PDV ANEGENI:
J'étais là, à son chevet, la main de ma mère dans la mienne. Deux semaines s'étaient écoulées depuis notre retour à la tribu, et l'état de Maman ne cessait de se dégrader. Comment cela avait-il pu arriver ? Quand je l'avais laissée pour rejoindre Shana, elle semblait déjà plus faible, mais bien meilleure qu'auparavant. Pourquoi n'étais-je pas restée avec elle ? Pourquoi ai-je choisi de partir à ce moment-là ? La culpabilité me rongeait.
Flash-back
Après l'alerte de Nita, qui était arrivée en courant pour prévenir Shana et Angeni de la situation critique d'Aiyanna, le groupe s'était précipité vers la tribu. Avant de partir, Alex et Tyler avaient pris le temps de remercier Tyee pour son aide, mais la situation était trop grave. Shana et Angeni étaient au bord du désespoir, courant sans relâche, avec l'espoir de retrouver leur aînée.
Lorsque le groupe arriva enfin et se retransforma en humains, Shana et Angeni ne perdirent pas une seconde et se précipitèrent directement vers la maison d'Aiyanna. Dès qu'elles y entrèrent, elles se dirigèrent vers la chambre de leur grand-mère. Là, elles la trouvèrent en pleine crise respiratoire, la vieille femme toussant de façon inquiétante.
Imala : Aiyanna, calme-toi, je t'en prie !
Lusio : Respire, Aiyanna, respire...
Mais malgré leurs efforts, Aiyanna continuait de suffoquer. Shana et Angeni se précipitèrent à ses côtés, chacune prenant une de ses mains dans les siennes.
Angeni : Maman ! Maman, s'il te plaît, calme-toi ! Respire !
Shana : Grand-mère, on est là ! Tout va bien, il faut que tu te calmes !
La situation devenait de plus en plus désespérée. La panique envahissait la pièce. Soudain, un médecin fit irruption dans la chambre. Il se mit immédiatement au travail, en installant un respirateur médical pour réanimer Aiyanna.
Il ordonna à tout le monde de quitter la pièce afin qu'il puisse effectuer ses soins. Mais Shana et Angeni, désespérées, refusèrent de la laisser seule. Imala et Lusio durent les contraindre à sortir, les retenant fermement. Jacob intervint également pour calmer les deux jeunes femmes et les faire sortir de la maison.
Angeni : Lusio, lâche-moi ! Je ne peux pas la laisser seule !
Shana : Moi non plus ! Jake, lâche-moi !
Jacob : Angy ! Shana ! Calmez-vous toutes les deux !
Shana : Je ne peux pas me calmer ! Grand-mère a besoin de nous ! Laisse-moi partir !
Angeni : Il faut qu'on reste avec elle ! Lâchez-nous !
Lusio : ARRÊTEZ TOUTES LES DEUX ! Laissez le docteur s'occuper d'Aiyanna ! Vous ne pouvez rien faire ! Alors calmez-vous maintenant !
Lusio, habituellement calme, hurla, forçant les deux femmes à se taire. Elles durent se résigner à attendre, submergées par la tristesse et l'inquiétude, en espérant que le docteur parvienne à sauver leur grand-mère.
Deux longues heures passèrent, où Angeni, angoissée, et Shana, toujours retenue par Jacob, étaient dans tous leurs états. Soudain, le médecin sortit de la maison. Les deux femmes se précipitèrent vers lui, avides de nouvelles.
Angeni : Docteur, alors ? Comment va-t-elle ?
Médecin : Avant toute chose, vous êtes de la famille de la patiente ?
Shana : Oui, je suis sa petite-fille.
Angeni : Et moi, je suis sa fille.
Médecin : Bien. Écoutez, j'ai réussi à la stabiliser pour le moment. Elle a retrouvé sa respiration.
Angeni : Oh, quel soulagement.
Médecin : Mais je dois vous annoncer quelque chose d'important.
Shana : De quoi s'agit-il ?
Angeni : Dites-le nous, s'il vous plaît.
Médecin : Madame Aiyanna est dans un état extrêmement critique. J'ai le regret de vous informer qu'elle est en phase terminale d'un cancer du cœur.
Tout s'arrêta dans la tête de Shana. Un cancer du cœur... non, ce n'était pas possible. Pas elle... Pas sa grand-mère. Non, cela ne pouvait pas être vrai.
Shana : Qu'est-ce que vous avez dit ?
Médecin : Un cancer du cœur.
Angeni : Vous êtes sûr de ce que vous dites ? Il doit y avoir une erreur.
Médecin : Je vous assure que non, madame. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Shana : Mais... mais il y a sûrement un moyen de la guérir, n'est-ce pas ? Il doit bien y avoir une solution ?
Médecin : Mademoiselle, la maladie est déjà bien trop avancée. Elle a envahi son cœur. Je suis sincèrement désolé, mais il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre.
Shana : Non... Non, vous mentez ! Vous mentez !
Médecin : Je voudrais pouvoir vous dire le contraire, mais hélas, c'est la vérité. Tout ce que je peux vous conseiller maintenant, c'est de passer le plus de temps possible avec elle dans ses derniers jours.
Shana : ARRÊTEZ DE DIRE ÇA !! MA GRAND-MÈRE NE VA PAS MOURIR !! SORTEZ D'ICI !
