Sa maniÚre de me toiser était perturbante, il paraissait vouloir pénétrer dans mes pensées de cette maniÚre. Mais avec moi, cela ne pourrais jamais marcher. Pour qui m'avait-il prise ?
Je finis par détourner mon regard du sien. Je n'étais pas en face de lui pour jouer au jeu de celui qui détournera le regard en premier perdra, j'étais venue découvrir les vérités de ce monde, j'étais venue prendre en connaissances, pas m'amuser.
â Alors, Ben Sayour, commençais -je, ne m'avais -tu pas promis des explications ?
âEt je n'ai pas menti, je vais t'expliquer. Nous n'avons bien que ça Ă faire pour le moment ce matin.
Son téléphone, encore là , posé dos contre la table, affichait neuf heures trente. Il m'avait levée relativement tÎt, probablement dans l'urgence des résultats.
â Alors fais-le, ordonnais- je sĂšchement mais calmement.
Il souffla encore une fois, et mit sa tĂȘte entre ses grandes mains. Je les taillais, et remarquait encore qu'elles ne possĂ©daient aucun anneau et mĂȘme qu'elles Ă©taient vierges de toute marque qui pourrait ĂȘtre due Ă ce type d'accessoire.
â J'attends toujours, Ryan.
Il se redressa et parut surpris du fait que je l'ai appelé par son prénom.
âTu as dĂ©jĂ quasiment tout lu dans les articles, je ne vais que t'apporter quelques prĂ©cisions, commença-t-il.
Je l'Ă©coutais Ă prĂ©sent attentivement, prĂȘte Ă boire chacun de ses mots, suspendue Ă ses lĂšvres lĂ©gĂšrement rosĂ©es.
â Ăa fait une dizaine d'annĂ©es que je suis Ă Abu Dhabi, j'y ai fait de remarquables Ă©tudes dans le droit, et lorsque tu as commis ton crime, j'en sortais depuis Ă peine quelques mois.
Il marqua une pause, avant de reprendre lourdement :
â Et on a directement rĂ©clamĂ© pour toi la peine de mort, surtout que tes motivations Ă©taient jugĂ©es graves selon la loi Ămiratie, le meurtre en lui-mĂȘme Ă©tant le crime le plus grave. De plus... Tu n'as pas tuĂ© qu'Ali, mais aussi sa femme, qui elle n'avait rien mĂ©ritĂ©, en soi.
A cette derniĂšre phrase, ses pupilles flamboyĂšrent d'une complexe expression, la mĂȘme qu'il avait eu en bas du bĂątiment d'Ali, ininterprĂ©table et incomprĂ©hensible.
â Ton acte a indignĂ© les autoritĂ©s Emiratie, reprit-il. La diyya n'Ă©tait mĂȘme pas envisageable, et quoi qu'il arrive, je pense qu'elle aurait Ă©tĂ© refusĂ©e. Alors, j'ai Ă©tĂ© lĂ pour te dĂ©fendre, Ă quelques jours de la fusillade que l'on t'avais organisĂ©e, puisque j'avais trouvĂ© ça injuste que l'on te condamne alors que tu avais tout de mĂȘme et une raison et un trouble de la personnalitĂ©.
Il s'arrĂȘta, finissant son discours sur ces mots. Il divaguait Ă prĂ©sent, semblait ĂȘtre revenu Ă il y a deux ans, semblant ressasser de nombreux souvenirs. De mon cĂŽtĂ©, je n'avais rien Ă ajouter pour l'instant.
Il avait alors trouvĂ© injuste que l'on me condamne. Ce Ryan Ben Sayour avait donc la notion de justice. C'Ă©tait une motivation hĂ©roĂŻque pour me dĂ©fendre, mais je savais pertinemment qu'il avait en rĂ©alitĂ© simplement cherchĂ© Ă se faire connaĂźtre par le biais d'une affaire Ă grande visibilitĂ©. L'affaire Sariya, soit la mienne, avait Ă©tĂ© un des plus grands drames Ă©mirati. Selon mes lectures de la veille, j'avais Ă©tĂ© profondĂ©ment condamnable, graciĂ©e de justesse en raison de ma psychopathie. Les journaux m'avait chacun dĂ©crite comme Ă©tant folle, comme le danger principal du pays, et certains avaient mĂȘme souhaitĂ© mon dĂ©part du territoire.
