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Chapitre 7 : Jalousie

~ Propiedad Del GonzĂĄlez ~

Irina

Je me retournais pour rejoindre les escaliers lorsqu’il apparaĂźt soudainement devant moi. VĂȘtu d’une veste en cuir noir et d’un jean, il me regarde avec un petit rictus en coin. Habituellement, je le lui aurai rendu, mais pas ce soir. Je ne m’attendais pas Ă  sa visite et encore moi Ă  ce qu’il se rappelle oĂč j’habite. C’est Ă©tonnant pour quelqu’un qui ne me connaĂźt plus.

— Toi, ici, dis-je avec nonchalance en haussant les sourcils. Tu t’es souvenue de chez-moi ? Ou alors de mon nom ? Ah, non, c’est vrai que tu ne te rappelles plus qui je suis !

Ma voix est remplie d’insolence et de colùre. Ça ne semble pas l'atteindre le moins du moins, puisqu’il m’observe, toujours avec ce sourire en coin.

— Tu n’as pas changĂ©. Toujours aussi
 Impulsive.

Je fronce les sourcils.

— Qu’est-ce que tu veux, Bruno ?

Son sourire ne quitte pas ses lÚvres et ça me trouble. Beaucoup trop.

— Écoute
 Je
 Je n’ai pas le temps de discuter avec une personne qui oublie ses amis d’enfance. Maintenant, excuse-moi, je dois rentrer chez moi.

Alors que je commence Ă  le contourner, il m'arrĂȘte en glissant une main sur mon poignet avec douceur. Mon regard se pose sur sa main puis remonte lentement vers sa mĂąchoire sculptĂ©e jusqu’à atteindre ses yeux. Des yeux qui m’hypnotisent. Un frisson me traverse. Son contact me rend fĂ©brile.

Sans prononcer de mot, Bruno me regarde longuement, comme s’il veut retenir chaque parcelle de mon visage. Ça me dĂ©stabilise qu’il soit aussi proche de moi. Ça ne met jamais arrivĂ©e Ă  ĂȘtre autant proche d’un homme et si longtemps. C’est Ă©trange comme sensation.

En plus, il sent bon. Beaucoup trop bon pour résister à ce parfum qui emplit mes narines.

Bruno finit par se reculer lĂ©gĂšrement en lĂąchant mon poignet. Je reprends une bonne contenance. Je ne veux pas qu’il me voie aussi troublĂ© par sa prĂ©sence.

— Tu es fĂąchĂ©e ?

Je hausse les sourcils.

— FĂąchĂ©e ?

— Oui, parce que j'Ă©tais trĂšs indiffĂ©rent quand nous nous sommes croisĂ©s Ă  cĂŽtĂ© de l’étang. J’ai dĂ» te blesser en faisant semblant de ne pas te reconnaĂźtre. Je suis dĂ©solĂ© si je t’ai paru froid, c’est juste que
 je ne m’attendais pas Ă  te voir, aussi
 Il marque une pause en me regardant, comme si je l’intimidais. Tu es devenue vraiment trĂšs belle, finit-il par dire.

Je dĂ©tourne le regard, gĂȘnĂ©e. Je souris comme une gamine face Ă  son compliment. Lorsque je m’en rends compte, j'efface tout de suite ce sourire bĂ©at, collĂ© Ă  mes lĂšvres et le regarde un peu plus sĂ©rieusement.

— Oh vraiment ? Tu as dĂ» voir des centaines de femmes bien plus jolies, lĂ  oĂč tu Ă©tais.

— Oui, c’est vrai, mais aucune d’elles ne t'arrive à la cheville.

Des papillons naissants envahissent le creux de mon ventre. Irina, contrĂŽle-toi. Ce n’est qu’un compliment. Mais venant de lui, c’est tellement diffĂ©rent.

— Merci, c’est gentil.

— Maintenant que, tout est rĂ©glĂ© entre nous, je peux t’inviter Ă  aller marcher sur la place ?

