Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Evareve
Share the book

Chapitre 6 : Laely

Ce matin les cours commencent enfin! Jojo est encore dans sa chambre et je crois même l'entendre ronfler. Moi, depuis six heures je suis réveillée, et déjà le cerveau bouillonne. J'ai tellement hâte de commencer cette formation! Je regarde pour la centième fois ma scroll'tab pour vérifier mon emploi du temps et surtout revoir le trajet pour me rendre dans les différents labos et salles de cours de la journée. Ce centre est un vrai labyrinthe, ce n'est pas pour m'arranger.

Jojo a raison, j'ai un sens de l'orientation plus qu'approximatif. Je ne prête pas assez attention au décor quand je me rends quelque part, bien trop plongée dans mes pensées ou dans la lecture du GPS. "Regarde autour de toi et prends des repères " me disait mon père à chaque fois qu'il m'emmenait camper en forêt. Tu parles, combien de fois il a dû me rattraper alors que j'avais dévié du chemin pour aller contempler un crocus fraîchement éclos ou pour écouter un pivert.

Notre collocation est située dans un immeuble à environ quinze minutes à pied du cœur du site. Nous avons chacune une chambre, et nous partageons une salle de bain. Par contre, nous partageons la cuisine avec deux autres étudiantes. L'une est en deuxième année et l'autre est en troisième année. Je ne les ai pas encore vues, mais Jojo m'a demandé de me méfier d'elles comme de la peste. "Ici tout le monde est un potentiel ennemi" m'a-t-elle prévenu. Ça refroidit !

— Alors c'est toi....

Je relève brusquement la tête pour me rendre compte que deux nanas me font face. Une brune aux traits asiatiques et une blonde, visiblement décolorée.

— Salut, je réponds calmement.

— Elle est où la pesquette....

Ok ....le ton est donné...

Je suis le conseil de Jojo et je baisse la tête vers mon lait d'amande sans demander mon reste. Mais la brune se pose face à moi, et ouvre les hostilités:

— Tu es attendue ici comme le Messie, va falloir assurer ma grande!

— Laisse tomber Suang, elle va se rétamer dès la première semaine, reprend la blonde.

— La première journée suffira je pense, Muller !

Elles se tapent dans la main en riant. Et c'est quoi cette mode de s'appeler par les noms de famille ?

— Vos gueules les hyènes...

Et ma Jojo fait irruption, la tronche enfarinée.

— Ah, voilà la morue !

Je fixe la blonde, effarée...

— Mais c'est quoi cette violence là ?

— Je te présente Suang la pétasse et Muller la connasse...

J'ai pas le temps de réagir que les deux autres étudiantes se lèvent et viennent se coller à Joannie dans une volée d'insultes.

— Wow, wow wow .... on va se calmer direct ici !

Je m'interpose entre mon amie et les hyènes.

— C'est quoi votre problème, là !

Même si je ne suis pas plus grande qu'elles, mon regard noir vient mettre un peu le holà dans cette altercation invraisemblable.

— Vous allez tout de suite redescendre d'un cran, on fait pas dans la lucha libre ici !

Quoi que ça serait marrant de les voir en costume de catcheuses mexicaines avec des masques pailletés et des strings fluo ! Mais je m'égare...

— La ramène pas Armstrong, tu n'as aucune raison de faire la cheffe ici, la newbie !

La blonde me lance une œillade assassine.

— Toi non plus Muller, va falloir arrêter ton cinéma! je rétorque.

— Ne nous provoque pas Armstrong, tu sais pas qui on est ! reprend la brune.

— Et franchement, j'ai pas envie de le savoir quand je vois ce comportement de merde!

J’ai le regard plissé de colère et je sens ma Jojo qui s'agite dans mon dos. Elle veut en découdre !

— Joannie, tu te calmes toi aussi ! j’interviens.

— Mais ... tente -t-elle.

— Mais que dalle! vous allez la fermer toutes les trois et m'écouter!

J'ai haussé le ton, et visiblement elles ne s'y attendaient pas.

— Mais pour qui tu te prends la bleue?

La blonde tend vers moi un index belliqueux. Je chope son doigt et lui retourne le poignet.