â Et ta folie leur fit de la peine, ajouta l'avocat, cassant ainsi avec sarcasme le silence qui s'Ă©tait installĂ©.
â De quelle folie parles-tu, Ben Sayour ? Je ne la ressens pas.
â Tu ne ressens rien toi quoi qu'il arrive.
Sa rĂ©ponse, directe et sincĂšre, avait semblĂ© venir du fond de son coeur. Son propos avait mĂȘme dĂ» le gĂȘner, puisqu'il tourna la tĂȘte afin de fuir mon regard. La marque que je lui avais fait vingt-quatre heures auparavant Ă©tait encore prĂ©sente, rouge comme la morsure d'une aube saignante. Elle commençait Ă former une croĂ»te, comme celle brĂ»lante du soleil, que j'espĂ©rai qu'il arracherait, pour qu'elle lui laisse une cicatrice. Ce serait pour lui une excellente leçon.
Mon corps, lui complĂštement dĂ©connectĂ© de mes pensĂ©es, faisait autre chose. De ce fait, mes doigts glissĂšrent contre le chĂȘne du comptoir, pour rĂ©cupĂ©rer les quelques feuilles de journal dĂ©chirĂ©es par l'AlgĂ©rien. De la mĂȘme maniĂšre, je passais mes doigts sur le papier soyeux, imprimĂ© en caractĂšres modernes, Ă l'effigie du pays qu'Abu Dhabi formait avec les six autres Ă©mirats.
Mon esprit n'acceptait toujours pas. Ces mots, délivrés ce matin, m'accusaient devant l'émirat entier, et bientÎt m'imputeraient devant le monde entier, profitant aux véritables coupables.
â Ce n'est pas Ă l'hĂŽpital psychiatrique que l'on finira par te condamner cette fois-ci, Sariya, mais bel et bien Ă la mort, me murmura l'autre en me voyant replonger dans la lecture des quelques pages. Et il n'y aura plus personne pour te dĂ©fendre. Ca ne pourra qu'ĂȘtre terminĂ© pour toi.
â Tu veux dire que tu ne seras pas lĂ une seconde fois pour moi, arrĂȘte ?
Si ma rĂ©ponse s'Ă©tait avĂ©rĂ©e ĂȘtre une plaisanterie, la sienne ne fut que tout l'inverse.
â Non, j'en ai marre tu-
â Alors que fais-je ici ? le coupais-je, sentant l'agacement me monter au nez.
Il détourna une nouvelle fois son regard, encore honteux de ses paroles. Il dû bien se rendre compte qu'il avait parlé trop vite. C'était lui qui m'avait attirée ici, et lui qui me reprochait présentement mon comportement.
â Quoi qu'il arrive, se ressaisit-il, on ne te laissera pas longtemps en libertĂ©, Ă moins que tu ne quittes les Ă©mirats.
â Jamais je ne les quitterai.
â Tu vas pourtant le devoir.
Il avait gravement et fermement insisté sur le dernier mot. Il avait en vérité raison de par le tord que me demander cela consistait, fuir était sûrement mon seul moyen d'échapper à ce qu'il adviendrait.
Ryan avait maintenant sa main sur la partie basse de son visage, et son expression reflétait une profonde réflexion, tandis que ma propre main était toujours crispée sur les quelques feuilles. Chacun se posait de sincÚres questions au sujet de l'autre, et mon esprit essayait aussi d'assimiler les articles lus il y a bien une demi-heure à la réalité. Mon crime datant deux deux ans avait resurgi, et ne pourrait que me porter préjudice, m'associant au vol du coran bleu.
â Il n'y a pas de nouvelles tĂ©lĂ©visĂ©es des incidents du Louvre ? l'interrogeais-je subitement.
