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Chapitre 8

Chapitre 8 — Bruits sourds

6h45 – Extérieur de la salle commune

Il faisait encore nuit. Le château était silencieux  presque figé. La pluie tombait contre les vitres en fines lignes continues. Je n'arrivais plus à rester enfermée. Trop d'agitation dans ma tête..pas assez de réponses.

Je marchais dans les couloirs en retenant ma respiration chaque pas résonnant trop fort à mon goût. À cette heure-là, tout paraissait plus lourd. Le poids des murs  ..des silences, des regards qu'on évitait en plein jour.

Je n'avais croisé personne. Et tant mieux.

Je n'étais pas prête à répondre aux questions, même celles qui ne se posaient pas à voix haute.

8h00 – Cours de botanique

Les serres étaient glaciales. L'humidité me collait aux doigts, rendant la manipulation des plantes encore plus désagréable. La professeure parlait d'une espèce rare aux propriétés de régénération magique, mais je n'écoutais qu'à moitié.

J'avais la tête ailleurs. Toujours ce poids sur la poitrine. Toujours cette impression que quelque chose approchait.

Il n'était pas dans le groupe aujourd'hui.

Je l'avais remarqué tout de suite, bien sûr.

C'était peut-être pour ça que je me sentais à moitié vide. Peut-être aussi pour ça que je travaillais avec plus d'acharnement que d'habitude.

Ou simplement pour me prouver que j'en étais encore capable, sans lui.

10h10 – Couloir du quatrième étage

Je sortais du cours, mes affaires sous le bras, le pas rapide. Il me rattrapa sans que je l'aie vu venir. Tom. Toujours cette façon de surgir sans prévenir, de se glisser dans mon espace comme une ombre.

— Tu n'étais pas au cours, lâchai-je, sans m'arrêter.

— Tu m'as cherché ?

Je ne répondis pas. Il marchait à mes côtés maintenant. Trop près.

— Tu vas continuer à faire semblant encore longtemps ? demanda-t-il, sans émotion.

— Faire semblant de quoi ? Que t'existes pas ? J'y travaille, figure-toi.

Il tourna légèrement la tête, me jaugeant du coin de l'œil.

— Non, Isabella. Tu fais semblant de croire que tu peux tout affronter seule.

Je stoppai net. Il s'arrêta aussi, mais garda son calme. Comme toujours.

— Tu ne sais rien de moi, dis-je, les mâchoires serrées.

— Je sais ce que je vois. Et je sais reconnaître quelqu'un qui lutte contre ce qu'il ressent.

Je le fixai, interdite.

Il ne souriait pas. Il ne jouait pas. Pas cette fois.

Mais il ne disait pas non plus ce qu'il voulait vraiment.

Et c'était bien ça le problème.

13h20 – Réfectoire

Je m'étais assise à l'écart. Noelia ne cessait de me jeter des coups d'œil de la table d'à côté. Je l'ignorais. Elle finirait par abandonner.

Ou pas.

Elle finit par s'approcher et poser une assiette devant moi.

— Tu comptes te laisser mourir ou juste dramatiser jusqu'à ce qu'il craque ?

Je levai les yeux, lasse.

— Il n'y a rien à craquer, Noelia. On travaille ensemble. Point.

Elle haussa un sourcil.

— Si tu le dis.

Et elle repartit.

Je n'avais pas faim.

16h45 – Escalier principal

Le château bourdonnait d'élèves bruyants. Mais au milieu de tout ce mouvement, je le repérai immédiatement. En haut de l'escalier. Immobile. Il me regardait.

Je ne baissai pas les yeux. Pas cette fois.

Je montai les marches sans ralentir, et à peine arrivée à sa hauteur, je lâchai :

— Tu peux arrêter de m'observer comme un devoir non terminé ?

— Tu n'es pas un devoir, répondit-il aussitôt.

Un silence.

— Tu es un problème beaucoup plus complexe.

Je passai devant lui sans répondre. Mais ma main tremblait.

19h20 – Salle d'étude

Je travaillais. Vraiment. Concentrée. Mais chaque mot sur mon parchemin me paraissait vide. La formule que j'essayais d'adapter refusait de coopérer. Les équations s'entortillaient. Rien ne tenait droit.

Je me frottai les yeux, épuisée.

Puis une ombre s'installa devant moi.

Il s'assit sans demander. Sortit ses affaires. Commença à griffonner des calculs que je n'arrivais pas à suivre. Son calme était presque insultant.

— Tu me rends folle, finis-je par lâcher.

— Et pourtant tu continues à m'attendre, répondit-il, les yeux toujours sur son parchemin.

Je me tus. Incapable de le contredire.

23h10 – Dortoir

Je ne dormais toujours pas.

Je repensais à ses mots, à ses silences, à ce qu'il refusait de dire autant qu'à ce qu'il laissait échapper.

Il n'était pas fait pour moi. Il n'était fait pour personne.

Mais il avait une place dans ma tête, que je le veuille ou non.

Et ça, c'était pire que tout.

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