— Et toi Muller, pour qui tu te prends à parler comme ça aux gens!

Suang, qui était resté un peu à l'écart, passe à l'attaque, voyant sa copine mal en point.

— Lâche-la! T'as pas intérêt à lui faire mal...

Je me tourne vers elle, la fixant avec intensité.

— Et sinon quoi?

Je fais un pas menaçant vers elle, tirant sur le doigt de la blondasse qui couine.

— Je vais te dénoncer au Major, reprend l’asiatique.

Je prends une petite voix nasillarde en l'imitant:

— Je vais te dénoncer au Major... Mais ma pauvre fille, le Major il est tellement jouasse que je sois dans son programme que jamais il fera quoi que ce soit contre moi.

— T'es pas intouchable Armstrong, crache la blonde.

Je tords un peu plus son poignet et elle couine de plus belle.

— T'es bien placée pour la fermer chérie!

Une petite torsion de plus pour lui faire boucler sa grande bouche.

— Alors écoutez-moi bien, Las Luchadoras, vous allez tranquillement rejoindre vos classes de cours et nous foutre la paix.

Elles qui semblent aimer les surnoms, elles ferment bien leur bouche sur celui-ci. Cette jolie trouvaille leur va à ravir. 

— La cuisine de cette coloc sera un terrain neutre où aucune bassesse ne sera tolérée. On ne vous fait pas chier, vous nous faites pas chier et chacun sera tranquille chez soi.

Je plante mon regard dans les leurs.

— Par contre, si vous venez à nous la faire à l'envers, c'est moi-même qui irais voir le Major,

J'écrase un peu plus l'index de la blondasse dans mon poing

— Et vous pouvez me croire, il aura les oreilles grandes ouvertes le jour où je lui dirai que je me casse de cet asile de cinglés !

— Tu....

— Je suis le messie, ne l'oubliez pas!

Elles se regardent l'air paniqué.

— On a compris, conclut Suang.

— C'est bon.... valide Muller.

Je lâche d'un coup le doigt bleui de la blonde, qui secoue son poignet dans une grimace de douleur.

— Maintenant barrez-vous, et arrangez-vous pour pas qu'on vienne à se croiser!

La colère crispant mes mâchoires, j'ai pas sorti un mot plus haut que l'autre, mais les deux hyènes ont, je pense, bien compris à qui elles avaient à faire. Elles finissent par sortir de la pièce non sans avoir lancé des coups d'œil mauvais dans notre direction.

Jojo me saute au cou.

— C'était épique! j'ai kiffé de ouf!

Je la repousse en gardant l'air sévère.

— Et toi tu vas arrêter de les provoquer ou de leur répondre!

— Mais ..

— Y'a pas de "mais" Joannie!

Elle sait que quand j'utilise son prénom en entier, je ne rigole pas!

— Tu m'as prévenue que c'était la loi du plus fort ici, j'ai vu, j'ai compris. Mais toi, va falloir que t'arrêtes de leur chercher des poux, à ces deux là, ou aux autres!

— J'ai rien fait!

— Le simple fait de les regarder ou de leur répondre leur donne déjà trop d'importance ! Alors tu vas me faire le plaisir de faire comme si on était que toutes les deux dans cette coloc, et tu vas soigneusement éviter les emmerdes, pigé ?

Jojo baisse la tête, penaude.

— Mouais...

— J'ai pas envie que chaque jour, tu me fasses le même coup qu'hier avec Aldrin !

— C'est pas de ma faute si...

— Justement !

Je passe une main rassurante sur son épaule avec un ton plus doux.

— Tu as du mal à canaliser tout ça, alors ne provoque rien s'il te plaît.

— Je sais....

Elle boude un peu, mais je sais que c'est l'histoire de deux minutes. Elle va bientôt de nouveau me casser les pieds à papoter à tort et à travers.

— Allez, va prendre ta douche, je t'attends ici dans cinq minutes!

Je fais un peu ma cheffe, mais à un moment donné il faut bien quelqu'un pour taper du poing sur la table! La journée démarre sur les chapeaux de roues, et j'avoue croiser les doigts pour que ça se calme.

L'espoir fait vivre il parait...

Comment this paragraph

Comment

No comment yet