Comme chaque soir, je souhaitais une bonne nuit à mes parents et à mon petit frère Léon, qui était toujours plein de malice. Je m'apprêtais à monter les escaliers pour aller me coucher lorsque j'entendis une petite voix derrière moi.
-Bonne nuit, Emy, ma petite sœur," a dit mon frère.
- Je te souhaite également une douce nuit, mon petit ange.
Je poursuivis ensuite mon ascension. Une fois arrivé dans ma chambre, je me glissai sous les draps et m'endormis en pensant à la journée à venir. Emy n'a pas la moindre idée de ce qui l'attend demain.
- Hé toi ! Allez, debout ! Réveille-toi !
- Hum... C'est bon. Je vais me lever, laisse-moi, Léon !
-Léon ? Que racontes-tu ? Lève-toi vite si tu ne veux pas te faire tuer !
- Hein !!! Quoi ??? m'écrirai-je en me relevant en sursaut. Mais je compris bien vite que ce n’était pas une si bonne idée : je me heurtai à… à qui ???
Waouh ! Une figure se tient accroupie devant moi, ses cheveux ressemblant à des filaments d'étoiles brillantes. Son visage délicat, d'une blancheur éclatante, dégageait une douceur saisissante.Son regard, ambré, était profond… et triste.
-"Mais qui es-tu ???"lâchai-je, troublé.
-Ce n'est pas le problème. Faites attention ! dit-il en me poussant. Vous risquez de vous prendre une flèche.
Je me retournai brusquement. Là où je me trouvais quelques secondes plus tôt, une flèche était plantée dans le sol. Je restai bouche bée.
Toujours sous l'effet de la surprise, je le remercie. Il m'offrit sa main pour m'aider à me relever et me fit un signe de sa main libre pour que je le suive. Mais, je dois dire que j'avais vraiment froid. Mon pyjama ne se composait que d'un petit short et d'un débardeur, pas l’idéal pour une matinée d'automne.
Il est tout à fait normal que je sois une cible facile dans ces circonstances ! En tout cas, c'est ce que je présume, étant donné que je suis bombardé de flèches.
Le jeune homme qui m'a sauvé la vie était occupé à me défendre contre ces flèches ainsi que contre ces êtres qui semblaient être à à plusieurs reprises.moitié humains, à moitié cafards.
Brrr… Rien que de les voir, un frisson me parcourait l’échine. Il me désigna une cavité dans un arbre — oui, un arbre, je parle bien d’un arbre — et me dit
- Ici, tu seras protégé, je vais instaurer une protection magique. Je ne comprends pas pourquoi tu es ici ni comment cela est possible, mais s'il te plaît, ne bouge pas d'ici, est-ce clair ?
J'ai acquiesçai, incapable de dire un mot.Derrière lui, le paysage me coupa littéralement le souffle. Un lieu orné de superbes arbres majestueux aux couleurs chaleureuses de l'automne entourait le champ de bataille, semblant tout droit sorti d'un tableau de Cézanne.
- Je viendrai te retrouver une fois que tout sera terminé !
Et soudain, je me vois revenir à la réalité.
-Je ne suis pas convaincu que vous... »
À peine eus-je commencé ma pje ne voulais pas te froisserhrase qu’il s’élança déjà dans le combat contre ces êtres répugnants. Je ne saurais dire combien de temps je suis restée dans l’arbre, mais je sais une chose : ce creux était étonnamment chaud et confortable. Oui,c’est peut-être idiot, mais c’était vraiment chaud. Ne me demandez pas pourquoi.
Il y avait aussi une sorte de protection magique bleue. Curieusement, je pouvais la voir, et elle fonctionnait très bien. J'ai dû m'assoupir, car je me suis réveillé sur un cheval noir de race inconnue, ou plutôt une jument, dans les bras du jeune homme qui m'a déjà sauvé la vie à plusieurs reprises.
-Ça y est, tu es réveillé ! J'espère que je ne t'ai pas fait mal en te déplaçant de cet arbre. Tu dormais profondément que je n'osais pas te réveiller. Comme tu peux le voir, mes camarades et moi avons réussi à vaincre ces kaafths.
Je le regardai, ébahie. "Kaafths ?" Je ne comprenais pas. Il éclata de rire, ce qui me fit rougir de honte ,son sourire était si chaleureux…
- Je ne comprends pas ce qui est drôle ! m’exclamai-je, un peu vexée.
- Tu es vraiment une personne singulière avec tes cheveux dorés et tes yeux qui brillent comme un arc-en-ciel. Ton visage est devenu tout rouge d'un coup, dit-il en souriant encore.
-Je t'expliquerai plus tard ce que sont ces kaafths, D'abord, je vais prévenir mon père que nous avons gagné sans pertes et sans trop de blessés. Il pourra t’aider avant le dîner… et, entre nous, tu es plutôt bizarrement habillée.
