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Chapitre 2

J'étais abasourdi. J'hallucinais même ! Jamais, Levinson ne m'avait fait ce coup-là. Il était passé à côté de moi sans tiquer lorsque je l'avais appelé, et même pire, sans même m'adresser un regard ! J'en étais resté planté là comme un idiot, trop choqué pour bouger. Il enchaînait les nouveautés cette année ! C'était la première fois qu'il ne rétorquait pas à une de mes remarques.

J'étais certain qu'il m'avait entendu, puisque Rayan et Freman s'étaient tous les deux arrêtés, me fixant, préparer à assister à un autre de nos échanges houleux. Quant à leur tour, ils avaient vu Levinson tracer sa route, les deux en furent tout autant décontenancé que moi et mirent même, un certain temps, avant de cogiter qu'ils devaient le suivre.

Freman l'avait rattrapé en premier, Rayan avait pris un peu plus de temps. Son regard s'était arrêté sur ma personne durant de longues secondes, ses sourcils froncés prouvaient qu'il trouvait la situation louche. Il connaissait Levinson depuis autant de temps que moi, ils ne s'étaient jamais quittés depuis le premier jour où ils s'étaient connus, un peu comme Stan et moi, je savais que l'attitude de son meilleur ami lui provoquait, actuellement, une grande incompréhension. Haussant les épaules, il finit par abandonner l'analyse de ma personne et s'en alla.

— Hey, Dan ? Depuis quand Levinson ne te répond pas ?
— Très bonne question, Stan.

Et à vrai dire, cela m'irritait légèrement. J'aurais presque pu ressentir cela comme une trahison, évidemment, si cette attitude ne venait pas de ma Némésis.

⟣⟡⟢

Levinson, et cela durant toute la matinée, n'avait pas daigné me regarder une seule fois ni pris la peine de me répondre, pourtant, il ne semblait pas différent des autres jours. Il n'y avait que sa façon d'agir envers moi qui avait changé. À croire qu'il avait simplement appuyé sur le bouton « effacer » de sa mémoire, en ce qui concernait mon existence. Toutefois, cette théorie ne tenait pas la route, car il ne m'a pas demandé qui j'étais. En conclusion, il m'ignorait bel et bien. Il m'avait muté dans la vie réelle.

Assis dans la cafétéria, je fixais Levinson avec insistance, espérant que les réponses à mes questions me viendraient comme par magie.

— Dan. Tu donnes l'impression de vouloir le tuer, le découper en morceau, le brûler et de jeter ses cendres dans la mer.
— C'est un bon résumé.

Stan soupira bruyamment.

— Tu devrais être heureux, il te fiche enfin la paix, c'est ce que tu as toujours voulu. Cela devrait te faire sauter de joie.
— Je sais ! Et il est la le problème, je le déteste, et pourtant ...
— Pourtant, tu ne supportes pas qu'il ne porte plus aucune attention à ta petite personne.

C'était Tina qui venait de me couper la parole, saoulée.

— Après quoi de plus normal. Tu as passé un peu moins de vingt ans à jouer au chat et à la souris avec lui, juste, rends toi à l'évidence, sans lui, ta vie à moins de savoir. Je suis convaincu que, si demain je t'ignorais à mon tour de la sorte, tu n'en aurais rien à faire. Ce n'est pas très agréable à constater.

Dès la fin de sa phrase, je l'encerclai de mes bras et l'embrassai tendrement sur la joue.

— Tina ne dit pas ça, je tiens à toi, alors que lui, c'est exactement l'inverse.

Elle attrapa mes lèvres, heureuse de mes mots. Mais honnêtement, je ne pensais qu'à demi mes mots et il y avait un fond de vérité dans ce qu'elle avait énoncé.

Je tenais vraiment à elle, je n'en étais pas amoureux, car l'amour c'était quelque chose de très abstrait pour moi, mais indéniablement, j'étais très attaché à elle, néanmoins, elle avait raison. Tina était futée et avait visé en plein dans le mille. Si demain, elle décidait de m'ignorer et faisait comme si je n'existais pas, cela ne me ferait presque ni chaud ni froid.

J'avais menti à ma petite amie, et la conclusion de cette conversation était lunaire. Bien que Levinson n'ait définitivement pas, plus important à mes yeux que Tina, quelque chose chez lui, m'était essentielle tout de même et ça, ça n'avait pas de sens. L'idée elle-même, celle que je supporterais mieux que ma petite amie, avec qui j'étais depuis quatre années, pour qui je m'étais battu, même une fois, contre Levinson lui-même, puisse me sortir de sa vie, sans que cela ne m'impacte plus que ça, m'était incompréhensible.

Je pensais tenir à elle très fort, alors je ne comprenais vraiment pas cette histoire.

⟣⟡⟢

L'après-midi était passée tranquillement et en dehors de la bizarrerie de l'autre, elle avait été des plus normale, je fus donc surpris et à la fois piqué dans ma curiosité, quant à la fin de cette dernière, Rayan vint me trouver. Qu'est-ce qu'il pouvait bien me vouloir ?