Dans un accès de colère et de désespoir, Shana poussa violemment le médecin à terre, prête à l'attaquer. Mais Angeni intervint rapidement, retenant sa nièce.
Angeni : Shana, ça suffit ! Il ne t'a rien fait, alors calme-toi !
Sous la pression de la douleur et de la tristesse, Shana dut se résoudre à obéir à sa tante et se calmer.
Fin du flash-back
Angeni avait du mal à croire ce que le médecin lui avait annoncé. Un cancer du cœur... c'était si cruel et difficile à accepter. Elle se demandait si sa mère était consciente de l'ampleur de sa maladie ou si, comme elle, elle était dans l'ignorance. Les questions s'entrechoquaient dans son esprit, mais en cet instant, elle devait aussi se concentrer sur un autre aspect de sa vie qui la tourmentait : sa propre imprégnation avec Tyee.
Elle se tenait près de sa mère, qui dormait paisiblement. Cette tranquillité contrastait tellement avec le tumulte intérieur d'Angeni. Tout ce qu'elle voulait, c'était partager cette révélation avec sa mère, espérant que sa voix apaiserait un peu son angoisse. Après tout, elle avait toujours été un soutien pour elle, une figure de sagesse et de réconfort.
Angeni : Maman, je sais que tu dors en ce moment, mais j'avais envie de te parler un peu. Et puis, peut-être que ça te ferait plaisir de m'entendre. En fait, je voulais te parler de quelque chose de délicat... Je ne sais même pas si tu vas aimer ça, mais... Maman, je crois... je crois que je me suis imprégnée... Et cette personne, c'est Tyee.
Angeni hésita un instant, les mots semblaient lourds. Elle savait ce que sa mère pourrait penser. Tyee n'était pas le genre de personne qu'elle aurait choisi pour elle, mais c'était arrivé sans prévenir, et elle ne pouvait plus nier ce qu'elle ressentait. Ce n'était pas un simple coup de cœur, mais quelque chose de plus profond, de plus puissant.
Angeni : Oui, je sais ce que tu vas dire... c'est un énergumène, un salaud de la pire espèce, mais ce n'est pas moi qui l'ai voulu. C'est arrivé comme ça, sans prévenir. Tu m'as toujours dit que l'imprégnation devait venir du fond du cœur... Et cette sensation, je ne l'ai jamais ressentie comme lorsque j'étais avec Lonan. Ce que j'ai ressenti en le voyant, c'était presque indescriptible. Je ne savais qu'une chose, c'est que je le voulais, lui, et personne d'autre. J'espère que tu ne m'en voudras pas et que tu respecteras mon choix.
Elle serra un peu plus la main de sa mère, s'attendant à une réponse peut-être pleine de reproches ou de surprises. Mais alors, une légère pression se fit sentir sur sa main, et elle tourna la tête, surprise de voir que sa mère était éveillée, souriante.
Aiyanna : Ma fille... Jamais je ne t'en voudrais. Si tel est ton choix, alors je le respecterai.
Un soupir de soulagement échappa à Angeni. Elle n'avait jamais douté de l'amour de sa mère, mais entendre ses mots la réconforta plus que tout. Sans plus attendre, elle se pencha et embrassa tendrement Aiyanna, la remerciant silencieusement pour sa compréhension.
Angeni : Merci, Maman.
Elle prit une profonde inspiration, continuant de discuter avec sa mère, se sentant plus légère, comme si un poids s'était enlevé de ses épaules. Elle savait que le chemin ne serait pas facile, mais au moins, elle avait l'acceptation de la personne qui comptait le plus pour elle.
PDV SHANA :
J'étais au plus mal. Malgré mes efforts pour gérer la situation au sein de la meute et tenter de tout ramener à la normale, mon esprit était ailleurs. Une pensée obsédante tournait en boucle dans ma tête : grand-mère. Chaque instant, chaque pensée, semblait dirigé vers elle. Et si elle me quittait comme mes parents l'avaient fait ?
Allais-je encore une fois me retrouver seule dans ce monde ? Je n'étais pas prête à accepter cela. Je ne pouvais pas. Les larmes commençaient à monter, mais je me battis pour les retenir, comme si, en les gardant à l'intérieur, je pouvais empêcher la réalité de me submerger.
Après notre ronde matinale, je me rendis directement chez elle. Nita m'accueillit à l'entrée, mais dès que je franchis la porte de la chambre, je vis que grand-mère était déjà en conversation avec ma tante.
Shana : Oh, désolée, je ne voulais pas vous déranger.
Angeni : Ne t'inquiète pas, ma puce. Je m'apprêtais à partir de toute façon.
Aiyanna : Tu ne préfères pas rester avec nous ?
Angeni : Non, Maman, je ne suis pas loin. Il vaut mieux que tu discutes seule à seule avec Shana.
Shana : Discuter de quoi ?
Aiyanna : De plusieurs petites choses.
Angeni : Je vous laisse entre vous alors. À tout à l'heure, et Maman, ne fais pas trop d'effort, s'il te plaît.
Aiyanna : Je te le promets.
Angeni quitta la pièce, laissant Aiyanna et moi en tête-à-tête. Je pris place près d'elle, les yeux remplis de questions et de doutes.
Shana : Comment tu te sens, grand-mère ?
Aiyanna : Bien, mon enfant, bien.