- Ce sont juste des vêtements pour dormir !répondis-je sur un ton vexé.
-Hé, je suis désolé, je ne voulais pas te froisser… Quand tout sera terminé, tu me présenteras ton monde ? Je suis certain que tu ne viens pas d’ici. Moi, je m’appelle Naahïi Sirnya. Et toi, qui es-tu ?
-Moi c'est Emy Estrelia
- Oh ! Quel étrange nom tu portes ! Tiens, nous sommes arrivés : voici la ville de Linskirthe.
Je me retournai pour mieux voir la ville.
C’était un endroit majestueux, dominé par un palais étincelant au sommet d’une colline. En entrant dans Linskirthe, je remarquai que tous les habitants avaient la même chevelure brillante que Naahïi et des oreilles pointues. J’en conclus naturellement qu’il s’agissait d’un peuple d’elfes — hommes, femmes, enfants, tous possédaient cette allure gracieuse.
Leur ville dégageait une impression de paix, de bonté, mais aussi… quelque chose d’indéfinissable. Une magie dans l’air ? Peut-être.
Les maisons semblaient presque vivantes. Chaque détail respirait la délicatesse, la douceur, comme si elles avaient été sculptées avec amour et enchantement. En approchant du palais, je m’attendais à ce qu’il brille davantage, mais en vérité, ce n’était pas la lumière qui frappait : sa structure était d’une autre nature.
J’eus l’impression que ses murs étaient faits d’eau. En m’approchant, je me rendis compte qu’il s’agissait de pierre finement polie, aux reflets cristallins, presque irréels.
Naahïi fit arrêter la jument dans la cour d’honneur du palais, puis il m’aida à descendre. Il appela ensuite l’une des servantes pour qu’elle s’occupe de moi. Mais alors que je m’éloignais, je sentis une étrange sensation m’envahir.
Je me dirigeai vers l’arrière des écuries, comme attirée par une force invisible. Quelque chose m’appelait, au fond de moi, une douleur… ou une voix ?
Naahïi me raIl m’expliqua que ces dragons étaient les derniers survivants, sauvés des griffes d’un homme redoutable, un roi tyrannique qui avait envoyé ces créatures appelées kaafths.ttrapa rapidement et m’attrapa le bras, m’arrêtant net.
-Qu'es que tu fais ? Tu ne dois pas aller par là, c’est dangereux !
-Pourquoi je ne peux pas y aller ? Qu’est-ce qu’il y a là-bas ? Que me caches-tu ? Et… tu n’entends pas cette voix ? Cette chose qui appelle à l’aide ?
Il me regarda alors comme si j’étais folle. Il tenta de me ramener vers la servante, mais le son se fit plus fort, presque insupportable. Je me dégageai de son étreinte et me mis à courir dans la direction de cette voix, avant qu’il ne puisse réagir.
Quand j’arrivai à destination, je restai figée par ce que je découvris : des créatures magnifiques, puissantes, massives, aux ailes majestueuses. Des dragons. Des vrais dragons.
Je me retournai vers Naahïi, essoufflée, émerveillée.
-Pourquoi ne m’as-tu pas dit qu’il y avait des dragons ici ?
-Je pensais que tu prendrais peur… ou que tu me prendrais pour un fou. Et puis… je ne suis pas censé savoir que tu connais leur existenc
Je me mis à rire, émue. Je le regardai avec envie, fascinée par ces créatures.
Il lut dans mes pensées — ou les devina — et sourit.
-Tu veux t’approcher ? Viens, on va voir cette dragonne et son petit. Plusieurs soigneurs s’en occupent avec douceur.
Il m’expliqua que ces dragons étaient les derniers survivants, sauvés des griffes d’un homme redoutable, un roi tyrannique qui avait envoyé ces créatures appelées kaafths.
-Comment est-ce possible ? demandai-je.
-Je t’en parlerai plus tard, dit-il. Pour l’instant, nous devrions retourner au palais. L’heure du repas approche, et il est important d’être présentables devant le roi.
Je le suivis en silence. Mon esprit était encore empli des images des dragons. Mais ce qui me hantait le plus, c’était cette voix. Celle que j’avais ressentie comme une plainte, qui était devenue une mélodie à la vue des dragons. Je sentais… qu’elle venait de l’un d’eux.
Quelque chose m’appelait, mais pourquoi moi ?
Je m’arrêtai près d’une fenêtre du palais, observant les étoiles. Je fis alors une promesse à mon Étoile du soir : je découvrirai la vérité.
Alors que je reprenais mes esprits, la servante me fit entrer dans une vaste pièce baignée de lumière douce. Une femme s’y trouvait déjà. Belle, majestueuse, presque irréelle. Elle semblait emplie de sagesse et de bonté.