— M'inviter ? À sortir ? Moi ? hĂ©sitĂ©-je, surprise par sa proposition.

— Oui. Toi et moi.

— Ok, allons-y, dis-je en lui offrant mon plus beau sourire auquel il rĂ©pond.

Nous nous mettons en chemin.

~ Plaza de Andalucia ~

VoilĂ  une demi-heure que Bruno et moi, nous sommes sur la place, assis sur un banc Ă  discuter de tout et de rien, comme au bon vieux temps. Les mains soutenant mes joues, je l’observe avec admiration, me raconter la vie qu’il a eue depuis qu’il a quittĂ© le village. Je ne me lasse pas de l’écouter. Je pourrais l’écouter pendant des heures entiĂšres. Il me parle avec tel facilitĂ© et passion que je l’envie. Ça se voit qu’il a aimĂ© ce qu’il a vĂ©cu et qu’il ne regrette pas d’ĂȘtre parti. Ça remonte Ă  loin cette Ă©poque oĂč sa mĂšre nous Ă  sĂ©parer


Ensuite, nous nous mettons Ă  rire des bĂȘtises que nous avons fait Ă©tant petits.

— Tu te souviens quand Hugo a remis l’argent du pĂšre Daniel dans son coffre, car on lui a dit que c’était du vol ? me dit-il en riant.

— Oui, je m’en souviens trĂšs bien. Le pĂšre Daniel l’a trouvĂ© en plein acte et qu’aprĂšs il l’a puni pendant un bon mois ! riĂ©-je Ă  mon tour.

Nous voulions nous rendre Ă  la fĂȘte foraine et nous n’avions pas assez d’argent, donc Hugo s’est proposĂ© de prendre de l’argent pour complĂ©ter la somme.

— C’était trĂšs drĂŽle.

— Oui.

Le silence s’installe entre nous et on s’observe seulement, sans un bruit et sans dĂ©tourner le regard. La rue est presque dĂ©serte. Il n’y a pas beaucoup de personnes dans les environs. Nous sommes seuls au monde. Ça me fait du bien de le retrouver et je pense qu’il doit se dire la mĂȘme chose.

Je suis trĂšs Ă  l’aise Ă  ses cĂŽtĂ©s mĂȘme si je dois avouer que
 Sa beautĂ© m’intimide. Bruno est un homme dotĂ© d’une beautĂ© exceptionnelle. Les hommes que j’ai pu croiser ici ne peuvent pas ĂȘtre comparĂ©s Ă  lui.

— Je peux te poser une question ?

— Tu n’as jamais eu de fiancĂ© ? Une femme aussi belle que toi as certainement dĂ» en avoir.

— Non, jamais. Les hommes ici ne m'ont jamais perçue comme une Ă©ventuelle fiancĂ©e ou petite amie.

— Pourquoi ? demande-t-il, les sourcils froncĂ©s.

Je dĂ©tourne les yeux un instant, regardant les gens passer devant nous, alors qu’il me regarde toujours, attendant ma rĂ©ponse. Je repose mon regard sur lui.

— Ça ne m’a jamais intĂ©ressĂ©. Je prĂ©fĂšre qu’on parle d’autre chose si tu veux bien.

Il hoche simplement la tĂȘte puis il me dit :

— Mais tu me rĂ©pondras si je te demande s’il se passe quelque chose entre Hugo et toi ?

Je fronce les sourcils, trùs surprise. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me demande ça.

Qu’est-ce qu’ils ont tous à se demander si je sors avec Hugo ?

— Pourquoi cette question ?

— Simple curiositĂ©.

— Ne me dis pas que tu crois qu’on est ensemble ?

— Qui d’autres le crois ?

Je pousse un soupir tout en détournant une nouvelle fois le regard, un sourire nerveux aux lÚvres.

— Tous les gens du village croient qu’on sort ensemble parce qu’on est souvent ensemble. Mais c’est faux. Hugo n’est qu’un ami.

