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Ameliabdrt
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Chapitre 6 : Amelia

Epouse moi. C'est très égocentrique comme question. Moi, moi, moi. Comme si c'était mon rôle de l'épouser. Je ne suis née que pour l'épouser. J'aurai préféré qu'il me demande : " veux-tu m'épouser, Amelia Loret ? " Et j'aurai répondu : " Je t'épouse, Léo Cavelti. C'est moi qui t'épouse parce que j'en ai envie, et non parce que c'est mon rôle de le faire. Malheureusement, épouser Léo est une décision très importante à ne pas prendre à la légère. Est-ce que j'en ai réellement envie ? Je n'en suis pas certaine. Lui, il était sûr de lui, convaincu que l'amour entre nous était fort et puissant, qu'il pourrait battre la durée nécessaire d'un couple avant le mariage. Je ne crois pas être prête. Mon premier mariage ne devrait pas être une décision du hasard, mais plutôt un choix. Je ne devrais pas avoir de doutes. Si je l'aime, je dois être sûr de moi. Je ne lui ai pas dit en face parce que j'avais besoin de réfléchir à ma réponse, mais lorsqu'il me rattrape par le poignet dans ce couloir du lycée, je me dis qu'il est peut-être temps que je lui explique. On s'est regardé, il m'a ramassé mes affaires et moi je l'évite bêtement. Je trouve ça irrespectueux, et il vraiment hors de question que ma réputation soit rabaissée à celle de Gavin.

- Amelia, attend. Tu m'évite depuis... tu sais, la question, et je comprends mais j'aimerais vraiment qu'on en parle.

Le regarder dans les yeux mauvaise idée si je ne veux pas pleurer. Il me fait de la peine et mon hypersensibilité me rappelle à la réalité. Il a espoir qu'une fille veuille l'épouser, et tout ce que je vais faire c'est le dénigrer et le repousser. Je n'ai pas envie de la blesser.

- J'ai envie qu'on en parle aussi, mais pour l'instant je dois aller en cours. Désolé.

- Ne sois pas désolé. A quelle heure peux-tu être libre ?

- Je peux passer chez toi si tu veux, je termine ma journée à seize heures.

- Parfait.

Je me retourne et m'éloigne. Parfait. Je ne sais pas ce que je vais lui dire, comment il va réagir et comment MOI je vais réagir, mais ce n'est pas le moment pour y réfléchir. Je rejoins ma salle pile à temps et écoute le cours, très concentrée comme à mon habitude. Je ne dors que très rarement en cours, voire jamais en fait. Et je me souviens encore de mon unique expérience de cette action, que je ne vais pas réitérer vu le traumatisme qu'elle m'a faite subir. J'ai d'assez bonnes notes, qui ne serons jamais suffisantes à mes yeux, et je compte bien continuer sur cette voie pour intégrer mon école de théâtre en septembre prochain. L'heure de notre rendez-vous approche à grands pas, et je vous avoue ne pas être presser d'y être. Je marche le plus lentement possible, mais je déteste arriver en retard donc je sonne à la porte d'entrée de Léo à seize heures tout pile. Je ne peux éviter le moment. Il m'ouvre et me regarde avec un grand sourire aux lèvres. Nous savons tout les deux qu'il n'est que mensonge et hypocrisie. Je rentre et remarque immédiatement le gâteau disposé sur la table basse du salon. Il n'est pas prêt. J'aime bien le décor de sa maison et l'ambiance apaisée qui y règne. Tous les murs sont de couleur claire et boisée. Je m'installe à ses cotes sur le canapé et l'entends respirer drôlement fort. Il ressent notre malaise.

- Je suis désolée de t'avoir évité ces derniers jours, mais j'avais besoin de réfléchir, je dis pour entamer la conversation.

- Je comprends. Et tu en est où dans ta réflexion ?

Pas cool.

- Léo, je sais ce que tu veux mais je pense que c'est beaucoup trop tôt et je ne suis pas prête.

Je ne pensais pas tout lui dire aussi vite, mais puisqu'il me pose la question.

- Je comprends. Tu sais, je ne voulais pas te poser cette question, c'est sortie tout seul. J'en avais envie bien sûr, mais je savais que ce serait trop tôt pour toi. Ce n'est pas grave, dans quelques années, quand tu seras prête, je te reposerai la question.

Je crois que je préfère attendre d'avoir gouter une part de son gâteau avant de lui avouer la suite de ma réflexion.

- Il à l'air très bon ton gâteau, je lance pour changer de sujet.

- Tu en veux une part ?

- Mais je ne suis là que pour ça, qu'est-ce que tu crois.

Il me sourit avant de s'emparer du couteau et de me servir.

- Tu as passé une bonne journée ?

Ca se voit tant que ça que je n'ai pas de sujet de conversation ? J'ai envie d'en finir au plus vite et m'échapper de cet enfer.

- Assez bonne, et toi ?

