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Chapitre 1

Parce qu'un sourire peut cacher beaucoup de choses. Parce que l'on peut se tenir à côté d'une personne en pensant qu'elle va parfaitement bien, alors qu'elle est complètement détruite au fond d'elle. Parce qu'une image ou une façade peut berner tellement facilement quelqu'un. Parce qu'une personne qui ne veut rien montrer est capable du meilleur jeu, inégalable par les meilleurs acteurs. Parce que ce jour-là, je me suis trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Parce que c'était lui et non quelqu'un d'autre. Parce qu'il a réussi l'impossible. Parce qu'il a foutu toute ma vie en l'air.


À peine avais-je posé un pied en dehors de ma voiture, que j'entendis, malgré le bruit assourdissant d'un jour de rentrée, quelqu'un scander mon nom. Cette voix était, sans aucun doute, celle de mon meilleur ami Stan. Je balayai la foule du regard, le cherchant, hélas, je n'eus pas le temps de le repérer avant que celui-ci, ne m'assomme d'une claque dans le dos, sa façon à lui de me saluer. Son immense sourire placardé sur son visage fit s'envoler toute envie de vengeance face à sa manière brutale de me saluer.

Il n'était pas dupe, il savait que depuis notre enfance, il avait une place spéciale dans mon cœur et que je ne pouvais jamais lui en vouloir bien longtemps. 

Stan n'avait pas beaucoup changé physiquement au fil des années, ses cheveux châtains étaient toujours coiffés de la même façon, ses yeux ambrés scintillaient toujours avec la même malice, en fait, en dehors de sa taille, tout était semblable.

— Stan, puis-je en déduire face à toute cette joie de me revoir, après seulement quatre jours de séparation, que tu éprouves un amour fou envers ma personne ?
— Dan, évidemment, tu sais très bien qu'être séparé de toi est une véritable épreuve. De toi et de ton adorable caractère !

J'étais sur le point de lui répondre, faisant mine d'être outré par sa réplique, car après tout, j'étais un être extrêmement gentil et agréable dans la vie ! Cependant, une voix, bien plus féminine cette fois-ci, appelant nos noms et un poids s'agrippant à mon bras, me fit détourner l'attention de mon ami.

Tina, ma petite amie, venait de nous rejoindre. Cela faisait depuis quatre ans qu'elle et moi formions un couple. Je l'aimais beaucoup, enfin, tout du moins, je l'appréciais beaucoup. Elle était jolie avec ses longs cheveux bruns ondulant dans son dos, très intelligente, avec un très bon sens de l'humour, le temps que je passais en sa compagnie n'était jamais désagréable. Je n'étais pas éperdument amoureux d'elle, mais je l'aimais bien, et, chose importante, elle plaisait à mes parents. Ma mère nous voyait déjà mariés, avec tout un tas d'enfants à qui elle pourrait transmettre sa passion du cinéma et des chats. Elle n'attendait que ça.

Ma mère était actrice, tout du moins, l'avait été jadis. Elle avait arrêté sa carrière par choix, ayant maintenant, envie de faire autre chose et de découvrir une vie plus calme. Elle n'avait pas à rougir de son parcours, il était incroyable. 

Mon père n'était pas en reste non plus, il était directeur d'une des plus grandes agences de pub d'Europe, c'était d'ailleurs, lors d'un contrat avec ma mère qu'ils s'étaient rencontrés et s'étaient mis ensemble. 

Un beau jour, je suis arrivé, moi, Danny Davidson. J'étais très fier d'être le fils de mes parents, ma vie en avait été beaucoup facilitée et, pour tout dire, j'étais ce qu'il avait réussi de mieux, en toute modestie, évidemment ! Lorsque j'aurais terminé l'université, rien ne m'empêcherait de rejoindre l'entreprise familiale et d'un jour, d'en reprendre le flambeau.

— Hey, Danny-chou, regarde qui voilà !

Mon regard se dirigea vers la personne que Tina venait de m'indiquer. Grand, blond, les yeux verts, un sourire scotché à son visage, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, adorable avec tout le monde, enfin, à une exception près, la mienne. Ashton Levinson. Pourquoi est-ce que je devais le croiser dès la rentrée ?

Un très long soupir s'échappa de mes lèvres. Soyons honnêtes, je ne pouvais pas encadrer Levinson, lui et son sourire m'exaspéraient au plus haut point, et ce, depuis toujours.
Nos pères se côtoyaient beaucoup à cause de leur travail respectif et, comme ils souhaitaient tous les deux, le meilleur pour leurs progénitures, le chemin de Levinson et le mien se croisaient depuis nos trois ans. Mêmes écoles, mêmes fêtes et pire encore, parfois, les mêmes vacances ! Qu'importe l'endroit sur terre où j'aurais pu me trouver, Levinson s'y trouvait aussi. Nous étions condamnés à avoir la présence de l'autre dans nos vies.