Je venais seulement de rĂ©aliser que la presse Ă©crite n'Ă©tait pas le seul mĂ©dia populaire. De plus, la grande salle oĂč nous nous trouvions composait un riche mobilier, dont une tĂ©lĂ©vision. Ce lieu, que Ryan avait nommĂ© la veille " Al-Hakikah", respirait le luxe et l'opulence, en profond contraste avec lĂ oĂč j'avais vĂ©cu ces deux derniĂšres annĂ©es.
Sans me rĂ©pondre, l'AlgĂ©rien se leva, et saisit une petite tĂ©lĂ©commande, posĂ©e sur une table basse taillĂ©e dans le mĂȘme bois que le comptoir. Son doigt passa sur un bouton, et l'Ă©cran s'alluma. Il commença Ă zapper les chaĂźnes, et c'Ă©tait l'horaire des sĂ©ries, il ne devait bien y avoir qu'une ou deux chaĂźnes diffusant les informations matinales, bien qu'il soit dĂ©jĂ dix heures. La premiĂšre sur laquelle Ryan tomba fut trĂšs expressive au sujet de la visibilitĂ© de nos affaires.
Mon visage y Ă©tait affichĂ© en grand. Cela m'Ă©tait peu surprenant, j'Ă©tais mĂȘme Ă©tonnĂ©e que mon portrait ne soit pas dans le journal imprimĂ©, seulement dans celui tĂ©lĂ©visĂ©. C'Ă©tait une photo qui m'Ă©tait peu avantageuse, j'y possĂ©dait d'importantes cernes, des cheveux qui reproduisaient la bataille de Verdun, un teint pĂąle comme illuminĂ© d'une lumiĂšre jaunĂątre, et des traits tirĂ©s. Tout pour me donner un air criminel, chose qui Ă©tait Ă coup sĂ»re voulue. Ryan avait lui aussi taillĂ© ma photo, et il me regarda avec un air moqueur, riant de mon visage cireux.
Les infos ne concernaient pour le moment qu'Abu Dhabi, et elles relatĂšrent en premier lieu ma sortie, et en second lieu le vol. Les images des camĂ©ras du musĂ©e furent affichĂ©es, et, en les voyant, je tombais des nues. L'AlgĂ©rien et moi Ă©changeĂąmes un bref regard interrogateur et nous sans surprise. Sokhna SittĂ© Diatta n'avait en aucun cas menti en prĂ©tendant qu'une femme me ressemblant fortement y avait Ă©tĂ© aperçue, la femme sur la vidĂ©o Ă©tait presque moi. Elle aussi Ă©tait vĂȘtue d'une longue abaya noire, ample comme celle que je portait actuellement, mais elle portait par-dessus un large kimono bleu. Ses cheveux, bien plus disciplinĂ©s que les miens, Ă©taient attachĂ©s Ă l'arriĂšre de sa tĂȘte en queue de cheval Ă l'aide d'une pince. Ses traits Ă©taient similaires aux miens, j'avais quasiment l'impression de me voir dans le miroir, bien que la femme n'ai pas Ă©tĂ© filmĂ©e de prĂšs.
Les images de mon sosie disparurent de l'Ă©cran, pour redonner place au prĂ©sentateur, qui cette fois-ci parla de Ryan. Je lui jetais un oeil, alors qu'une photographie de lui apparu. Ce fut moi qui ria, pour cette fois, voyant que sa photo Ă©tait aussi peu flatteuse que la mienne. A cĂŽtĂ© de moi, il pĂąlit, et de la mĂȘme maniĂšre qu'un camĂ©lĂ©on, sa peau se confondit avec les murs crĂšme. Si jusque lĂ le pays avait eu une image de lui relativement correcte, cela risquait de changer du tout au tout pour lui.
â Donc moi aussi je suis placardĂ© ? Je suis complice peut-ĂȘtre ? Ă©ructa-t-il avec haine, comprenant qu'il ne s'en tirerait pas facilement.
Le prĂ©sentateur faisait maintenant une brĂšve prĂ©sentation de l'avocat, rappelant qu'il m'avait dĂ©fendue deux ans auparavant. Alors qu'il s'apprĂȘtait Ă enchaĂźner, Ryan coupa le programme, et balança la commande sur le bois. Il allait sĂ»rement ramasser autant que moi, et serait dĂ©nommĂ© comme Ă©tant l'associĂ© du vol d'une piĂšce d'une valeur inestimable.
