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Chapitre 7

Il était dix-sept heures trente et j'étais devant la porte de la bibliothèque. Je n'avais aucune idée de pourquoi je me trouvais là. Si quelqu'un par pitié pouvait m'expliquer la raison de ma présence ici. Je ne pouvais pas et ne voulais pas obéir à un ordre de Levinson.

Cependant, disons que l'humeur massacrante qu'il avait eu le reste de la journée après la punition de ce matin, m'avait quelque peu fait changer d'avis. Après tout, ma vie était plutôt cool. Je vivais paisiblement et mon avenir semblait n'avoir aucun nuage à l'horizon, donc bon, je n'aspirais pas à finir mort, découpé en morceau au fond d'un lac, perdu dans les confins d'une forêt quelconque.

Voilà, c'était probablement la raison pour laquelle je me retrouvais là, l'instinct de survie.

Doucement, j'ouvris la porte et entrai, cherchant Levinson des yeux. Je me faufilais entre les rayons pleins à craquer de livres, évitant au maximum de croiser les autres étudiants qui trainaient dans le lieu.

Il était là, assis à une table, au fond. Il travaillait déjà, quelques-unes de ses mèches blondes lui tombaient sur le visage, il avait l'air très concentré. La pile de livres posée à côté de lui et les bouts de papier griffonnés de partout me firent penser qu'il devait être ici depuis un bon moment.

— Depuis quand t'es ici ?

Il releva sa tête vers moi avant de la rabaisser et de continuer de faire ce qu'il faisait. Il n'allait pas me répondre ?

— Quinze heures trente.

Il était là depuis la fin de nos cours ? Pourquoi ne m'avait-il pas prévenu ?

— Pourquoi ne m'as-tu pas appelé ?

Il détourna ses yeux de la feuille qu'il gribouillait et les ancra dans les miens, affichant un léger sourire sur son visage. Je pouvais voir la fatigue commençant à bien marquer ses traits. Pas étonnant, après deux heures à travailler sur un tel exposé. Seul. Alors oui, sa santé ne m'intéressait pas, mais j'aurais l'air fin, s'il perdait connaissance d'un coup.

— Tu n'avais pas envie d'être là, Davidson, je me trompe ?

Touché. Je m'installai en face de lui, avec une impression étrange dans un coin de ma tête. Il aurait pu me dire que c'était pour ne pas avoir à me supporter ou encore, que ma tronche lui aurait été insupportable à tolérer, mais ce n'était pas ce qu'il avait dit. Ces mots semblaient presque résonner comme... Comme si, il avait voulu prendre en considération mes sentiments. Toutefois, cette hypothèse était impossible.

Je commençais donc à mon tour à travailler et, pendant le laps de temps où nous attelions à notre tâche, Levinson et moi communiquions sans attaquer l'autre. Il s'appliquait à le réussir cet exposé, et ce, bien qu'il était forcé de le faire avec moi.

Je ne me l'avouerais jamais, mais j'avais toujours trouvé incroyable la capacité qu'il avait, à faire la part des choses, comme à cet instant.

Sans que je m'en rende compte, cela faisait plusieurs minutes que j'avais arrêté de travailler. J'étais simplement là, en train de le regarder, ne perdant pas un millimètre de ses mouvements ou de ses expressions qui passaient sur son visage.

— Arrête de me fixer.

La gêne s'empara de moi, j'avais été pris sur le fait. Je détournai le regard, me replongeant dans le travail.

À ce moment-là, je reçus une grande claque derrière le dos. Je me retournai vivement, offusqué par le geste et souffrant terriblement. Quand je vis qui en était l'auteur, pendant un dixième de seconde, l'idée de lui sauter dessus et de lui tordre le cou, me traversa l'esprit. Pourquoi avais-je un meilleur ami comme celui lui ?

