Emy émergea de son sommeil en fin d'après-midi. Bien qu'elle se sentît reposée, une grande fatigue l'envahissait encore. Elle éprouva une sensation de désorientation pendant quelques secondes avant de réaliser qu'elle se trouvait dans sa chambre.
« Comment ai-je atterri dans ma chambre ? Se demanda-t-elle. »
Se levant faiblement du lit, elle se dirigea vers le fauteuil pour y mettre ses chaussures. Une fois, cela fait, elle se dirigea vers le coin de la pièce où se trouvait une bassine pleine d'eau pour se rincer le visage. En s'approchant de la bassine, elle croisa son reflet et constata que ses cheveux avaient considérablement poussé.
Une brise souffla, Emy s'approcha de la fenêtre ouverte et se trouva face à un dragon qui planait devant sa chambre.
« Qu'est-ce que tu es en train de faire, Akira ? » Demanda-t-elle avec un sourire.
- Je suis venue te prendre, j'ai ressenti que tu étais éveillé, allons-y, monte !
-Quoi ?Là maintenant ? Elle s'inclina vers la fenêtre pour observer la hauteur de sa chambre. À cette altitude, tu désires que je monte, mais c'est de la folie !
- Oui, tu n'as rien à craindre, fais-moi confiance.
Sans harnais, sans selle, sans rien d’autre que sa confiance, elle enjamba la rambarde, son cœur battant comme un tambour d’enfant. Elle prit appui sur le rebord, inspira profondément… et sauta.
Ses bras entourèrent doucement le cou d’Akira, ses jambes trouvèrent naturellement appui entre deux crêtes d’écailles lisses. Il la retint sans effort, comme si elle avait toujours été là.
Puis, d’un battement puissant, il s’éleva.
Emy n’avait jamais ressenti un tel mélange : liberté pure, vertige délicieux, frissons d’étoiles. Sous eux, la ville s’effaçait, remplacée par les collines argentées et les rivières scintillantes.
- Tu n’as pas peur ? demanda Akira, le vent dans la voix.
- Si… mais j’ai plus envie que peur, répondit-elle en souriant.
Alors il accéléra, plongeant, remontant, dansant avec les nuages jusqu’à ce qu’au loin, entre deux falaises de cristal, le Lac Joyaux apparaisse. Là-bas, ca famiolle et ces amis l'attendairent , entendant le battement d'ailes il leverent la tête et firent de gestes a leur rencontre. Emy serra un peu plus Akira.
Et ensemble, ils glissèrent sur du lac, deux âmes unies par le ciel.
Il se déposa tendrement près de leurs amis, pendant qu’Emy se laissait glisser le long de la pâte d’Akira. Elle atterrit un peu maladroitement sur ses pieds et rejoignit les autres. Ses jeunes frère et sœur, contents de la voir en meilleure forme, lui sautèrent dessus, mais ils prirent vite leurs distances en observant qu'il y avait quelque chose de différent.
- Elle a observé leur air interrogatif.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Tu as quelque chose de différent.
- Ah, effectivement, je me suis réveillé avec des cheveux beaucoup plus longs.
-Ah oui, répliquèrent-ils en s'asseyant avec les autres.
Akira s'est placé en position fœtale tandis qu'Emy se tenait face à lui.
Ils ont passé la fin de leur journée à rire, jouer et à converser. À la nuit venue, ils sont retournés au château pour conclure la journée avec leurs occupations habituelles.
Pendant ce temps, dans la forêt de Myrrhë, les divers esprits élémentaires s'activent pour se préparer aux différentes épreuves d'Emy.
Durant les deux jours, Emy a pratiqué un autre style d'arts martiaux et a étudié l'histoire des Islandïs, un monde où une dynastie royale dirige avec tact et bienveillance, sans qu'aucune guerre n'ait marqué l'histoire, les autres familles royales coexistants en parfaite harmonie avec la famille dominatrice.
Au cours de ces deux jours, elle expliqua en détail le fonctionnement de la Terre, en évoquant les différentes révoltes, guerres et évolutions de la société ainsi que le système éducatif. Cela suscita l'étonnement de son public, qui ressentit de l'espoir, de la honte et même de l'incompréhension. Au début de la deuxième soirée, un communiqué fit son apparition devant le couple royal. Le roi, étant absorbé par les affaires du royaume, confia à sa compagne la tâche de transmettre les informations à Emy. Celle-ci croisa Emy qui explorait les couloirs pour admirer les œuvres d'art du château.