â Sariya, Tasnim Sariya... on va finir recherchĂ©s...
Il commençait Ă paniquer, et j'avais du mal Ă comprendre pourquoi. Soudainement, nous avions Ă©tĂ© projetĂ©s dans les dĂ©cors d'un film, oĂč les protagonistes Ă©taient accusĂ©s et devaient se dĂ©douaner Ă tort. Lui et moi Ă©tions soupçonnĂ©s, et l'idĂ©e qu'il m'a fait sortir afin de dĂ©rober cette oeuvre tenait debout, Ă©tait mĂȘme un solide Ă©chafaud. Mais une question trĂŽnait : Pourquoi voler un tel objet et qu'aurais-je pu en faire, et surtout, qu'est-ce que cette femme qui me ressemblait tant souhaitait faire avec ?
â On fait comment maintenant ? Je ne vais mĂȘme pas pouvoir sortir...
â C'est Ă toi de voir ce qu'on fait, lĂ , lui fis-je alors qu'il avait sĂ»rement eu l'intention de parler seul.
â Mais comment veux-tu que l'on fasse ? La suite du plan Ă©tait loin d'ĂȘtre telle.
â La suite du plan c'est d'aller attraper SittĂ© Diatta, proposais-je non sans un vĂ©ritable sĂ©rieux.
â Oui, et cette fois-ci, tu te fais fusiller pour de vrai, comme si ton cancer ne le faisait pas dĂ©jĂ . Avec la loi Emiratie, on ne peut pas jouer à ça, ce type d'affaires est bien trop sĂ©rieux.
â Et les vĂ©ritĂ©s de ce monde ? Ben Sayour, si on s'est retrouvĂ©s dans ces histoires-lĂ , ce n'est pas pour aboutir au nĂ©ant. Je suis ici, dans ce lieu lui-mĂȘme nommĂ© " la vĂ©ritĂ©", c'est bien pour les dĂ©couvrir.
Il se recula avec vivacité, en poussant de ses pieds son tabouret et tendit ses jambes camouflées par sa djellaba rayée. Il poussa un long soupir, réalisant que nous avions été détournés de notre objectif principal.
â Promis, Sariya, on va le faire, m'assura-t-il. On le doit, mĂȘme, j'ai dĂ©jĂ trop donnĂ© pour ça.
Ses mains, posĂ©es derriĂšre sa tĂȘte, tripotant ses cheveux mĂȘlant brun et chĂątain Ă la longueur tout de mĂȘme remarquable, vinrent saisir son tĂ©lĂ©phone, qui Ă©tait toujours posĂ© sur le panneau de bois et affichait Ă prĂ©sent dix heures douze. Sa mĂąchoire se serra lorsqu'il le dĂ©verrouilla. Ses sourcils se froncĂšrent et son expression faciale se crispa. Un de ses nerfs Ă©tait mĂȘme ressorti sur son front tant son visage se contractait.
â Ecoute, Tasnim, m'interpella-t-il, tenant toujours son tĂ©lĂ©phone de sa main droite.
â Oui.
â Ni toi, ni moi ne pourra rester ici. Donc soit tu acceptes de quitter temporairement les Emirats, soit tu retournes dans ton asile, agonisante pour les douze mois te restant.
Il n'Ă©tait tout de mĂȘme pas sĂ©rieux ? Il me demandait de quitter mon pays natal, celui dans lequel j'avais passĂ© toute mon existence. Mais... Ici Ă©tait Al-Hakikah, et s'il m'avait amenĂ©e jusqu'ici, c'Ă©tait que j'avais quelque chose Ă y faire. Ma volontĂ©, Ă moi, Tasnim Sariya, Ă©tait de ne pas mourir ignorante. Ce monde renfermait mille et uns secrets, et nos gouvernants, Ă mes yeux, n'Ă©taient que façades, de par leur fantomatisme, leur hypocrisie et leur manque de connaissances, ils ne pouvaient pas prendre de rĂ©elle dĂ©cision concernant leurs pays. Il y avait des gens derriĂšre, qui avait donc vraiment le pouvoir ?