J'avais un rêve dans la vie, celui que, lorsque mes études seraient terminées, que ma vie sera entièrement entre mes mains, je ferais en sorte de tout faire, pour ne jamais plus devoir voir sa tête. J'attendais ce moment en trépignant d'impatience.

Notre relation était aussi mauvaise, car, comme nous avions toujours fréquenté les mêmes établissements tout au long de notre vie, fait les mêmes études, et que nos modes de vie étaient très similaires, les gens autour de nous, nous avaient toujours comparés et mit en compétition, et ce, dès le départ. Aucun de nous deux, ayant apprécié de se faire mettre en constante comparaison à quelqu'un d'autre, cette rivalité créée de toutes pièces, avait fini par faire partie de nous et s'était transformé en une haine profonde et réciproque.
Mais cette histoire, c'était la notre, qu'importe comment on en était arrivé là, cela m'allait très bien à présent, j'adorais le détester. Cela mettait un peu de piquant dans mes journées.

— Salut, Levinson. Comment va le fiston à son papa, numéro un de la région ? Je vois qu'on a encore une nouvelle voiture.

Je ne pouvais pas m'en empêcher, dès que je le voyais, je me sentais obligé d'aller chercher l'altercation. Le faire sortir de ses gonds était mon passe-temps favori, si je devais me le coltiner, autant que cela m'amuse un peu. Malheureusement, qu'importe ce que je pouvais dire ou faire, il continuait d'afficher cet air arrogant et supérieur avec moi. Il me haïssait autant que moi, je le haïssais. Il avait beau le montrer d'une façon plus subtile, je n'avais aucun doute sur ce fait.

— Davidson, je vois que je t'ai manqué, à peine tu m'aperçois, que tu es déjà là, devant moi à me saluer. J'espère que tes vacances, sans ma délicieuse présence et sans pouvoir m'admirer, n'ont pas été trop longues.
— Tu n'imagines pas à quel point j'étais au paradis sans voir ta tête.

Il pouffa.

— Ça te va bien de dire ça. Je te signalerais que tu es le seul à avoir engagé la conversation. Et pendant qu'on y est, entre nous deux, je ne suis pas sûre d'être le fils à papa. Tes parents sont toujours les premiers à se mettre en quatre pour satisfaire des envies. Ils sont merveilleux.

Je n'avais pas loupé l'intonation qu'il avait mise dans les derniers mots, ma mâchoire se crispa sans que j'aie le moindre contrôle dessus. Mes parents étaient un sujet que je n'aimais pas aborder en profondeur.
Il était vrai que je n'avais jamais manqué de rien et qu'ils y avaient toujours veillé, mais l'adjectif merveilleux ne les qualifiait nullement. J'étais loin de les détester, ils n'étaient pas non plus de terrible monstre, toutefois, j'avais toujours nourri une certaine amertume à leur égard.

Durant mon enfance, ils n'avaient pas été présents comme des parents auraient dû l'être, et tous ces cadeaux, cet argent, c'était juste leur moyen de compenser ça et de se déculpabiliser, mais rien ne pourra remplacer, la tristesse que l'enfant que j'avais été avait ressentie. Même les évènements auxquels ils m'emmenaient, n'étaient là que pour qu'ils gagnent des points, leurs carrières avaient toujours été les plus importantes et mon existence avait toujours été reléguée au deuxième plan.

— Ferme-la, Levinson.
— Je te retourne gentiment cela.
— Tu sais quoi ?

J'étais pleinement conscient que j'étais en train de perdre mon sang froid, mais c'était Levinson qui se tenait devant moi, alors je n'avais aucun remords, qu'importe les mots qui allaient suivre.

— T'aurais jamais dû voir le jour. Tes parents sont tellement fiers de toi, qu'ils te pavanent partout, qu'importe l'endroit, tu n'as qu'à lever le petit doigt et ils sont à tes pieds. Je suis persuadé que tu serais même capable de faire la pute pour plaire aux attentes de ton paternel !

J'avais probablement été trop loin, je le réalisai au moment exact où j'avais prononcé les derniers mots. J'aimais le pousser à bout et effacer le sourire qu'il affichait tout le temps à tout le monde. Son regard s'assombrit en un instant, seule la colère se luisait à présent dans ses deux émeraudes, instinctivement, je savais qu'il allait frapper.

