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Sylla
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XI/ La Nuit où les Dieux Ont Saigné

Le dragon messager avait fui.

Un éclair marron dans le ciel du soir, ses chaînes brisées, ses ailes encore tremblantes. Il avait survolé les plaines sans se retourner, et ceux qui l’avaient vu savaient : il retournait à la Citadelle. Pas comme un esclave… mais comme un témoin.

Dans le cœur d’Emy, une chaleur étrange s’était installée.

Ni feu, une rage silencieuse mais calme. Quelque chose d’innommable. Un appel.

Elle n’avait rien dit. Juste préparé ses affaires. Serrez Nyflame. Et quitté la chambre silencieuse.

Les autres l’avaient vue s’éloigner. Carla, Lëandraé, Erwan, Naahïi. Aucun mot n’avait été échangé. Pourtant, tous comprirent : elle partait les sauver.

Où le commencer la révolte ?

Ce combat qui n’avait plus rien d’un rêve.

Ils l’avaient suivie jusqu’aux écuries. Ils avaient vu Akira la rejoindre. Et ils étaient restés là, en retrait, à observer. Leurs regards échangés parlaient d’une même peur : quelque chose allait basculer.

Le ciel s’assombrit d’un coup, comme si la nuit tombait sans prévenir.

Elle grimpa sur Akira, qui s'envola alors.

Avant cela, elle s'était préparée.

Dans la salle de pierre blanche, Emy faisait danser Nyflame, l’épée vivante qu’elle portait comme une prolongation d’elle-même. Chaque coup appelait un second. Chaque geste précis réveillait la lame jumelle, qui se détachait de la première dans une lueur bleutée, comme un reflet devenu réel.

- Sens le rythme, lui avait dit Lëandraé. Pas celui de ton bras. Celui de ton feu.

Alors Emy tournait, frappait, fendait l’air. Elle apprenait à séparer les lames au bon moment, à les faire revenir d’un claquement mental. Parfois, la deuxième lame restait suspendue, instable, et vibrait dangereusement. Mais elle tenait bon.

Elle n’était plus seulement une porteuse. Elle devenait une combattante.

Et au sommet de la tour, elle apprenait à tenir son esprit.

- Ce n’est pas ton feu le plus dangereux, lui avait dit Akira. C’est ton lien.

Ils étaient assis tous deux sur la pierre froide, le ciel étoilé au-dessus d’eux. Le vent soufflait. Akira avait posé sa tête sur ses pattes.

- Si je te sens en colère, je peux brûler. Si je te sens blessée, je peux hurler. Tu dois créer une barrière. Pas pour me repousser. Pour me protéger de toi. Te protéger de moi.

Elle avait haussé un sourcil.

- Tu veux dire… me protéger de moi-même ?

Il avait grogné doucement. Presque amusé.

- Tu es humaine. Mais tu es liée à moi. Et ce lien est plus vaste que ce que tu crois.

Alors elle s’était concentrée. Appris à respirer. À visualiser cette barrière comme une membrane douce mais ferme. Une barrière d’émotion, pas de pierre. Et pour la première fois… Le vacarme dans sa tête s’était calmé.

Le dragon marron, revenu au camp, avait parlé aux six.

Ils étaient là, les légendaires. Libérés tout juste du contrôle du collier qu'ils portaient encore, en attendant que le roi décide de les asservir à nouveau. Leurs corps massifs encore marqués par les chaînes rompues. Ils regardaient ce petit frère d’écailles, comme un ancien revenu de l’oubli.

Il s’avança au centre du cercle.

- J’ai fui, oui. Mais ce n’était pas une fuite. C’était un appel.

Sa voix résonnait sans mot, dans leurs esprits fatigués.

- Je suis allé jusqu’à elle. Pas pour être sauvé. Mais pour qu’elle nous voie. Qu’elle ressente. Qu’elle comprenne ce qu’on nous avait fait.

- Et lui… il a entendu. Par son lien avec elle, il a ressenti ma douleur. Il a répondu. C’est ainsi que le feu s’est réveillé.

Un long silence.

- Vous doutiez ? Demanda l’un des six, un ancien dragon aux écailles d’onyx.

Le dragon marron hocha la tête.

- Non. Mais j’espérais encore. Et… Elle va venir.

