Penser ou Croire ? Je suis sûr de ce que je vois. Je l'ai laissée partir parce que j'avais besoin d'être seul, pas de la voir avec lui. Je me sentais mieux quand j'ai entendu sa voix, je les ai vus à travers la fenêtre. Je me suis vite énervé, avant d'avoir une nouvelle idée. Je vais le massacrer. J'ai révisé mon plan toute la semaine, en plus de mon bac, pour être sûr de réussir. J'ai reçu une légère aide d'Ethan qui ne voulait pas trop se mêler à mes problèmes. Je le comprends, Ethan est mon meilleur ami depuis trois ans, et il nous ai déjà arrivé tant de choses que j'accepte qu'il préfère avoir une vie tranquille plutôt que toutes mes galères. Aujourd'hui je passe mon examen de fin d'année, mais je me dirige vers la salle plutôt détendue. J'ai bien bossé toute l'année et mes révisions ont été parfaites, je ne vois pas pourquoi je ne réussirai pas. L'examinateur nous donne le top, et je me concentre pour ne rien oublier, je lis toutes les questions deux fois et corrige le maximum de fautes d'horographes dans mes réponses. Lorsque j'ai finit et que je sors de la salle, je suis encore plus détendu qu'avant. La journée vient à peine de commencer et j'ai déjà l'impression d'avoir gagné. Je suis parfait. La journée passe et je me dis que je n'ai plus qu'à me marrer. Ce soir, pour décompresser, j'ai rendez-vous avec Ethan, et tout le reste du lycée, au gymnase pour regarder le match de nos basketteurs. J'ai trop hâte. Je m'installe à côté d'Ethan dans les gradins et observe le chao qui nous entoure. Il y a beaucoup de bruit et les spectateurs sont impatient. Moi aussi. On nous annonce le début du match et tout le monde se calme. J'achète une barquette de frites et profite du spectacle. Nous voyons les joueurs arriver sous nos applaudissements. Ils ont l'air stresser et mal organisé.
- Tu ne trouves pas qu'ils ont l'air bizarre ? me demande Ethan.
- Oh si, ils ont l'air bizarre. Je réponds avec un grand sourire.
Je crois qu'Ethan se doute de ce qui se passe. On voit un basketteur parler à son coach et partir. La pagaille se fait sentir et le public commence à s'impatienter quand on nous annonce que le match aura du retard. Une vingtaine de minutes plus tard, on voit Gavin arriver et s'excuser auprès de beaucoup de personnes. Je n'entends pas ce qu'il dit, mais je ne me marre rien que d'y penser. Je l'ai massacré. Je ne vous l'ai pas dit mais ce match est leur examen pour intégrer une des universités la plus prestigieuse du pays. UCLA est une université de renommée mondiale où de nombreux basketteurs professionnels y ont étudié. Elle est immense et comporte quarante-et-un mille étudiants. Evidemment que Gavin espère l'intégrer, malheureusement pour lui, je viens de lui gâcher cette chance. Il ne peut pas se permettre d'arriver en retard pour un match aussi important qui se déroule dans son propre lycée, et faire patienter le public. Je ne le montre pas mais je suis ravie de ce que je vois. Heureusement que je l'ai retardé, parce que Gavin est vraiment très doué et aurait eu avec certitude sa place à UCLA.
- Au moins, il est doué dans son sport.
Je reconnais la voix d'Amelia et la trouve assez facilement dans les gradins. Elle est assise quatre rangées derrière moi avec son groupe d'amis habituel. Elle est venue pour le voir jouer ? Je rêve, ce n’est pas possible. Je n'ai pas envie de lui parler et préfère l'ignorer. Je me retourne et me concentre sur Gavin. Le match se déroule à merveille pour lui et il ne montre aucun signe de faiblesse, même après son retard. Le match se termine, je sors du gymnase accompagné de mon ami et me dirige vers ma voiture pour rentrer chez moi. J'ai la forte impression que je suis toujours énervé en ce moment, et je commence à saturer.
- Léo !
Laissez-moi, je suis fatigué. Je me retourne et trouve sans trop de difficulté la personne qui m'appelle.