On discute mollement pendant une bonne trentaine de minutes en mangeant du gâteau. Il décide d'allumer la télé et me propose de regarder un épisode d'une série que je ne connais pas. Je remarque que l'épisode ne dure pas très longtemps, ce qui me pousse à accepter. On regarde jusqu'à la fin en ajoutant quelques commentaires de temps en temps. On ne parle pas beaucoup mais on se comprend bien et le temps passe plutôt vite. Je fixe le générique pendant de longues minutes avant qu'il n'éteigne de lui-même et se tourne vers moi. Je crois que le moment que je repousse depuis une semaine est arrivé. Il faut faire face à son destin.

- Ecoute, Léo, j'ai beaucoup réfléchi et je pars du principe que pour qu'une relation marche et dure à l'avenir, il ne devrait n'y avoir aucun doute entre les deux pers...

- Mais je n'ai aucun doute ! il me dit brusquement en me coupant la parole.

Respire. Inspire. Expire. Je garde mon calme et enchaine avec la suite.

- Je sais bien, le problème c'est que moi j'en ai. J'ai envie d'une relation qui me soit indispensable, où je ressens le besoin de me marier avec la personne. Je t'apprécie, n'en doute pas, mais je ne pense que ce soit le type d'amour que je recherche.

Je ne pensais pas qu'il m'aimait au point de pleurer, mais j'ai l'impression que l'idée que je m'étais faite de lui a été falsifiée. Je remarque rapidement les larmes qui coulent de ses yeux avant qu'il ne les essuie. Reste concentrée, Amelia.

- Je n'ai pas envie de te faire plus de mal en te recitant un bla-bla déjà tout préparé, mais si je te dis que je ne voulais pas te blesser et qu'on peut rester amis si tu t'en sens capable, c'est parce que c'est la vérité.

Il ne dit rien et je ne sais pas quoi rajouter, alors je le regarde et attends. Il pleure légèrement et brise sa fine carapace.

- Je comprends. Il dit avec difficulté.

Il comprend tellement de choses.

- Je ne veux pas te mettre à la porte, mais j'ai envie d'être seul pour le moment.

Je me lève sans un mot, récupère mes affaires et sors de chez lui.

Les jours passent mais ne se ressemblent pas. Je n'ai pas recroisé Léo depuis notre discussion et je crois qu'il n'est pas revenu au lycée. Son pote, Ethan ? m'a affirmé qu'il lui rapportait les devoirs tous les soirs et qu'il était dans un sale état. Ce n'est pas à son habitude de sécher les cours et si je suis responsable de son malheur, je me dois au moins de régler la situation. Il a le droit d'intégrer l'université de son choix, je n'ai pas le droit de lui voler cette chance. Il a de bonnes notes et toutes les compétences requises, je ne vais pas le laisser gâcher sa vie pour une pauvre rupture avec une fille comme moi, il mérite mieux. Je me retrouve devant sa porte - encore - et toque. J'espère sincèrement qu'il ne va pas me la claquer au nez. Je l'entends ronchonner à l'intérieur de la pièce avant de venir m'ouvrir, ce n'est pas bon signe. Je comprends pourquoi Ethan m'a dit qu'il était en mauvais état, il a une tête fatiguée, je pense qu'il est dans le même pyjama depuis une semaine, et je n'ose même pas respirer l'odeur de cette pièce. Il n'a pas ouvert les volets depuis quand ? Il y a des tas de fringues un peu partout et des dizaines de bouteilles de bière disposées sur la table basse. Mais comment il a pu tomber si bas juste pour moi ? Je ne le connaissais vraiment pas à ce que je vois. Je rentre dans son appartement et traverse le salon jusqu'aux fenêtres. La lumière fuse lorsque j'ouvre les vitres et les volets. Je prends la poubelle et y jette toutes les bouteilles. J'entends Léo me demander ce que je fais, mais je ne m'arrête pas pour lui répondre et continue de ranger ce qui traine.

- Non mais qu'est-ce que tu fais ? Et arrête de toucher à tout ! Mais laisse-moi tranquille maintenant, tu m'as assez fait souffrir. Il crie à travers la pièce pour m'engueuler.

- Non, non et encore non. Tu n'as jamais vécu de rupture ou quoi ? Tu croyais vraiment en notre relation ? Je ne vais pas te laisser gâcher ta vie à cause de moi. Non, je refuse d'être responsable de ça.

- Laisse-moi, tu ne sais pas à qui tu as à faire.

- Tu me menace ? Tu ne t'es pas lavé depuis une semaine, tu sèches les cours et tu crois pouvoir m'empêcher de t'aider ?

- Tu vas m'aider à quoi ? Tu as gâché ma vie, tu as tout foutu en l'air. Je n'arriverai pas à survivre à ça, je ne peux pas.

- Mais qu'est-ce qui ne vas pas chez toi ? Tu exagères ! On s'est embrassée une seule fois et tu crois que tu as le droit de tout arrêter pour une petite tristesse de jeunesse. On dirait un gamin de huit ans, sérieux. Reprends-toi, retourne en cours, passe à autre chose, fait de nouvelle rencontres et vie ta vie, merde ! Pourquoi tu t'es autant attaché à moi en si peu de temps ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

- Parce que tu crois que je ne me suis pas déjà posé la question. Je ne sais pas ce que tu m'as fait, mais je ne m'en remettrai pas.

