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Chapitre 9 : L’inconnu de cette nuit

Quelques heures plus tard


~ Plaza de Andalucia ~

Irina

— Regarde qui voilà ? me dit-elle en souriant.

Nous discutons Rosalinda et moi sur la place lorsque nous tombons sur Bruno et Mathias, juste en face. Les deux hommes nous approchent.

— Salut, dit-elle en les saluant et je fais de mĂȘme.

— Salut, rĂ©ponds Mathias d’un rictus aux lĂšvres qu’il adresse Ă  mon amie.

Mathias est un homme trĂšs gentil et respectueux, tout le contraire d’Esteban. Ils ont an d’écart, mais il a l’air plus mature et responsable que lui. Ses courts cheveux sont noirs au naturel. Une mĂąchoire carrĂ©e. Une barbe taillĂ©e. Des yeux verts, allongĂ©, vert Ă©meraude, perçant. Un teint bronzĂ©. Il est grand et a une large carrure.

Bruno nous salue Ă  son tour tout en croisant mon regard. J'esquisse un sourire lĂ©ger, presque timide. Un frisson me parcourt l’échine. Entre nous, il y a un truc que je n’arrive pas Ă  traduire
 Je n’ai jamais vĂ©cu une telle sensation aussi forte en Ă©tant en sa prĂ©sence.

— Comment vas-tu Rosa ? lui demande Bruno, comme pour briser le silence.

— Trùs bien et toi ?

— Ça va, dit-il en acquiescent lĂ©gĂšrement la tĂȘte.

— Bon, on vous laisse poursuivre votre chemin à plus tard, dit Mathias.

— À plus tard, rĂ©ponds Rosa en souriant.

Nous nous Ă©cartons et ils passent. Mon regard poursuit Bruno qui s’éloigne aux cĂŽtĂ©s de son frĂšre. Ils entament dĂ©jĂ  une conversation entre eux. J’entends Ă  peine Rosalinda qui me parle puisque mes yeux sont hypnotisĂ©s par lui.

— Irina ? Est-ce que ça va ?

— Oui, trĂšs bien, rĂ©ponds-je simplement tout en quittant la silhouette de Bruno des yeux.

— TrĂšs bien ? se moque-t-elle en souriant. Je rĂȘve ou Bruno te rend complĂštement absente ?

— Qu’est-ce que tu racontes ? Bien sĂ»r que non.

— Mais oui
 On ne me l'a fait pas, à moi. Ça se voit qu’entre vous, il y a comme


Je hausse les sourcils, amusé, voir intriguée à la fois.

— Comme ? Qu’est-ce qu’il y a entre nous que je ne sais pas Rosa ?

— Comme une belle alchimie.

— Une alchimie ? Je ne pense pas. C’est normal entre nous. Nous sommes amis.

— Amis, humm ? J’ai l’impression que l’amitiĂ© n’existe plus entre vous deux. Nous ne sommes plus des enfants Irina, et Bruno est un bel homme qui attire pas mal de femmes.

— Je sais qu’ils attirent de nombreuses femmes. Tu n’as pas besoin de me le rappeler.

— Incroyable, mais tu es jalouse Irina ! s’exclame-t-elle en riant.

— Jalouse ? Non, je ne suis pas jalouse. C’est juste que


— Tu es jalouse point, me coupe-t-elle. Ça se voit qu’il te plaüt, Irina. Quand il est dans les parages, tu ne vois que lui.

— Ah, Rosa
 Ne dis pas n’importe quoi, ralĂ©-je. Ça se voit tant que ça ?

— Bien sĂ»r.

Je laisser échapper un soupir.

— Je sais ce que tu penses, qu’il est trĂšs beau et qu’on formerait un beau couple, mais
 mĂȘme si j’envisageais de sortir avec lui, ça serait impossible. Et puis qui te dit qu’il ressent la mĂȘme chose ? Je prĂ©fĂšre ne plus y penser, dis-je d’un air fatiguĂ©, avant de changer de sujet. Et toi alors ? J’ai bien remarquĂ© que Mathias ne te laisse pas indiffĂ©rente et lui aussi d’ailleurs.

