- Amélia !

C'est en hurlant mon prénom à travers toute la salle, que ma prof de philosophie interrompt mes pensées. Évidemment, je n'ai pas entendu la question posée, ce qui me fait rougir face aux autres élèves.

- veux-tu que je répète la question ?

Je suis gênée mais bon... Quand il le faut, il le faut.

- Je veux bien, s'il vous plait.

Je l'entends soupirer comme si elle se tenait à côté de moi, et non à vingt mètres.

- je voudrais que tu me donnes à l'oral, un exemple de paragraphe qui pourrait répondre à la question ci-dessous :
" En quoi, la lumière fait elle vivre l'humanité à travers son énergie ? "

Il me faut quelques secondes de réflexion, avant de me lever et de formuler ma réponse.

- En réalité, je pense qu'un unique paragraphe ne suffirait pas pour citer toutes les réponses possibles mais, en revanche, si vous avez un moment à m'accorder, je serai ravie de vous poser mes propres questions en retour à la vôtre.

- Et bien, je vous écoute.

- La lumière est une source d'énergie proche de nous, mais également si lointaine. Et si... Je vous répondais en vous adressant une question de sens équivalent.
Qu'est-ce qu'une réponse ? Qu'est-ce qu'une réalité ? Qu'est-ce qu'une énergie ?
Je pense que toutes ces choses possèdent une différence et un point commun au centre de la diversité. Et qu'il est ainsi, propre à chacun, de faire le choix de répondre simplement, avec une réponse simple et concrète, ou énigmatiquement avec une réponse que nous tous comprenons d'une manière unique. Une réponse, c'est ça ! La diversité de notre monde, notre pays, nos cultures et nos personnalités. La force d'exprimer ce que l'on pense face à ceux qui nous environnent et le plaisir d'offrir une information à un interlocuteur qui ne la possédait pas. La réalité lui ressemble. Je peux vous dire, pour exemple, qu'un narval est magnifique, ce qui est la réalité. Mais votre voisin du bout de la rue pourra, un jour, vous affirmer le contraire et essayer de vous en convaincre par la raison, votre cerveau ! Ou de vous en persuader par les sentiments, votre cœur ! Chacun de vous deux dit juste. Pourtant, votre réalité a la possibilité d'être incorrecte pour la personne à qui vous l'énoncez. C'est ce qui fait de notre réalité, un mensonge. Et de notre mensonge, une réalité. Alors oui ! Certaines personnes peuvent se mettre d'accord sur la représentation d'une énergie qui peut être une boule électrique ou bien, un courant d'air. Mais je ne pense pas qu'une énergie puisse se définir. En revanche, je pense qu'elle peut se rapprocher de la formation d'un atome. Possédant autant de charges positives que négatives, un atome est électriquement neutre. Mais si, parfois, il perdait un électron -charge négative- alors, il deviendrait un ion positif, un cation. En revanche, s'il gagnait un électron, alors, il deviendrait un ion négatif, un anion, puisqu'il possède une charge négative supplémentaire. Je pense qu'une énergie nous donne le choix, en fonction de l'énergie qu'elle possède, de la perception négativement ou positivement, et je vois celle de la lumière positivement. Beaucoup de gens chantent et dansent durant les jours d'été. Durant cette période, grâce au soleil, les humains sont heureux et mettent en pause leurs pensées indésirables. L'humanité représente un sentiment de bienveillance, de compassion envers autrui. Opposé à la divinité ou à l'animalité. Être cruel et malveillant n'est pas humain. Pour finir, il est clair que la lumière -positive/joie/bonheur- fait vivre l'humanité- gentillesse/raison/intelligence/réflexion- à travers son énergie - boule électrique/courant d'air/atome. Et c'est pour cela que la peur, l'angoisse et les frissons apparaissent le soir, lorsqu'il fait nuit. Sans lumière, avec une sombre énergie. Pour vivre, le monde a besoin d'une clarté dans cette obscurité, l'état résultant d'un manque d'éclairage ou d'une absence de lumière. La noirceur du monde disparait lorsque le soleil se lève.

Une fois ma réponse terminée, je me rassois et attend que la prof dise quelque chose. Devant le silence de la salle, je me remets à rougir en pensant que j'ai raconté que des bêtises. Au moins je sais que ce soir, je vais boire pour oublier ce traumatisme. Il faut me croire, c'est la meilleure des décisions. C'est au moment où je m'y attends le moins, que Mme Braumert se met lentement à applaudir. Sans comprendre, j'écoute les élèves se joindre à elle. Je me rassieds lentement devant ce tonnerre d'applaudissements.
Quand le silence revient, ma prof émet enfin un son de sa bouche.

- Et bien, écoutez en cours la prochaine fois, et avec un peu de chance, vous nous partagerez vos magnifiques pensées un peu plus régulièrement, elle dit exaspérée.

Ma prof n'a pas pour habitude de faire des compliments, mais là, je crois bien que c'en est un. C'est au moment où j'ai le sourire jusqu'aux oreilles, que la sonnerie se met à sonner. Fini les compliments pour aujourd'hui, je range rapidement mes affaires et sors de cette salle. Je passe aux toilettes avant de rejoindre ma voiture. Soudain, une main me touche l'épaule. Je me retourne en sursautant et découvre la personne qui me fait l'affront. J'ai l'impression qu'il me connaît mais, malheureusement pour lui, je ne le reconnais pas du tout. J'ai l'impression que les garçons passent et se ressemblent tous, ici. Grands, bruns, yeux bleus, musclés, certains mêmes tatoués. Totalement mon style ! Mais lui il ne ressemble à personne. Blond avec des yeux marrons. Il n'est jamais allé à la salle, ça c'est sûr. Pour autant, il n'est vraiment pas mal.

- Amélia, c'est ça ?

-oui. Et, tu es... ?

- Léo, enchanté. Je voulais juste te féliciter pour ton discours en philo. Mme Braumert avait l'air contente, il me complimente.

- merci, c'est gentil.

Je suis contente de parler à une nouvelle personne. Malheureusement, ma meilleure amie nous interrompt en hurlant mon prénom à travers le couloir.

-Améliaaa.

- Salut, Célia, Ça va ? Je te présente Léo. Il est en cours de philo avec moi.

- Cool, répond-elle désintéressée. C'est vrai que Mme Braumert a complimenté ton discours ?

- Ouais et tout le monde l'a applaudi, ajoute Léo.

- Est ce que ma meilleure amie de tout le temps est venue en voiture ce matin, me demande Célia d'un air taquin en ignorant le commentaire de léo.

- Ouui, je réponds amusée.

- Tu peux me ramener ? Je veux TOUT savoir.

- D'accord. Allez, viens.

Je salue rapidement Léo et rejoint ma voiture, accompagnée de Célia qui ne peut pas s'empêcher de commenter tout ce que je lui raconte. Après trente minutes de rigolade et de chamailleries, je la dépose chez elle et rentre chez moi. Je n'ai le temps de rien faire car, une heure plus tard, je dors déjà profondément. Malgré cette fin surprenante, je suis réellement épuisé par cette semaine. Heureusement, c'est le week-end !