Je n'arrivais pas à contenir mes émotions plus longtemps, la peur envahissant chaque fibre de mon être.
Shana : Grand-mère... Est-ce que... Est-ce que tu savais ?
Aiyanna : Pour ?
Shana : Pour ta... enfin, tu sais...
Aiyanna : Oui... Oui, je le savais déjà.
Shana : Pourquoi ne nous as-tu rien dit ? Si je l'avais su plus tôt, je t'aurais fait soigner...
Aiyanna : Shana, je suis une vieille femme. J'ai fait mon temps. Cette maladie, je n'en ai que faire. Elle peut finir ce qu'elle a commencé.
Shana : Comment peux-tu dire une chose pareille ? Comment peux-tu dire que tu vas... que tu vas...
Aiyanna : Que je vais mourir ?
Shana : S'il te plaît... ne dis pas ce mot.
Aiyanna : Ma petite, nous devons tous partir un jour. Et maintenant, c'est mon tour.
Les larmes envahissaient mes yeux, mais je me sentais impuissante.
Shana : Grand-mère, par pitié, je t'en supplie... Ne pars pas. Ne me laisse pas seule, je t'en prie.
Aiyanna : Je suis désolée, mon enfant, mais il le faut. Et puis, tu ne seras pas seule. Angeni veillera sur toi, et tu as tous tes amis ici.
Shana : Mais je ne veux pas t'abandonner. Tu as toujours été là pour moi, quand Papa et Maman sont partis. Tu m'as réconfortée, épaulée, conseillée. Qu'est-ce que je vais devenir sans toi ?
Aiyanna : Je vais te dire ce que tu vas devenir. Une magnifique jeune femme qui mènera la meute Zuni d'une main de fer. J'ai toujours cru en toi, Shana, et en ton potentiel.
Shana : Je n'y arriverai pas, grand-mère. Je ne peux pas diriger la famille... pas sans toi. J'ai besoin de toi.
Aiyanna se redressa lentement et posa une main douce sur le cœur de Shana.
Aiyanna : Regarde-moi bien, ma chérie, et écoute-moi attentivement. Peut-être que je ne serai plus là physiquement pour t'épauler ou t'encourager, mais n'oublie jamais que les personnes que l'on chérit et que l'on aime restent à jamais avec nous. Ici. Elle posa sa main sur le cœur de Shana. Ne l'oublie jamais.
Shana : Oui... oui, d'accord, dit-elle, les larmes coulant librement maintenant.
Aiyanna : La seule chose pour laquelle je suis vraiment déçue, c'est de ne pas pouvoir assister à la cérémonie pour te voir devenir l'Alpha de la meute.
Shana : Grand-mère... Les mots étaient presque impossibles à prononcer, tant la douleur était grande.
Aiyanna : Ne pleure pas, mon enfant. Viens ici. Elle l'invita à s'approcher et Shana se jeta dans ses bras, incapable de résister à ce besoin de la sentir une dernière fois.
Aiyanna : D'ailleurs, j'aimerais que tu me rendes un service.
Shana : Tout ce que tu veux.
Aiyanna : Il y a quelque temps, tu m'as dit vouloir me présenter ton âme sœur. J'aimerais beaucoup que tu me le présentes maintenant.
Shana : Tu veux dire tout de suite ?
Aiyanna : Oui. Si tu veux bien.
Shana : Oui, bien sûr. Je reviens tout de suite. Elle s'éloigna, le cœur lourd, mais avec la certitude que ce dernier vœu de sa grand-mère devait être accompli.
PDV JACOB :
J'étais avec les gars, quand je vis ma petite louve courir vers moi. J'arrêtai immédiatement ma conversation pour la rejoindre.
Jacob : Ma puce, est-ce que ça va ?
Shana : Euh... oui... ça peut aller.
Jacob : Et ta grand-mère ?
Shana : Elle est toujours très faible. Mais je suis venue te chercher.
Jacob : Me chercher ? Pourquoi ?
Shana : Grand-mère tient vraiment à te rencontrer... avant que... avant que... dit-elle, les larmes aux yeux.
Jacob : Oh ma puce... dit-il en essuyant ses larmes. Bien sûr que je veux voir ta grand-mère. Allons-y. Il lui prit la main et ensemble, ils se rendirent à la maison d'Aiyanna.
Une fois devant la porte, Shana demanda à Jacob d'attendre un instant. Elle toqua doucement.
Shana : Grand-mère ? Il est là.
Aiyanna : Fais-le entrer, s'il te plaît.
Shana : D'accord. Jacob, tu peux entrer.
Jacob entra dans la pièce et aperçut la grand-mère de Shana allongée dans son lit. Il s'avança avec respect.
Aiyanna : Bonjour Jacob.
Jacob : Bonjour Madame.
Aiyanna : Tu n'as pas besoin de m'appeler Madame, jeune homme. Appelle-moi Aiyanna, veux-tu ?
Jacob : Très bien, Aiyanna.
Aiyanna : Shana, veux-tu bien nous laisser seuls un instant ? J'aimerais discuter un peu avec lui.
Shana : Oui, bien sûr, grand-mère. Je vous laisse, dit-elle, lançant un sourire à Jacob pour lui souhaiter bonne chance.