-Je suis désolé de vous importuner, mais je crois que la personne qui devait m'emmener à l'endroit où je suis censé me préparer s'est trompée de lieu. Je vous prie de m'excuser encore pour ce dérangement.
- Non, Emy, répondit-elle d’une voix douce et rassurante, la servante ne s’est pas trompée. Tu es bien au bon endroit. Approche, afin que je puisse m’occuper de toi, jeune fille..
Elle renvoya aussitôt les deux servantes d’un geste calme. Je me retrouvai seule avec elle. Mon malaise était perceptible, mais elle n’en parut pas gênée.
Elle s’approcha doucement.
- Rejoins-moi dans les bains, dit-elle simplement.
Surprise, je ne savais pas quoi faire. Elle m’indiqua du regard les bains réservés aux femmes, puis s’y immergea sans un mot de plus. Voyant qu’elle m’attendait, je finis par la rejoindre. L’eau chaude détendit immédiatement mes muscles, encore engourdis par les événements de la journée.
-Pardonnez-moi, madame… mais comment connaissez-vous mon prénom ? demandai-je timidement.
Elle sourit.
-Je t’en prie, appelle-moi Shisaë. Je suis la reine de ce royaume, et je considère mes sujets comme des amis. Quant à ton prénom, c’est mon fils qui me l’a transmis… par télépathie.
- Votre fils ? dis-je, interloquée. Puis-je savoir qui il est, afin de le remercier ?
Elle éclata de rire, douce et cristalline. Je me sentis rougir et me glissai un peu plus sous l’eau, tentant de cacher ma gêne.
D’un geste délicat, elle repoussa une mèche mouillée de mon visage.
- Tu connais déjà mon fils. Je suis simplement surprise qu’il ne t’ait pas dit qui il était réellement.
-Pourquoi cela ?
- Arrête donc de me vouvoyer, Emy. Tu comprendras bientôt. Ce n’est pas à moi de te révéler certaines vérités… Tu les découvriras en temps voulu. Fais-moi confiance.
Elle m’invita à prolonger le bain quelques instants, puis me tendit une serviette.
Lorsque je fus sèche, elle me guida jusqu’à une chambre élégante où reposait une robe d’une finesse incroyable, d’un bleu ciel orné de paillettes brillantes comme des étoiles
- Euh… Shisaë… je ne crois pas que je devrais porter cela. C’est une tenue royale, et je ne suis qu’une humaine…
- Non, Emy. Si tu étais une humaine ordinaire, tu ne te trouverais pas ici. Tu es bien plus liée à la royauté que tu ne l’imagines.
-Que voulez-vous dire ?
- Ma petite… Tu ne le sauras pas avant longtemps. Mais pour l’instant, habille-toi. Les hommes de la maison n’attendent pas éternellement, crois-moi, surtout lorsqu’ils ont faim ! dit-elle avec un sourire complice.
Je mis la robe. Elle était étonnamment légère et douce. En me tournant vers elle, Shisaë me fixa avec émotion.
- Tu es magnifique. Si c’était un bal, tu aurais conquis bien des cœurs.
- Ne dites pas ça… Vous allez me faire rougir encore une fois !
Elle rit et commença à me coiffer. Pendant ce temps, dans une autre pièce, Naahïi rejoignait son père pour lui raconter les événements de la journée, y compris mon arrivée… étrange.
Quant à moi, plongée dans le silence du bain et le confort de cette chambre, je sentais encore cette voix, ce lien mystérieux qui me serrait le cœur. J’ignorais encore que ce que j’allais apprendre ce soir allait tout bouleverser.
Le fils et son père, affamés, attendaient patiemment notre arrivée en jouant à un jeu traditionnel de leur peuple — une sorte de jeu de cartes rappelant notre jeu des 7 familles, mais avec des cartes animées.
La reine et moi fîmes enfin notre entrée dans la grande salle. Je sentais les regards se tourner vers moi. Malgré les compliments de Shisaë, j’étais encore un peu mal à l’aise dans cette tenue royale.
- Ma chère, dit le roi à la reine en souriant, ton fils et moi commencions à nous impatienter. Que faisiez-vous donc ?
- Cela ne te regarde pas, mon cher. Et cesse de te plaindre devant notre invitée d’honneur, répondit-elle avec humour. Tu ne serais pas heureux de passer plus de temps avec ton fils, peut-être ?
À cet instant, Naahïi apparut, resplendissant.
- Je suis là, mère, dit-il.
La reine, le roi et moi nous retournâmes.
-Emy, ne sois pas trop gênée, dit Naahïi avec douceur. Les humains ont souvent honte de choses pourtant naturelles. C’est moi qui n’ai pas été honnête avec toi : je ne t’ai pas dit qui j’étais vraiment. Tu peux laisser ton inconfort de côté. Cette robe te va à merveille.