— Mathias m’a toujours plu, Irina, me dit-elle comme si ce n’étais pas un secret.

Surprise, j’écarquille les yeux.

— Quoi ? Alors comme ça, il te plaüt ?

— Oui. Moi, je n’ai aucun problùme à dire ce que je ressens.

— Tu dis ça à cause de Sofia, j’imagine ?

— En partie. Sofia Ă  toujours aimĂ© Hugo sans lui avouer quoi que ce soit.

— Je soupçonnais ses sentiments jusqu’à ce qu’elle me le dise.

— Tu sais pourquoi maintenant. Hugo t’a toujours aimĂ© Irina, c’est pour ça qu’elle a prĂ©fĂ©rĂ© se taire.

Je détourne le regard en soufflant.

— Je sais que tu as toujours pensĂ© qu’il ne te voyait que comme un ami, mais c’est la vĂ©ritĂ©, ajoute-t-elle.

— Je veux toujours le penser, la coupĂ©-je, je ne veux pas qu’il me voit autrement. Ça a toujours Ă©tĂ© mon meilleur ami et je veux que ça reste comme ça.

— Oui, mais tu dois comprendre que les sentiments ne se commandent pas, Irina.

— Je le sais parfaitement, Rosalinda, soupirĂ©-je en la regardant. Mais je ne ressens pas la mĂȘme chose pour lui et je ne veux pas le voir souffrir aussi.

— Oui, je comprends.

♡

~ Propiedad Del GonzĂĄlez ~

— Qu’est-ce que tu fais ici ?

En arrivant quelques minutes plus tard à la maison, je trouve Hugo qui descend les marches de l’escalier, tout en s’approchant de moi.

— Ton pĂšre m’a appelĂ©.

— Ah ? Mauvaise nouvelle ?

— Non, tout va bien. On parlait juste de la situation des Tierra Dulces. Il m’a demandĂ© encore une fois de tout laisser tomber..

— Je sais que ces terres comptent beaucoup pour toi, mais s’il ne veut plus que tu t’en occupes, tu ne crois pas que tu devrais lñcher l’affaire ?

— Non, Irina. Je ne peux pas. Je n'abandonnerai pas des terres qui ont Ă©tĂ© si difficiles Ă  travailler.

— Je comprends.

— Et toi, tu lui as parlĂ© de ce qu’on s’est dit ?

— Oui, mais il ne veut pas.

Il soupire.

— On n’arrivera jamais à le convaincre.

Je dĂ©tourne le regard l’air fatiguĂ© et poursuis :

— Ça ne sert plus Ă  rien d’insister, Hugo, vraiment. Tu sais bien que mon pĂšre ne m'Ă©coute jamais.

— Ton pùre est difficile, c’est vrai, mais je sais qu’on y arrivera. Je vais trouver une autre solution.

— D’accord, tiens-moi au courant. Je rentre.

— Bien. Salut.

— Salut.

Il s’en va. Je me retourne et le regarde partir, perdue dans mes pensĂ©es, je soupire tristement. MalgrĂ© tout ce que Sofia et Rosalinda m’ont dit, j’ai toujours du mal Ă  croire qu’Hugo a des sentiments pour moi. Si c’était vrai, il me l’aurait dit, mais il ne m’a rien dit. Je prĂ©fĂšre ne plus y penser et oublier tout ça.

Je monte enfin et rentre Ă  la maison.

— Je l’aime bien.

Alors que je referme la porte de la maison, j’entends la voix de mon pùre surgir derriùre mon dos. Je me retourne vers lui et le regarde.

— Hugo est un bon garçon, ajoute-t-il.

— Oui, il l’est, dis-je tout simplement.