Dès que Shana sortit, un stress étrange m'envahit. Shana m'avait toujours dit que sa grand-mère était l'une des personnes les plus importantes de sa vie. Je ne pouvais qu'imaginer que ce qu'elle avait appris de moi ne lui avait pas échappé.
Aiyanna : Je suis vraiment enchantée de pouvoir enfin faire ta connaissance, mon garçon.
Jacob : C'est un plaisir pour moi aussi. Shana ne parle que de vous, vous savez. Vous comptez tellement pour elle.
Aiyanna : Oui, je le sais. Shana m'a beaucoup parlé de toi, Jacob. Autant en bien qu'en mal. Elle m'a absolument tout raconté.
Jacob : Oh... donc vous savez tout.
Aiyanna : Oui, tout à fait.
Jacob : Écoutez, je sais que j'ai agi comme un imbécile avec Shana et vous ne pouvez pas imaginer à quel point je m'en veux. Mais je vous assure que plus jamais je ne lui ferai de mal. Shana est mon âme sœur, ma vie, mon tout. Je ne veux pas la perdre.
Aiyanna écoutait avec attention. Elle savait tout ce que Shana avait traversé à la Push, la douleur, la trahison, mais aussi l'amour sincère et profond que Jacob portait à sa petite-fille.
Aiyanna : Shana ne s'était pas trompée sur ton compte. Tu es vraiment un bon garçon. Je suis heureuse que ma petite-fille ait trouvé un âme sœur tel que toi.
Jacob : Alors... vous ne m'en voulez pas pour ce que j'ai pu lui faire ?
Aiyanna : Eh bien, je dois avouer que j'étais très mécontente d'apprendre ce que tu lui avais fait, mais malgré tout, vous êtes âmes sœurs. Et vous ne pouvez pas vous passer l'un de l'autre.
Jacob : Merci, Aiyanna.
Aiyanna : Jacob, j'ai quelque chose à te demander.
Jacob : Allez-y, je vous écoute.
Aiyanna : Après ma mort, je veux que tu veilles sur Shana, du mieux que tu peux. Tu sais, même si elle est une jeune femme forte, déterminée, audacieuse, pour moi, elle est encore une enfant qui a besoin d'être protégée, qu'on prenne soin d'elle. Je veux que vous soyez heureux tous les deux, que vous ayez une vie longue et épanouie. Tu penses pouvoir accomplir cette tâche pour moi ? Elle lui prit la main, le regard rempli d'espoir.
Jacob : Oui, bien entendu. Je vous jure que je la rendrai heureuse. Je veillerai sur elle au péril de ma vie. Vous n'avez pas à vous inquiéter, je serai toujours à ses côtés.
Aiyanna : C'est parfait alors, dit-elle en souriant.
Alors que la conversation se terminait, Shana frappa de nouveau à la porte.
Shana : Coucou.
Jacob : Coucou, ma puce.
Aiyanna : Viens ici, ma petite, dit-elle en l'invitant à s'asseoir près d'elle.
Shana : Est-ce que tout va bien ?
Jacob : Oui, plus que bien.
Aiyanna : Nous parlions de quelques petites choses.
Shana : Je vois.
Aiyanna : Mes enfants, je veux que vous sachiez que j'accepte pleinement votre relation. Mais vous ne devez jamais oublier une chose : être âme-sœur, ce n'est pas simplement s'aimer à la folie et passer du temps ensemble. Être âme-sœur, c'est tout partager ensemble : les rires, les joies, les peines et la douleur. Vous comprenez ce que je veux dire ?
Shana et Jacob : Oui.
Aiyanna : C'est très bien alors.
Les trois continuèrent de parler, leur discussion se faisant plus calme, empreinte de sagesse. Pendant ce temps, Angeni s'était rendue au bord de la falaise, attendant une certaine personne. Assise en position lotus, elle ferma les yeux, laissant la nature l'entourer, le bruit des vagues se mêlant aux murmures du vent. Soudain, elle sentit une présence derrière elle et entendit cette voix qu'elle n'oublierait jamais.
?: Je suis là.
Elle ouvrit lentement les yeux et se leva.
Angeni : Merci d'être venu, Tyee.
Tyee : Jamais je n'aurais refusé ton invitation, Angeni. Je suis heureux de te revoir.
Angeni : Euh... moi aussi.
Tyee : Et donc ? Pourquoi m'as-tu fait venir ?
Angeni : La situation ici est devenue très compliquée. Ma mère est souffrante en ce moment même, et d'après le médecin, il ne lui reste plus beaucoup de temps.
Tyee : Oh... je suis vraiment désolé.
Angeni : Merci... Si je t'ai appelé, c'est parce que ma mère voulait te voir.
Tyee : Me voir ? Moi ? Pour quelle raison ?
Angeni : Tyee, je dois vraiment te faire un dessin ?
Tyee : Oh... donc elle est au courant ?
Angeni : Oui. Je le lui ai dit.
Tyee : Je vois. Et donc... comment tu te sens ?
Angeni : C'est dur. C'est vraiment dur pour moi, et surtout pour Shana.
Tyee : Non, non, je ne parlais pas de ça, mais de... tu sais, de notre... imprégnation.
Angeni : Oh, ça ? À vrai dire, je ne sais pas vraiment quoi en penser. Je sais juste que quand je t'ai vu, j'ai senti comme...
Tyee : Des papillons dans le ventre, et comme si...
