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Chapitre 10 : Conséquence

~ Villaverde Del Rio ~

 

 

Irina

Je croise Sofia, ce midi en rentrant au village. Nous nous saluons et échangeons quelques banalités, en reprenons notre chemin.

— Au fait, tu ne m'as pas racontĂ©. Alors avec Bruno, il est venu te parler ? me demande-t-elle avec une pointe de curiositĂ©.

Je la regarde en souriant, tout en lui racontant.

— Eh oui, il est venu me chercher chez moi l'autre soir.

— Et alors ? Comment ça s'est passĂ© ? dit-elle, surexcitĂ©e, le sourire aux lĂšvres.

— C'Ă©tait gĂ©nial. Nous avons parlĂ© longuement, rit... C'Ă©tait comme dans un rĂȘve, Sofia, soupirĂ©-je de bonheur.

— Oh, Irina, s'exclame-t-elle, Ă©mue, comme pour dire qu'elle est contente pour moi.

— Mais aprĂšs nous avons Ă©tĂ© interrompu par Eva, poursuis-je, le son de ma voix trahit ma dĂ©ception en repensant Ă  cette soirĂ©e.

Sofia fronce les sourcils.

— Qu'est-ce qu'elle voulait ?

— Rien. Elle a juste saluĂ© Bruno tout en m'ignorant. Elle ne s'est pas gĂȘnĂ©e de m'humilier devant lui.

Elle pousse un soupir d'agacement.

— Quelle emmerdeuse celle-lĂ . Mais j'espĂšre que Bruno ne l'a pas Ă©coutĂ© ?

— Non, au contraire, il a Ă©tĂ© trĂšs gentil.

— C'est le principal qu'il te croit.

— Ça m'embĂȘterais s'il croyait comme tous les autres.

— Je sais bien. Mais l'essentiel, c'est qui ne pense pas comme eux. Il te connaüt depuis qu'il est petit. C'est impossible qu'il puisse croire à tous ces ragots.

— Oui...

— Et vous allez vous revoir ?

— Non, enfin, je ne sais pas. Nous n'avons pas parlĂ© de ça et puis on se croisera forcĂ©ment, comme hier.

— Hier ? Mhh, raconte ?

Je ris légÚrement devant sa mine curieuse.

— J'Ă©tais Ă  l'Ă©tang quand il est arrivĂ©.

— La suite ?

Je souris en remuant la tĂȘte. Ce n'est rien d'extraordinaire. Elle exagĂšre.

— Nous avons Ă©changĂ© quelques mots puis il m'a dĂ©posĂ© chez moi.

— Quel gentleman. Je pense qu'aprùs il finira par te demander de devenir sa petite amie.

Mes yeux s'agrandissent et mes lĂšvres s'entrouvrent.

— Sa petite amie ? Mais tu es folle ! Ça n'arrivera jamais, Sofia.

— Quoi ? Tu ne veux pas devenir sa petite amie ?

— MĂȘme si je le voulais, ça ne marchera pas. Bruno me considĂšre que comme une amie, c'est tout.

— Oui, bien sĂ»r, quelqu'un qui te raccompagne chez toi, veut continuer Ă  ĂȘtre ton amie, Irina... ironise-t-elle.

— Non, s'il m'a raccompagnĂ©e, c'est seulement parce que nous sommes amis, Sofia. Rien d'autre.

— Tu es sĂ»r de ça ? Peut-ĂȘtre que tu lui plais.

— Tu dĂ©lires complĂštement. Il vient Ă  peine de revenir. Il ne peut avoir envie de vouloir me proposer d'ĂȘtre sa copine aussi rapidement, voyons. ArĂȘte de t'imaginer des choses. C'est impossible.

Elle lĂšve les yeux au ciel.

— Mais tout est possible, Irina.

— Dans tous les cas, on n'en sait rien. Le mieux c'est qu'on oublie cette discussion. Je ne veux pas m'Ă©garer et puis on ne sait pas rĂ©ellement ce que Bruno en pense. 

— Oui, c'est vrai, bon chaos, je suis arrivĂ© chez-moi.

— Salut, Sofia.




