Je me suis rencontrée comme l'être le plus révolté,
Le temps qui passe à mes côtés est plus que retardé.
Je ne suis pas fragile, loin de là. Mais je crois que c'est bon, je suis assez brisée maintenant. Le cœur. L'organe de la vie est plus qu'essentiel pour notre corps, pour autant la plupart des gens s'amusent à nous le prendre, nous le torturer dans tous les sens, et nous le briser. C'est pour l'action. La joie est cool, mais elle finit toujours par devenir ennuyeuse. On a besoin d'action pour se sentir unique, pour se sentir essentiel, pour se sentir vivre. Si je m'attache au temps qui court, je risque de finir bien bas.
Trois ans plus tôt.
- Laurent ! Je hurle à travers l'allée du jardin en pleurant à chaudes larmes.
Il n'a pas le droit de partir, de m'abandonner. J'ai quinze ans, je vie chez mes parents avec mon grand frère depuis toujours, et aujourd'hui il a décidé de partir vivre dans mon pays préféré, sans moi. On était bien, en France, dans cette grande maison, en famille. Puis ma mère a trompé mon père l'année dernière, et il l'a pardonnée parce qu'il l'aime beaucoup, mais Laurent et moi, on n'a pas supporter. On s'est reconstruit comme on pouvait avec l'aide de nos amis. Il a réussi à pardonner notre mère, mais pas moi. Tout se passait plutôt bien jusqu'à ce que cette gonzesse débarque dans sa vie, qu'ils s'embrassent trois fois, et qu'il décide de la suivre. En même temps, comment refuser l'opportunité de vivre à Washington DC avec la femme qu'on aime. Le problème c'est que Laurent est parfait, le premier enfant, il se lance dans des études de médecines et trouve la femme de sa vie. Je ne suis que le deuxième enfant, je veux devenir actrice et écrivaine, et je suis célibataire depuis ma naissance. Nos parents le soutiennent dans ses projets, quand les miens ne sont que futiles et inintéressants. S'il part mes parents vont commencer à s'intéresser à moi, et je ne veux pas connaitre la suite de l'histoire. Je vais devoir supporter ma mère tous les jours, et évidemment que mon père est de son côté. Mais Laurent ignore mes suppliques et continue son chemin.
- Laurent. Je soupire désespérée.
Je reste là, sous la pluie effaçant mes larmes, à genoux sur le sol, je ne peux pas croire qu'il soir réellement parti. Cette fille est-elle plus intéressante que moi ? Comment peut-il l'aimer plus que sa propre sœur ?
Une semaine...
J'attends de ses nouvelles depuis maintenant une semaine. Rien. Il ne m'a pas oubliée quand même. Il pourrait juste me dire s'il va bien. M'envoyer des photos. Rien. Je ne sais pas pourquoi je m'inquiète, alors qu'il ne s'est pas soucié de moi à son départ. Depuis ce jour, mes parents passent beaucoup de temps à me demander comment je vais, au moins des gens que j'intéresse, et à surveiller mes notes de près. Je me sens constamment observée et jugée. J'ai du mal à supporter la situation donc, je passe beaucoup de temps au collège et chez amis, ça m'aide. ils me soutiennent dans cette histoire et me comprennent. Je n'ai pas besoin de m'exprimer quand je les vois, le seul fait d'être avec eux me fait du bien.
Deux semaines...
- Actrice ?! Tu es sérieuse ?
Le moment est venu. Mes parents ont découvert mes ambitions et ne lâche plus depuis une heure. Ils ne font que me crier dessus. La communication est brisée.
- Oui, très sérieuse. Tu n'as pas le droit de me juger alors que tu as accepté sans sourciller les idées de Laurent.
- Laurent veut devenir neurochirurgien, il a de l'ambition, i fait en sorte que sa vie serve pour en sauver d'autres. Actrice... Tu vas apprendre un texte et te faire filmer, qui comptes-tu sauver avec ça ?