- Tu n'as pas le droit de te noyer dans l'alcool parce que tu souffres, tu n'as pas le droit de gâcher ta vie à cause de moi. C'est ça que tu veux ? Vivre dans le noir, l'alcool et la tristesse ? Très bien, continue. Mais poses-toi les bonnes questions avant. Ton avenir de poète ou d'ingénieur est où ? Sous cette pile de vêtement ? Ton meilleur ami est où ? Sous les devoirs qu'il te rapporte très gentiment tous les soirs ? Tes loisirs et ta famille sont où ? Tu te rends compte de tout ce que tu perds pour une histoire de gamins sans avenir ?

- Mais tu ne comprends pas que je t'aime, Amelia.

- J'ai réellement envie de t'aider, tu sais. Mais je ne peux rien faire si tu n'en as pas la conviction. Il faut de l'instinct et de la curiosité pour vivre, le monde est tellement enrichissant et rempli de nouvelles choses. Je trouve ça dommage de passer à cote. Je sais que tu es triste, mais tu veux savoir ce qui me rend triste à longueur de journée, moi ? Voir un carnage. Les gens comme toi ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont de pouvoir être en vie, et la gâche pour toutes sortes de raisons futiles. Quand on veut vivre, on en trouve le moyen et on ne se cache pas derrière nos émotions. C'est pour ça que j'aime la philosophie, pour tellement réfléchir à un sujet qu'on en loupe l'évidence. Je ne loupe jamais l'évidence. Pour la quantité de réponse qu'on peut fournir à une simple question sans réflexion. La vie n'est pas simple, mais elle vaut largement le coup d'être vécue.

Je m'éloigne sans rien rajouter. Je crois que j'en ai assez dit, et que je me suis plus convaincue que lui. C'est sa vie, il en fait ce qu'il veut. Mais il est encore temps de changer d'avis et de découvrir ce qui nous entoure. La beauté d'un monde meilleur.

- Amelia.

Je me retourne et le regarde droit dans les yeux. Je ne dis rien et attend de voir pourquoi il m'a appelée.

- Merci.

Je lui souris sincèrement et sors de chez lui. Il fait nuit, je suis un peu inquiète de rentrer seule chez moi. Je me dirige vers " Venice Beach " et m'apprête à marcher rapidement, quand j'entends des bruits de pas derrière moi.

- Vous ne m'écouterez donc jamais ?

Je le reconnais immédiatement et ça m'énerve.

- Merde, Gavin ! Tu m'as fait peur.

- Qu'est-ce qui te fait dire que tu ne devrais plus avoir peur ?

Je frissonne à ses mots et ne dis rien.

- Pourquoi tu sors de chez lui ?

- Lui, qui ?

Il se rapproche de moi au point de me plaquer contre le mur dans mon dos, et me chuchote à l'oreille :

- Ne joue pas à la conne avec moi.

Je le repousse légèrement mais il est trop fort pour que je puisse me dégager entièrement.

- Ne m'espionne pas.

- Je passais ici par hasard.

Cette fois-ci, c'est moi qui me redresse et lui chuchote à l'oreille :

- Ne joue au con avec moi.

Il se marre devant moi et ça m'énerve encore plus. Il descend ses mains et les resserre autour de ma taille. S'en est trop pour moi, je me dégage et m'éloigne d'au moins trois mètres de lui.

- Tu as peur ?

- Laisse-moi rentrer chez moi.

- Tu veux que je te raccompagne ? J'ai ma voiture.

Il m'indique sa voiture d'un signe du menton pour que je le repère au coin de la rue.

- Je sais marcher.

- Très bien.

Il se retourne et je le regarde s'éloigner. Je commence à douter et réfléchie à l'option. J'ai un peu plus confiance en lui qu'en les gens qui peuvent sillonner les petites rues que je dois emprunter. Un. Deux. Trois. Décision validée. Je cours pour rejoindre sa voiture et ouvre la portière côté passager. Il ne dit rien mais je vois son sourire s'élargir aux coins de ses lèvres. Il ne démarre pas la voiture et je comprends enfin qu'il attend que je lui dise mon adresse. Je lui indique où j'habite et il me raccompagne en silence. Je ne trouve pas ça gênant mais plutôt reposant.

Je crois que ce que j'ai dit à Léo l'a touché car, la semaine suivante, je le recroise dans les couloirs et je l'entends participer en cours de philosophie. L'amour c'est toujours une histoire compliquée. Mais moi, je connais encore plus compliquer : Moi. A mes yeux, un amour véritable ne devrait pas être compliqué et douteux, il devrait être facile et logique. " Sit with people who protect your name in your absence." Je pense que la personne qui a dit ça avait tout compris à la vie.

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