Entre nous, c'était surtout des insultes, des joutes verbales plus ou moins virulentes, c'était rare qu'on en vienne aux mains, ces dernières années tout du moins. Plus jeune, on s'était souvent battu, jusqu'à ce qu'un jour en seconde, la situation nous échappe. Cette journée avait créé un sacré chaos, et au vu du cinéma que cela avait causé, on avait fini par décider d'un commun accord, sans pour autant le formuler formellement, de ne plus réitérer l'expérience. Nous ne nous étions plus touchés depuis lors.

Jusqu'à aujourd'hui.

Lorsque son poing s'abattit contre la mâchoire, la puissance qu'il y avait mise me stupéfia. On aurait dit, qu'il avait mis tout son cœur dans ce coup. En fait, j'étais même persuadé qu'il n'aurait pas pu frapper plus fort. Cette réalisation m'en fit presque regretter mes mots.

J'essayais juste de le blesser, comme ce qu'il essayait de faire très souvent lui aussi, pourtant, cette fois-ci, quelque chose était inhabituel. Je le ressentais à travers son geste. Je n'aimais pas ça.

Pour la première fois en dix-neuf ans, je fus à deux doigts de regretter de l'avoir cherché, car durant l'espace d'une seconde, une seule, j'avais cru apercevoir, pour la toute première fois, de la tristesse dans ses yeux.

Il avait toujours été celui qui donnait le premier coup. Aujourd'hui n'avait pas été une exception, néanmoins, pour la première fois de ma vie, son coup m'avait projeté au sol avec une violence que je ne lui avais jamais connue et je ne parvins pas à réagir, son expression m'ayant tétanisé, littéralement.

Levinson partit sans un regard ni un mot de plus pour moi. Je n'avais jamais été confronté à ce genre de réaction de sa part et cela avait vidé mon esprit, je n'arrivais plus à penser.

Tina et Stan se penchèrent vers moi, cherchant à savoir si j'allais bien. Réussissant à sortir un peu de ma torpeur, je m'apprêtais à leur répondre, mais au moment où je voulus me relever, mes forces m'abandonnèrent et je perdis connaissance.

⟣⟡⟢

Je repris mes esprits à l'infirmerie de la fac. L'infirmière m'expliqua ce qui s'était passé et s'excusa, car elle avait dû renvoyer mes amis, Tina n'arrivant pas à s'arrêter de pleurer, malgré tout ce qu'elle avait pu lui dire pour la rassurer. Elle n'avait donc pas eu d'autre choix que de la mettre à la porte. Stan et elle avaient d'ailleurs eu beaucoup de mal à la sortir de la pièce.

Une fois toute ma tête bien récupérée, je repartis en direction de ma salle de cours. Toutefois, j'avais une envie pressante, je devais faire un arrêt. Je n'étais plus à quelques minutes près de toute manière.

Je n'aimais pas beaucoup utiliser les toilettes de l'université et j'aurais dû me tenir à cette position, je n'aurais même, jamais dû entrer dans ces cabinets. Vraiment pas.
Je ne m'étais pas attendu à le trouver lui. Lui et ses yeux beaucoup trop verts, assis contre le mur, les genoux remontés jusqu'à sa tête et ses bras entourant ses jambes, tout recroquevillés. Je ne l'avais jamais vu comme cela, ma Némésis semblait si vulnérable comme cela. Je ne savais plus quoi penser.

— Levinson ?

Jusqu'à maintenant, il n'avait pas dû remarquer ma présence dans la pièce, car je le vis sursauter et relever la tête rapidement à l'évocation de son prénom, l'air perdu et là, ce fut à mon tour de perdre mes moyens. Levinson avait pleuré, ses yeux étaient rougis. En presque vingt ans, je ne l'avais jamais vu pleurer.

Il se releva d'un bond, me regarda droit dans les yeux, essayant au maximum de se recomposer une expression neutre, dénuée d'émotions, et se dirigea d'un pas ferme, vers la porte derrière moi. Sans prononcer un seul mot.

J'aurais dû le laisser s'en aller, ne pas me poser de question, l'ignorer, mais ce ne fut pas ce que je fis. Pourquoi avais-je fait ça ? Je n'en savais rien. Je l'avais toujours détesté, alors pourquoi ne l'avais-je simplement pas laissé partir ? Pourquoi avais-je amorcé un mouvement ? Pourquoi l'avais-je retenu par le bras ?