~ Propiedad Del GonzĂĄlez ~

En rentrant à la maison, DolorÚs arrive vers moi, toute triste et angoissée. Elle ne tient presque plus en place. InquiÚte, je m'approchant d'elle.

— Je crois avoir fait une gaffe, Irina !

Je fronce les sourcils.

— Quoi ? Qu'est-ce qui se passe encore ?

— Je crois... Je crois que tu avais raison, ma chĂ©rie, hĂ©site-t-elle. Ta tante avait bien rendez-vous avec un homme. Je l'ai Ă©tendue et... je l'ai dit Ă  ton pĂšre et il est sorti trĂšs en colĂšre d'ici. Je le regrette dĂ©jĂ , Irina.

— Quoi ? je la coupe, subitement, ahurie. Tu en as parlĂ© Ă  mon pĂšre ? Mais pourquoi tu as fait ça DolorĂšs ! Tu n'aurais pas dĂ» !

— Je sais, mais... j'Ă©tais complĂštement nerveuse quand il m'a demandĂ© oĂč elle Ă©tait passĂ©e.

Je soupire de frustration, tout en lui jetant un regard désapprobateur.

— Non DolorĂšs... J'aurais dĂ» le garder pour moi et ne rien te dire ce matin. Il se peut que papa ait surpris ma tante avec cet homme ! Ce n'est pas vrai... ! Tu aurais dĂ» te taire ! Maintenant, que papa le sait, ça va sĂ»rement trĂšs mal se passer et tu en seras la seule responsable, DolorĂšs.

DolorÚs est toujours nerveuse et je peux ressentir de la culpabilité dans son regard. C'est bien la premiÚre fois que je m'énerve autant contre elle et je ne peux pas croire qu'elle n'a pas su tenir sa langue. C'est foutu maintenant.

— Mon poussin, je...

La porte qui s'ouvre avec fracas, nous interrompe et nous fait retourner vers celle-ci. C'est mon pĂšre qui est lĂ . Il s'approche l'air complĂštement furieux, tel un lion sorti de sa cage. Il me fait peur et je crains plus de savoir la suite. OĂč est ma tante ? Est-qui il les a surpris, elle et cet homme ?

Je crains le pire.

Le regard agité de mon pÚre se passe de moi à DolorÚs.

— Papa... Et Carolina ? hĂ©sitĂ©-je avec crainte en voulant savoir ce qui s'est passĂ©.

Il fuit nos regards en retirant son chapeau puis il repose ses yeux sur nous.

— Je l'ai trouvĂ© avec un homme dans un endroit trĂšs privĂ© ! VoilĂ  oĂč est-ce qu'elle se trouve ! rĂ©pond-il fous de rage.

Au mĂȘme moment, ma tante ouvre la porte et rentre. Elle affiche une mine apeurĂ©e en s'approchant de mon pĂšre qui est dos Ă  elle. Je constate qu'elle a pleurĂ©, car son mascara a coulĂ©.

— Juan, s'il te plaĂźt, laisse-moi tout expliquer. Ce n'est pas ce que tu crois, s'Ă©crit-elle dĂ©sespĂ©rĂ©ment.

— Tu n'as rien à m'expliquer ! rugit-il en se tournant vers elle. Je veux que tu sortes de cette maison tout de suite ! Tu n'es plus la bienvenue chez moi !

— Non, non, ne me fais pas ça, Juan. Je t'aime et il ne s'est rien passĂ© avec lui !

— Ferme-la ! Tu n'es qu'une hypocrite ! C'est la derniĂšre fois que je me rĂ©pĂšte, je ne veux plus te voir chez moi, Carolina ! conclut-t-il, avant de quitter le hall en rejoignant son bureau. Il claque la porte.

Dévastée et en pleurs, ma tante se tourne vers nous en nous fusillant du regard.

— Tout ça, c'est ta faute ! me lance-t-elle avec mĂ©pris.

— Non, je n'ai rien fais, Carolina, crois-moi, je n'ai rien dit Ă  papa, rĂ©pliquĂ©-je.

— Alors c'est toi, c'est toi qui m'as balancĂ© Ă  mon mari, dit-elle en accusant DolorĂšs.