Il me prit de vitesse.

— Je sais Davidson, tu penses que je ne mérite pas que tu m'accordes de ton temps ni que tu daignes m'écouter, ça c'est ton petit côté con, orgueilleux et prétentieux, mais entre nous, j'ai l'impression que tu es un tantinet sur les nerfs depuis ce matin, je me trompe ? Je pense donc que tu ferais mieux de me laisser parler.

Il lisait dans mes pensées.

— Je ne suis pas un petit con orgueilleux et prétentieux.
— Mais bien sûr.

L'ironie dans ses paroles ne me plaisait pas beaucoup.

— Suis-moi.
— Ne me donne pas d'ordre.
— D'accord, je reprends, est-ce que, Monsieur, je ne suis pas un petit con orgueilleux et prétentieux, pourrait me faire l'énorme privilège, de bouger son derrière et de me suivre ?
— Oui.

Stan et Tina me regardèrent le suivre, ahuris. Ils devaient penser que mon cerveau venait de finir de griller de manière définitive, j'aurais aimé pouvoir leur expliquer que j'avais mes raisons, mais qu'ils ne les comprendraient pas, je ne les comprenais pas moi-même.

Rayan semblait préoccupé et affichait un air sérieux, il n'était pas bien difficile de deviner de quoi il souhaitait me parler. Il tenait à son meilleur ami comme on tenait à un frère, leur lien était très fort. Le changement de comportement chez l'autre, devait au choix, l'intriguer ou le déranger.

Il nous conduisit jusqu'à une salle de cours déserte de la faculté, une fois engouffrée dedans, il prit soin de bien fermer la porte.

— Bon, je suppose que tu n'es pas ravi d'être ici et je le suis encore moins, on va donc faire au plus vite.

J'acquiesçai d'un vif signe de la tête.

— Est-ce qu'il s'est passé un truc entre toi et Ashton ?
— Non.
— Vraiment ? Permets-moi de douter. Hier, après qu'il t'ait mis K.O...
— Il ne m'a pas mis K.O.
— Oh, je t'assure, il l'a fait. Mais ce n'est pas la question. Y a-t-il eu autre chose en dehors de cette altercation hier ? Je ne sais pas, tu ne l'aurais pas croisé quelque part d'autre, par exemple, en sortant de l'infirmerie ?
— Pourquoi tu me demandes ça ?
— Davidson. Tu sais que tu es un emmerdeur ? Je te demande ça, car il y a quelque chose de bizarre avec lui depuis qu'il est revenu hier. Comme si... Je ne sais pas, comme s'il semblait préoccupé... Tu es le seul envers qui son attitude a changé. Tu es certain de ne pas l'avoir croisé ? Tu n'aurais pas découvert quelque chose, à tout hasard, le concernant ?
— Non. Et en quoi cela te regarde de toute façon ?
— C'est mon meilleur ami ! Et avoir cette impression que quelque chose ne tourne pas rond et le tracasse, voir peut-être plus, m'est difficile à supporter. Alors, je te repose une dernière fois la question, et réponds-moi franchement, je suis convaincu que tu me caches quelque chose. As-tu oui ou non croisé Ashton hier, seul à seul ?
— Tu as toujours été malin et doué pour savoir si les gens te mentaient.

Je cédais. Peut-être avais-je besoin d'en parler.

— Oui, je l'ai rencontré hier, dans les toilettes et je m'en serais passé. Voir cet idiot, les yeux rougis par les larmes...
— Il avait pleuré ?
— Je suppose ?
— Est-ce qu'il y a quelque chose d'autre ?
— Ouais... Pour une raison quelconque, quand il a voulu fuir, je l'ai attrapé...

À la vue de Rayan plissant les yeux de méfiance, un frisson me parcourut l'échine, le même qu'aurait ressenti une proie qui se saurait observée, sur le point de se faire attaquer. J'hésitais fortement à continuer. À tout instant, la situation pouvait m'échapper. Trouvant du courage, je poursuivis quand même.

— J'ai attrapé son poignet, il a eu l'air d'avoir mal, alors... J'ai soulevé sa manche et il... Il était couvert d'ecchymoses.

Il ouvrit grand les yeux face à ma révélation, mais reprit très vite son masque de neutralité, si rapidement que je me demandais si je ne l'avais pas inventé.

— Tu es certains de ce que tu me dis ?

Je confirmai mes dires et reculai d'un bond, lorsque Rayan laissa échapper sa rage pendant une fraction de seconde, ne m'étant pas attendu à une telle réaction. Il quitta immédiatement l'endroit dans où nous nous trouvions, en trombe, prononçant une série d'insultes, la seule que je mémorisai fut « connard. » .