-j'ne suis certain qu'ils vont venir. Elle mas a regardé comme un être vivant, pas comme des armes. Ils vont risquer sa vie pour nous libérer, alors qu’ils ne nous connaissaient pas.

Ils baissèrent leur tête.

- C’est pour cela que je l’ai choisie.

Et les autres… l’approuvèrent.

La Citadelle Noire dressait ses murs d’obsidienne contre les étoiles. Aucune lumière ne s’en échappait. Juste des ombres épaisses, mouvantes, comme si la forteresse elle-même respirait une magie noire, corrompue.

Emy se tenait dissimulée dans une anfractuosité rocheuse à flanc de falaise, juste en contrebas du rempart est. Ses doigts effleuraient Nyflame, rangée dans son dos, comme pour calmer la pulsation de la lame qui ne dormait jamais.

Au-dessus d’elle, un souffle lourd fendit l’air nocturne.

Akira. Le dragon s’était posé dans le silence, ses ailes repliées, son corps massif dissimulé dans l’ombre d’une crête brumeuse. Ses écailles, d’un bleu nuit voir noir, se fondaient dans la roche sombre. Il la regardait fixement, ses yeux bleus brillant vif plantés dans les siens.

-Tu es sûre ? Souffla-t-il en pensée.

Elle acquiesça sans parler.

-Je vais entrer seule.

Akira la fixa un moment, puis fit vibrer les membranes de son cou dans un grondement à peine audible.

Je resterai proche. Tu m’appelles… et j’arrive

- Je sais.

Elle toucha brièvement son front contre son museau. Une chaleur douce passa d’elle à lui. Leur lien vibra comme une corde tendue.Alors elle glissa dans la faille du mur effondré, comme une ombre.

À l’intérieur, le silence n’était pas vide. Il était habité.

Pas un bruit. Pas une voix. Mais des chuchotements dans les murs, des échos de pas qui n’existaient pas. La Tour des Dragons se dressait au centre de la citadelle, noire, hérissée de chaînes mouvantes, comme si elle saignait du ciel.

Emy progressait rapidement, courbée, silencieuse. Chaque pas était pesé, chaque respiration comptée.

Au loin, des silhouettes sans visage patrouillaient. Les derniers gardiens humains ? Ou des vestiges ? Des corps animés par magie ? Elle ne voulait pas savoir.

Elle atteignit la base de la tour. La porte était close, immense, couverte de glyphes anciens.

Elle tendit la main.

Un frisson parcourut son bras, jusqu’à Nyflame.

Un gémissement résonna soudain du haut de la tour. Grave. Ancien. Un cri de douleur contenue.

Un dragon. Vivant. Enchaîné.

- Je suis là, murmura Emy. On vient vous chercher.

Au sommet de la Citadelle, Akira attendait.

Il tournait dans le ciel, haut, invisible. Chaque battement de cœur d’Emy résonnait en lui. Il la suivait depuis les airs, en silence. Une aile de feu contenue.

Lorsque la porte s’ouvrit ,brisée par un mot ancien prononcé par Emy , une lumière noire en jaillit. Et un hurlement la traversa : une plainte draconique, brisée, folle… mais consciente.

Akira plongea.

Il fendit les nuages comme un éclair d’onyx, ailes tendues, yeux brûlants.

Et au moment où Emy gravissait les dernières marches vers le cœur de la tour, il déchira le ciel, se plaçant en vol stationnaire au bord de la plateforme extérieure.

Ils allaient les libérer. Ensemble.

Car ce soir, la Tour des Dragons allait s’ouvrir.

Et les dieux… allaient saigner.

Emy arriva enfin aux prés des dragons.

Ils étaient là.

Suspendus dans la voûte noire, au-dessus d’un gouffre sans fin.

Six dragons légendaires. Leurs corps éventrés, leurs ailes cousues de chaînes, leurs esprits noyés dans une magie muette et glacée. Leurs yeux, jadis porteurs de ciel et de feu, n’étaient plus que des orbites mortes, vides de volonté.

Ils n’étaient pas morts. Pires.

Ils étaient soumis.

Emy se tenait seule. Un simple souffle humain face aux titans oubliés.

Sous ses pieds, le sol respirait, rongé de glyphes noires. Des mots interdits, des promesses arrachées au passé.