DolorÚs reste silencieuse. Bien qu'elle soit derriÚre-moi, je peux sentir sa culpabilité. Elle se sent mal et elle regrette son acte.

— Quant Ă  toi, Ă©coute-moi bien, dit-elle en replantant ses yeux dans les miens, ça ne va pas se passer comme ça, Irina. Ton pĂšre m'a peut-ĂȘtre demandĂ© de quitter cette maison, mais je ne lui donnerai pas ce plaisir et Ă  toi non plus. Cette maison est la mienne et je ne bougerai pas d'ici, termine-t-elle en me foudroyant du regard.

Ensuite, elle s'en va. Je me tourne vers DolorĂšs qui me regarde avec tristesse.

— Regarde les consĂ©quences de ton acte, dis-je le ton rempli de colĂšre et de dĂ©ception.

— Irina...

Je l'ignore et pars dans ma chambre.


♡

Plusieurs heures se sont Ă©coulĂ©es depuis l'incident de ma tante avec mon pĂšre. Je n'ai pas revu mon pĂšre. Mais je sais oĂč il est en ce moment, c'est Ă©vident, dans son bureau en train de boire. Quand il est furieux comme ça et qu'il ne souhaite plus voir personne, c'est ce qu'il fait, boire, comme quand ce drame est arrivĂ© et que ma mĂšre est partie. C'est dĂ©cevant. Je n'aime pas le voir se noyer dans l'alcool. Ce n'est pas de cette maniĂšre qu'il pourra tout oublier.

Je suis sortie de la maison pour prendre l'air et rendre une petite visite Ă  ma marraine Ă  l'hĂŽtel. Ça m'a fait du bien de la voir et de passer du temps avec elle aprĂšs ce qui s'est passĂ©. On a beaucoup papotĂ©. Dans cette discussion, elle m'a confiĂ© qu'elle avait une Ă©norme surprise pour moi. J'ai beau lui tirer les verts du nez, je n'ai pas su savoir ce que c'Ă©tait. Elle m'a informĂ© que quand tout sera en rĂšgle, elle m'en parlera. J'ai hĂąte.

— Salut ma belle.

Pendant que je marchai dans les rues sombres du village, éclairé légÚrement par des lampadaires, je croise Esteban Rodriguez. Il a décidé ce soir de venir m'emmerder, comme toujours. Encore une fois... Qu'est-ce qu'il me fatigue. Il m'épuise. Il pourra tenter tous les moyens pour me faire céder, il n'y arrivera jamais.

Je soupire sans lui prĂȘter la moindre attention, lui lançant un regard mauvais et le contourne pour m'en aller, mais il m'empĂȘche de passer. Qu'il est lourd !

— Qu'est-ce que tu veux encore ? Ce n'est ni le lieu ni le moment Esteban. Je dois rentrer chez moi.

— Attends, dit-il en mettant sa main devant moi et je recule pour qu'il ne me touche pas.

— Laisse-moi tranquille. Tu me connais, si tu ne bouges pas dans les cinq secondes qui suivent, je peux te faire trùs mal. Maintenant, laisse-moi passer.

Il ricane.

— Tu me fais trĂšs peur, Irina. Mais tu es bien trop canon quand tu t'Ă©nerves, tu sais, ça, dĂ©clare-t-il d'un sourire malicieux, tenant mes hanches contre son corps.

Je le foudroie du regard pour l'obliger de me lĂącher.

— Lñche-moi.

— Tu me plais beaucoup, Irina, vraiment beaucoup...  profite-t-il en glissant sa main sous ma jupe m'allant jusqu'aux genoux.

Je le repousse rapidement et lui assÚne un gros coup de genoux dans son entrejambe. Il gémit en tenant son membre tout en me fusillant du regard.

— La prochaine fois, tu rĂ©flĂ©chiras avant de me toucher et tu as intĂ©rĂȘt Ă  bien rester Ă  ta place, le menacĂ©-je.

Il continue Ă  me fusiller, mais il revient Ă  la charge en me mettant contre le mur, sa main agrippant ma gorge, sans la serrer.

— En plus d'ĂȘtre jolie, tu es sauvageonne et ça m'excite encore plus, dit-il, sa voix rauque qui me dĂ©goĂ»te au plus haut point.

