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12. Immersion

〔 Le cours de l’Étherium est fixé par l’Empire. L’Empire est le garant de l’Étherium - voir sanctions à l’article 12, alinea 7 ▿ Gloire à l'Empire 〕

ᴇxᴛʀᴀɪᴛ ᴅᴜ ᴄᴏᴅᴇ ɪᴍᴘᴇ́ʀɪᴀʟ – ᴇ́ᴅɪᴛɪᴏɴ ᴠɪ

┈ ⋞ 〈 ⏣ 〉 ⋟ ┈

On disait que la vengeance était un plat qui se mangeait froid. Que patience était mère de sûreté, que tout venait à point à qui savait attendre.

Et pourtant Eden, les yeux rivés sur le plafond de sa chambre, ne rêvait que d’une vengeance brûlante et destructrice. Quelque chose d'immédiat, qui manquait sans doute cruellement de tempérance, mais qui aurait au moins le mérite de soulager son esprit échauffé par la haine.

Leto. 

La liste des personnes dont il souhaitait se venger venait de gagner une nouvelle entrée.

Ce leader auto-proclamé, cette « Alliance » étaient la cause du désordre venu ébranler la paix Impériale. Aussi mystique et étrange soit son apparence, ce Leto n’était qu’un rebelle parmi les autres, un idiot imbu de lui-même et avide de pouvoir.

Ils ne comprenaient rien.

Si l’Empire (Éternelle soit sa gloire !) mettait en sécurité L'Étherium, c'était justement pour éviter qu’eux en fassent mauvais usage.

Financer une guerre, par exemple. 

Frères de sang...

Comment pouvait-on être si ridicule ? Ne manquait que l’auréole et la toge à ce chef de pacotille pour avoir le parfait kit du petit messie.

Eden pouffa. Allongé depuis une bonne heure dans la chambre qu’on lui avait attribuée, il fixait le plafond dans le noir, tentant de remettre de l’ordre dans les vingt-quatre dernières heures.

Certes, pour l’instant,ses nouveaux colocataires avaient été plutôt corrects avec lui - excepté les terreurs ambulantes qu’étaient Zayla et Hécate. Astrande était balourd mais sympathique, Solis un peu rasoir, mais prévenant. 

Mais jamais ils ne seraient frères de sang. 

Il ne céderait pas face à ces idiots. Il était bien plus malin.

— Eden ? Tu dors ?! S’exclama une voix surexcitée de l’autre côté de la porte.

L’ex-impérial eut une grimace.

Ne pouvait-on donc pas haïr en paix dans ce vaisseau ?

Dressé sur un coude, il leva les yeux au ciel en voyant la porte coulisser de côté ; un rai de lumière jaunâtre vint balayer son nouveau lieu de vie (une chambre au confort spartiate, équipée d'un petit bureau et d'une couchette), avant qu'une tête couronnée de cheveux blonds clairs ne fasse son apparition.

Astrande. Qui d’autre que ce blondinet pour venir - encore une fois - l’interrompre dans son activité favorite ? 

— On va sortir avec les autres, ça te dit de te joindre à nous ? 

Dans l’encadrement de la porte, le jeune homme au corps trapu avait troqué son débardeur gris pour un vêtement plus chaud ainsi qu’une jolie veste de cuir rouge qui jurait merveilleusement avec son teint pâle.

Une sortie ? Ils allaient vraiment faire la fête là ? A vingt-quatre heures de commettre un nouveau massacre ?!

L’expression d’Eden devait être assez parlante puisqu'Astrande baissa les yeux, laissant échapper un sourire gêné : 

— T’es vraiment pas obligé, j’ai juste pensé que ça serait sympa. Je te promets que Zayla et Hécate sont super cool en vrai... et qu’on pourrait tous passer un bon moment...

Basculant sur le côté du lit, Eden se frotta rapidement les yeux.

Le plan. Le plan. 

Cette sortie, si désagréable serait-elle, aurait pour mérite de lui faire découvrir un autre pan de la vie des rebelles.

Il tenta de sourire sans trop y croire, ramenant distraitement une mèche derrière son oreille :

— Je... Okay.

Astrande retrouva immédiatement son énergie :

— Génial ! Je vais te montrer plein de trucs ! Oh ! Bouge pas, je vais te filer un pull aussi - j’veux pas qu’on te retrouve congelé sur le pas de la porte !