Angeni : La terre avait arrêté de tourner et que...
Tyee : Il n'y avait que toi et moi...
Angeni : Et personne d'autre autour.
Tyee : Je dois dire que je n'avais plus ressenti ce genre de sensation depuis la mort de ma femme.
Angeni : Je suis sincèrement désolée de ce qui lui est arrivé. Ça a dû être très dur pour Yuma, non ?
Tyee : Oui, ça l'a été. Il s'en est tellement voulu de ne pas avoir pu secourir sa mère à temps, alors que c'était à moi de la protéger. Je pense que toute ma vie je m'en voudrai.
Angeni : Ce n'est pas ce que souhaiterait Malaha.
Tyee : Comment peux-tu le savoir ? Tu ne la connaissais pas.
Angeni : Oui, c'est vrai, je ne la connaissais pas. Mais je suis sûr d'une chose. En ce moment même, elle te regarde depuis le ciel, en compagnie des grands esprits, et elle continue de veiller sur toi et sur ton fils. Surtout, elle te dit de ne pas t'en vouloir et que tu dois continuer ta vie comme tu l'as toujours fait.
Tyee : Angeni... merci.
Angeni : Tu n'as pas à me remercier. Nous ferions mieux d'aller voir ma mère. dit-elle en se levant, mais Tyee lui retint doucement le poignet.
Tyee : Attends.
Angeni le regarda, surprise, puis Tyee sourit et, sans crier gare, la tira doucement contre lui et l'embrassa avec toute la tendresse et l'envie qu'il avait refoulées. Angeni, prise de court, répondit tout de même à son baiser, laissant les émotions les envahir. Après quelques secondes, ils se séparèrent, haletants.
Tyee : Désolé, mais j'en avais envie depuis que je t'ai vue.
Angeni : Tu aurais dû le faire plus tôt alors.
Ils rigolèrent ensemble, la tension se dissipant dans un éclat de rire. Ensemble, ils partirent vers la maison d'Aiyanna. En entrant dans la tribu, les membres de la meute étaient surpris de voir Tyee en compagnie d'Angeni, et encore plus étonnés de les voir se tenir la main. Le couple continua sa route jusqu'à la maison, où ils se dirigèrent vers la chambre d'Aiyanna.
Angeni : Excusez-nous ?
Tous les regards se tournèrent vers eux, les trois présents dans la pièce écarquillant les yeux en voyant Tyee aux côtés d'Angeni, et surtout en les voyant se tenir la main.
Aiyanna : Merci de l'avoir emmené, Angeni.
Shana : Grand-mère, c'est toi qui lui as dit de venir ?
Aiyanna : Oui, et Angeni l'a appelé.
Shana : Mais pourquoi ?
Aiyanna : Ça, ce sont des histoires de grandes personnes, ma puce. En tout cas, ça m'a fait plaisir de discuter avec vous deux.
Jacob : À moi aussi.
Aiyanna : N'oublie pas ce que je t'ai dit, Jacob.
Jacob : Vous pouvez compter sur moi.
Shana : On te laisse, grand-mère.
Aiyanna : Oui. Allez rejoindre les autres.
Avant que les deux adolescents ne quittent la pièce, Shana adressa un sourire complice aux nouveaux venus et envoya ses vœux de bonne chance à Tyee. Ce dernier, bien qu'ému, sentait déjà une pointe de stress en approchant de la mère de son imprégnée.
PDV TYEE:
Me retrouver face à la mère de mon âme sœur me rendait vraiment mal à l'aise. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne le sentais pas du tout. Le poids de la situation pesait lourdement sur mes épaules.
Aiyanna : Bonjour Tyee.
Tyee : Bonjour à vous.
Aiyanna : Alors comme ça, tu t'es imprégné de ma fille ?
Tyee : Oui, il semblerait.
Aiyanna : Je vais te dire la vérité droit dans les yeux. Je ne t'aime pas du tout.
Aie ! Elle venait de frapper en plein dans mon égo.
Tyee : Je comprends.
Angeni : Maman, sois un peu plus indulgente envers lui, s'il te plaît.
Aiyanna : C'est pourtant ce que je fais, ma chérie.
Je sentis une vague de nervosité m'envahir, mais je n'avais pas le choix. Il fallait que je parle, que je me fasse entendre.
Tyee : Aiyanna, je sais quelle opinion vous avez sur moi. C'est vrai, j'ai été pendant plusieurs années en rivalité avec votre beau-fils Lonan, j'ai même tenté de séduire votre deuxième fille, Satinka. Mais aujourd'hui, je me rends compte de toutes les erreurs que j'ai pu commettre par le passé. Et puis, j'ai vu les yeux de votre fille Angeni, et c'est là que j'ai compris que c'était elle que je voulais. Elle et personne d'autre. Alors allez-y, traitez-moi de moins que rien, d'énergumène ou même de salaud si vous en avez envie, mais il n'est pas question que je me sépare d'Angeni.
Aiyanna resta silencieuse, les yeux fixés sur moi. Je pouvais sentir que tout ce qu'elle pensait de moi était en train de se bousculer dans son esprit. Elle ne s'attendait pas à ce discours. Et moi, je ne m'attendais pas à ce qui allait suivre.
Elle finit par sourire.
Tyee : Pourquoi souriez-vous ?