— Je le connais trùs bien et je sais qu’il te respecte beaucoup.

— OĂč est-ce que tu veux en venir papa ? je lui demande, les sourcils froncĂ©s, n’aimant pas qu’il tourne autour du pot.

— Hugo est quelqu’un en qui j’ai entiùrement confiance, Irina et je sais qu’il peut trùs bien prendre soin de toi.

— Si ton intention est de lui donner ma main, sache que tu perds ton temps papa.

Il hausse légÚrement les sourcils.

— Pourquoi ? Tu ne vois pas Hugo comme un bon Ă©poux et qui saura te protĂ©ger ?

— Si tu espùres que me marier avec Hugo pourra couvrir tous les manquements que tu n’as pas su tenir auprùs de moi, sache que ça ne pourra jamais les remplacer.

— Ce que j’essaye de faire Irina, c’est t’assurer un bel avenir et avec un homme qui pourra te rendre heureuse.

— Assurer mon avenir ? Tu n’as jamais voulu prendre soin de moi Ă  la mort de maman. C’est aujourd’hui que tu souhaites prendre tes responsabilitĂ©s ? C’est moi qui choisirai l’homme que j’épouserai. Personne ne le fera Ă  ma place.

À ces paroles, je le quitte pour me rendre dans ma chambre. Je suis toujours en colĂšre depuis notre derniĂšre dispute. Elle m’a accablĂ© et rendu trĂšs triste. Il me cache quelque chose et j’ignore toujours ce que c’est.

Un pĂšre ne repousse pas sa fille. Un pĂšre ne devrait pas avoir un tel comportement sans une raison valable. C’est vraiment insensĂ©. Son indiffĂ©rence m’épuise. Je tente dĂ©sespĂ©rĂ©ment de comprendre d'oĂč vient son attitude, mais en vain. Je ne le reconnais plus. J’ai tendance Ă  m’imaginer que ce pĂšre qui me prenait comme pour sa petite princesse a Ă©tĂ© engloutie par la terre et remplacĂ© par un autre homme.

Le lendemain


~ Les calderas ~

Je nage dans l’étang depuis de bonnes heures maintenant. Je suis seule et profite de l’instant prĂ©sent. Je suis loin du village et des commĂ©rages, donc ça fait du bien. Je peux penser Ă  autre chose sans qu’on ne m’embĂȘte.

L’eau est trĂšs agrĂ©able cet aprĂšs-midi. Elle est chaude et douce. C’est la bonne tempĂ©rature pour y rester longtemps. Je remonte Ă  la surface et sors de l’eau en me dirigeant vers mes affaires qui sont posĂ©es sur l’herbe. Je rĂ©cupĂšre ma serviette et m’essuie le corps.

— L’eau est bonne ?

Quand soudain, j’entends une voix. Je lĂšve les yeux vers celle-ci. Je laisse Ă©chapper un sourire de mes lĂšvres lorsque je le vois. J’enroule ma serviette autour de ma taille alors qu’il s’approche de moi. Mon ventre se noue.

— Qu’est-ce que tu fais ici ?

— Je venais faire un tour puis je t’ai vu. Alors, tu aimes toujours venir nager ici à ce que je vois ?

— Oui, toujours, je souris. Et pour rĂ©pondre Ă  ta question, l’eau est trĂšs bonne, tu devrais la tester.

Il sourit et il tourne son regard vers l’eau pour l’observer puis il me regarde.

— Peut-ĂȘtre une prochaine fois.

Je lĂšve un sourcil, en croissant les bras autour de ma poitrine en le charriant :

— Tu es sĂ»r ? Ou c’est parce que tu crains que je te batte de nouveau ?

— Me battre ? Moi ?

— Ne fais pas l’innocent Bruno, tu sais que j’ai toujours gagnĂ© quand on jouait Ă  qui restait le plus longtemps sous l’eau. Tu ne te souviens pas ?