Et Ryan avait raison, c'était à l'étranger que je trouverai réponse à chacune de mes questions, je n'avais pas vraiment le choix, et c'était sans doute mieux comme cela.
â J'accepte.
Mon affirmation rĂ©sonna dans toute la piĂšce, sonnant comme un serment sacrĂ©, dont mĂȘme le bois sembla s'imprĂ©gner, Ă travers les petites lignes qu'un Ă©bĂ©niste Ă©tait soigneusement venu lui tracer. C'Ă©tait pour l'AlgĂ©rien et moi une forme de signature, qui officialisait verbalement notre collaboration, comme un pacte qui s'entamait.
â Viens, on retourne dans l'Ă©tage du bas, alors. J'ai une chose Ă te faire lire.
Sans me laisser le temps de rĂ©agir, il se leva, en raclant les pieds de son siĂšge contre le sol. Lui emboĂźtant le pas avec vitesse, je pensais quand mĂȘme Ă prendre les quelques pages de journal qui nous impactaient tant.
Alors que nous arrivions devant les mĂȘmes luxueux escaliers que la veille, il consulta de nouveau l'Ă©cran de son tĂ©lĂ©phone, en pleine conversation avec un numĂ©ro qu'il n'avait pas rĂ©pertoriĂ©. Prenant conscience que j'Ă©tais derriĂšre son Ă©paule, il le rangea au fond de la poche de son vĂȘtement, pour Ă©viter que je lise le contenu de ses messages.
â Tu vas aller dans un endroit bien prĂ©cis, Sariya, dont Ayotunde revient.
â Lequel ?
â Tu verras.
Arrivés en bas de la derniÚre marche, il m'amena cette fois-ci dans le salon que j'avais briÚvement entrevu la veille en le traversant.
Il avait une ambiance de formalitĂ©, froide et cordiale, avec des meubles de bois de chĂȘnes, d'Ă©pais tapis avec des nuances de gris, des tables basses, des siĂšges, des vases...
Une table basse était placée entre deux sofas, et Ryan, d'un mouvement du menton fugitif, m'invita à m'assoir sur l'un des deux. Il prit place sur celui d'en face, s'asseyant sur le bord.
L'agitation que le bĂątiment avait eu tout Ă l'heure s'Ă©tait calmĂ©e, voire mĂȘme avait complĂštement disparue, comme pour laisser place Ă l'Ă©laboration de nos plans. Ayotunde Fashola, la nigĂ©riane dont j'avais fait la connaissance peu auparavant, n'avait elle non plus donnĂ© aucun signe de vie, probablement occupĂ©e.
La lumiÚre blanche irisée du séjour nous éclairait sombrement, donnant des airs graves à l'avocat. Un porte document noir luisant, semblable à celui d'un professeur, reposait paisiblement sur le bas meuble nous séparant.
â On parle de choses sĂ©rieuses, Sariya. On ne peut pas se permettre de faire des propos oraux pour tout sceller de façon officielle.
Il me laissa mĂ©diter ses deux phrases, alors qu'il se munissait d'un document qui se trouvait dans la pochette. Je l'observais et tentais de dĂ©chiffrer son texte, mais les caractĂšres en Ă©tait trop petits pour ĂȘtre lus Ă plus de cinquante centimĂštres.
Lorsqu'il m'avait annoncé qu'il était avocat, j'avais eu du mal à y croire, mais à ses gestes et à la formalité dont il était capable de faire preuve je pouvais bien constater qu'il avait pratiqué un tel métier.
â Je dois signer ? questionnais- je alors que je savais que la rĂ©ponse serait Ă l'Ă©vidence positive.
Il ne me répondit pas avec des mots, il se contenta juste d'une approbation physique, faite d'un hochement du visage.
â Donne moi le stylo alors.
â Tu crois que tu vas signer avec de l'encre en plus.
