Encore ce rêve... Une guerre. La troisième grande guerre, il me semble. Un homme masqué affronte le Quatrième Hokage dans un combat d'une violence inouïe.
Pourquoi est-ce que je fais encore ce rêve ?
Je fixe mes mains, absente, perdue dans mes pensées.
- Iris !
Je soupire en entendant ma mère m'appeler.
- J'arrive...
Je descends jusqu'au salon, où elle m'accueille avec un sourire en posant mon petit-déjeuner sur la table basse.
- Mange, tu vas être en retard.
- Merci...
Une fois prête, je traverse le village en direction du point de rendez-vous avec mes coéquipiers. Mais soudain, une douleur fulgurante me transperce le crâne. Je gémis, portant une main tremblante à ma tête. Ma vision se trouble, mes jambes flanchent... et tout devient noir.
Je ne sais combien de temps s'est écoulé lorsque je reprends enfin conscience. L'endroit m'est totalement inconnu.
- Tu es enfin réveillée.
Je sursaute, tournant vivement la tête vers la voix. Un frisson glacé me parcourt l'échine. C'est lui... L'homme de mon rêve.
- Qui es-tu ?
- Je me nomme Obito. Et tu es ici parce que j'ai besoin de toi.
- Quoi ? Pourquoi ?
- Tes précieux yeux me seront utiles, petite Hyûga.
Sur ces mots, il quitte la pièce, me laissant seule dans l'obscurité, glacée par la peur. Mais pas question de rester là à attendre qu'il me vole mes yeux. Je me redresse, déterminée à fuir. J'essaie d'activer mon Byakugan, mais la douleur revient aussitôt, me forçant à y renoncer.
En alerte, je m'engage dans un long couloir aux murs identiques. Mais je n'ai pas le temps d'aller bien loin.
- Que fait une pauvre créature sans défense ici ?
Je pousse un cri étouffé quand un homme aux longs cheveux noirs me saisit violemment par la gorge, me plaquant contre le mur.
- Réponds !
Je me débats, en vain. L'air me manque. Les mots ne veulent pas sortir.
- Madara, lâche-la.
L'homme grogne, puis me jette au sol sans ménagement.
- Qu'est-ce qu'une inconnue fait en liberté dans notre repaire ?
- Elle nous sera utile. Crois-moi.
Je me redresse péniblement, la gorge en feu. Obito me lance un regard froid.
- J'aurais dû te dire de rester dans la chambre...
Je tente de masquer ma panique, mais mon cœur bat à tout rompre.
- Tu aurais surtout dû l'enfermer, rétorque sèchement Madara.
Obito lève les yeux au ciel, puis m'attrape brusquement par le poignet pour m'obliger à le suivre. Après plusieurs bifurcations dans les couloirs sombres, nous revenons dans la première pièce.
- Tu passeras la nuit ici. Pour ta sécurité, je vais verrouiller la porte. Je te déconseille fortement de tenter quoi que ce soit.
Obito me pousse doucement mais fermement à l'intérieur. La porte se referme derrière moi dans un claquement sec, et je reste là, figée, un frisson courant le long de ma colonne. Mon cœur bat fort. Je ne sais plus s'il s'agit de peur... ou de lui.
Puis, un mouvement dans la pièce attire mon attention. Je sursaute.
- Tu... tu restes là ?
Il me regarde, impassible.
- Tu crois vraiment que je vais te laisser t'enfuir ? Non. Je dors ici aussi.
Il va s'asseoir sur l'un des deux lits, au fond de la pièce. Ses gestes sont calmes, mais je sens la tension dans son corps. Comme une corde sur le point de céder.
- Je...
- Ce n'est pas une proposition. coupe-t-il sans lever les yeux vers moi.
Je ravale mes mots et me dirige à contrecœur vers l'autre lit. Je m'allonge, lui tournant le dos, les draps froids contre ma peau. Mon cœur est un chaos silencieux. J'essaie de calmer ma respiration, mais je sens ses yeux sur moi, même sans le voir.
Le silence est lourd. L'appréhension me serre la gorge. Je ferme les yeux. Mais le sommeil ne vient pas.
- Tu trembles.
Sa voix, douce cette fois, fend la nuit comme un murmure coupable.
Je ne réponds pas.
Un long moment passe. Puis, je sens un léger déplacement d'air. Il s'approche. Il s'accroupit près de mon lit.
- Iris... Il murmure mon nom comme s'il n'était pas sûr d'en avoir le droit.
Je rouvre les yeux, lentement. Nos regards se croisent, enfin. Et ce que je vois dans le sien me bouleverse : ni colère, ni contrôle. Juste... une fatigue profonde. Une tristesse presque honteuse.
- Je ne te veux pas du mal. souffle-t-il. Je te retiens... parce que j'ai besoin de toi et je ne sais pas faire autrement.