— Si, si, je me souviens. Mais tu ne gagnais pas toujours.

— Quoi ? m’exclamĂ©-je en faignant d’ĂȘtre surprise. Alors lĂ , non, bien sĂ»r que c’est moi qui gagnais et Ă  chaque fois ! Tu le sais.

Je ris.

— Si tu veux, ok. Le seul qui trichait en rĂ©alitĂ©, c’était Hugo.

— Ça, c’est vrai, dis-je en riant, mais il ne vaut mieux pas qu’il t’entende parce qu’il dĂ©bĂątera avec toi pendant des heures, tu le connais.

— Oui, tu as raison.

Je souris.

— C’était une trĂšs belle Ă©poque, dit-il.

— Oui, une trĂšs belle Ă©poque. Ça me manque beaucoup.

Je lui rends son sourire. Un silence s’installe entre nous alors qu’il coule un regard vers l’horizon. DĂ©stabilisĂ©e, ne sachant plus quoi lui raconter, je recule en lui disant :

— Il faut que j’y aille maintenant.

— Je suis venu en voiture, laisse-moi te raccompagner chez toi.

— Tu dois certainement avoir des choses Ă  faire, ne te dĂ©ranges pas pour moi, Bruno. Je vais me dĂ©brouiller pour rentrer.

— Non, ça ne me dĂ©range pas Irina. En plus, je n’ai rien Ă  faire, je peux te dĂ©poser.

— D’accord, je m’habille et je te rejoins.

— Je t’attends dans la voiture.

Le sourire aux lĂšvres, je le regarde partir, la tĂȘte complĂštement dans les nuages. Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu
 Qu’est-ce que tu me fais, Bruno
 ?

Il faut que tu te ressaisisses, Irina, ce n’est pas le moment de rĂȘver !

♡

~ Propiedad Del GonzĂĄlez ~

Bruno gare sa voiture Ă  l'entrĂ©e du domaine. Nous retirons nos ceintures et nous sortons du vĂ©hicule. Je contourne la voiture tout en m’approchant de lui. Il coule un bref regard vers la maison et pose ses yeux sur moi.

— VoilĂ , tu es arrivĂ©e, me dit-il en souriant et en glissant ses mains dans ses poches avant.

— Merci. Bonne soirĂ©e, Bruno.

— À toi aussi.

Je tourne les talons en direction de chez moi. Quelques secondes aprĂšs avoir refermĂ© la porte, ma tante est lĂ , m’attendant de pied ferme. Je lĂšve un sourcil et m’approche d’elle.

— Tu rentres tard. OĂč est-ce que tu Ă©tais, Irina ?

— J’étais Ă  l’étang.

— Jusqu’à cette heure ?

— Oui, Carolina, quel est le problùme encore ?

— Aucun. C’est juste que
 je pensais que tu n’allais pas rentrer.

Je fronce les sourcils, intriguée par ces propos qui ne me plaisent pas.

— Qu’est-ce que tu insinues part, tu pensais que je n’allais pas rentrer ?

— Eh bien, tu sais ce que tout le monde raconte sur toi au village, Irina. Je ne vais pas te faire un dessin.

— Alors toi aussi, tu crois que je me prostitue ? C’est bien ça ?

— Je n’ai pas dit ça, Irina. Je te rapporte ce que j’entends.

— Je sais trĂšs bien ce qu’on raconte sur moi, Carolina, tu n’as pas besoin de me le rappeler, rĂ©pliquĂ©-je, Ă©nervĂ©e.

— Calme-toi, pas la peine de t’énerver. Ce n’est pas de ma faute si tout le village te critique. C’est normal que je doute et que je te pose la question.

Je dĂ©tourne le regard, exaspĂ©rĂ©e de l’entendre.

— Je veux juste m’assurer que tu ne finisses pas comme ta mĂšre et que l’histoire se rĂ©pĂšte encore, c’est tout.