Avec le papier, qui avait une allure légÚrement parcheminée, il sortit une plume un peu aiguisée. Il n'y avait pas d'encre avec, et je compris alors sa remarque.
â La seule encre avec laquelle tu feras ta signature sera ton sang.
Mon corps se figea lorsqu'il ajouta cette phrase, qu'il avait dite avec la plus grande des normalités. Je ne le reconnaissais plus, si jusque là je l'avais senti atteint sur les bords, je n'aurais pas pensé qu'il me donnerait de telles consignes, et surtout avec un tel sérieux. En effet, il me regardait avec beaucoup de sincérité dans son regard brun, et mon corps ne faisait qu'encore se raidir devant lui.
Cependant, nous parlions lĂ d'un engagement solennel, oĂč nous apprendrions certaines prĂ©cieuses informations, et je possĂ©dais un fort doute concernant la lĂ©galitĂ© d'Al-Hakikah. J'allais donc signer un accord clandestin, qui serait connu de peu de gens, et qui ne pouvait pas se permettre d'ĂȘtre fait de façon ordinaire.
Je m'attelais Ă la lecture des closes. Elles avaient trait Ă la fidĂ©litĂ©, la confidentialitĂ©, aux Ă©ventuelles trahisons, ainsi qu'aux lieux oĂč je serais engagĂ©e. Ryan avait paru improviser en me disant que je devrais quitter le pays, mais en rĂ©alitĂ©, c'Ă©tait prĂ©vu dĂšs le dĂ©part. Il savait pertinemment depuis le dĂ©but que mon rĂŽle ne serait pas aux Emirats. A l'Ă©tranger, j'aurais aussi des rĂšgles Ă respecter, je ne devais pas ĂŽter d'Ăąme de façon inutile.
Alors que je n'avais mĂȘme pas encore admis le document de ma signature, je ressentais dĂ©jĂ le dĂ©mangeant besoin de l'enfreindre, de ne pas le respecter, d'entrer en conflit avec les rĂšgles mĂ©ticuleusement Ă©tablies. Je me voyais trahir mon accord, et divulguer les moindres dĂ©tails de nos investigations.
Ryan me tendait la plume, dont le bout était recouvert de métal, afin de lacérer la peau. Je la saisi sous son regard insistant. Je devais me l'enfoncer dans la chair, et saigner pour y récupérer assez de sang pour écrire.
â En Ă©change de ma blessure au cou.
Il m'avait murmurĂ© cette phrase comme pour me forcer, me faisant croire que de part cette plaie, j'avais une dette de sang envers lui. Mais finalement, je relevais la manche de ma abaya de quelques centimĂštres, afin d'un plonger la pointe dans une veine qui ressortait. Contrairement Ă ma crainte, la douleur ne fut pas fulgurante, ni mĂȘme aigue. Elle me procura une sensation de brĂ»lure, un peu cuisante, mais rapide. Cela me fut mĂȘme plaisant, et bien qu'ayant rĂ©coltĂ© suffisamment de matiĂšre, j'hĂ©sitais mĂȘme Ă la remettre une seconde fois Ă un autre endroit. Je me dĂ©lectais de la sensation, c'Ă©tait comme une Ă©vasion volatile, une agrĂ©able mutilation.
Une expression de dégoût passa sur le visage de l'homme, qui en face de moi me fixait. Il semblait horripilé de voir que cela me plaisait, alors qu'à l'origine, c'était moi qui était dégoûtée de lui. Je revenais alors à ce que j'étais en train de faire, soit signer le contrat que je comptais déjà trahir.
Je posais la mine contre le papier qui prit directement le sang, en bas à droite. J'apposais ensuite avec douceur et soin ma signature : mon nom de famille écrit en arabe, gribouillé de l'initiale de mon prénom en lettre latine. Une fois mon sceau bien écrit, je mettais la plume à la droite du papier.
Il prit un air de satisfaction en voyant que je n'avais pas rechignĂ© Ă faire les choses correctement. S'il pensait que notre collaboration serait essentiellement dans son intĂ©rĂȘt, il se trompait, je trouverais bien un moyen de retourner la chose en faveur du mien.
