Chapitre 5 – L'épreuve du feu
8h30 – Grande Salle
Le matin semblait toujours se dérouler de la même manière, avec cette routine lourde de silence et de regards détournés. Noelia était à peine sortie du dortoir qu'elle me laissait seule face à mon bol de céréales. Une fois encore, je jetai un œil aux portes. Toujours aucune trace de Tom Jedusor.
C'était devenu une habitude. En tout cas, je n'étais pas censée m'en soucier. J'avais mieux à faire, non ?
Je pris une gorgée de jus de citrouille, ignorant ce poids dans ma poitrine. Le regard qui me suivait parfois, la voix basse, l'assurance qu'il dégageait sans effort. Il me perturbait, mais j'étais loin de l'admettre. J'avais d'autres préoccupations que lui. Et de toute manière, il m'énervait.
10h – Serre de Botanique
Aujourd'hui, le cours était plus intense que d'habitude. Le professeur nous demandait de préparer une décoction complexe, et mes mains s'agitaient sur les ingrédients sans vraiment savoir ce que je faisais. Mon esprit était ailleurs, perturbé par les souvenirs de la veille.
Je l'avais vu, au détour d'un couloir, l'ombre silencieuse qu'il était. Mais il m'avait ignorée, comme d'habitude. Le contraste entre son indifférence glaciale et la chaleur du château m'irritait. Peut-être que j'étais simplement trop énervée.
— Tu fais ça mal, murmura une voix derrière moi, sans même lever les yeux de son propre chaudron.
Je sursautai, la potion que je préparais frémissant légèrement.
— Je ne t'ai rien demandé, répliquai-je d'un ton acerbe, serrant les dents pour ne pas laisser ma frustration transparaître davantage.
Il ne répondit pas tout de suite, mais je pouvais sentir son regard peser sur moi, pesant chaque mouvement que je faisais. Il savait.
— Justement, c'est bien ça ton problème. Tu préfères rater que de m'écouter.
Ses mots tombèrent comme une sentence. Sans lever les yeux de son chaudron, il se contenta de secouer la tête, comme si je n'avais même pas compris l'importance de ce que nous faisions.
Je serrai les dents, me retenant de répliquer, mais c'était trop. Je n'allais pas me laisser traiter comme ça.
— Et toi, tu préfères te mêler de ce qui ne te regarde pas .répondis-je, agacée, mes mains tremblant légèrement alors que je faisais une pause dans la préparation de ma potion.
Il leva alors les yeux vers moi, son regard perçant me foudroyant sur place. Un léger rictus se dessina sur ses lèvres. Il savait parfaitement comment me déstabiliser.
— Dis-moi, Isabella, tu me détestes vraiment ou ça t'arrange juste de le croire ?
Ses mots résonnèrent dans ma tête, bien plus forts que le clapotis de la potion qui mijotait sur le feu. Il savait. Il savait ce qui se passait dans ma tête, tout comme il savait comment appuyer là où ça faisait mal.
Je me tournai brusquement vers lui, le défi dans les yeux. La tension entre nous était palpable, presque électrique, comme si l'air lui-même s'était chargé de notre animosité.
— Ce n'est pas ton problème, dis-je d'un ton plus froid que je ne l'avais voulu.
Il ne répondit pas immédiatement. Il se contenta de plonger de nouveau son regard dans le sien, et un silence lourd s'installa entre nous.
13h15 – Couloir près de la bibliothèque
J'étais sortie plus tôt que prévu, mes pensées en vrac. Tom Jedusor me perturbait bien plus que je ne voulais l'admettre. C'était étrange, cette impression qu'il me poussait toujours plus loin, comme si son seul regard me demandait de faire des choses que je ne voulais pas.
Alors que je m'apprêtais à tourner au coin du couloir, je le vis. Il était là, adossé contre le mur, avec ce même regard intense qu'il avait toujours. Il m'observait, comme s'il savait exactement où j'allais, ce que j'allais dire, même avant moi.
Je m'arrêtai brusquement, ne sachant pas quoi faire. Les mots, tout comme la colère, s'étaient bloqués dans ma gorge.
— Tu comptes m'ignorer encore longtemps ? demanda-t-il d'une voix basse.
Je serrai les poings. C'était trop. Je n'avais pas le temps pour ses jeux, ses insinuations, ou ses présences désagréables. Je le fixai intensément, en espérant que mes yeux en disent plus que mes mots.
— Je ne t'ignore pas, Tom, répondis-je d'un ton tranchant. Mais je ne vais pas continuer à jouer à tes petits jeux.
Il sembla surpris un instant, mais son visage redevint rapidement impassible. Il se redressa, comme s'il ne s'était jamais adossé au mur, et me regarda une dernière fois, cette fois sans aucun défi, juste un regard froid et calculateur.
— Bien. On verra bien qui finit par perdre ce jeu, dit-il, avant de disparaître dans l'ombre du couloir.
Je restai là, seule, mes pensées en déroute. Qu'est-ce qu'il voulait de moi ? Pourquoi me poussait-il toujours plus loin ?
Je n'avais pas la réponse, mais je savais une chose : je ne voulais pas qu'il ait raison. Pas cette fois.
15h – Salle sur Demande
Les minutes s'étiraient et je me retrouvai dans la salle sur demande, l'endroit silencieux et parfait pour finir le devoir. Je n'étais pas sûre de ce que j'attendais, mais je savais que, d'une manière ou d'une autre, Tom finirait bien par arriver. Il ne manquait jamais un rendez-vous, même s'il agissait comme si rien n'était jamais important pour lui.
Je déployai mes livres, les fixant un moment avant de les rouvrir. Mais chaque bruit, chaque craquement dans l'air me faisait sursauter. Il arrivait toujours à m'avoir sur le qui-vive, à me perturber dans mes moindres gestes.