Je mis quelques secondes à réaliser que mon interlocuteur m'avait laissé en plan, je soupirais, c'était une manie chez ces deux-là, ils n'étaient pas amis pour rien. Je n'emboîtai pas de suite le pas à Rayan, il me fallait un peu de temps pour me remettre de cette conversation. Conversation qui ne cessait de repasser en boucle dans ma tête, finissant par me donner mal au crâne. Rayan avait eu toutes ses réponses et il m'avait laissé avec le double des miennes.

Je finis par me décider à m'en aller, ayant hâte de rentrer chez moi, j'étais vidé de toute mon énergie. Sur le chemin, un fond sonore, provenant d'une salle au bout du corridor, attira mon attention. Il était tard, la majorité des gens avaient déjà fini les cours, cette pièce n'était pas censée être autant animé. Écouter aux portes n'était pas dans mes habitudes, mais ma curiosité fut piquée, alors je me rapprochais doucement.

Deux garçons. Aucun doute. Le son de leur voix ne trompait pas. Je pouvais également facilement deviner qu'ils se disputaient et ce n'était pas une petite dispute. Je tendis encore un peu plus l'oreille et quelque chose me frappa. Ces voix. Je les connaissais. L'une, je l'avais entendue pas plus tard que quelques minutes auparavant et l'autre... Je l'avais simplement entendu toute ma vie. Rayan et Levinson. Ils se disputaient ? Eux ? Ça leur arrivait ?

— Je croyais que c'était terminé.

C'était Rayan, oscillant entre la colère et l'inquiétude.

— C'est terminé !
— Pas à moi, Ashton ! Montre-moi tes bras !
— Pas question. Et je te répète qu'il n'y a rien.
— Alors, montre-les-moi.
— Non.
— Ash..., le ton de Rayan s'était adouci. Tu ne peux pas continuer toute ta vie ainsi, je croyais que c'était fini.
— Comment l'as-tu su ?
— Je l'ai deviné.
— Tu mens. C'est Davidson, pas vrai ?
— Oui.

À cette simple réponse, ce simple petit mot, un trou béant s'installa dans ma poitrine. Eh merde. J'avais le sentiment d'avoir été trahi par Rayan, mais aussi que, de mon côté, j'avais trahi Levinson. Je me sentais si bête, parce qu'en vérité, je n'avais rien à me reprocher, non ? Je ne devais rien du tout à ces deux-là. Sauf que je me sentais quand même comme un raté.

J'étais rentré chez moi immédiatement après. Ou peut-être que j'avais tout bêtement fui.

⟣⟡⟢

Le lendemain, Levinson n'était pas là, les jours suivants non plus. Nous étions vendredi et mon humeur s'était dégradée de jour en jour et d'heure en heure, au point que plus personne n'osait m'approcher. Seul Stan me supportait encore. Même Tina avait fini par me balancer à la figure que j'étais invivable et exécrable, depuis que Rayan était venu me parler l'autre jour et que l'autre avait disparu de la circulation. Elle avait vidé son sac, m'avait assommé de reproche, puis avait cessé de m'adresser la parole.

Cette histoire à propos de Levinson me tracassait davantage que ce que j'aurais souhaité. Les personnes autour de moi payaient mon humeur affreuse, même mes coéquipiers de l'équipe de baskets en avaient fait les frais. J'étais bien conscient de dépasser les limites, mais je n'arrivais pas, à ne pas penser à cette histoire. Par conséquent, il n'y avait pas d'amélioration de mon état, c'était une boucle sans fin. Le manque de sommeil n'aidait pas non plus. Mes nerfs étaient mis à très rude épreuve. Ce n'était pas faute d'y mettre de la bonne volonté pourtant. Le résultat n'était juste pas là, quoi que je fasse.

La conversation entre Rayan et Levinson repassait en boucle dans ma tête, de même que les yeux rougis et les bleus sur le bras de ce dernier. Dès la seconde où je commençais à les oublier, les images me revenaient.

Et puis, avec cet abruti qui ne pointait plus le bout de son nez depuis mardi, couplé avec un Rayan qui m'ignorait complètement à présent, rien n'allait dans mon sens.

Je crois que le pire dans tout ça. C'était que je savais, pertinemment, que je détestais Levinson, mais pour autant, j'étais totalement incapable de cesser de me poser des tas de questions à son sujet, encore et encore. Ne pas avoir mes réponses me rendait amer et marteau. Ce gars avait décidé de me pourrir la vie et il y arrivait très bien. Lorsque mes vieux jours seront venus, je repenserais à lui, et lui décernerais le trophée, de la personne la plus agaçante de ma vie. Je n'en pouvais plus j'imaginais que rien ne pouvait être pire à ce stade.

Enfin, c'était ce que je pensais, que rien ne pouvait rendre pire ma fin de semaine, mais ça, c'était avant que mon téléphone ne vibre et que je lise le nom de ma mère s'affichant sur l'écran.

SMS de Maman : Chou, j'espère que tu n'as pas oublié la réception que nous donnons demain pour l'association dont je suis la marraine ? Viens demain, à neuf heures, pour nous aider à finir les préparatifs. Bise.

Eh merde. Le gala. Finalement, si, la journée pouvait encore empirer.

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