— À vrai dire
 Je pensais qu’à mon retour, vous seriez ensemble.

— Pourquoi tu pensais ça ? je lui demande les sourcils lĂ©gĂšrement froncĂ©s en le fixant.

— Je ne sais pas, Irina, c’est ce que je m’étais imaginĂ©.

— Je vois. Eh bien, tu t’es trompĂ©. Tu peux me croire, il n’y a rien entre Hugo et moi.

Il me sourit.

— C’est incroyable.

— Qu’est-ce qui est incroyable ?

— De te revoir et
 aprĂšs tout ce temps. Tu m’as manquĂ©.

Je l’ai manquĂ©e... Je le regarde avec un sourire, presque dĂ©stabilisĂ© tandis qu’il ne me lĂąche pas du regard. Ses yeux brillent. Ils brillent pour moi.

— Bonsoir, je dĂ©range ?

Une voix angĂ©lique interrompt notre Ă©change silencieux. Je laisse Ă©chapper un soupir discret en dĂ©couvrant qui nous a interrompus. Une fille. Cette fille brune aux yeux verts s’appelle Eva.

Elle a des cheveux trĂšs longs lui arrivent jusqu’à son bassin. Son visage est d’un teint clair et sa silhouette fine lui donne encore des airs d’adolescente. C’est bien une ado qui a 18 ans. Et de ce que je vois, elle est tombĂ©e sous le charme de Bruno puisqu’elle ne regarde que lui. Elle n’a pas vu que j’étais avec lui. Du moins, elle le fait exprĂšs pour m’embĂȘter.

— Salut, Eva, dit-il en se levant.

— Salut Bruno, sourit-elle. Comment tu vas ? Et qu’est-ce que tu fais ?

— Bien et toi ? Je discutais avec Irina. Nous nous rappelons le bon vieux temps.

Elle me regarde avec dĂ©dain au-dessus de son Ă©paule et je ne manque pas de faire de mĂȘme en la toisant. Elle dĂ©tourne le regard avec dĂ©sinvolture et sourit Ă  Bruno comme si je n’étais pas lĂ . Cette situation m’exaspĂšre que je prĂ©fĂšre partir et les laisser seuls.

— Je vois. Mais tu devrais faire gaffe quand mĂȘme avec cette fille. Elle n’est pas trĂšs frĂ©quentable si tu vois ce que je veux dire.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Eh bien, tu sais Bruno. Tous les hommes lui courent aprĂšs. Irina aussi court aprĂšs tout ce qui bouge. Tu devrais te mĂ©fier d’elle. Ta mĂšre ne te l’a pas dit ? C’est bien pour ça qu’elle et tout monde la dĂ©teste d’ailleurs. Au revoir Bruno, ravi de t’avoir revue. dit-elle en me toisant avant de s’éloigner

De quoi elle se mĂȘle ?

Furieuse et un peu honteuse, je me lĂšve du banc et quitte Bruno rapidement. Ce dernier me rattrape par le bras.

— OĂč est-ce que tu vas ?

Je retire mon bras et le foudroie intentionnellement du regard. Ce n’était pas mon intention de le regarder de la sorte, mais la colĂšre s’est emparĂ©e de moi.

— Elle a raison. Tu ne devrais pas me frĂ©quenter.

Ses sourcils se froncent.

— Raison de quoi ? Explique-moi, Irina.

— Tu sais parfaitement de quoi je parle. Je prĂ©fĂšre que tu ne viennes plus me voir. Nous aurons moins de problĂšmes comme ça.

— Attends, dit-il en me rattrapant de nouveau.

Je soupire.

— Si tu me dis tout ça Ă  cause de ce qu’a dit Eva, je veux que tu sache que ça m’est Ă©gal. Je sais qu’il y a pas mal de rumeurs qui circulent sur toi et si vraiment ça m’intĂ©ressait, je t’aurais posĂ© la question, mais je ne l’ai pas fait.