- Oui ? Je réponds avec insolence.
- Rends moi mes affaires !
- Tes affaires ? Quelles affaires ?
- Oh ne fais pas l'idiot avec moi. Quoique, ça ne te va pas si mal enfaite.
- Bon qu'est-ce que tu me veux Gavin ?
- Sérieusement ? Tu me fais rater l'examen le plus important de ma vie, et tu crois que je ne vais pas te tomber dessus ?
- Tu remets la faute sur moi ? Intelligent.
Je remarque Amelia passée derrière lui, et je commets l'erreur de la suivre du regard. Elle est si belle. Ses cheveux détachés, son short moulant ses fesses à la perfection, et son immense sourire. Stop. Gavin suit mon regard et se retourne pour tomber sur Amelia au milieu de ses amis.
- Ah, mais enfaite je sais pourquoi tu as fait ça. Tu as peur que je sois une trop grosse menace pour votre pauvre petit couple.
- Raté. Je l'ai fait parce que j'en avais envie. D'ailleurs, j'ai bien rigolé, merci.
- Tu l'as fait ? Toi ? Ce n'est pas ce que tu disais y a cinq minutes.
- Merde.
- Rends moi mes affaires, maintenant.
- Je crois que tu les as simplement laissées dans ton casier. Bonne chance pour ton examen.
Il s'éloigne sans rien ajouter. Dans une autre situation, il m'aurait massacré et j'aurais surement finit à l'hôpital, mais il ne doit pas se battre s'il veut entrer à UCLA. Je suis très content de la réussite de mon plan. Rien que d'y penser, je reçois des flashbacks du moment où je l'ai croisé pile au bon moment.
Je marche tranquillement dans le couloir du gymnase dans lequel je me suis infiltré pour trouver Gavin et mettre mon plan à exécution, quand je le vois apparaitre devant moi. C'est le moment parfait, il ne faut pas que je panique et tout se passera à merveille. Il continue son chemin sans se soucier de moi, mais je fais exprès de me mettre devant lui et de lui bloquer la route. Il me regarde étonner et se décale pour passer, sans penser que je vais faire de même. Je m'abstiens de recommencer un troisième fois pour ne pas faire cramer le plan dès maintenant. Ce serait con. Je continue mon chemin en attendant qu'il aille dans un des vestiaires. J'entends rapidement une porte se claquer, et j'en profite pour me retourner en vitesse et revenir au vestiaire qans lequel Gavin se change. J’attrape une caisse assez lourde et la dispose devant sa porte. Je rajoute un balai coincé dans la poignée, avec ça c'est sûr qu'il ne pourra pas sortir. Je me prépare à repartir, quand je remarque que sa tenue pour le match est placée en haut de la porte. Je ne perds pas de temps à réfléchir à l'ampleur de ma bêtise et vole les vêtements.
- Merde, mec, tu joues à quoi sérieux ? Il s'égosille en voyant sa tenue disparaitre.
Je l'entends essayer de sortir et la porte claquer. Le plan est en marche.
Je suis très fière de ce que je viens de réaliser de mes propres mains. Bien fait pour lui.
- Léo.
Je me retourne au son de mon prénom dans la bouche du directeur. Je ne sais pas ce qu'il me veut, mais ça sent pas bon.
- Oui.
- Peux-tu me suivre jusque dans mon bureau s'il te plait.
Oups.
- Bien sûr. Je mens.
En réalité, je n'ai pas vraiment le choix. Que m'arriverait-il si je disais non, partais en courant et ne revenais jamais ? Je préfère le suivre en silence. Il n'est surement pas au courant pour mon plan diabolique, personne n'est au courant à part Gavin, et lui, personne ne le croira. Je suis le maître du monde. J'entre dans son bureau et m'installe sur le fauteuil qu'il m'indique par un signe du menton.
- Nous avons été informé, de source sûre, que vous avez mis en place un petit plan contre le joueur de basket, pour qu'il arrive en retard et rate son entrée à UCLA.
- Quoi ? Je n'ai rien fait. Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez.