- J'ai appris à penser à moi avant les autres ! Les gens de mon entourage eux-mêmes ne croient pas en moi et me dénigrent, alors les gens du monde extérieur je ne t'en parle pas. Ils n'ont pas besoin de moi, ils sauront se débrouiller.
- Mais quelle égoïste, c'est fou. Je ne t'ai pas élevée comme ça, et je n'accepterai pas que tu ruines mes années de travail aussi facilement ! Non, Amelia, tu ne deviendras pas actrice, cherche encore et tu trouveras un métier qui aide les gens et fait honneur à mon éducation.
- Qui c'est l'égoïste maintenant ? Tu ne penses qu'à ta réputation et ton honneur, mais ton honneur est mort le jour où je suis née.
- Amelia ! Tu ne parles pas comme ça à tes parents. On n'est pas tes copains, je ne sais pas pourquoi tu continues de trainer avec eux, mais ils ont une mauvaise influence sur toi. Mon père intervient en pensant arranger les choses.
Cette fois-ci, s'en est trop, je ne peux pas le supporter. Après moi, ce sont mes amis. Ils ne peuvent s'empêcher de critiquer ma vie et ceux qui m'aident à longueurs de temps pour rattraper leurs erreurs. Je sors de la maison avec mon portable et claque la porte. Je les entends crier mon prénom, mais rien ne change, je pars. Je suis têtue et quand je suis énervée c'est pire, donc pas sûr qu'ils me revoient de si tôt.
Trois semaines...
- Allo ?
- Oh, merde, Laurent, ça fait trois semaines que j'essaie de te joindre !
Aujourd'hui, j'ai rappelé Laurent sans espoir. Pourtant, c'est aujourd'hui qu'il me répond. Maintenant que je suis au téléphone avec lui, je ne sais même pas ce que je dois lui dire.
- Désolé, j'étais euh... occupé.
Je le sens hésiter et sa voix trembler. Je ne me focalise pas sur ce genre de détails parce que je reste énervée contre lui pour m'avoir ignorée. Qu'est-ce qu'il avait de si important à faire ?
- Je uhm... ok. Je ne sais pas trop quoi te dire. Je crois que je suis toujours très énervée.
- Amelia.
- Oui.
- Je crois que je vais être très o-occupé ici, et je ne vais plus avoir beaucoup de temps pour te parler, désolé.
Je ne réponds rien, je ne sais pas si je suis choquée ou triste. Ou les deux ?
- Amelia ?
- Mmh.
Je le sens inquiet.
- C'est comment avec les parents ? Il dit en chuchotant.
- Et bien c'est... cool. Je mens.
Mais qu'est-ce qui se passe ? Depuis quand on chuchote pour des nouvelles de l'autre ? Il n'y a pas si longtemps, on se serait appelé tous les jours pendant des heures jusqu'à pleurer de rire. Je l'entends parler au loin, mais il s'adresse à une autre fille.
- C'est Cindy ?
- Oui, désolé, mais je dois déjà y aller. Bon courage. Il dit en raccrochant.
Bon courage ? Bon courage ? Bon courage pour quoi ? Cet appel ne m'a pas rassuré, j'ai l'impression que notre relation est détruite. Mais qu'est-ce que j'ai fais ? Notre famille est morte. Du jour au lendemain, sans savoir pourquoi, j'étais comme vide et silence. Mes parents ne me supportent plus et essaient de me convaincre tous les soirs de devenir avocate. Laurent est en appel avec eux tous les week-ends et ils ne prennent jamais le temps de me dire ce qui se passe. Pourquoi il a du temps pour eux et pas pour moi ? J'ai l'impression que tout est de ma faute. J'évite mes parents au maximum, mais évidemment ils m'ont forcée à manger avec eux le soir, " pour garder une famille soudée ". Je vais la leur faire bouffer, leur famille soudée.
Quatre semaines...
- Amelia !