Aiyanna : Je me rends simplement compte que ma fille et ma petite-fille sont capables de faire changer les gens. Surtout toi.
Tyee : Et qu'est-ce que ça veut dire ?
Aiyanna : Que j'accepte votre relation. Mais je te préviens d'une chose, Tyee. Quand je ne serai plus là, tu as l'obligation de prendre soin de ma fille. Si je vois que tu lui fais du mal ou que tu l'as fait souffrir, je te jure par les grands esprits que je viendrai te hanter jusqu'à la fin de tes jours.
Je n'avais jamais entendu une telle menace de ma vie, mais une étrange tranquillité m'envahit. C'était une promesse, une promesse de protection envers sa fille.
Tyee : Euh... oui, oui, d'accord...
Angeni : Maman, je crois que tu l'as légèrement effrayé.
Aiyanna : Et c'est ce que je voulais, dit-elle d'un ton amusé.
Je n'avais pas envie de discuter. J'étais soulagé, mais je ne pouvais m'empêcher de sourire à cette dynamique étrange entre eux. Aiyanna m'avait mis au défi, mais je savais maintenant qu'elle me faisait pleinement confiance.
Une nouvelle étape venait de commencer pour Angeni et moi, et je me faisais une promesse : je ne laisserais jamais ma peur, mes erreurs passées, ni quoi que ce soit m'empêcher de protéger ce lien fort, ce que nous étions devenus.
Aiyanna avait accepté, et maintenant, je n'avais plus qu'à honorer cette promesse.
PDV ANGENI:
Depuis ces deux dernières semaines, je n'avais jamais vu Maman aussi heureuse et joyeuse. Elle semblait radieuse, et c'était difficile de croire qu'elle était malade. Avec l'énergie qu'elle dégageait, ça paraissait impossible. Mais je savais bien qu'en dessous de son sourire et de sa bonne humeur se cachait une femme terrifiée par la mort qui l'attendait. Jusqu'à la fin, Shana et moi serions là pour elle, chaque instant.
Les jours passaient lentement, et l'état de Maman se dégradait peu à peu. Ce n'était plus qu'une question de temps, et chacun d'entre nous le ressentait. Shana faisait de son mieux pour garder espoir, mais il était clair que c'était déjà peine perdue. Les autres membres de la meute étaient aussi au plus bas pour elle, et surtout Alex.
Il était venu voir Maman en cachette il y a quelques jours, et lui avait tout raconté. De sa disparition à sa transformation, jusqu'à la mort de Lonan et Satinka. Maman n'avait pas réagi immédiatement à sa confession. Tout ce qu'elle avait vu, c'était Alex pleurant à ses pieds, le suppliant de lui pardonner.
Pour toute réponse, Maman avait simplement posé sa main sur sa tête et l'avait tapotée doucement, dans un geste qui visait à le calmer et à le rassurer. J'avais tout de suite compris qu'en faisant ce geste, elle lui avait pardonné, sans même avoir besoin de lui dire.
La voir agir ainsi m'apaisait, mais en même temps, cela me faisait comprendre qu'elle n'était plus en mesure de haïr qui que ce soit, ni de souhaiter que l'on punisse quelqu'un. Ce qu'elle voulait, c'était que tout le monde soit pardonné, et que l'on puisse repartir à zéro.
Ce jour-là, alors que Shana et moi étions dans la forêt, un hurlement de détresse brisa le silence. C'était Nita. Shana et moi ne perdirent pas une seconde et coururent vers la maison de Maman. En arrivant, nous vîmes les membres de la meute rassemblés autour de la maison.
Shana ne m'attendit pas et se précipita à l'intérieur. Je la suivis immédiatement. À l'intérieur, je vis Maman dans un état critique, sa condition s'étant nettement aggravée. Avec le peu de force qu'il lui restait, elle tendit sa main vers nous.
PDV SHANA :
Quand je vis ma grand-mère dans cet état, je compris enfin que c'était le moment. Elle nous invita, Tata et moi, à nous rapprocher. Je m'assis à sa gauche, et Tata s'installa à sa droite.
Aiyanna : C'est...le...mo...ment...les filles...
Shana : Oui, Grand-mère...
Angeni : Oui, Maman...
Shana : Est-ce que tu es prête ?
Aiyanna : Per...so...ne....n'est...ja...mais...pret...à...ce...la.
Angeni : Maman...
Aiyanna : Vous...m'a...vez...fait...une...pro...messe...tou...tes...les...deux...vous...vous...sou...venez ?
Angeni : Oui, et on va tenir parole, ne t'inquiète pas.
Aiyanna : Prome...ttez...moi...de...vei...ller...l'...une...sur...l'autre...
Angeni : On te le promet, Maman.
Shana : Non, on ne te le promet pas. On te le jure.
Aiyanna : Merci...
Angeni : On va t'aider. Nita, apporte le fauteuil, s'il te plaît.
Nita : Tout de suite, répondit Nita en apportant un fauteuil roulant.
Avec Shana, nous avons aidé Maman à se lever et à la mettre dans le fauteuil. Puis, je poussai Maman vers l'extérieur, où tous les membres de la meute étaient rassemblés, formant une magnifique haie d'honneur. Maman était visiblement émue par cette attention, et les larmes coulaient sur ses joues.