- Emy, nous avons reçu un message concernant tes épreuves.
Dans cette lettre, il est mentionné le lieu et l'heure du rendez-vous. Retrouvons-nous dans la cour intérieure gauche à 20 h (heure terrestre).)
Emy va profiter de ta famille, pendant que je vais m'occuper de te faire quelques en-cas pour tes épreuves. Après avoir dit cela, la reine laissa Emy et partit faire des en-cas.
Après avoir passé un moment agréable avec ses frères et sa sœur dans un jardin, Emy se rendit chez Naahïi, avec qui elle parla de tout et n'importe quoi. Avant d'aller à son rendez-vous, elle retrouva Akira, dans le près des dragons pour lui faire savoir qu'il était temps pour elle de se lancer dans ses épreuves. Elle lui confia sa peur d'échouer et son angoisse de ne pas le revoir, se remémorant qu'il allait également faire face à des défis.
Emy, nous avons tous les deux des incertitudes, mais nous sommes conscients que nous ne sommes pas seuls. Je t'accompagnerai à ton rendez-vous.
Tous les deux se dirigèrent vers le point de rendez-vous où ils retrouvèrent le couple royal et les autres, Naahïi, Léandra, Carla et Erwan.
Elle s'avança vers ses amis, Shisaë lui tendit un sac rempli de provisions, tandis que Lëandraë lui offrit également un sac contenant des vêtements chauds et une couverture. Elle les accepta avec gratitude, les remerciant pour leur soutien.
Une porte transparente se dessine devant eux, elle réalise qu'il est temps, elle les prend tous dans ses bras et embrasse Akira sur le nez avant de franchir le Portail. Au moment où elle le passe, celui-ci se ferme, ne laissant derrière que le paysage.
Du côté de ses amis, ils fixèrent l'emplacement désert où le portail était situé. Akira s'approcha d'eux, leur adressa un dernier adieu, puis se dirigea vers le volcan nommé "Coeur-de-flamme". Il prit son envol, tandis qu'ils le regardaient jusqu'à ce qu'il disparaisse, avant de retourner au château.
Le vent soufflait bas sur les feuillages de la forêt de Myrrhë, comme une respiration ancienne qui connaissait déjà le destin d’Emy.
Devant elle, les arbres s’entremêlaient en une arche végétale. Le sol, tapissé de mousse luminescente, vibrait doucement sous ses pas.
Elle n'était pas présente ici en tant que conquérante, mais en tant qu'héritière... une héritière qui cherchait à prouver sa valeur.
Car pour atteindre l’Arbre Mère, cœur vivant de toute la magie d’Islandïs, elle devait se soumettre à l’épreuve du bois.
Sept étapes. Sept éléments. Sept parties d'elle-même.
🌑 l'epreuve de l' Ombre "Le Reflet Brisé" commença:
À peine eut-elle franchi les premiers troncs noueux que la lumière disparut, avalée par un brouillard violacé.
Le sol s’ouvrit sur une étendue d’eau stagnante, aussi noire que l’encre. Une voix sourde résonna dans sa tête :
Regarde-toi, et dis-moi si tu avances encore après ça.
Elle se pencha sur l’eau… et vit.
Son propre reflet, brisé, fragmenté. Les traits de son visage se déformaient, puis prirent d’autres formes :
Naahïi qui l’ignore, son frère qui crie à l’aide, sa mère qui murmure « Tu n’aurais jamais dû naître… »
Ses genoux fléchirent. Une envie de fuir, de se détourner… Mais elle se força.
Un pas. Puis un autre. Elle marcha dans l’eau noire, chaque pas glacé comme une lame, jusqu’à la rive opposée.
Lorsqu'elle sortit, la forêt retrouva son aspect habituel, et ses vêtements étaient secs. Elle leva son haut et un bourgeon avait fleuri, révélant la trace de l'élément de l'ombre sous la forme d'un croissant.
Elle n’avait pas vaincu l’ombre.
Elle l’avait accueillie.