- J'avais compris...mes yeux, je chuchote incertaine.
Il semble hésiter, puis approche lentement une main, qu'il pose avec précaution sur le bord du lit.
- Oui, mais tu es en sécurité je te le promet.
Le silence reprend ses droits, mais il a changé de forme. Moins oppressant. Presque apaisant.
- Tu peux rester là... si tu veux. soufflai-je.
Il s'immobilise, surpris. Puis il s'installe, assis près de moi, sans mot dire. Nos épaules se frôlent à peine. Il ne bouge pas, comme s'il avait peur que le moindre geste ne brise ce fragile équilibre.
Et pour la première fois depuis longtemps... elle finit par m'endormir.
- Hé ! Réveille-toi !
Une main secoue rapidement mon épaule.
Je grogne en entrouvrant les yeux, encore engourdie par le sommeil.
- Quoi... ?
- On part s'entraîner.
- Pourquoi ?
Il me fixe, implacable.
- Je dois m'assurer que tes yeux sont assez puissants pour la guerre.
Mon sang se glace.
- La guerre... ?
Il ne répond pas. Il se contente de me dévisager un instant, puis quitte la pièce, sûr que je le suivrai.
Le soleil commençait à décliner, teintant le ciel d'or et de rouge. Sur le terrain d'entraînement à l'écart du repaire, mon souffle se mêlait au vent, court, saccadé, le front perlé de sueur.
- Encore. ordonna Obito, bras croisés, le sharingan activé.
- Tu veux m'achever ? râlais-je, tentant de retrouver mon équilibre.
Il ne répondit pas. Juste un regard. Intense. Implacable. Mais pas cruel.
Je serrais les dents et fonça. Les kunai sifflèrent entre nous, leurs mouvements presque chorégraphiés. Obito paraît facilement, mais cette fois, il se laisse volontairement déséquilibré. J'en profite, je bondis, effectue une rotation rapide, mais il anticipa, m'attrape au vol.
Nous roulions dans la poussière, mon dos heurta le sol avec douceur, mais ce fut lui qui se retrouva au-dessus, mains plaquées de part et d'autre de ma tête, visages bien trop proches.
Ont restèrent figés. Nos respirations se mêlaient, rapides, brûlantes. Ses cheveux effleurant ma joue. Son poids sur elle n'était plus une contrainte... mais une promesse silencieuse.
- Tu t'améliores. murmura-t-il, le souffle court.
- Tu me motives. répondis-je en un souffle, le regard rivé au sien.
Un éclair traversa ses pupilles. Ce regard-là... Je ne le connaissais que trop bien. Il s'éloigna d'un geste vif, se redressa, dos tourné, mains tremblantes.
- C'est fini pour aujourd'hui.
Je reste au sol quelques secondes, mon cœur battant contre ma cage thoracique comme s'il voulait s'en libérer. Puis je me relève lentement, m'approchant de lui.
- Obito...
Il ne bougea pas.
-Demain. Même heure.
Cela fait maintenant plusieurs semaines que je suis coincée ici. Et contre toute attente... ils me traitent bien. Enfin, à condition d'oublier Madara, que je croise rarement et c'est bien mieux ainsi. Une étrange routine s'est installée entre Obito et moi. Des entraînements quotidiens, intenses. Des silences. Des regards. Des non-dits.
Aujourd'hui encore, je suis à bout de souffle, agenouillée au sol, les paumes appuyées sur la terre froide.
- Je... suis contente...Ma voix est faible, coupée par mon souffle haletant.
- Pourquoi ?Il se tient face à moi, les bras croisés, presque parfaitement calme malgré l'intensité de l'entraînement.
- Je n'ai jamais autant progressé que depuis que je suis ici...Il pousse un soupir agacé.
- Pourquoi est-ce que t'as l'air de vivre ta meilleure vie, hein ? Je t'ai kidnappée.
Je baisse les yeux. C'est vrai. Il a raison.
- ...
Je ne sais pas quoi répondre.Mais sa voix se brise un peu lorsqu'il reprend.
- Toi... Tu n'as pas le droit de me faire ressentir ça. J'ai pas le droit d'oublier Rin...
Soudain, il m'agrippe les épaules, son regard embrasé par une émotion confuse, entre douleur, colère et désir.
- Je...
Mais je n'ai pas le temps de finir. Il m'interrompt en posant brusquement ses lèvres sur les miennes. Mes yeux s'écarquillent, mon cœur s'arrête un instant. Il se recule à peine, son regard s'est adouci.
- Combats à mes côtés.
Un silence s'installe. Je le fixe, le souffle court, perdue entre mille pensées. Il se détourne, prêt à partir. Mais, dans un élan irrépressible, j'attrape doucement son visage et l'embrasse à mon tour. Cette fois, sans surprise. Sans crainte.
- Oui... Je le ferai.