Shana et moi commencions alors à emmener Maman à son endroit préféré, la colline au-dessus de la rivière, là où elle avait l'habitude de jouer de la flûte traditionnelle.
Angeni : Est-ce que ça va, Maman ?
Aiyanna : Oui...oui...ma...fille...c'est...un...en...droit...para...disiaque...n'est...ce pas ?
Shana : Oui, ça l'est.
Aiyanna : Te...nez....j'ai...em...mené...ça...pour...vous...deux...
Les deux jeunes femmes se tournèrent vers elle. Maman déballa un morceau de tissu qu'elle tenait dans ses mains et en sortit deux flûtes identiques, qu'elle tendit à Shana et moi. C'était un dernier cadeau, un dernier acte symbolique avant son départ. Nous nous regardâmes, les yeux remplis de larmes, mais aussi de reconnaissance et d'amour pour cette femme qui nous avait tant donné.
Aiyanna, dans un souffle faible mais porteur d'une grande douceur, murmura :
Je... vous... avais... dit... que... avant... ma... mort... je... voulais... venir... ici... une... dernière... fois... et vous... entendre... jouer... pour... moi...
Les yeux d'Angeni et Shana se croisèrent, un instant de silence entre elles, avant qu'elles ne prennent les flûtes, tendues vers elles par la main fragile d'Aiyanna.
Shana : On t'a fait une promesse, Grand-mère.
Angeni : Et on compte bien la tenir, jusqu'au bout.
Aiyanna : Merci...
Les deux jeunes femmes se placèrent face à l'horizon, les flûtes en main. Elles fermèrent les yeux un instant, se connectant à l'instant, à la promesse, à l'amour qu'elles voulaient transmettre à Aiyanna. Puis, d'un mouvement simultané, elles portèrent les flûtes à leurs lèvres.
L'air autour d'elles sembla se suspendre. Les premières notes s'élevèrent dans le silence de la forêt, créant une harmonie douce et envoûtante. La mélodie caressa l'âme de la forêt tout entière, et même les membres de la meute, dissimulés dans les ombres, purent entendre cette symphonie. Le son pur de leurs flûtes semblait se mêler à la brise légère, comme si la nature elle-même participait à ce dernier hommage.
C'était une mélodie empreinte d'une émotion si profonde que même les arbres semblaient s'incliner sous son pouvoir. C'était un chant de paix, de gratitude, et d'adieu, un cadeau offert par les cœurs unis des deux jeunes femmes, pour celle qui les avait guidées, écoutées et aimées.
Le monde, un instant, se figea autour d'elles. La mélodie s'épanouit dans l'air, magnifique, émouvante, une prière silencieuse que tout le monde pouvait entendre et ressentir.
PDV SHANA :
Je fermai les yeux pendant un instant, laissant les notes m'envahir complètement. C'était comme si la flûte devenait un prolongement de mon âme. Chaque souffle, chaque vibration, portait l'amour et le respect que nous avions pour grand-mère. Les flûtes semblaient nous relier, elle, nous, Maman, et la forêt autour de nous. C'était un dernier cadeau, un dernier adieu à la femme qui nous avait tant donné.
Les voix de la meute étaient absentes, mais je savais qu'ils nous écoutaient. Chaque note résonnait pour eux aussi, un dernier hommage à Aiyanna. Ma gorge se serra en pensant à tout ce qu'elle avait accompli, à tout ce qu'elle avait sacrifié pour cette famille, pour nous.
Je sentis la chaleur de la main de la tante se poser sur la mienne pendant un instant, et je compris que, peu importe ce qui arriverait, nous serions toujours ensemble. Ce moment, aussi difficile soit-il, allait rester gravé dans nos mémoires. Il marquerait le début d'une nouvelle ère pour nous, une ère où, même si grand-mère n'était plus là physiquement, elle continuerait de vivre à travers nos actions, notre amour, et cette musique.
Alors que la mélodie s'achevait doucement, un silence profond envahit la vallée. La nature semblait avoir écouté attentivement, puis, dans un dernier souffle de vent, les oiseaux se remirent à chanter, comme pour approuver la fin de notre symphonie.
Aiyanna, les yeux fermés, avait enfin trouvé la paix. Et avec cette paix, un sentiment de profonde gratitude envahit mon cœur.
PDV AIYANNA :
J'avais longuement discuté avec Angeni et Shana des conditions de ma mort. Je voulais qu'elles m'amènent ici, à cet endroit où je pouvais être en paix, et qu'elles jouent pour moi une dernière fois. Mais il y avait une condition. Elles ne devaient pas se retourner avant que la mélodie ne soit terminée, même si je devais partir avant d'avoir eu le temps d'écouter chaque note. Elles m'avaient fait une promesse, et je savais qu'elles la tiendraient.
Je les observais, mes deux précieuses louves, jouer pour moi. Les larmes me montaient aux yeux en les voyant ensemble, unies, et jouant avec tant de beauté. Je regrettais tellement de ne pas pouvoir rester plus longtemps à leurs côtés. Mais c'est ainsi que la vie fonctionne. Un jour, nous devons tous partir, et il semble que ce soit mon tour. J'espère que Satinka, Lonan et mon défunt mari, Paco, m'accueilleront à bras ouverts. J'ai hâte de les retrouver.