Et je n'étais pas le seul à être surpris par mon geste, lui aussi à en juger par l'expression incrédule qu'il me lança. Cependant, très rapidement, son visage redevint dur.

— Lâche-moi.

Ces deux mots avaient claqué dans l'air, son ton était ferme. J'aurais dû lui répondre de façon affirmative, le lâcher et faire comme si je n'avais rien vu, ou garder cet évènement dans la manche pour m'en servir plus tard, pourtant, ce fut la réponse totalement opposée qui franchit mes lèvres.

— Je t' ai dit de me lâcher.
— Et moi, j'ai dit non.
— Mais bordel ! Laisse-moi tranquille ! Tu veux quoi ? Te foutre de ma gueule ? Vas-y ! Tu as toutes les cartes en main, mais putain, lâche -moi !

J'intensifiai ma prise. Une expression de douleur apparut alors sur son visage, accompagné d'un grognement. De la surprise se peignit sur les traits de son visage lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de me laisser entendre. Quelque chose me frappa. Sa réaction était disproportionnée, je n'avais pas serré très fort, pas au point de lui provoquer une telle douleur, j'avais totalement conscience de ma force. Alors, par réflexe, je me rapprochai de lui et, sans lui laisser une chance de s'en aller, je soulevai sa manche. 

Bleu. Son bras était presque entièrement recouvert d'ecchymose, le contraste avec le blanc de sa chemise n'aidant en rien a camouflé tout ça. Comprenant ce qu'il venait de me laisser voir, il trouva la force nécessaire pour me repousser violemment, libérant son membre de mon emprise.

— Levinson. Qu'est-ce que c'est ?

Le plus rapidement possible, il rabattit sa manche sur son avant-bras et me foudroya du regard.

— Tu n'as rien vu.

Et sur cette phrase, il me planta là. Tout ça avait été trop vite pour moi et mon cerveau avait lâché. Je ne bougeais pas d'un pouce et restai là, comme un idiot, les bras ballants, debout dans les toilettes.

D'où venaient ces marques ? Sans aucun doute, c'étaient des traces laissées par des coups. Il se serait battu ? Avec qui ? Il n'y avait qu'avec moi qu'il avait des soucis, je ne l'avais jamais vu avoir des ennuis avec quelqu'un d'autre, ses relations avec le reste de la population étaient parfaitement cordiales. D'accord, je n'étais pas toujours avec lui, donc je ne pouvais pas être au courant de tout, d'autant plus que l'on revenait de vacances. Sauf que, là aussi, quelque chose ne s'emboîtait pas correctement. 

Les copines de Tina avaient un faible pour lui, et étaient au courant de tout ce qui le concernait, je savais donc, de source sure, qu'il était resté dans les parages cette dernière semaine. Et donc, on en revenait au premier point, personne dans les alentours n'avait d'intérêt à se battre avec Levinson. Pourtant, les bleus dataient bel et bien de moins d'une semaine. J'en étais certain.

À tourner cette histoire en boucle dans ma tête, et s'en parvenir à en comprendre un bout, mon corps finit par relâcher la pression, me ramenant sur Terre. À quoi bon se prendre la tête ? Ce n'était pas mes affaires. Ce qui l'était cependant, c'était mes cours, je devais y aller.

Mes amis m'attendaient dans l'amphi, je ne perdis pas une seconde de plus et partis m'assoir à leur côté. Tina n'attendit pas deux secondes avant de m'offrir un baiser, ce qui nous valut un rappel à l'ordre de la part de notre professeure d'anglais. Pour autant, je ne prêtais pas attention à ses paroles, pas plus qu'à celle de ma petite amie, qui n'arrêtait plus de jacasser. La seule chose qui attirait mon attention était le fait qu'Il n'était pas là. Levinson n'était pas là.

— Dan, qu'est ce qui te préoccupe comme ça ?
— Rien, Stan. Rien du tout.

Il n'y avait aucun monde dans lequel, je pouvais être préoccupé par ce crétin. Pourtant, quinze minutes seulement s'écoulèrent jusqu'à ce qu'il fasse sa réapparition, quelques minutes qui m'avaient paru être des heures entières.

Levinson semblait, comme à son habitude, calme et posé. Pas une seule trace de ce qu'il s'était passé plus tôt ne se laissait entrevoir. S'excusant de son retard, il se dépêcha de rejoindre sa troupe, dès qu'il fut assis, sa copine lui sauta à la bouche. Un haut-le-cœur me prit face à ce manque de pudeur. Daniel Rayan, le meilleur ami du blond, paraissait tout autant dégoûté que moi devant cette scène et détourna très vite les yeux de ce spectacle.

