Au commencement
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Chapitre 1 – Le réveil
5h30.
Le cri strident de mon réveil fend le silence de ma chambre, brisant pour la première fois depuis des semaines la tranquillité de mes insomnies.
Je l'avais presque oublié, ce maudit réveil. Je pensais qu'il était définitivement foutu, relégué au rang d'objet inutile. Mais visiblement, Charlie a tenu parole.
Un soupir m'échappe.
Depuis quelque temps, je n'arrive plus à me lever sans raison urgente. Mon lit est devenu une forteresse, un refuge contre les jours trop longs, les questions sans réponse, et surtout... contre ma mère.
Mais ce matin, pas d'excuse. C'est la rentrée.
Je jette mes jambes hors du lit avec l'énergie du désespoir et descends les escaliers en traînant les pieds. Comme souvent, Charlie a quitté la chambre conjugale pour le canapé du salon. Il dort encore, roulé dans une couverture élimée, le visage paisible malgré tout. Il a l'habitude de se faire discret quand maman devient... invivable.
Je continue sans un mot jusqu'à la cuisine.
Notre maison est petite, étroite, banale. Deux chambres, une salle de bain qui fuit légèrement, et une cuisine où tout le monde se croise sans vraiment se voir. Rien d'impressionnant, mais c'est chez moi. Enfin... je crois.
Je croque dans une pomme en m'asseyant à la grande table. Le silence est apaisant. Jusqu'à ce qu'il soit interrompu.
— Tu dors déjà plus ? demande Charlie, encore ensommeillé, en entrant dans la pièce.
Je sursaute, puis me détends.
— Ton réveil fonctionne très bien. Tu diras à maman que sa requête a été exaucée.
Il esquisse un sourire et attrape un morceau de gâteau de la veille.
— Alors, prête pour ta dernière année ? Tu verras, tu finiras par être nostalgique.
Je grimace.
— Nostalgique ? Sérieusement ? C'est ça ta grande phrase de sage ?
Il rit doucement.
— La nostalgie, Isa, c'est ce qui fait qu'on se souvient des choses avec tendresse, même quand elles étaient nulles.
Je me contente d'un regard sceptique. De toutes les choses que je pourrais regretter... l'école ne figurait pas vraiment sur la liste.
10h — Dans l'entrée
— Isa ! Dépêche-toi ! cria ma mère, déjà sur les nerfs.
11h — Quai 9¾, Poudlard Express
Des cris. Des retrouvailles. Des enfants qui pleurent. Des parents qui pleurent encore plus. L'agitation du quai me donnait la nausée.
Je traînai ma valise à travers la foule en évitant soigneusement les élans d'affection des autres élèves. Tout le monde semblait heureux. Excité. Moi, j'avais juste envie de dormir.
Je trouvai enfin un compartiment vide, ou presque.
— Hey ! T'as une tête de déterrée, meuf. Ça va ? lança Noelia dès que je passai la porte.
Je m'affalai en face d'elle.
— J'ai dormi trois heures. Et mon réveil a décidé de renaître de ses cendres.
Elle rit, ses boucles rebondissant autour de son visage. Noelia, c'est le genre de personne que tout le monde remarque. Belle, brillante, solaire. Un total contraste avec moi. Et pourtant... elle me comprend. Elle ne me juge jamais. Elle équilibre mes silences avec ses bavardages.
— J'suis trop excitée ! Cette année, c'est nous les reines de l'école ! Plus personne pour nous marcher dessus !
Je haussai un sourcil amusé.
— Tu dis ça chaque année.
— Oui, mais cette fois c'est vrai ! Tu te souviens en cinquième, ce crétin de septième année qui nous lançait des sorts juste pour "s'entraîner" ?
Un sourire naquit malgré moi.
— Et c'est nous qui avons fini en retenue...
Elle tapa des mains.
— Voilà ! C'est NOTRE année ! L'année de la revanche, Isa !
Je ne répondis pas. Elle voyait cette rentrée comme une aventure. Moi, je la voyais comme une angoisse.
Qu'est-ce que je vais faire après ? Et si je suis pas prête ? Et si j'échoue ?
Tout allait trop vite. Beaucoup trop vite.
12h — Grande Salle
— Bon, ils se dépêchent ou quoi ? râla Noelia en regardant la répartition. Sérieux, encore des premières années chez Serpentard ? C'est quoi leur délire ?
Je remis ma cape jaune et noire correctement.
— On va encore se les coltiner pendant des mois...
Elle souffla bruyamment.
— Et t'as vu les cinq à Poufsouffle ? Franchement, ils ressemblent plus à des baguettes molles qu'à des sorciers...
Je suivis son regard. L'un d'eux lançait déjà de la purée sur son voisin.
— C'est une blague... murmurai-je.
— Ils vont couler notre maison dès le premier mois, c'est sûr.
Quand la répartition se termina enfin (avec quelques jets de purée en prime), on monta jusqu'à notre dortoir. Cette année, miracle : Noelia et moi avions notre chambre à nous. Les autres filles étaient toutes préfètes.
— Regarde ça ! cria Noelia en désignant sa chevelure frisée tachée de purée.
— Ouch... Ils t'ont pas ratée.
— Ces gosses méritent même pas le blason de Poufsouffle, j'te jure.
Le soir venu, les couloirs s'étaient vidés. Le château avait retrouvé son calme. Seuls les chuchotements et le crépitement du feu dans les cheminées résonnaient encore.
Je m'étais allongée, fatiguée, l'estomac noué.
Peut-être que cette année ne sera pas si terrible, pensai-je, un court instant d'optimisme traversant mon esprit.
Puis je me souvins.
Demain. Les cours. Les autres.
Je fermai les yeux.
La dernière année commençait. Et je n'étais pas sûre d'y être prête.
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Yyyy je suis trop gênée mais aussi contente d'avoir écrit le premier chapitre !!!
J'espère que vous trouvez pas ça trop gênant
Promis je vais m'améliorer
Cœur sur vous qui lisez!!