— Fais gaffe à ce que tu es en train de faire parce que je pourrai recommencer.

Il me lance un sourire narquois.

— Une fois, mais pas deux ma belle.

Il dĂ©pose ses lĂšvres sur ma joue en me tenant fermement entre le mur et son corps. Ses lĂšvres veulent atteindre ma bouche, mais je tourne la tĂȘte pour qu'elles ne m'effleurent pas. Pour me maintenir, il attrape ma mĂąchoire d'une main.

— Tu n'auras jamais ce que tu veux alors, je te conseille de me laisser tranquille, lĂąchĂ©-je, froidement.

— Tu te crois intouchable ? Sache que c'est moi, qui dĂ©cide quand je t'aurai, Irina.

— Esteban.

Il recule lorsqu'il entend la voix froide de son frÚre. La mine serrée, Bruno s'approche de nous et attrape fermement Esteban par le col.

— Qu'est-ce qui te prend ? hurle Esteban. Tu es malade ou quoi ?

— Ferme là. De quel droit oses-tu toucher une femme sans son consentement ? Hein ?

— LĂąche-moi dĂšs maintenant. Je ne lui ai rien fait du tout. C'est elle qui m'a chauffĂ©. Tu sais qui elle est, non ? Ce n'est qu'une salope.

Quel menteur ! Je regarde la scĂšne, hors de moi, mais je ne dis rien. Rien ne sert Ă  se justifier auprĂšs d'un imbĂ©cile comme lui. Bruno finit par lĂącher son frĂšre qui rĂ©ajuste ses vĂȘtements en le foudroyant du regard.

— Je savais que tu n'Ă©tais qu'un salaud, mais pas au point d'abuser d'une femme, Esteban.

— Je n'ai pas abusĂ© d'elle, rĂ©torque-t-il. C'est quoi ton problĂšme ? ArrĂȘte de la dĂ©fendre. Elle ne le mĂ©rite pas.

— N'essaye plus jamais de la toucher. Compris ?

— Tu ne me donnes pas d'ordre ok ? Depuis que tu es revenu, tu te crois ĂȘtre l'aĂźnĂ© et ça m'agace, Bruno. N'oublie pas que c'est moi le grand frĂšre ici, pas toi, dit-il sĂšchement.

Il ne répond pas, mais continue à le fixer froidement.

— DĂ©gage de ma vue.

Son sourire narquois disparaßt et laisse place à un regard hostile qui est ensuite dirigé vers moi. Ensuite, il s'en va. Quelques secondes aprÚs, Bruno se tourne vers moi.

— Tu n'avais pas besoin de me dĂ©fendre face Ă  ton frĂšre, mais je t'en remercie.

Il reste impassible.

— Tu devrais rentrer chez toi.

Je fronce les sourcils, car je n'apprécie pas le ton froid qu'il emploie avec moi. Je comprends que ça ne l'est pas plus de voir le comportement que son frÚre a eu avec moi, mais il n'a pas à me parler de cette façon comme si c'était de ma faute.

— J'Ă©tais sur le point de rentrer, mais si ton frĂšre n'avait pas croisĂ© mon chemin, je serais dĂ©jĂ  chez moi Ă  l'heure qu'il est, rĂ©torquĂ©-je amĂšrement.

À moitiĂ© furieuse, je lui tourne le dos pour m'en aller et sans lui dire au revoir. Quand il me retient par le bras.

— Attends, Irina.

Son ton est toujours aussi froid.

— Lñche-moi, Bruno. Je sais ce que tu penses en ce moment. Je mens et que c'est ton frùre qui a raison.

— Je n'ai pas dit ça.

— Alors, pourquoi ce comportement ? Tu me regardes comme si tu me jugeais. Je t'Ă©coute.

Il soupire et me lĂąche.

— Je ne te juge pas. Laisse-moi te raccompagner chez toi. C'est plus prudent.

Je dĂ©tourne le regard en soupirant. Il n'a vraiment pas conscience de mes reproches. MĂȘme s'il me dit le contraire, j'ai des doutes.

— Non, ce n'est pas la peine. Je peux rentrer seule.