Elle s'assit, incapable de dire l'heure ou de savoir depuis combien de temps elle était là, puis choisit de faire un petit feu pour manger quelque chose et se reposer, se sentant totalement fatiguée.
Après un moment de repos durant lequel elle s'est endormie, elle prit la décision de poursuivre, sans en avoir conscience, en s'orientant vers l'épreuve de la Lumière intitulée "La Vérité Nue".
Plus loin, la brume se dissipa, laissant place à une clairière immaculée, baignée d’une lumière douce et irisée.
Pas de vent. Pas de bruit. Seulement… l’attente.
Ici, rien n’est caché, dit une voix de lumière. Qui es-tu sans masques ?
Autour d’elle, des éclats flottèrent comme des fragments de verre. Chacun montrait une scène d'elle-même. :
-Son admiration secrète pour Naahïi.
- Sa peur d'échouer ces épreuves et d'amener vers la perte de ce monde
- Sa peur d’être oubliée par ceux qu’elle aime.
- Sa peur d'être oublié par sa famille terrestre
- sa peur de perdre Akira
Elle tomba à genoux.
Je ne suis pas parfaite, elle le reconnaît tout en le chuchotant, mais je suis sincère.
Une lumière douce descendit lentement et caressa son front. Cette chaleur apaisante lui apporta du réconfort. Elle ressentit un léger picotement sur son côté droit et jeta un regard. À cet endroit, une fine marque dorée, délicate et agréable, remplaçait un bourgeon.
Cette deuxième épreuve fut émotionnellement difficile pour elle, mais elle trouva le courage de poursuivre.
Un ruisseau chantant l’attira ensuite vers une cavité rocheuse, baignée d’un halo bleu. La voici face à l'épreuve de l'eau " Le Silence Intérieur"
Elle entra, et l’eau l’enveloppa jusqu’à la taille. La source était tiède, rassurante… Mais les voix reprirent.
"Tu doutes toujours…
Tu ne peux pas être tout pour tout le monde.
Tu finiras seule."
Elle voulut se boucher les oreilles. Elle cria. Rien ne les faisait taire.
Ils persistèrent à la tourmenter.
Alors, elle plongea.
Sous l’eau, plus un bruit. Le silence absolu. Et dans ce silence…
Elle entendit un chant doux. Sa propre voix, enfouie depuis longtemps, murmurant un air qu’elle chantait enfant avec sa mère terrestre.
Des larmes coulèrent doucement.
Lorsqu'elle remonta, une perle d'eau se trouvait dans sa main. Elle se transforma ensuite en de nombreuses coutelettes et s'approcha de sa marque bourgeonnante. Les voix s'étaient éteintes. Le bourgeon céda la place à une perle d'eau qui était solidement ancrée.
Elle fouilla dans son sac et en sortit un pull plus chaud pour se réchauffer avant de poursuivre vers la nouvelle épreuve. Cette nouvelle épreuve celle de la Terre, nommée "L'Enracinement", sera tout aussi difficile .
Le sol devint lourd, les racines épaisses, le chemin presque infranchissable. Elle trébucha, glissa, s’enfonça.
La forêt la testait physiquement. Plus elle luttait, plus elle s’enfonçait.
Jusqu’à ce qu’elle comprenne : ce n’était pas une question de force.
Elle posa les mains au sol. Ferma les yeux. Respira.
Je ne suis pas seule. Je suis une branche d’un tout. Et j’ai des racines.
La terre vibra. Les racines s’ouvrirent. Et une plante, pulsant comme un cœur, se forma sous ses pieds. Elle la prit dans sa main. Elle sentit qu’elle tenait bon. Qu'elle était sur le bon chemin. Totalement fatiguée, elle s'est assoupie contre la plante qui était à ses côtés.
Plusieurs heures s'écoulent avant qu'elle ne se réveille, sans remarquer immédiatement la disparition de la plante. Elle se met alors à chercher quelque chose à manger et à boire. Son attention est attirée par une couverture qu'elle avait enlevée quelques instants auparavant.
Elle s'efforça de se remémorer les événements de la veille et réalisa que ce n'était pas elle qui s'était protégée, mais plutôt quelqu'un ou quelque chose d'autre.