Stan et Tina venaient de nous rejoindre, accompagnés, à mon grand désarroi, de Rayan et Freman. À la vue de son meilleur ami, un sourire tendre se dessina sur les lèvres de Levinson, cependant, lorsqu'il aperçut Freman, ce dernier se fana. Comme s'il revenait à la réalité.

— Hey Dan ! On est venu voir comment ça allait, si vous n'étiez pas en train de vous tuer mutuellement et l'on a trouvé les deux autres devant l'entrée. Ils avaient eu la même idée.

Levinson semblait interroger son ami du regard. Rayan, quand il l'eut perçu, hocha la tête négativement, tirant un soupir de soulagement au premier. Ses épaules qui s'étaient contractées se relâchèrent instantanément. J'ignorais ce dont cette conversion muette pouvait signifier.

Freman donnait l'impression, désagréable, de tout écouter dans les moindres détails et me jugeait d'un air froid et soupçonneux, jusqu'à ce qu'elle prenne la parole :

— Vous avez réussi à travailler ensemble, tous les deux ?

J'allais lui répondre que oui, que l'on pouvait être de temps en temps, civilisé l'un envers l'autre, malgré notre envie mutuelle de s'égorger, mais Levinson fut plus rapide que moi.

— On a eu plusieurs accrochages, mais bon Abi, notre trimestre pourrait en pâtir, donc on doit faire avec !

Il mentait à sa copine là ? Ou je rêvais ? Était-elle comme Tina, était elle autant attachée qu'elle à la routine ? Risquait-elle de se sentir menacée si cette dernière changeait ? Ou bien était-ce lui qui avait honte d'avouer que l'on pouvait se parler normalement ? À cette idée, j'éprouvai un pincement douloureux dans la poitrine, auquel je n'accordai aucune attention.

— Et puis, tu sais, Abi.

Il me toisa du regard.

— Ce n'est jamais agréable d'être en sa compagnie.
— Pardon ?

Cette fois, ce fut bien moi qui venais de répondre, outré et abasourdi.

Rayan soupira en regardant son meilleur ami, quant à mes deux compères, ils avaient déjà sorti les griffes. Tina commençait déjà à insulter Levinson de tous les noms d'oiseaux possibles et Stan toisait Rayan du regard.

À ma surprise, ce dernier n'y prêtait pas attention, il était juste bêtement là, à fixer ma Némésis, qui au contraire, de son côté, ne se préoccupait pas le moins du monde de son meilleur ami, pas plus que de moi ou de mes amis.

Levinson et Freman étaient tout simplement en train de nous faire une démonstration d'affection, comme si le monde entier, autour d'eux, avait disparu.

La douleur dans ma poitrine que j'avais ignorée un peu plus tôt s'intensifia, se faisant plus douloureuse, je me stoppai net. Pour une fois que tout se passait bien, que j'aurais presque pu dire que le moment avait été agréable, il avait tout foutu en l'air et lui, il n'en avait rien à faire.

Je plantai mon regard dédaigneux sur sa personne, m'apprêtant à partir sur le champ, je ne pouvais plus le supporter. Ni lui, ni le pot de colle collé à ses lèvres, ni cette sensation au cœur, qui me donnait l'impression que quelqu'un me plantait une aiguille dedans.

— Je t'emmerde, Levinson.

Et je tournai les talons, suivi de Tina, sans lancer aucun regard en arrière.

C'était pour cette raison que je ne vis pas l'air triste que Levinson afficha durant quelques secondes. Je ne vis pas non plus celui de Stan, surpris devant cette émotion qui était née sur le visage de ce crétin, et je ne vis pas plus, celui rempli de compassion que Rayan dédia à son meilleur ami.

Juste après que le claquement, émis par la porte de la bibliothèque, eu résonner dans toute l'université, Stan nous rattrapa, veillant lui, a soigné délicatement sa sortie. Et sans chercher à dire quoi que ce soit, il passa simplement son bras autour de mes épaules, avant d'enclencher la marche et me ramener chez moi.

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