— Je ne finirais pas comme ma mĂšre, car elle n’était pas comme ça. Tu devrais avoir honte de toi de parler comme ça de ta propre sƓur, Carolina. je lĂąche sĂšchement.

Elle lĂšve les yeux au ciel.

— Honte de moi ? C’est elle qui doit avoir honte parce qu’elle nous a tous trompĂ©es.

Qu’est-ce que je donnerai pour que ma mĂšre soit lĂ  et qu’elle dĂ©mente en face d’elle ces maudits mensonges. Elle me dĂ©goĂ»te. Comment peut-elle dĂ©nigrer sa sƓur, son sang, sa famille de la sorte ?

— Heureusement que je ne te ressemble pas, dis-je en l’observant avec pitiĂ©.

Puis je m’en vais dans ma chambre.

♡

Cette nuit, je me rĂ©veille et sors de ma chambre pour aller me chercher un verre d’eau dans la cuisine. À la fenĂȘtre, j’entends des voix, celui d’une femme et d’un homme. IntriguĂ©, je me rapproche de la fenĂȘtre, entrouverte. J’écoute. Je reconnais la voix de ma tante. Que fait elle aussi tard dehors ? Avec qui discute-t-elle ?

Je pose mon verre d’eau Ă  moitiĂ© fini sur la table et sors de la cuisine. J’attache mon peignoir rose satinĂ© sous mon pyjama, tout en rejoignant l’extĂ©rieur.

D’un pas discret, je m'approche et me cache derriĂšre un muret. La silhouette de ma tante apparaĂźt dans mon champ de vison. Elle est de dos en face de quelqu’un. Mais qui ? J’essaye de deviner son interlocuteur, en vain. J’ai pu entendre Ă  la fenĂȘtre que Carolina lui donnait rendez-vous Ă  leur endroit habituel.

J’espùre que ce n’est pas du tout ce que je pense.

Son interlocuteur vient de partir. Je sors immĂ©diatement de ma cachette, les bras croisĂ©s sous ma poitrine, je m’approche, et lui demande :

— À qui Ă©tais-tu en train de parler Carolina ?

Elle sursaute lĂ©gĂšrement, tout en se retournant face Ă  moi. Elle soupire et me lance un regard noir rempli d’angoisse.

— Tu m'as fait peur Irina ! Mais qu’est-ce que tu fais lĂ  ?! Tu ne devrais pas ĂȘtre au lit ?

— Mhh, je t’ai fait peur ? À ce point-là ? Si je comprends bien, tu ne veux pas te faire prendre avec cette personne, n’est-ce pas ? Tu parlais avec qui ?

Elle reprend son calme en me dévisageant.

— Personne.

— Personne ? Tu en es sĂ»r ? Ce n’est pas ce que j’ai vu et entendu. Dis-moi, c’était un homme ?

— Mais
 mais quel homme, Irina ? dit-elle en riant nerveusement, passant une main dans son cuir chevelu. Ce n’était personne ! Quand est-ce que tu vas arrĂȘter de fourrer ton nez partout ? Hein ? Depuis petite, tu n’arrĂȘtes pas. C’est que
 Tu es vraiment une gamine impossible et insupportable ! Tu sais quoi ? Fais-moi le plaisir de retourner dans ta chambre et de dormir.

— Dis-moi juste avec qui tu parlais ? insistĂ©-je.

— Personne ! ArrĂȘte Irina ! Tu es trop curieuse.

Je lÚve les yeux au ciel, indignée par son comportement. Elle ment trÚs mal.

— Retourne dormir dans ta chambre. Je n’ai pas de comptes à te rendre, compris ? Laisse-moi seule.

Toujours suspicieuse, je hausse les sourcils :

— Tu veux ĂȘtre seule ?

— Oui ! Seule ! Allez, bouge !