Et quelques minutes plus tard, Eden était embarqué par un Astrande à l’air beaucoup trop heureux, emmitouflé dans un pull polaire d’un bleu si vif qu’il semblait fait pour rappeler à tous la teinte étrange de ses yeux. Le blondinet avait bien entendu passé son bras autour de ses épaules, reprenant son bla-bla caractéristique alors qu'ils bifurquaient sur l’un des grands axes de la station. 

Tout comme plus tôt dans la matinée, l’ex-impérial fut frappé par l’activité qui y régnait. Malgré l’heure tardive, de nombreuses personnes se pressaient dans les coursives du vaisseaux, parfois seuls, parfois en petits groupes.

— Vous aviez des bars là-bas ? Enfin sur ta... ‘fin ta station quoi... Demanda Astrande, soucieux de le faire participer à son monologue.

— Plus des cantinas, mais oui.

— Ooooh ! Et vous faisiez des soirées ?!

Eden retint une légère grimace, se contentant de hocher la tête pour répondre.

Oui, ils faisaient des soirées. En fin de journée, après avoir expédié leur cargaison d’Étherium, cela arrivait plus que souvent. C'était même dans le cadre de l'un de ces événements qu'il avait rencontré Brad.

Mais tout cela appartenait au passé.

— Tu vas voir, c’est pas le meilleur bar du Léviathan, mais la barmaid est très cool !

Et au moment où Astrande achevait son petit discours, l’artère qu'ils avaient suivi jusqu'ici déboucha sur un espace bien plus vaste, baigné de lumière artificielle. Les lampes à la lueur douce et tamisée avaient laissé place à de gros écrans holographiques aux teintes fluorescentes qui habillaient les façades des baraques se tenant de part et d'autre de la passerelle suspendue qu’ils venaient d’emprunter.

Eden ouvrit la bouche, incrédule.

Il n’avait jamais rien vu de tel. Un mélange de couleurs, de voix, de musiques. Tout était si grand, si vivant. Tout était... trop.

Sans lâcher son bras, Astrande le guida plus en amont sur le pont, dépassant un petit groupe de rebelles qui sortaient d’un bar, le pas vacillant.

— Bienvenue sur le sixième pont ! Il lança joyeusement. Je parie que tu t’attendais pas à ça !

Eden hocha la tête, ses yeux reflétant les lueurs bigarrées de gros ballons lumineux flottant au-dessus de la cohue. Un peu plus loin, une fumée aux arômes sucrés le prit à la gorge, lui arrachant une toux légère qui fit sourire son guide.

Entre les étals, Kygh et autres boissons coulaient à flot, les discussions et les rires se mêlant à la musique, forte, qui provenait de certaines des baraques. 

— C’est plus haut ! Cria Astrande pour couvrir le vacarme d’une grosse enceinte.

Puis tenant solidement Eden, il bifurqua entre deux tentes des plus animées, le guidant plus en profondeur entre les bars. Quelques pas et ils pénétraient dans l’un d’eux, plus intimiste que les buvettes donnant directement sur la passerelle.

Exit les hologrammes frénétiques ; ici, la lumière se faisait plus douce, filtrée par de larges panneaux de plexiglasse la faisant osciller entre le bleu et le violet. l'atmosphère aussi s’était faite plus douce, moins cacophonique, les notes d’un piano électronique se mêlant au murmure de conversations au ton sérieux.

Central, un grand comptoir de métal noirci surmonté par de larges bonbonnes de boisson colorées occupait tout le centre du bar, projetant la lueur cyan d’un  néon sur le visage des clients qui s’y étaient installés. Au-dessus de leurs têtes, une myriade d'affiches porteuses de slogans politiques et d'illustrations à la gloire de l’Alliance avait été accrochées à l’aide de gros clous, sur lesquelles on pouvait lire :

« Marakme : Cessez-le-feu ! »

« Étherium gratuit et libres pour tous-tes. »

« Ils ont bâti un empire. On construira un monde ! »

— Hey Ast’ ! Ça fait un bail ! S’exclama une voix enjouée depuis l’autre côté du comptoir. Comment va mon agent de liaison préféré ?!

C’était la barmaid, une petite rousse aux cheveux frisés, qui venait d’apparaître entre deux grosses pintes de Kygh bien remplies. Astrande éclata de rire : 

— Élise ! 

Avec une démarche un peu étrange - et sans lâcher Eden - le blondinet trottina jusqu'au bar.

— Waouh quelle forme ! Rit la barmaid devant son air de golden retriever enthousiaste. Les autres sont à côté si tu les cherches. Et lui c'est... ?