Elle partit à la recherche de la plante et réalisa qu'elle était également présente sur son propre corps. Afin de corroborer cette pensée, elle releva son haut et observa la marque de la plante qui l'accompagnait.
Elle s'est accordée un moment pour se rassasier et, juste avant de partir, a déposé un petit biscuit sur une feuille afin de témoigner de sa gratitude envers celle qui s'est occupée d'elle durant son sommeil.
Elle suivit un chantier qui l'amena à l'épreuve du Vent " Le Lâcher-prise"
Elle se retrouva devant un pont en branches, suspendu et l’amenant vers les hauteurs. À cet endroit, le vent soufflait violemment, de manière indécise, presque en hurlant.
Cherchant un autre chemin, n'en trouvant pas.
Elle tenta d’avancer sur le pont. Chaque pas la ramenait en arrière. Elle s’agrippait, luttait.
Mais dans une rafale, elle glissa.
Et au lieu de chuter, son instinct lui hurla d'ouvrir les bras.
Elle vola.
Le vent la porta. Lentement, doucement. Comme s’il n’attendait que sa confiance.
Quand elle atterrit sur une plateforme de mousse, une plume blanche était posée sur son épaule.
Elle tenta de la saisir, mais à cet instant, celle-ci s'échappa, provoquant en elle une sensation de chatouillement sur son côté droit. Pour vérifier son intuition, elle observa son dessin et remarqua une plume à la place d'un bourgeon.
Ayant apprécié cette épreuve, elle se retourna et se retrouva face à sept sentiers. Sept illusions.
Reine. Mère. Sorcière. Héroïne. Solitaire. Martyre. Oubliée. Chaque nom figurant sur un panneau.
Chaque sentier brillait, appelait. Chacun proposait une version confortable.
Mais aucun ne faisait battre son cœur.
Elle s'est installée, ferma les yeux en essayant de saisir quelque chose, mais malgré les minutes qui s'écoulaient, elle n'y parvint pas. Une migraine commença à se manifester, alors elle choisit de laisser son esprit dériver où bon lui semblait, et c'est à ce moment-là.
Qu'elle vit une lumière douce surgir… dans la mousse.
Elle marcha là où il n’y avait rien se faisant confiance. Et le chemin s’ouvrit sous ses pas.
L’Esprit n’était pas un destin. C’était le courage de créer le sien.
Son esprit lui permet de dénicher des solutions là où l'on ne s'y attend pas. Elle venait de passer l'épreuve appelée "le choix de soi".
Emy se sentit arrivée au terme de ses épreuves. Elle rassembla ses dernières forces et sa volonté pour affronter l'ultime défi. Après avoir longuement réfléchi, elle prit conscience que l'épreuve qui l'attendait était celle de l'amour. Elle reprit son chemin et atteignit le cœur de la forêt de Myrrhë, où se tenait l'Arbre Mère, vieux comme le ciel et vivant comme le souffle du monde.
Son tronc, large comme une tour, pulsait doucement d’une lumière dorée, et sa sève chantait un murmure que seuls les cœurs éveillés pouvaient entendre.
Ses racines s’étendaient jusqu’aux profondeurs oubliées et s’ouvrant comme des bras. Ses feuilles vibraient de magie et ses branches touchaient presque les étoiles, tissant entre terre et ciel un pont de magie pure.
À son contact, l’air devenait plus clair, le silence plus vrai. Car l’Arbre Mère n’était pas un simple arbre :
Il était mémoire, lien, et promesse. La passion mise à l'épreuve par l'amour : "l'offrande pure".
Tu es là. Un ton très ancien s'est élevé : Qu'est-ce que tu souhaites conserver ? Qu'as-tu envie de donner ?
Elle prit un moment pour réfléchir, puis posa sa main sur son collier, qu'elle chérissait par-dessus tout. Ce collier représentait l'amour qu'elle avait pour sa famille terrestre et celui qu'ils lui portaient en retour. Cette décision lui déchira le cœur, mais c'était le symbole le plus pur qu'elle pouvait offrir.
Elle le déposa sur une souche. Ferma les yeux.
L’amour ne lie pas. Il libère.
L’arbre s’illumina. Une pluie de pétales tomba.
Les sept marques sur son corps brillèrent à l’unisson.