— Bruno, il faut


— ArrĂȘte s’il te plaĂźt, dit-il en s’approchant de moi, ses mains se posent sur les miennes. Ça m’est Ă©gale de ce qu’il y a autour tant que je sais que tu n’es pas comme ça. Je sais dĂ©jĂ  quel genre de personne tu es.

Ses mots me troublent et me touchent en mĂȘme temps. Je ne sais pas quoi lui rĂ©pondre.

— Alors
 C’est vrai ? Tu ne crois pas à tout ce qu’on raconte sur moi ? je lui demande en reprenant une contenance normale afin qu’il ne voie pas mon trouble.

— Non, et puis je ne fais pas attention à ce genre de chose, admit-il.

Ces paroles m’émeuvent. Je souris.

— Je suis contente.

Il sourit.

— Allez, je te raccompagne chez toi.

♡

~ Propiedad Del GonzĂĄlez ~

— Ça a Ă©tĂ© un plaisir de discuter avec toi.

Je lui adresse un sourire en guise de remerciement et me perds dans ses yeux bleus quelques instants avant de me rendre compte de ce que je fais. Irina !

— Moi aussi, je rĂ©ponds en lui cachant mon trouble. J’ai passĂ© une bonne soirĂ©e en ta compagnie. Mais sauf quand Eva a dĂ©barquĂ© pour nous dĂ©ranger, ajoutĂ©-je lĂ©gĂšrement exaspĂ©rĂ©e en me rappelant de ce moment dĂ©sagrĂ©able tout en roulant des yeux.

Il lĂąche un petit rire Ă  cause de mon changement de ton.

— Tu t’énerves toujours aussi facilement, tu ne changeras jamais, me charrie-t-il en me souriant.

Je secoue la tĂȘte en riant.

— Comment ne pas m’énerver aprĂšs tout ce qu’elle t’a dit Bruno, c’est vrai quoi. Je l’aurais bien remis Ă  sa place, mais ça n’en valait pas la peine.

— Ne te prends plus la tĂȘte pour ça, Irina. De toute façon, je n’ai pas cru un seul mot de ce qu’elle a pu me dire.

— Tu es sincùre ?

— Trùs. Tu n’as plus à t’en faire.

Je souris et il me le rend. Je me comporte comme une idiote. J’espùre qu’il ne le voit pas.

— Bonne nuit, me dit-il avant de me tourner le dos.

Mais il revient sur ses pas et pose ses lùvres sur le coin de ma joue pour y laisser un doux baiser. Mon cƓur tambourine au contact de ses lùvres sur ma peau. Il m’offre un petit sourire puis il s’en va.

Les joues en feu, j’ai le sourire jusqu’aux oreilles tout en le regardant partir. Je ferme les yeux en soupirant.

Il m’a embrassĂ© sur la joue
 murmurĂ©-je, en touchant l’endroit exact oĂč il a placĂ© ses lĂšvres.

Mon Dieu
 Que se passe-t-il dans ton petit cƓur Irina ?

Il faut que je me ressaisisse.

Ce n’est pas bon pour toi, Irina. Pas bon.

Alors que je monte les marches, pour rentrer chez moi, j’entends la voix d’Hugo derriùre moi :

— Alors comme ça, vous ĂȘtes redevenu les meilleurs amis du monde ? Il t’a mĂȘme raccompagnĂ©e, bravo, ironise-t-il d’un ton nonchalant.

Je fronce les sourcils en me tournant vers lui. Je m'arrĂȘte sur la marche d'escalier tout en le regardant avec interrogation. VĂȘtu d’une chemise Ă  carreaux rouges, il tient son chapeau dans sa main droite, l’air grave. Mais qu’est-ce qui lui arrive ?

— Qu’est-ce qui se passe Hugo ? Serais-tu jaloux ? le taquinĂ©-je en souriant tout en descendant les marches, lentement.

— Jaloux ? Et pourquoi je serais jaloux ?

Je hausse les épaules.

— Tu es trĂšs Ă©nervĂ©, je lui fais remarquer en croisant les bras autour de ma poitrine.