- Mère, ton talent pour les coiffures est toujours aussi remarquable, ajouta-t-il.
- Merci pour le compliment, répondit-elle en riant.
- Eh bien… j’accepte tes excuses, dis-je avec un petit sourire timide.
- Pas besoin de tant de formalités, Emy. Appelle-moi simplement Naahïi, ajouta-t-il.
- D’accord, Naahïi… mais la prochaine fois, sois franc avec moi, dis-je en faisant la moue.
Le repas débuta dans une atmosphère étonnamment simple et chaleureuse. Malgré le faste du lieu, je me sentais bien. Nous avons partagé des rires, parlé de nos mondes respectifs. J’expliquai comment vivaient les humains, ce qui étonna parfois mes hôtes, surtout le roi.
Après le repas, je me levai pour retourner dans ma chambre, mais Naahïi m’interpella.
-Emy ?
-Oui Naahïi, qui a-t-il ?
-As-tu envie d’aller admirer les dragons avec moi ? J’y vais après chaque repas. C’est un moment à part, presque sacré pour moi.
- Pourquoi pas ! répondis-je avec entrain. Je t’accompagne.
-Naahïi, pourquoi ne m'as-tu pas révélé ta véritable identité ?
Nous marchâmes en silence jusqu’aux écuries, entourés par la lueur tamisée des lanternes et le murmure apaisant du vent.
- Je ne t’en ai rien dit parce que, chaque fois qu’on apprend que je suis le prince, les gens cessent de me voir pour ce que je suis vraiment. Ils ne voient plus Naahïi, juste un héritier du trône. Un garçon de dix-huit ans qui aimerait être juste… lui-même.
- Alors c’est pour ça que tu n’as pas d’amis ? Tu sais… tu aurais pu me le dire. Même si tu es un prince, ça n’aurait rien changé pour moi. Je serais quand même devenue ton amie.
-Tu le penses vraiment ?demanda-t-il un peu surpris:
- Je ne le pense pas. J’en suis certaine. répondit-je
Nous arrivâmes près de l’enclos, derrière les écuries. La nuit était tombée, et une étrange quiétude baignait le lieu. Naahïi marchait près de moi, silencieux, respectueux. Il me jeta un regard discret, puis désigna du menton un coin reculé.
— Regarde là-bas… vois-tu ce dragon, entouré d’une barrière rougeâtre ?
Je le fixai, fascinée. Il était immense, d’un bleu nuit profond, sa présence imposante. Mais ce n’était pas sa taille qui me captiva… c’était cette aura, ce chant intérieur que je semblais seule à percevoir.
— Pourquoi est-il seul ? Et pourquoi cette barrière autour de lui ?
— C’est une barrière magique, mais... ce n’est pas nous qui l’avons érigée. C’est le dragon lui-même qui l’a formée, expliqua Naahïi. Personne ne peut l’approcher. Il rejette tout contact… sauf que…
Il s’interrompit.
— Quoi ?
— Ce qui est étrange, c’est que tu la vois.
Je le regardai, perplexe.
— Bien sûr que je la vois. C’est une sorte de lueur rougeâtre, non ?
— Emy, cette barrière est normalement invisible à l’œil nu… Seuls les êtres connectés à la magie ou liés aux dragons peuvent la percevoir.
Je restai sans voix. Mon cœur battait plus vite.
— Je… je peux essayer de m’en approcher ?
Naahïi hésita, inquiet.
— Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Mais si tu sens que tu dois le faire… alors fais-le. Promets-moi juste d’être prudente.
— Tu seras là si jamais ça tourne mal, n’est-ce pas ?
— Toujours.
Je pris une grande inspiration et fis un pas vers le dragon. À mesure que je m’approchais, la mélodie que je percevais devenait plus claire. Triste, douloureuse… mais aussi emplie d’espoir. Une voix, douce comme un murmure dans ma tête.
Arrivée à la limite de la barrière, je m’arrêtai. Le dragon me fixait de ses yeux brillants, emplis d’intelligence… et de souffrance.
Je posai ma main juste devant moi, là où la barrière semblait palpiter. Puis, doucement, je chantonnais cette mélodie que je ressentais, comme si je la connaissais depuis toujours.
Une larme coula le long de ma joue.
— Emy ?? Ça va ? s’inquiéta Naahïi derrière moi.
— Ne t’en fais pas… je n’ai pas encore franchi la barrière. Mais je sens qu’il m’attend.
— Tu n’y arriveras pas… dit-il avec inquiétude.
— Chez moi, on dit : “Qui ne tente rien n’a rien.”
Je fermai les yeux. Tout en moi vibrait. Le chant du dragon résonnait dans mon âme. Alors je fis un pas.