— Allez, arrĂȘte, viens et monte. Je te ramĂšne, dit-il en regagnant sa voiture sans me laisser le temps d'en placer une.

Je laisse échapper un soupir et décide de le rejoindre en montant dans sa voiture. Je mets la ceinture et il démarre.

♡

~ Propiedad Del GonzĂĄlez ~

Durant tout le trajet Bruno est restĂ©e concentrĂ©e sur la route, les mains tendues sur le volant et l'air pensif. Je n'ai pas osĂ© lui dire quoi que ce soit et je ne voulais pas lui adresser la parole au vu de la maniĂšre dont il m'a parlĂ© ce soir. Je l'ai encore en travers de la gorge. Ça me blesse qu'il puisse me juger. Et moi qui pensais qu'il n'avait pas de doute sur moi.

Lorsqu'il se gare devant la maison, je retire ma ceinture et ouvre la portiĂšre, mais avant, je tourne la tĂȘte vers lui pour au moins le remercier de m'avoir dĂ©posĂ©. Je reste polie.

— Merci.

— Pourquoi ?

Je fronce les sourcils avec incompréhension.

— Pourquoi Esteban et toi Ă©tait ensemble ? reformule-t-il, sans me regarder.

— Je pensais que tu l'avais compris.

— Non, j'aimerais que tu me l'expliques et que tu m'expliques aussi tout à propos de ces rumeurs qui circulent sur toi, exige-t-il, presque et en me regardant.

Il ne me l'avait jamais demandĂ© avant et c'est aujourd'hui qu'il le fait ? À quoi il joue ?

J'en étais sur : il doute de moi.

Toutes ces conneries du genre, je me fiche de ce que les autres peuvent colporter à mon encontre, ce sont des mensonges. Je préfÚre clore cette discussion et sortir de sa voiture pour rentrer chez moi. Je l'entends claquer sa portiÚre tandis que ses pas se diriger vers moi.

— Pourquoi est-ce que tu fuis, Irina ?

Je me retourne, furieuse.

— Fuir ? Ah, parce que je fuis ?

— Une personne sensĂ©e ne fuit pas. Et si tu le fais, c'est que tu as quelque chose Ă  te reprocher.

Offensée par ses mots, la colÚre me consume.

— D'aprùs toi, j'ai quelque chose à me reprocher ? Si je fuis, c'est tout simplement parce que j'en ai marre de ce qu'on me reproche, Bruno !

— J'aimerais juste que tu m'Ă©claires, Irina, dit-il calmement. Je n'entends que ça depuis mon retour et... Ça me rend fou, fou de savoir que tout ce qui est dit te concernant est vrai.

Ces mots me troublent, bien que ma colĂšre n'ait pas disparu. Il s'approche plus prĂšs de moi et ajoute :

— Irina, je veux ĂȘtre sĂ»r que...

— Sur de quoi, Bruno ? Hein ? Sache qu'il n'y a rien que je puisse te dire pour t'Ă©clairer. Je n'ai aucun compte Ă  te rendre et aucune obligation de me justifier auprĂšs de toi. Au revoir, conclus-je, avant de le quitter, trĂšs blessĂ©e.

J'ouvre la porte de ma chambre et la referme aussitÎt. Je me laisse glisser contre celle-ci quelques minutes et pousse un soupir triste. Je retiens mes larmes pour ne pas pleurer. Je ne peux pas croire qu'il puisse douter de moi de cette façon. Ce qui vient de se passer remet tout en question sur l'image que j'ai de lui.

Je ne sais pas du tout ce qui m'arrive avec lui. Avant, je m'en fichais de ce que les gens pensent de moi, mais avec Bruno, c'est autre chose. Je ne veux pas lui donner une mauvaise image de moi.

Il compte beaucoup trop pour moi que je le pensais.

Il me plaßt et énormément.

Tout me plaßt chez lui : ses yeux, son sourire, sa maniÚre de me protéger... Il me protÚge comme personne.

Pourtant, je suis la premiĂšre Ă  dire qu'aucun homme n'a besoin d'assurer mes arriĂšres.

Bruno a réussi à me convaincre.

— Irina.