— Je vais te laisser paisiblement seule alors, dis-je d’une voix remplie de sarcasme, mais laisse-moi te dire une chose avant, Carolina : si tu trompes mon pĂšre, je ne vais pas le tolĂ©rer. Tu ne lui feras pas de mal, la prĂ©viens-je froidement.

— Je ne trompe pas ton pĂšre, rĂ©torque-t-elle.

Silencieuse, je l'observe d’un air grave, avant de la quitter et de retourner dans la maison.

Le lendemain
.

AprĂšs m’ĂȘtre prĂ©parĂ©, je sors de ma chambre en me dirigeant dans la cuisine. En entrant, DolorĂšs est en train de laver la vaisselle. Je m’approche d’elle et l’embrasse sur la joue avec joie.

— Bonjour, ma petite Dolorùs !

Elle se retourne.

— Bonjour, mon poussin, sourit-elle, surprise par ma gaietĂ©. Tu es de bonne humeur ce matin, j’aime bien.

— Oui, lĂ , je m’apprĂȘte Ă  aller Ă  l’universitĂ©.

— Mange un bout, avant, je ne veux pas que tu sortes le ventre vide.

— D’accord, Dolorùs. Je le fais seulement pour toi, hein, dis-je en m’installant autour de la table pendant qu’elle me sert un verre de jus d’orange.

— Tant que tu manges, ça me va. Tiens.

— Merci, dis-je en rĂ©cupĂ©rant le verre de jus. Assieds-toi. J’ai quelque chose Ă  te raconter.

Mon ton devient plus sĂ©rieux et mon regard est ancrĂ© dans le sien, ce qui la perturbe et l’inquiĂšte davantage. Elle s’assoit.

— Qu’est-ce qui se passe, ma puce ?

Je chuchote :

— Écoute, ce que je m'apprĂȘte Ă  te dire, je ne suis pas trĂšs sĂ»r, mais j’ai des doutes.

— Dis-moi. Et pourquoi tu chuchotes ?

— Je ne veux pas que ma tante nous entende. Elle pourrait mal interprĂ©ter.

— Mal interprĂ©tĂ© ? Mais quoi ?

— La nuit derniùre, j’ai vu ma tante parler avec un homme.

— Avec un homme, tu dis ? demande-t-elle les sourcils froncĂ©s.

— Oui. Je ne sais pas qui c’est. Mais j’ai juste entendu qu’ils doivent se voir dans un endroit habituel.

— Et quand ça ?

— Je ne sais pas, je ne sais pas, Dolorùs, mais je crains qu’elle puisse tromper papa.

— Ah non, seigneur, ne dit pas de bĂȘtises, Irina ! Ne va pas me faire peur !

InquiÚte, je laisse échapper un soupir en la regardant.

— Et si
 Et si c’était vrai ?

DolorĂšs se lĂšve et fait quelques pas sur le sol, trĂšs nerveuse.

— Non, non, Irina. Tu imagines ? Ton pùre ne le supportera pas.

Je me lĂšve Ă  mon tour. Cette situation me rend vraiment nerveuse et m’empĂȘche de terminer ma tartine de confiture.

— Je ne l'imagine pas, DolorĂšs. Mon pĂšre n’acceptera jamais une seconde tromperie, finis-je par rĂ©pondre.

— Calme-toi, ma chĂ©rie, dit-elle en m'enlaçant, peut-ĂȘtre, peut-ĂȘtre que
 Madame Carolina ne le trompe pas et si ça se trouve, tu as mal interprĂ©tĂ©.

— J’espĂšre que tu as raison parce que si cette histoire est vraie, je ne sais pas
 Mais je n’ai pas envie que ça recommence comme Ă  l’époque quand maman est morte.

— Ne t’inquiĂšte pas, ma chĂ©rie. Rien de tout cela ne va se passer. S’il te plaĂźt, vas-y oĂč tu vas ĂȘtre en retard.

— Oui, je me dĂ©pĂȘche. À tout Ă  l’heure, dis-je en l’embrassant

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