— Eden ! S’exclama Astrande en désignant l’ex-impérial du bout du menton. C’est Satek qui me l’a confié ! Je suis son responsable, tu vois !

La barmaid eut une petite moue entendue, laissant glisser deux pintes de Kygh particulièrement fumantes sur le bar :

— Mmmh... Et je suppose que tu te fais un plaisir de le surveiller de très près. Si jamais il te saoule, dis le moi, et je lui mettrais un bon coup de pied là où il faut.

Et elle adressa un petit clin d'œil à Eden, avant de perdre immédiatement son sourire en remarquant la couleur Étherium de ses yeux.

— Je serais sage promis ! Viens Eden ! Enchaîna Astrande sans faire attention au léger malaise qui venait de tomber.

Les deux pintes à la main, il entraîna à nouveau son invité dans une autre direction. Sans trop réfléchir, Eden lui emboîta le pas (le regard d’Élise la barmaid était tout sauf rassurant).

Après une volée de marches, ils débouchèrent dans une petite salle à l’ambiance plus intimiste, aux murs couverts de néons à la lueur plus tamisée. Les tables avaient été poussées contre le mur, laissant place à une banquette occupée par Hécate et Solis. Zayla, pour sa part, était à moitié avachie sur un fauteuil. Un couteau papillon à la main, elle s’amusait avec la lame, le regard dans le vide.

— Et nous voilà ! Sourit Astrande en s'avançant pour poser les bières sur la table. Désolé, je cherchais un pull pour Eden...

— C'est vrai faudrait pas que l'impérial attrape froid. Ricanna Zayla.

— Tu fais friperie maintenant en plus de nounou ? Renchérit Hécate.

Astrande eut un sourire gêné, alors que Solis volait à sa rescousse :

—Les filles, laissez-le respirer. Il soupira, tapotant la banquette pour inviter Eden à s'y installer.

— Faut l’aider à respirer en plus ? Purée c’est vraiment fragile ces petites bêtes là. Rétorqua Zayla sans lever les yeux de son couteau. La lame claqua, sèchement, ponctuant sa phrase.

Bon, l’ambiance était posée

Eden s'assit à l’endroit qu’on lui avait désigné, crispé. Il ne toucha pas à la chope que l’on fit glisser devant lui, pas plus qu'au plateau de malengas posé au centre de la table.

Astrande, comme il semblait en avoir l’habitude, ne se laissa pas abattre par l'ambiance morose. Il s’installa à côté de lui, engloutissant une première gorgée de Kygh avant de se relancer dans un discours animé :

—Eh ! Je vous ai pas dit ! La salle d'entraînement du cinquième est de nouveau en état ! Y’avait des fuites là-bas à cause du réacteur du vaisseau c’était pas terrible. Mais on m’a dit qu'on pourrait revenir dès qu’ils auraient fait les tests...

Et plus il parlait, plus le Kygh descendait. Face à lui, Solis écoutait avec un léger sourire, jouant avec son verre du bout des doigts. Hécate et Zayla s'étaient lancées dans un jeu qui consistait à empiler une série de jetons de métal coloré.

Interdit, Eden croisa les bras, essayant de collecter le maximum d'informations.

Une salle d’entraînement. Un réacteur. Des fuites.

La ville-vaisseau qu'était le Léviathan n'était pas en bon état peut-être.

Astrande dériva un instant sur ses scores à la boxe (la sienne étant vide, il avait subtilisé la pinte d’Eden), avant de revenir sur un classement des meilleures salles d’entraînement du vaisseau. Il monologuait avec tant de talent que plus personne ne lui adressait le moindre mot : la conversation repartait toute seule.

Solis eut un petit sourire d’excuse à l’attention d’Eden, jouant machinalement avec l’anneau doré qui perçait sa lèvre :

— Ça, c’est du Astrande tout craché. Si tu comptais boire, fallait planquer ton verre.

Il posa sa propre pinte vide avec un soupir, son regard sombre glissant tour à tour sur Hécate, Zayla puis à nouveau sur Astrande qui riait bêtement à l’une de ses propres blagues :

— Désolé. On est pas très bon pour les accueils. Il soupira. L’Empire... ça laisse des traces.

Gloire à-

Les mots avaient franchi les lèvres d’Eden avant qu'il ne puisse réagir. Mais contrairement à Hécate ou Satek, Solis eut simplement une petite moue amusée.