Dès l'instant où il était revenu, je ne l'avais plus quitté des yeux, ce qui avait été loin d'être réciproque. Je n'avais eu le droit qu'à un bref et unique coup d'œil de sa part, toute son attention s'étant tournée immédiatement, sur ce que racontait la professeure, et ce, jusqu'à la fin de la journée.

⟣⟡⟢

Le soir venu, le sommeil ne me venait pas, j'étais incapable de stopper mes pensées, je ne pensais qu'à Levinson. À lui et à ses fichus yeux verts. En dix-neuf ans de cohabitation forcée dans la vie de l'autre, je ne l'avais jamais vu si faible. Qu'importe ce qui pouvait lui arriver dans la vie, je ne l'avais jamais vu se laisser submerger, il ne se démontait jamais. 

Alors qu'avait-il bien pu lui arriver pour qu'il se trouve dans cet état ? Je ne pouvais m'enlever l'idée de la tête que cela avait un rapport avec notre altercation de ce matin, mais ce n'était pas la première fois que je l'insultais, alors qu'est-ce qui était différent, cette fois-ci ?

Ne pas avoir les réponses à mes questions, me tapait sérieusement sur les nerfs. Dix-neuf ans ! Dix-neuf putains d'années que l'on était comme ça et jamais, jamais, il n'avait réagi de cette façon ! Même lors de cette fameuse journée, où on avait tous les deux fini à l'hôpital après s'être battu ! Pas une seule fois, je n'avais vu ses yeux remplis de larmes. Jamais ! 

Et par dessus tout, je ne comprenais pas pourquoi cela m'obsédait autant. J'aurais dû être le plus heureux du monde, de savoir qu'il se sentait mal. Sauf qu'à l'évidence, c'était loin d'être le cas. Je ne me comprenais rien. Est-ce que je me sentirais coupable ? Je ne m'étais jamais senti coupable pour personne. Alors pour lui ? C'était impensable.

⟣⟡⟢

Le réveil du lendemain avait été pénible, et j'avais dû rassembler toutes mes forces pour me préparer et me décider à affronter cette journée. J'étais d'une humeur exécrable, indéniablement, et rien ne l'améliorait. L'unique chose qui me faisait relativiser, c'était que je savais que je ne serais pas en contact de la matinée avec Levinson, nos cours étant différents.

Stan cherchait à savoir ce qui m'avait mis dans un tel état. Il avait de nombreuses théories, toutes fausses, évidemment, il ne pourrait jamais deviner la raison de mon humeur massacrante.
Comment pouvait-il imaginer que, c'était la pensée d'un certain blondinet qui ne m'avait pas quitté de la nuit et qui m'avait empêché de fermer l'œil, qui me provoquait l'envie de tout envoyer valser ? Pas une seule fois, Levinson ne s'était envolé de mon esprit. Ah, si ! Vers six heures ! Dommage que mon réveil était programmé pour six heures quinze.

Tina n'aidait pas non plus à l'amélioration de la situation. Depuis la première heure, elle me collait aux baskets, en temps normal, cela ne m'aurait pas gêné, mais avec la fatigue, je ne souhaitais qu'avoir la paix. Je notai et remerciais tout de même Stan qui, me connaissant comme sa poche, faisait du mieux qu'il pouvait pour occuper ma petite amie, le résultat était quand même mitigé, mais l'intention était là.

Alors qu'on se dirigeait vers le lieu de notre prochain cours, on se retrouva devant une porte close. Le professeur arriva peu de temps après et alors que je m'apprêtais à lui emboîter le pas, Levinson et ses deux acolytes me devancèrent. 

Tout le travail de relaxation qu'avait mis en place Stan durant la matinée vola en éclat. Levinson. Le responsable de mon manque de sommeil. Mon sommeil ! Cette chose si sacrée dans ma vie. Sincèrement, le monde aurait pu être victime d'une invasion de zombis, d'une apocalypse, je dormirais sur mes deux oreilles et le plus sereinement possible. Alors que je puisse dormir avec des zombis menaçant ma vie et ne pas réussir à y parvenir, simplement parce que mon cerveau faisait une fixette sur cet idiot, me contrariait très fortement. J'avais de nouveau envie de brûler la terre entière rien qu'à le voir là.

— Levinson.

Mon ton était froid, sec, presque menaçant. J'étais préparé à toutes sortes de réactions de sa part, de la colère, de la lassitude ou même à du mépris, comme il en avait tant l'habitude, mais la façon avec laquelle il me répondit, celle-ci, défiait tout ce que j'aurais pu imaginer. 

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