Et les colliers… palpitants, vivants, liés au sang d’un seul homme.

-Tu oses entrer ici, souffla une voix.

Une silhouette glissa des ombres.

Maelrik. Le mage aux yeux secs. Jadis conseiller de sa mère. Aujourd’hui corrompu jusqu’à l’âme.

- Tu veux les libérer ? Ricana-t-il. Alors que tu ne contrôles même pas ton propre feu ?

- Qui a dit que je ne le contrôle pas ? Ton roi ? Et si je te disais que je ne veux plus le contrôler, répondit-elle. Je veux qu’il brûle.

Il s’avança d’un pas.

- Tu mourras avant. Ou pire. Tu deviendras comme eux. Une voix sans corps. Un cri dans une cage.

Mais elle ne recula pas.

Elle ferma les yeux. Elle s'infligea une coupure à la main à cause de Nyflame.Et parla.

En langue ancienne.

Chaque mot quitta sa bouche comme une plaie. Chaque syllabe consuma un fragment d'elle-même.

Mais elle ne s’arrêta pas.

Parce qu’au fond, elle savait : ce n’était pas elle qui appelait le feu.

C’était le feu… qui se souvenait d’elle.

Les glyphes hurlèrent. Le sol se fendit. Les chaînes tremblèrent.

Et les dragons aussi.

Ils se mirent à bouger. Non pas vers la lumière. Mais dans la douleur.

La magie noire se tordait en eux. Elle hurlait, griffait, les arrachait à leur torpeur.

Le premier rugit.

Puis un autre.

Une patte frappa le sol près d’Emy. Une mâchoire claqua dans le vide, tranchant l’air.

Maelrik recula, soudain pâle.

- Tu les condamnes ! Arrête ! Tu les rends fous !

Mais Emy n’entendait plus rien. Akira était le seul à lui dire que tout allait bien se passer.Elle lui laissa une place dans ses pensées, et ce soutien lui fut très bénéfique.

Son nez saignait à cause de la force qu'elle mettait. Akira fit son apparition et s'empressa de lui apporter des soins pour éviter qu'elle ne perde trop de sang. Il se blessa alors afin que leurs sangs se mêlent.

Dans sa main, vibrait,Nyflame.Un rythme antique, brûlant.

Elle murmura, dans un souffle presque éteint :

-Par la mémoire du Feu-Primordial… je rends ce qui fut volé par ce sang qui et appartient a deux etre liée par une promesse éternelle.

Alors, la pierre éclata.

Et la lumière hurla.

Les colliers explosèrent. Les chaînes fondirent. La magie noire fut consumée par une lumière blanche et rouge, mêlée d’âmes et de flammes.

Et les dragons…

Les dragons se souvinrent.

De leurs noms.

De leurs royaumes disparus.

Du ciel.

De la trahison.

Ils hurlèrent.

Un hurlement de naissance et de vengeance. Un cri ancien.

Un cri de fin du monde.

Emy s’effondra.

Son esprit sombra.

Son corps s’écroula.

Mais alors, un museau brûlant toucha sa poitrine.

Puis un autre.

Et un autre encore.

Six dragons l’entourèrent.

Non comme des bêtes.

Comme des frères.

Puis son dragon épuiser lui aussi. Se posa à genoux près d’elle. Et poussa un cri plus profond que les autres.

Un cri d’amour.

Et Emy ouvrit les yeux.

Quand elle ressortit du gouffre, portée par le plus ancien, elle n’était plus la même.

Elle n’était plus une princesse.

Ni une fugitive.

Elle était la Porteuse du Feu Rendu.

Et derrière elle, six dragons suivaient.

Non pas comme montures.

Mais comme témoins d’un pacte brisé. De quelque chose de sacré et de nouveau.

Dans le ciel, très loin, au sommet de sa citadelle d’ombres, Galêô sentit le monde basculer.

Quelque chose s’était brisé.

Les vents étaient calmes. Le gouffre s’était tu.

Autour d’Emy et d’Akira, les six dragons libérés s’étaient rassemblés. Leurs regards brûlaient d’anciens savoirs. Ils ne parlaient pas. Aucun mot ne traversait l’air. Mais il se passa quelque chose.

Une intention commune.

Un accord silencieux.