J'ouvre les yeux en soupirant et me redresse sur le lit pour m'asseoir. Je n'ai pas une seconde de répit sans que ma tante ne vienne me parler.

— Qu'est-ce qu'il y a, Carolina ?

— C'est toi qui m'as dĂ©noncĂ© auprĂšs de ton pĂšre ? N'est-ce pas ?

Je me lÚve avec nonchalance et me dirige vers ma coiffeuse pour ranger les affaires qui traßnent. Je réponds :

— Je t'ai dĂ©jĂ  dit que non. Ce n'est pas moi.

— Oh, arrĂȘte, ne fais pas celle qui ne savait rien. Et regarde-moi quand je te parle, Irina. Ne me tourne pas le dos.

Je me tourne vers elle, croise les bras autour de ma poitrine, la fixant avec indifférence. 

— Mais je te l'ai dit : ce n'est pas moi. Je n'ai rien dit à mon pùre.

Et je ne vais pas dĂ©noncer DolorĂšs mĂȘme si elle le fait qu'elle n'a pas su tenir sa langue, m'a Ă©nervĂ©. Carolina se fera un malin plaisir de la virer de la maison et je ne veux pas que ça arrive.

— Donc, j'en Ă©tais sĂ»r, c'est DolorĂšs.

— Ne la mĂȘle pas Ă  ça. Elle n'a rien dit.

— Ah, ne le dĂ©fends pas ! Je sais que c'est elle.

— Ne la mĂȘle pas Ă  ça, rĂ©pĂ©tĂ©-je en haussant le ton.

— ArrĂȘte de me mentir. DolorĂšs ne restera pas une minute de plus ici.

— C'est bon, tu as gagnĂ©. C'Ă©tait moi.

Elle s'esclaffe de rire.

— C'Ă©tait toi ? Tu crois que je vais avaler ça ? Non Irina.

Je soupire.

— Écoute, tu peux penser ce que tu veux, mais tu laisses Dolorùs tranquille.

— Tu l'as fait exprĂšs pour dĂ©truire mon mariage avec ton pĂšre, je ne te le permettrai pas, dit-elle en me foudroyant du regard.

— Sors de ma chambre.

— Je ne sortirai pas. Je m'en irai quand je le dĂ©ciderai.

Je contiens ma colÚre. Qu'est-ce qu'elle m'énerve.

— TrĂšs bien. Alors explique-moi ce qui s'est passĂ©. Tu trompes mon pĂšre ?

— Je ne le trompe pas. Je ne le tromperai jamais avec cette imbĂ©cile de Felipe... ! dit-elle en se rendant compte de sa gaffe.

— Felipe ?! dis-je ahurie.

— Felipe ?! rĂ©pĂšte-elle d'une voix exagĂ©rĂ©e en m'imitant. Oui, Felipe ! Maintenant, tu le sais et alors ?

Jamais je n'aurais pensé une seconde que ce serait ce type. Quand je croise cet homme dans les rues, je garde mes distances. Il n'est pas fiable. Je comprends maintenant la réaction de mon pÚre.

— C'est donc avec lui que tu parlais hier soir ? je lui pose la question encore choquĂ©e. Pourquoi ? Qu'est-ce que tu fais avec lui exactement ?

— Rien ! Tu es trop curieuse Irina, il n'y a rien entre lui et moi.

— Alors dis-moi ? Dis-moi ce que tu fabriques avec lui, Carolina ?

— Occupe-toi de tes affaires.

Je roule des yeux en soupirant.

— Donc, tu vas... T'en allez ? hĂ©sitĂ©-je avec incertitude, mais je crains sa rĂ©ponse.

— C'est ton rĂȘve n'est-ce pas ? Eh bien, non. Je reste. Ton pĂšre ne veut plus que je parte. Il m'aime trop pour que je le quitte.

Son sarcasme me laisse de marbre.

— J'ignore ce que t'a dit à mon pùre pour qu'il change d'avis.

— Je lui ai dit que si j'ai donnĂ© rendez-vous Ă  Felipe, c'est parce que je veux qu'il puisse demander Ă  sa patronne Adriana, de revoir le contrat qu'on avait avec son entreprise et si c'est possible qu'elle retravaille de nouveau avec ton pĂšre.