- Ne mentez pas. Vous êtes donc exclu pendant deux jours et nous l'inscrirons sur votre dossier scolaire. Vous pouvez y aller.
Je me lève et m'éloigne lentement sans comprendre ce qui vient de se passer. Quelqu'un qui était au courant m'a balancé pour défendre Gavin. Je n'en reviens pas. Je traverse le couloir et vois Ethan s'approcher de moi. D'un seul coup, tout s'illumine, je comprends ce que j'ai vu et qui m'a trahi. J'ai cru voir Ethan parler avec Gavin en sortant des toilettes après le match. Je ne me suis pas inquiété parce que c'est mon meilleur ami et que j'ai une confiance aveugle en lui, à priori j'avais tort.
- Toi !
Il m'ignore et se retourne pour m'échapper, mais ça ne va pas se passer comme ça. Je ne vais pas le laisser faire. Je cours derrière lui et attrape ses épaules pour le tourner face à moi.
- Qu'est-ce que tu me veux, Léo ?
- Pourquoi tu es allé tout balancer ? Tu ne reconnais plus tes amis ?
- Ton plan était fou et cruel, il ne méritait pas ça. C'est son rêve d'entrer dans cette école.
- Tu t'inquiètes pour lui ? Comme c'est mignon.
- Tu sais à qui tu me fais penser ?
- Non, mais tu vas me le dire puisque tu ne sais pas tenir ta langue.
- A toi ! A toi l'année dernière, quand tu as vrillé et que tu t'es retrouvé tout seul.
- N'importe quoi. Va inventer une vie à quelqu'un d'autre.
- L'année dernier, je ne comprenais pas, mais maintenant, je reconnais les signes et je vois bien que ça ne va pas. J'essaie vraiment de t'aider mais je ne peux pas faire grand-chose si tu ne m'écoutes pas. Tu as un problème avec les relations amoureuses, les filles et l'amour, et il faut que tu aille en parler à quelqu'un de plus expérimenté que moi.
- Tu veux que j'aille chez un psy ?
- Oui.
- Mais tu te prends pour qui à vouloir dicter ma vie comme si j'étais taré ? Je n'irai pas voir de psy et je veux plus parler avec toi.
- C'est pour toi que je dis ça. Tu ne t'en rends pas compte, mais tu ne me parlais déjà plus tant que ça. Tu ne te souviens pas comment tu t'es renfermé sur toi-même l'année passée ? et que tu as arrêté de voir quiconque voulait t'aider ?
- Oh c'est bon, lâche-moi.
Je pars sans un regard en arrière. Il n’a peut-être pas tort sur le fait que ma situation actuelle me remémore des souvenirs du passé, mais ce n'est une excuse pour privilégier ses ennemis à ses amis. Je rentre chez moi fatigué et démotivé. Cette journée qui devait bien se passer et être marrante, n'a été que fiasco et chao. Je me retrouve seul et déprimé. C'est du déjà vu, je survivrai. On toque à ma porte et je mets une bonne dizaine de minutes avant d'aller ouvrir. Qui ose me déranger ? J'ouvre la porte et découvre Amelia sur mon pallier.
- Salut. Elle me dit avec un petit sourire timide.
- Salut.
- Je passais seulement pour savoir si tu allais bien.
- Pourquoi j'irais mal ? Je dis en me retournant énervé.
La rumeur s'est répandue.
- Je ne sais pas, peut-être que tu vis beaucoup de choses en ce moment, et que tu as du mal à le supporter.
Elle sursaute de peur quand je me mets à hurler à travers la maison.
- NON, C'EST SÛR QUE JE ME SENS TRES BIEN APRES M'ÊTRE FAIT TRAHIR PAS MON MEILLEUR AMI ! Je crie en prenant une assiette posée sur la table et en l'explosant contre le sol.
- Léo...
- ET M'ÊTRE FAIT EXCLURE DE MON LYCEE ! Je dis en cassant un vase cette fois.
Je me retourne et la vois tout apeurée sans bouger sur le pas de la porte. Je me rapproche d'elle pour essayer de la rassurer. Je fais que de la merde, putain.