Le plus âgé s’approcha d’Emy. Son souffle réchauffa sa peau meurtrie. Il posa le bout de son museau sur son front. Puis, un à un, les autres dragons en firent autant. Une lumière douce jaillit entre eux. Rouge et dorée, empreinte de souvenirs partagés.

Puis ils firent de même avec Akira, pliant la nuque, griffes posées contre la pierre. Le cercle était complet. Un lien venait d’être tissé, invisible et indestructible.

Et alors, tous ensemble… ils levèrent les ailes.

Ils s’élevèrent lentement, sans un rugissement. Pas pour fuir. Pas pour attaquer.

Ils attendaient.

Dans les airs, leurs silhouettes tournaient lentement, planant au-dessus de la Tour éventrée. Akira baissa la tête vers Emy, encore haletante, encore faible… puis déploya ses ailes.

- Accroche-toi, souffla-t-il en pensée.

Elle le fit, malgré les douleurs. Malgré le vide qui battait encore dans sa poitrine. Et ensemble, ils s’élevèrent à leur tour.

Les six dragons se placèrent derrière eux.

Un cortège ancien. Une procession céleste.

Ils volèrent jusqu’à l’aube.

Quand le soleil se leva, les flèches d’argent de Linskirthe apparurent à l’horizon.

Dans le pres des dragons ils étaient là.

Le roi Payïss, drapé dans son manteau d’apparat, le regard figé vers le ciel.

La reine Shisaê, les mains crispées, le souffle suspendu.

Naahïi, Lëandraé, Carla, Erwan… figés, comme le monde entier retenait sa respiration.

Puis les dragons passèrent au-dessus de la ville. Leur ombre plongea Linskirthe dans un silence de cathédrale.

Akira descendit doucement, se posant au centre du près

Emy glissa de son dos. Faible. Le pas vacillant.

Ses jambes fléchirent, mais elle tint bon.

La reine fit un pas en avant, l’instinct d’une mère réveillé. Elle voulut courir vers sa fille… la prendre dans ses bras, lui reprocher son audace, lui dire qu’elle aurait pu mourir.

Mais elle s’arrêta net.

Car, derrière Emy… Les dragons atterrirent.

Un à un. Massifs. Majestueux. Leurs ailes se refermant lentement dans un bruissement d’or et de feu. Et ce qu’elle vit alors la laissa sans voix.

Les six dragons s’approchèrent d’Akira.

Et, sans violence, sans rugir… Ils s’inclinèrent.

Lents. Solennels.

Leurs cous massifs courbés.

Ils reconnaissaient Akira. Comme leur empereur. Ils acceptèrent Akira comme le roi des Dragons

Les autres dragons les rejoints et firent de même. Voici la naissance d'un Roi , le Roi des Cieux.

Un souffle d'air glissa au sein de la modeste foule, formée par la famille royale, avec L'André, Carla, Erwan et quelques résidents du château.

Puis les 6 dragons se tournèrent vers Emy.

Et, ensemble… ils s’inclinèrent à nouveau. Devant elle.

Pas une soumission. Une reconnaissance. Une allégeance. Un serment vivant.

Shisaë porta une main à sa bouche, incapable de parler.

Ce n’était pas seulement sa fille de cœur qu’elle voyait.

C’était un lien ancien, ravivé.

Une prophétie que l’histoire avait oubliée.

Et Emy, debout malgré la douleur, se retourna lentement. Ses yeux croisèrent ceux des dragons. Puis ceux de sa mère de cœur. De son père. De ses amis.

Elle baissa la tête. Non par faiblesse.

Mais parce que l’instant était trop grand pour des mots.

La reine, cette fois, avança. Et serra la contre elle.

Emy tomba dans ses bras.

Le feu du monde venait de changer de forme.

Et il portait désormais un nom. L'Espoir d'un dragon et de sa dragonnière .

Les dragons se posèrent lorsque des elfes soignants vinrent leur offrir des soins. Au début réticents, ils finirent par les laisser faire leur travail en voyant le roi se faire soigner par eux. Emy, à côté de lui, s'assoupit, et le dragon déposa son museau sur son front, comme pour lui souhaiter une agréable sieste. Il s'enroula autour de la petite humaine avec tendresse, et tout le monde les laissa en paix.

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