— Et tu crois vraiment qu'Adriana Rodriguez va accepter ça ? Elle hait notre famille.

Elle hausse les épaules.

— Je ne sais pas Irina, mais attends de voir ce que Felipe me dira.

Sur ces paroles, elle quitte ma chambre. Je laisse échapper un soupir et me dirige vers mon atelier. Je me mets à peindre en oubliant tout ça.





Quelques jours plus tard...

~ Compañía Rodriguez ~

Bruno

— Voilà le bureau de ton pùre, mon fils.

Ma mÚre m'a emmené à l'entreprise pour la premiÚre fois depuis que je suis ici. Je n'avais pas encore eu l'occasion de m'y rendre. Je pénÚtre dans le bureau avec elle.

Nostalgique, j'avance lentement en observant tous les recoins, sentant encore la présence de mon pÚre. Puis d'un pas rapide, je contourne son bureau de travail en m'approchant du fauteuil.

Un léger rictus se dessine sur mes lÚvres lorsque je sens, au touché, la matiÚre du cuir marron du fauteuil. Je me rappelle qu'il s'asseyait tout le temps à cette place. Il me manque.

Je me souviens qu'un jour, je me suis rendu ici pour lui demander de l'argent de poche. Il était surpris quand il a su que c'était moi qui étais venu l'interrompre dans son travail.

— Alors, qu'est-ce que t'en penses ? L'ancien bureau de ton pĂšre te plaĂźt ? me demande ma mĂšre, me sortant de mes pensĂ©es.

Je la regarde en lui offrant un petit sourire.

— Oui, le bureau me plaüt beaucoup. J'ai l'impression... de toujours sentir l'odeur de papa.

Elle se rapproche tout en esquissant un léger sourire, triste.

— Oui... C'est vrai que son odeur reste encore. Pour tout te dire, ce bureau est pareil que comme il l'a laissĂ©. Il y a toutes ses affaires encore et... je n'ai pas osĂ© les dĂ©placer.

— Je comprends.

— Maintenant, que tu es là, j'ai trùs hñte de te voir travailler ici.

— Maman, je ne t'ai toujours pas donnĂ© ma rĂ©ponse.

Elle fronce les sourcils.

— Comment ça ? Pour moi, tout Ă©tait ok, Bruno, que tu revenais vivre ici et que tu prennes la direction de l'entreprise. Je ne comprends pas.

— Quoi ? Dis-moi que ce que je viens d'entendre est une blague maman ? demande Esteban en entrant, visiblement trĂšs Ă©nervĂ©.

Elle se tourne vers lui.

— Esteban, dit-elle en soupirant.

— Alors c'est vrai ? C'est pour ça que tu n'as jamais voulu m'accorder ce bureau parce que tu le rĂ©servais pour Bruno ? C'est ça ?

— Oui, tu le savais. Tu savais que s'il rentrait, il allait prendre la direction de l'entreprise. Ce n'est pas un secret.

— Pas un secret ? dit-il en haussant le ton. Ok, oui, j'Ă©tais au courant que tĂŽt ou tard ton fils prĂ©fĂ©rĂ© allait prendre les rĂȘnes de l'entreprise, ajoute-t-il avec sarcasme. Mais pas lui confier le bureau de papa alors que je te l'ai demandĂ© avant !

— Oh, mais qu'est-ce qui se passe ici ? demande Mathias en arrivant à son tour.

— Eh bien, je vais te le dire petit frĂšre, maman a dĂ©cidĂ© de donner le bureau de papa Ă  Bruno puisque c'est Ă  prĂ©sent le vice-prĂ©sident de cette entreprise ! dit-il d'un ton moqueur, sa voix empreinte d'agacement.

Mathias fronce les sourcils en direction de ma mĂšre.

— Qu'est-ce qu'il raconte maman ?

— J'ai juste proposĂ© Ă  Bruno d'occuper le bureau de ton pĂšre, c'est tout. Il n'a rien de mal Ă  ça.

— Je suis d'accord avec Esteban maman et pour une fois, il a raison. Tu aurais dĂ», tous nous consulter avant.

— Alors toi aussi, tu es contre que Bruno occupe ce bureau ?