— Ça c’est le premier tic dont tu vas devoir te débarrasser si tu restes avec nous. Tu sais... J’ai commencé comme ça moi aussi. On a tous commencé comme ça. L’Empire. Gloire à l’Empire. Encore et toujours.

Eden fronça les sourcils. Solis n'avait pas l’apparence d’un impérial. Contrairement à Satek, il ne possédait ni regard Étherium, ni posture rigide marquée par le conditionnement.

Le jeune homme à la peau sombre eut un rictus, presque moqueur :

— Oui je sais. J’ai pas le look d’un pion de l'empire.

— Je...

— Même si tu veux jouer aux durs, tu as un visage très expressif. T’es en panique Eden. Ça se sent.

L’ex-impérial baissa les yeux. Il réalisa que ses mains tremblaient - pas beaucoup. Mais juste assez pour que ça le dégoûte. Le plan, l’envie de réintégrer L'Empire (Gloire à l’Empire !)... Malgré lui, tout cela vacillait peu à peu. De soif de vengeance au nom de ses camarades perdus, voilà qu'il en venait à une entreprise plus personnelle.

— On est tous toujours un peu en panique ici. Le rassura Solis en surprenant son regard un peu perdu.

Il marqua un léger silence, continuant de jouer avec son piercing.

— Tu vas t’habituer. On s'habitue tous.

— S’habituer à quoi ?

— À la vérité.

Eden eut un mauvais sourire.

La vérité... Il répéta. Votre vérité.

Solis étouffa un petit rire en captant son expression dégoûtée.

— J’ai rien à gagner à être ici tu sais. Je suis l'un des rares à avoir rejoint l’Alliance parce que j’avais le choix de le faire. Satek ne m’a rien offert. J’ai du respect pour Leto, mais il n’est pas un messie à mes yeux.

— Pourquoi alors ?

— Parce que j’ai fait ce qui me semblait juste. Ma copine a été blessée alors qu’elle bossait à Korolev. Main broyée par les génératrices d’oxygène.

Solis se redressa, puis baissa légèrement la voix, jetant un léger regard à Astrande qui s'était joint au jeu de Zayla et Hécate, les mouvements rendus patauds par l'alcool.

— Elle n’était pas gradée ingénieure, juste technicienne. Mais elle bossait dur. Quand on a demandé une compensation pour la blessure... On nous a d’abord envoyé la facture de l’Étherium dépensé pour soigner sa main. Trois-cent-mille crédits. L’équivalent d'une vie à se tuer pour l’Empire.

— L’Étherium coûte cher...

— Quand il est vendu par l’Empire. Objecta Solis en levant un sourcil.

Eden serra légèrement la mâchoire. Sur Callisto, accéder à l’Étherium n’avait jamais été un souci. Il en avait même toute une plaquette dans sa salle de bain - peu dosée certes, mais assez pour faire passer les petits bobos du quotidien. Quand il s'était cassé le poignet lors de ses études, il avait même eu le droit à toute une injection.

— Les gradés de l'Empire ont plus de privilèges que les autres. Continua Solis comme s'il suivait son cheminement de pensée. Pour le commun des mortels, la moindre blessure équivaut à une dette colossale. Tu sais, l’Alliance ne m’a rien promis de grandiose. Juste un peu de dignité.

Solis soupira, s'éclaircissant la gorge avant de reprendre :

— Voilà comment je suis arrivé là. Je ne hais pas l’Empire. Je hais ses méthodes. Ce qu'il fait aux citoyens des colonies.

— Je ne suis pas l’Empire - Éternelle soit sa gloire. Lâcha Eden.

Il n’avait pas envie d’argumenter. De toute manière, son regard Étherium le rendait coupable aux yeux de tous ici.

— Hey. Je t’accuse pas, l'impérial. Je te demande juste de descendre de ta tour d’ivoire pour voir la vérité en face. Pour tous ceux qui vivent ici, l’Empire est synonyme de mort et de destruction. Ça sort pas de nulle part. Satek a dû t'en parler, mais c’est pas en jouant trop près du feu qu’Ast’ a la moitié du visage cramé.

Un instant, Eden porta ses yeux bleu vif sur le visage du blondinet, un peu rouge sous les néons - et sous l’effet de l'alcool. Il lui parut soudain plus laid. Plus réel. 

Surprenant son regard, Astrande releva soudain la tête, renversant la pile de jetons qui venait d'atteindre une hauteur intéressante. La bouche grande ouverte, il eut un léger sourire un peu niais :

— Vous parlez de moi ? Eden parle de moi ?