— Non
 Pas du tout. C’est juste que
 C’est bizarre, balbutie-t-il.

Je me retiens de rire.

— Bizarre ? Je ne vois rien de bizarre Hugo. Bruno et moi, on se connaĂźt depuis tout jeune. Et tu le sais mieux que quiconque. En plus, nous avons pu longuement discuter et j’ai rĂ©alisĂ© que nous avons toujours des choses en commun.

Il me tourne le dos pour regarder derriĂšre lui l’air encore Ă©nervĂ©.

— Ce mec est Ă©trange, dit-il en me regardant. Bruno n’est plus le mĂȘme, Irina. Je le trouve insupportable. Toi, tu es trop aveugle pour le voir. Et si tu ne le vois pas, c’est ton problĂšme, pas le mien.

— Qu’est-ce qui te dĂ©range autant ? Hein ?

— Ce n’est pas que ça me dĂ©range, mais ça me déçoit, Irina, rĂ©plique-t-Il presque en me coupant. Tu es lĂ  tout heureuse et excitĂ©e comme si tu avais envie de lui !

Ces mots me blessent profondément.

— Envie de lui ? Que veux-tu dire par j’ai « envie » de lui ?

— Tu comprends ce que je veux dire. Depuis qu’il est arrivĂ© au village, tu as changĂ©. Je t’ai vu lui dire au revoir complĂštement troublĂ© par sa prĂ©sence.

— Ce n’est pas juste Hugo. Tu es injuste envers moi. Comment tu peux me dire tout ça alors tu sais tout ce que j’ai vĂ©cu et endurer dans ce village ? Tous ces potins qui circulent sur moi ne se sont pas vrai. Et c’est la mĂȘme chose que tu me fais subir maintenant !

Il baisse les yeux d’un air coupable.

— Pardonne-moi. Je suis dĂ©solĂ©, Irina. Ce qui se passe, c’est
.

— Ce qui se passe, c’est que tu n’as aucun droit de me dire avec qui je dois sortir ou non ! C’est clair ? Si tu as un problùme avec Bruno Rodriguez, rùgle ça avec lui. Sur ce, bonne nuit ! conclus-je sùchement et lui tourne le dos pour rentrer chez moi.

— Irina, attends. S’il te plaüt.

— Non, dis-je en me retournant, je n’ai plus envie de continuer Ă  me disputer. Si tu es lĂ  pour me parler des terres de ma mĂšre, sache que je n’ai pas encore parlĂ© Ă  mon pĂšre. Quand j’en saurai quelque chose, je t’en ferai part. Salut !

ExaspĂ©rĂ©e, je monte la derniĂšre marche et rentre dans la maison. Je referme la porte encore rĂȘveuse de cette soirĂ©e passĂ©e avec Bruno. Je vois mon pĂšre qui me sort de mes pensĂ©es. Il se lĂšve, l’air grave, du fauteuil installĂ© au fond, Ă  quelques mĂštres de la porte.

— OĂč est-ce que tu Ă©tais, Irina ?

Je lĂšve un sourcil.

— C’est la deuxiĂšme fois que tu me demandes oĂč je suis papa. Tu t'inquiĂštes toujours pour moi ?

— Je t’ai posĂ© une question, oĂč Ă©tais-tu ? rĂ©torque-t-il, froidement.

Je laisse échapper un soupir.

— J’étais sur la place.

— À cette heure ?

— Il ne fait pas trùs tard.

— Avec qui tu Ă©tais ?

— Si tu penses que j'offre mon corps, tu te trompes papa. J’étais tout simplement avec Bruno Rodriguez. On discutait sur la place.

— Bruno Rodriguez ?

— Oui, il est revenu au village et si tu savais comment
 souriĂ©-je, avant qu’il me coupe.

— Je ne veux pas savoir ce que vous avez pu vous dire et je t’interdis de le revoir !