Je ne serai donc jamais tranquille, même quand je dors. Je reconnais la voix de mon père qui hurle derrière la porte de ma chambre. Je me réveille durement et regarde l'heure sur mon réveil. 6h22. Je commence à paniquer, ils ne me réveilleraient pas aussi tôt si ce n'était pas super important. Je leur ouvre la porte et les découvre en pyjama, avec deux grandes valises à leurs pieds. What ?
- Tu ne veux pas devenir avocate ? Ils me demandent avec un air très sérieux.
- Non. Je réponds sans trop comprendre où ils veulent en venir.
- Très bien, alors à partir de maintenant, tu n'es plus notre fille.
Je les regarde rentrer dans ma chambre et mettre toutes mes affaires dans les valises. Ils sont sérieux ? Je ne comprends pas tout, mais si j'ai raison, ils vont me foutre dehors ? Ils ne seraient pas capables de faire ça. Je n'y crois pas, impossible. Je reste leur fille, leur chair, leur sang. Mon père m'attrape fortement par le bras pendant que ma mère descend les valises.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? Lâche-moi !
- Tu ne nous écoutes plus. On est désolé, mais c'est la seule solution qu'on a trouvée pour te faire changer d'avis.
- C'est une blague, pas vrai ?
Ma mère me regarde avec des yeux embués de larmes et je comprends que ce n'est pas une blague. Ils pensent que je vais faire ce qu'ils me disent de faire si je suis seule sans aucun moyen pour vivre. Je ne pensais pas que mon cœur pouvait se briser autant à cause de mes propres parents. Une famille soudée ? Une famille hypocrite, oui. Vous pensez que Laurent était au courant ? Que c'est pour ça qu'il ne me parle plus ? Oui, sans aucun doute. Je me retrouve seule, dans le froid, en larmes devant l'entrée de chez moi. Mais qu'est-ce que je vais devenir ? Hors de questions que je change d'avis pour leur faire plaisir. Je ne retournerai pas vivre avec eux. Je m'éloigne sans vraiment savoir où je vais. Je décide d'appeler Alex en espérant qu'il m'aidera à trouver une solution pour m'aider.
- Ils ont fait QUOI ?! Il hurle à l'autre bout du fil.
Je le sens énervé, mais surtout emphatique envers ma situation.
- Amelia, arrête de pleurer, s'il te plait.
- Mais qu'est-ce que je vais faire ?
Je ne contrôle plus rien et mes larmes ne cessent de couler. Je n'arrive toujours pas y croire. La douleur se forme au creux de mon ventre et c'est insupportable. Je me suis fait trahir par les personnes en qui j'avais le plus confiance.
- Et bien, je vais venir te chercher avec mes parents et tu vas venir faire des soirées pyjamas chez moi. Il dit avec joie pour essayer de remonter le moral.
Ses parents ont toujours été comme mes tontons et tatas à mes yeux et je sais qu'ils m'accueilleront de bon cœur.
- Merci.
Cinq semaines...
Je passe ma meilleure vie chez Alex. Mes parents mon appelée une bonne centaine de fois, mais j'ai décidé de les ignorer. Ils ne m'aiment pas assez pour me garder à la maison, parfait. Mais ne sauront plus rien de ma vie. Les parents d'Alex s'occupent très bien de moi, on passe notre temps à rigoler et à manger, et je suis très heureuse ainsi. Peut-être que c'était une bonne une bonne chose finalement. Après tout, Grand corps malade avait raison : " l'amitié c'est vraiment ma meilleure copine. " Laurent ne m'a pas rappelée, ce qui me confirme qu'il était dans le coup, et je lui en veux fortement parce qu'il a préféré se protéger, lui, plutôt que moi. Moi qui pensais qu'entre frère et sœur, rien ne pouvait nous séparer. J'avais tort. Ma tristesse est remplacée par de la rancune. Je crois que pour une personne, je n'étais pas encore suffisamment brisée. Laurent ? Bonne chance.