Elle s’effondra, le cœur débordant.
Le silence retomba comme une brume douce autour d’elle.
À genoux devant l’Arbre Mère, Emy sentait encore la chaleur du souvenir qu’elle venait d’offrir. Le collier avait disparu, les souvenirs liés à celui-ci sont absorbés par la sève dorée qui battait lentement dans les racines de l’arbre. Un battement… puis un autre.
Elle ressentit de nouveau la pression autour de son cou et remercia en silence l’Arbre-Mère.
Et soudain, la terre vibra.
Un souffle immense remonta du sol, comme une onde traversant tout son corps. L’air se densifia, chargé d’une énergie ancienne. L’écorce de l’Arbre Mère s’écarta lentement… et une lumière blanche, pure, éclata autour d’elle.
Ses yeux s’écarquillèrent, mais elle ne recula pas.
Au contraire, elle ouvrit les bras. Elle n’avait plus peur. Plus de doutes. Plus de fardeaux. Elle accueillait.
Des racines s’enroulèrent doucement autour d’elle, non pour la piéger, mais pour la relier. Le vent tissa une couronne invisible au-dessus de sa tête. Des lucioles d’eau et des cendres légères tournoyaient autour d’elle comme une danse d’éléments.
Elle sentit chacune des sept marques s’illuminer :
L’ombre pulsa, douce et tiède, comme un feu intérieur.
La lumière, comme une étoile levée au milieu de la nuit.
L’eau ruissela dans ses veines, souple, claire, vivante.
La Terre se fit solide dans son souffle, enracinant ses pensées.
Le vent effleura sa peau, léger, libre.
L’esprit dansait dans son cœur, éveillé, calme et vaste.
L’amour inonda son ventre, comme un soleil secret, palpitant et doux.
Puis son nom lui fut soufflé, dans une voix qui n’était ni masculine, ni féminine, mais essentielle :
— Emyslinaë… celle qui lie les mondes. Celle qui voit dans l’ombre et aime dans la lumière. Tu es née deux fois. Et cette fois, tu t’appartiens.
Ses cheveux s’élevèrent, portés par une brise douce. Ses yeux changèrent de couleur — un reflet stellaire, aux nuances d’eau et de feu mêlés. Sa voix, quand elle souffla simplement « Je suis là », résonna avec l’écho de la forêt entière.
Une robe de feuilles d’or et de lumière se forma autour d’elle, née de la forêt elle-même, tissée par la magie. Son ancien vêtement tomba en poussière. Elle ne portait plus le passé.
Elle était l’incarnation vivante de l’équilibre : entre le ciel et la terre, l’ombre et la lumière, la peur et l’amour.
Quand elle rouvrit les yeux, elle n’était plus seulement Emy.
Elle était Emyslinaë, la fille de la forêt, l’élue de l’Arbre Mère, la gardienne des éléments.
Et dans le silence sacré qui suivit, le monde
Alors que la lumière autour d’elle faiblissait pour redevenir douce, et que les battements de l’Arbre Mère ralentissaient, une dernière pulsation de magie s’éleva du tronc.
La voix ancestrale résonna dans l’espace sacré :
— Tu as traversé les sept épreuves. Tu as dompté l’ombre sans l’effacer. Tu as aimé sans posséder. Tu as créé ton propre chemin. Maintenant, écoute…
Le vent se fit plus calme. Les feuilles cessèrent de danser. Le silence devint sacré.
— Le monde a été divisé. Les royaumes se ferment. Les cœurs s’endurcissent. Et même les dragons s’éloignent des hommes.
Ta mission n’est pas de régner. Ni de combattre. Mais de relier.
Tu es le fil d’or entre les âmes. Le chant entre les espèces. La voix entre les mondes.
Emy, ou plutôt Emyslinaë, sentit les mots s’ancrer dans ses os. Ils ne lui imposaient rien. Ils révélaient ce qui avait toujours été là.
— Tu réconcilieras les royaumes. Tu réouvriras les portes oubliées. Tu rappelleras aux peuples que la magie n’est pas un pouvoir… mais une mémoire du cœur.
Puis une dernière phrase, plus douce, presque intime :
— Et quand viendra l’heure des grands oublis, tu seras celle dont le nom rallume les étoiles.