Zayla éclata de rire en lui envoyant un jeton sur le front :

— Non crétin. Si un jour ton précieux impérial parle de toi, ce sera pour expliquer comment il compte te faire la peau dans ton sommeil.

— Naaaan il ferait jamais ça ! Hoqueta Astrande, le regard un peu flou. C'est un gentil impérial...

Cette fois, ce fut au tour d’Hécate d'intervenir. Avec une douceur surprenante pour sa carrure, elle prit fermement Astrande par les épaules :

— Ça suffit Ast'. T’es fin bourré là. Un vrai gosse, je te jure.

Zayla ricanna, mais ne fit cette fois pas de commentaire ; ses yeux pétillants de malice parlaient pour elle.

— Edennnnn ? Tu parlais de moi ? Hoqueta Astrande. Moi j’veux bien parler de toi tu sais. Déjà, de une (il leva un doigt, puis deux, puis un) t’es super beau gosse ! Ensuite t'es-

— Hep-hep-hep. Du calme. Putain, Elise a mis quoi dans son verre ?

— Il a bu celui d’Eden. Soupira Solis. Et c'était pas juste du Kygh. À la couleur ça devait être un peu plus tassé.

— Tassé mon cul. Grogna Hécate. Bon, Astrande, tu vas rentrer, okay ?

— Et Edennn ?

— Eh, l’impérial, tu rentres ? Ou tu restes un peu ?

Eden leva la tête, surpris que la rebelle s’adresse directement à lui. Il n’avait pas particulièrement envie de rester dans ce bar où le personnel lui semblait franchement hostile. Pas plus que de servir d’escorte à un Astrande totalement cuit.

Mais pour le plan, mieux valait continuer d’explorer le vaisseau. Et dans l’état où il était, Astrande ne serait pas en mesure de le surveiller de près.

— Je... ouais. Je peux rentrer oui.

— Par-fait ! Alors Solis et toi allez raccompagner cette poche jusqu'à son lit. Qu'il dorme.

Avec un profond soupir, Solis se leva, passant un bras sous l'épaule d’un Astrande à moitié groggy. Fort heureusement, malgré sa musculature impressionnante, le blondinet n'était pas très grand ; il l’aida à se redresser, arrangeant sa veste et son pull d’un geste affectueux.

— Eden. Coup de main ?

L’ex-impérial hocha la tête, glissant un bras sous son autre épaule. Astrande retrouva son sourire niais, tanguant dangereusement tandis qu'ils l’escortaient vers la sortie.

Une fois sur la passerelle du sixième pont, il devint clair qu’il ne tenait absolument pas debout. Le pas hésitant, il trébuchait à chaque nouvelle marche, fredonnant pour lui même un vieux chant de propagande, la langue pâteuse :

— Gloire, gloire, gloire à l’Empiiiire ! Sous nos pas l’or ble-

— Tais-toi. Souffla Solis en l’empêchant de basculer sur le côté. On est bientôt arrivés tu vas pouvoir te coucher.

Eden pinça les lèvres. Au milieu du chaos des guerres entre Empire (Gloire à l’Emp... Bref) et Alliance, cette scène semblait d’une banalité déconcertante. Il l’avait déjà vécue, lui et Brad escortant l’un des nouveaux étoilés jusqu'à sa chambre au rythme d’un hymne impérial chanté avec plus ou moins de talent.

Les rebelles n'étaient peut-être pas si différents de lui.

Soutenant du mieux qu'il le pouvait leur fardeau alcoolisé, il suivit Solis jusqu'aux portes de contrôle franchies quelques heures plus tôt, puis dans le labyrinthe de corridors composant les quartiers des agents de liaison.

— Il dort où ? Il demanda.

— Juste ici, la porte qui bloque là. Attends...

Avec un geste ferme, Solis poussa la porte d’un coup d'épaule, tentant de maintenir Astrande qui semblait bien décidé à vouloir jouer avec les perles et bijoux qui ornaient ses dreadlocks. Mort de rire, il s’amusait à les compter, incapable d’aller au delà de dix sans se perdre dans ses calculs.

Le panneau de la cabine s’ouvrit avec un grincement, révélant un espace similaire à celui qui avait été attribué à Eden plus tôt dans la soirée. Un petit bureau, une couchette, une armoire. Minimaliste, la chambre avait cependant été aménagée pour accueillir un fauteuil usé couvert de vêtements, ainsi qu'une série de chaussures jetées en vrac dans une étagère.

