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Chapitre 5

Finalement, j'avais décidé de ne pas retourner en cours. Je me dirigeai donc tranquillement vers la cour que possédait l'université. Le campus était immense, on y trouvait tout ce qu'on voulait. Des tables de pique-nique, des bancs, un terrain de volley, de basket, des tables de pingpong, de grandes étendues d'herbe, qui étaient, d'ailleurs, particulièrement populaires en été, car parfaites pour se laisser dorer au soleil. Il y avait aussi un petit étang qui était bien plus excentré de tout le reste, localisé dans une petite zone légèrement boisée. C'était là que j'allais. Être dans la périphérie de la ville avait du bon. Cet endroit était réellement, le plus reculé du campus, il était quasiment coupé du monde.

Dans ce petit espace, le vent ne passait presque pas à cause de la végétation, seuls quelques rayons de soleil se glissaient entre les feuillages. D'après moi, personne ne connaissait cet endroit, ou du moins, personne n'osait trop s'y aventurer, puisque je n'y avais jamais croisé âme qui vive depuis le temps que je venais ici.

Au milieu de cette petite forêt se trouvait un grand arbre baigné par le soleil. C'était agréable de se reposer sous ses branches. J'aimais m'y trouver, tout ici m'apaisait. Je n'y avais jamais emmené Tina ou Stan, car je le considérais un peu comme mon endroit secret et uniquement le mien. Je me retrouvais souvent en solitaire, assis à son pied. D'ordinaire, il n'y avait personne, mais les habitudes avaient l'air de vraiment vouloir changer cette année.

— Qu'est-ce que tu fabriques ici, Levinson ?
— J'aime cet endroit.
— Peut-être, mais là, j'y suis. Va-t'en !
— Non.

Des réponses toujours aussi courtes et précises. Je pris la décision de m'installer malgré sa présence. Je pouvais entendre les mouches voler, le bruit entre nous étant tellement assourdissant. Sans y réfléchir. Je le brisais.

— Pourquoi Rayan t'engueulait ?
— Parce que.

Bon. D'accord.

— Et toi pourquoi une Tina furieuse ?
— Une sorte de crise de jalousie ?
— Ah ? À propos d'une fille ?
— Une fille imaginaire, ouais !

Le silence reprit place entre nous, néanmoins, pour une fois moins hostile qu'à l'ordinaire. On restait là, assis pendant plusieurs minutes, j'observais le ciel et ses nuages à travers les zones sans feuillage. Je m'appuyai contre l'arbre pour mieux m'installer et mis mes mains derrière ma tête. C'est alors que je sentis quelque chose qui ne m'appartenait pas, accroché à mon poignet. La gourmette !

— Ah c'est vrai ! Levinson !

Je le vis sursauter, ainsi qu'étonner face au ton que j'avais employé, bien trop pressé et amical ? Quand il me fixa de ses yeux verts remplis d'interrogations, quelque chose dans l'expression de son visage me frappa et fit se serrer mon cœur. Il semblait fatigué. Je compris que son sursaut venait du fait, qu'il devait s'être assoupi et que je venais de le réveiller.

Un mot que je n'avais prononcé qu'à de rares occasions dans ma vie sortit de mes lèvres. J'en fus surpris et lui aussi. Un petit, désolé, avait franchi les barrières, rares sont les fois où je m'étais excusé auprès de quelqu'un. Après coup, je me sentis un peu stupide, mais il me lança un sourire.

— T'inquiète, qu'est-ce que tu voulais ?
— J-je-

Je me repris vite, on ne bafouillait pas devant une personne comme lui, enfin devant personne d'ailleurs.

— J'ai trouvé ça et je pense que ça t'appartient

Je prononçai cette phrase tout en détachant le bijou de mon poignet pour le lui tendre. Je vis son visage prendre une tout autre émotion que l'air fatigué et blasé qu'il avait quelques instants plus tôt. Il s'illumina littéralement. Ses traits fatigués furent remplacés par un air de soulagement à la vue de l'objet et un magnifique sourire prit place. Quand je disais « magnifique », je voulais dire par là, qu'il était différent de celui dont j'avais le droit d'ordinaire. Ce n'était pas le sourire arrogant qu'il me montrait depuis des années, non, plus comme l'un de ceux qu'il avait l'habitude d'avoir avec Rayan. Les battements s'accélérèrent malgré moi.

— Davidson ! Elle était chez toi ! Je pensais l'avoir oublié chez E-

Il se stoppa net. E ?

— Enfin, peu importe, merci, Davidson.

Ma Némésis venait de me remercier ? Je rêvais ? Entre mon excuse et son merci, la fin du monde devait être proche.

Lorsqu'il reprit sa gourmette, nos mains se frôlèrent, un léger frisson me parcourut et je maudis mon cœur, intérieurement, d'avoir loupé un battement. Une question me brûlait les lèvres.

— Elle t'est si précieuse que ça, cette gourmette ?

Il la regarda d'un air mélancolique, mais avec tout de même avec beaucoup de tendresse. Les souvenirs qui étaient rattachés à cet objet devaient lui être précieux.

— Oui. La femme de ma vie me l'a offerte.

J'eus, sans le vouloir, la sensation d'une douche froide. La femme de sa vie ? Il était amoureux ? Freman ? Une autre ?

— Freman ?

Il se mit à rire, un rire franc, ce qui me fit me sentir légèrement idiot.

— Nan ! Ce n'est pas Abigaelle ! La femme de ma vie, c'est ma petite sœur !

Pour je ne sais quelle raison, je sentis une vague de soulagement m'envahir complètement.

— Je ne savais pas que tu avais une sœur.
— Mon père ne s'en vante pas, elle n'est pas sa fille. Nous ne sommes que demi-frère et sœur. Ma mère a eu un amant, et ma sœur est née de cet amour, mon père l'a très mal vécu. Entre mon père et ma mère, ils ne se sont jamais aimés, au début, peut-être un peu, mais leur mariage restait avant tout un mariage arrangé. Il voit ma sœur comme le symbole de sa honte. Il est jaloux à en crever que ma mère ait pu aimer un homme alors que, lui n'a jamais réussi à se faire aimer d'elle.
— Et toi, ça ne te fait rien que ta mère en aime un autre ?
— Non, mon père ne mérite pas son amour et cet homme était génial...
— Était ?
— Oui. Il est décédé dans un accident de voiture il y a bientôt dix ans. C'était un ami à notre famille, alors tu imagines la réaction de mon père quand il l'a découvert. Moi aussi, je l'adorais, il méritait tout l'amour de ma mère, et ma sœur est la personne la plus précieuse à mes yeux. Je ferais tout pour elle.
— Elle s'appelle comment ?

Il me sourit.

— Lydia.

La conversation se termina là, chacun repartit dans ses pensées. Ce fut la première vraie conversation qu'en dix-neuf ans, nous avions eue. Ce que racontait mon ennemi n'aurait jamais dû m'intéresser, surtout lorsque cela le concernait personnellement, évidemment, ce ne fut pas le cas. J'avais été captivé par ce qu'il m'avait dit.

J'avais aimé parler avec lui.

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