- Amelia. Je dis en la voyant trembler.
Je la prends dans mes bras délicatement et commence à sentir ses larmes sur mon épaule. Je me mets également à pleurer sans pouvoir m'en empêcher.
- Je suis désolé. Pardonne-moi s'il te plait. Ne pars pas comme tous les autres, reste avec moi. Je suis désolé.
Je ne retiens plus rien, je pleure dans ses bras et crache toute ma culpabilité.
- Ce n’est pas grave, Léo.
- Au moins, toi, tu me comprends, tu me soutiens, je t'adore. Pars pas, s'il te plait.
- Je ne vais pas partir.
- Promet-moi que tu ne partiras jamais, que tu vas rester qu'avec moi.
- Léo...
- Promet-moi que tu ne vas pas partir. Je t'aime tellement, il ne faut pas que tu partes. Je répète en boucle au milieu de mes larmes.
- Léo... Je ne peux pas faire ça.
- PROMET-MOI !
- Aaargh. Elle crie de peur en essayant de s'éloigner.
Je ne peux pas la laisser partir, c'est la seule personne qu'il me reste. Elle n'a pas le droit de me laisser. Je dois me battre. Me battre pour elle.
- Amelia. Tu sens bon.
Je l'attrape et me colle à elle. Je respire son odeur dans cou et y dépose quelques baisers. Je me rapproche encore plus d'elle, de son corps, j'en ai besoin. Je veux la sentir près de moi.
- Léo.
Je ne respire presque plus, je pose mes mains partout sur elle. J'en ai besoin.
- Promet-moi. S'il te plait.
- Léo, arrête s'il te plait.
Je ne peux pas m'arrêter, j'en ai trop besoin. J'en ai trop envie.
- Embrasse-moi. Je lui demande en collant mes lèvres dans sa nuque.
J'essaie de l'embrasser mais elle m'évite.
- Tu n'en as pas envie ?
Elle ne répond rien.
- Embrasse-moi.
- Léo, tu n'es pas bien, ce n'est pas une bonne idée.
- Je me fou des bonnes idées, j'en ai envie.
- Mais pas moi !
- Ne te mens pas à toi-même, chérie.
- Léo, lâche-moi.
Je lui attrape le poignet et l'emmène dans ma chambre. Je me sens trembler tellement j'adore cette sensation. Je la plaque contre le lit et l'embrasse partout. Je veux sentir sa peau contre moi, sa chaleur.
- Léo, stop. Tu vas trop loin.
- J'adore quand tu dis mon nom.
Je la sens pleurer et trembler contre moi. Je me colle à elle pour la rassurer, je sais qu'elle en a envie. Je la sens se débattre sous mon corps, mais plus rien ne peut m'arrêter. Je me déshabille entièrement et jette mes vêtements au sol. J'essaie de faire pareil avec les siens mais elle gigote trop.
- Arrête de bouger.
Tout d'un coup, elle se met à crier.
- AU SECOURS ! A L'AIDE ! AIDEZ-MOI ! JE VOUS EN SUPPLIE.
- Pourquoi tu es venue me voir si ce n'est pas pour ça.
- Je voulais savoir si tu avais vraiment été exclu, mais j'ai ma réponse. C'est bon, tu peux me laisser tranquille.
- Non, tu as promis que tu ne me laisserais pas tout seul.
- Je n'ai rien promis du tout, Léo ! Ressaisis-toi, je te connais et tu n'es pas méchant. Tu es juste en colère, mais s'il te plait, ne t'en prends pas à moi.
Je ne peux plus m'arrêter. Je n'entends pas ce qu'elle me dit. Je le fais, c'est tout. Comment la colère peut-elle tellement m'envahir au point de prendre de force la seule personne qui m'aimais réellement. Elle ne voulait pas, je le sais. Mais moi, j'en avais besoin. Je me sens soulagé et détendu. Je sais que j'avais promis de ne pas recommencer, mais c'était plus fort que moi, je n'ai pas pu m'en empêcher. Je suis désolé. Pardonne-moi. S'il te plait.