J'observe Mathias avec incompréhension pendant qu'il détourne le regard qu'il avait sur ma mÚre. Je ne m'attendais pas à cette réaction de sa part.

— Esteban te la demander et je peux comprendre que tu as refusĂ©. Mais nous sommes une famille. On devrait tous se consulter avant de prendre une telle dĂ©cision. Bruno n'est pas ton seul fils Ă  ce que je sache.

— Mais Mathias, enfin, j'ai dĂ©jĂ  pris la dĂ©cision. Qu'on se soit rĂ©unis ou non, c'est la mĂȘme chose. Le choix est le mĂȘme. Bruno travaillera ici dans ce bureau.

— Mais je n'ai pas encore acceptĂ© maman, je te l'ai dit, dis-je en contournant le bureau tout en m'approchant. En plus, AngĂ©lica n'est pas encore au courant et je ne sais pas si elle voudra rester vivre ici. Tant que ce n'est pas sĂ»r, je ne te donnerai pas de rĂ©ponse.

— Tu dois lui en parler alors, Bruno, fais-le.

Je pose mon regard sur Esteban qui est toujours furieux puis il sort le bureau en trombe. Je regarde Mathias qui fuit mon regard.

— Je serais dans mon bureau, dit-il simplement.

Puis il quitte le bureau. Ma mĂšre soupire.

— Tes frùres ne comprennent pas. Ce n'est pas si grave que c'est toi qui utilises le bureau de ton pùre.

— Mets-toi à leur place maman, surtout pour Esteban. Tu sais qu'il a toujours voulu diriger l'entreprise. Il faut que tu le comprennes.

— Oui, je sais bien, mais ça a toujours Ă©tĂ© toi, mon fils, dit-elle en plaçant sa main sur ma joue. Et puis, Esteban exagĂšre, il n'a pas se comporter de cette façon. Il a lui aussi une place trĂšs importante dans l'entreprise. Ce n'est pas comme s'il n'Ă©tait qu'un simple employĂ©.

— Oui, enfin, bref. Je vais aller voir Mathias pour lui parler.

— D'accord.

Je toque à la porte du bureau de Mathias quelques secondes plus tard. Quand j'entends « entrer », j'ouvre et referme la porte. Je m'approche alors qu'il me regarde.

— J'espĂšre que tu n'es pas fĂąchĂ© contre moi ?

— Non, pas du tout. C'est juste le comportement de maman qui me dĂ©range.

Je tire la chaise et m'assois en face de lui.

— Je comprends et je comprends aussi Esteban. Maman aurait dĂ» accepter et lui donner le bureau de papa. Ça m'est complĂštement Ă©gale Mathias. Parce que quand j'ai dĂ©cidĂ© de revenir, ce n'Ă©tait pas pour rester, tu le sais.

— Oui, bien sĂ»r, je sais, rĂ©pond-il en souriant.

Mon frĂšre Ă©tait au courant bien avant ma mĂšre. Il sait tout de moi depuis que j'ai quittĂ© le village. Quand j'ai eu l'Ăąge de m'acheter un tĂ©lĂ©phone, je l'ai contactĂ© pour avoir des nouvelles de lui et de toute la famille. Depuis ce premier appel, nous avons continuĂ© Ă  nous appeler tous les jours. Ça a commencĂ© Ă  devenir un rituel depuis ce jour.

— Tu sais que si ça ne tenait qu'à moi, je ne serais pas revenu.

— Pourquoi tu dis ça maintenant ?

— Ben, je me sens vraiment plus Ă  ma place. C'est pour ça que je ne vais pas accepter la dĂ©cision de maman et je lui dirai de confier le bureau de papa Ă  Esteban.

— Quoi ? Tu es sĂ©rieux ? Est-ce que tu as bien rĂ©flĂ©chi, Bruno ? Tu mĂ©rites autant cette place qu'Esteban.

— Oui, tu n'as pas tort, mais je prĂ©fĂšre retourner vivre Ă  Madrid.

— Je te comprends et je ne te forcerais pas à rester si tu n'as pas envie. Bonne chance pour convaincre maman.

— Ouais, mais elle va devoir l'accepter.

 

 

 

 

 

 

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