â Sais-tu quel jour sommes-nous demain ? me demanda-t-il, en profond manque de pragmatisme.
â Le deux dĂ©cembre. C'est la fĂȘte nationale, non ?
Il sourit Ă ma question. J'avais compris oĂč il voulait en venir, et de l'estime pour lui commençait Ă naĂźtre en moi. Son coup de venir me chercher, deux jours avant une telle fĂȘte, Ă©tait un calcul millimĂ©trĂ©, une Ă©quation au rĂ©sultat frauduleux.
â Ayotunde Fashola revient d'Amsterdam, m'apprit-il en se calant au fond de son siĂšge. Elle Ă©tait lĂ -bas en agent pour mon compte, ou plutĂŽt pour celui d'Al-Hakikah, Ă©tant donnĂ© qu'elle y occupe elle aussi une place importante.
Je pris le temps de l'écouter, alors qu'en réalité, je ne savais pas quoi faire de ces informations. Malgré le détachement que je manifestait à l'égard de son discours, il continua :
â Avec sa place, elle ne pouvait pas se permettre de partir trop longtemps, et son travail ne fut qu'informatif. Mais c'est dĂ©jĂ beaucoup. Ad-dawla al khafiyya, ça te dit quelque chose ?
J'agitais la tĂȘte de gauche Ă droite, en signe nĂ©gatif. Le nom m'Ă©tait inconnu, je n'en connaissais que la signification : "l'Ă©tat cachĂ©". A l'appellation, je devinais que c'Ă©tait encore une organisation clandestine. Les secrets Ă©taient astucieusement dissimulĂ©s, de ce que je voyais. Si Ryan prenait la peine de m'en parler, c'Ă©tait qu'ils avaient Ă voir avec ce que je recherchais.
â C'est lĂ -bas que tu iras, lĂącha-t-il. Un rĂ©seau mafieu, impliquĂ© dans la recherche de vĂ©ritables gouvernants. Les mĂȘmes idĂ©aux que toi.
Les mĂȘmes idĂ©aux que moi, venait-il de dire. Ces gens croyaient alors en la thĂ©orie du complot, et avaient des moyens, si Ryan disait la vĂ©ritĂ© sur le fait que ce soit un rĂ©seau mafieuxmafieu.
â Ils pensent que les gouvernants ne sont pas les vĂ©ritables dirigeants de ce monde, et commencent leurs articles de journaux par " Qui dirige rĂ©ellement notre monde" ? fis-je avec ironie envers lui et ma propre personne.
â N'abuses pas non plus, mais presque, d'aprĂšs ce que m'as transmis Ayotunde. Mais Tasnim, je te le dis une derniĂšre fois, aucune marche arriĂšre ne sera faisable, tu seras prise au piĂšge et tu devras assumer, et t'assumer toi-mĂȘme en tant que femme au sein d'une telle organisation.
â Je le sais, Ryan. Alors demain, je profiterais de cette fĂȘte et de l'attention des gens fixĂ©e dessus pour m'en aller ?
â Exactement, aquiesça-t-il avec un large sourire. Fais tes af-
Il ne termina pas sa phrase, que je compris tout de mĂȘme, interrompu par une notification de son tĂ©lĂ©phone. Il extirpa l'appareil au dos dorĂ© de sa poche, et fronça les sourcils, bouche bĂ©e. Son visage blĂȘmi, et il parut ahuri, mĂȘme mĂ©dusĂ©. Il Ă©tait tellement sidĂ©rĂ© que son choc se transmit Ă moi, mais je me dĂ©tournai bien vite une partie de mon attention de lui, interpelĂ©e par des bruits de pas fĂ©minins, s'apparentant Ă des talons tambourinant contre le sol, qui rĂ©sonnaient dans le couloir.
Ce fut Ayotunde qui apparut, essoufflée, avec des joues rouges. Elle aussi tenait son portable dans sa main, et elle me regarda d'un air effaré, encore plus que celui de Ryan.
â Qu'est-ce qu'il y a encore ? m'Ă©criais-je avec un stupeur devant leurs teints pĂąlement stupĂ©faits.
â Putain...