Je regardais une dernière fois le soleil se coucher, ses derniers rayons effleurant le ciel. Mes yeux se fermaient peu à peu, le temps me manquait. J'écoutai encore quelques notes de la symphonie que mes filles jouaient pour moi avant de leur dire, doucement :
Aiyanna : Je vous aime, mes chéries... murmurai-je avant de sombrer dans le noir.
Shana et Angeni ne purent plus entendre sa voix. Elles se regardèrent un instant, leurs cœurs lourds. Elles voulurent se retourner, mais se rappelèrent de la promesse qu'elles lui avaient faite. Elles continuèrent donc de jouer, malgré les larmes qui coulaient sur leurs visages, conscientes qu'elle les avaient déjà quittées.
Après quelques minutes, la mélodie prit fin. Elles se relevèrent, et leurs regards se posèrent sur Aiyanna. Elle n'avait plus les yeux ouverts. Et elle ne les ouvriraient plus jamais.
Elles s'approchèrent, le cœur serré, et confirmèrent ce qu'elles redoutaient. Elle n'était plus là, elle les avais quittées pour toujours. Elles se regardèrent un instant, les yeux remplis de larmes, avant de l'enlacer toutes les deux, pleurant sans retenue.
Après ce dernier moment de tendresse, elles repartirent avec son corps, toujours dans son fauteuil. À leur retour à la tribu, la meute les accueillit en silence, le visage marqué par la douleur. Shana tenait fermement le fauteuil, comme si elle ne voulait pas la lâcher. Nita s'approcha alors d'elles.
Nita : Shana... Il faut que je l'emmène.
Shana, les yeux noyés de larmes, hésita, réticente à la laisser partir. Elle ne pouvait pas. Angeni posa sa main sur la sienne, et, d'une voix douce mais ferme, elle murmura :
Angeni : Shana... tu dois la laisser partir. S'il te plaît.
Shana écouta sa tante et, avec une grande difficulté, lâcha les poignées du fauteuil. Dès qu'elle le fit, elle s'effondra, incapable de supporter cette perte. Angeni la rattrapa juste à temps, et les deux femmes se laissèrent aller à leurs pleurs, leurs corps secoués par la douleur.
Angeni réussit à relever Shana, et elle fit signe à Jacob de venir. Ce dernier arriva rapidement, prit Shana dans ses bras, et elle s'accrocha à lui, pleurant en silence, son cœur brisé.
Angeni, de son côté, tenta de se retenir, mais en voyant Tyee s'approcher d'elle, sans un mot, elle courut vers lui, se jetant dans ses bras, le laissant la réconforter du mieux qu'il pouvait. Leurs larmes se mêlaient, mais dans cette étreinte, Angeni trouvait un peu de réconfort.
PDV SHANA :
Après que ma tante et moi avons ramené le corps de grand-mère, Nita l'emmena pour lui donner les derniers soins, la laver et l'habiller de ses plus beaux vêtements pour l'enterrement. Nous étions tous rassemblés autour d'un grand feu, à l'avant, avec Tata et moi, et les autres membres de la meute en retrait, respectant le silence sacré du moment.
Selon les rites de la meute, Tata et moi devions allumer le feu sur le corps de grand-mère. Nita entama la cérémonie, et au fur et à mesure que les flammes dévoraient le corps, je ne pouvais m'empêcher de pleurer. Le vent soufflait doucement, emportant mes sanglots. Je levai les yeux vers le ciel, et c'est alors que je la vis. Une image d'elle, sous la forme d'un esprit, se dessina devant moi. Elle les avait rejoint, enfin, et je la vis entourée de trois autres silhouettes : mes parents, et mon grand-père Paco.
Ils me regardaient tous, un sourire paisible sur les lèvres, et je leur répondis par un sourire, malgré mes larmes. Puis, lentement, ils s'éloignèrent, disparaissant dans la lumière douce qui les engloutissait.
L'enterrement se termina, et tout le monde rentra chez soi. Mais moi, je restais là, seule. Tata et Jacob insistèrent pour que je vienne avec eux, mais je leur avais dit que je voulais un peu de temps seule. Je fixais encore le feu, ses braises dansant et crépitant dans la nuit. Les cendres de grand-mère étaient encore là, et je les observais avec respect et tristesse.
Elle avait raison, grand-mère. Même si elle n'était plus là, je me devais de protéger la famille, d'être digne de ma meute, de mes racines. Peu importe ce qu'il m'en coûtera, je devais être forte pour eux, comme ils l'ont toujours été pour moi.
Je levai les yeux vers le ciel, et soudain, des aurores boréales apparurent devant moi, dansant comme des vagues de lumière. Je savais, au fond de mon cœur, que c'était grand-mère qui m'envoyait ce dernier signe.
Shana : Ne t'inquiète pas pour nous, je veillerai sur tout le monde. Je t'en fais le serment.
Oui, je fais le serment d'être toujours là pour ma meute, pour ma famille, pour mes amis. C'est pour cela que je suis née, c'est dans mon sang. Je suis, et je resterai toujours une Zuni. Et au nom de ma grand-mère, ce serment, je le respecterai. Peu importe les épreuves qui m'attendent, je serai le bouclier pour les miens. Le devoir d'amour et de protection est ancré en moi, et je ne faillirai jamais.
Parce que tant qu'il y aura des gens que j'aime, je serai là, sans relâche, à leurs côtés.
A suivre…