Avec un geste posé, Solis alluma la guirlande lumineuse suspendue au plafond - un halo doux se diffusa dans la pièce, colorant de rouge, vert et jaune les murs tapissés de posters. Il repoussa ensuite le drap de laine de la couchette pour laisser Astrande s’y effondrer avec un petit gémissement misérable.

— Allez Ast’. Dors maintenant. Il soupira en se penchant pour retirer ses bottes.

Le blondinet geignit à nouveau, enfouissant son visage dans les coussins de sa tête de lit.

— Nnnngh...’nuit. Fut la seule chose qu’il parvint à articuler avant de s’endormir la bouche grande ouverte, encore habillé.

Solis eut un petit rire bas, glissant une main affectueuse dans les cheveux du blondinet qui n’eut pour réponse qu’un ronflement assez peu digne :

Bon. On va dire que normalement sa soirée est pliée.

— Ouais. On dirait bien. Murmura Eden avec un petit sourire timide.

— Normalement demain il se souviendra de rien. Ou juste assez pour avoir un peu honte. Rit Solis en fermant derrière eux. 

Eden sourit plus franchement. Il commençait à saisir la camaraderie qui régnait entre cette bande de rebelles éclectiques. Moins le projet qui se trouvait derrière en revanche.

— Je vais te laisser tranquille pour ce soir. Merci pour le coup de main.

Avec un petit hochement de tête, Eden se dirigea vers la cabine qu’on lui avait attribuée, adressant un petit signe de main à Solis qui disparaissait déjà dans la sienne, trois portes plus loin.

— Bonne nuit l'impérial !

Rien n'était moins sûr cependant.

La porte de Solis claqua, plongeant à nouveau le couloir dans le silence et l’obscurité. Eden, la main sur la poignée de sa propre chambre, prit une longue inspiration.

Personne ne le surveillait. 

Dans son babil incessant, Astrande avait dit que le quartier des agents de liaison se trouvait à proximité de la zone de commandement du Léviathan.

C'était maintenant ou jamais.


Est-ce que je n’ai pas passé la semaine à charbonner pour vous fournir un nouveau chapitre ? Peut-être ! En vrai j’étais assez motivé cette semaine à poursuivre cette histoire, j’ai même largement entamé le prochain chapitre alors je suis assez fier de moi (˶ᵔ ᵕ ᵔ˶)

Voici donc un chapitre un peu plus feel-good, un peu plus chill avant l’action qui arrive à grands pas - vous avez dû le sentir dans les dernières lignes.... Je suis assez content d’avoir un peu approfondi le lore, j’espère ne pas (trop) vous avoir tué !

Après... Astrande bourré... ᵟᵁᴱ ᴰᴱᴹᴬᴺᴰᴱᴿ ᴰᴱ ᴾᴸᵁˢ ?

Aussi petite note mais maintenant on peut mettre DES IMAGES dans les histoires ٩(ˊᗜˋ*)و J’illustre tous mes personnages alors je suis très content de vous présenter en fin de chapitre cette petite illustration d’Eden qui remonte un peu, parce que faite au mois de décembre du coup ! j’espère que ça vous plaira d’avoir un peu d’images dans tout ce merdier spatial ( ≧ᗜ≦)

Merci à tous de suivre cette histoire, n’hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce chapitre en commentaire 💬 ou avec un petit 🤍 !

Merci encore vous êtes géniaux ◝(ᵔᗜᵔ)◜

~ Myno.

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5 Comments

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C'est très sympa de voir un peu la cue dans le vaisseau ! On sent qu'Eden finira par flancher d'une manière ou d'une autre !
Par contre je n'avais pas imaginé Éden comme ça 😆
Tant pis, je conserve l'Eden de mes pensées 😜
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Comment ça ? Il était comment dans ton esprit 🤔
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Comment ça ? Il était comment dans ton esprit 🤔
Je sais pas pourquoi mais il avait les cheveux court et un visage un peu moins fin, va savoir pourquoi ! 😅
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Je sais pas pourquoi mais il avait les cheveux cou...
Oooh à la militaire un peu 🤔 mais non, Eden est une petite princesse aigrie ಠ⁠◡⁠ಠ
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Oooh à la militaire un peu 🤔 mais non, Eden est un...
C'est ça ! J'étais pas du tout sur le petite princesse ! Plutôt in militaire jeunot et un peu naïf
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