Sa phrase vient de gùcher mon bonheur. Je fronce légÚrement les sourcils, ne comprenant pas sa réaction.

— Mais oĂč est le mal papa ? Bruno et moi sommes juste ami depuis qu’on est tout petit.

— Je ne veux pas que vous soyez amis !

— Pourquoi ?

— Parce que c’est le fils de cet homme. Je ne veux pas que tu sois en contact avec lui. Tu as compris ?

— Ce n’est pas juste papa


— Bien sĂ»r que si ! N’oublie pas, que son pĂšre a Ă©tĂ© l’amant de ta mĂšre ! hurle-t-il en s’approchant de moi.

— HĂ©, mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que tu cris, Juan ? demande ma tante en arrivant, d’un air inquiet.

— Elle Ă©tait avec Bruno Rodriguez et je lui ai interdit de le revoir.

Elle soupire.

— ChĂ©ri, tu ne penses pas que tu devrais la laisser choisir ses amis ? Bruno est quelqu’un de bien.

— Mais qu’est-ce que tu racontes, Carolina ? Ce garçon est un Rodriguez et il ne doit pas s’approcher de notre famille !

Ça me choque que ma tante puisse prendre ma dĂ©fense. Elle ne le fait jamais pourtant.

— C’est le dernier avertissement, Irina. Je ne veux plus te voir avec lui, c’est bien clair ?

Il conclut sa phrase en me foudroyant du regard avant de nous laisser ma tante et moi.

Je suis fatiguĂ©e, Ă©puisĂ©e par son attitude. Quand est-ce qu’il va comprendre que ce qui s’est passĂ© n’est pas ma faute ? J’ai entiĂšrement le droit de vivre comme je le veux. De frĂ©quenter qui je veux.

Il me contrĂŽle comme son objet et me parle comme si j’étais qu’une simple Ă©trangĂšre Ă  ses yeux.

Carolina pousse un soupir et un bĂąillement de fatigue. Elle est habillĂ©e de son pyjama en satin blanc et je peux constater qu’elle dormait.

— Irina, s’il te plaĂźt, cesse d’énerver ton pĂšre Ă  chaque fois. Je n'en peux plus de tous ses cris dans cette maison.

— Je te remercie de m’avoir dĂ©fendu, rĂ©ponds-je simplement.

— Ne me remercie pas. Tout ce que je veux, c’est que tu arrĂȘtes d'Ă©nerver ton pĂšre. Ne revois plus Bruno, car tu sais qu’il est capable de n’importe quoi pour nous Ă©loigner de cette famille. Alors s’il te plaĂźt, reste tranquille. J’aimerais vraiment qu’on puisse enfin vivre en paix chez moi.

Comment vivre en paix, si mon pĂšre ne veut pas me donner une chance d’ĂȘtre auprĂšs de lui ?

Ça fait trùs longtemps que la paix ne rùgne plus dans cette maison.

— Je vais dormir, me dit-elle en partant.

Hugo

~ Casa pĂšre Daniel ~

Je pousse un grognement en m’enfonçant dans le canapĂ©. Des milliers de questions me taraudent. Je ne peux pas m'empĂȘcher de ressentir de la jalousie. Jusque-lĂ , j’étais le seul homme qui arrivait Ă  ĂȘtre prĂšs d’elle. Elle ne traĂźnait qu’avec moi dans le village.

Maintenant, que Bruno est rentrĂ©, j’ai la sensation de< la perdre. NĂ©anmoins, je sais qu’il ne l'aime pas autant que moi qui l’aime. Il ne peut pas l’aimer. Il est parti, il y a trĂšs longtemps et c’est moi qui suis restĂ© Ă  ses cĂŽtĂ©s. Je ne tolĂ©rerai pas qu’il prenne ma place. Irina mĂ©rite un homme comme moi, qui la comprenne et la soutienne.

— Tu es trùs pensif mon garçon.

Le pÚre Daniel vient de s'asseoir en face de moi, autour de la table à manger, pendant que je laisse échapper un soupir.

