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Chapitre 10

Chapitre 10 – Ce qui reste quand tout est fini

Jeudi – 8h – Cour intérieure

Le froid s'était installé pour de bon. L'hiver frappait les pierres du château avec une régularité brutale, comme pour rappeler à tout le monde que même la magie avait ses limites.

Je m'étais réfugiée dans la cour intérieure entre deux cours, espérant un peu de calme. Mes doigts, engourdis par le vent, feuilletaient lentement un manuel d'enchantements.

Mais rien n'y faisait. Les mots glissaient. Mon esprit refusait de rester en place.

Depuis que la potion avait été rendue, Tom et moi ne nous étions plus adressé la parole. Pas un mot. Pas un regard.

Et pourtant, je savais.

Je le croisais parfois dans les couloirs. Impeccable. Distant. Insaisissable.

Mais je savais quand il m'avait vue, même s'il ne laissait rien paraître.

Et lui aussi savait que je savais.

Un cercle fermé. Silencieux. Et étouffant.

11h – Couloir du quatrième étage

Noelia m'avait coincée entre deux escaliers.

— Dis-moi que c'est vraiment fini avec Jedusor, souffla-t-elle.

Je haussai les sourcils.

— Il n'y a jamais rien eu à finir, Noe.

Elle me fixa, dubitative.

— Alors pourquoi t'as cette tête ? On dirait que tu viens de perdre un duel contre une goule enragée.

— C'est juste... le vide, répondis-je. Le projet est fini, et maintenant...

Elle soupira.

— Et maintenant t'es paumée. Parce que t'as plus ton excuse pour le voir. T'as plus de raison de le haïr à moitié.

Je tournai la tête.

Elle avait raison. Mais je refusai de le dire à voix haute.

15h – Salle de défense contre les forces du Mal

Le professeur distribuait des copies en râlant, comme à son habitude. Un devoir noté sur les sortilèges défensifs. Je n'avais pas brillé. Distraitement, je parcourus les annotations.

Et là, au dos de ma copie, une petite ligne manuscrite. Une écriture nette. Serrée.

    « Tu devrais apprendre à fermer ton esprit. Certains s'y promènent un peu trop facilement. »

Je relevai les yeux. Cherchai autour de moi.

Et je le vis. Au fond de la salle. Dos appuyé contre le mur. Calme. Les bras croisés. Tom.

Il ne me regardait même pas.

Mais j'avais compris.

Il savait. Il lisait.

Et ça m'agaçait.

18h20 – Bibliothèque

Je m'étais réfugiée au fond de la bibliothèque, entre les rayons de livres anciens. Là où la lumière était si faible qu'on aurait pu s'y croire seule au monde.

J'avais apporté de quoi travailler. Mais je n'avais rien ouvert.

Juste ma main, posée sur cette copie.

Et cette phrase. Encore.

Fermer mon esprit ? Vraiment ? Il me prenait pour quoi, exactement ? Une idiote incapable de maîtriser ses pensées ? Ou pire : une proie facile, vulnérable, transparente ?

Je pliai la copie avec agacement et la fourrai dans mon sac.

Ce n'était pas qu'un simple message. C'était un avertissement. Ou une provocation.

Et je détestais ne pas savoir faire la différence.

— Tu comptes rester là à fulminer toute la soirée ? lança une voix, basse, derrière moi.

Je sursautai légèrement. Je ne l'avais pas entendu arriver.

Tom.

Bien sûr.

Toujours à surgir quand je m'y attends le moins.

Je me redressai lentement, l'air fermé.

— Tu t'amuses à me suivre ou tu as juste un problème d'attachement ? dis-je, le ton acide.

Il ne broncha pas.

— Je te rappelle que c'est toi qui pensais si fort que même les murs auraient pu entendre.

— Tu n'avais pas à fouiller dans mes pensées.

Il haussa à peine les épaules.

— Je n'ai rien fouillé. Juste observé ce que tu laissais traîner. T'es une porte grande ouverte, Isabella.

Je le fixai, mâchoire serrée.

— Et toi t'es un parasite, Jedusor.

Il eut un petit rictus.

— Il va falloir trouver mieux que ça si tu veux me blesser.

Je fis un pas vers lui, les yeux plantés dans les siens.

— Je ne cherche pas à te blesser. Je cherche juste à comprendre ce que tu veux. Parce qu'une minute tu m'ignores, la suivante tu me fais passer des messages cachés et maintenant tu débarques ici comme si de rien n'était.

— Je ne veux rien, répondit-il lentement. Juste t'empêcher de te brûler les ailes en pensant que tu peux contrôler ce que tu ne comprends pas.

— Et toi tu comprends tout, c'est ça ? lançai-je, sarcastique.

Un silence. Son regard s'assombrit.

— Je comprends assez pour savoir que tu joues à un jeu dangereux. Avec les mauvaises armes.

Je croisai les bras, défensive.

— Tu crois que tu fais peur avec tes phrases floues et ton air supérieur ? T'es juste... seul. Et t'as trop pris goût à manipuler les gens pour admettre que tu t'attaches aussi.

Ses mâchoires se crispèrent. Un millième de seconde. Mais je le vis.

Je venais de toucher juste.

Il fit un pas en arrière. Et dans sa voix, plus froide que jamais :

— Continue comme ça, Isabella. Tu finiras par comprendre que certains silences valent mieux que les vérités que tu cherches.

Il tourna les talons, disparaissant entre les rayonnages.

Je restai seule, le cœur battant, la gorge serrée.

Pas par peur. Pas par tristesse.

Par colère.

Et peut-être autre chose que je refusais encore de nommer.

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