— Irina Ă©tait avec Bruno.

— Et donc ? C’est ça qui te met dans cet Ă©tat ?

— Oui, mon pĂšre. Bien sĂ»r que ça me met dans tous mes Ă©tats ! Qu’est-ce que votre neveu faisait avec Irina ?

— Ça suffit, Hugo ! s’exclame-t-il d’un ton sĂ©vĂšre. Un peu de tenue, tu veux ? Pourquoi ça te met en colĂšre ? Bruno est quelqu’un de bien et tu le sais. Qu'est-ce qu’il y a de mal Ă  ce que mon neveu frĂ©quente Irina ? Ils se connaissent depuis longtemps.

— Vous le savez tout autant mon pùre. C’est un Rodriguez.

— Et cette famille est la mienne, je te le rappelle, lance-t-il. Ton comportement est puĂ©ril, Hugo.

Je grogne et me lĂšve rapidement en me rapprochant de la table Ă  manger.

— Tu sais ce que je pense ? C’est que l’arrivĂ©e de Bruno, te rend extrĂȘmement jaloux, affirme-t-il.

— Non, ce n’est pas vrai, mens-je en me retournant vers lui.

— Ah et tu vas le nier ? Ne te moque pas de moi, jeune homme ! Tu crains qu’Irina ne puisse le voir autrement qu’un ami, car Bruno n’a pas grandi Ă  ses cĂŽtĂ©s comme elle a grandi avec toi.

— S’il vous plaüt ! Ce n’est pas vrai. Irina ne le voit que comme un ami.

— Mon fils, soupire-t-il, je ne suis pas idiot. Je sais que tu as toujours Ă©prouvĂ© des sentiments pour elle.

— Oui et alors ?

— Alors qu’Irina non.

— Je sais ce que vous allez me dire de laisser tomber, mais je ne peux pas. J'arriverai Ă  la conquĂ©rir.

— Et si tu n’y arrives pas ?

— J’y arriverai.

— Mais il se peut qu’Irina tombe amoureuse d’un autre, Hugo. Je sais bien que tu crains que cet homme, puisse ĂȘtre Bruno.

— Non, c’est stupide. Elle ne peut pas tomber amoureuse de lui.

— Et si ça arrive ?

— Je m’y opposerai.

— Hugo.

— ArrĂȘtez et ne dites pas de bĂȘtise, le coupĂ©-je agacĂ©. Il ne peut rien y avoir entre eux. Bruno ne lui plaĂźt pas. Ils sont juste ami. Je le sais. Si ce que vous dites arrive, je ne l’accepterai jamais mon pĂšre.

Il soupire encore.

— Hugo, l’amour ne se commande pas. MĂȘme si ce n’est pas Bruno, Irina finira par tomber amoureuse de l’homme qu’elle aura choisi. Que son cƓur aura choisi. Tu ne pourras rien y faire.

— Je sais, mon pĂšre, je sais, soupirĂ©-je tristement, mais je ne pourrais jamais accepter de la voir avec un autre. Mon cƓur ne le supportera pas.

Il se lùve en s’approchant de moi.

— Tu finiras par l’accepter, je le sais.

— Non, je ne pense pas. Irina, je l'aime. Et rien ni personne ne pourra le changer. MĂȘme si, je sais que cet amour n’est pas partagĂ©.

— Alors pourquoi est-ce que tu t'obstines, si tu sais qu’elle ne t’aimera jamais ?

— Parce que je garde espoir, dis-je, avec conviction.

Un jour, Irina changera d’avis. Elle me verra comme l’homme qu’elle aime.

— Je crains que cet amour finisse par te hanter, mon garçon, soupire-t-il en tapotant mon Ă©paule.

Je me retourne en lui répondant :

— Vous avez peut-ĂȘtre raison, mais je ne peux pas aller contre ce que je ressens.

D’un regard triste, il prend congĂ© de cette discussion et se dirige dans la cuisine avec Ă©puisement.

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